Elsa avait eu l'agréable surprise de se réveiller dans la chaleureuse étreinte de Scarlett. Elle avait hésité à rester dans ce doux cocon, mais s'étant retenue de justesse de rire en apercevant le filet de bave s'échappant de la bouche de sa comparse, elle avait préféré s'éloigner pour ne pas la réveiller.
Elle s'était donc écartée du campement, assise du côté du cours d'eau à proximité, elle savourait la fraîcheur de l'onde sur ses jambes. Le regard dans le vide, le remord qui l'avait assaillie toute la journée de la veille, revint la hanter. Tout avait échappé à son contrôle si facilement. D'abord la magie involontaire qu'elle avait déployée puis ce désir sauvage de posséder Scarlett... Elle ferma les yeux honteuse du sens que prenait ses réflexions. Cependant ce qui la troublait plus que tout était cette certitude, irrationnellement ancrée au plus profond d'elle-même, qu'il était dans l'ordre des choses que Scarlett soit sienne. Scarlett lui avait avoué qu'en tant que louve, elle savait reconnaître son âme sœur, se pouvait-il, d'une façon ou d'une autre, qu'elle aussi? Elle n'était pas louve, mais une elfe, comme elle, en communion avec la nature pourrait peut-être être sensible aux choses de ce genre, non? Ceci dit cela n'excusait en aucun cas ses actes, quand bien même Scarlett ne semblait pas lui en tenir rigueur.
Scarlett papillonna des paupières, elles semblaient peser dix fois leur poids d'origine tout comme le reste de son corps qui lui rappela la trop longue séance spirituelle de la veille. Elle eut un pincement au cœur de ne plus sentir Elsa à ses côtés. Elle se concentra quelques secondes, remonta le long de ce lien ténu qui existait maintenant entre elles. Elle sourit au bonheur de pouvoir localiser sa partenaire, aussi effrayant que cela serait aux yeux d'Elsa lorsqu'elle l'apprendrait.
Graham remua légèrement, tirant la femme-louve de ses pensées. Elle serra les dents et se leva silencieusement afin de rejoindre l'elfe.
Le trajet n'était pas long, mais il lui sembla encore bien trop court. Elle avait beau tourner les choses dans tous les sens dans son esprit, elle ne trouvait pas de moyen plus doux qu'un autre d'amener la conversation là ou elle le désirait.
Elle s'approcha d'Elsa, se forçant à faire un peu de bruit pour lui signaler son arrivée. Lorsqu'elle pris place près d'elle, cette dernière ferma les poings et ses épaules se crispèrent. A croire que sa propre nervosité était contagieuse.
Ce que je t'ai fait l'autre nuit est inexcusable, soupira Elsa la gorge nouée.
Scarlett, surprise, tourna vivement la tête vers sa voisine.
Je te l'ai déjà dit: rien de tout cela ne serait arrivé si je ne t'avais pas bondit dessus et terrorisée comme jamais. Alors si l'une de nous deux doit s'excuser ça serait plutôt à moi de le faire tu ne crois pas?
Tu n'as pas à te sentir coupable, c'est toi la victime de… J'ai… J'ai abusé de toi, comme Tilion a
Non! S'exclama Scarlett révoltée.
Elle lui saisit le menton pour relever son visage vers elle. Elle voyait ses yeux embués de larmes.
Non Elsa. Non. Il ne s'est rien passé qui soit comparable à ce que ce monstre a pu te faire et tu le sais, insista Scarlett appuyant ses propos par un regard franc, j'aurais pu facilement me dégager de ton emprise.
Elsa arqua un sourcil peu convaincue.
Bon peut-être pas si aisément que ça, en convint la femme-louve un sourire en coin, mais j'ai, je… j'avais … envie de toi, avoua-t-elle en baissant la tête et en se frottant nerveusement les mains sur ses cuisses.
Des flash s'imposèrent à l'esprit d'Elsa: des mouvements lascifs, des gémissements de plaisir, l'excitation commune, la peau délicate offerte à sa morsure. Comment était-elle passée à côté? Son regard dévia à l'endroit où elle l'avait mordue. En ressentant une pointe de désir lui vriller le bas-ventre, elle ne pu se retenir de passer sa langue sur ses lèvres. Deux orbes dorés la contemplaient, électrisant l'atmosphère autour d'elles. Elle n'était pas la seule à repenser à leur ébat apparemment. Elle s'empourpra instantanément à ce simple constat.
Il n'y a pas cadeau plus précieux que l'âme sœur, repris la guerrière d'une voix rauque, je suis incapable de te repousser Elsa, si tu ne souhaites pas ce genre de… de relation entre nous, il faut que je le sache, des choses devront changer.
Lesquelles?
Tu ne devras ne plus accepter de nourriture de ma part, ne plus dormir à mes côtés, refuser que je prenne soin de toi. Tu devras te débarrasser quotidiennement de mon odeur, et surtout, si possible, t'abstenir de tout désir pour moi comme… à l'instant, énuméra Scarlett la gorge serrée.
Elsa passa du léger rougissement au cramoisi total tandis que sa voix intérieure s'opposait vigoureusement aux propos de la guerrière. C'est à ses côtés qu'elle se sentait forte, confiante, plus à même à s'adapter à sa nouvelle vie quoi qu'elle puisse devenir. Devait-elle réellement prendre ses distances? Se montrait-elle trop envahissante? Pouvait-elle sortir Scarlett de sa vie? Son cœur se serra en y songeant. Ce n'était pas de la peur, non, il lui était juste inconcevable de ne plus l'avoir dans sa vie.
Peut-être… Peut-être devrais-tu simplement m'apprendre à ne pas attiser ta part animale, susurra l'elfe en déglutissant difficilement.
Ses yeux étaient remontés se poser sur la bouche terriblement tentante de Scarlett.
Tout ce que je viens d'énumérer en fait partie. Sache qu'il n'y a rien que ma part humaine ne désire autant que ma part animale. C'est juste que l'une est parfois plus incontrôlable que l'autre, concéda Scarlett dans un sourire sans joie.
Alors… Pourquoi as-tu perdu pied ? Demanda Elsa se ressaisissant.
Scarlett pris une grande inspiration et faillit s'étouffer avec sa propre salive quand l'odeur alléchante du désir de l'elfe lui remplie les narines. Elle serra fermement ses poings, et secoua la tête afin de chasser les idées peu chastes qui emplissaient ses pensées. Faisant preuve de retenue, elle se recentra sur l'importance de leur conversation.
Ressentir ta fragilité, ta douleur a exacerbé mon besoin irrépréhensible d'alpha à te protéger. Ta peur, ta fuite m'ont incitée à agir, expliqua la guerrière en jetant de nerveux coups d'œil à l'elfe, te percevant comme ma compagne te marquer c'est te placer sous ma protection et la meilleure façon de s'y prendre c'est de partager une connexion très puissante et donc… intime, ajouta-t-elle en se raclant la gorge.
Les mots firent leur chemin dans l'esprit d'Elsa et la percutèrent de plein fouet, lui tordant le ventre d'appréhension. Une part d'elle réclamait à corps et à cri ce dont Scarlett parlait. Elle rougit de nouveau jusqu'à la pointe de ses oreilles.
Qu'aurais-je dû faire ?
Garder ton calme, contrôler au maximum ta peur, me parler avec douceur, éviter les gestes brusques, ne pas me regarder dans les yeux et en aucun cas prendre la fuite.
Si les choses venaient à déraper une fois encore je serais prête, plaisanta Elsa pour détendre l'atmosphère en donnant un léger coup d'épaule et un clin d'œil complice à la guerrière.
Mais cette dernière resta sérieuse et il sembla à l'elfe qu'elle pâlissait même quelque peu.
Il y a autre chose que je devrais savoir ?
Tu m'as mordue.
Oui... Je ne comprends toujours pas ce qu'il m'a prise. J'étais dans un tel état d'euphorie magique, je ne savais pas quoi faire de tout ce pouvoir. Te mordre m'est apparu comme LA solution. J'ai compris que chez les loups c'était un acte important… Mais ma magie n'a pas pu altérer quoique ce soi entre nous n'est-ce pas? Je veux dire, je ne t'ai pas réduite en une sorte d'esclave ou de familier, si ? S'alarma Elsa soudain épouvantée par les probables conséquences qui lui venaient en tête.
Elle se redressa soudainement fébrile, faisant les cent pas, tâchant de se remémorer en détail ce qu'elle avait pu faire. Il y avait bien eu ce genre d'instinct qui l'avait poussée à mordre, lui intimant de faire sienne Scarlett. Et que penser de ce sentiment de contentement profond quand ce fut fait, éteignant ainsi la fureur de sa magie?
La guerrière la saisit par les épaules, la maintenant face à elle. Leurs regards se croisaient, s'évitaient, pour mieux se retrouver. Elsa posa tendrement sa main sur la joue de la femme-louve, cette dernière soupira d'aise en se frottant tout contre.
Par les quatre Scarlett, que t'ai-je fais ? Demanda-t-elle d'un ton grave.
Assieds-toi, souffla Scarlett.
Elsa eu un instant d'hésitation, la tension en elle était à son comble. Mais elle se résigna à s'installer sur la berge aux côtés de Scarlett.
SESESESESESESESESESESESESESESESESE
Il existe certain métamorphes qui, lors de leur maturité, ne parviennent pas à changer physiquement de forme. Pour éviter que cela ne leur soit fatal, le guide spirituel de la meute intervient en se projetant dans le monde astral. De là, grâce au pouvoir de la meute, il peut accompagner le métamorphe et l'aider sur ce qui interrompt la transition dans un sens comme dans l'autre.
Où veux-tu en venir?
