Merci à Sockscranberries, grande prêtresse de la lecture bêta !
Merci BlacktoSnape, DC_Fitzpatrick (3), Lylajulia, justeMarianne et Karine (ouhouh)
Désolée pour ce petit retard. Bon, cet été, ça risque de se reproduire...
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Chapitre 7
Ils rentrèrent à la maison après le déjeuner tardif. Ils eurent juste assez de temps de se rafraîchir et de se changer avant de devoir à nouveau s'assoir pour un calme et sympathique dîner de famille. Rien ne poussa Charles à se comporter comme un chien, donc ce fut plutôt agréable. Puisqu'il n'y avait que Charles, Jane, Hermione et Severus, ils étaient libres - enfin, pas complètement non plus - de parler ou au moins de faire référence à la Magie qui prenait tant de place dans leurs vies. Charles se retenait probablement de piquer des crises car c'était Jane qui montrait de l'intérêt pour le sujet, en posant des questions sérieuses dont les réponses ne pouvaient faire l'impasse sur ce sujet. Et, bien entendu, Charles n'aurait jamais osé s'opposer à son épouse.
Alors qu'ils échangeaient, Severus pensa opportun de louer les qualités d'Hermione et son génie au travail. Ils étaient censés être amoureux, c'était donc nécessaire. Et bizarrement, il n'avait pas envie de donner à Charles des prétextes sur lesquels il pourrait s'appuyer pour descendre Hermione. Il fit donc de son mieux pour mettre de côté sa hargne d'être mené à la baguette, l'humiliation d'être outrageusement surqualifié pour le poste qu'il occupait, et trouva des compliments à lui faire. Etonnamment, ce ne fut pas si compliqué. Quand il pensait à la situation sans que la rancœur ne trouble ni ses sens, ni son cœur, il n'y avait vraiment aucune alternative autre que celle de reconnaître qu'elle était très intelligente et compétente. Elle l'avait toujours été, même quand elle était son élève. Et elle dirigeait le Département des Potions, dans les grandes lignes du moins, peu ou prou comme il l'aurait fait si la vie avait été plus clémente.
Ils montèrent dans leur chambre après avoir souhaité une bonne nuit à ses parents. Comme ils étaient passés par la salle de bain avant le dîner, il ne leur restait plus qu'à enfiler leurs pyjamas et dormir. Mais, en s'asseyant sur le canapé qui lui servait de lit pour enlever ses bottes, Severus ne put s'empêcher de la dévisager. Depuis qu'il s'était autorisé à la voir comme une femme brillante, il avait commencé à se demander comment diable elle avait fini avec des hommes si peu dignes d'elles. Sans parler de son apparence. Il ne s'était jamais permis de la regarder sous cet angle, mais en fait, ce matin, il s'était laissé surprendre à le faire. Ses yeux s'étaient baladés sur elle de leur propre chef. Et maintenant, il le savait : elle était vraiment jolie.
« Qu'est-ce qu'il y a ? » demanda-t-elle en se rendant compte qu'il la fixait.
« Rien. »
Elle plissa les yeux.
« Je me demandais pourquoi vous aviez des goûts aussi douteux en termes d'hommes, » finit-il par lâcher, l'air suffisant.
« Je vous demande pardon ?! Vous ne savez rien des hommes avec lesquels j'ai été, ou pas ! »
« Je sais que vous avez été avec Ronald Weasley, et avec cette brute-épaisse, Jacques-ass. Cela me suffit amplement pour avoir une idée assez précise sur le sujet. »
Hermione fut scandalisée, parce qu'il venait de mettre le doigt sur un point sensible. Et surtout, parce que ces deux-là étaient les seuls avec lesquels elle avait vraiment été en couple. Les autres - juste un ou deux de plus - n'avaient jamais passé le cap des premiers rendez-vous foireux, sans aucune intimité.
« Vous ne savez même pas si Jacques est la brute-épaisse que vous décrivez, d'ailleurs.* »
« Oh si, j'en suis même certain, » gronda-t-il.
« Et comment ? Peut-être que c'est vraiment un gentil garçon, et que nous avons rompu de la manière la plus saine qu'il soit. »
« Aucun homme sain d'esprit ne continuerait à faire la cour à une femme en voyant, en sachant qu'elle est avec un autre. »
Elle y songea. Oui, dans un sens, il avait raison.
« Je parie qu'il s'est révélé sous son jour véritable par une action des plus détestables, et que c'est pourquoi vous l'avez quitté. »
« Et s'il avait soudain réalisé qu'il m'aime vraiment et qu'il est dépité de savoir qu'il a laissé passer sa chance, pour toujours ? » Elle ne pensait vraiment pas que c'était le cas, mais elle avait juste pensé à cela pour se faire l'avocate du diable, et essayer de paraître plus maligne que lui.
