Grr... Je ne sais pas ce que le site a trafiqué avec l'uploading de fichiers mais je n'aime pas du tout. T-T Ca me fiche en l'air ma mise en page.

Journal des reviewers (que je tiens à remercier pour leurs retours concernant mes insécurités littéraires XD)

Lilinnea: J'en ai créé, des OC, dans mes fics. Mais Ysée, elle rafle tout. Je crois que je n'ai jamais autant noirci une feuille préparatoire de personnage, ne me suis autant pris la tête dans toutes les variations de ce qu'elle est et le pourquoi du comment elle est.
Quoi qui te soit arrivé, j'espère sincèrement que tu as pu être apaisée un tant soit peu :) Perso, je doute que quelqu'un découvre le secret d'Ysée avant que je n'en parle vraiment (on est sur une torturée de la tête, elle monte les trucs en épingle) mais si par le plus grand des hasards, je tombais dans le mille, ça me mettrait encore plus la pression de rendre Ysée «crédible».
Ce n'est que le début pour Reis et on ira de plus en plus crescendo jusqu'au craquage total. Mais tu sais comme moi que le slow burn, c'est meilleur.

Anya Kristen: Je ne pense pas avoir déjà vu des fics offrant plusieurs fins, mais en effet, vu comment se présente DBH, why not? :) Et puis, pour UNE FOIS que je fais ça, on dira que c'est l'exception à la règle.

Ouvrons une première vraie petite parenthèse entre nos deux loulous.

(Ah, oui. Et j'ai enfin fini d'écrire cette fic. Yaaaay! Maintenant, je veux en faire une à Connor T.T)


CHAPITRE 10 - DES LUEURS DERRIÈRE L'OMBRE

Reis parvint à se tranquilliser pour le restant de la soirée en mettant de côté son trouble. Il préférait se dire qu'Ysée avait raison et que sa nature d'androïde dédié à son bien-être l'orientait logiquement vers elle. Il n'y avait rien d'anormal à ce qu'un androïde voué à l'aide sociale reste attentif à la personne qu'il avait en charge. Les choses n'allaient pas plus loin. Tout allait bien et tout était sous contrôle.

Entre deux coups de fourchette de son dîner, Ysée consultait sur une application de son téléphone dans l'espoir de trouver quelque chose à regarder avant d'aller se coucher et elle eut la bonne surprise de découvrir que l'une de ses comédies préférées avait été intégrée récemment au catalogue de sa plate-forme de streaming.

« J'ai beau connaître les répliques par cœur, ça me fait toujours autant rire, se réjouit-elle avant de se tourner vers Reis. Tu v... »

Elle laissa sa phrase flotter dans un silence bancal, la mine décontenancée.

« Oui ? s'enquit Reis.

_ Euh... J'allais te demander si tu voulais regarder avec moi mais je ne sais pas s'il y a un intérêt pour toi... L'humour, c'est très subjectif et pour un androïde... »

Le concerné secoua la tête avec un sourire amusé.

« Tu cogites vraiment trop en plus de trop t'inquiéter de ce que je vais penser. Ne te crois pas ridicule à interagir avec moi comme si j'étais humain. C'est le but de CyberLife. »

La jeune femme laissa son hésitation se diluer dans la douce bienveillance qui lui faisait face. Elle rendit son sourire à Reis avant de se lever pour commencer à débarrasser.

« Connexion à Stream'it », commanda-t-elle à l'attention de la télévision.

Le bulletin d'informations s'interrompit pour transiter vers une nouvelle page d'accueil et la voix de l'IA de la plate-forme prit le relais :

« Bonjour, Ysée. Voulez-vous reprendre votre dernier visionnage en cours ? »

Celle-ci était prête à répondre mais elle se retint aussitôt en relevant le nez de l'évier et son visage blêmit un peu. Partout sur l'écran géant de la télé s'affichait son – beaucoup trop – long historique de k-dramas, sans parler des nouvelles suggestions de séries romantiques qui pullulaient à grand renfort de titres guimauves sans équivoque.

Ysée serra les dents dans une grimace de voleur pris sur le fait. Trop tard, Reis avait déjà les yeux rivés sur l'écran.

« Oh. Tu aimes les dramas asiatiques ? » s'étonna-t-il.

Son interlocutrice rentra la tête dans les épaules de malaise. Comment faisait-on pour se transformer en souris pour disparaître dans un trou ? Sa voix se fit minime.

