Aanvoreydro Miin ! Les Yeux d'un Autre
Siltafiir aimait croire que ses décisions n'étaient pas toujours stupides, et les événements présents supportaient admirablement cette idée. Pas la moindre embuscade ou attaque de dragon durant tout son trajet jusqu'à Fortdhiver. Comme quoi, laisser la huscarl à Blancherive n'était pas si insensé, et puis elle ne requérait certainement pas la présence d'un garde du corps pour ramener un bout de métal à un vieillard. Elle remercia le conducteur de la carriole et s'avança au-travers de la ville. Transporter le lexique dwemer, elle voulait bien, mais un passage par l'Académie s'imposait; on ne la prendrait plus à visiter des icebergs sans anneau de marche sur l'eau. Elle aurait médité longuement sur la pertinence de ses choix si un fracas assourdissant, plus puissant que la voix d'un dragon, n'avait ébranlé Mundus.
Le souffle d'une explosion traversa la ville, jetant tous ceux qu'il heurtait sur le sol neigeux. Siltafiir, sonnée, ne vit plus rien l'espace d'un instant, ou peut-être plus qu'un instant. Des cris s'élevaient alentours, et d'après la terreur qui en émanait, un combat prenait place. Elle mourrait bien assez vite comme ça, pas besoin d'accélérer l'inévitable en dormant au milieu d'un champ de bataille.
Une fois redressée, elle crut que le brouillard s'était installé, puis réalisa que cette brume était en fait un groupe de sphères vaporeuses qui bougeaient indépendamment les unes des autres, tombaient du ciel et attaquaient tous les humains à portée.
Assez loin de la mêlée, elle put tirer ses flèches avec précision, mais la proximité de civils et de gardes l'empêchait d'user de la Voix. Ses traits ne manquaient jamais le tas de volutes magiques, elle les voyait se planter dans leurs corps translucides, mais avaient-ils un quelconque effet ? Au vu des trois orbes qui se séparèrent du tas pour foncer droit sur elle, oui, les armes physiques les blessaient, et ces choses n'aimaient pas être blessées. Elle dégaina Mort-Dragon juste à temps pour frapper son premier assaillant, mais les deux suivants heurtèrent son armure en y déposant des plaques gelées qui grignotaient sa peau même au-travers du cuir daedrique.
Dans un sifflement frustré, elle retint son cri de flammes de peur de toucher quelqu'un, mais désespéra quand une quatrième créature vint assister ses sœurs. Si seulement son Thu'Um ne détruisait pas tout ce qu'il touchait, elle pourrait en user et en abuser avec une telle liberté ! Si seulement…
Quelle idiote elle faisait. Bien sûr qu'elle pouvait user de son Thu'Um n'importe où. Il lui suffisait de choisir les mots appropriés. L'une des créatures éthérées recula dans le but de frapper, mais elle la devança:
TIID KLO
Le calme engloutit brusquement toute la bataille. Les sons, les mouvements apparaissaient lointains, d'un autre plan, les secondes s'écoulaient plus lentement, s'étiraient sans fin, et Siltafiir, bien que ralentie par la puissance de sa propre voix, surpassait aisément ses adversaires en matière de vitesse. Luttant contre la trame du temps, elle taillada les quatre nuisances qui l'encerclaient et à peine son pouvoir se dissipa-t-il qu'elles explosèrent en éclats gelés.
La Brétonne inspira profondément, puis se tourna vers le gros du combat, pour réaliser avec soulagement qu'un groupe de mage s'était chargé du problème. Elle courut dans leur direction, espérant obtenir des informations sur cette attaque aux origines douteuses, mais ils ne la remarquèrent pas et s'élancèrent sur le pont de l'Académie. Elle grommela. Les brûlures glaciales enrayaient ses articulations, les rattraper serait douloureux. Ou alors…
WULD
Les robes des sorciers volèrent sur son passage, arrachant des exclamations surprises à la petite troupe. Leur faisant face, elle reconnut l'elfe qui gardait habituellement l'entrée, l'un des professeurs, la Dunmer méfiante et sa sœur. Sans perdre un instant, elle les interrogea sur la situation.
"Désolée Enfant de Dragon, mais nous n'avons pas le temps pour les explications, rétorqua l'Altmer, nous devons retourner à l'Académie immédiatement.
- Attendez, elle peut nous aider, argua Evangeline en approchant de sa cadette, Ur… Enfant de Dragon, vous vous rappelez l'orbe de Saarthal ?"
Elle acquiesça simplement, trop inquiète pour s'amuser des efforts qu'Eva déployait à rester polie.
"Ancano, le thalmor qui nous a accostées dans la bibliothèque, en a pris le contrôle. C'est lui qui a causé l'explosion et invoqué ces… anomalies.
- J'imagine que le pouvoir de détruire Bordeciel est contenu dans cette orbe, marmonna Siltafiir.
- C'est ce qu'on pense."
Une bonne raison de retarder son retour à la Gorge du Monde. Elle libéra le passage, hésitant entre lassitude et contentement tandis que les mages se précipitaient vers leur école. Pressés comme ils étaient, seules quelques secondes les séparèrent de la cour enneigée, là où s'attroupaient élèves et enseignants, tous placés en cercle.
