Kulaan do Suvulaan ! Le Prince du Crépuscule
"Votre copie des notes de Calcelmo était dure à lire, mais voici la traduction, déclara Enthir en tendant un cahier à Siltafiir.
- Je n'avais pas vraiment le temps d'écrire proprement, se justifia-t-elle en s'emparant du résultat de son expédition, merci.
- Je me suis également procuré ce que vous m'aviez demandé, ajouta-t-il en s'assombrissant, en temps normal, je n'accepterais pas une telle chose, mais au vu des circonstances…"
Il se tut, puis déposa une dague de verre luisante d'une aura violette ainsi qu'une gemme spirituelle dans les mains de la jeune fille.
"Une gemme noire ? Murmura Karliah en observant l'échange. Je suppose qu'elle est destinée à Mercer.
- Bien deviné, ricana-t-elle en enfournant l'instrument de sa vengeance dans une poche de sa ceinture, si j'ai l'honneur d'en finir avec sa vie, je veux que ce soit bien fait. Alors, que dit ce journal ?"
Enthir leur exposa ses découvertes, passant rapidement sur la raison qu'avait Gallus d'apprendre la langue des Falmers - "un coup sans précédent" était la seule indication que donnait le journal - puis leur conta, les poings serrés, comment il enquêtait sur Mercer et sa manière de dépenser des sommes faramineuses en menus plaisirs, ce en prélevant plus que sa part dans les réserves de la Guilde. Il parla également de son appartenance aux Rossignols, un nom qui titilla la mémoire de la Brétonne, mais elle ne savait dire pourquoi.
"Il mentionne aussi une "Clef Squelette", mais je n'ai jamais entendu parler d'une telle chose. Apparemment, Mercer l'aurait dérobée au Mausolée du Crépuscule.
- Les ombres aient pitié de nous ! Désespéra Karliah en se plaquant les mains contre le visage.
- Je ne comprends pas, interrogea Enthir d'un ton inquiet, qu'est-ce que ça a de si important ?
- Je ne peux en parler, se désola la Dunmer en baissant les yeux, mais une chose est certaine: il nous faut ramener ce journal à la Guilde le plus vite possible."
Siltafiir acquiesça, et elles remercièrent chaleureusement Enthir pour son aide avant de quitter la cave du Foyer Gelé. Laissant la ville rapetisser derrière elles, les deux femmes s'engagèrent dans une randonnée silencieuse. La plus jeune n'avait encore décidé si elle préférait cela à une conversation forcée, habituée aux commentaires éparses du Crâne. "Je me demande si cette fleur sent bon.", "Cette bourrasque avait l'air glaciale.", "Sommes-nous bientôt arrivés ?". Un rictus cynique lui étira les lèvres. Si elle avait su qu'un bâton lui manquerait autant… Mieux valait penser à autre chose. Une idée lui vint:
"C'est quoi, déjà, les Rossignols ? Questionna-t-elle en se tournant vers l'elfe.
- Delvin ne vous en a jamais parlé ? Il aime beaucoup cette histoire.
- Si, je crois, hésita-t-elle en se remémorant une discussion quelque peu imbibée, mais ça fait longtemps, et dans mon souvenir, ce n'était rien de plus qu'un conte pour effrayer les nouvelles recrues. "Commets tes larcins avec honneur, ou les ombres t'attraperont !" comme il dit.
- Ils sont les gardiens de la Guilde et serviteurs de Nocturne, expliqua Karliah dans un rire triste, Gallus, Mercer et moi formions la trinité des Rossignols il y a vingt-cinq ans, mais, vous devez vous en douter, ce n'est plus le cas.
- Nocturne… Le daedra ?
- Elle-même."
Encore un daedra. Siltafiir se renfrogna derrière son masque.
"Je ne m'attendais pas à ce qu'un prince d'Oblivion se cache derrière la Guilde. On n'est pas exactement des religieux dévoués.
- Nocturne ne réclame aucun culte, du moins pas au sens traditionnel du terme. Voyez plutôt ça comme un contrat à vie."
Un peu comme son accord avec Værmina, songea-t-elle dans un frisson.
"J'ai également une question, dit alors Karliah, quand vous vous êtes énervée, dans le tertre, que s'est-il passé ?
- Ah, ça, marmonna-t-elle en se rappelant cet éclat, c'était juste…"
Elle s'apprêtait à déballer un joli mensonge tout bien ficelé, mais se ravisa au dernier moment. Pour un travail d'équipe efficace, il lui fallait révéler son vrai potentiel à la Dunmer. De plus, elle paraissait capable de garder un secret.
"Je suis Enfant de Dragon. Ce que vous avez vu - et entendu - était un… une… J'ai perdu le contrôle de ma voix.
- Est-ce dangereux ? Questionna simplement l'elfe.
- Tant que personne ne se trouve devant moi et que le plafond est solide, non.
- Est-ce courant ? Continua-t-elle du même ton.
- C'était la première fois.
- Espérons que ce soit la seule."
