Bonjour à tous !
Je vous présente le fruit de quelques mois d'écriture et d'amusement intenses. Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas écrit de fanfictions, mais la relecture récente de FMA m'en a redonné l'envie. J'espère que vous lirez cette histoire avec autant de plaisir que j'ai eu à l'écrire.
Je publierais un chapitre tous les lundis (si je n'oublie pas...). Toute l'histoire est déjà écrite en avance, mais la dernière dizaine de chapitres est en cours de réécriture. L'histoire est donc en stand by jusqu'à août 2022, puis la publication des chapitres reprendra à raison d'un toutes les deux semaines.
Le raiting est M a cause de certains rares passages, mais, la plupart du temps, cette fic peut être lue comme étant raiting T.
Les personnages ne sont pas à moi, ils appartiennent à Hiromu Hirakawa que j'admire profondément.
Sur ce, je vous souhaite une très agréable lecture
Edward soupira une millionième fois en raturant énergiquement son carnet qu'il finit par jeter à l'autre bout de la pièce.
- Merde ! cria-t-il, exaspéré par sa propre incompétence.
Cela faisait des mois, maintenant, qu'il vivait seul dans la maison qu'il avait construite avec Alphonse sur les ruines de leur ancienne demeure. Il vivait seul, en tout cas la plupart du temps, parce qu'Alphonse était désormais parti à Xing pour rejoindre May. Edward, lui, avait parcouru le monde pour en apprendre plus sur l'alchimie de Drachma, de Creta, de Aerugo, de Xing, ainsi que sur tous les dérivés possibles et imaginables de cette science qui désormais lui échappait. Il avait parcouru tous les pays frontaliers d'Amestris, avait récolté des tonnes d'informations, et puis, au bout de cinq ans passés loin de chez lui, fatigué, il était revenu au pays avec des notes pleins ses carnets et des idées pleins la tête.
Cela faisait des mois qu'il était là. Il avait transformé le salon en salle d'expérimentation et, tous les jours, toutes les nuits, il tentait toutes les expériences qu'il pouvait concevoir afin de pouvoir retrouver et pratiquer de nouveau son alchimie perdue. Mais, vraiment, tout lui échappait. Il ne comprenait rien à ce "poult du dragon" de Xing qui fondait l'elixirologie. Et pourtant, il essayait : tous les cercles qu'il avait pu trouver, inventer, dériver, simplifier... ne lui servaient à rien. Il n'arrivait à rien.
Mais il ne se décourageait pas. C'est pourquoi il se releva.
- Aller, c'est reparti.
Il alla retrouver son carnet échoué dans un coin de la pièce et rassembla les feuilles volantes qui s'étaient échappées. Les examinant, il prit une craie et se mit à dessiner un cercle de transmutation sur le sol de bois déjà bien marqué d'anciennes marques blanches parfois à peine effacées. Il passa une heure à écrire, tracer, effacer, retracer, rectifier jusqu'à ce qu'il se relève, contemplant son œuvre inutile. Ce n'était pas vraiment un cercle d'élixirologie : il divaguait, parfois, transformant l'élixirologie en alchimie. En regardant son cercle, il savait pertinemment que, cette fois encore, son expérience ne marcherait pas. Toutefois, il sortit de la pièce et revint quelques minutes plus tard, une fiole à la main.
Avant que le philosophe venu de l'ouest n'aide les hommes et femmes de Xing à maîtriser l'élixirologie, le pays s'était déjà intéressé à la question et s'était lancé dans une sorte de médecine alliant croyance, mixture et énergie mystique. Cette élixirologie archaïque était, selon Edward, la clé qui résoudrait tous ses problèmes. Il avait donc passé deux bonnes années à Xing, à l'étudier et à la pratiquer de telle sorte qu'il était capable, grâce à des sortes de potions, de soigner quelques maux. Mais il n'arrivait toujours pas à saisir ce qu'était ce "poult du dragon" malgré que May lui ait donné des leçons et qu'Alphonse le lui ait expliqué de nombreuses fois.
Il versa le contenu de la fiole dans un bol avant d'y plonger un pinceau. Il vint ensuite se placer autour du cercle et se mit à recouvrir certaines zones écrites à la craie avec sa mixture étrangère. Il prit garde à ne recouvrir que les parties d'élixirologie, mettant de côté tout ce qui était le fruit de ses divagations alchimiques.