Siltafiir demeura en retrait, mais assez proche pour entendre la conversation de sa sœur et d'une Brétonne d'âge moyen. Celle-ci révéla que l'archimage était mort - son corps reposait ici même, au milieu du rond de spectateurs émus - et le pouvoir de l'orbe, ou Œil de Magnus comme elles l'appelaient, rendait impossible tout accès au bâtiment central. Il fut ensuite question d'un bâton, d'un labyrinthe et d'un… heurtoir de porte ? C'est du moins ce qu'elle crut reconnaître dans les mains des magiciennes. Elle n'aurait à se poser la question trop longtemps, car Evangeline approchait en rangeant le bout de métal dans une sacoche.
Mais quelqu'un s'interposa: un homme de taille respectable, emballé dans de nombreuses couches de laine et de fourrures. Il se pencha sur la rouquine, les bras agités.
"Evangeline, tu vas bien ! Je ne te trouvais plus depuis l'explosion."
Siltafiir sentit son ventre se crisper et toute idée cohérente l'abandonna. Elle devait partir, le plus loin possible, le plus vite possible, car elle connaissait trop bien la voix de cet homme et elle ne voulait pas en plus se rappeler de son visage. Profitant des ruisseaux de mages qui quittaient la cour pour rejoindre les dortoirs et sauver leurs possessions, elle glissa jusqu'à l'ombre des arches, s'adossa à une colonne, gonfla ses poumons et jeta un regard anxieux à celui qu'elle ne s'attendait pas à rencontrer ici.
Par les Neuf ! S'il la voyait, il…
Elle cligna des yeux.
S'il la voyait, il ne la reconnaîtrait pas, et même si elle trahissait son identité, que ferait-il ? Elle était Enfant de Dragon, par l'Oblivion ! D'ailleurs, elle allait le remettre à sa place maintenant et tout de suite. D'un élan décidé, elle quitta le confort de sa cachette pour le confronter, puis s'immobilisa. Peut-être qu'elle combattrait d'abord la dizaine de volutes magiques qui s'étaient échappées de l'Académie, ça aussi c'était une bonne idée.
Les créatures surgirent des fenêtres, tourbillonnèrent un instant, puis plongèrent d'un seul mouvement sur la foule de mages. Ceux-ci armèrent leurs doigts de sortilèges colorés, mais avant que quiconque ne puisse réagir un hurlement bestial traversa le cour, chauffa les crânes et bloqua le passage aux créatures luisantes.
YOL TOOR SHUL
Plus de la moitié des anomalies périrent au contact des flammes et celles restantes fondirent sur l'Enfant de Dragon, qui regretta brusquement son zèle. Cependant, elle n'eut à dégainer son épée, car élèves et professeurs s'étaient unis dans un bombardement destructeur, réduisant immédiatement les indésirables en poussière. Un silence suivit, où tous s'attendaient à une autre attaque, mais rien ne vint et les résidents de l'Académie reprirent leurs déplacements. Profitant de cette distraction, Evangeline s'était ruée sur sa cadette.
"Dépêchons-nous, pressa-t-elle en saisissant le poignet de Siltafiir, si je le laisse parler, on sera encore là ce soir.
- Qu'est-ce qu'il fout ici ? Grinça-t-elle en se libérant.
- Je t'expliquerai dès qu'on sera parties. Bouge !"
La plus jeune grogna, mais retint toute protestation en voyant l'homme s'approcher. Tant pis, pas de règlements de comptes pour le moment. Elles se précipitèrent vers le pont, attrapèrent Brelyna à la demande de l'aînée et traversèrent le portail principal. Une fois au centre de la ville, Siltafiir jeta un coup d'œil en arrière, puis empoigna sa sœur.
"Dis-moi tout ce qui se passe et surtout pourquoi il est là.
- Il est là pour l'Œil de Magnus, pas pour toi, et nous devons nous rendre au Labyrinthe le plus vite possible, ou notre père sera le dernier de tes problèmes !
- Vous êtes sœurs !?" Coupa alors la Dunmer.
Les deux Brétonnes se fixèrent, l'une plissant les yeux derrière son masque, l'autre tentant de conserver un peu de rose sur ses joues.
"Ouais, même si ça me coûte de l'avouer, grommela Siltafiir.
- Rassure-toi, c'est réciproque, siffla l'aînée, mais le moment est mal choisi pour les affaires de famille.
- Hmpf… t'as raison, concéda la cadette, alors qu'est-ce qu'on doit trouver dans ce Labyrinthe ?
- Le bâton de Magnus, le seul moyen de contrôler l'Œil.
- J'espère que ce chercheur du Synode a eu raison, ajouta Brelyna, si on fouille cet endroit pour rien…
- Ce n'est pas comme si on avait d'autres pistes, trancha la rouquine, assez discuté, il faut y aller. Maintenant."
xxx
"Il vaut mieux prendre le chariot jusqu'à Morthal puis partir au sud, on aura moins à marcher !
- Contourner les montagnes nous ferait perdre beaucoup trop de temps ! Aller au nord depuis Blancherive est la meilleure option !
- On mettra au moins aussi longtemps à traverser les plaines de Blancherive à pieds qu'à contourner une colline en chariot !"
