Un mois s'était écoulé depuis le procès de Drago, et de nombreuses choses avaient changé pour Hermione, le trio, et le monde magique. Le Chemin de Traverse et Pré-au-Lard avaient été restaurés grâce à l'aide de tous ceux qui s'étaient mobilisés, et Poudlard avait été réparé, prêt à rouvrir ses portes en septembre.
Harry avait décidé de ne pas retourner à Poudlard, tout comme Ron, préférant tous deux se consacrer au travail. Aucun des deux ne se voyait reprendre le chemin de l'école après les pertes tragiques de la grande bataille. Harry choisit de rejoindre le ministère en tant qu'Auror, tandis que Ron opta pour une carrière dans une équipe de Quidditch.
Pour Hermione, la situation était plus complexe. Après le procès de Drago, la jeune femme avait tenu sa promesse en le contactant par hibou, et les deux jeunes gens s'étaient retrouvés autour d'un café pour discuter du passé. Drago avait passé l'heure à s'excuser pour leurs différends passés et à la remercier pour son témoignage lors du procès. Finalement, ils se rendirent compte qu'ils avaient beaucoup en commun et que, si les choses avaient été différentes, ils auraient pu devenir amis.
Pendant ce mois, Hermione, entourée par sa cousine Isabella, Edward, ainsi que Jasper, avait réussi à se relever petit à petit. Ses crises d'angoisse et de panique étaient de moins en moins fréquentes, et sa culpabilité s'atténuait grâce à Isabella, qui connaissait désormais toute la vérité. Les deux cousines avaient longuement discuté, et Isabella avait pris soin de faire comprendre à sa petite cousine qu'elle ne lui en voulait pas. Au contraire, elle la trouvait forte et courageuse, et la remerciait d'avoir mis son oncle et sa tante en sécurité, même si cela signifiait qu'ils ne se souviendraient jamais d'elle.
Edward s'était rapproché de la jeune femme. Tous deux partageaient une passion pour la lecture et la musique, et Edward s'était donné pour mission d'emmener Hermione à Londres, notamment à la salle de musique, pour qu'elle puisse jouer du piano et se changer les idées.
Quant à Jasper, c'était une tout autre histoire. Hermione ne pouvait pas l'expliquer, mais elle se sentait bien en sa présence. Tous deux pouvaient parler pendant des heures, lire ensemble ou se promener sans que jamais Jasper ne la force à se confier si elle n'en avait pas envie. Hermione avait remarqué que la présence du vampire la calmait et la rendait sereine. Mais plus récemment, elle éprouvait de nouvelles choses en sa compagnie, comme sa magie qui chantait dans ses veines et un désir irrésistible d'être proche de lui. Malgré tout, la jeune sorcière cachait ces sentiments, dissimulant son besoin d'être avec Jasper.
Pourtant, c'était difficile. Jasper avait une attitude envers elle qui la laissait désireuse de lui, avec toujours une présence réconfortante et un mot gentil à son égard. Dès qu'elle ressentait un sentiment de dépression, il apparaissait près d'elle comme par magie, le calmant instantanément. Depuis peu, il laissait ses mains effleurer son épaule ou le bas de son dos, telle une caresse légère comme une plume, la laissant brûlante de désir. Hermione était complètement déstabilisée et perdue face aux manières de Jasper, mais surtout par les sentiments qu'elle ne comprenait pas.
Beaucoup pensaient que la jeune femme était naïve et qu'elle ne connaissait rien en dehors de ses livres. Pourtant, c'était faux: Hermione connaissait l'amour et le désir. Après tout, elle avait eu une histoire avec Viktor Krum, elle avait expérimenté le désir et l'amour avec lui. Malheureusement, la guerre les avait séparés, bien qu'ils soient restés amis.
Cependant, ce que Hermione ressentait envers Jasper était différent: c'était plus profond, plus complexe. Ce qu'elle éprouvait pour lui, elle ne l'avait jamais senti auparavant. C'était comme si sa magie, son cœur et son esprit le souhaitaient, comme si quelque chose en elle lui criait qu'il était fait pour elle.
Et pourtant, la jeune femme faisait comme si de rien n'était. Elle ne voulait pas embarrasser le vampire. Après tout, Hermione n'était qu'une jeune fille, alors que lui était plus âgé et probablement, selon elle, marié. Il ne la voyait que comme la cousine de sa belle-sœur. Alors, elle se promit de cacher ses nouveaux sentiments jusqu'à son départ. Si elle ne montrait rien, cela disparaîtrait, n'est-ce pas?
—Tu es partie bien loin dans tes pensées, jolie sorcière. À quoi songes-tu? demanda paisiblement une voix à ses côtés.
La jeune femme sursauta un peu, tournant la tête vers la droite où son regard croisa celui de Jasper, qui se tenait debout à ses côtés, l'observant avec un sourire. Hermione lui rendit un léger sourire avant de poser délicatement le livre qu'elle tenait sur ses genoux. Un vent doux fit bouger ses boucles.
En ce début d'après-midi lumineux, la jeune femme s'était installée sous un arbre au bord de l'étang des Weasley, profitant du soleil et du calme de la journée tandis que toute la famille jouait au Quidditch. Isabella et Edward étaient partis faire une promenade en amoureux dans la forêt, laissant ainsi à Jasper l'occasion de passer du temps avec Hermione.
—À rien de particulier. Que fais-tu ici, Jasper?
Jasper s'assit à côté d'elle, la frôlant légèrement. Il dissimula un sourire lorsqu'il sentit Hermione frissonner et inspirer profondément à son contact. Le vampire savait ce qu'il faisait depuis un mois maintenant. Il avait décidé de se rapprocher d'elle, voyant qu'elle se relevait peu à peu de la guerre. Bien qu'il sache que cela ne se ferait pas en un jour, il était fier d'elle. Pourtant, une chose le peinait profondément: il n'arrivait pas à se rapprocher d'elle autant qu'il l'aurait souhaité. Il avait toutefois remarqué que leur lien s'était renforcé, il le ressentait plus que jamais en ce moment.