Elle n'osa parler de l'incident survenu à Markarth. L'affaire avait causé assez de remous sans qu'elle ait besoin de l'ébruiter encore.
Lorsqu'apparurent les écuries de Vendeaume, la Dunmer suggéra de dérober des chevaux, ce que son alliée accepta immédiatement. La nuit s'étant installée depuis un moment déjà, l'affaire se conclut vite. D'une démarche si légère qu'un fantôme, Karliah passa derrière le responsable des écuries, usa d'un sortilège de calme sur le pauvre bougre et s'empara de deux montures devant l'Altmer indifférent. Siltafiir s'autorisa un dernier regard vers leur victime et son expression béate tandis qu'elles s'enfonçaient dans la nuit. Les illusionnistes étaient vraiment effrayants.
Avec huit jambes supplémentaires, le voyage fut bref, et Faillaise apparut bientôt entre les forêts de la Brèche. Elles ralentirent l'allure, puis abandonnèrent les montures près de l'écurie, pour finalement passer les portes de la ville. Le calme régnait. Seules quelques torches brandies par des gardes patrouillaient mollement dans les rues sereines, accompagnées uniquement du clapotis des canaux. Karliah se retrancha dans l'obscurité d'un porche, puis longea les ombres jusqu'à l'entrée de la Souricière, suivie par Siltafiir. Celle-ci craignit un instant que le journal ne suffise à convaincre les voleurs, mais une profonde inspiration de l'air poissonneux raviva son courage.
Tout se passerait bien. Tout se passerait parfaitement bien.
Arrivée devant la porte de la Cruche Percée, ses convictions s'effritèrent pourtant. Et s'ils croyaient qu'elles avaient tué Mercer ? Et s'ils accusaient Karliah d'avoir usé de ses talents d'illusionniste pour la manipuler ? Et s'ils pensaient que la traduction était une fausse ? Et si… ? Non, ça n'était pas le moment de paniquer. Elle posa une main sur la poignée, mais dut se raviser en entendant la Dunmer reculer.
"Vous allez bien ? Questionna-t-elle en se retournant.
- Je… ne sais pas trop… Avoua Karliah d'une voix tremblante. J'ai quitté la Guilde depuis tant d'années. Les choses ont dû beaucoup changer. J'ai… peur."
La Brétonne, incapable de trouver les mots appropriés, s'arma d'un regard compatissant, avança et saisit maladroitement le poignet de sa comparse. Celle-ci lui renvoya un sourire reconnaissant puis déclara qu'elle leur avait fait perdre assez de temps. Elles passèrent enfin l'entrée. Les marchands ne levèrent même les yeux lorsqu'elles longèrent leurs stands, confondant leurs armures avec celles des autres voleurs, mais Funeste, chien de garde de la Guilde et videur attitré du bar de Vekel, ne se laissait berner si aisément. On lui avait assigné une tâche bien précise, et il l'accomplissait sans jamais faillir.
"Hey, vous êtes qui toutes les deux ? Héla-t-il assez fort pour attirer l'attention de plusieurs buveurs. Pas là pour nous causer des problèmes, j'espère.
- Plutôt là pour les régler." Répondit Siltafiir en abaissant son capuchon.
La réaction de Funeste ne ressembla guère à celle qu'elle prévoyait.
"Mais tu es morte !" Hurla-t-il en arrachant un sursaut synchronisé à tous les témoins.
Les deux femmes reculèrent brusquement, surprises par cet éclat. Plus loin, les clients du bar se levaient un par un, intrigués par la forte émotion du videur - qui se contentait généralement de grognements et d'un ou deux aboiements préventifs - et tentaient de voir la source de ce dérangement.
"J'ai dû louper un chapitre… Marmonna la jeune fille.
- Siltafiir !" Cria Delvin depuis la table la plus proche.
Le vétéran sauta de sa chaise et se précipita sur la revenante pour l'attirer dans une embrassade étouffante.
"Tu es vivante !" Reprit-il en la soulevant du sol.
Elle n'eut l'occasion de répondre, d'abord écrasée contre une armure de cuir, puis rejetée en arrière dans un réflexe dégoûté.
"Karliah… " Siffla alors Delvin en sortant sa dague.
Un orchestre de lames dégainées emplit la Cruche dès que ce nom résonna.
"Qu'est-ce que tu fais avec cette meurtrière ? Reprit-il en s'adressant à la Brétonne.
- Cette meurtrière m'a sauvé la vie, rétorqua-t-elle en refoulant l'envie de saisir sa propre épée, on n'est pas ici pour se battre. À moins que Mercer soit dans le coin, parce que j'ai trois mots à lui dire…
- Je ne sais pas ce qu'elle t'a raconté, grogna Delvin alors que ses collègues se rassemblaient derrière lui, mais je te conseille de tout oublier maintenant et de t'écarter. Si on doit d'abord te tuer pour en finir avec elle, ne t'attends pas à nous voir hésiter."
