Merci à Sockscranberries, mon héroïne relectrice.
Merci BlacktoSnape et Chka (contente de participer à l'autovalorisation de tes capacités en anglais, ha ha)
Alors, j'ai presque rattrapé mon retard. Mais bon. On va rester sur des publications le jeudi.
Spoiler : j'adore ce chapitre.
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Chapitre 8
Le lendemain matin, Hermione se réveilla reposée, mais ne reprit ses esprits que très lentement. Bien qu'elle se sente bien mieux que la veille, c'était comme si elle son sommeil ne s'était pas arrêté de lui-même. Elle aurait bien dormi un peu plus, honnêtement. Puis, elle entendit un coup frappé à la porte de sa chambre, et percuta alors.
« Hermione ? Severus ? Le petit déjeuner est servi ! » lança joyeusement la voix de sa mère, qui continuait de toquer.
Hermione se figea. Et si elle entrait et se rendait compte qu'ils ne dormaient pas ensemble ? Tout s'effondrerait, et c'était sans parler la douleur et la déception que toute l'histoire allait causer à sa mère et à ses grands-parents. Cela prouverait également à son père qu'elle était incapable de garder un homme ou d'être en couple avec un compagnon qui tiendrait réellement à elle.
« Severus ! » appela-t-elle à voix basse avant de répondre. « Maman ? On descend ! » compléta-t-elle plus haut.
Severus s'étira, sans se presser. Ses instincts d'espion avaient fini par s'émousser un peu, lui qui avait passé des années à s'éveiller en sursaut au moindre bruit, baguette en main.
« Non, j'ai votre petit déjeuner, » répondit Jane.
L'angoisse d'Hermione grandit. « Severus ! » s'exclama-t-elle avec empressement, la mâchoire serrée. Puisqu'il se contenta de grommeler, elle se saisit de l'un de ses oreillers et le lui lança en plein visage. Il se redressa brusquement, furieux.
« Est-ce que vous êtes devenue folle, sorcière ? Quel est donc le sens de cette agression ? »
Ses yeux étaient plissés et ses sourcils froncés.
« Ma mère est dans le couloir », chuchota-t-elle. « Attends Maman, une minute ! » s'exclama-t-elle. « Venez dans le lit ! » compléta-t-elle à voix basse.
Il grogna en se levant, emportant avec lui son drap et son oreiller. Il les déposa sur le coffre au pied du lit et se glissa sous les couvertures qu'elle avait écartées pour lui. Il tenta d'y paraître à l'aise, comme s'il y avait effectivement passé la nuit. De son côté, elle nicha son dos contre son torse pour qu'ils paraissent enfin crédibles dans leur rôle de petit couple parfait. En se tortillant, elle sentit son sexe se presser durement contre ses fesses et il se recula légèrement face à son « oh mon Dieu ! » alarmé.
Il fronça de nouveau les sourcils. « Vous vous attendiez à quoi, au juste ? » cracha-t-il. « C'est le matin. »
Mais, contrairement à ce qu'il avait imaginé, son exclamation ne trahissait aucun dégoût. En fait, elle était plus impressionnée qu'outrée face à la longueur de ce qu'elle avait rapidement senti contre elle. Cela l'excitait. Elle tenta d'évacuer ces considérations de son esprit et s'éclaircit la gorge. « Entre, Maman. »
Jane Granger ouvrit la porte d'une main, un plateau en équilibre dans l'autre. Un sourire tendre se dessina sur son visage quand elle les aperçut si proches l'un de l'autre. Le coeur de Severus se serra légèrement.
« Désolée de déranger, » commença-t-elle, toujours souriante, apportant le plateau sur le lit, face à eux, « mais le traiteur va arriver et commencer à tout mettre en place pour la fête d'anniversaire de Mamie et Papi ce soir. J'ai pensé que cela ne serait pas très confortable pour vous de prendre votre petit déjeuner dans toute cette agitation. »
« Merci, Maman. »
« Je crois que j'ai mis là tout ce que vous aimez. Ou au moins, tout ce dont je me souvenais que vous aviez pris hier. Et quelques œufs au bacon pour que cela vous tienne un peu plus au ventre. Une journée bien remplie nous attend. »
Tout était là : ce qu'il avait mangé la veille, ainsi que des gobelets probablement remplis de cappuccino... Severus en restait sans voix. Jane semblait vraiment être une mère aimante, gentille et prévenante. Ce concept lui était totalement étranger. Et c'était sans compter qu'elle se comportait de la même manière avec lui, alors qu'elle le connaissait à peine.