Brelyna se demandait si elles allaient un jour dépasser Vendeaume. Il avait été aisé de se mettre d'accord sur un moyen de transport, mais décider de sa destination semblait plus compliqué. Elles y passeraient des heures, à moins que l'Enfant de Dragon ne perde définitivement patience et tue sa sœur d'un éclat vocal. La Dunmer pria Azura que cette dispute se résolve vite, et Azura répondit.
"Il y a un problème, coupa brusquement Siltafiir en levant une main devant son aînée.
- Un peu qu'il y a un problème ! Répliqua celle-ci en repoussant ladite main. Tu t'obstines à vouloir nous faire perdre du temps et…
- Un dragon approche."
Un lourd battement d'ailes résonna alors, bientôt suivi d'un rugissement monstrueux. La plus jeune des Brétonnes sauta immédiatement sous le toit des écuries, son arc déjà bandé, le masque pointé sur le ciel, et les magiciennes l'imitèrent juste à temps pour éviter la cascade gelée qui balaya la route.
Le reptile cracha ses insultes glaciales sur les gardes qui protégeaient l'entrée de la ville, ne cessant de voler dans toutes les directions et refusant obstinément de se poser. Son manège, en plus de rendre tout visée extrêmement périlleuse, agaçait profondément Siltafiir qui abandonna son abri, arc rengainé et poings serrés.
Sans s'inquiéter des réprimandes paniquées de sa sœur, elle se tint droite au centre du chemin, et le dragon la remarqua de suite. Il plana jusqu'au dessus d'elle et inspira, mais elle le prit de vitesse:
"Dovah ! Lif nu uv Dovahkiin naak hin sil !" Tonna-t-elle assez puissamment pour déséquilibrer les autres humains.
Cet ultimatum suffit à faire hésiter le dragon.
"Zu'u fraan silsedov. Mul silsedov. Hi los vahzah dovah, admit-il prudemment.
- Genil hesvun seik nid, gronda-t-elle en crachant une rafale encore plus violente, unad dez. Nu !
- Hi kriin pogaan zeymahhe. Ni eim fund kos meyus, répondit-il hâtivement.
- Vrah, confirma-t-elle dans un ricanement victorieux.
- Kogaan fah vos lahney, Dovahkiin." Conclut-il dans un hochement de tête soumis avant de fuir derrière une montagne.
Une bonne chose de faite, pensa-t-elle, heureuse d'avoir évité l'affrontement. Dommage que sa sœur soit plus têtue que ce dragon, ou elles seraient déjà en route pour Morthal. Tandis qu'elle retournait vers les magiciennes, une silhouette attira son attention en se détachant du groupe de gardes. Elle siffla de dégoût devant la tête d'ours qui recouvrait celle de ce sombrage, puis s'apaisa en reconnaissant, juste au-dessous, la barbe de Ralof.
Leur dernière entrevue datant de quelques jours à peine, elle ne s'était attendue à le revoir si vite et cette douce surprise effaça toute la timidité qu'elle aurait pu ressentir quand elle lui sauta au cou. Il tituba, puis répondit à son étreinte.
"J'ai bien vu ce qui s'est passé ? Demanda-t-il en la reposant. Tu viens de chasser un dragon en parlant ?
- C'est bizarre, je sais. D'habitude ils meurent quand je fais ça."
Il échappa un reniflement amusé, puis reprit:
"Tu as déjà rendu le lexique ?
- Euh… Non, pas encore, avoua-t-elle en jetant un regard aux magiciennes, d'ailleurs j'ai pas vraiment le temps de discuter, Fortdhiver est en danger.
- Qu'est-ce qui se passe ? Questionna-t-il en perdant son sourire.
- Disons que, commença-t-elle en choisissant soigneusement ses mots, l'envoyé thalmor chargé de surveiller l'Académie a pris le contrôle d'une source de puissance probablement inépuisable. Si on ne fait rien, la ville est perdue, et peut-être même tout Bordeciel."
Mentionner l'elfe était une bonne idée car, poussé par ses réflexes de rebelle, Ralof ne pensa même à critiquer son oubli d'Alduin ou à s'interroger sur l'implication des mages de l'Académie - les Nordiques les craignaient déjà assez, pas besoin de jeter de l'huile sur le feu.
"Un thalmor, hein, siffla-t-il haineusement, tu es venue demander des renforts ?
- Non, même une armée ne servirait à rien. On doit rapatrier un bâton magique perdu dans des ruines, c'est le seul moyen d'arrêter tout ça.
- Je vois…"
Il baissa un instant les yeux, s'empara de la main gauche de Siltafiir et pressa ses doigts autour des siens. Intimidée par les quelques gardes qui n'avaient encore regagné leur poste, elle faillit conclure là leur échange, mais se ravisa en voyant la ride concernée qui plissait le front de Ralof. Après tout, pensa-t-elle en se mordillant la lèvre, elle combattait chaque jour des ennemis plus effrayants que tous les ragots de Nirn. Sur la pointe des pieds, elle glissa son masque assez haut pour révéler un sourire timide et, tirant sur le col du sombrage, lui déroba un baiser. Avant qu'il ne puisse réagir, elle murmura:
"Uful ni, ne t'inquiètes pas, c'est juste un vieux temple, ce sera vite réglé.