J'ai été l'apprentie de notre chaman pendant quelques temps, assez en tout cas pour connaître les rouages de ce pouvoir. J'ai voyagé sur le plan astral, la nuit dernière, commença Scarlett, quelqu'un a apposé une sorte de... verrou magique. Un glyphe elfique bloque l'émergence de ton animal, termina-t-elle en scrutant la moindre des réactions de l'elfe.
Cette dernière était complètement abasourdie. Elle ne savait pas si elle devait rire ou pleurer. Avait-elle bien compris? L'émergence de son animal? Elle était louve? Cela pouvait expliquer certaines choses mais comment était-ce seulement possible?
Elle se frotta le visage avant de ricaner convulsivement.
Le sort semble imprégné de... de bon sentiment si l'on peut dire ainsi. Une sorte de protection bienveillante. C'est difficile à décrire cela avec des mots.
Me priver d'une partie de moi n'a rien d'un acte charitable, s'agaça Elsa prise dans une tourmente intérieure.
Je n'ai pas passé beaucoup de temps parmi les elfes, mais le peu que j'en ai vu n'avait rien de très plaisant. Surtout pour ceux jugés comme impurs.
Elsa pouvait lui accorder cela. Elle avait comme une sensation de chaud-froid en elle. Prise de tremblements, elle voulu occuper ses mains avec sa chevelure comme elle en avait toujours eu l'habitude, avant de se souvenir qu'elle les avait courts désormais. Allait-elle finir complètement hystérique?
Scarlett soupira, elle n'amenait pas les choses de la bonne manière et ne souhaitait certainement pas créer un malaise avec Elsa.
Imagine un instant que ta véritable nature ainsi que ta puissance aient été révélées, t'auraient-ils seulement laissée vivre ? Reprit-elle plus prudente.
Elsa réfléchissait à toute vitesse. Il est certain que si elle était si puissante que ça, elle aurait été éliminée. Par les mains de la reine en personne, il n'y avait aucun doute là-dessus. Il n'y avait pas grand monde à sa connaissance qui soit capable d'apposer un tel sortilège sans que cela passe inaperçu. Elle n'avait aucune information concernant son père, qui, si tout cela était vrai était un homme-loup, donc la magie elfique lui était inconnue. Wilwarin. Wilwarin avait été présent lors de sa naissance. Il lui avait révélé que sa mère était morte en couches. Il lui paraissait peu probable qu'elle ait eu le temps et l'énergie d'effectuer un tel acte.
Wilwarin donc.
Mais pourquoi? Cela n'avait pas de sens. Pourquoi prendre le risque de la protéger elle? Quand allait-il seulement lui en parler? En avait-il eu seulement l'attention? Il fallait qu'elle retourne à Afhalone et qu'elle discute avec le sorcier pour en apprendre davantage. Ce qui n'était pas du tout à l'ordre du jour. Elle avait pourtant tellement besoin de réponse.
Je t'ai vue tu sais, dit Scarlett en souriant, interrompant par là le flot de pensées qui submergeait Elsa.
Pardon?
Sous ta forme lupine, tu es magnifique, majestueuse, d'un doux pelage blanc, si l'on fait le recoupement avec tes pouvoirs émergents, je peux affirmer qu'il s'agit d'une louve des glaces, répondit la guerrière.
Mais… ils ont été exterminés lors de la Grande Guerre, murmura l'elfe de plus en plus perplexe.
Peut-être que l'un d'entre eux a survécu assez longtemps pour… eh bien ma foi se reproduire.
Les relations extra-raciales n'ont jamais été vues d'un bon œil.
L'amour n'a pas de loi Elsa, déclara Scarlett dans un sourire timide.
L'elfe se perdit un instant dans le regard confiant et emplit de tendresse posé sur elle. La guerrière avait le don de chasser sa morosité et réchauffer son cœur. Ses yeux se détournèrent à peine une seconde sur la bouche de Scarlett. L'envie était toujours là, forte, chauffant son sang. Elle se souvint de leur douceur et voulait goûter à nouveau à leur saveur si particulière. Elle était sienne non?
Elle eu un léger mouvement de recul, de nouveau surprise par la tournure de ses réflexions. La beauté de la guerrière ne lui sauta pas moins aux yeux tout comme son désir brûlant de la toucher. Cette dualité en elle, cette voix, ces pulsions, étaient-elles dues à sa part animale ?
Si, si le sceau est là pour contenir ma nature louve, se reprit-elle, comment cela se fait-il que je puisse avoir recours à sa magie et comment… ai-je pu te marquer ? Parce que je t'ai marquée n'est-ce pas? Demanda-t-elle pour fuir ses pensées peu chastes grâce à sa culpabilité.
Le sigle était comme en partie délité, peut-être qu'il perd de son efficacité. Je vais paraître présomptueuse, mais il se peut que ta louve m'ait reconnue en tant qu'âme sœur et qu'elle gagne en force. Ce qui expliquerait entre autre que tu sois parvenue à me marquer.
Ces explications bien qu'elles paraissent quelques peu insensées, faisaient écho en Elsa. Elle avait cependant la sensation que son cerveau allait se briser en mille morceaux, tiraillé en tous sens à force de questionnements, de suppositions et de pulsions.
J'ai conscience que cela fait beaucoup de choses à assimiler, et à... accepter. Saches que je respecterai tes décisions quelles qu'elles soient, la rassura Scarlett écartant, étouffant son amour, son désir, ses instincts.
Elsa grinça des dents lorsqu'elle perçu distinctement la fêlure dans la voix de la guerrière. Qu'elle puisse sous entendre l'idée d'une quelconque séparation l'apeurait et la révoltait. N'avait-elle donc pas compris? Elle l'avait revendiquée, faite sienne, cela ne comptait-il donc pas à ses yeux? Avant même qu'elle ne puisse contrôler quoi que ce soit, elle se retrouva à genoux au-dessus de Scarlett et posait sa bouche sur la sienne.
Un bras puissant s'enroula tendrement autour de ses hanches puis un second remonta dans son dos confortant son action dans un frisson d'anticipation. Elle était en sécurité, à sa juste place. Elle quémanda davantage du bout de la langue et la guerrière lui céda dans un grondement de satisfaction. L'elfe passa ses mains derrière la nuque de Scarlett de manière possessive, approfondissant leur baiser, se blottissant davantage contre ce corps brûlant. Elle devait lui rappeler qu'elles s'appartenaient, qu'évoquer une séparation était inacceptable et blessant. Elle lui mordit sournoisement la lèvre inférieure.
Le goût métallique du sang dans sa bouche fut comme un rappel lui éclaircissant soudainement l'esprit. Elle se redressa comme un ressort, s'arrachant brutalement à l'étreinte partagée alors qu'une part d'elle-même s'insurgeait contre cette rébellion.
Désolée… Je suis désolée, s'excusa-t-elle gênée, passant nerveusement une main sur sa nuque.
Bien qu'un peu désarçonnée par ce qu'il venait de se produire, Scarlett se leva à son tour, se molestant intérieurement pour sa faiblesse. Elle avait clairement conscience que l'elfe perdait pied, elle percevait la confusion dans son regard, dans sa posture. Elle se jura de faire le nécessaire pour leur bien.
Elsa, tu vas encore perdre le contrôle plusieurs fois, surtout dans les périodes de pleine lune. C'est quelque chose de tout à fait normal, il ne faut pas que tu te laisses submerger par la panique sinon cela va empirer les choses.
Elsa releva la tête faisant face à la guerrière qui l'observait de ses yeux flamboyants, passant la pointe de sa langue sur sa meurtrissure. L'elfe eu le flash de cette même langue sur son propre corps, ce qui lui échauffa instantanément les joues. Elle ne comprenait pas ce qu'il lui arrivait. L'air concerné et la tendresse dont faisaient preuve Scarlett exacerbaient son désir pour elle. Était-ce l'évocation de leurs sentiments ? De sa véritable nature ? La peur de son émergence ? La crainte que la guerrière l'abandonne ? La terreur de tout cela en même temps ? Elle avait une impression de chaos infini en elle.
Une force impressionnante cognait en elle. C'était sa louve ! C'était elle qui lui avait martelé l'esprit afin de marquer Scarlett, l'exultation quand elle s'était exécutée n'avait pas eu son pareil. A cette pensée, l'influence de sa part animale l'enflamma. Les mâchoires crispées, l'elfe grogna et serra les poings sous l'effort fournit pour ne pas bondir sur la guerrière, lui ôter ses vêtements et la revendiquer de nouveau.
Je ne sais pas exactement ce qu'il se passe dans ta tête, mais lutter est un rapport de force qui est, dans notre nature, rarement gagnant. Il te faut trouver un certain équilibre, faire preuve de concession, lui apprit la femme-louve avec douceur en se gardant bien de la toucher.
Si elle n'était pas au bord de la rupture Elsa en aurait ri. Elle regarda Scarlett dont les yeux avaient retrouvé leur chaleur noisette réconfortante. Elle semblait confiante et l'encourageait d'un sourire franc. Une question de concession avait-elle dit? L'elfe fit un pas vers elle, puis un autre et vint se blottir contre elle, la serrant dans une étreinte désespérée. Le corps chaud, l'odeur de Scarlett, percevoir les battements de son cœur, être entourée de son amour la combla au point où la pression qui menaçait de la rendre folle disparu. Elle avait un animal en elle. Non. Elle était cet animal. Elle fondit en larmes.
Scarlett tenait de nouveau l'elfe dans ses bras. Elle plongea une main dans les courts cheveux blancs d'Elsa, et lui massa le cuir chevelu, en lui murmurant des paroles apaisantes, jusqu'à ce qu'elle se détende. Elle avait bien compris que les révélations faites avaient perturbé, plus qu'il n'était nécessaire, le monde déjà fragile de l'elfe. Il y avait tant d'interrogations, d'incertitudes, et si peu de réponse. Cela n'arrangeait pas les choses, mais elles avaient à faire avant de partir en quête de vérité.