« C'est... c'est adorable Jane, merci, » lança Severus, un peu gêné. « Vous n'auriez pas dû vous donner cette peine. »
« Oh, il n'est pas question de peine, vraiment. Allez, je vous laisse déjeuner. Hermione, une fois que tu auras terminé et que tu seras habillée, tu pourras descendre me donner un coup de main... Mais pas d'urgence. » Jane sortit de la pièce, le même sourire attendri flottant sur ses lèvres.
« Désolée, » dit Hermione en portant à sa bouche l'une des tasses. Elle n'avait toujours pas tourné les yeux vers lui, embarrassée, rougissant légèrement en songeant à la proximité de son sexe bandé.
« Pas de problème, » dit-il un peu brusquement en repoussant les couvertures pour se redresser. « Votre mère est... adorable. » Il ne se sentait étrangement mal à l'aise, comme s'il avait du mal à gérer ce constat et tout ce qui allait avec. Mais c'était elle qui avait voulu tout cela. Cette pensée ne l'empêchait pas pour autant d'avoir la sensation de duper une femme honnête et aimable en utilisant sa fille. C'était détestable. Il commença alors à faire défiler dans son esprit toutes les possibilités, et ce qui arriverait s'il faisait marche-arrière maintenant.
« Vous ne voulez pas déjeuner ? » demanda-t-elle alors qu'il s'éloignait du lit à grandes enjambées.
« Si, il semble que je vais bien en avoir besoin pour survivre à toutes les horreurs que je vais endurer aujourd'hui. J'ai seulement un besoin plus urgent à satisfaire. »
« Ah oui... d'accord. » Elle rougit encore davantage alors qu'il fermait derrière lui la porte des toilettes, sans un regard en arrière. Il en sortit un instant plus tard, l'air un peu moins énervé. Après s'être assis sur le coffre au pied du lit, il se saisit à son tour de l'une des tasses pour y tremper les lèvres.
« Vous savez, vous n'avez pas à vous sentir obligé de venir aider à installer. Ma mère n'attend rien de vous. Voire même, elle refusera. »
Severus grogna. Cela collait bien au comportement de Jane, de ne jamais vouloir que qui que ce soit ne se sente obligé à faire quoi que ce soit, surtout quand il s'agissait d'un invité.
« Restez ici et... lisez ou faites des trucs, et contentez-vous de faire une apparition pendant la soirée. »
Severus grogna de nouveau en mâchant son bagel. « Et quel enfoiré cela ferait-il de moi ? C'était vous qui chouiniez dans l'avion en évoquant le fait que votre famille n'arriverait jamais à nous croire ensemble si je me comportais comme un con, comme d'habitude. »
« Non, ce n'est pas ce que... » Enfin. Ce n'était pas dit comme cela.
« Donc, » Severus haussa la voix, levant la main pour l'interrompre, « faisons en sorte que la situation soit vraisemblable. Je descendrai avec vous pour aider et me montrer effectivement aimable, crédible, en somme : bon à marier. »
Il retourna alors à son bagel, silencieux. Il avait dit cela comme si elle s'était montrée insultante envers lui et vraiment, elle pensait ne pas l'avoir été. Ou elle n'avait pas voulu l'être. Mais ce n'était peut-être pas utile d'essayer de s'expliquer et cela ne ferait que risquer de renforcer sa mauvaise humeur. Après tout, c'était elle, la connasse qui l'avait poussé dans cette situation.
Severus se contenta d'expirer profondément pour tenter de maîtriser le tournant négatif que prenaient soudainement ses émotions. Il s'en voulait, mais il lui en voulait aussi un peu de l'avoir mis dans un tel pétrin. Tout cela était agrémenté d'une subtile touche d'excitation tirée de ce court moment passé au lit avec elle, avec ses fesses, fermes et si adorables, pressées contre son sexe. Cette excitation était à présent alimentée par le décolleté de sa nuisette, décolleté sur lequel il se retenait tant bien que mal de poser le regard, mais qui l'attirait sans cesse et inexorablement.