« Euh... Vite fait... »

Elle comprit à la façon dont il pencha la tête sur le côté que l'androïde peinait à associer « Vite fait » avec plusieurs centaines d'heures de visionnage d'histoires à l'eau de rose. Tout en se mordant fort la joue, elle pria en son for intérieur pour que Reis l'épargne. Ne pas faire de commentaire. Ne pas relever. Ne pas...

« C'est surtout que ça me fait rire. Les situations sombrent parfois tellement dans l'excès que ça en devient drôle », débita-t-elle à toute vitesse.

Elle se crispa encore plus, mortifiée de sa propre bêtise. Mais pourquoi avait-elle elle-même relancé alors que Reis n'avait rien dit ?

L'androïde la considéra quelques instants qui parurent une éternité pour l'humaine raidie de gêne.

« Du coup, quel film dois-je programmer ? finit-il par demander avec sa candeur robotique détachée.

_ O-Oui mais non... »

Ysée laissa ses lèvres filtrer un soupir penaud. Reis avait raison ; elle accordait bien trop d'importance à ce qu'il pouvait penser d'elle, d'autant plus qu'il ne la jugeait pas. Et puis, ce n'était que des séries télévisées...

La jeune femme épia du coin de l'œil l'androïde qui s'occupait de rechercher le film dans le catalogue sans plus se préoccuper de ce qu'il venait de voir. Oui, elle n'était qu'une idiote. Peut-être avait-elle en face d'elle le seul être qui ne ferait jamais preuve de moquerie ou de condescendance, alors, pourquoi être autant sur le qui-vive ?

Elle baissa un peu les yeux en secouant la tête. Bah. Ses habitudes avaient la vie dure ; elle n'y pouvait rien.


Dès la première vingtaine de minutes du film, Ysée oublia l'amalgame de pensées qui l'habitait et se laissa rattraper par le rire. Reis s'amusa souvent à la regarder en coin pendant qu'elle répétait en play-back certaines répliques ou quand elle éclatait de rire de bon cœur. Rien que pour cela, il passa une bonne soirée. Il était galvanisant pour lui de voir sa protégée détendue et de bonne humeur.

À la fin du film qui lui avait rosi le teint sous les éclats de rire, Ysée vérifia l'heure sur son téléphone puis se leva.

« Vingt-trois heures quarante cinq, ça fait donc dix-sept heures quarante cinq, compta-t-elle sur ses doigts. Tu m'excuses ? J'ai un coup de fil à passer.

_ Vers la côte ouest des États-Unis ? devina Reis sans hésitation.

_ Bingo. Ma petite cousine du côté de ma mère fête ses cinq ans aujourd'hui et avec le décalage horaire... »

L'androïde opina du chef et se leva pour prendre congé tout en lui souhaitant la bonne nuit. La voix enjouée d'Ysée qui discutait peu après avec sa tante accompagna ses pas dans l'escalier et quand il arriva devant sa chambre, il ne put s'empêcher de s'arrêter et de jeter un coup d'œil en bas tant le timbre de voix de l'humaine avait changé.

Le téléphone devant elle pour faire visioconférence, Ysée faisait face de l'autre côté de l'écran à une adorable petite blondinette aux cheveux bouclés qui riait et s'émerveillait devant sa cousine qui lui souhaitait son anniversaire en imitant avec énergie et bonne humeur son personnage de dessin-animé préféré. Elle poussait même le détail jusqu'à prendre les mimiques faciales qui firent doubler les exclamations ravies de la petite fille.

Reis entra sans un bruit dans sa chambre avec un sourire en coin. Il avait mis dans le mille quand il avait supposé qu'Ysée avait un petit côté clown pour peu qu'elle soit en confiance, mais de là à découvrir qu'elle avait quelques talents de comédienne... Elle le surprenait. Pourtant, il était certain que s'il se risquait à lui parler de ce qu'il venait de voir, l'humaine chercherait à minimiser ou à se dérober.

Il s'assit sur le bord du lit et, comme les soirs précédents, lança un diagnostic de bon fonctionnement. Rien d'anormal ne remonta à son centre de contrôle, ce qui le rassura en plus de lui permettre de se mettre dans un état de semi-veille pour laisser son programme condenser les informations de la journée.