Si, comme elle le supposait, la rune protectrice perdait de son affluence, alors les crises de ce genre allaient se multiplier. La louve était avide de liberté après tant d'années muselée. Mais son émergence ne devait pas se faire au détriment de la santé mentale d'Elsa. Scarlett devait la préparer au mieux pour faire face à tout cela, c'était son rôle.
SESESESESESESESESESESESESESESESESE
Scarlett essayait de lui enseigner l'accès au plan astral mais rien y faisait. Les battements de son cœur étaient trop rapides et résonnaient fortement dans sa poitrine, le sang pulsait jusque dans ses tempes menaçant de déclencher un mal de crâne d'ici peu. Ses mains étaient moites et elle ne parvenait pas à ralentir sa respiration. Elle savait que c'était l'exact l'opposé de ce qui était escompté. Elle avait maintes fois méditer auparavant, mais l'angoisse de perdre le contrôle, surtout dans un monde ou elle en aurait si peu, la bloquait. Ses pensées partaient dans tous les sens et embrouillaient son esprit alors qu'elle devait faire abstraction de ce qui l'entourait. Cette énième échec accentuait sa frustration déjà grande.
La guerrière assise en tailleur en face de son élève, ouvrit un œil puis l'autre en constatant que la méthode employée ne menait encore une fois à rien.
Si tu continues comme ça tu vas nous refaire une crise de panique Elsa.
Je n'y arrive pas, geignit cette dernière au bord des larmes, complètement découragée.
Scarlett se leva pour la rejoindre, elle lui fit signe de s'avancer un peu afin de s'asseoir derrière elle. D'une de ses poches, elle sortit un flacon qu'elle déboucha.
Ouvre la bouche et lève la langue. Tu laisses fondre.
Elsa s'exécuta et grimaça au goût infecte lui saturant les papilles.
C'est de l'huile de chanvre. Je sais: ce n'est pas bon. Laisse les muqueuses absorber le produit.
Le fait de se savoir droguée et de ne plus avoir la main sur ses émotions et actes rendit Elsa d'autant plus nerveuse. Elle focalisa alors toute son attention sur la guerrière. Sentir son souffle chaud lui chatouiller la nuque lui donnait terriblement envie de se coller à elle et de l'inciter à passer ses bras autour d'elle. Mais elle n'osait pas craignant de se laisser déborder. Elles patientèrent quelques minutes qui parurent à l'elfe une éternité.
Est-ce que… Lorsque tu… Avec Tilion lorsqu'il… enfin tu vois quand
Quand lui et ses connaissances abusaient de moi? termina Elsa crispée.
Oui, murmura Scarlett, est-ce que tu restais présente? Je veux dire est-ce qu'il t'arrivait de te dissocier de ton corps pour te réfugier ailleurs ?
Je… Bien souvent j'étais absente mais je ne sais pas vraiment où j'étais?
Parce que c'est ce genre d'état-là dont j'aimerai que tu te rapproches.
Elsa pris une grande inspiration avant d'expirer longuement pour évacuer la tension qui menaçait de la tétanisée.
Je comprends que pour toi c'était la réponse à une situation de terreur et de violence. Mais tu es en sécurité. Je veille sur toi, lui susurra à l'oreille la guerrière tout en la ceinturant tendrement d'un bras, posant une main sur le ventre de l'elfe et la seconde sur sa cuisse.
Si au premier abord Elsa se tendit, elle fini par se lover tout contre Scarlett en soupirant d'aise aussi discrètement que possible. Le compromis non l'affrontement.
Parle-moi Elsa, que redoute-tu tant que ça ?
L'elfe resta silencieuse un instant et la guerrière ne la brusqua pas, elle savait que du temps lui était nécessaire.
Je n'ai aucun contrôle sur ma vie. Mon destin semble déjà tout tracé et je ne fais que le subir. J'ai horreur de cela... Cette part animale accentue cette impression, surtout lorsqu'elle prend le dessus et me fait faire n'importe quoi.
Elsa, tu as toujours le choix tu sais. Tu peux très bien retourner auprès des elfes, renforcer ce sort qui muselle ta louve. Si c'est ce que tu veux, je ne te retiendrai pas, lui répondit Scarlett un peu plus abruptement qu'elle ne l'avait voulu.
L'idée même d'enchaîner une louve la révoltait, c'était quelque chose d'inconcevable, mais elle ne pouvait pas aller contre ce que déciderait Elsa.
Cette dernière discerna l'agacement chez la guerrière dont la posture c'était crispée. Elle-même était vexée. Après ce qu'il s'était passé à Afhalone, personne ne l'aiderait si elle repartait. Excepté peut-être Wilwarin, s'il était bien à l'origine du sceau et encore. La colère et l'amertume grondaient en elle lui embrouillant l'esprit. Rien de tout cela ne serait arrivé si Scarlett et Emma n'avaient pas interféré dans sa vie. Et en même temps ne l'avaient-elles pas libérée d'une emprise malsaine et destructrice ? Les larmes aux yeux, elle aurait aimé pouvoir lui faire face et lui exposer le fond de sa pensée, mais elle se sentit étrangement engourdie.
Je ne peux pas repartir… Ta faute, parvint-elle à prononcer maladroitement dans un sanglot étranglé alors que sa langue collait à son palais et que ses mâchoires s'ouvraient avec difficulté.
S'entendre accusée d'être à l'origine de ses tourments blessa Scarlett mais elle ne pouvait s'en défendre. Elle avait sa part de responsabilité et l'acceptait. Provoquer son chagrin l'attristait, intérieurement elle pleurait avec elle. Aurait-elle dû lutter de toutes ses forces contre ses instincts, ignorer son âme-sœur et poursuivre sa route ? Était-ce seulement possible? Le corps chaud s'alourdissait contre elle, l'huile faisait son effet. Pourtant Elsa s'agitait tentant de la repousser, mais les forces l'abandonnaient. La guerrière se ressaisit, elle devait garder l'esprit clair pour pouvoir la guider.
SESESESESESESESESESESESESESESESESE
Il régnait dans les environs une ambiance particulière. Elle ne percevait aucun bruit aux alentours, aucun oiseau ne piaillait, pas de ronflement de Graham pour perturber son repos. Le soleil ne semblait pas s'être levé pour réchauffer leur lieu de couchage. Elle n'était pas entourée de la chaleur habituellement douce et rassurante de Scarlett mais plutôt une certaine fraîcheur qu'elle associait à l'hiver.
Toutes ces sensations perturbantes la poussèrent à ouvrir les yeux. Elle fut étonnée de se trouver à la lisière d'une forêt de sapins. Encore plus surprise par sa vision perturbante. Elle secoua la tête afin de s'éclaircir les idées. Quelque chose clochait. Elle baissa alors les yeux et aperçu deux énormes pattes blanches de loup. Stupéfaite, elle chercha à se redresser mais son corps ne se mouvait pas comme elle s'y attendait: elle se retrouva sur son postérieur une fraction de seconde avant de basculer sur le flanc. Elle essaya d'appeler Scarlett, puis Graham mais tout ce qu'il sortit de sa bouche fut des jappements. Elle s'arrêta instantanément lorsqu'elle s'en rendit compte. Elle était vraiment devenue louve. Et où était donc Scarlett? Elle était sensée la guider. Elle parvint plus ou moins à se lever. Les pattes avant planter dans le sol, son train arrière toujours poser au sol. Elle observait autour d'elle, lorsqu'elle l'aperçue enfin.
La massive louve noire s'approchait d'elle avec lenteur, probablement pour ne pas l'effrayer. Le bonheur de la voir lui donna l'élan suffisant pour se mettre sur ses quatre pattes. Son équilibre était précaire, elle le sentait bien, aussi elle n'osa pas faire un seul pas. Cependant, Scarlett s'arrêta puis s'assit en l'observant.
Elsa compris que c'était à elle de la rejoindre, elle leva les yeux au ciel: tellement prévisible. Elle tenta d'avancer, mais à part donner des petits coups de tête vers l'avant le reste ne suivait pas.
Scarlett bailla à s'en décrocher la mâchoire avant de s'allonger. Elsa se donna un peu d'élan, fit un pas avant de s'effondrer lamentablement. Elle lança un regard noir sur son arrière train qui ne faisait que la gêner avant de se redresser maladroitement. Ses antérieurs toujours peu sûrs, elle parvint à faire deux petits pas avant de s'arrêter pour éviter la chute. Chancelante, elle vit Scarlett poser ses deux pattes sur ses yeux. Vexée, Elsa piaffa de mécontentement et s'élança oubliant toute prudence. Elle sentit son postérieur partir sur le côté, essayant de garder son équilibre, elle poussa d'un bond sur ses pattes supérieures pour se rétablir dans l'axe, mais elle ne fit que prendre de la vitesse et empirer les choses. Elle trébucha, effectua un roulé-boulé pour finir sa course folle sur la masse sombre et plutôt confortable qu'était Scarlett.
Si cette dernière semblait outrée en se relevant précipitamment, Elsa était douloureusement satisfaite. Après tout elle avait atteint son but. Un joyeux jappement traduit son rire.
Elles passèrent un temps certain à faire en sorte que Elsa parvienne à se mouvoir un minimum convenablement. Lorsque ce fut fait, elles se baladèrent à travers le paysage forestier que leur offrait le monde astral.