Le cercle qu'il était en train de créer était un cercle de régénération, censé être capable de puiser dans l'énergie de la Terre les ressources nécessaires à guérir le corps humain - et plus spécifiquement les plaies ouvertes. Ses formules alchimiques, elles, étaient plus de l'ordre du rêve qu'autre chose : il avait voulu renforcer cet effet de guérison avec quelques renforts, mais il s'agissait de quelque chose de trop concret, peut-être, pour s'appliquer à la médecine. Quelque chose qui se rapportait à sa Porte perdue, à une part de lui-même qui n'existait plus. De toute manière, ça n'avait pas vraiment d'importance puisqu'il n'avait jamais été très doué en alchimie médicale, et il n'avait jamais réussi à faire quoi que ce fut depuis qu'il avait troqué sa Porte contre le corps de son frère.
Il finit de tracer ses traits avant de bailler, soudain très fatigué. Il jeta un coup d'oeil à sa montre et se rendit compte qu'il était plus de quatre heures du matin. Il craignit d'avoir fait un peu trop de bruit. May et son frère dormaient paisiblement à l'étage. Ils étaient arrivés deux jours plus tôt, à l'improviste, pour lui faire une petite surprise et lui rendre visite. Edward avait été content de les voir, mais cela l'avait empêché de continuer ses expérimentations et il avait décidé de rattraper le temps perdu en travaillant de nuit.
Il releva une de ses manches et découvrit un avant-bras bandé. Il s'appliqua à enlever les bandes, grimaçant. Une fois fait, il inspecta son bras pour vérifier qu'il n'était pas infecté - saleté de chat qu'il avait dû adopter à cause d'Alphonse - puis se plaça au centre du cercle. Il voulait tenter de refermer les plaies, mais, de toute manière, ça ne marcherait pas.
Par instinct, il fit claquer ses mains l'une contre l'autre avant de les poser au sol, sur le cercle de transmutation. Comme d'habitude, rien ne se passa. Il soupira et se laissa tomber sur les fesses, sans pour autant endommager le cercle, puis posa ses mains au sol, devant lui.
- Alors, May, qu'est-ce que tu m'as dit de faire, déjà ? Mmm... Je ferme les yeux, je me concentre, je prends conscience de mon corps, de la terre sur laquelle il se trouve... Je dois ressentir les flux de la Terre, l'énergie qu'elle dégage... Comme si elle était vivante, comme moi. Aller, Edward, tu peux le faire.
Edward se tut et se mit à méditer, le plus concentré possible. Il fallait détendre son corps, se concentrer, prendre conscience du monde et de soi-même... Jusqu'à sentir l'énergie d'ailleurs, un filament fin, à peine perceptible, qui serait le poult dont il avait besoin pour retrouver sa force et son génie alchimique.
Et soudain il le sentit. Il n'aurait pas su décrire ce qu'il se passait, mais il sentit cette énergie, très discrète et étrangement familière, qui battait au même rythme que son cœur. Il voulut s'en approcher, tâtonnant dans son esprit vers ce qu'il pensait être la clé, peut-être, enfin ! Son rythme cardiaque se mit à accélérer et des flashs lumineux lui firent ouvrir les yeux. Autour de lui, le cercle de transmutation prenait vie. Il resta concentré malgré la joie qui le prenait aux tripes, continuant à suivre cette énergie qu'il sentait toujours, de plus en plus forte, de plus en plus palpable. Il sentit son bras le gratter, ses plaies se refermer petit à petit.
C'était un moment historique ! L'énergie qu'il utilisait était bien différente de l'alchimie, il s'en rendait compte, mais il était capable de l'utiliser, finalement ! Il poussa un vrai cri de joie au moment même où il fit corps avec l'énergie.
A cet instant, il perdit le contrôle de ce qu'il se passait : l'énergie l'assaillit, plus puissante qu'il ne l'aurait pensé pour un cercle aux si petites propriétés. Les éclairs élixirologiques qui le soignaient prirent une teinte vermeil et l'assaillirent de tous côtés. Il sentit une horrible douleur à la jambe gauche et il se retrouva recroquevillé sur le sol. Les yeux clos, il tenta de chasser cette énergie soudaine et violente dont la nature avait, semblait-il, changé. Pendant une demi-seconde, son corps entier le fit souffrir et il poussa un cri de douleur qui le surpris lui-même. L'instant d'après, le calme revint autour de lui, mais son corps, à la jointure de ses automails et à la surface de sa peau, le faisait souffrir. Lorsqu'il ouvrit les yeux, il vit que les éclairs, devenus alchimiques, avaient repris une teinte bleutée mais il ne distingua pas grand-chose d'autre dans la pièce car toutes les lumières avaient soudainement été éteintes. Il ne sentait plus cette énergie qu'il avait ressenti plus tôt et n'avait plus prise sur l'élixirologie : l'alchimie qui se présentait à lui ne semblait plus être de son fait. Lorsqu'il baissa les yeux sur son bras qu'il avait tenté de guérir, il s'aperçut dans la pénombre que, s'il avait réussi son expérience, tout le reste avait eu des conséquences : ses vêtements avaient, à plusieurs endroits, fusionné avec sa peau et lui laissait une sensation désagréablement cuisante.