Ils survécurent au petit déjeuner et s'habillèrent pour descendre prêter main forte aux préparatifs. Severus s'occupa rapidement de leur vaisselle bien que Jane protestât en soutenant qu'il aurait dû la laisser faire. Pendant ce temps, le traiteur commença à s'installer bruyamment. Ils rejoignirent donc l'arrière-cour pour aider à la mise en place.
C'était un vaste espace. Quelques arbres se trouvaient çà et là, aux pieds agrémentés de fleurs, dans l'herbe tondue rase. La propriété était délimitée par de grands arbres qui prodiguaient une ombre profitable. Au centre du patio se trouvait une piscine, entourée d'un sol dallé, que Charles Granger avait d'ores et déjà débarrassé des bains de soleil qui s'y trouvaient habituellement. De grandes tables rondes et leurs chaises, qui paraissaient assez luxueuses et avaient été de toute évidence louées, avaient pris leur place. Il y en avait également un peu partout dans la cour. La fête s'annonçait grandiose. Mais comment... pourquoi ces gens étaient-ils si sociables ?
Charles semblait à présent penser qu'il en avait fait assez et se contentait de marmonner contre tout et tous, l'air de mauvaise humeur. Il ne manqua pas, évidemment, de lancer une pique à l'intention d'Hermione concernant l'heure tardive de son lever, même s'il était à peine neuf heures du matin. Participer à tout cela ne réjouissait pas particulièrement Severus, mais pour autant, il ne s'en plaignait pas. Il ne s'était d'ailleurs jamais autant plaint de toute sa vie que le père d'Hermione. Et ce comportement épuisait Severus, comme toujours. Charles ne malmenait pas vraiment Jane, mais une femme si exceptionnelle méritait très certainement mieux. Et Hermione ne méritait, elle, très certainement pas ses remarques insultantes, sournoises et surtout, incessantes. Elle ne lui avait rien fait.
« Mais quel est son problème, à la fin ? » finit-il par s'exclamer à voix basse, alors qu'Hermione disposait une nappe couleur pêche sur une table.
Il en approcha des chaises. Elle haussa les épaules. « Je ne sais pas. Il est comme ça, » dit-elle, la tristesse pointant dans son regard, en l'aidant à ordonner les chaises autour de la table.
« Est-ce que c'est à cause de... la guerre, et de cette histoire de souvenirs falsifiés ? »
« Les choses ne se sont clairement pas améliorées après cela, » répondit-elle avec un faible sourire. « Mais ne vous inquiétez pas, il va bientôt aller s'allonger. Il s'est certainement levé à cinq heures du matin. »
« Ah oui, l'heure de ceux qui travaillent dur, même en vacances, » lança-t-il entre ses dents, l'air sardonique. Hermione eut un petit rire et sourit timidement avant d'aller chercher d'autres nappes à l'intérieur.
Etrangement, Severus se sentit mieux après avoir réussi à la faire sourire. Il comprenait maintenant de mieux en mieux ce qui l'avait faite si autoritaire, exigeante... et si... vache. Elle se disait sûrement que c'était là la seule manière d'acquérir le respect et de pousser les gens à faire ce qu'elle leur demandait, puisque son père lui-même ne la respectait pas et n'écoutait pas son avis. Et c'était aussi pourquoi elle était si réservée et peu sûre d'elle en privé, et avec ce connard de Jacques. Elle se sabordait sûrement inconsciemment à cause du comportement de son père envers elle et de ce qu'il lui avait mis en tête au fil des ans. Il avait dit qu'aucun homme ne voudrait d'elle, le soir où ils étaient arrivés. Cela rappelait à Severus sa propre enfance et son propre père, et insinuait en lui un désagréable malaise.
Tout se passa comme elle l'avait deviné : Charles se lassa bientôt d'épuiser tout le monde de ses remarques et monta faire une sieste. C'était une bonne chose, car Severus était sur le point de lui lancer un mauvais sort bien mérité.