Si ses débuts furent contraignants, Elsa appréciait de plus en plus de trottiner. Elle était émerveillée par tout ce qui l'entourait. La truffe à l'air, elle découvrait un nouvel univers, de nouvelles sensations. Soudain Scarlett se mis à lui tourner autour en effectuant des bonds empreints de malice. Puis elle étira ses pattes avant, la tête tournée sur le côté, le postérieur levé, la queue frétillante, semblant attendre quelque chose d'elle. Elle recommença à faire des bonds, venant la bousculer gentiment. Elsa était dépassée. Puis Scarlett lui mordilla son postérieur, Elsa, surprise, fit un bond sur le côté, mal assuré. Elle compris qu'il s'agissait là d'un jeu. Scarlett revint à l'attaque, obligeant Elsa à s'affaisser. Elle tenta bien que se défendre d'un coup de patte, mais Scarlett faisait preuve une grande agilité. Elsa roula sur le dos, sa comparse la surplomba. Elle essaya de s'en débarrasser, se tortillant autant que possible pour se sortir de là. Elle la repoussa de ses antérieurs, mais Scarlett lui fit une léchouille sur la truffe avant de déguerpir. Elle attendit qu'elle se relève pour recommencer.
Le jeu ne dura que quelques minutes, mais Elsa fatiguait déjà. Scarlett dû s'en rendre compte car elle les amena à un cour d'eau pour qu'elles se désaltèrent. Puis Elsa se laissa tomber lourdement au pied d'un arbre. Scarlett lui donna un gentil coup de truffe, hésitant un instant avant de se coller à elle. Elsa ne releva pas, elle était épuisée et s'endormit comme une masse entourée d'une chaleur rassurante.
SQSQSQSQSQSQSQSQSQSQSQSQSQSQSQSQSQSQSQSQSQSQSQSQSQSQSQSQSQSQSQSQSQSQ
Les convois royaux attiraient toujours la curiosité des habitants. Ces derniers leur réservaient plutôt bon accueil, attendant impatients d'apercevoir les convois, les personnalités importantes qui les honoraient de leur visite. C'était aussi l'occasion pour le Roi de mettre en avant les richesses de son royaume et sa capitale. Cette fois pourtant l'ambiance était morose. Les rues d'habitude fleuries, colorées et grouillantes de gens, étaient majoritairement désertées.
Revint en mémoire de Emma les avertissements de Mary-Margaret la veille. En ce milieu de matinée, l'envie de faire demi-tour la démangeait cruellement. Leur entrée dans l'enceinte même d'Aurora fit monter d'un cran la tension déjà palpable parmi ses effectifs. Les citadins, s'ils ne les fuyaient pas, suspendaient leurs activités lors de leur passage. Leurs regards méfiants, leurs messes basses étaient inquiétants, certain même se permirent de cracher montrant clairement une certaine hostilité. L'atmosphère en devenait de plus en plus alarmante.
Emma céda sa place à un de ses subalternes, pour venir se positionner juste à côté du coche, attirant l'attention de Régina qui n'avait pas osé pointer le bout de son nez.
L'ambiance n'est pas des plus réjouissantes, dit-elle à voix basse, nous allons hâter le pas.
Fais attention, je ne veux pas créer d'incident.
A cet instant un objet manqua de peu Emma et percuta la diligence. Sous la surprise sa monture fit un léger écart alors que ses soldats resserrèrent leurs rangs afin de couvrir au mieux le carrosse ainsi que son cocher.
Emma eut tout juste le temps de se rendre compte qu'il s'agissait d'un ridicule fruit pourri avant d'essuyer une pluie de projectiles venant de toutes parts. Elle n'eut d'autre choix que celui de lancer le convoi au grand galop, priant pour que les badauds traînant ci et là s'écartent prestement de leur route.
C'est déboulant dans le vacarme des sabots percutant le pavé et le chant des trompettes royales que se fit leur arrivée au palais. Emma furieuse mit rapidement pied à terre, intimant au cortège de faire de même et de tenir une position défensive. Gardant un œil sur les alentours à la recherche d'une éventuelle autre attaque, elle se précipita auprès de sa souveraine.
Je vais bien, la rassura cette dernière en remettant de l'ordre dans sa toilette après cette chevauchée pour le moins chaotique, a-t-on des blessés parmi les nôtres?
A part notre fierté, non, gronda le commandant retirant ici et là les morceaux maculant sa tenue.
J'ai bien conscience des risques que nous venons de courir, mais tâchons de faire bonne figure malgré tout.
Emma la regarda perplexe en haussant un sourcil.
Ce n'est pas parce que nous venons d'essuyer le mécontentement d'un peuple, que mon escorte ne ressemble plus à grand-chose que nous devons montrer basse mine, commandant, insista Régina dans un sourire contrit.
La guerrière observa de nouveau les environs avant d'ordonner aux soldats de ranger leurs armes. Pis elle retira un de ses gants afin de présenter sa main à sa souveraine pour l'aider à sa descente avant de lui proposer son bras heureusement immaculé.
Régina appréciait l'attention chevaleresque. Elles montèrent les marches jusqu'à l'entrée ou elles furent reçues par le prince Baelfire.
Bienvenue à vous, Votre Majesté. Nous n'attendions plus que vous, les accueillit-il consentant à exécuter la révérence d'usage.
Merci Baelfire.
Je suis tout juste avertit de votre mésaventure entre nos murs. J'en suis profondément navré et je vous présente, au nom du roi Gold, toutes nos excuses les plus sincères. Cependant, si, comme recommandé votre personnel nous avait avertis de votre arrivée imminente, nous aurions fait le nécessaire pour éviter pareille déconvenue, leur dit le prince mi-contrit mi-moralisateur.
Comment cela «si comme recommandé»? Nous n'avons eu vent d'aucune recommandation, protesta Emma irritée par le ton condescendant employé par le prince.
Ce dernier lui jeta un regard suffisant en coin avant d'afficher un air dégoûté face à l'état déplorable de sa tenue.
Votre avertissement a dû se perdre en chemin, sinon vos précieuses directives auraient été assurément prises en compte, intervint Régina ramenant à elle l'attention de Baelfire, Aurons-nous le temps cependant de nous rafraîchir avant de nous présenter devant Son Altesse?
Le roi vous demande votre indulgence. Il est fortement incommodé et a préféré m'envoyer vous réceptionner. Il se repose pour mieux vous honorer de sa présence ce soir lors de la soirée costumée pour commémorer la date anniversaire de la disparition de la reine, les renseigna-t-il poliment d'un air chagriné, vous disposez donc de temps comme il vous plaira jusqu'au dîner.
J'espère que ce n'est pas trop grave au moins?
Je ne saurais vous répondre. Vous vous doutez bien qu'il se garde de me renseigner sur sa santé. Cependant le temps passe et n'épargne personne, dit-t-il en jetant un œil au commandant, permettez-moi de vous introduire Valendrin, le majordome qui vous est alloué à vous et aux vôtres. Il va vous mener jusqu'aux appartements que vous occuperez le temps de votre séjour. J'aurais aimé vous accompagner moi-même mais il est de mon devoir de m'occuper des invités actuellement au salon d'été.
Sur ces bonnes paroles, le prince les salua, leur tourna promptement le dos et s'en alla.
La main d'Emma la démangeait. Sa crispation ne passa pas inaperçue et Régina la rappela à l'ordre d'une pression sur le bras. Le dénommé Valendrin s'approcha d'elles les salua dans une révérence des plus souples avant de héler plusieurs subalternes enfin de disposer des quelques bagages présents dans le carrosse puis il les convia à le suivre ce qu'elles s'empressèrent de faire dans un silence absolu.
Emma n'avait jamais apprécié la famille royale du Royaume Doré. Le roi Gold était attaché aux vieilles coutumes désuètes et tenait à ce qu'elles restent en vigueur, cela lui rappelait la reine d'Afhalone. Les conflits avec lui lors des rassemblements étaient monnaie courante car il était difficile de négocier des avancées sociétales nécessaires. Cependant si le vieux Gold était pénible, il restait droit dans ses bottes par sa franchise clairement affichée, ce qui était malheureusement loin d'être le cas de son rejeton.
En public, le prince se montrait bien sous tous rapports, un héritier et gendre idéal mais derrière ses manières courtoises se cachait une duplicité sans borgne. Elle en avait maintes fois discuté avec Régina, cette dernière avait toujours défendu bec et ongle son ami d'enfance. Jusqu'au jour où elle avait découvert qu'elle avait été fiancée avec le dit-prince sans avoir été consultée.
Baelfire avait, sans son accord, demandé sa main au roi Henry. Ce dernier, pensant naïvement qu'il s'agissait là d'une décision commune entre les deux proches monarques à en devenir, avait donné son assentiment avant d'adresser un courrier de félicitations à sa fille. Cette dernière avait contenu sa fureur jusqu'au rassemblement de fin d'études.
Ce jour-là, Emma ainsi que toutes les personnes présentes à la cérémonie avaient assisté à la tornade que pouvait être une Régina en colère. Publiquement, elle avait annoncé sa profonde affliction de devoir mettre fin à son amitié d'enfance avec le prince Baelfire, précisant que celui-ci avait trahit sa confiance l'engageant dans des fiançailles conclues sans son assentiment. Elle avait, par la même occasion, rendu ces pseudos-fiançailles caduques arguant qu'elle ne saurait partager sa vie avec un être aussi égocentrique.
Depuis cet événement, l'entente entre les deux royaumes était plutôt froide. Le roi Gold n'avait pas apprécié l'affront fait à son fils et par extension à lui-même. Pas plus qu'il ne digérait que son héritier n'ait pas répondu à ladite humiliation, encore moins que le roi Henry n'ait pas remis sa fille à sa place.