- Je te fais confiance, termina-t-il pendant qu'elle rajustait Krosis, que Talos t'accompagne."
Elle le salua d'un signe de tête et s'éloigna, heureuse de retrouver l'aura confiante qu'elle lui connaissait. Sans prêter garde aux chuchotements des spectateurs, elle rejoignit les magiciennes, parée à reprendre l'argumentation, mais rien de tel ne l'attendait. Evangeline, bras croisés, refusa de lui accorder la moindre attention et s'éloigna d'un pas vif. Siltafiir roula des yeux, s'apprêta à la poursuivre, puis s'immobilisa en remarquant le conducteur de la charrette qui s'extrayait d'un buisson. L'aînée s'arrêta devant lui et déclara assez fort pour se faire entendre des deux autres femmes:
"Il nous faut un transport pour Morthal."
La cadette, ignorant l'accent assassin qui habillait ces mots, exécuta une danse victorieuse pendant que le conducteur calmait son cheval. Elle trotta jusqu'au chariot et sauta sur le banc des passagers, chantonnant un air sans paroles. Elle aurait pu - aurait dû - se taire quand les magiciennes l'imitèrent mais, enorgueillie par sa victoire, choisit d'agacer la vaincue un peu plus longtemps.
"Je me demande ce qui a pu pousser une tête de mule comme toi à changer d'avis si facilement." Railla-t-elle.
Aussi rouge que ses cheveux, Evangeline lui jeta un regard emplit de douloureuses promesses. Ça c'était de la colère ou elle ne s'y connaissait pas, pensa Siltafiir en souriant de toutes ses dents.
"Il faut dire que vous êtes… imposante, intervint Brelyna en posant une main sur l'épaule de sa collègue, je pense que personne n'oserait vous tenir tête après vous avoir entendue crier comme ça.
- C'est vrai, confirma le conducteur qui terminait d'apprêter sa bête, vous m'auriez demandé de sauter du pont, là, j'aurais obéi."
Il ne se soucia guère du malaise causé par ses paroles et, posé sur son propre siège, claqua les rênes. Quelques secondes seulement après leur départ, il engagea la conversation, fidèle aux habitudes des transporteurs de Bordeciel.
"J'suis bien content de vous avoir à bord, Enfant de Dragon, quand vous êtes là, les embuscades ne sont pas un problème.
- Oh, euh, de rien ? Hésita-t-elle en se frottant la nuque.
- Je me demandais, continua-t-il, qu'est-ce que vous lui avez raconté à ce dragon pour le faire partir ?
- Rien d'incroyable, je lui ai juste rappelé qui parlait le plus fort. Il faut dire qu'il était faible, expliqua-t-elle en haussant les épaules.
- Faible ? Coupa la Dunmer en levant un sourcil dubitatif. Vous rigolez…
- Pas du tout. De tous ceux que j'ai combattus, il faisait partie des moins puissants, renifla-t-elle dédaigneusement en s'accoudant au dossier, son Thu'Um ne dégageait rien, aucune personnalité."
Au moins il connaissait ses limites, songea-t-elle, contrairement à la plupart de leurs frères. Elle pouvait bien lui reconnaître cette qualité.
"Un dragon faible… Je n'aurais jamais cru entendre ça, reprit l'elfe dans un souffle, pas de la bouche d'un humain en tout cas.
- Et de celle d'un dragon, vous y croyez ?" Ricana le Dovahkiin.
Evangeline roula des yeux, visiblement exaspérée, mais ne dit toujours rien, et Siltafiir soupira de contentement. Tout se passait au mieux, et avec un peu de chance, sa sœur conserverait ce doux mutisme durant tout le trajet.
xxx
"Toi.
- Moi ?
- Tu n'es pas très gentille.
- Quoi ?
- Et tu es lâche.
- Mais… !
- Je ne te juge pas, tu as le droit de penser ce que tu veux de tes responsabilités."
Siltafiir, bouche bée, ne savait quoi répondre. S'étant à peine endormie, le brouillard de Quagmire entravait encore ses perceptions et les propos rapides de Nahlaas n'atteignaient pas leur destination. Pas gentille ? Lâche ?
"Quoi ? Répéta-t-elle, hébétée, en observant la tête flottante.
- Quelle chance tu as, tout de même, rien de mieux qu'un problème urgent pour en effacer un autre, continua-t-il en voletant de droite et de gauche, maintenant tu peux ignorer Alduin sans te sentir coupable.
- Eh ! Attends un peu ! S'enflamma-t-elle. Je n'ignore rien du tout ! C'est pas comme si j'avais demandé à ce thalmor de devenir taré !
- Ce n'est pas comme si tu t'inquiétais pour l'Académie ou que tu te réjouissais de reprendre ta quête, avoue-le.
- Et alors ? Siffla-t-elle, bras croisés. Tant que je fais ce qu'on me demande, y'a pas de raison de se plaindre.
- Je ne te reproche rien, c'était une simple observation.
- Tu…"
Ses lèvres s'affaissèrent. Oui, elle appréciait un peu trop ce contre-temps. Oui, elle se préoccupait plus de la réaction de son père que du sort de l'Académie. Oui, elle savait que le chemin de Morthal était plus long. Pas beaucoup plus long, et puis le trajet à pied serait effectivement moins étreignant, mais tout de même… Si elle devait s'énerver contre quelqu'un ce n'était sûrement pas Nahlaas.