Un murmure approbateur traversa le petit groupe et Siltafiir se sentit blêmir devant la détermination mortelle de ceux qu'elle considérait ses amis. La gorge serrée, elle se força tout de même à répondre:
"Karliah n'a rien eu besoin de me raconter, gronda-t-elle entre ses dents, toutes mes informations viennent de sources fiables. En plus, ajouta-t-elle en retrouvant un soupçon de confiance, est-ce que tu tiens vraiment à m'affronter ?
- Tu n'arriveras pas à nous attendrir, cracha-t-il, la Guilde attend sa vengeance depuis trop longtemps.
- Je n'essayais pas de toucher ton cœur, mais ta raison, siffla-t-elle avant de s'adresser à l'assemblée, pensez-vous vraiment faire le poids face à l'Enfant de Dragon ?"
La flamme vengeresse qui animait les voleurs perdit soudainement de son ardeur.
"Tu penses que ça va nous arrêter ? S'agita Vex en sentant l'hésitation de ses camarades. Elle ne s'en tirera pas cette fois ! Je vais…
- Attendez ! Interrompit Karliah. Nous avons des preuves que Mercer vole la Guilde depuis des années !
- Tu t'imagines qu'on va croire à un mensonge pareil ? Ricana l'Impériale sans la moindre joie.
- Quel genre de preuves ? Tempéra Delvin en levant un bras devant sa collègue.
- Le journal de Gallus. Il contient des informations que toute la Guilde doit entendre." Ponctua Siltafiir en indiquant le couloir qui menait au centre du quartier général.
Delvin se tourna vers ses confrères, s'attardant particulièrement sur Vex, puis, quand personne ne réagit, décida de leur accorder une chance de se défendre sans effusions de sang. Se gardant de lâcher leurs armes, ils escortèrent les intruses jusqu'au bureau du chef, là où Brynjolf s'affairait, les doigts couverts d'encre et les yeux cernés. Les déplacements se faisaient rarement à plus de deux ou trois dans la Souricière, aussi remarqua-t-on rapidement la parade hérissée de dagues et d'épées qui traversa les lieux. Les émotions du Nordique imitèrent celles de Delvin, passant du plus profond soulagement à la plus noire colère quand ses yeux sautèrent de Siltafiir à Karliah.
"Je vais avoir besoin qu'on m'explique ce qui se passe, grogna-t-il en pointant une énième lame vers les deux femmes.
- Tout est là, répondit la Dunmer d'une voix plus aiguë qu'à l'accoutumée, dans le journal de Gallus."
Il saisit le cahier du bout des doigts, comme craignant qu'il soit couvert de poison, puis l'ouvrit avec autant de précautions. Au début, il jetait de fréquents regards à l'elfe, prêt à se défendre en cas de coup traître, mais la lecture eut raison de sa prudence. Chaque page tournée ajoutait à son effarement, puis un murmure s'échappa de ses lèvres entrebâillées:
"Ce n'est pas vrai…
- Quoi ? Qu'est-ce que ça dit ? Encouragea fébrilement Delvin.
- Gallus enquêtait sur Mercer avant de se faire assassiner, résuma-t-il en fronçant douloureusement les sourcils, il le soupçonnait de vider le coffre de la Guilde. Apparemment, il était sur une piste solide quand…
- Si ça se trouve, c'est juste un faux, argua brusquement Vex en avançant d'un pas vers Karliah, elle a disparu pendant plus de vingt-cinq ans, ce n'est pas le temps qui lui a manqué pour fabriquer des preuves !
- Tu vas te calmer tout de suite ! S'énerva Siltafiir en soulevant une bourrasque. Trouver un moyen de traduire du falmer ancien était déjà assez compliqué, je vais pas en plus supporter ton caractère de merde ! Continua-t-elle assez puissamment pour déstabiliser l'Impériale. Ou peut-être qu'il te faut un témoin oculaire ? Parce que je te promets que j'avais une vue parfaitement dégagée sur l'épée de Mercer quand il me l'a plantée dans le ventre !"
Sa peur face au déni de Vex et l'impatience qu'elle ressentait à l'idée de châtier le traître avaient, au fil de sa phrase, pris le contrôle de sa voix, et un grondement puissant fit trembler la Souricière, jetant l'Impériale droit sur Rune. Celui-ci la stoppa en reculant de quelques pas pendant que tous ceux qui n'avaient encore dégainé leurs armes s'y attelaient sans attendre. Siltafiir, de son côté, avait plaqué fermement ses deux paumes sur sa bouche et se mordait les joues, horrifiée.
Non, non, non, pensait-elle en respirant rapidement, elle ne voulait pas crier sur les membres de la Guilde, ni sur la Guilde elle-même d'ailleurs, surtout pas quand il fallait les convaincre d'accorder leur confiance à celle qu'ils considéraient comme leur pire ennemie. Elle entendit quelqu'un demander ce qui s'était passé, mais préféra garder ses mots pour elle. Son Thu'Um grondait encore contre son palais, menaçait de tordre sa langue dans un rotmulaag à tout instant, et l'idée de faire s'effondrer Faillaise sur sa tête et celles de ses amis la pétrifia.