Cependant, Emma soupçonnait que le mal fait à l'image du prince trouverait un retour de bâton. Il n'était pas du genre à se laisser bafouer pareillement sans conséquence. Elle ne savait pas encore quand ni où mais chaque venue dans ce royaume était une occasion pour ce vaurien de porter préjudice à Régina par n'importe quel moyen. Il était clair pour elle qu'une attaque frontale de sa part était à exclure. C'était une des raisons qu'il lui déplaisait fortement d'être ici.
Ils ne croisèrent âme qui vive sur le chemin et personne ne vint à leur rencontre. Elles pourraient s'installer en toute quiétude. Arrivés devant la porte cependant, Emma prit le temps avec l'un de ses chevaliers de faire le tour des appartements. Ils étaient plutôt bien logés comme toujours il fallait l'avouer. Dans chaque coin le luxe des lieux était rappelé. Des napperons aux meubles en passant par les rideaux. Rien n'avait semblé suspect et le fait d'être en hauteur était un point rassurant.
Les serviteurs congédiés et la porte fermée, elles se retrouvèrent seules. Régina respira enfin en prenant place sur un fauteuil sans aucune dignité, tandis que Emma se débarrassait de ses effets souillés.
C'est moi ou cet accueil n'avait rien de conventionnel ?
Je t'assure que j'ai fait de mon mieux.
Je ne parlais pas de toi mais de Baelfire. La situation est plus grave que nous le pensions. Le roi Gold est très à cheval sur les protocoles, même éreinté il aurait exigé que nous soyons au moins accueillis dans la salle du trône, que ce soit par lui ou son fils.
Cet homme m'exaspère rien que par sa présence.
Régina ri.
Cela je l'avais remarqué.
Je sais combien il t'a déçue et blessée, si je le pouvais je
Lui mettrais un bon coup dans les parties ? Lui lancerais une malédiction qui l'enlaidirait ? Le ferais passer au bûcher? Non mieux le ferais écarteler et jetterais les parties de son corps aux cochons qu'ils en fassent un festin et qu'il disparaisse à tout jamais ?
Wow… Ton imagination semble ne pas avoir de limite sur le sujet. Rappelle-moi de ne jamais te contrariée à ce point, dit Emma en passant derrière le fauteuil ou était assise Régina pour lui masser les épaules.
Reste-moi fidèle et tout devrait bien se passer surtout si tu continues ses agréables petites attentions, conseilla Régina en soupirant d'aise.
S'il n'y a que ça pour faire plaisir à Sa Majesté.
Aaaaarg son comportement quand nous nous voyons m'agace. Il m'en veut encore je le vois dans sa façon d'être, dans ses propos et même ses regards. Il semble oublier que c'est moi qui aie été victime de ses machinations, s'emporta de plus belle la reine en se redressant pour faire quelques pas.
Nous serons alors plus appliquées à surveiller ses moindres faits et gestes.
Nous n'allons pas pouvoir guetter toutes les personnes présentes ici, ça nous demanderait plus d'hommes et d'énergie que nous n'en possédons.
Il faut rester confiant, nous finirons bien par trouver qui cherche à attenter à ta vie et au reinaume, tenta de l'apaiser Emma en l'enlaçant.
Régina, bien plus soucieuse maintenant qu'elle était sur place, plongea son regard dans celui de sa compagne. Elle y trouva ce qu'elle cherchait : un point d'accroche au milieu de ses tourments. Emma était son ancre, avec elle à ses côtés elle était certaine de ne pas se perdre. L'amour qu'elle pouvait lire dans ses yeux était si réconfortant, il lui réchauffa le cœur. Elle voulu l'embrasser tendrement, la remercier d'être là, avec elle, de ne pas l'avoir abandonnée depuis tout ce temps. Ce baiser prit une touche plus passionnée, elle se retrouva bien vite pantelante. Elle s'écarta un instant pour reprendre son souffle, elle ne pu résister au désir qu'elle percevait chez Emma et qui enflammait ses sens. Aussi d'un mouvement vif du poignet, elle isola magiquement ses appartements.
Tu ne pense pas que nous devrions plutôt nous préparer pour la soirée à venir ?
Nous avons un peu de temps devant nous et tu ne voudrais quand même pas que je me retrouve face à toute cette aristocratie dans un état d'excitation pareil, si ?
Emma se passa la langue sur les lèvres, contemplant son amante les joues roses et les yeux brillants d'une fièvre qu'elle connaissait que trop bien pour savoir ressentir la même à cet instant. Les mains de Régina passaient déjà la frontière de ses vêtements pour venir au contact de sa peau lorsque quelqu'un toqua à leur porte.
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Un poignard dans une main, Emma terriblement frustrée, vérifia l'identité de leur visiteur. Elle cacha son arme alors qu'elle ouvrait la porte en grand laissant par le même temps entrer le roi Gold lui-même, accompagné d'un garde drapé de noir.
Il y eut un moment de flottement. Elles étaient stupéfaites par l'allure du monarque, elles l'avaient vu pour la dernière fois il y avait un peu plus d'une année en pleine forme. Or là, ce dernier semblait avoir pris une vingtaine d'années d'un seul coup. Il était tout émacié, ridé, voûté, ses cheveux à peine grisonnants étaient définitivement blancs comme neige. La seule chose qui n'avait pas changé c'était cette lueur vive dans ses yeux.
Emma lança un regard de mise en garde à la reine. Cette dernière tenant compte de l'avertissement, se ressaisit en saluant son visiteur et en invitant tout le monde à s'installer dans le petit salon.
Je sais que tout ceci est assez inhabituel mais en ces temps si troublés, je me vois contraint d'agir de façon peu conventionnelle. Je vous présente par avance mes excuses, dit-il à peine installé, le garde restant debout à son côté.
Je ne vous cacherais pas que je suis étonnée par votre visite, votre fils nous ayant informées que vous étiez souffrant et donc au repos.
Son interlocuteur se dandina un peu sur son siège, visiblement mal à l'aise d'avoir à faire à elle. De son côté, Régina hésitait quant au comportement à adopter, au final elle décida de prendre le taureau par les cornes.
Cela fait plusieurs années que nous nous côtoyons maintenant, alors avec tout le respect que j'ai pour vous je vous conseille de ne pas changer pour me ménager. Si vous avez une requête et que vous vous tournez vers moi c'est que cela doit être important.
Le roi écarquilla les yeux prit de court puis s'esclaffa.
Vous avez toujours autant de caractère ma chère et ce n'est pas pour me déplaire. Très bien, allons droit au but: je pense que Baelfire tente de s'approprier le trône et qu'il utilise la magie pour ça.
Un silence accueillit sa déclaration.
Pourquoi ferait-il une chose aussi absurde ? La couronne sera sienne lorsque vous vous retirerez, ou à votre trépas.
Je crains qu'il en ait assez d'attendre. Probable également qu'il ait entendu parler de son demi-frère ici présent, rétorqua Gold en désignant le garde l'accompagnant.
Les deux femmes se tournèrent vers l'homme en question tombant des nues.
Ce second fils n'a rien de légitime. Sans vouloir vous offensez Capitaine...
Neal, je m'appelle Neal.
Le roi se leva, faisant quelques pas vers la fenêtre pour observer le ciel.
Voyez-vous, il se trouve que Neal est mon premier fils. Il est né d'un amour de jeunesse avant que me soit imposé les noces royales. Sa mère est morte en couches et je n'ai pas pu me résoudre à l'abandonner. J'ai fait en sorte qu'il ait la meilleure éducation possible puis lorsqu'il a été en âge, il est entré à mon service. Il a apprit à régner à mes côtés durant toutes ces années. Il connaît tout de ce royaume, il est le plus apte à prendre ma place. Baelfire est, comme vous l'aviez si bien dit, égocentrique, avide de richesse, de pouvoir, il n'a pas la capacité de gouverner de manière juste. J'ai mis tellement de temps à le voir, soupira le vieil homme les épaules tombantes.
Qu'attendez-vous pour le reconnaître publiquement comme étant votre héritier légitime dans ce cas ? Intervint Emma.
J'étais sur le point de le faire lorsque les choses m'ont... échappé. Je suis tombé mystérieusement malade. Baelfire a prit le dessus. Il est parvenu à me discréditer auprès de mes conseillers, me faisant passer pour un roi sur le déclin, tout ce que je dis ne vaut plus rien. C'est lui qu'ils écoutent désormais.
Je ne comprends pas, en quoi pouvons-nous vous être utile ?
Je ne peux pas faire de déclaration pour Neal, mais un testament en règle avec des témoins sérieux à l'appui changerait la donne, expliqua le souverain en les regardant.
D'ici à votre trépas Baelfire continuera de gérer le royaume comme il l'entend ce qui ne me semble pas être la meilleure des solutions. Sans compter que lorsque cet écrit sera dévoilé il risque de déclencher une guerre civile, fit remarquer la reine.
Je sais tout ceci. Seulement le maléfice que l'on m'a jeté me prive de mon énergie un peu plus chaque jour. J'ai tenté de faire appel à un enchanteur mais il a été retrouvé mort. Si vous pensez pouvoir faire quelque chose je suis tout ouïe.
Je peux toujours essayer, souffla Régina faisant signe au roi de prendre place sur le fauteuil face à elle.
Il s'installa sceptique.
Il n'y a rien à craindre, ça ne sera pas douloureux, avertit la reine en voyant que Neal commençait à s'agiter, maintenant détendez-vous Votre Altesse.