Jasper voyait bien qu'Hermione était proche de lui, mais en même temps, il sentait une certaine distance entre eux, ce qui le rendait de plus en plus nerveux. Il avait besoin qu'elle lui ouvre son cœur, qu'elle lui appartienne. Dès qu'il avait remarqué qu'Hermione réagissait à sa présence, Jasper avait commencé à désirer davantage: plus de sa compagnie, plus d'elle. Il s'était donc mis à lui envoyer de plus en plus de signaux, à multiplier les gestes tendres, espérant qu'elle lui permettrait enfin de pénétrer dans son cœur.
Cependant, Jasper commençait à désespérer. Il ressentait leur lien, la connexion entre eux, mais il percevait également le changement chez Hermione: son cœur battait plus vite en sa présence, son souffle se coupait lorsqu'il la touchait. Pourtant, elle continuait à agir comme si de rien n'était, comme si elle dressait une barrière entre eux, empêchant toute véritable connexion.
Cela le frustrait profondément, et son vampire intérieur bouillonnait chaque jour davantage, réclamant qu'il la marque comme la sienne. Cette frustration grandissait en lui, non pas par soif de son sang, mais par désir de sa chaleur, de ses caresses, de sa voix, de tout ce qui faisait d'elle la femme qu'il aimait.
Car oui, en effet, Jasper, bien qu'il ait su que cela arriverait rapidement, était déjà éperdument amoureux de la brune. Et comment aurait-il pu en être autrement? Après tout, cette femme avait été créée pour lui, elle lui appartenait. Tout chez elle l'attirait irrésistiblement, chaque once de son être l'appelait profondément. Oh oui, Jasper Hale était complètement et irrésistiblement amoureux de Hermione Jean Granger, et cela commençait sérieusement à le frustrer que la jeune femme ne réagisse pas à ses petits signaux.
—Je te cherchais. Ne te trouvant pas avec les autres à l'intérieur, Harry m'a dit que tu aimais venir ici pour lire tranquillement.
Hermione eut un sourire, ferma les yeux quelques instants pour profiter d'un rayon de soleil sur son visage, puis tourna la tête vers Jasper. Elle haleta doucement en voyant le spectacle devant elle. Jasper brillait, littéralement, alors que le soleil se reflétait sur sa peau blanche. Son regard doré, fixé sur elle, scintillait de mille feux. À cet instant, la jeune femme fut profondément surprise par cette vision et laissa échapper un souffle, ses lèvres laissant échapper des mots avant même que son esprit ne les formule.
—Magnifique, murmura-t-elle.
Jasper plongea son regard dans celui de la jeune femme, et immédiatement, le lien entre eux se fit sentir. L'homme fut instantanément attiré par Hermione, tout comme elle l'était par lui. Doucement, elle leva la main, et Jasper comprit immédiatement son intention, se penchant vers elle pour accueillir ce contact. Dès que la main de la brune effleura sa joue, Jasper ferma doucement les yeux, réprimant un ronronnement de contentement et de plaisir. Il se pencha un peu plus contre la main d'Hermione alors qu'elle faisait glisser son pouce de haut en bas sur sa peau.
Plus rien n'existait à cet instant. Aucun bruit ne filtrait dans leur bulle. Non, tout ce qui comptait, c'était eux, et seulement eux: Jasper, les yeux fermés, heureux et détendu sous le toucher de sa compagne. Pourtant, aussi vite que cette caresse était apparue, elle s'évanouit tout aussi rapidement. Jasper ouvrit brusquement les yeux, ses sourcils se fronçant en voyant Hermione reculer, détournant le regard comme si cette scène n'avait jamais eu lieu.
L'homme serra les dents devant le comportement de la jeune femme. Il voulait ressentir encore son contact, il la voulait proche de lui, tellement fort qu'il réprima un grognement douloureux, empli de tristesse et de colère.
—Hermio… Jasper fut interrompu par le hululement d'un hibou et leva les yeux pour voir un grand hibou noir majestueux.
Immédiatement, Hermione tendit le bras, et le hibou se posa délicatement sur celui-ci, lui tendant une lettre avant de battre des ailes, visiblement heureux d'avoir accompli sa mission.
—Merci, Dick, tu as bien travaillé. Je te laisse aller à la cuisine, Molly laisse toujours une assiette pleine pour que vous puissiez manger, dit doucement Hermione en le caressant avant que Dick ne s'envole.
Hermione ouvrit la lettre, et un sourire apparut sur ses lèvres, ce qui fit grincer des dents Jasper qui l'observait. À cet instant, il savait très bien à qui appartenait ce hibou, et cela ne lui plaisait pas du tout. Bien qu'il sache que sa compagne n'avait aucun sentiment amoureux pour l'expéditeur de cette lettre, Jasper ne pouvait pas en dire autant de l'autre, car la dernière fois qu'il l'avait vu, tout ce qu'il avait ressenti de lui était du dégoût de soi, de la tristesse, de la haine envers lui-même, du soulagement, mais surtout de l'admiration pour sa compagne.
Jasper était convaincu qu'Hermione n'éprouvait aucun sentiment pour Draco Malfoy, mais cela ne l'empêchait pas de détester la voir se rapprocher d'un autre homme, en dehors de sa famille. Toutefois, il ne pouvait pas lui avouer ce qui le tourmentait ni lui dire à quel point cela irritait autant son vampire que lui-même, car cela reviendrait à lui révéler la nature de leur relation. Jasper souhaitait qu'avant de lui en parler, elle en vienne à l'aimer par elle-même.