Quand il reprit conscience un long moment plus tard, Reis vit que l'heure avait tourné et il ne lui semblait pas avoir entendu Ysée monter pour aller dormir. Il quitta la chambre et retourna au rez-de-chaussée. Dans le salon, l'écran de télé était toujours allumé sur la page d'accueil de Stream'it et il n'y avait personne d'autre que Siam roulée en boule sur un coussin du sofa.

Un simple coup d'œil circulaire mit fin à sa recherche. Il devina la silhouette de la jeune femme qui était allongée sur un transat de la terrasse de l'autre côté de la porte-fenêtre.

Quand la porte de la baie vitrée coulissa, Reis s'attendait à ce qu'Ysée se retourne vers lui mais cette dernière était perdue dans la contemplation de la nuit au-dessus d'elle en plus de ce qui se diffusait dans ses écouteurs.

Elle remarqua la présence de l'androïde quand celui-ci longea le transat et elle se redressa pour se mettre assise.

« Il commence à être tard, lui fit-il remarquer. Et ta routine ?

_ Je sais. Mais tiens. Installe-toi et admire », répondit-elle en lui tendant une oreillette.

Il s'exécuta et s'assit sur le bord du transat tout en glissant l'écouteur dans son oreille. La douceur d'une mélodie jouée au handpan emplit son ouïe alors qu'il levait les yeux vers la lune et son drapé d'étoiles. La musique sublimait le tableau nocturne d'une note de poésie bien plus enchanteresse que le simple chant des grillons dans les herbes du jardin.

Reis se laissa emporter comme sa voisine par la vision qui s'offrait à eux. Tous deux firent silence, les yeux tournés dans la pâleur de la pleine lune, le temps d'une musique.

« Ça rend très bien, reconnut l'androïde avec un sourire.

_ N'est-ce pas? Je pourrais rester des heures à regarder la nuit comme ça. C'est aussi pour ça que j'ai souvent de la musique dans les oreilles. Elle m'imprègne d'émotions quand la vie autour me paraît plate. Ça m'aide. »

Reis n'eut qu'à lire le visage d'Ysée pour comprendre ce qu'elle voulait dire. Ses traits étaient doux, apaisés, légers comme la mélodie qu'ils venaient d'écouter.

La jeune femme eut un petit rire au détour d'une pensée incongrue.

« Ha ! Ce serait quand même drôle si, comme dans les films, on avait dans la vraie vie des musiques ou des chansons en arrière-plan selon la situation, tu ne trouves pas ? pouffa-t-elle. Des violons larmoyants quand tu fais tomber ton téléphone par terre et qu'il se brise, de la guitare électrique puissante quand on a la rage de vaincre... Ha ha ha ! »

Reis s'essaya à la mise en situation en lui faisant toutefois remarquer que ce ne serait pas très discret pour les personnes qui se retrouvaient face à leur crush secret avec une musique romantique en fond. Ysée approuva dans un rire en imaginant la scène avant que son sourire ne s'évanouisse dans un nouveau silence quand elle remarqua que sa playlist se poursuivait sur une chanson langoureuse pouvant correspondre aux dire de l'androïde.

Let's stop time
'Cause I don't want this moment to end
We'll live like this night
We will last forever

Press rewind
'Cause I know that I can't let you go
So don't say goodnight

Reis laissa la chanson défiler sans plus s'inquiéter. Il interprétait cet échange avec Ysée comme un signe de confiance et il en était satisfait. La jeune femme lui faisait une petite place dans sa bulle intimiste et ce moment l'enrichissait. Peut-être était-ce une ébauche d'acceptation qu'elle lui offrait ?

Ysée s'égara dans le vague, enveloppée des notes de la chanson, de la douceur de la nuit et de celle du regard de Reis posé sur elle. L'instant semblait suspendu dans le temps et entre ses pensées qui, pour une rare fois faisaient silence. Cette scène semblait sortir tout droit d'un film et pourtant, une part d'elle appréciait la vivre.

Il lui fallut de longues secondes avant de reprendre le fil vers son esprit et papillonner des yeux en détournant la tête, les joues un peu roses.

« Hum. Non, tu as raison, dit-elle en se raclant un peu la gorge. Un OST dans la vraie vie, ça ne le ferait pas. »

L'androïde décelait les prémices de signes qui laissaient pressentir un nouveau risque de fuite. Or, il ne voulait pas perdre tout de suite cette esquisse de lien qui s'était créée.