Il grogna. « Oh oui, vous pouvez toujours y croire, si vous voulez. »
« Quoi ? Ne tenteriez-vous pas de récupérer Lily si vous appreniez qu'elle allait se marier ? » explosa-t-elle sans vraiment réfléchir. Il leva un sourcil, et elle regretta ses mots immédiatement.
« Est-ce que c'est ce que j'ai fait ? » demanda-t-il.
« Je ne sais pas. Est-ce que c'est ce que vous avez fait ? »
« Non, parce que je ne suis pas aussi pitoyable que les gens pourraient le croire. Elle aurait choisi. Au mieux, je lui aurais répété mes sentiments, honnêtement, et avec respect, et je l'aurais laissée tranquille. Au moins, elle aurait eu toutes les cartes en main pour faire un choix informé. Et je pense que cela se serait justifié uniquement parce que je la connaissais depuis l'enfance, et que je savais plus que n'importe quel homme que je lui aurais été dévoué, et que j'aurais tout fait pour que cela fonctionne. Je n'aurais jamais osé faire une telle chose, risquer d'interférer dans la relation de quelqu'un que j'aurais rencontré la veille ou que j'aurais à peine connue en espérant que cela pourrait éventuellement donner quelque chose. Mais la poursuivre au sens propre, et constamment, essayer de me glisser comme un rat dans sa nouvelle relation, cela aurait été le comportement pitoyable d'un sombre abruti. Il n'est pas question des sentiments d'un homme pour une femme, mais juste de son égo, de l'envie de se voir capable de pousser quelqu'un à la tromperie et de quitter une relation dont on est jaloux. Et c'est aussi valable pour les femmes qui continuent de séduire les hommes en couple également, avant que vous ne m'accusiez de sexisme. »
Elle soupira. Il avait complètement raison. Il voyait tellement clair dans le comportement des autres. Et c'était un homme vraiment honnête. Mais cela, tu le savais déjà, Hermione. Il avait été prêt à se sacrifier pour sauver un monde qui le détestait. À protéger le fils d'une femme qui l'avait éconduit. Et même si c'était intéressé, il était ici avec elle, encore et toujours, à supporter des situations qui le mettaient très certainement mal à l'aise, jouant son rôle à merveille pour l'aider. Engagé à ses côtés, dans un sens. Il était honnête, il avait seulement choisi de le cacher car c'était une part de lui-même qu'il avait rejetée jusqu'à très récemment. Il ne semblait plus avoir envie de souffrir. Il était honnête, et il semblait simplement s'être égaré jusqu'à présent.
Hermione se sentit soudain troublée en pensant à tout cela. Elle commença à pleurer, assise à l'extrémité du lit, ses pieds nus sur le coffre qui se trouvait-là.
Severus s'était levé pour poser ses bottes près de la porte et ne le remarqua pas. Il entendit juste un sanglot léger, suivi d'un reniflement, et fit volte-face pour la voir tenter de balayer les larmes qui roulaient irrémédiablement le long de ses joues. Il en fut stupéfait. Deux choses l'inquiétèrent. La première, c'était qu'il n'aimait tout simplement pas voir les gens pleurer. Il ne savait jamais quoi faire, peut-être parce que les rares fois où il s'autorisait lui-même à pleurer, quand ses barrières mentales se fissuraient, il n'y avait personne pour le réconforter, donc il ne savait pas comment se comporter dans ces situations. La seconde, c'était tout simplement de voir Hermione Granger pleurer. Ces trois dernières années durant lesquelles ils avaient travaillé ensemble, elle ne s'était jamais montrée vulnérable, toujours fière et autoritaire. Le seul moment où il se souvenait de l'avoir vue au bord des larmes était lorsqu'il avait fait un commentaire malheureux et plutôt insultant sur ses dents alors qu'elle était enfant.
Il retourna s'assoir au bord du canapé en l'observant. Elle ne s'arrêta pas de pleurer pour autant, se contentant de le cacher.
« Hermione, je ne voulais pas... » Il expira lourdement. « Si vous avez toujours des sentiments pour lui, ce n'était pas mon intention de... »
« Non, non. Mon Dieu, non. Vous avez raison, c'est une ordure, juste je... Je suis un peu submergée par tout cela, je ne l'ai pas vu depuis si longtemps... Et j'ai été si stupide. » Elle renifla pour essayer de garder un peu de dignité, et ne pas laisser la morve couler de son nez. Elle n'aurait pas dû pleurer devant lui. Est-ce qu'il s'en servirait contre elle ? Est-ce qu'il serait fourbe et l'humilierait en y faisant référence ? Mais, il s'était confié lui aussi...