"Non, mais sérieusement, c'était quoi ça, insista Niruin, une flèche pointée sur la Brétonne, j'ai jamais vu ce genre de magie !
- Elle a… crié ? Hésita Saphir en triturant sa dague.
- Mercer a essayé de la tuer ?" Ajouta Etienne dans un murmure incrédule.
Une rumeur nerveuse soutint ces questionnements, puis s'interrompit quand Delvin avança, une paume levée pour calmer ses confrères.
"C'est trop tard pour les secrets, souffla-t-il en veillant à rester hors de portée de sa voix, si tu ne dis rien, je m'en charge."
Un tremblement apeuré agita Siltafiir de la tête aux pieds. Sa langue refusait de lui obéir, son sang draconique bouillonnait et faas rampait contre son palais, à l'affût d'une ouverture. Si elle décontractait sa mâchoire ne serait-ce qu'un instant, tous ceux qui se tenaient devant elle vivraient l'instant le plus terrifiant de leur vie. Elle jeta un regard désespéré à Delvin et échappa un couinement qui ressemblait beaucoup trop à un grognement. Le vétéran surpris éleva ses sourcils quasi-inexistants, puis soupira devant le mutisme du Dovahkiin.
"Siltafiir est Enfant de Dragon, révéla-t-il en soulevant des hoquets à l'auditoire, mais ce n'est pas ce qui nous intéresse maintenant; est-ce que ce journal est authentique ?
- Il y a un moyen très simple de vérifier si les donzelles nous disent la vérité, déclara Brynjolf sans quitter l'Enfant de Dragon des yeux, Delvin, passe-moi ta clef de la chambre-forte.
- Mais il est impossible de forcer ce verrou, grogna Vex en s'écartant hâtivement de Rune malgré ses jambes flageolantes, c'est la meilleure serrure de tout Bordeciel. Sans les deux clefs personne ne peut…
- On va le savoir dans une minute." Coupa nerveusement le Nordique en approchant d'une porte blindée, suivi par les deux autres vétérans.
Il y planta la clef de Delvin, puis la sienne, et ils entrèrent dans la salle-du-trésor. Quelques secondes s'écoulèrent, où on les entendit marmonner une série de phrases étouffées, puis Vex se manifesta à sa manière:
"Je vais le tuer !"
Le Dovahkiin s'autorisa un regard dans la pièce circulaire, pour pâlir devant les rangs de contenants vides, de tonneaux éventrés, de coffres béants. Elle n'avait qu'une seule fois entrevu leurs réserves, quand Mercer et Brynjolf s'étaient chargés d'y entreposer un frais larcin, et bien qu'elles n'aient égalé celles de la famille Riscel, elles étaient apparues respectables, surtout pour une organisation en mauvaise posture. Mais maintenant…
"Comment est-ce qu'on a pu ne rien voir ? Se réprimanda Brynjolf en courbant le dos.
- Ce n'est pas de votre faute. Mercer nous a tous manipulés, murmura Karliah depuis l'entrée de la chambre-forte.
- Il n'y a pas de temps à perdre !" S'enflamma-t-il brusquement.
Il distribua des instructions diverses, déployant toutes les forces de la Guilde pour retrouver le traître démasqué. En quelques minutes à peine, la moitié des membres avaient emprunté la trappe, en direction de leurs contacts et de toutes les informations qu'ils pouvaient trouver sur l'emplacement de Mercer. Puis il se tourna vers Siltafiir. Celle-ci avait conservé un silence prudent, le col relevé devant ses lèvres.
"J'ai une tâche spéciale pour toi." Dit-il en approchant une main de son épaule.
Elle esquiva ce contact, comme craignant qu'il puisse éveiller son Thu'Um, et Brynjolf fronça les sourcils.
"Ce n'est pas le moment d'avoir peur, grogna-t-il dans un souffle agacé, on n'a jamais eu autant besoin de tes talents d'infiltratrice."
Il se tut un instant, réalisant que, loin de l'égayer, ces paroles avaient poussé la jeune fille à se recroqueviller dans une grimace effrayée. Il soupira:
"Ça va aller ?
- J-Je crois, bégaya-t-elle faiblement, dé-désolée…
- Non, c'est moi qui devrais m'excuser, répondit-il en se massant la nuque, voilà pourquoi je déteste être en charge. Encourager les troupes, c'est pas mon truc… Ça t'arrive souvent de perdre le contrôle ?
- Je crois, répéta-t-elle en baissant les yeux.
- Comment ça, tu crois ?
- Ça ne s'était jamais produit jusqu'à la semaine passée, mais aujourd'hui c'était déjà la troisième fois… Je ne sais pas ce qui se passe…
- Tu penses pouvoir te maîtriser le temps d'une mission ?"