Debout derrière le monarque, Régina plaça ses mains de part et d'autre de son crâne royal et ferma les paupières pour se concentrer. Elle fit appel à son don de double vue, permettant à sa nature draconique de se superposer à celle d'humaine et de percevoir l'essence magique de ce qui l'entourait. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle observa Emma qui, comme son habitude, était entourée d'une aura vert forêt rassurante. Celui de Neal était d'un bleu lumineux, puis elle se détourna d'eux pour se focaliser sur ce qui les intéressait ici. Le roi Gold se distinguait par sa couleur orange vif qui était entourée d'un épais halo noir. La sombre chose, apparemment dotée d'un semblant d'intelligence et surtout de vie, se désintéressa de son hôte actuel pour s'accrocher alors à elle. Régina se sentit soudainement comme aspirée. Effrayée, elle tenta de s'en défaire mais plus elle s'agitait, plus l'emprise se resserrait. Elle était prise au piège dans une véritable toile d'araignée géante, gluante, glaciale et dangereuse qui semblait se gorger de son énergie comme une sangsue. Elle se débattit avec détermination puisant instinctivement dans sa magie de feu. Le parasite, échaudé par son pouvoir, la relâcha aussitôt pour revenir à sa proie initiale.
Régina revint brutalement à elle dans une grande inspiration comme si elle avait été privée d'air trop longtemps. Elle était à terre dans les bras d'Emma visiblement très préoccupée par son état. Elle s'assit péniblement prise d'un mal de crâne carabiné et s'accrocha à son commandant.
Ça va aller ? S'enquit ce dernier.
Lentement, elle hocha la tête positivement, reprenant ses esprits et son souffle.
Je ne sais pas ce qu'il s'est passé mais pendant un bref instant j'ai bien cru que vous étiez parvenue à me délivrer, lâcha le roi d'une voix brisée, soulagé d'être assis.
Régina l'observa, il avait le teint cireux le faisant ressembler à un cadavre ambulant, pourtant son regard étincelait d'une farouche volonté de vivre.
Vous êtes effectivement sous le coup d'un très mauvais et puissant maléfice, je n'avais jamais été confrontée à une telle ignominie jusqu'à présent.
Baelfire est loin d'être intègre mais une chose est sûre : il n'y connaît absolument rien en enchantement, leur rappela Emma soutenant sa reine qui se redressait.
Nous aurions donc à faire non seulement à Baelfire mais également à un puissant mage. On peut dire que vous savez bien vous entourer Votre Altesse, ironisa la reine qui pressentait que toute cette sombre histoire allait leur coûter très cher.
J'ai bien conscience que ma mort importe peu. Si je fais appel à votre aide c'est parce que s'il s'empare du royaume je crains que ces années de tranquillité et de paix ne deviennent qu'un lointain souvenir.
Vous avez un cheval de retard, c'est déjà un lointain souvenir, grogna Emma leur lançant un regard accusateur.
Est-ce pour cela que vos gardes nous ont soumis à une fouille? La questionna agressivement Neal.
Nous avons été attaqués par une armée sans revendication et sans bannière quelques jours seulement avant de recevoir votre invitation à ce rassemblement. Puis nous l'avons été de nouveau pendant notre voyage jusqu'à Aurora. Personne n'a émit de réclamation ou ne s'est enorgueillit de ces méfaits, annonça Régina lasse de toutes ses machinations.
Les deux hommes étaient choqués.
Je vous assure que nous n'en savions rien.
Père, il faut que nous fassions quelque chose avant que tout ceci ne dégénère complètement.
Et que propose-tu que nous fassions Neal ?
Je ne voulais pas en venir jusque-là mais peut-être est-il temps de nous occuper personnellement de Baelfire.
Un silence austère accueillit cette suggestion. Le roi Gold était crispé, les traits de son visage exprimait clairement son désaccord.
Nous ne possédons aucune preuve concrète. Nous ne pouvons pas nous précipiter sans connaître l'identité de tous ceux qui jouent un rôle dans cette histoire. Cela pourrait s'avérer bien plus dangereux que nous l'envisageons et se retourner contre nous, intervint Emma en pleine réflexion resserrant l'étreinte sur sa compagne.
Il ne faut pas non plus oublier qu'il y tout un tas de têtes couronnées dans le coin et beaucoup ne vous portent pas forcément dans leur cœur, ajouta Régina.
Je suis d'accord avec vous mesdames. Pour être tout à fait honnête, je ne pensais pas que vous m'accorderiez une once de crédit, soupira le souverain en se levant difficilement, espérons y voir plus clair dans les jours qui viennent. Nous allons prendre congés si vous le voulez bien.
Régina le retient par le bras.
Ce n'est pas parce que nos avis divergent sur de nombreux sujets, ou que je n'adhère pas à votre manière de gouverner que cela signifie que vous êtes une mauvaise personne. Vous avez le mérite de ne pas vous habiller d'hypocrisie et de jouer franc jeu ce qui est loin d'être le cas de beaucoup.
Je vous retourne le compliment très chère, lui sourit le roi Gold, et toutes mes félicitations et bon courage à l'heureux élu. Ajouta t-il en désignant d'un geste de la tête l'alliance qu'arborait la jeune femme, avant de quitter la pièce soutenu par son fils.
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Emma, immobile, s'impatientait intérieurement, tandis que l'habilleuse s'affairait à ajuster son déguisement. Ce bal costumée d'introduction à cette nouvelle assemblée entre têtes couronnées la fatiguait déjà. Si la menace comme elles le pensaient était grande, le séjour promettait d'être particulièrement épineux. En plus du souci du Roi Gold venait s'ajouter d'autres intrigues politiques, celles de la cour, les suspicions, les ragots, les réunions interminables avec des prises de bec se soldant finalement par trop peu d'accords conclus quels qu'ils soient. Emma soupira d'avance.
L'habilleuse fit quelques pas en arrière signifiant qu'elle avait terminé. Emma la remercia avant de la congédier et observa le rendu final.
Le bas ainsi que le haut du costume, qui lui couvrait les trois quarts du torse, étaient faits de multiples épaisses pièces de cuir noir superposées les unes aux autres imitant la peau écaillée d'un dragon. Sur ses épaules reposait d'énormes pattes au bout desquelles il y avait des immenses griffes. Elle disposait également de protection sur les avant-bras. Des bottes noires complétaient son déguisement. Pour parfaire l'ensemble, ses cheveux teints en brun étaient coiffés en de multiples tresses plaquées, rassemblées en une seule qui se terminait par un étau très fin en acier. De la peinture noire lui couvrait les yeux et elle disposait un masque orné de deux cornes sur le front qui camouflait le haut de son visage.
Sortant de son inspection, elle s'aperçut de la présence de Régina. Cette dernière était époustouflante de beauté. Elle portait une magnifique robe recouverte de plumes d'un blanc éclatant dont la longueur camouflait ses pieds. Ce qui ne l'empêchait pas de porter de somptueuses chaussures qui la feraient souffrir toute la soirée. Le bustier rigide était composé de plusieurs motifs surmontés de perles étincelant à la lumière. Ses épaules nues, supportaient les attaches qui retenaient deux ailes factices en duvet déployées dans son dos, blanches elles aussi. Le haut de son visage était recouvert d'un voile noir en dentelle maintenu en place par des épingles accrochées dans sa chevelure rassemblée en un chignon tressé. Le contraste avec le rouge carmin de ses lèvres était saisissant et très attractif. Emma s'approcha d'elle afin de satisfaire une pulsion de passion. Régina la stoppa dans son élan et lui souri.
Bien que je te trouve dangereusement attirante et que j'ai très envie de t'embrasser moi aussi, nous ne voudrions pas gâcher nos maquillages respectifs tout de même?
Non effectivement, Soupira Emma de désarrois.
Nous nous rattraperons plus tard, je te le promet, susurra Régina à son oreille, tout en laissant sa main glisser autour de la taille de Emma.
Cette dernière eut un frisson d'anticipation.
Pense-tu sérieusement qu'il va tenter un coup d'état ? Demanda Emma en contemplant dans le miroir le reflet de sa reine.
Avec cette convention, il prend à témoin un maximum de têtes couronnées pour attester de la décrépitude de son père et justifier sa prise de pouvoir. Ce serait le coup d'état le plus propre de l'histoire, expliqua Régina qui avait réfléchis tout le temps de sa préparation, il a déjà dû s'octroyer le soutien de plusieurs souverains ici présents accompagnés de leurs meilleurs soldats au cas ou la situation leur échapperait.
Si tu as vu juste, il faut que nous déterminions quelles sont les personnes susceptibles de lui prêter main forte avant que les hostilités ne soient lancées. Également avertir ceux qui ne soupçonnent rien de tout ceci pour qu'ils se tiennent prêts à agir. En espérant qu'ils soient assez nombreux pour contrer les partisans de Baelfire.
Sans compter sur certain qui ne voudront pas prendre parti dans cette affaire à moins d'y trouver un quelconque avantage, soupira la souveraine pessimiste.
La popularité du roi Gold ne joue pas en notre faveur non plus, ajouta Emma, inquiète de la tournure que tout ceci prenait.
La reine abandonna sa coiffeuse pour se rapprocher de sa compagne. Cette dernière l'invita dans ses bras pour une étreinte réconfortante.
J'aimerai me tromper, souffla Régina qui appuya sa tête tout contre le torse d'Emma, percevant la musique apaisante des battements réguliers de son cœur.
Tu connais Baelfire mieux que personne.
Si c'était réellement le cas je ne me serais pas fait avoir avec ces stupides fiançailles.
Disons que tu es celle qui comprend le mieux son fonctionnement et ce que tu soupçonnes a du sens.
J'aurais dû t'écouter et ne pas insister pour que l'on vienne ici.
Emma lui saisit le menton pour pouvoir plonger son regard dans le sien.
Non, c'est toi qui avais raison. En restant au reinaume nous n'aurions fait que retarder l'échéance, avec le temps cela nous aurait impacté d'une façon ou d'une autre. Ici nous pouvons intervenir directement et éviter de subir.