Après son départ, tout devint plus léger, et tout se fit plus vite aussi. Severus n'était même plus agacé de participer aux préparatifs. Pas plus qu'il n'était agacé de ne pas pouvoir utiliser sa baguette ou de devoir se comporter en Moldu. Quand il entra à l'intérieur pour récupérer des nappes supplémentaires pour en parer les dernières tables qu'ils avaient installées dans la cour, Hermione s'y trouvait déjà, un verre d'eau à la main. Elle parlait à sa mère, qui supervisait l'installation du traiteur pendant qu'eux deux arrangeaient la cour.
« Qu'est-ce que vous diriez d'un peu de musique ? » demanda Jane joyeusement, comme toujours. « De quoi nous motiver, maintenant que Monsieur Ronchon a débarrassé le plancher. »
« Oh oui ! » s'exclama Hermione.
« Qu'est-ce que je mets ? Severus ? »
« Euh... Je... Ce qui vous plaît. »
« Severus aime bien Led Zeppelin, » dit Hermione à sa mère, l'air un peu suffisant, voyant qu'il n'osait pas s'imposer.
« Ah ! Super ! Vous avez bon goût, » Jane disparut dans une pièce pour allumer ce qui semblait être une chaîne Hi-Fi ou tout autre lecteur de disque, et la musique s'éleva quelque part dans la maison. On l'entendait même depuis la cour. Led Zeppelin. Que son avis soit aussi vite pris en compte et accepté sans débat était nouveau pour Severus. La commissure de ses lèvres se leva légèrement alors que les premières notes remplissaient la pièce.
Ils continuèrent alors à préparer la fête, disposant des napperons sur les tables. Manifestement, Jane était plutôt manuelle et avait passé les dernières semaines à les confectionner au crochet. Hermione fredonnait et chantait et, quand elle s'approcha pour disposer un napperon sur la table près de laquelle Severus était occupé, il ne put s'empêcher de lui jeter des regards à la dérobée, saisi d'un besoin tout aussi irrépressible qu'inexpliqué de sourire. Son jean, son chemisier sans manches, les ondulations provoquées dans ses cheveux par la brise matinale et la façon qu'avait le soleil de s'y poser n'y étaient sûrement pas étrangers. Les mots qui résonnaient dans les murs de la voix de Robert Plant n'arrangeaient pas le chemin que prenaient ses pensées. Ou plutôt, l'arrangeaient trop bien.
Hey, hey mama said the way you move
Gonna make you sweat, gon' make you groove
Elle esquissait quelques mouvements de danse, toute à sa tâche, et il fallut à Severus une volonté de fer pour ne pas laisser son esprit divaguer sur les territoires dangereux dont il voulait prendre la direction.
Ah ah child way ya shake that thing
Gon' make you burn, gon' make you sting
Il était littéralement hypnotisé par ses fesses, qui se balançaient au rythme de la musique. Bordel. Qu'on lui vienne en aide. Et sa voix... Elle s'éloigna de lui pour se saisir d'un autre napperon.
Hey, hey baby when you walk that way
Watch your honey drip, I can't keep away
Il ne s'était pas habitué à la voir les cheveux détachés, voilà tout. Rien de plus. Elle les maintenant toujours en chignon, pour aller avec le côté strict de ses tailleurs au laboratoire. C'était tout.
Le déni finit par l'emporter alors qu'ils continuaient de dresser les couverts. Ils travaillaient en étroite proximité à présent, disposant les assiettes et les verres à la même table, mais il s'arrangeait pour garder le contrôle sur ses pensées qui menaçaient sans cesse de divaguer, luttant plus fort quand elle se retrouvait à le frôler en fredonnant.
Quand elle finit par venir corriger la façon dont il avait placé ses fourchettes, il se reprit. Le souvenir de la garce despotique qu'elle était au Ministère, une telle petite fayote, se fit plus présent dans son esprit. La colère enfla alors en lui, contre lui-même surtout, face à des sentiments soudainement si antagonistes.