Elle tritura machinalement les boucles de son armure. Hormis l'incident de l'auberge, rien n'avait interrompu son travail à Markarth, et toute l'opération s'était déroulée sans qu'elle souffre de distraction. Après tout, rien de mieux pour se vider l'esprit qu'un boulot compliqué. Elle inspira profondément, releva la tête et acquiesça.
"Oui, tout ira bien, dit-elle en essayant de se convaincre elle-même plus que son interlocuteur, c'est quoi cette tâche spéciale ?
- Tu vas devoir fouiller la maison de Mercer, expliqua-t-il, apaisé par son regain d'assurance, ce ne sera pas une balade de plaisance; il a engagé des mercenaires pour protéger ses affaires.
- Autre chose ? Demanda-t-elle d'un timbre vibrant, grisée à l'idée de saccager les possessions matérielles du traître.
- Oui, ajouta-t-il d'un ton plus sombre, le temps est compté et l'enjeu trop important pour faire les choses proprement: tu as permission de tuer quiconque bloquera ta route."
Siltafiir écarquilla sensiblement les yeux, puis hocha la tête lorsque Brynjolf lui conseilla de parler à Delvin; celui-ci aurait sûrement des conseils utiles à lui prodiguer.
"Fais attention, hein…" Souffla-t-il avant de s'éloigner.
Elle l'observa s'approcher de Karliah, puis rejoignit l'autre Bréton. Celui-ci distribuait des consignes, organisant la surveillance de la ville dans l'éventualité où Mercer oserait revenir - les chances de le voir reparaître étaient certes maigres, mais ils ne pouvaient se permettre de faux pas. Elle marcha vers lui, attendit patiemment qu'il ait terminé de s'entretenir avec Saphir, puis combla l'espace restant en attirant son attention. Croisant finalement son regard, elle s'étonna de le découvrir triste, éteint, loin de la flamme vengeresse qui s'abritait derrière les pupilles de leurs confrères.
"Sans toi, engagea-t-il d'une voix terne, je crois bien qu'on n'aurait même pas laissé Karliah ouvrir la bouche. Heureusement qu'on a évité le combat.
- Oui, ça m'aurait embêtée de devoir vous engueuler." Répliqua-t-elle plus durement qu'elle l'aurait voulu.
Il échappa un faible rire, mais se ressaisit devant le faciès sérieux de sa recrue favorite.
"Tu veux discuter de ce qui s'est passé juste avant ?
- Non, trancha-t-elle dans un grondement brusque, j'ai déjà eu cette conversation avec Bryn', pas besoin de perdre plus de temps là-dessus.
- Bien entendu, se rétracta le vétéran en la couvrant d'un œil prudent, qu'est-ce qu'il te faut ?"
Elle s'étonna elle-même de sa réaction. S'énerver contre Delvin alors qu'il lui offrait une oreille amicale ne la servirait en rien, bien au contraire, alors pourquoi sa voix menaçait-elle d'éclater à nouveau ? Elle respira lourdement et voulut lui résumer la situation, mais une légère bourrasque filtra d'entre ses lèvres. Pour son plus grand désarroi, Delvin recula, intimidé, et elle plaqua encore une fois ses paumes contre sa bouche en s'insultant mentalement.
"Pardon, couina-t-elle derrière ses doigts, pardon, pardon, pardon, je voulais pas.
- Tout va bien, l'apaisa-t-il du même ton qu'on emploierait devant un cheval effrayé, il n'y a pas de mal."
Malgré ses paroles assurées, il avait adopté une position défensive, prêt à esquiver en cas de déferlante, et la jeune fille se sentit plus ignorante, plus maladroite, plus esseulée que jamais auparavant. Voilà pourquoi les Grisesbarbes vivaient en ermites, dans un monastère aux fondations solides, et passaient des décennies à maîtriser leur voix. Dire qu'elle s'était crue exempte de ces limites, avec son sang draconique et son âme immortelle, avec tout ce que les vieux parleurs lui avaient conté et enseigné, avec cette prophétie…
"Tu peux parler ?" Demanda-t-il en s'écartant un peu plus.
Elle se recroquevilla, puis, la bouche toujours dissimulée derrière ses main, répondit dans un murmure:
"Je… crois…"
Ils observèrent tous deux l'air autour de Siltafiir, s'attendant à ce qu'un cyclone s'y élève soudainement, mais le calme régnait.
"Donc, reprit Delvin sans relâcher son attention, de quoi avais-tu besoin ?
- Je… Je dois…" Bégaya-t-elle en priant les divins pour que rien n'explose ou ne s'effondre.
Elle s'interrompit, inspira plus profondément que jamais, expira lentement et parvint, coupée tous les deux mots par sa propre anxiété, à expliquer la situation à Delvin. Il écouta patiemment son discours haché, puis lui offrit ses conseils durement gagnés. Un sourire discret se fraya un chemin entre ses joues alors qu'il détaillait la plus jeune de haut en bas. Chaque information qu'il lui présentait détendait son corps, l'arrachait à sa posture recroquevillée, et la plongeait un peu plus dans l'état d'esprit réservé aux vrais cambrioleurs.