Le comprendre plus tôt nous aurait évité quelques disputes, tu ne crois pas ?
J'ai peur pour toi Régina, avoua le commandant avec émotion, peur que l'on te fasse du mal... ou pire. Te laisser prendre part à tous les complots morbides de la cour est un combat perpétuel contre mes envies de te préserver, de te garder à l'abri. Je n'ose pas imaginer ma vie sans toi, murmura-t-elle d'une voix brisée.
Le trouble dans ses prunelles bleues émut la reine.
Je t'aime. Et ne pense pas un instant que l'on puisse se débarrasser de moi aussi facilement, lui dit Régina dans un sourire confiant, maintenant que les choses sont dites : au travail ! Nous avons une couronne à sauver.
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La salle de réception était magnifiquement décorée. De multiples et fastueux lustres en verre descendaient du plafond à des hauteurs différentes, d'immenses panneaux de tissus verticaux portant les armoiries des différents royaumes d'Eraser étaient déroulés le long des murs, amenant un panel de couleur somptueux. Des nappes assortis décoraient les tables qui parcouraient la moitié de la pièce. Sur une estrade au fond, se tenait quelques musiciens qui jouaient tout en discrétion pour ne pas empêcher les convives de s'entendre. Des personnel armés de plateaux tournoyaient entre les invités afin de leur offrir des rafraîchissements, tandis que des enfants couraient entre les jambes des adultes en criant pris dans leurs jeux.
Sa majesté la Reine Régina de Kermeliand, souveraine du Royaume Noir, dernière descendante du peuple des Dragons de Feu accompagnée du chef des armées du Royaume Noir le Commandant Emma Swan d'Almeris, annonça le crieur royal avant que les concernées ne se présentent.
Elles remontèrent le tapis rouge droit vers le roi Gold assit sur son trône, son fils bien apprêté, se tenait debout à sa droite.
Après les salutations royales, Régina et Emma s'éloignèrent, se mêlant aux invités. Du coin de l'œil Emma aperçu un duo déguisé en ours fendre la foule dans leur direction. L'un brun plus petit et un énorme blanc.
Le visage souriant de Blanche apparu dès qu'elle enlaça Régina. David resta un pas derrière sa femme, en jetant un regard de compréhension à Emma qui s'était crispée d'appréhension en voyant quelqu'un se jeter sur sa reine.
J'ai tant de choses à te raconter mon amie, chuchota Blanche à l'oreille de son aînée.
Et moi donc, mais trouvons un endroit plus adéquat, lui répondit Régina.
Elles tinrent d'abord leur rôle d'invités en déambulant dans la salle, s'arrêtant auprès d'autres convives échangeant des banalités, dégustant les mets servis ci et là. Puis elles s'éloignèrent peu à peu de la foule, jusqu'à se retrouver dans une alcôve un peu à l'écart.
Cela fait longtemps que vous êtes arrivés ? S'enquit Régina.
Seulement deux petites journées. Nous avons été surpris de ne pas vous trouver sur place, encore plus d'apprendre que ce matin vous avez fait fit des directives de sécurité, ajouta Blanche en jetant un regard interrogateur à Emma.
Le voyage a été quelque peu mouvementé et les nouvelles instructions ne nous sont étonnamment jamais parvenues, souffla discrètement Régina en épiant subtilement autour d'elle si des oreilles faisaient preuve d'indiscrétion.
Cela serait surprenant si le roi Gold était encore aux commandes, mais venant du prince ça l'est beaucoup moins. Après nous ne pouvons pas lui en vouloir, son paternel semble avoir vieillit prématurément. Peut-être trop, à se demander si cela est bien naturel.
Blanche confirmait que c'était Baelfire qui était à l'initiative de ce rassemblement inopiné et que les invités n'étaient pas crédules quand à la santé soudainement préoccupante du souverain. Cela ne lui disait rien qui vaille.
J'ai eu l'honneur d'une visite royale, je n'ai rien pu faire pour arranger les choses. J'ai cependant appris que ces événements étaient dû à un héritage malheureusement non reconnu qui risquent fortement de mettre les lieux s'en dessus-dessous.
Blanche fronça les sourcils. Tandis que Emma levait les yeux au ciel. Cette façon de discuter de façon alambiquée la dépassait, elle comprenait bien sûr qu'il fallait se montrer discret, mais dire clairement et rapidement les choses était moins sujet aux mauvaises interprétations qui pouvaient être faites. Elle jeta un œil à David, ce dernier sous un faux air ennuyé, scrutait attentivement les alentours.
Penses-tu qu'il y ait un danger imminent? L'interrogea Blanche, soucieuse.
Je ne saurais te dire, mais il est certain qu'il vaudrait mieux être loin si cela venait à s'envenimer.
Nous devrions peut-être faire retour dès à présent, annonça Blanche à l'égard de David.
Ce dernier se rapprocha physiquement de sa femme, tentant de la rassurer.
Cela est tout récent, mais à présent nous devons veiller à protéger le futur de notre royaume, s'expliqua Blanche dans un sourire complice en passant discrètement sa main sur son ventre.
Régina en eut les larmes aux yeux. Émue, elle joint ses mains à celles de son amie.
Je suis tellement heureuse pour vous. Depuis le temps que vous attendiez cela, c'est tout simplement merveilleux! Sachez que quoi qu'il se passe, le dragon vous protégera, annonça Régina en jetant un regard insistant à Emma.
Cette dernière hésita, n'appréciant pas le moins du monde l'ordre implicite de faire passer la sécurité de quelqu'un d'autre avant la sienne. Mais elle compris que sa reine ne ferait aucun compromis concernant la précieuse vie qui prenait forme dans le ventre de sa meilleure amie. Non pas qu'elle ne le comprenait pas, mais cela lui compliquerait sensiblement les choses si la situation venait à dégénérer.
Elle se tourna sensiblement vers Blanche puis David pour en revenir à Blanche. Elle hocha perceptiblement la tête à son encontre, garantissant par-là qu'elle ferait l'impossible pour eux. La tension disparu des épaules de la souveraine du royaume des glaces qui la remercia du regard.
Je crois que nos meilleurs vœux sont aussi de rigueur, les taquina Blanche en caressant brièvement l'anneau présent sur autour du doigt de Régina, si tu veux mon avis il était grand temps que cela se fasse, confia-t-elle ravie.
Emma leva les yeux au ciel. Leur entourage semblait se liguer pour leur faire comprendre qu'elles avaient pris bien trop leur temps avant de se déclarer. Comme si cela avait été évident pour tout le monde. A peine cette pensée l'effleura, qu'elle tourna son attention vers le prince Baelfire. Leurs regards se croisèrent brièvement, assez pour qu'elle puisse y lire une certaine hostilité. Avait-il lui aussi deviné les sentiments qui les liaient Régina et elle? Ceci expliquerait beaucoup de chose.
L'on dit que tout vient à point à qui sait attendre. J'avoue avoir patienté plus que de raison, cependant mon attente est comblée bien au-delà de tout ce que j'avais pu imaginer, confia Régina sur un ton taquin, en faisant un clin d'œil complice à son commandant, qui leva pour la seconde fois les yeux au ciel.
Les discussions se poursuivirent sur le même ton entre les deux souveraines. Les discussions laissèrent place aux danses. Emma saisi l'occasion d'inviter sa reine. Elle savait que cela serait sujet aux commérages en tout genre, surtout pour ceux et celles qui avaient remarqué le bijou au doigt de Régina.
Elles se retrouvèrent sur la piste, se faisant face, elles se saluèrent puis se rapprochèrent. Régina vient à s'appuyer contre sa cavalière, la laissant les mener sur cette musique douce. Elles étaient loin d'être les seules à danser, et pourtant Régina décrypta sur les visages des invités les expressions de surprise, d'outrage, de désapprobation et remarqua les messes basses. Mais elle nota également certain sourires complices. Elle savait qu'elles n'étaient pas seules mais les jugements fort de plusieurs générations avaient le pouvoir de vous fragiliser malgré la force de vos convictions. Elle fut tout de même agréablement surprise de voir Arthur se joindre aux danseurs aux bras de Lancelot ou encore le prince Adam et son conseiller Gaston, Raiponce et Mérida. Cela relança les murmures des commères en mal d'amour.
On dirait que notre initiative profite à d'autres, murmura Emma à l'oreille de Régina.
Effectivement. Ils peuvent certainement, comme moi, puiser la force en l'être aimé pour tenir tête aux détraqueurs, la complimenta Régina.
La douce mélodie berçant leurs corps touchait à sa fin. Emma vit Baelfire se diriger droit sur elles. Elle n'eut pas le temps d'avertir sa compagne.
Me feras-tu l'honneur de cette danse-ci? Demanda-t-il d'un sourire affable en lui saisissant le coude afin de l'arracher à l'étreinte qu'elle partageait avec Emma.
Cette dernière ne lâcha pas d'un pouce sa prise, prête à le renvoyer d'où il venait.
J'ai à vous parler seul à seul votre Majesté, exigea alors le prince et jetant un regard noir au commandant.
Cela ne peut-il pas attendre?
Non.
La souveraine posa avec douceur sa main sur l'épaule d'Emma, lui signifiant que tout irait bien. Cette dernière pinça ses lèvres et resta plantée sur place plus tendue que jamais. Elle les suivit des yeux: il était hors de question qu'elle laisse une occasion à ce couard de pouvoir en profiter.
Baelfire conduisait de manière raide et saccadée, rendant le moment quelque peu désagréable.
Je ne pensais pas que tu oserai te dévoiler aux yeux de tous un jour, ricana-t-il durement.
Moi non plus et pourtant. Mais je suppose que ton interruption peu courtoise n'a rien à voir avec tout cela?