« Dis-moi, je viens de remarquer... tenta-t-il en relevant les yeux vers la nuit. Ayulun, sa classe de vestale lunaire, ta bague en pierre de lune... Tu es particulièrement attachée à la symbolique de la lune. »

L'humaine cilla de surprise alors que son interlocuteur lui demandait si tout cela était un hasard ou non. Elle baissa un peu les yeux sur son téléphone et ferma son lecteur de musique. Reis ne sut déchiffrer ce qui la traversait car son visage était un croisement de plusieurs émotions tièdes. Avait-il mis le doigt sur quelque chose de spécial ?

Après un silence, Ysée haussa les épaules, un soupir mélancolique dans son sourire.

« On peut dire ça. Tu peux aussi ajouter que je suis née un lundi, la planète maîtresse de mon signe astrologique est la Lune et mon signe lunaire est aussi régi par la Lune, histoire de bien enfoncer le clou », avoua-t-elle en lissant du pouce le petit cabochon bleu transparent de sa bague en pierre de lune.

Court silence entre deux cycles lumineux de LED.

« Ça fait beaucoup d'itérations, en effet, approuva Reis de tout son pragmatisme robotique.

_ Cancer ascendant Cancer. Double peine. Après, on y croit ou pas, mais de ce que j'ai lu de la personnalité du Cancer, il y a pas mal de vrai qui se retrouve chez moi. »

Reis fut tenté de vouloir se renseigner par curiosité mais se ravisa. Il aurait bien assez de temps pendant la nuit pour se pencher sur le sujet. D'un autre côté, il n'en jugeait pas la nécessité. Son essence même de robot le contraignait à se baser sur le factuel. Or, l'astrologie ne reposait sur aucune base de concret crédible.

« Je trouve que la lune te correspond bien », finit-il par déclarer après un temps.

Ysée redressa le menton en arquant un sourcil suspicieux.

« C'est à dire ? Tu me trouves lunatique ?

_ Non. Tu as de nombreux visages mais tu les caches dans l'ombre. Un peu comme les phases de la lune pendant une lunaison. »

La jeune femme ne sut quoi répondre. À sa façon de le dire, Reis ne lui présentait pas la chose comme un défaut alors ç'en était clairement un.

Le sourire de l'androïde se fit plus malicieux.

« Tu m'as aussi bien caché que tu étais la doublure vocale de Molly des Gnupies. »

Ysée étouffa un rire gêné et remonta ses cheveux au sommet de sa tête avec nervosité.

« Oh, dear... Ne m'en parle pas. Lyndsey ne jure que par The Gnupies et elle rend chèvre tout le monde avec ça. J'ai eu le malheur d'essayer une fois une imitation et depuis... « Molly please, Molly please » ! J'y ai droit chaque fois qu'elle sait que ses parents m'ont au téléphone alors, pour son anniversaire, je ne pouvais pas y couper. »

Elle illustra ses propos par une nouvelle brève imitation pleine d'entrain sublimée par de grands gestes exagérés. Reis pouffa.

« En tout cas, tu te débrouilles. As-tu déjà pris des cours de théâtre ? »

L'humaine s'ébroua avec des yeux ronds comme des soucoupes. Elle, faire du théâtre ? C'était un art qui pouvait certes aider à développer la confiance en soi mais elle n'avait pas assez de courage pour ça. Elle peinait déjà à exprimer ses propres émotions alors, en jouer des factices...

« Cela dit, si j'avais pu choisir n'importe quel métier au monde sans aucune contrainte de formation ou autre, je pense que j'aurais choisi comédienne de doublage, avoua-t-elle, les yeux emplis de rêverie. J'adore regarder des vidéos sur ça. Je trouve que ces gens font un travail incroyable alors qu'ils n'ont que leur voix pour donner vie à leur personnage. Et puis, ça doit être parfois tellement cathartique... »

Reis se retint de lui répondre à quel point cela seyait à l'image qu'elle renvoyait d'elle-même : quelqu'un qui ressentait un grand besoin d'exprimer mille choses mais qui demeurait en retrait du reste, loin du regard des autres. Ysée pétillait de contentement alors qu'elle parlait de quelque chose qu'elle aimait mais son interlocuteur ne parvint pas à se calquer sur sa bonne humeur. Une part de lui se désolait de voir cette jeune femme emprisonnée dans ses propres ombres. Il entrevoyait tant de jolies choses chez elle.

Il préféra ne pas risquer de ruiner la légèreté du moment et voulut proposer quelque chose.