—Cela te dirait une petite visite sur le Chemin de Traverse? interrompit Hermione, tirant Jasper de ses pensées.
—Bien sûr, répondit-il immédiatement avec un sourire, heureux à l'idée de passer la journée avec elle.
La jeune femme se leva doucement, époussetant la terre qui s'était déposée sur son jean au niveau de ses fesses. Elle lui tendit la main, et après l'avoir aidé à se lever, elle l'invita à la suivre. Une fois de plus, Jasper fronça les sourcils, retenant le grognement qui menaçait de s'échapper de sa gorge. Pourtant, il fit comme si de rien n'était et suivit Hermione. Lorsqu'elle s'approcha de lui et lui prit doucement le bras, il ressentit immédiatement des étincelles parcourir son corps. Il capta le regard plissé d'Hermione avant qu'elle ne se reprenne. Jasper sut alors que sa compagne avait ressenti la même chose, mais une fois encore, elle refoula ses émotions, affichant un visage fermé, ce qui fit grimacer Jasper intérieurement.
Le décor disparut soudainement pour laisser place à une myriade de couleurs. Jasper observa autour de lui et reconnut une ruelle du Chemin de Traverse. Alors qu'il profitait de la chaleur de la main d'Hermione sur son bras, elle se dégagea brusquement, comme si elle s'était brûlée, puis lui sourit.
—Allez, viens, je vais te montrer un endroit super cool, dit-elle avec enthousiasme.
Hermione et Jasper entrèrent rapidement dans une boutique, et Jasper sentit le cœur de sa compagne battre plus fort. Il tourna son regard vers elle pour la voir figée, les yeux fixés droit devant elle. Jasper suivit son regard et aperçut un homme grand, de dos, avec des cheveux courts et noirs. Le vampire plissa les yeux en entendant Hermione murmurer:
—Viktor…
Comme s'il l'avait entendue, l'homme se retourna lentement. Son regard s'agrandit de surprise avant qu'un sourire n'apparaisse sur ses lèvres. Il fixa Hermione droit dans les yeux, sans cesser de sourire.
—Mila! s'exclama-t-il.
Jasper n'eut même pas le temps de dire un mot avant qu'Hermione ne se précipite dans les bras de Viktor, laissant Jasper, serrant les dents devant cette scène. Le pire pour lui était de percevoir les émotions de l'homme en face de lui, tenant sa compagne. En effet, cet homme transpirait l'amour, l'attachement et la bienveillance envers elle, ce qui mit rapidement le vampire mal à l'aise.
Qui était cet homme pour que la jeune sorcière se jette ainsi dans ses bras? Qui était-il pour éprouver de l'amour pour sa précieuse compagne? Tant de questions envahissaient l'esprit de Jasper, alors qu'il commençait à suffoquer sous l'intensité des émotions présentes dans la pièce. Lorsqu'il sentit la joie de sa compagne, il grogna doucement, n'appréciant absolument pas ce qui se passait à cet instant.
—Depuis quand es-tu de retour en Grande-Bretagne? Que fais-tu ici? demanda Hermione rapidement, à bout de souffle.
Viktor sourit doucement avant de poser sa main sur l'épaule de la jeune femme brune, sous le regard désapprobateur de Jasper, qui n'appréciait guère ce contact entre cet homme et sa compagne.
—Calme-toi, Mila, respire. Je suis revenu seulement hier et je suis ici pour rencontrer votre ministre. Tu as devant toi le représentant de la nation bulgare.
Hermione poussa un petit cri de joie avant de se jeter à nouveau dans les bras de Viktor, riant tandis qu'il la soulevait pour la faire tourner. Jasper ressentit alors une immense vague de bonheur et de bien-être, réalisant que ces sentiments provenaient de sa compagne.
—Je suis tellement heureuse pour toi, Viktor, tu le mérites amplement! Tu restes longtemps?
—Merci, Mila. Je pense rester une semaine. Voudrais-tu m'accompagner pour un repas à l'extérieur un de ces jours?
Jasper fit un pas en avant et se racla la gorge, attirant aussitôt l'attention de sa compagne, ce qui le ravit, bien que la main de Viktor reposât encore sur l'épaule d'Hermione.
—Oh, toutes mes excuses. Jasper, je te présente Viktor, un grand joueur de Quidditch et un cher ami. Viktor, voici Jasper Hale, le beau-frère de ma cousine. Tu te souviens d'Isabella? Je t'en ai beaucoup parlé. Figure-toi qu'elle est arrivée chez les Weasley il y a un mois pour me rendre visite, expliqua calmement Hermione.
Jasper et Viktor se faisaient face, se fixant intensément tandis que la jeune femme continuait à parler, sans remarquer l'atmosphère glaciale qui venait de s'installer. Viktor plissa les yeux, reconnaissant en cet homme un vampire, mais aussi remarquant son regard posé sur la petite sorcière devant lui. Quant à Jasper, il retint un grognement au fond de sa gorge en voyant et comprenant que Viktor avait identifié non seulement son espèce, mais aussi l'amour qu'il éprouvait pour sa compagne.
—Mila, tu t'emballes encore. Tu n'as pas changé, toujours aussi passionnée, et toujours aussi magnifique, dit Viktor avec un sourire empli de douceur et d'affection.
Hermione rougit immédiatement et baissa les yeux, détournant le regard de Viktor. Le voir ici la rendait heureuse; il lui avait énormément manqué, et discuter par lettres n'était pas la même chose que se voir en face-à-face. Cependant, quelque chose avait changé. Elle ne se sentait plus aussi à l'aise en présence du sorcier qu'avant, et même si elle ne laissait rien paraître, elle savait que cela venait du fait que Jasper était si proche d'elle à cet instant.