Mais cela ne suffit pas. Son côté autoritaire lui paraissait à présent moins marqué, surtout depuis qu'il avait rencontré son père et qu'il en comprenait la genèse. Après tout, elle n'était pas vraiment en position d'autorité, elle lui montrait seulement, et avec amabilité, comment il fallait mettre la table dans ce type d'événement chic. Il explosa alors qu'elle lui montrait comment plier les serviettes de table, mais ce n'était pas vraiment contre elle.
« Tout cela aurait pu être déjà fini si nous avions utilisé nos fichues baguettes, » gronda-t-il. « Pourquoi pas d'ailleurs ? Votre père n'est plus là. »
« Même... » répondit-elle sans le regarder, cherchant un prétexte. La perspective d'user de magie chez ses parents lui posait un réel problème à présent. « Il y a toujours les employés du traiteur, » réalisa-t-elle soudain. « Ils sont dans la cuisine, ils pourraient nous voir, » sourit-elle. Severus soupira lourdement.
L'équipe de service de la soirée finit par arriver, Severus et Hermione purent alors prendre une pause pour manger un bout pendant qu'ils mettaient les touches finales aux tables déjà installées et terminaient celles qu'ils n'avaient pas encore dressées.
Il ne restait plus qu'à suspendre les guirlandes de lanternes dans la cour. Alors qu'ils se préparaient à se remettre à la tâche, Jacques arriva.
« Bonjour, Madame Granger, » entendirent-ils en s'approchant de la cuisine, où Jane leur avait dit qu'ils pourraient trouver les guirlandes. Severus prit les devants et entendit Hermione marmonner un « merde » à voix basse, derrière lui, alors qu'il s'arrêtait dans l'encadrement de la porte. Le dégoût le prit à la gorge quand il posa les yeux sur le petit con.
« Comment allez-vous ? » demanda-t-il à Jane en lui faisant un baise-main, tentant comme toujours de séduire tout le monde. Putain de galant à deux balles.
« Je vais bien, » répondit Jane, l'air moins aimable qu'à l'ordinaire, et sans réagir à sa chevalerie.
« Severus ! 'ermione ! »
« Bonjour, Jean, » dit Severus, glacé. Hermione ricana derrière lui.
« C'est Jacques, » corrigea-t-il d'un air aimable, gardant son calme.
« Ah oui, c'est vrai. Bien sûr. Pardonnez-moi, » répondit Severus d'une voix trainante.
Jacques tenta de se saisir de la main d'Hermione pour l'embrasser également, mais elle la crispa sur les lanternes qu'elle tenait et se libéra de sa poigne en se tortillant nerveusement, pour sortir en direction de l'arrière-cour. Elle lança un regard à Severus, incertaine. Avait-elle besoin de soutien, maintenant qu'il était au courant de tout ? Ou craignait-elle qu'il fasse ou dise quelque chose ? Ou même, pensait-elle avoir fait une erreur en lui faisant confiance ?
« J'arrive... Chaton, » lança-t-il avec un sourire chaleureux. Il posa les guirlandes et se servit un verre d'eau.
Mrs Granger, qui les regardait, fronça le nez en se demandant sûrement ce qu'il se passait et pourquoi Hermione réagissait de la sorte. Alors c'était de là qu'Hermione tenait cette manie de froncer le nez. Les lèvres de Severus se courbèrent en un semblant de sourire en coin.
« Jacques, c'est un peu tôt pour arriver. La fête ne commencera que dans une paire d'heures. »
« Oui... J'avais seulement... euh... besoin que Mr Granger passe au domaine, il y a eu un souci. Rien de grave. »
Severus capta les mots de Jacques en sortant dans la cour, tenant les guirlandes contre son torse. Il repéra Hermione à l'autre bout du jardin. Elle avait délaissé ses guirlandes sur un banc et semblait en proie à un début de crise d'angoisse, tentant de contrôler son souffle et de retenir ses larmes en faisant les cent pas. Il la rejoignit.
Il posa son chargement et saisit son avant-bras un peu brusquement, la rapprochant de la bâtisse, dans un coin assez éloigné de la cuisine et où il n'y avait ni porte ni fenêtre.
« Severus ! Mais qu'est-ce que vous foutez ? » s'exclama-t-elle, la voix encore tremblante d'angoisse.