"Je ne suis pas très gentille…
- Mais, comme tu viens de le dire, ce sont tes actes qui comptent. Presque tous les mortels dont j'ai dévoré les souvenirs sont comme ça, à faire ce qui les arrange en prétendant que c'est le devoir ou l'honneur qui dicte leurs actions.
- Tout ça pour me dire de ne rien changer à mon comportement ? Marmonna-t-elle, les yeux rivés au sol.
- Ça fait des heures que je me tais, laisse-moi raconter ce que je veux."
Elle releva la tête, soudainement curieuse.
"Pourquoi tu t'es retenu ?
- Tu ne pouvais pas me répondre, ça t'aurait énervée.
- Ce n'est… ! Commença-t-elle d'un ton vexé avant de se renfrogner. Pas faux…"
Dans un soupir rauque, elle traîna la patte en direction des limbes.
"Toujours pas envie d'aller voir ton âme ?"
Elle répliqua d'une vague onomatopée, mais Nahlaas saisit le message et passa à autre chose.
"Il a l'air de faire beaucoup plus froid à Vendeaume qu'à Fortdhiver."
Ce changement de sujet soudain arracha un gloussement à Siltafiir.
"C'est vrai, confirma-t-elle, comment t'as remarqué ?
- Les habitants y sont plus vêtus, et tu serres plus souvent ta cape autour de tes épaules.
- Bon sens de l'observation, s'étonna-t-elle en triturant ladite cape.
- Je croyais que les températures étaient plus basses au nord qu'au sud, reprit-il d'un ton concerné.
- Des histoires de topographie, de vents… Delvin me l'avait expliqué une fois, mais j'ai presque tout oublié… Je pourrai lui redemander si tu veux.
- Nul besoin, je vais voir si je trouve cette information dans la mémoire de quelqu'un." Sifflota-t-il dans une pirouette.
Il s'échappa presque immédiatement, abandonnant la jeune fille devant les flaques de souvenirs. Elle rit à nouveau, contaminée par cet enthousiasme débordant, puis emprunta un sentier au hasard. Toujours aucun dragon à l'horizon, mais pour une fois elle ne s'en plaignait pas. Malgré tous les malaises qui émanaient de ce plan, marcher sous le ciel étoilé de Quagmire l'apaisait. Le temps ne s'y déroulait pas comme sur Nirn, il s'étendait sans fin, n'influençait rien, et les responsabilités de l'Enfant de Dragon perdaient toute raison d'être. C'était son moment de repos - littéralement - ces quelques heures où le sort de Bordeciel ne reposait plus sur ses épaules.
Voilà pourquoi elle ne voulait pas sauver son âme, pas tout de suite. Perdre cette bulle de répit reviendrait à perdre la raison. Bien entendu, partager ce secret lui vaudrait au mieux le titre d'idiote, au pire celui de larbin de Værmina. Même Nahlaas la réprimanderait si elle lui dévoilait ses véritables motivations et elle ne voulait pas ruiner ses nuits à cause d'un stupide différend.
"J'ai trouvé quelque-chose qui devrait t'intéresser."
Elle bondit de surprise quand la tête noire et cornue de son ami lui coupa la route.
"Saute pas sur les gens comme ça ! S'indigna-t-elle, une main crispée sur la poitrine.
- Suis-moi."
Sans attendre de réponse, il s'envola et indiqua le chemin à Siltafiir, s'arrêtant parfois pour qu'elle puisse le rattraper. Ce manège ne dura guère longtemps; Nahlaas s'immobilisa au-dessus d'une flaque et, la désignant du menton, encouragea la jeune fille à y plonger.
"Qu'est-ce qu'il y a de si important là-dedans ? Demanda-t-elle en fixant la surface sombre du liquide.
Des relents pourris s'élevaient du marais, chaque bulle qui éclatait entre ses vaguelettes crachait un nuage de corruption, et pourtant une étrange sérénité l'habitait. Entre ses courants résonnait la langue des dragons, ses mots tapissaient l'étang.
"Saute au lieu de perdre du temps."
Intriguée, elle obéit sans plus de question. Dès qu'ils eurent tous deux plongé, Nahlaas se dirigea vers une bulle sombre autour de laquelle il tournoya furieusement. Siltafiir, de plus en plus curieuse, approcha de ce souvenir qu'elle n'aurait jamais remarqué sans son compagnon, ce bout de mémoire discret qui ne dégageait que murmures. Elle y entra, fut un instant éblouie par l'éclat blanc d'un sort de rayonnement, puis remarqua trois visages assis autour d'une table de pierre. Deux femmes et un hommes aux traits tirés, aux cernes lourdes, aux mâchoires crispées. Les ombres nettes du sortilège couvraient leurs yeux, soulignait leurs pommettes, et sa lumière sèche délavait leur peau, comme chassant tout le sang de leurs joues. Une vision désespérante.
"Je n'arrive toujours pas à y croire, marmonna le plus âgé du trio, comment on a pu laisser ce niivseplozkaro s'emparer du pays…
- Il les a tous eus, grogna la plus grande des deux femmes, Vokun, Nahkriin, Rahgot…
- Même Volsung, ajouta le premier en enfouissant son front dans ses paumes.