—Bon, eh bien, nous avons encore des achats à faire. Cela m'a fait plaisir de te voir, et je suis ravie de te savoir en pleine forme, Viktor. Prends soin de toi.
Alors que la jeune femme se retournait pour partir, son poignet fut retenu, et elle tourna la tête pour apercevoir Viktor qui la fixait droit dans les yeux. Hermione haussa un sourcil interrogateur en voyant Viktor arborer un sourire.
—Tu ne m'as pas répondu, Mila. Pourrions-nous dîner ensemble cette semaine?
—Oh. Désolée, bien sûr, envoie-moi un hibou pour me préciser le jour, l'heure et l'endroit.
Hermione se dégagea doucement de la poigne du jeune sorcier et lui fit un signe de la main en quittant la boutique, accompagnée par Jasper. Aucun des deux ne parla, chacun étant perdu dans ses pensées. Hermione entra dans plusieurs boutiques, achetant ce dont elle avait besoin tout en recevant les remerciements des sorciers présents pour son rôle dans la guerre.
Quand la jeune femme eut terminé ses achats, elle tendit la main et la posa sur le bras de Jasper, avant de transplaner au Terrier. À peine arrivée, alors qu'elle s'apprêtait à repartir, Jasper se plaça devant elle, la forçant à s'arrêter brusquement, ce qui la fit hausser les sourcils de surprise.
Tous deux se fixèrent sans prononcer un mot, et encore une fois, la magie d'Hermione pulsa dans ses veines. L'envie de tendre la main vers le vampire la prit avant qu'elle ne se reprenne. Cependant, Hermione afficha un visage neutre, se forçant à ne rien ressentir ni penser à cet instant. Jasper plissa les yeux en réponse.
Le vampire atteignait les limites de sa patience. Voir sa compagne si proche d'un autre homme, être invitée ainsi et surtout, se sentir rejeté, le rendait furieux. Son propre côté vampirique réagissait mal; il voulait Hermione, il voulait la marquer. À cet instant, Jasper devait puiser dans toutes ses ressources pour se contrôler et s'empêcher d'attraper la jeune femme, de la prendre dans ses bras, et de courir s'enfermer dans une pièce pour la ravir.
—Est-ce qu'il y a un problème? demanda doucement Hermione.
Jasper, bien que cela ne soit pas nécessaire, prit une profonde inspiration et passa une main dans ses cheveux, les ébouriffant légèrement, attirant ainsi le regard de la jeune femme brune.
—Qui est-il?
Hermione pencha la tête, ne comprenant pas immédiatement, puis ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'elle réalisa soudain de quoi le vampire parlait.
—Viktor?
Jasper hocha la tête, tandis qu'Hermione mordilla sa lèvre avant de détourner son regard vers les champs qui entouraient la maison des Weasley.
—C'est un ami. Viktor est venu pour le Tournoi des Trois Sorciers quand j'avais quinze ans, et j'étais sa cavalière pour le bal de Noël. Après que la guerre a éclaté, nous avons gardé contact par lettres.
Jasper la croyait, mais il ressentait aussi qu'il y avait quelque chose de plus profond dans cette histoire, une complexité dans les sentiments qu'il percevait. Il avait confiance en sa compagne, comme tout compagnon devrait avoir confiance en sa partenaire. Pourtant, il ne pouvait réprimer la colère et le désespoir qui montaient en lui face à cette situation.
—Il y a plus que cela, n'est-ce pas?
—Non.
Cette fois, Jasper grogna doucement devant le mensonge évident de sa compagne. Avait-elle oublié qu'il pouvait ressentir les émotions? Avait-elle oublié qu'elle ne pouvait pas lui mentir? Et surtout, comment pouvait-elle tenter de lui mentir, alors que les compagnons ne pouvaient pas se tromper mutuellement?
—Ne me mens pas, Hermione, maugréa doucement Jasper.
Aussitôt, il comprit son erreur en voyant le changement d'attitude de sa compagne. Hermione plissa les yeux, releva la tête et redressa les épaules, son regard se fit plus sombre et perçant. Alors qu'il s'apprêtait à parler, elle le coupa froidement, laissant le vampire sans voix.
—Ce que je fais de ma vie ou ce que j'ai fait ne te concerne en aucun cas, Jasper Hale. Et ne me grogne plus jamais dessus, car crois-moi, tu comprendras pourquoi on m'appelle la sorcière la plus brillante de sa génération. Je t'assure que tu ne l'apprécieras pas. Maintenant, je te prie de me laisser tranquille, conclut froidement Hermione, le regard glacial.
À cet instant, quelque chose se brisa en lui. Son côté vampire prit le dessus en voyant sa compagne le combattre. Alors qu'elle s'apprêtait à le dépasser, Jasper la saisit brusquement par la taille et posa ses lèvres sur les siennes. Sans lui laisser le temps de réagir, il approfondit le baiser. Bien que la jeune femme se figea au début, elle se détendit rapidement et répondit à son étreinte.
Plus rien d'autre n'existait à cet instant. C'était comme si un soleil éclatant venait d'illuminer leur vie, redonnant vie à Jasper autant qu'à Hermione. Tout le reste perdait son importance: la douleur, la tristesse, la guerre… tout était oublié. Pour la première fois depuis des années, ils pouvaient affirmer qu'ils étaient enfin à leur place.
Jasper resserra son emprise sur Hermione tandis qu'elle se fondait dans son contact. Le vampire joua avec la langue de la jeune femme brune, la faisant soupirer de plaisir, ce qui le fit ronronner de satisfaction.
Lorsque la jeune femme eut besoin d'air, Jasper s'écarta doucement, laissant à peine un espace entre eux. À cet instant, il sut qu'il ne pourrait plus la laisser partir, qu'il ne pouvait plus faire semblant d'attendre qu'elle l'aime. Son vampire, tout comme lui, avait atteint un point de non-retour.