Il pressa son dos contre le mur et la coinça là. « J'allais vous poser la même question. »
« Bordel, Severus, ne faites pas cela maintenant, s'il vous plaît, n'utilisez pas ce que vous avez appris hier contre moi, je ne suis pas... » Elle soupira lourdement.
« Pourquoi le laissez-vous vous atteindre à ce point ? »
« Je ne... Je ne sais pas. »
« Le fait que vous soyez secouée à chaque fois que vous le voyez ne sert pas notre scénario. Je ne veux pas finir par passer pour un con. » Il avait dit cela calmement, pour ne pas aggraver son état, d'un ton presque neutre.
« Vous avez raison, vous avez raison, mais je... »
« Avez-vous toujours des sentiments pour lui ? »
« Oui. Du dégoût et de la haine, » cracha-t-elle en le regardant à travers ses paupières plissées. « Comment pouvez-vous penser une chose pareille après tout ce que je vous ai raconté ? »
Elle semblait outrée.
« Voilà ! Utilisez cela ! Colère, indignation, haine. Où est passée la sorcière autoritaire et fougueuse qui fait de ma vie un enfer au labo ? Arrêtez de... »
Severus entendit la porte de la cuisine s'ouvrir et se pressa davantage contre elle, la coinçant plus étroitement contre le mur sur lequel il avait appuyé une main. L'autre était posée sur sa taille. Du coin de l'œil, il aperçut Jacques qui sortait dans la cour.
Hermione tourna le visage vers Severus, surprise par ce mouvement si preste, mais aussi un peu excitée. Leurs lèvres n'étaient qu'à quelques centimètres. Sa gorge s'assécha alors qu'elle posait ses yeux sur sa bouche, si appétissante, et se remémorait aussi à quel point elle avait aimé l'embrasser. Ce baiser avait été... ouah.
« Qu'est-ce que vous faites ? » demanda-t-elle, le souffle court.
« Jacques-ass vient de sortir de la cuisine. Ce ne serait pas très pratique pour nous qu'il croie que nous sommes en train de nous disputer, n'est-ce pas ? Il aimerait tellement cela... », dit-il avec un rictus.
Elle hocha la tête un peu bêtement, son regard allant de ses yeux à ses lèvres. « D'accord, » répondit-elle en un souffle.
Severus frotta son nez contre sa joue alors que sa bouche rejoignait son oreille. Il s'était collé à elle pour jouer le jeu devant Jacques, et faire comme s'ils étaient réellement amoureux. C'était ce qu'il y avait de mieux à faire pour le décourager, pour le rendre jaloux. Cela dit, il ne pouvait nier aimer cela, son odeur, son corps qui s'ajustait si bien au sien.
« Ne le laissez pas vous atteindre, » commença-t-il à murmurer à son oreille.
Il remua lentement le visage, son nez passant contre sa peau, pour faire semblant d'embrasser son cou. Elle était complètement perdue dans son parfum, le contact de son nez et sa voix soyeuse dans son oreille lui faisant tourner la tête. « Enlacez-moi, sorcière, que cela ait l'air crédible. »
« Ah, oui, » lança-t-elle en plaçant une main sur son épaule et l'autre à l'arrière de son crâne, dans ses cheveux.
Il perdit momentanément le cours de ses pensées.
« Ecoutez, c'est un abruti. Ne le laissez pas avoir ce pouvoir sur vous. C'est ce qu'il veut, c'est comme ça qu'il nourrit son foutu égo. »
Il continuait de caresser sa joue de son nez, parlant doucement. Sa main, qui avait maintenue contre sa hanche, s'y mouvaient également avec tendresse.
« Souvenez-vous : vous êtes une femme incroyable, vous êtes forte. Vous êtes la sorcière la plus douée de votre génération. Vous avez vaincu un psychopathe narcissique et ses sbires plus d'une fois. Vous êtes à la tête de tout un département. Vous êtes même devenue la supérieure de votre ancien professeur. »
Elle eut un léger rire puis sourit en caressant ses cheveux, prenant goût à ce petit jeu, souhaitant presque qu'il fut réel. Lui-même s'y impliquait davantage, d'ailleurs.