- Allons Morokei, ne me dis pas que tu es surpris, ricana-t-elle sans joie, il était avare et imprudent, ce qui m'étonne c'est qu'il ait tenu aussi longtemps.
- Tu n'aurais pas résisté trois secondes avant de ramper devant Hermaeus Mora, cracha-t-il en sautant de sa chaise, alors tiens ta langue, Hevnoraak !"
L'hôte de Siltafiir ignora la lutte qui prit place - ces deux-là ne s'étaient jamais bien entendus et les circonstance de cette réunion rendaient toute nervosité compréhensible - puis se tourna vers celle qui n'avait encore rien dit.
"Tu es bien silencieuse, Krosis."
L'interpelée réagit à peine, les pupilles cachées sous ses paupières lasses.
"S'agiter ne servirait à rien, dit-elle platement, même si on parvient à stopper les laquais de Mora, le culte est mort. La rébellion est plus puissante que jamais, Solstheim est perdue…"
Elle s'interrompit assez longtemps pour que les deux lutteurs regagnent leurs sièges. Malgré tous les efforts qu'elle déployait pour se contrôler, son souffle tremblant trahissait de puissantes émotions.
"Tout comme Miraak, soupira-t-elle finalement, lui qui croyait pouvoir se libérer… d'ailleurs il y était presque.
- Se libérer ? Questionna Morokei en se penchant au-dessus de la table. Je croyais qu'un esprit asservi était irrémédiablement perdu."
Une lueur d'espoir éclaira la face du mage, pendant que Krosis se tassait sur elle-même.
"L'esprit de Miraak n'était jamais vraiment sous son contrôle, mais quelque-chose le reliait à Apocrypha depuis la première fois où il a ouvert un des livres noirs. Il disait que Mora avait capturé une part de son âme.
- Beaucoup d'efforts pour soumettre un seul homme, remarqua Hevnoraak.
- Pas tant pour soumettre un dragon, répliqua Krosis dans rictus, et comme je viens de le dire, il a bien failli se libérer. Sans le fendragon, j'ose croire qu'il aurait réussi."
Siltafiir trépignait derrière les yeux de son hôte. Hôte qui demeurait beaucoup trop calme au vu de la situation et n'écoutait plus ce que disait Krosis, au grand dam de sa passagère. Ses pensées exploraient déjà le futur, hésitaient entre aider ses confrères ou disparaître du monde civilisé pour un temps. Le culte s'effondrait en effet, si les rebelles ne l'anéantissaient pas, Hermaeus Mora endoctrinerait les fidèles restants en quelques mois seulement. Détaillant distraitement les quatre masques posés sur la table, une idée lui vint.
"Konahrik ?"
Son intérêt se reporta sur les autres prêtres.
"Toujours la tête ailleurs, à ce que je vois, moqua Hevnoraak, même alors que nos vies sont en jeu.
- Certaines personnes ne changent jamais, renifla Morokei, on a peut-être trouvé un moyen de libérer les autres et tu t'endors sur ta chaise.
- À moins de nous jeter stupidement au cœur du danger, nos vies ne sont pas en jeux, renifla Konahrik en se redressant, et savoir que Miraak voulait détruire le corps ou l'objet dans lequel son âme est scellée ne nous avancera à rien.
- Oh, alors tu as écouté ce qu'on disait ? S'étonna Morokei.
- Non, je fais juste preuve de logique. Pour emprisonner une âme, il faut un contenant, et nous connaissons tous la manière dont le Dovahkiin absorbe celles des dragons.
- Et tu prétends que cette information est inutile ?
- Les humains et les dragons possèdent des essences trop différentes l'une de l'autre, comparer l'âme de Miraak à celle de tout autre mortel est un affront direct à nos maîtres, trancha Konahrik d'un ton sévère, ce n'est pas en t'accrochant à un espoir futile que tu sauveras Volsung, fais-toi à cette idée."
Morokei, fulminant, se leva à moitié, mais ses jambes flageolantes ne soutinrent son poids et il s'effondra contre le dossier de sa chaise. Il soupira et, les yeux baissés, marmonna:
"J'aime pas quand tu as raison…
- Allez, reprends-toi, j'ai un plan pour arrêter Mora."
Les trois prêtres fixèrent Konahrik, l'une étonnée, les autres emplis de reproches.
"Tu n'aurais pas pu le mentionner plus tôt ? Gronda Hevnoraak, bras croisés.
- Je viens juste d'y penser. D'ailleurs il me faudra un rapport complet sur tes recherches en nécromancie et manipulation mentale.
- Comment… ? Bredouilla-t-elle, soudainement immobile.
- Morokei, tu vas faire prendre l'air à l'Œil de Magnus.
- Quoi ?! Où as-tu entendu parler de l'Œil ? S'indigna-t-il en retour.
- Par Krosis, répondit leur supérieur en ignorant le regard noir de la concernée, il n'existe de meilleure espionne."
Les deux mages bouillonnaient, outrés de voir leurs secrets ainsi dénudés. Cela se comprenait; ils avaient travaillé si dur à conserver le mystère, et voilà que leur discrétion s'avérait inutile.