—Ne va pas à ce dîner, s'il te plaît. Si ce baiser a compté pour toi, ne retourne pas près de lui, murmura Jasper.
Essoufflée par leur baiser et le cœur battant à tout rompre, la magie d'Hermione chantait en elle. À cet instant, tout ce qu'elle désirait, c'était cet homme. Peu importait qu'il soit un vampire âgé de plus de cent ans, peu importait qu'il soit marié ou non. À cet instant, cet homme était tout ce qu'elle voulait, et maintenant qu'elle l'avait goûté, elle doutait de pouvoir le laisser partir.
—Pourquoi cela compte-t-il autant? chuchota-t-elle.
Tous deux murmuraient, collés l'un à l'autre, indifférents à ce qui les entourait. Seuls eux comptaient. Jasper sentit qu'il était temps de dire la vérité, de révéler tout ce qu'il cachait depuis le premier jour. Oui, il était temps de se dévoiler et d'assumer les conséquences.
—Parce que tu m'appartiens, tout comme je t'appartiens.
Un silence s'installa alors qu'Hermione, déconcertée par cet aveu, écarquilla les yeux avant de pencher doucement la tête.
—Que veux-tu dire? Demanda-t-elle.
—Tu es ma compagne, Hermione. Pourquoi penses-tu que je fais tout pour me rapprocher de toi depuis que je suis ici? Pourquoi crois-tu que je te touche autant. Jasper leva une main pour caresser la joue de la jeune femme. —Tu es à moi, et je ne veux que toi. Je donnerais mon immortalité pour toi, car tu as été créée pour moi. S'il te plaît, dis-moi que tu ressens quelque chose pour moi.
Hermione avait les yeux écarquillés et la bouche entrouverte sous le choc. Jamais elle n'aurait pensé que cet homme puisse être amoureux d'elle, et encore moins qu'elle puisse être la compagne d'un vampire.
Comment pouvait-elle être la compagne d'un vampire âgé de plus de cent ans? Comment pouvait-elle être l'âme sœur d'un homme qui avait sûrement appartenu à quelqu'un d'autre avant elle? Mais la vraie question était: pouvait-elle vraiment lui appartenir alors qu'elle n'était pas encore guérie? Comment pouvait-il l'aimer après seulement un mois? Était-ce dû au lien du compagnon? La jeune femme n'était pas naïve, elle comprenait parfaitement ce que signifiait le mot «Compagne». Elle avait travaillé suffisamment longtemps avec Remus pour savoir qu'être la compagne d'un loup-garou ou d'un vampire signifiait tout, c'était comme être l'âme sœur de quelqu'un, mais en bien plus profond.
La jeune femme brune ferma les yeux pendant un instant, inspira profondément, puis se mordilla la lèvre inférieure avant de détourner son regard de Jasper.
— J'ai besoin de temps. Je suis désolée, mais il me faut réfléchir, murmura-t-elle en reculant légèrement pour se soustraire au contact de Jasper.
— S'il te plaît, Hermione, ne me fuis pas. Je répondrai à toutes tes questions, mais je t'en supplie, ne me fuis pas, implora Jasper, désespéré en voyant sa compagne s'éloigner de lui.
Jasper savait qu'il avait l'air suppliant et désespéré, mais il ne parvenait pas à se contrôler. Voir Hermione reculer ainsi le faisait trembler de peur, tout comme son vampire intérieur.
Le jeune vampire comprenait que si Hermione le fuyait, toutes ses chances seraient perdues. Il savait qu'elle avait besoin de temps pour digérer l'information, mais il ressentait également toute la confusion, la peur et la tristesse qui habitaient la jeune femme. Alors qu'elle hocha doucement la tête et s'éloigna de lui, chaque pas qu'elle faisait le blessait profondément. Jasper dut rassembler toute sa volonté pour ne pas courir après elle et l'enfermer dans une pièce jusqu'à ce qu'elle accepte de lui parler.
Hermione sentait son cœur battre avec force dans sa poitrine, chaque pas qu'elle faisait pour s'éloigner du vampire lui donnait l'impression d'étouffer. Pourtant, elle avait besoin de prendre de la distance, besoin de s'éloigner pour pouvoir réfléchir clairement.
Arrivée dans sa chambre, elle lança un sort de silence avant de s'asseoir sur son lit. Elle ferma les yeux, suppliant son cœur de se calmer. La peur l'envahissait: la peur de ne pas pouvoir devenir celle que Jasper souhaitait, la peur de ne pas être à la hauteur. Après tout, cela ne faisait qu'un mois qu'elle parvenait à dormir sans souffrir chaque nuit.
Elle savait que Jasper représentait pour elle l'idéal, tant sur le plan physique que mental. Ils se complétaient parfaitement, et Jasper l'avait énormément aidée à progresser en l'espace d'un mois. Mais cela suffisait-il pour qu'elle envisage de passer sa vie avec lui?
Et quelle vie? Elle était humaine et elle finirait par mourir, tandis que lui était un vampire, immortel. Cela signifiait-il qu'il comptait la transformer? Était-elle prête à devenir une vampire et à voir tous ses proches mourir tandis qu'elle resterait en vie? Ses pouvoirs seraient-ils encore présents si elle devenait vampire? Tant de questions tourbillonnaient dans son esprit que la jeune femme dut fermer les yeux et compter lentement jusqu'à dix pour calmer la crise de panique qui menaçait de la submerger.
La journée passa rapidement. Harry et Ron étaient venus voir Hermione, et tous les trois avaient discuté ensemble. Cependant, Hermione n'évoqua pas une seule fois Jasper ou leur conversation, et si les garçons l'avaient remarqué, ils ne l'avaient jamais poussée à en parler. Au lieu de cela, les trois amis retrouvèrent leurs habitudes de Poudlard, parlant et riant de tout.