Severus rejoignit la salle de bain pour y attraper une boîte de mouchoirs et la lui laissa avant de se rassoir.
« Merci. » Elle tira plusieurs kleenex et se moucha.
Il était extrêmement mal à l'aise et ne voulait qu'une chose : que cela se termine. Mais, comme si cela avait été sa ligne de conduite de la soirée, il ne voulait pas se montrer insultant dans un tel moment. Ils se devaient de cohabiter en bonne intelligence. Et en plus, il était sacrément curieux d'en savoir plus. Pourquoi, il était incapable le dire.
« Voulez-vous... Voyez-vous un intérêt, dans le cadre de notre accord, à m'en dire un peu plus ? »
Elle renifla en le regardant, silencieuse. Il l'avait aidée à éconduire l'autre ordure, à la vigne. Il pourrait être un bon allié. Et elle avait gardé cette histoire pour elle depuis si longtemps... elle devait en parler. Elle soupira et tenta de retrouver une respiration normale.
« Je... après avoir rendu la mémoire à mes parents, ils ont bien sûr voulu passer du temps avec leur famille. Donc, nous sommes venus ici. Ils vivaient en Angleterre avant la Guerre, et nous ne venions en France qu'une ou deux semaines par an, ou parfois, certains proches venaient nous voir... Mais cette fois, mes parents ont souhaité rester au moins deux mois, pour rattraper le temps perdu. Alors ils ont loué une maison, et je suis restée aussi. » Elle se moucha de nouveau. « Mon oncle venait de recruter ce jeune qui avait à peu près mon âge pour qu'il travaille au caveau, et ils n'arrêtaient pas de s'épancher sur le fait qu'il était génial, efficace, et répétaient que l'on pouvait compter sur lui pour tout. Papa, qui avait changé d'avis et pensait investir dans le domaine, est allé voir comment marchaient les affaires. Ils se sont rencontrés et ont tout de suite accroché... Il a commencé à l'inviter aux dîners de famille... »
« Jacques-ass. »
Elle eut un rire triste. « Oui. Nous avons commencé à nous fréquenter. Et... je suis tombée dans le panneau très vite, et très loin. Il avait l'air si parfait. Il m'a eue, c'est tout. Il pouvait parler de tout et de rien, pendant des heures, malgré la légère barrière de la langue. On pouvait aussi avoir avec lui des discussions intelligentes. Nous avions beaucoup en commun. C'était comme si nous étions sur la même longueur d'onde, pas comme avec Ron, pour lequel j'ai vite pris conscience que les seules choses que nous avions en commun étaient la Guerre, et Harry Potter. Il était drôle, charmant et terriblement romantique. Je suis tombée amoureuse en un clin d'œil. Je suis devenue l'une de ces insupportables femmes qui exultent devant la perfection de leur partenaire et de leur relation, et qui sont absolument sûres qu'elles ont touché le gros-lot et qu'elles sont tombé sur l'amour véritable, l'amour éternel. »
Severus roula des yeux. « Comme Karen et Andrea. »
Hermione eut un nouveau petit rire, tamponnant de son Kleenex les larmes qui coulaient le long de son nez. « Oui. Comme elles. Bref... j'ai changé. Il m'a changée, et je pensais que c'était pour le mieux. Une Hermione plus heureuse, plus sociale et moins coincée. Même mon père était emballé, parce qu'il était un employé tellement parfait au domaine ! Si je l'avais épousé, il aurait pu prendre la suite des affaires, il aurait enfin fait partie de la famille. Je me suis dit que c'était un signe. J'aimais aussi bien le fait qu'il était amoureux de moi, alors qu'il était si beau, beau comme les hommes des magazines. »
Severus leva un sourcil à ces mots. N'avait-elle donc pas remarqué qu'elle était... désirable ?
« Je pensais vraiment que ça le ferait. » Elle recommença à pleurer à chaudes larmes. « J'ai même songé à m'installer ici définitivement. J'aurais pu travailler au Ministère Français de la Magie, et voir ce qu'il y avait à y faire, ce que je pourrais y faire. J'ai même pensé à faire carrière dans le monde Moldu s'il n'y avait aucun poste à pourvoir pour moi là-bas. Je me disais qu'il en valait la peine. » Elle sanglota sans pouvoir se maîtriser pendant un moment et Severus attendit patiemment. « Il fallait juste que je lui dise que j'étais une sorcière, et que je voie comment il le prendrait, et ce serait réglé. Il avait l'air plutôt sincère avec moi lui aussi. Il disait qu'il m'aimait, » gémit-elle.