"Quel est le plan ? Grinça Hevnoraak en se massant l'arête du nez.
- Tuer, ressusciter et contrôler les serviteurs de Mora. Grâce à l'enchantement qui relie mon masque aux vôtres, ça ne devrait pas être compliqué de tous les avoir d'un coup."
Ils n'y croyaient pas, c'était évident. Les narines frémissantes de Morokei témoignaient d'une impatience certaine, le tic dans l'épais sourcil noir d'Hevnoraak contractait son visage à chaque sursaut et la lèvre inférieure de Krosis se courbait dubitativement.
"Ton masque est connecté aux nôtres ? Murmura la nécromancienne en plissant les paupières.
- Bien entendu, un bon chef doit pouvoir traquer ses subordonnés en toutes circonstances.
- Même moi ? Crissa Krosis en serrant les poings.
- Surtout toi. Que ferais-je sans ma source d'informations la plus fiable ?"
L'espionne s'enfonça sur sa chaise, des éclairs dans les yeux, pendant que son pied tapotait frénétiquement le sol. Elle ne lui pardonnerait pas cette précaution de si tôt.
"Bon, maintenant que tout le monde me déteste, puis-je terminer mon explication ?"
Ils hochèrent la tête d'un même mouvement et Konahrik exposa son idée. Malgré la tension née des précédentes révélations, ils écoutèrent attentivement la manière dont ils useraient l'Œil pour alimenter ce sort impossible. S'ensuivit un échange de théories magiques que Siltafiir ne comprit guère, tout comme Krosis au vu de sa bouche à demi ouverte. Les adeptes des arcanes demeurèrent brefs, au grand soulagement des deux exclues, et décidèrent de clore cette réunion. Après de rapides salutations, chacun empoigna son masque, Morokei éteignit le sortilège de rayonnement et ils sortirent en silence, méditant sur leur folle entreprise.
Tandis que Konahrik refermait la porte de la salle obscure, sa vision devint floue, ses sens s'engourdirent et bientôt il ne resta qu'une bulle devant Siltafiir, la bulle qui contenait le souvenir et qui s'éloignait lentement, jusqu'à ce que la jeune fille se retrouve assise à côté de la flaque. Elle ne comprit pas immédiatement où elle se tenait, mais la voix de Nahlaas le lui rappela sans tarder.
"Voilà, maintenant on sait comment sortir ton âme de là."
Ah oui, ça. Konahrik avait éprouvé un tel désintérêt pour ce sujet qu'elle s'était laissée contaminer au point d'en oublier sa propre situation.
"Je vais devoir me vaincre moi-même, résuma-t-elle en fixant le vide, on croirait un test mystique.
- Ou juste un moyen de voir si tu es capable de tuer un enfant pour sauver ta peau."
Sa mâchoire s'alourdit brusquement et, lèvres entrouvertes, elle fixa Nahlaas.
"Elle ne va pas vraiment mourir, murmura-t-elle en triturant sa cape, elle va juste retrouver sa place. C'est tout.
- Oui, une fois que tu lui auras passé ton épée au travers du corps.
- T'es obligé de dire ça comme ça ? Grimaça-t-elle derrière son masque.
- C'est ce que tu vas faire, non ?
- Oui, mais…"
Elle expira bruyamment. Il disait vrai, à quoi bon insister. De plus, cette révélation avait donné naissance à une autre question:
"À ton avis, comment a fait Konahrik pour survivre jusqu'à maintenant ? Dit-elle en penchant la tête.
- Peut-être que…" Commença Nahlaas d'un ton sérieux.
Il n'eut le temps de finir sa phrase, car Siltafiir s'envola dans un cri paniqué, projetée sur plusieurs mètres par une force invisible. Elle tourna rapidement sur elle-même, observa le sentier se rapprocher, puis le ciel s'éloigner, puis le sentier, puis le ciel, puis le sentier, puis une touffe d'herbe qui lui rentrait dans le nez. Son corps était allongé sur une motte de terre, ses genoux la lançaient, mais les crépitements dans son dos effacèrent vite ce désagrément. Un coup d'œil lui révéla un chariot renversé, des flammes éparses qui éclairaient la scène nocturne, le conducteur et les deux magiciennes tout aussi confus qu'elle et des êtres en robes noires qui chargeaient en hurlant.
"Draaf !" Jura-t-elle en sautant sur ses pieds.
L'un des agresseurs se rua sur le pauvre cheval qui demeurait cloué au sol par le chariot renversé, au grand étonnement de Siltafiir. Pourquoi profiter de l'effet de surprise pour attaquer la bête au lieu des passagers ? Peu importait; elle n'allait pas le laisser abîmer leur moyen de transport sans réagir. Son arc dégainé, elle ficha un trait dans l'épaule du zoophobe, assez pour lui faire réviser ses priorités. Imité par ses comparses, il se rua sur la Brétonne et ses alliées, les mains chargées de sortilèges luisants.
Leur tactique ne ressemblait guère à celle des sorciers rencontrés habituellement sur les routes; ils ne cherchaient pas à conserver le plus de distance possible, mais bien à monter au contact. Siltafiir parvint à en abattre un, mais dut sortir Mort-Dragon de son fourreau lorsqu'un autre esquiva ses flèches avec une agilité surnaturelle. À quelques pas seulement de la jeune fille, il leva une main crochue et y alluma un sortilège écarlate. La lumière magique éclaira sa face pâle, ses yeux jaunes injectés d'un sang noir, ses dents pointues… Oh non !