Lorsque l'heure du repas arriva, la jeune femme, accompagnée des deux jeunes hommes, descendit à table où tout le monde était déjà présent. Immédiatement, Hermione évita de croiser le regard de Jasper et s'installa entre Ron et Harry, tout en ignorant les regards échangés entre les trois vampires.
Le repas venait à peine de commencer depuis une trentaine de minutes quand des coups furent frappés à la porte. Molly alla immédiatement ouvrir, et lorsqu'elle revint, Hermione remarqua que tout le monde s'était tu, fixant un point derrière elle. Elle comprit aussitôt qu'il se passait quelque chose d'inhabituel.
En se retournant, elle écarquilla les yeux, son souffle se coupa. Devant elle se tenait Viktor, un bouquet de roses à la main, la fixant avec un sourire. Que faisait-il ici? Hermione ne comprenait pas et entendit un grognement sourd qui la fit tourner la tête vers la droite, où Jasper, le regard noir, fixait Viktor intensément.
Hermione sortit sa baguette et la garda en main tout en reportant son attention sur Viktor qui continuait de la fixer. Aucun des deux ne parla pendant quelques secondes, jusqu'à ce que le jeune Bulgare sourît et rigole doucement.
— Vas-y Mila, pose ta question de sécurité.
Hermione baissa un instant les yeux, se reprochant de réagir comme si elle était encore en guerre. Cependant, elle se reprit, releva la tête et, d'un geste assuré, pointa sa baguette sur le jeune homme, qui ne sembla pas s'en offusquer.
— Que s'est-il passé ce jour-là?
Viktor fit un pas en avant, tandis qu'elle resserrait sa prise sur sa baguette et que tous les regards se tournaient vers eux. Ron et Harry se placèrent derrière elle d'un seul mouvement, fixant le Bulgare, prêts à intervenir.
— Je t'ai emmenée à Pré-au-Lard et je t'ai invitée à dîner. Lorsque nous avons terminé, je t'ai proposé de voler avec moi et je t'ai dit que je t'aimais, puis je t'ai embrassée.
Hermione baissa sa baguette, son regard ne quittant pas celui de Viktor, qui lui tendait un bouquet de roses. La jeune femme le prit doucement et le remercia, mais elle sentait que l'atmosphère était lourde. Tous les regards étaient fixés sur eux, et elle commençait à se sentir mal à l'aise.
— Attends, j'ai dû rêver. Tu as emmené Hermione voler? s'exclama Ron.
Hermione tourna les yeux vers le roux et lui lança un regard noir qui le fit lever les mains en signe de capitulation.
— Tu ne peux pas me reprocher ma question, Mione. Toi, voler? Comment est-ce possible?
— La ferme, Ronald.
Viktor laissa échapper un rire, attirant de nouveau tous les regards sur lui, tandis qu'il s'approchait de la jeune femme brune.
— Elle a volé avec moi. Hermione est bien plus forte que ce que tout le monde pense, déclara Viktor en souriant, Mila, est-ce qu'on peut parler dehors, tous les deux?
Hermione se mordit la lèvre et sentit aussitôt un regard perçant sur elle. Elle comprit immédiatement de qui il venait. Jasper la fixait avec une telle intensité qu'elle aurait pu s'enflammer sous son regard. Pourtant, elle hocha doucement la tête.
— Il vaudrait mieux aller dehors ou ailleurs si tu ne veux pas qu'on nous entende, murmura-t-elle.
— Je n'ai rien à cacher, Mila. Je suis ici pour officiellement te faire la cour.
Aussitôt, plusieurs réactions se firent entendre. Les Weasley haletèrent, Molly laissa tomber sa cuillère en bois sous le choc, Ron et Harry devinrent blancs en tournant leurs regards vers Jasper. Isabella avait les yeux écarquillés, tandis qu'Edward fixait Viktor, les yeux plissés, n'appréciant pas que ce garçon s'approche de sa nouvelle sœur. Cependant, le pire fut d'entendre Jasper se lever à une vitesse fulgurante, grognant fortement. Immédiatement, Edward et Isabella se placèrent devant le vampire, et Isabella lui murmura quelque chose. Cependant, le regard noir du vampire ne quittait pas une seule fois Hermione et Viktor.
La jeune femme fut surprise de voir Jasper perdre son sang-froid et laisser ses émotions l'envahir. Depuis un mois, elle l'avait toujours vu garder un parfait contrôle de lui-même, mais en cet instant, il n'avait plus rien de l'homme calme qu'elle connaissait. Au contraire, il semblait sauvage. Pourtant, elle ne ressentait aucune peur à son égard. Alors qu'elle s'apprêtait à suivre Viktor, une vague de douleur envahit son cœur, la faisant haleter sous le choc. Instinctivement, elle chercha le regard de Jasper, qui fixa le sien. Ses yeux, redevenus dorés, étaient emplis de tristesse, et Hermione comprit que cette douleur venait de lui, pas d'elle.
Elle le regarda intensément, et tandis que tout le monde dans la pièce était agité par les paroles de Viktor, pour elle, seul Jasper comptait. Bien qu'elle ne sache toujours pas où elle en était, Hermione avait une certitude: jamais elle ne pourrait vouloir faire du mal à cet homme. Prenant une profonde inspiration, elle se redressa doucement.
Finalement, elle détourna les yeux de Jasper pour les poser sur Viktor, qui la fixait. Elle soupira.
— Je suis désolée, Viktor, dit-elle doucement.
— Mila…
— Je ne peux pas, continua-t-elle. Ce que je ressentais pour toi à quinze ans n'a plus rien à voir avec ce que je ressens aujourd'hui.