« Si tu es calée sur le sujet, j'imagine alors que tu dois avoir des préférences. Y a-t-il une voix que tu aimes particulièrement ? »

La réaction ne se fit pas attendre.

« Oh oui ! Sans hésiter : Axel Fansac ! s'exclama l'humaine avec excitation. La voix officielle de l'acteur Dan Lowry. Il est tellement... Ha ! Il peut tout faire, je l'adore. Rien que dans Sometimes, Somewhere...

_ Voudrais-tu alors que j'utilise désormais sa voix ? »

Reis expliqua qu'il n'aurait aucun mal à reproduire une voix à partir de quelques échantillons audios.

Le fangirlisme vibrant d'Ysée devint tout à coup blanc incrédule. Elle dévisagea Reis un long moment, figée dans une franche surprise, avant de secouer la tête avec assurance.

« Non. Je passe. »

L'androïde cilla. Il ne comprenait pas ce refus. Ysée avait l'air tellement fan de ce comédien... Quand il demanda pourquoi, elle roula des yeux comme si c'était l'évidence même.

« D'abord parce que physiquement, cette voix ne te conviendrait pas, répondit-elle en se levant du transat. Ensuite, ta voix actuelle est très bien ainsi. Mais surtout, parce que ce ne serait plus toi, Reis. » Elle lui sourit. « Tu n'es pas un objet à accessoiriser quand ça me chante. Tu es toi. Point. Et tu es bien comme ça. »

Le miroir s'inversa et ce fut au tour de Reis de rester pantois au point de faire osciller sa diode plus vite. Plus que ses paroles, c'était surtout l'expression du visage d'Ysée qui retint le plus son attention. Ce sourire simple et amical était l'un de ceux que l'on adressait plus à un ami ou un proche. Pas à une machine, même dotée d'une figure humaine. Il était sincère. Assez pour oublier un instant qu'il n'était fait que de zéros, de uns et de plastique. Cette discrète attention lui fit le même effet que lorsqu'Ysée lui avait acheté des vêtements. Peut-être plus d'effet encore.

Oui, il avait raison. Ysée était une fille bien et même avec tous les piques de hérisson du monde autour d'elle, Reis continuerait de le penser. Ce soir, plus que lui avoir fait confiance pour le laisser l'approcher, elle venait aussi d'abaisser un peu son bouclier.

L'androïde se leva à son tour et lui tendit l'écouteur qu'elle lui avait prêté pour le lui rendre.

« Toi aussi, tu es bien comme tu es, Ysée. Merci de t'être un peu plus laissé aller. »

Il lut à la lueur qui traversa son regard bleu-vert que la jeune femme réalisait qu'en effet, elle avait plus baissé la garde qu'elle ne l'aurait pensé. Alors qu'il croyait qu'Ysée allait se cacher derrière sa fausse désinvolture ou chercher à fuir dans un silence, Reis fut surpris de la voir hocher la tête avec un sourire timoré.

« Il faut croire que, finalement, c'est peut-être plus facile avec toi. Merci à toi aussi.

_ Pour?

_ Je ne sais pas vraiment, répondit-elle en haussant les épaules. Je ressentais le besoin de le dire. »

C'était vrai. Elle n'avait guère l'occasion de se confier sur son rapport à la musique, son intérêt pour le monde du doublage et encore moins révéler ses élucubrations vocales. Reis était parvenu à rendre sa présence discrète au point de lui faire oublier qu'il était là. Discrète... ou bienveillante ?

La jeune femme récupéra son oreillette et tourna les talons pour retourner à l'intérieur de la maison.

D'abord interpellé par les dernières paroles de l'humaine envers lui, l'attention de Reis dériva sur un furtif détail que sa vision acérée avait attrapé en dépit de la faible luminosité environnante. Ysée avait ramené ses longs cheveux par-dessus une même épaule et sa nuque partiellement découverte laissait entrevoir un tatouage. Il était assez petit et en dépit de sa forme simpliste, Reis reconnut aussitôt ce dont il s'agissait.

Une LED circulaire semblable à celle des androïdes.


Oooooh... Voilà qui rajoute une petite louche au truc ;)

Ça y est, je pense que je peux annoncer le début de relation plus apaisée entre eux (tant que Reis n'approche pas trop du secret d'Ysée). Ça va leur faire du bien. Mais je continue quand même à mettre quelques zigzags sur leur chemin.

Pour les curieux du handpan, je vous recommande Seeds of Growth de Malte Marten. C'est un instrument vraiment poétique et apaisant.