« Et un jour, nous sommes partis en week-end à la plage. Moi, lui, Karen, Andrea et une cousine du côté de mon père que vous n'avez pas encore rencontrée, Victoria. C'est celle qui va se marier. Au début, c'était censé être un week-end entre filles, mais Andrea avait déjà un petit ami à ce moment-là, qui est maintenant son mari, et elle a voulu qu'il vienne. Donc, j'ai proposé à Jacques. Ils n'ont rien à voir avec le domaine, du côté de mon père. Les parents de Victoria ont juste déménagé ici quand elle était petite. Ils n'habitent pas très loin, et je me suis dit que cela pourrait être chouette de passer ce week-end ensemble à la plage. Nous étions là-bas, nous nous amusions tous bien, nous avions créé des liens, nous nous étions rapprochés et j'avais enfin l'impression d'avoir trouvé ma place, vraiment. Le dernier soir, j'ai été réveillée en pleine nuit par le bruit de la pluie sur la fenêtre. Jacques n'était plus au lit. Il n'était pas aux toilettes non plus. Après quelques minutes, je suis partie le chercher. Nous nous étions disputés pour des broutilles la veille, il m'avait pris la tête parce que j'avais été jalouse à la plage. » A nouveau, ses larmes parurent devenir incontrôlables. « En descendant les escaliers, pour voir s'il était sur le canapé, j'ai... entendu... des bruits, » sanglota-t-elle « ...des bruits que j'ai identifiés, qui venaient d'une chambre à l'étage. J'y suis remontée. Sa voix... qui parlait français... qui disait des... choses intimes, des choses qu'il aurait dû ne dire qu'à moi. » Elle se moucha, sans cesser de sangloter. « Et puis j'ai vu... par l'entrebâillement d'une porte, je l'ai vu... sauter Victoria. »
Severus se sentit furieux pour elle, comme si on l'avait attaqué personnellement. C'était une nouvelle sensation, pour lui. Il n'aurait pas dû prendre cela tant à cœur. Bien sûr, il lui était impossible de rester indifférent devant un récit aussi bas, aussi dégoûtant. Et avec sa cousine, en plus ! Mais cela n'aurait pas dû le mettre en colère. Contrôle-toi.
« Et après ?» demanda-t-il sur un ton glacial, en essayant de maîtriser ses nerfs.
« J'ai fait demi-tour et je suis retournée à ma chambre pour faire mes bagages aussi vite que possible. Il n'y avait pas grand-chose à rassembler. J'ai transplané, jusque chez mes parents. À l'aube, mes valises étaient prêtes et je suis rentrée à Londres, que je n'ai plus quittée ensuite. »
Severus commençait à comprendre. Il comprenait pourquoi il n'avait jamais entendu parler de ces vacances qu'il était forcé de partager avant de se retrouver dans le bureau de Reynolds. Si cela avait été prévu, il aurait très certainement été mis au courant. Elle l'aurait harcelé des semaines avant en anticipation de ce qu'il y aurait à faire pendant son absence, puisqu'il aurait très probablement dû prendre sa place à la tête du Département. Mais elle n'avait jamais envisagé d'assister au mariage de Victoria, bien évidemment. Il comprenait également mieux ce peu de confiance en elle qu'elle cachait si bien à Londres, au bureau.
« Et pourquoi travaille-t-il toujours pour votre famille ? » Severus en était un peu scandalisé.
« Oh, personne n'est au courant. Mes parents pensent que l'on s'est seulement disputés. C'est ce que j'ai dit à ma mère, elle ne m'a pas lâchée à ce sujet quand elle a vu que j'étais partie si soudainement. Karen et Andrea, eh bien, je pense qu'elles m'ont crue un peu folle de le quitter, au début, de le quitter comme ça. Cela a dû passer pour un caprice, moi pour une connasse foldingue et, lui, pour un pauvre homme au cœur brisé. Elles ne sont sûrement pas au courant, Victoria et Jacques se sont bien gardés de le leur dire. Je ne suis même pas sûre qu'ils sachent que je les ai surpris, et que c'est pour cette raison que je suis partie. »
« Mais pourquoi ne pas avoir révélé la vraie nature de cet enfoiré… »
« Je… je ne voulais pas qu'il y ait des dissentions dans la famille à cause de moi. Surtout si je ne comptais plus rester ici. Et tout le monde appréciait tellement Jacques et son travail. Je comptais le dire à mes parents une fois que je serais redescendue, et quand ils seraient de retour en Angleterre eux aussi, parce que je me disais qu'ils allaient rentrer également, et qu'ils pourraient garder le secret. Mais ils ont choisi de rester, et… et, vraiment, cela reste difficile pour moi d'en parler encore aujourd'hui ! » Elle s'effondra de nouveau. « Vous voyez ? Je n'y arrive toujours pas… Je suis désolée… » Elle se leva et courut jusqu'à la salle de bain, sanglotant, et referma la porte derrière elle.