« Vous êtes brillante, vous êtes forte, vous n'avez pas besoin de lui. Tant pis pour lui. Maintenant, vous allez retourner à vos occupations la tête haute. Vous allez retrouver votre mordant, redevenir la sorcière fougueuse que vous avez été ces trois dernières années, et vous allez faire de sa vie un enfer. Faites-lui regretter ce jour où il vous a trompée et perdue. »
Elle souriait largement, à présent. « D'accord. » C'était si gentil de sa part. Il était si... bon, heureusement qu'elle était appuyée contre le mur, sinon ses jambes n'auraient pas tenu le choc.
Lentement, il s'écarta d'elle et, sans savoir pourquoi, il vint déposer un baiser rapide sur sa joue. Elle tourna le visage vers lui, un peu surprise, mais sans cesser de sourire, et il embrassa son menton. Toujours sans pouvoir s'en expliquer la raison. Du point de vue de Jacques, cela devait ressembler à un vrai baiser. Il pourrait toujours utiliser cette excuse.
Hermione s'éclaircit nerveusement la gorge, espérant tout au fond d'elle-même qu'il aurait le courage de l'embrasser sur les lèvres ici, maintenant, mais il se recula complètement. L'occasion avait filé.
Jacques, très sûrement las de mécontentement et de jalousie devant une telle scène, avait à nouveau disparu dans la cuisine. A travers la porte-fenêtre, ils l'y voyaient discuter avec Mrs Granger. Il avait sûrement fait irruption dans la cour le temps que Jane aille prévenir Charles de sa visite en espérant y trouver Hermione et pouvoir lui tourner autour, mais comme elle semblait occupée, il avait battu en retraite à l'intérieur et jacassait auprès d'une Jane croulant sous la tâche.
Un léger malaise s'était installé entre Severus et Hermione, après leur petite représentation. Alors, ils prirent chacun une guirlande de lanternes et se dirigèrent à deux endroits opposés du jardin pour les installer. Hermione commença à suspendre la sienne à des points qu'elle pouvait aisément atteindre, sur la pointe des pieds, en montant sur une chaise ou sur toute autre surface plane qui ne présentait pas trop de danger. Elle l'accrocha à un lampadaire de style Victorien, puis à une branche assez basse. La prochaine étape allait être la treille qui couvrait un espace où étaient disposés quelques fauteuils, tout près de l'endroit où Severus officiait. Il ne lui était pas possible d'atteindre la structure, pas plus qu'elle ne repéra autour d'elle de siège suffisamment stable pour s'y hisser.
Severus, qui avait remarqué son dilemme, s'approcha prestement d'elle, écartant de manière inexpliquée le malaise qui s'était alors insinué en lui.
« Je peux peut-être vous aider ? »
Sa voix s'était élevée juste derrière elle, et son torse ne tarda pas à s'appuyer contre son épaule pour la surplomber. Sa main attrapa alors la guirlande qu'elle tenait le plus haut possible, dressée sur la pointe de ses pieds. Ce faisant, ses doigts frôlèrent les siens et, comme si la proximité de son corps la remplissait d'électricité statique, ses cheveux se dressèrent sur sa nuque et elle eut un frisson.
« Euh, oui, merci, » répondit-elle timidement en retombant sur ses talons, et en lui laissant la guirlande qu'il termina de suspendre.
Une fois terminé, ils échangèrent un long regard silencieux avant de tous deux secouer le visage. Il lui rendit sa guirlande et fit volte-face pour se remettre à la tâche.
Quelques minutes plus tard, Hermione se retrouva à devoir atteindre les branches d'un grand arbre en limite de propriété. Une échelle se trouvait non loin, et elle la plaça contre le tronc. Cependant, le sol n'était pas très régulier à cet endroit et elle ne fut pas assez en confiance pour grimper seule. Elle jeta un regard alentour pour s'assurer que personne ne la regardait, en espérant pouvoir lancer un petit sort de stabilisation. Soudain, elle laissa échapper un petit cri surpris quand ses yeux tombèrent sur Jacques qui se tenait là, pas tout près, mais déjà trop, arborant toujours son sourire fier.