"Faire attention à Vald, puis activer la rampe de secours pour entrer, résuma-t-elle finalement, c'est noté. Tu crois qu'il a installé des pièges ?
- La question n'est pas "a-t-il installé des pièges ?", mais plutôt "quels pièges a-t-il installés ?". Fais gaffe à toutes les portes, et si tu vois un sol dallé, jette quelque-chose dessus. Mais tu connais la procédure, sinon Bryn' ne t'aurait pas choisie pour ce travail."
Il ponctua ses instructions en saisissant les épaules de Siltafiir.
"Ne meurs pas cette fois, dit-il en plaisantant à moitié, mon pauvre cœur serait brisé.
- Pas d'inquiétudes, répliqua-t-elle dans un rire grinçant, ton cœur est en sécurité."
Il lui administra une dernière tape encourageante entre les omoplates dès qu'elle lui tourna le dos, mais sursauta quand elle fit brusquement volte-face.
"J'allais oublier, dit-elle en fouillant son sac, j'ai trouvé ces deux trucs…"
Après quelques secondes d'exploration, elle retira de son bagage un casse-tête dwemer et une maquette de bateau toute plaquée d'or-blanc. La mâchoire du vétéran balança un instant, puis il s'empara des deux petits trésors, les yeux remplis d'étincelles. Perdu dans sa contemplation, il ne s'aperçut du départ de Siltafiir que lorsqu'elle grimpa l'échelle de sortie, et soupira en reposant les yeux sur ses deux acquisitions. D'une démarche lente, il s'approcha de l'étagère à trophées pour les y exposer, espérant que d'autres les rejoindraient bientôt.
xxx
"C'est loin de la ville ?
- Non, on peut presque le voir depuis la porte sud-ouest."
Siltafiir grogna d'impatience en traversant ladite porte, accompagnée de Karliah et Brynjolf. Celui-ci montrait autant d'agitation que la jeune recrue, laissé sur sa faim par les explications évasives de la Dunmer. Les deux intrigués échangeaient de fréquents regards, pressés d'en finir avec le traître, mais réfrénaient leurs ardeurs, sachant pertinemment que, si quelqu'un devait en vouloir à Mercer, c'était bien Karliah. Elle ne les retarderait pas inutilement.
"Le siège des Rossignols se trouve juste là." Indiqua-t-elle après quelques secondes de marche.
Elle s'approcha d'une paroi rocheuse, enclencha un mécanisme dissimulé et laissa ses associés s'engouffrer dans le tunnel ainsi dévoilé. Il s'étirait, ponctué de torches et de champignons luisants, imprégné d'une moiteur stagnante, inhérente à ce genre de souterrain. Ayant trop souvent rencontré de mortels ennemis dans les caves de Bordeciel, Siltafiir usa de laas avec anxiété, mais se détendit en ne découvrant rien alentours, que les auras de Brynjolf et Karliah. Le Nordique se retourna tout de même en entendant ce murmure vibrant.
"Tout va bien ?" Demanda-t-il nerveusement.
La jeune fille, plus qu'habituée à employer ce rotmulaag dès qu'elle pénétrait un tombeau ou une crypte, mit quelques secondes à comprendre le trouble de son collègue.
"C'était juste… un mot de reconnaissance, dit-elle dans un rire jaune, pour voir s'il y avait quelqu'un - ou quelque chose. Il m'arrive de contrôler ce que je fais, tu sais.
- Personne n'est venu ici depuis des décennies, remarqua la Dunmer sans cesser d'avancer, seuls les Rossignols ont connaissance de cet endroit, et nous venons d'en emprunter l'unique entrée."
Siltafiir n'osa plus rien dire à ses compagnons, craignant soit d'effrayer l'un, soit de se ridiculiser devant l'autre, et ils atteignirent le centre de l'édifice en silence. Poussière, rocs usés, mousse et plantes grimpantes tapissaient le décor, un ruisseau fendait les dalles sous un petit pont de bois et, illuminés par des foyers inextinguibles, trois cubes de roche se dressaient, tous ornés d'un symbole gravé. Karliah s'en approcha et apposa délicatement sa main sur l'un d'entre eux. Les deux spectateurs s'étouffèrent de surprise quand l'ombre de l'elfe sembla se lever de terre, s'emparer de ses chevilles, lui enserrer les genoux, puis les cuisses, s'enrouler à sa taille, onduler sur ses hanches, lui avaler la tête et tomber sur ses épaules comme une cape tissée d'obscurité.
"À vous, déclara-t-elle en se tournant vers ses collègues effarés, il est nécessaire que vous portiez l'armure des Rossignols, pour la suite des opérations."
