Sous pression
Buck se réveilla avec une boule d'angoisse dans l'estomac, sentant que quelque chose n'allait pas. La journée avait à peine commencé et déjà il sentait la présence oppressante de Jonah dans l'air.
La soirée avec Eddie la veille avait été une bouffée d'air frais, mais il ne pouvait s'empêcher de penser aux problèmes qui l'attendaient.
Il prit une profonde inspiration et se leva du lit, essayant de chasser la lourdeur de ses pensées. Le café aidait un peu, tout comme la routine matinale. Mais cette illusion de normalité se dissipa rapidement dès qu'Eddie quitta la maison.
À peine la porte d'Eddie claquée derrière lui que Buck entendit une autre série de coups à la porte. Il se dirigea vers l'entrée, une sensation de malaise grandissant en lui.
Lorsqu'il ouvrit la porte, il se retrouva face à Jonah, le visage déformé par la colère.
– Jonah ? Qu'est-ce que tu fais ici ? demanda Buck, surpris et déjà sur la défensive.
Jonah entra sans y être invité, refermant la porte derrière lui d'un geste brusque.
– Alors, tu t'es bien amusé avec Eddie ? lança Jonah, la voix tremblante de rage. Tu t'es bien fait baiser, hein ?
Buck recula d'un pas, déconcerté par cette explosion de violence.
– Qu'est-ce que tu racontes ? Pourquoi tu es si en colère ?
– Ne fais pas l'innocent, Buck. Tu sais très bien de quoi je parle. Tu joues avec moi, tu me mènes en bateau ! s'emporta Jonah. On reprend tout de zéro, hein ? Tu es un menteur et un allumeur.
Buck sentit la panique monter en lui. Il devait protéger Christopher de ce fou. Jonah s'avança encore, son regard brûlant de colère et de possessivité.
– Mais qu'est-ce qui t'arrive ?
– Ne joue pas les innocents avec moi. Je sais ce que tu fais. Tu me provoques, tu joues avec moi, et ensuite tu cours te réfugier dans les bras d'un autre. Tu crois qu'il baise mieux que moi hein ? lâcha-t-il en se jetant sur lui.
Buck réagit immédiatement et le repoussa.
– Sors d'ici, Jonah, lâcha-t-il la voix basse, tentant de rester calme pour ne pas réveiller Christopher.
– Oh non, pas avant qu'on ait réglé ça, répliqua Jonah en s'approchant de lui, menaçant. Si tu crois que tu peux te débarrasser de moi comme ça, tu te trompes lourdement. Tu es à moi maintenant et je ne te laisserai jamais partir.
– T'es complètement fou, souffla-t-il.
Buck sentit la terreur l'envahir, mais il ne devait pas le montrer. Il devait rester fort pour Christopher. Il se dirigea vers la porte de la chambre de son fils, espérant qu'il ne se réveillerait pas.
– Écoute, Jonah, tu dois partir maintenant. Tu es en train de tout compliquer.
– Oh, je complique les choses ? Tu n'as encore rien vu, Buck. Si tu ne me donnes pas ce que je veux, je vais tout révéler à Eddie ou peut-être que je donnerai d'abord tous les détails à Christopher.
– Ne fais pas ça ! le supplia-t-il les larmes aux yeux.
– Non je ne le ferais pas, se radoucit-il en caressant doucement sa joue. Parce que je t'aime et quand on aime aussi fort, on fait tout pour garder son bien aimé en sécurité et heureux.
– Je ne t'aime pas Jonah, lui assura-t-il. On était ami mais tu gâches tout. S'il te plait…
– Je veux juste une chance Buck, une seule chance de te montrer ce que ça pourrait être nous deux. Je te promets que tu seras heureux et que tu ne voudras plus jamais me quitter.
– Mais il n'y a pas de nous deux, il n'y en a jamais eu.
– Ne dis pas ça, murmura-t-il en caressant de nouveau sa joue.
Buck se dégagea avant qu'il ne le touche.
Jonah se rapprocha, et Buck comprit qu'il ne pouvait plus tolérer cette situation. Il devait se protéger et protéger ceux qu'il aimait. Il sentait le dégoût monter en lui et il ne le supportait plus.
Il devait mettre fin à cette folie, mais il devait le faire intelligemment.
– Il me suffit d'un mot Jonah, d'un seul petit mot pour ruiner ta carrière de secouriste, ne m'oblige pas prendre de telles mesures.
– Tu n'as pas tout ce pouvoir.
– Mon équipe et mon capitaine me font confiance, ma hiérarchie aussi depuis que j'ai prouver ma valeur. Toi, personne ne te connaît. Qui on croira à ton avis ?
– Tu n'oseras jamais.
– On verra bien, répliqua-t-il en ouvrant la porte. Sors de chez moi, Jonah. Je ne le répéterai pas.
Jonah resta immobile un instant, puis fit volte-face et quitta la maison, non sans lancer un dernier regard menaçant à Buck. Buck referma la porte et s'adossa contre elle, tentant de calmer sa respiration.
Il savait que ce n'était pas terminé, loin de là.
Les jours suivants furent un enfer. Jonah continuait de harceler Buck, apparaissant partout où il allait, envoyant des messages inquiétants et menaçant de révéler leur liaison. Chaque jour apportait son lot de nouvelles menaces et de manipulations. Il se montrait de plus en plus possessif, créant des tensions au sein de l'équipe de pompiers du 118.
Après une garde particulièrement éprouvante, où ils avaient dû éteindre un incendie intense, Buck se dirigea vers les douches. Il se déshabilla et se prélassa sous le jet d'eau chaude, profitant de l'absence de l'ambulance pour avoir un peu de temps pour lui. Mais soudain, il sentit un corps nu se presser contre lui. Il tenta de se dégager, mais Jonah tenait bon, se frottant contre lui et mordillant son cou.