« Tu as besoin d'aide ? Je peux t'aider, si tu veux, » proposa-t-il, l'air particulièrement content de lui.
Hermione sentit le dégoût s'insinuer en elle. Elle lui avait dit un nombre incalculable de fois qu'elle aimait qu'il lui parle français, et il tentait à présent d'utiliser ce levier, l'ordure.
« Non, » dit-elle avec mépris.
Alors, il se contenta d'attendre qu'elle monte à l'échelle, espérant peut-être secrètement la peloter quand elle y serait instable, ou tout du moins mater ses fesses. Il arborait toujours ce sourire insupportablement satisfait.
« Seeev, » appela-t-elle avec douceur.
Mais Severus avait pris sa direction dès qu'il avait repéré que Jacques rôdait dans les parages. Il remarqua le ton presque mielleux et inhabituel de sa voix quand elle s'adressa à lui, et su qu'elle était à nouveau prête pour un petit show. Cela dit, il ne pouvait pas complètement nier aimer qu'elle s'adresse à lui ainsi.
« Oui, Chaton ? » répondit-il sur le même ton, en approchant.
Jacques observait.
« Est-ce que tu peux m'aider, chéri ? Juste à maintenir l'échelle, pour que je sois sûre de ne pas tomber. »
Il posa alors sa main sur l'un des montants, et elle se retrouva presque prise dans le cercle de ses bras, son parfum poivré assaillant ses narines. Elle lui sourit sans même y prendre garde et il lui rendit la pareille, de cette manière si charmante qu'il avait de recourber très légèrement la commissure de ses lèvres.
« Je t'ai proposé de t'aider, » lança Jacques, fâché.
« Et je ne veux ni n'ai besoin de ton aide, » rétorqua-t-elle, toujours répugnée.
A ces mots, elle se retourna pour escalader les barreaux avec précaution.
Jacques ne lâcha pas la scène des yeux. Aussi, Severus sembla décider qu'il était nécessaire de passer à la vitesse supérieure, afin de le décourager complètement.
« Vas-y, continue Chaton, je te tiens, » lança-t-il en plaçant doucement sa main libre sous ses fesses, comme il l'aurait fait pour la rassurer. Elle tourna le visage vers lui, du côté où il était impossible à Jacques de la voir, et plissa les yeux. Mais c'était seulement pour sauver l'honneur car au fond, elle adorait cela. Severus se contenta de se parer d'un air fier en sachant pertinemment qu'elle ne pouvait pas se permettre de dégager sa main, le salaud.
Elle suspendit les lanternes et entama sa descente. Elle avait à peine placé un pied sur la marche inférieure qu'elle sentit ses bras entourer sa taille et la soulever de l'échelle. Elle laissa échapper un petit cri et se stabilisa en posant ses mains sur ses épaules, gloussant. Qui aurait cru qu'il avait cette force ?
Jacques, dépité, se retourna pour rejoindre Charles qui l'appelait depuis la porte de la cuisine. Severus et Hermione, qui avait à présent rejoint la terre ferme, échangèrent un regard.
« Vous savez, vous n'auriez pas dû vous sentir obligé de toucher mon cul, » lança-t-elle.
Cela n'était pas dit sur un ton de reproche. Il s'agissait plus de rompre le silence qui s'était installé entre eux.
« J'ai pensé que ce serait plus efficace, face à Jacques-ass. »
Elle eut un rire léger.
« Et puis, il faut bien que je m'amuse, » rétorqua-t-il, l'air narquois.
Leurs regards se mêlèrent en silence, plus longtemps que cela avait été le cas plus tôt dans la matinée, mais il y eut le même type d'échange silencieux, la même... énergie.
« Les enfants, vous avez fait du beau travail. »
La voix de Jane s'éleva soudain près d'eux, rompant le charme. Ils ne l'avaient même pas vue arriver.
« Maintenant, allez vous préparer, les invités arrivent dans une heure ! »
« Ah, oui, ok Maman, » lança Hermione en arrachant son regard de celui de Severus.
« Content d'avoir été utile, » dit-il.
Et tous deux prirent le chemin de l'étage.