— Mila, s'il te plaît. Je peux te faire retomber amoureuse de moi. Nous pouvons retrouver le bonheur que nous avions avant que tu te lances tête baissée dans le danger avec Harry.
— Tu ne comprends pas, Viktor. Je n'ai pas couru après Harry, j'ai couru à ses côtés.
Un silence s'installa, tandis qu'elle sentait Harry lui prendre la main et la serrer doucement, en soutien. Beaucoup n'avaient pas compris la proximité qu'elle avait toujours eue avec lui, mais pour Hermione, Harry était comme un petit frère, et cela ne changerait jamais.
— C'est bien ça, le problème, Hermione, reprit Viktor. Tu t'es jetée dans le danger pour lui. Si tu avais accepté mon offre, tu serais restée avec moi en Bulgarie. Jamais tu n'aurais connu la torture, la faim et le danger! Mais tu as préféré suivre un garçon de quinze ans qui t'a constamment entraînée dans des situations périlleuses, s'énerva légèrement Viktor.
Un silence lourd de tension suivit ces paroles, et tous les regards se tournèrent vers Viktor, incrédules. Hermione se redressa légèrement, prête à répliquer, mais avant qu'elle ne puisse dire un mot, Viktor reprit, cette fois plus agité, brisant la dernière parcelle de patience de la jeune femme.
— Tu m'aimais, Hermione. Je t'aime. Si tu m'avais laissé faire, je t'aurais protégée. Mais non, tu as préféré un inconnu à moi. Et qu'est-ce que cela t'a apporté? La douleur, le chagrin, les larmes et la perte de tes parents. Parlons-en, de tes parents! Si tu avais accepté, je les aurais mis en sécurité. Au lieu de cela, tu les as oubliés, et jamais ils ne se souviendront de toi, Mila. Ne vois-tu pas tout ce que tu as sacrifié? Laisse-moi prendre soin de toi, laisse-moi t'aimer pour nous deux. Épouse-moi, et je te donnerai tout ce que tu désires.
Hermione, les yeux écarquillés par le choc, ne pouvait croire ce qu'elle venait d'entendre. Jamais elle n'aurait imaginé que Viktor puisse lui dire de telles choses. Serrant la mâchoire et les poings, elle sentit deux mains se poser sur ses épaules, ce qui fit plisser les yeux de Viktor.
— Et que dire de tes deux meilleurs amis? L'un, qui ne sait jamais quand se taire et qui te rabaisse constamment. Il ne serait plus en vie sans toi, et pourtant, il t'a traitée comme une moins que rien. Quant à l'autre, il préfère Weasley à toi, celle qui a tout fait pour lui… Personne ne t'a jamais vraiment vue, Hermione, sauf moi. J'étais là pour toi, je t'ai donné mon cœur dès le premier regard. Je t'en supplie, Mila, viens avec moi.
La jeune sorcière déglutit doucement, tandis que tous étaient sous le choc d'entendre les paroles de Viktor. Jamais le jeune Bulgare n'avait parlé aussi sèchement, surtout à Hermione. À cet instant, la jeune brune serra les poings et la mâchoire, puis lança un regard noir à Viktor. Ce dernier, réalisant soudain la portée de ses mots, baissa les yeux. Cependant, il n'eut pas le temps de s'excuser, car Hermione prit la parole, sa voix glaciale.
— Tu savais que je suivrais Harry envers et contre tout, dès notre première rencontre. Je ne t'ai jamais menti lorsque je t'ai dit qu'Harry passerait avant tout. Tu viens ici pour me demander quelque chose que je ne peux t'accorder, car mes sentiments ont changé. Pourtant, tu insistes et te permets de juger mes frères et mes actions. Cela ne fonctionne pas comme ça, Viktor.
Hermione ferma les yeux un instant, puis les rouvrit pour plonger son regard dans celui du jeune homme.
— Je ne t'aime plus, du moins pas comme tu le souhaiterais. Je tiens à toi, tu es un ami cher, Viktor, mais cela n'ira jamais plus loin. La guerre m'a changée, elle a transformé mes envies et mon esprit. Je suis désolée si ce n'est pas ce que tu espérais, mais c'est ainsi. Soit tu acceptes et notre amitié restera intacte, soit tu refuses, et je perdrai un ami précieux.
Un silence lourd s'installa dans la pièce alors que les deux jeunes se fixaient du regard. Après quelques minutes, Viktor baissa les épaules et la tête, puis acquiesça doucement avant de se retourner et de quitter la maison en silence.
Hermione sentit sa gorge se nouer et des larmes monter à ses yeux. Chaque mot de Viktor avait ravivé ses erreurs et sa douleur. Lentement, elle s'écarta de Ron et Harry et se dirigea vers sa chambre.
— Je suis désolée, je suis assez fatiguée… Je vais aller me reposer, dit-elle.
Sans laisser à personne le temps de répondre, elle monta les escaliers. Lorsqu'elle arriva devant sa porte, elle sentit un courant d'air froid et une présence. La jeune femme ferma les yeux un instant, puis soupira doucement en les rouvrant.
— Jasper, ce n'est pas le moment.
— S'il te plaît, jolie petite sorcière, pouvons-nous discuter?
Hermione se mordilla la lèvre avant d'ouvrir la porte de sa chambre, laissant celle-ci entrouverte en guise d'invitation.
Lorsque Jasper entra dans la chambre, il ferma la porte derrière lui et leva les yeux vers sa magnifique compagne assise sur le lit. Elle semblait épuisée, tant moralement que physiquement. Pendant un bref instant, le vampire se demanda s'il était judicieux de discuter avec elle ce soir-là. Cependant, il savait qu'il ne pouvait pas se permettre de retarder leur conversation. Plus le temps passait, plus l'incertitude quant aux sentiments de sa jolie sorcière vis-à-vis de leur lien le rendait fou.