YOL TOOR SHUL
Elle n'allait pas attraper le sanguinare vampiris de si tôt, du moins pas à cause du cadavre fumant qui gisait à ses pieds. Les histoires de victimes infectées contenaient vomissements, crampes, démangeaisons, crises de photophobie et faim insatiable dans les cas les moins graves, et pour ceux qui se transformaient jusqu'au bout… elle préféra ne pas y penser et se concentra sur les trois vampires qui attaquaient Evangeline et Brelyna. D'un pas leste, elle sauta sur le plus proche et lui taillada le dos, éteignant l'éclair gelé qu'il s'apprêtait à lancer sur la Dunmer. Il se retourna dans un crissement, lèvres retroussées, et jeta ses doigts griffus chargés de magie vampirique sur Siltafiir.
Confiante, elle le visa d'une estoque, mais malgré la plaie qui séparait ses omoplates il esquiva aisément. Voyant l'éclat magique se rapprocher beaucoup trop vite, elle regretta son manque de prudence. Le sort empoigna sa gorge, lui arracha un cri étranglé, ses plaies passées se rouvraient lentement, son énergie vitale traversait les pores de sa peau et nourrissait son ennemi. Elle devait l'arrêter. Tout de suite.
IIZ
À seulement quelques centimètres de sa proie, le vampire n'eut le temps de réaliser qu'un drap de glace l'enveloppait, le paralysait, l'empêchait de stopper sa chute et assurait à ladite proie un coup fatal. Elle retira son épée du corps inerte et chargea sans attendre les deux derniers ennemis pour découvrir qu'il n'en restait qu'un seul. Il ne résista qu'une poignée de secondes face aux trois femmes.
Le danger passé, elles s'effondrèrent, le souffle court. Tandis qu'elles récupéraient, le conducteur surgit de derrière un rocher, totalement indemne.
"Pas envie de vous joindre à l'action ? Ricana Siltafiir.
- On ne survit pas quinze ans à ce métier en jouant les héros, argua-t-il en s'époussetant, surtout que des chariots, des chevaux et des clients il y en a dans toutes les villes.
- Vous mettez les autres humains au même niveau que votre chariot ? S'offusqua Evangeline.
- Fais pas ta mijaurée, intervint Siltafiir, notre mère a pas plus d'estime pour ses employés et ça t'a jamais empêchée de dormir."
L'aînée voulut défendre l'honneur de leur génitrice, mais ne trouva aucun argument en sa faveur. Grommelante, elle secoua ses robes et retourna jusqu'au chariot renversé, tout comme sa sœur et sa collègue. De la boule de feu qui les avait projetés hors du transport ne demeuraient que quelques traces carbonisées, laissant le bois pratiquement intacte. Le cheval, par contre, gisait inerte, encore accroché par ses lanières.
"Allez, debout !" Ordonna soudainement le conducteur en détachant l'animal.
Le cheval leva le nez, émit un son joyeux quand ses liens tombèrent au sol et se redressa aussi vite qu'il le pouvait.
"Y'a pas plus intelligent que lui, révéla son maître qui examinait le châssis brûlé, quand il ne peut pas s'enfuir, il fait le mort. Tous les autres paniquaient dès qu'un danger pointait son nez, alors forcément ils se faisaient remarquer.
- Qui se ressemble s'assemble, chuchota Siltafiir en faisant rire Brelyna.
- Je crois que vous allez finir à pied, reprit-il dans un changement de ton radical, l'explosion a fendu le bois ici, là, et puis là… La bonne nouvelle, c'est que Morthal est à seulement une heure de marche, et le Labyrinthe est encore plus proche. C'est bien là-bas que vous vous rendez, non ?"
Elles acquiescèrent et, de rapides salutations plus tard, prirent la direction du sud à la recherche du bâton de Magnus.
À suivre…
Termes draconiques:
Dovah ! Lif nu uv Dovahkiin naak hin sil ! - Dragon ! Pars maintenant ou (l')Enfant de Dragon mange ton âme !
Zu'u fraan silsedov. Mul silsedov. Hi los vahzah dovah. - Je sens (une) âme de dragon. Puissante âme de dragon. Tu es un vrai dragon.
Genil hesvun seik nid, unad dez. Nu ! - (De) Vides flatteries ne signifient rien, choisis (un/ton) destin. Maintenant !
Hi kriin pogaan zeymahhe. Ni eim fund kos meyus. - Tu as tué beaucoup de frères. Ne pas accepter serait idiot.
Vrah. - Effectivement.
Kogaan fah vos lahney, Dovahkiin. - Merci de (me) laisser vivre, Enfant de Dragon.
Uful ni - (t')inquiètes pas
niivseplozkaro - boule de tentacules
Et voilà.
Non, rien de spécial à dire. Il est deux heures du mat' et je suis juste content de voir ce chapitre s'achever. ENFIN !
Donc ouais, comme d'habitude, si vous avez quoi que ce soit à dire le bouton à reviews est là, et sinon j'espère que ça vous a plu. Bref, à la prochaine.