Quand Hermione ressortit, Severus s'était glissé sous les couvertures, toutes les lampes et appliques autour de lui qui auraient pu le gêner étaient éteintes. Elle en fut soulagée. Elle était mortifiée à l'idée d'être passée pour une folle et de lui avoir tout lâché comme cela. Elle était également soulagée qu'il ne se soit pas moqué d'elle et n'ait pas tourné ses sentiments en dérision. Cela la surprenait un peu. En plus de tout cela, elle avait envie, malgré tout, de continuer à lui parler. Cela lui avait fait du bien de se confier ainsi.
Il ne dormait pas. Il s'était juste allongé dans le noir pour ne pas rester là, assis, l'observant, quand elle serait de retour. Il ne savait pas vraiment quoi faire ou dire, et se justifiait en se disant que s'il s'était agi de lui, il n'aurait pas aimé qu'on le dévisage comme pour en savoir plus. Il s'était donc rapidement changé et mis au lit.
Avoir laissé sortir tout cela pour la première fois l'avait complètement vidée. Elle éteignit les lumières, se glissa sous les couvertures et se remémora ce qu'elle avait vécu, reniflant. « Stupide, » laissa-t-elle échapper doucement, elle avait été si stupide. Elle avait toujours été attentive à tout, méthodique, et elle avait balayé cela d'un revers de la main pour s'abandonner complètement - et de façon si stupide - à un tel idiot, au point de ne pas relever les détails qui lui auraient révélé à quel point il était con, à quel point il avait été exigeant, à quel point il l'avait changée, et pas vraiment pour le meilleur.
« Ne vous en voulez pas, » entendit-elle la voix de Severus répondre. Il l'avait entendue dire qu'elle était stupide.
« Je me suis laissée y croire… J'aurais dû me rendre compte. Vous l'avez cerné, en ne le voyant pas plus de dix minutes. » Sa voix menaçait toujours de se rompre, alors qu'elle renifla de nouveau.
« Oui, bon… J'ai eu pas mal d'années et d'occasions de développer cette capacité, et parfois même dans des situations où ma vie en dépendait. »
« Même… »
« Et il est difficile de… voir les choses, quand on a la tête dans le guidon. Il n'y a pas de honte à cela. La honte… est uniquement de son côté. Et de celui de votre cousine, bien sûr. Alors… pas la peine de pleurer. Ce qui est fait est fait. »
Hermione fut agréablement surprise qu'il ne se montre ni critique ni désobligeant. Il essayait même de… la consoler. Elle ne le voyait pas comme un mauvais bougre auparavant, mais il la surprenait en bien, ces derniers jours.
« Je suis désolée d'avoir été si hystérique et mélo. Je n'aurais pas dû vous imposer cela. Je n'aurais même pas dû vous le dire. »
Il resta muet un long moment. Dans l'idéal, oui, il n'aurait dû avoir à faire face à aucune des choses qu'il vivait ces derniers jours. Mais il aurait été si cruel de l'avouer à ce moment qu'il tint sa langue. Il voyait très bien pourquoi elle aurait voulu ne jamais lui avoir fait confiance et évidemment, le regrettait. Personne ne lui avait jamais vraiment fait confiance, en fait.
« Étant donné les circonstances, il est plutôt utile que je sois au courant. Le but est de finir par se dire ces choses pour parvenir à tromper le Ministère, » fut tout ce qu'il parvint à dire sans devoir lever les barricades de son esprit, lancer ses réflexes défensifs et se montrer fourbe, puisque ses regrets présumés lui avaient soudain fait perdre toute confiance en lui.
Elle se demanda si c'était la seule raison pour laquelle il l'avait patiemment écoutée alors. Mais il n'avait pas à être patient s'il n'était question que d'instinct de survie, dit une petite voix dans son esprit.
Le silence remplaça toutes les réponses après cela, jusqu'à ce qu'ils s'endorment.
* Voici la phrase en version originale : « You don't really know that he's a jackass though. » Le jeu de mot avec « jackass » continue, c'est ce qui faisait le génie du texte.