Ils s'observèrent tous deux, puis obéirent sans argumenter. Dos-à-dos, ils faisaient face chacun à l'une des pierres, et, dans un mouvement presque synchronisé, imitèrent Karliah. Siltafiir hoqueta lorsque sa tenue de cuir s'allégea, remplacée par une fine couche d'un matériau inconnu, plus solide qu'une carapace de chaurus, plus confortable qu'une seconde peau, et dont émanait une chaleur agréable. Elle testa ses articulations, ajusta ses orteils, tritura sa cape, puis se retourna pour découvrir que Brynjolf agissait de la même manière.
"D'accord mam'zelle, dit-il en abandonnant son inspection, on a enfilé nos costumes… et maintenant ?
- Derrière cette porte, répondit l'elfe en pointant une grille au fond d'un couloir, vous ferez le premier pas sur le chemin qui mène aux Rossignols.
- Holà, doucement, s'agita-t-il dans un mouvement de recul, l'armure, je suis d'accord, mais devenir un Rossignol ? C'était pas prévu."
Siltafiir acquiesça vigoureusement. Rejoindre cette mystérieuse confrérie était un pari risqué dans sa situation.
"Si nous voulons avoir le moindre espoir de vaincre Mercer, nous devons gagner le soutien de Nocturne. Pour qu'elle vous accepte dans ses rangs, vous devez conclure un arrangement.
- C'est un contrat à vie, je suppose, marmonna Siltafiir.
- Et plus encore. Vous deviendrez les gardiens du Mausolée du Crépuscule dans la vie comme dans la mort.
- Le Mausolée… du Crépuscule ? Répéta la Brétonne.
- Je ne peux vous en parler tant que vous n'aurez conclu le pacte.
- Qu'est-ce qu'on y gagne ? Ajouta Brynjolf d'un ton qui se voulait professionnel mais duquel suintait la nervosité.
- Le soutien de Nocturne. La chance. Le don le plus précieux qu'on puisse accorder à un voleur.
- Hmm… Il y a toujours un truc, mais au point où on en est… T'en dis quoi, jeune fille ?"
Celle-ci demeura un instant muette, déstabilisée par les faces couvertes de ses collègues - voilà ce que les gens ressentaient quand elle portait son masque. Elle songea aux implications de ce contrat: si elle comprenait tout, son âme serait offerte au prince des ombres. Mais qui avait la priorité ? Nocturne ou Værmina ? Elle faillit demander conseil à Karliah, mais son instinct lui hurla de garder la situation secrète. Tout révéler maintenant ne ferait que les inquiéter et entraverait leur mission.
"Allons-y." Marmonna-t-elle en empruntant le couloir.
Ils marchèrent dans un calme total, leurs bottes ne produisant aucun son, jusqu'à ce que Karliah tire sur une chaîne et que l'épaisse grille se soulève dans un grincement assourdissant. Son écho se répercuta longuement contre les parois rocheuses, et une immense cavité se dévoila. Trois socles ronds s'y dressaient, chacun relié à l'entrée par un fin pont de pierre.
"Allez vous placer là, ordonna calmement la Dunmer en désignant l'un des cercles, et vous, Brynjolf, allez sur celui-ci."
Elle-même s'avança vers le dernier. Debout sur son socle, Siltafiir la fixa sans cligner, les poings serrés pour s'empêcher de trembler, et sursauta quand Karliah parla:
"Je vous appelle, dame Nocturne, reine d'obscurité et impératrice des ombres… entendez ma voix !"
Siltafiir frissonna alors qu'un vent froid se soulevait, jouait entre les plis de sa cape, se dirigeait vers le centre de la pièce et se concentrait en un amas ténébreux. Les rares lumières de la caverne semblèrent disparaître, aspirées par ce vortex sans fond, puis la bourrasque s'apaisa et seule un étrange halo de noirceur demeura.
"Ah, Karliah, dit soudainement l'aura mystérieuse, je me demandais quand j'allais à nouveau entendre parler de vous. Alors, on a perdu quelque chose ?"
Le timbre du daedra transpirait le reproche, à tel point que Karliah s'inclina bien bas pour cacher son visage pourtant masqué.
"Ma dame, continua-t-elle d'une voix intimidée, je me présente devant vous pour me mettre à votre merci et accepter la responsabilité de mon échec.
- Vous m'appartenez déjà, Karliah. Ce marché a été conclu il y a bien longtemps, trancha Nocturne avant de laisser la curiosité égayer son ton, que pourriez-vous m'offrir maintenant ?
- J'ai avec moi deux aspirants prêts à conclure le Pacte, pour vous servir dans la vie comme dans la mort."
Bien qu'aucun œil ou silhouette ne se détache du halo, Siltafiir sentit le regard du prince se poser sur elle, la détailler avidement, elle entendit même un rire satisfait résonner quelque part dans un coin de sa tête. Ou peut-être que son imagination lui jouait des tours, elle ne le savait trop.
"Vous me surprenez, Karliah, ronronna Nocturne en se retournant vers l'elfe, au grand soulagement de Siltafiir, cette offre m'avantage vraiment.