– Jonah, arrête ! cria Buck en essayant de se dégager.
Buck le sentait frotter son érection contre lui alors qu'il était plaqué contre le carrelage de la douche. Comment pouvait-il venir l'agresser sous la douche dans l'enceinte même de la caserne ? Avait-il perdu la tête ?
– Lâche-moi ! supplia Buck, la panique dans la voix.
– Tu sais que tu aimes ça, murmura Jonah à son oreille.
– Arrête ! lui ordonna-t-il encore.
– Chut, ça serait dommage qu'ils nous entendent.
Buck, rempli de terreur et de dégoût, rassembla ses forces et frappa Jonah à l'estomac avec son coude, réussissant à se dégager. Il se couvrit de serviettes alors que Jonah tentait de calmer la douleur de son coup.
– Tu crois me faire peur, Jonah ? hurla Buck. Tu dois arrêter ça maintenant, ou je te ferai virer !
En sortant des douches, Buck se retrouva face à Bobby, qui semblait avoir assisté à une partie de l'échange, sans vraiment le comprendre.
– Buck, qu'est-ce qui se passe ici ? demanda Bobby, les sourcils froncés.
– Rien, souffla Buck, évitant le regard de son capitaine. Juste... une mauvaise journée.
Bobby ne semblait pas convaincu mais ne poussa pas plus loin.
Il demanda à Jonah de venir dans son bureau et le suspendit pour faute professionnelle après le décès d'un patient, apparemment dû à un échange de fiole involontaire, d'après ce que Hen avait compris. Jonah partit en colère, promettant qu'ils le regretteraient tous.
Bobby se tourna vers Buck, inquiet.
– Buck, veux-tu me dire ce qui se passe réellement ?
Buck, la voix tremblante, secoua la tête.
– Non, je… Je ne veux pas en parler. S'il te plaît, laisse-moi gérer ça.
Bobby soupira mais respecta sa demande, bien que préoccupé.
– Comme tu veux mais, si tu as besoin de parler, je suis là, dit Bobby avec douceur.
Buck hocha la tête, mais refusa d'en dire plus.
Il ne voulait pas exposer sa vulnérabilité, admettre qu'il avait été ciblé par un cinglé à cause d'une petite erreur. Il devait se convaincre que Jonah finirait par se calmer tout seul.
Les jours suivants furent un cauchemar.
Jonah ne prit pas bien sa suspension et montra des signes de plus en plus évidents d'obsession. Il recommença à espionner Buck, à envoyer des messages inquiétants, et à menacer de révéler leur liaison, pas seulement à Eddie mais à toute l'équipe et aussi au département.
Buck continuait de le repousser, le menaçant à son tour de parler à la police et Jonah recula ce qui fut un soulagement de courte durée.
Dans le même temps, de petits incidents inquiétants commencèrent à se produire à la maison. Buck trouvait des objets déplacés, des signes de présence lorsqu'il était censé être seul. Il commençait à se sentir surveillé en permanence. Il savait qu'il devait agir avant que cela ne devienne encore plus dangereux mais il commençait à se dire que jamais Jonah ne le laisserait tranquille.
Il commençait sérieusement à avoir peur et pas seulement pour lui mais aussi pour Eddie et pour Christopher.
Un soir, après une journée épuisante, Buck sortit de la douche pour découvrir un tas de photos imprimée disposé sur son lit et il alla vomir tout le contenu vide de son estomac.
Jonah les avait pris en photos ce soir là et maintenant il le narguait avec.
Il ne s'en sortirait jamais mais plus important, il entrait chez lui comme il voulait, qu'il soit là, ou non. Buck savait qu'il ne pouvait pas porter plainte sans montrer les photos et ça lui retournait l'estomac que quiconque puisse les voir. Il savait que fatalement Eddie finirait par le savoir et ça, il refusait que ça arrive.
Il savait néanmoins qu'il devait mettre Christopher en sécurité et il appela Eddie.
– Eddie, j'ai besoin de ton aide, lâcha-t-il en attrapant les photos pour les jeter à la poubelle. Peux-tu… prendre Christopher quelques jours ? J'ai besoin de me reposer et de régler certaines choses.
– Bien sûr, j'arrive.
Buck prépara les affaires de Christopher, les mains tremblantes alors que son fils le regardait de plus en plus inquiet de son comportement. Il devait avoir l'air d'un fou paranoïaque.
Eddie arriva quelques minutes plus tard et se figea en voyant son état.
– Qu'est-ce qui se passe vraiment, Buck ?
– La fatigue, le contre coup, je ne sais pas, je suis juste… épuisé.
– Ce n'est pas normal. Tu ne peux pas rester seul dans cet état.
– Ça va aller, Eds, je…
– Non, refusa Eddie, inquiet. Je ne peux pas te laisser tout seul. Viens avec nous, juste quelques jours, le temps d'aller mieux.
Après une longue discussion, Buck finit par accepter de suivre Eddie chez lui pour quelques jours. Ils rentrèrent ensemble, Buck espérant que ces quelques jours loin de chez lui, lui permettraient de reprendre le contrôle de sa vie. Mais au fond de lui, il savait que ce n'était que le début d'une lutte bien plus grande pour sa paix et sa sécurité.
Buck voulait se confier à lui, il se disait que peut-être qu'avec l'aide d'Eddie, il pourrait trouver une solution à cette situation cauchemardesque. Mais il ne pouvait pas lui dire ce qui s'était passé avec Jonah. Ils reconstruisaient quelque chose tous les deux et Buck ne voulait pas tout gâcher à cause d'une erreur stupide.