Edward referma les yeux et resta un instant sur le sol pour se concentrer et comprendre ce qu'il lui arrivait. La douleur, la fatigue, la lassitude étaient en train de prendre le dessus sur cette réussite partielle qui aurait pourtant dû le réjouir. Il entendit alors le cri le plus déchirant et le plus effrayant qu'il eut jamais entendu. C'était un cri de désespoir, de douleur et de colère qu'il ne connaissait que trop bien. Il l'avait vécu, il l'avait rêvé de nombreuses fois. C'était lui, qui criait comme ça. Mais là, il n'avait même pas ouvert la bouche. Son corps fut secoué de frissons d'angoisse et de sueurs froides tandis qu'il ouvrait les yeux et levait la tête avec lenteur, terrorisé par ce qu'il allait voir. Au milieu des lumières bleues, il vit un corps informe, ensanglanté et noir bouger mollement dans les ténèbres. C'était un squelette à peine vivant dont il voyait principalement l'arrière du crâne, les côtes transperçant son dos et les jambes déformées - pouvait-on seulement appeler ça des jambes ?
Au-delà de cette atrocité, il vit alors ce qu'il pensait avoir enterré depuis longtemps, des souvenirs qui ne l'avaient pas assailli depuis des années. Il se voyait lui, à onze ans, se tenant la jambe en hurlant de douleur.
Edward se releva vivement et recula hors du cercle de transmutation avant de retomber en arrière, couvert du sang de la créature. Son cœur avait recommencé à battre fort, tellement fort qu'il avait l'impression que sa cage thoracique allait sauter. Il recula encore jusqu'à heurter l'étagère derrière lui et resta là, tétanisé par le choc.
- Merde ! cria son clone de onze ans. C'est pas possible !
Il rampait difficilement jusqu'au cercle de transmutation.
- C'était... C'était pas censé arriver ! MERDE !
Il hurlait, la tête baissée vers sa jambe disparue qui perdait encore et encore plus de sang.
- ELLE A DISPARU ! hurla-t-il dans un cri de détresse le plus absolu avant de tomber lourdement sur le côté, trop faible pour se soutenir. A l'aide... quelqu'un... maman... maman...
Edward, celui qui regardait la scène, avait les yeux écarquillés, incapable de bouger lorsque l'enfant leva ses yeux dorés et inondés de larmes vers la créature qu'il venait de créer, croyant y trouver le réconfort qu'il cherchait non seulement en cet instant, mais également depuis tant d'années. Ses yeux s'écarquillèrent alors d'horreur dans cette atmosphère infernale et électrique lorsque sa vision heurta la créature qui exhalait difficilement le peu de vie qu'elle avait. Les deux Edward entendirent un craquement et l'être défectueux s'affaissa sur le sol, éclaboussant le plus vieux des Edward de son sang transmuté.
- Non... gémit le jeune Edward. C'est pas juste... ON A JAMAIS VOULU CA ! Al... Alphonse... Alphonse ! ALPHONSE ! C'est de ma faute...
Il se redressa soudain, hurlant le nom de son petit frère. Il fit tomber la première chose qui lui tombait sous la main, une armure de métal, et rampa jusqu'à elle, laissant derrière lui une immonde trace de sang.
- Rendez-le moi... c'est mon petit frère...
Edward, les jambes trop molles pour se relever, se traina alors en-dehors de la pièce et se retrouva à l'extérieur. Il dégringola les quelques marches détrempées qui menaient à son ancien domicile et s'écrasa dans l'herbe ou il se mit à vomir tout ce qu'il avait dans le ventre. Depuis la porte entrebâillée, il entendit un nouveau cri de désespoir et des éclairs bleus illuminèrent le pallier.
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