Doucement, il s'approcha d'elle et s'agenouilla devant elle, relevant délicatement son menton pour plonger son regard dans le sien. Leurs liens se firent alors ressentir, et, l'espace d'une seconde, Jasper savourait ce moment de plénitude et de calme.
— Ma jolie sorcière…
Hermione fixa le regard doré du vampire, sentant sa magie vibrer dans ses veines. Encore une fois, elle se sentait plus calme et sereine, comme si la simple présence de cet homme la protégeait de tout. La jeune femme comprit que cela venait du lien entre compagnons que Jasper lui avait décrit, et pourtant, quelque chose lui semblait étrange à cet instant.
— Que veux-tu, Jasper? murmura-t-elle.
— Toi. Je veux que tu me laisses t'aimer, que tu me donnes la chance de te faire m'aimer. Mais surtout, que tu me permettes de prendre soin de toi.
Hermione sentit son cœur manquer un battement. Elle ferma doucement les yeux, savourant la caresse de Jasper sur sa joue. Lorsqu'elle rouvrit les yeux pour le fixer, sa bouche s'ouvrit d'elle-même, laissant échapper une question avant même qu'elle ait pu y réfléchir.
— Et ta femme?
À cet instant, Hermione fronça les sourcils en voyant Jasper écarquiller les yeux et reculer loin d'elle, comme si elle venait de lui jeter un sort. Sa bouche s'ouvrit et se referma trois fois avant qu'il ne parvienne enfin à la fixer, son regard complètement ahuri.
— De quoi parles-tu?
— De ta femme, Jasper. Je t'ai entendu discuter avec elle au téléphone quand nous étions à Londres le mois dernier.
Jasper la fixa, les yeux ronds, ne comprenant pas ce que sa compagne insinuait. Puis, son visage se plissa tandis que l'information faisait enfin son chemin dans son esprit. Ses yeux s'ouvrirent en grand, et un rire s'échappa de ses lèvres, ce qui fit plisser les yeux de sa jolie sorcière. Immédiatement, il leva les mains en signe de paix.
— Je ne me moque pas de toi, ma jolie sorcière. Je viens juste de comprendre pourquoi tu me repousses.
—Bien sûr, Jasper, je ne suis pas une petite fille naïve. Je ne sais pas ce que tu attends de moi, mais jamais je ne permettrai à un homme de jouer avec mes sentiments, dit Hermione d'une voix glaciale.
Aussitôt, Jasper se mit à genoux devant elle, saisissant ses mains tout en la fixant intensément. À travers ce regard, il la laissa entrevoir toute la profondeur de ses sentiments. Un instant, il laissa son don s'ouvrir, et toutes ses émotions se déversèrent vers elle, la faisant haleter face à l'intensité des sentiments qu'il éprouvait pour elle.
— Jouer avec toi? Jamais, Hermione. Tu es ma compagne, mon âme sœur, ma moitié. Je préférerais mourir plutôt que de te faire du mal, déclara Jasper d'une voix ferme. Écoute-moi bien, ma jolie sorcière. La femme au téléphone, c'était Alice, ma sœur. Je suis incapable de te blesser. Je suis complètement fou de toi, et aucune autre femme ne comptera jamais.
Hermione sentit son souffle se couper en entendant les paroles et percevant les émotions de Jasper. Jamais auparavant elle n'avait ressenti quelque chose de tel pour quelqu'un, surtout pas à son égard. Elle retira sa main de celle de Jasper et la posa doucement sur la joue de l'homme, qui ferma les yeux à son contact.
— Je suis humaine, Jasper, et sorcière.
— Je le sais, et c'est ce que j'aime le plus chez toi, ma jolie sorcière, répondit Jasper en rouvrant les yeux.
— Je ne suis pas sûre de vouloir devenir comme toi, je ne pense pas être assez forte pour voir mourir mes proches les uns après les autres. Merlin, je ne sais même pas ce que c'est que d'être une compagne, dit doucement Hermione, la voix rauque alors que des larmes lui montaient aux yeux.
Jasper posa délicatement sa main sur la joue de la jeune femme et lui sourit tendrement. Il comprenait enfin pourquoi sa compagne le tenait à distance, pourquoi elle ne lui rendait pas ses sentiments. Pour tout vampire, rencontrer sa compagne était un moment extraordinaire, personne d'autre ne pouvait les compléter, sauf leur moitié.
Alors, voir sa jolie sorcière l'ignorer et repousser son amour avait été une épreuve difficile pour lui, lui qui ne désirait qu'une seule chose. Sa compagne vivait un tourbillon émotionnel depuis un mois.
—Chérie, tu es déjà ma compagne, tu n'as rien à changer. Il te suffit d'être toi-même et de m'aimer. Le reste, c'est à moi de m'en occuper. Tout ce que j'ai toujours désiré, c'est toi. Tout ce que je veux, c'est t'aimer librement et te rendre heureuse.
Hermione plongea son regard noisette dans les yeux dorés du vampire avant de prendre une profonde inspiration. Lorsqu'elle finit par libérer ses sentiments envers le blond, celui-ci ronronna en percevant les émotions de la brune. Ressentir enfin ce qu'elle lui avait longtemps caché lui fit un bien immense. Il ferma les yeux et se pencha vers elle, collant son front au sien, savourant toutes les émotions qui les traversaient.
—Je t'aime, Hermione. Je t'aime plus que mon immortalité, chuchota Jasper, submergé par l'émotion.
Oh, ils savaient tous deux qu'ils n'en avaient pas fini de discuter de leur lien ni du fait qu'ils vivaient dans des mondes différents. Cependant, à cet instant, rien d'autre ne comptait que leur amour et leurs sentiments partagés.