- Ma soif de vengeance contre Mercer dépasse mes envies de richesse, votre grâce, répliqua-t-elle en levant le menton.
- Vous venger ? Questionna pensivement la dame. Comme c'est intéressant… Très bien, les conditions sont acceptables. Veuillez poursuivre."
Retrouvant son attitude calculée et son timbre solennel, la Dunmer récita un discours appris par cœur, jurant fidélité au seigneur du crépuscule, en son nom et celui de ses alliés. Un souffle approbateur caressa le trio quand elle eut achevé sa prière.
"Très bien. Je vous restitue votre statut de Rossignol, dit Nocturne d'un ton sensiblement apaisé, et je le confère également à vos semblables. Et à l'avenir, je vous conseille de ne plus me décevoir."
L'aura ténébreuse implosa, disparaissant plus vite qu'une biche effrayée, et les trois Rossignols quittèrent les cercles de pierre pour se retrouver à leur jonction.
"Il reste deux choses dont nous devons parler, déclara Karliah dans une attitude plus assurée qu'avant le pacte, le véritable crime de Mercer ne réside pas le meurtre de Gallus, ni dans son pillage; il a dérobé la Clef Squelette, le secret de notre réussite.
- Oui, le journal mentionnait ça, confirma le Nordique, mais qu'est-ce que cette clef a de si spécial au juste ?
- Elle permet à l'Aquenoire de rester ouvert. C'est par cette voie que Nocturne influence notre monde et nous confère l'avantage que n'ont pas les vulgaires brigands. Mais ce n'est pas tout, ajouta-t-elle en serrant les poings, la Clef octroie à son possesseur la capacité d'ouvrir n'importe quelle porte, de crocheter n'importe quelle serrure matérielle… ou spirituelle.
- Spirituelle ? Répéta Siltafiir, déconcertée.
- Le porteur de la Clef peut littéralement déverrouiller l'intégralité de ses pouvoirs, faire tomber ses limites physiques et magiques. C'est pour cela que Mercer est si dangereux. Il est en possession de la Clef depuis des années; qui sait quels genres de stratagèmes il a pu développer."
Une folle pensée naquit alors dans l'esprit de la Brétonne. Si elle s'emparait de cet artefact, nombre de ses problèmes seraient réglés. Oh, elle ne voulait pas le garder trop longtemps bien entendu, juste assez pour libérer son âme de Quagmire et déchaîner sa voix en prévision de son duel contre Alduin. Et éventuellement débloquer la barrière inconnue qui l'empêchait d'user de sa magie. Rien de bien méchant.
"C'est quoi la deuxième chose dont on doit parler ? Demanda-t-elle, pressée de partir à la recherche du traître et de la Clef providentielle.
- Et bien, la Guilde a besoin d'un nouveau maître, et la tradition veut qu'il soit choisi parmi les Rossignols. J'ai été coupée du monde et de la Guilde durant vingt-cinq ans, je n'ai pas les connaissances pour me charger d'une tâche si importante.
- Et moi je dois encore sauver Tamriel des dragons, grommela Siltafiir en croisant les bras, sans compter que je suis trop impulsive pour prendre des décisions sensées.
- Je ne suis pas un meneur d'hommes ! Protesta le troisième devant les regards de ses consœurs.
- Est-ce que tu dis ça parce que tu le penses vraiment ? Questionna dubitativement la plus jeune. Ou parce que tu veux éviter d'avoir des responsabilités ?
- Je pourrais te retourner la question, siffla-t-il en se penchant sur celle qui l'accusait.
- Oh oui ! Un chef qui pulvérise les recrues dans ses accès de mauvaise humeur ! Quelle bonne idée !"
Comme pour appuyer ses mots, un coup de vent arracha le capuchon de Brynjolf et le força à reculer d'un pas.
"D'accord, pas besoin d'insister, concéda-t-il immédiatement en levant les bras dans un signe de défaite, je serai le maître de la Guilde, au moins jusqu'à ce qu'on en trouve un de mieux.
- Bien, dans ce cas il est temps de poursuivre Mercer, termina Karliah, si les plans que Siltafiir a trouvés chez lui sont les bons, il nous faut partir en direction de Vendeaume, puis, une fois là-bas, longer la rivière vers l'ouest. Par contre, je ne pense pas que nous y arriverons avant demain…
- Alors ne perdons pas une seconde !" Ordonna le nouveau chef avant d'ouvrir la voie.
À suivre…
Avant d'oublier, parce que ça m'arrive un peu trop souvent, je tiens encore à remercier Calcidoine, dont les conseils ont été jusqu'alors fort utiles et sans qui la qualité de mon histoire se trouverait amoindrie. Voilà, je me disais que sa contribution valait la peine d'être mentionnée.
Sinon, et bien, on suit à nouveau le scénario, mais avec quelques ajustements. J'espère que ça garde assez d'originalité pour être intéressant. N'hésitez pas en me le dire si ça manque d'attrait. Je m'en voudrais de vous offrir un texte ennuyeux.