Je suis navré d'avoir été si peu cavalier, mais j'ai besoin de toi.
Je t'écoute.
J'aurais dû passer outre ma fierté malmenée et te faire porter un courrier pour te demander de l'aide plus tôt mais j'ai été pris par mes obligations et tout s'est dégradé si vite, soupira le prince contrit, je crains que mon père n'ait totalement perdu l'esprit et je m'efforce depuis un certain temps déjà à palier à ses multiples manquements.
La reine fronça les sourcils.
De quoi parles-tu?
Il oublie tout ce qu'il dit ou fait, ses décisions sont dénuées de bon sens. Il a augmenté les taxes, engagé des soldats à tour de bras. Il fait publier des édits, de nouvelles lois, nos prisons débordent de gens qui n'ont rien à y faire. J'ai limité, autant qu'il m'était possible, ses folies. Il a perdu pied, le peuple est mécontent, le royaume est faible et court clairement à sa perte. Je me sens démuni… J'ai besoin d'appui pour l'évincer du trône.
Régina resta muette. Baelfire semblait réellement soucieux.
En as-tu discuté avec lui?
J'ai essayé mais tu le connais: il est buté et refuse catégoriquement de se remettre en question et il envisage encore moins de me laisser le trône en dépit du bon sens, désespéra le prince, je suis fatigué Régina de devoir constamment surveiller ses faits et gestes, de corriger autant que possible ses erreurs.
En le voyant dans cet état d'anxiété et fatigue avancés, la souveraine hésita. Elle ne savait plus que croire. Jusqu'ici elle n'avait eu que la version de Gold et son bâtard à laquelle elle avait prêté crédit sans sourciller. Pourtant elle ne les connaissait pas comme elle connaissait Baelfire. Si ce dernier se jouait d'elle, il avait le mérite d'exceller dans son rôle. Or il se pouvait tout autant que ce soi-disant fils illégitime soit à l'origine du mal qui rongeait le roi. Sans preuve concrète c'était la parole de l'un contre celle de l'autre. Le dilemme.
La seule certitude qui demeurait était que le roi était bel et bien victime d'une malédiction qui le précipitait inexorablement vers une mort prématurée. Les choses venaient de se compliquer et un mal de crâne arrivait au grand galop.
J'ai effectivement remarqué que ton père semblait souffrant, il semble avoir vieillit de façon assez spectaculaire tu ne trouves pas?
Que veux-tu dire?
Je pense, et cela ne tient qu'à moi, que ton père est très possiblement victime d'un envoûtement.
Tu penses sincèrement que quelqu'un a pu avoir recours à la magie pour s'en prendre à mon père ? S'étonna le prince.
Oui, c'est ce que je crois.
Le prince songea sérieusement à cette éventualité.
Tu m'excuseras, mais la seule personne à ma connaissance qui n'apprécie pas mon père et qui pratique la sorcellerie ici c'est toi Régina, fit-il remarquer.
Cette dernière lui lança un regard mauvais songeant un instant à le planter là devant tout le monde. Le prince dû le sentir car il se reprit aussitôt.
Je sais, je sais, tu as pour principe de n'utiliser tes pouvoir uniquement dans les situations extrêmes. Je suis navré d'avoir évoqué cette éventualité, mais avoue que vous êtes peu nombreux à détenir un tel pouvoir.
Régina lui concéda silencieusement ce point.
Je sais que j'ai été en dessous de tout avec toi, mais je te serais éternellement reconnaissant si tu pouvais confirmer tes soupçons.
Si c'est effectivement le cas, je ne peux pas promettre que ma magie puisse y remédier, répondit-elle gardant un ton neutre.
J'en ai bien conscience. Mais si les choses viennent à empirer je n'aurais pas d'autre choix que d'intervenir pour le bien du royaume. Pourrais-je compter sur le soutien du Royaume Noir ?
Régina ne sentait prise en otage et elle n'aimait pas cela. Toute cette histoire ne lui disait rien qui vaille.
Tu n'es pas obligée de me répondre maintenant, nous avons encore un peu de temps devant nous et peut-être que tout rentrera dans l'ordre, dit-il dans un sourire contrit, mais au cas où, ton soutien ne serait pas de refus, je veux surtout éviter une guerre à ce royaume, soupira-t-il lasse.
Le Royaume Noir sera toujours là en soutien si nécessaire, Baelfire, déclara Régina refusant de faire quelque promesse que ce fut.
Tu as toute ma reconnaissance, la remercia le prince dans une dernière étreinte avant de prendre congés lorsque les dernières notes de la chanson retentirent.
Songeuse, Emma faisait les cent pas dans la réserve ou elles s'étaient discrètement retirées afin de pouvoir discuter librement. Les propos du prince révélés, elle s'inquiétait de l'évolution de leur séjour entre ces murs.
Je n'aime ni le père ni le fils, mais si je devais accorder du crédit à l'un des deux ce serait sans aucune hésitation au patriarche, trancha Emma.
Nous ne connaissons pas le moins du monde ce Neal qui sort de nulle part et Gold n'est pas dans son état normal. Je sais que tu ne portes pas Baelfire dans ton cœur, mais il a été mon ami d'enfance, après tout ce temps j'aimerai lui accorder le bénéfice du doute.
J'adorerai abonder dans ton sens, vraiment, mais tu oublies l'humiliation publique que tu lui as infligée. Peu importe ce qu'il peut dire, ou le nombre d'années passées, ou même l'urgence de la situation, il n'est pas homme à passer outre Régina et tu le sais, la raisonna Emma en la saisissant par les épaules.
La souveraine soupira de résignation.
Pendant votre «échange» j'ai tendu l'oreille mais à part quelques convives qui se questionnent sur l'état de santé du roi, je n'ai rien entendu qui sorte de l'ordinaire. Je présume que de son côté Mulan n'a rien pu tirer du petit personnel.
Nous sommes arrivés qu'aujourd'hui, nous en apprendrons certainement plus dans les jours à venir.
De toutes évidences nous ne résoudrons rien ce soir, et les journées à venir promettent d'être longues, nous devrions profiter du reste des festivités, proposa Emma.
Nous pourrions faire en sorte que cette soirée se termine de façon plus agréable… Suggéra Régina d'un ton aguicheur en passant ses bras autour du cou de sa fiancée.
Ici? Vraiment?
Pourquoi pas? La plupart des convives ont déjà dû abuser plus d'alcool que nécessaire, il n'y a personne et l'orchestre devrait couvrir le moindre bruit qui pourrait nous échapper, susurra la reine à l'oreille de son amante.
Tu ne crains plus de gâcher nos maquillages, nos coiffures ou nos costumes? La taquina Emma en lui léchant la peau sensible de son cou.
Je compte sur toi pour veiller à ce que tout soit à sa place à notre sortie de salle, soupira de désir Régina en basculant la tête sur le côté.
N'as-tu pas peur d'être surprise dans une mauvaise posture?
Tu as verrouillé la porte dès que nous sommes entrées ici et... il n'y a pas de mauvaise position mon amour, souris la reine avant de l'embrasser sensuellement.
Emma avait fait en sorte de garder le contrôle, mais ce baiser alluma un véritable brasier en elle. Leurs pas les amenèrent maladroitement jusqu'au rebord d'un fenestron où elles prirent appui. Régina tira précipitamment sur sa robe afin de pouvoir enrouler une jambe autour de la taille de son amante. Cette dernière tenta de glisser une main entre elles afin d'atteindre le sexe de sa partenaire, mais le tissu gênait. Grognant de contrariété, Emma s'écarta, releva l'étoffe et découvrit qu'il n'y avait pas de sous-vêtement. Elle adressa un regard interrogateur à sa reine qui, un sourcil arqué, arbora un air suffisant: avait-elle réellement besoin d'une explication? Emma lui sourit avant de coincer le vêtement directement dans le corset et de s'agenouiller devant sa reine. Elle lui saisi une cheville déposa des baisers sur son mollet, remonta jusqu'au creux de son genou, poursuivit à l'intérieur de sa cuisse, là ou sa peau était la plus sensible. Elle reposa cette jambe sur son épaule et sentit sa fiancée frisonner lorsque son souffle atteignit son entrejambe. Elle taquina son intimité du bout de la langue mais sa souveraine ne l'entendait pas ainsi et la saisi par les cheveux afin de l'encourager avec autorité à la satisfaire. Alors Emma s'exécuta avec application.
Régina sentait enfler le plaisir en elle, ses hanches venait à la rencontre de chaque coup de langue, de chaque suçotement. Chaque mouvement lui tirait un gémissement d'extase et elle en voulait plus, toujours plus. Elle ne voulait pas que cela s'arrête. Elle tressaillit lorsque qu'elle sentit les doigts habilles de son amante la pénétrer. La combinaison des deux allait inévitablement la faire basculer bien trop vite.
Non, supplia-t-elle en tirant légèrement la natte qu'elle tenait encore dans sa main avant de la relâcher.
Emma se figea et releva la tête. Elle compris la demande silencieuse de sa reine et se redressa. Elle l'embrassa lascivement, la laissant goûter à son propre plaisir. Elle hissa une de ses jambes contre sa hanche afin se trouver au plus près du corps de sa partenaire, puis elle amorça un va-et-vient d'une extrême lenteur. Régina se cramponnait à elle d'une main, l'autre l'aidait à prendre appui contre le mur. Sa respiration était erratique, sa poitrine, prisonnière d'un corset trop serré, se levait et s'abaissait à un rythme effréné. La voir se démener pour ne pas jouir trop rapidement accentuait la propre excitation de Emma au point ou elle craignit de succomber la première. Elle effleura de son pouce le point rendu extrêmement sensible, arrachant un gémissement à sa reine qui se pinça la lèvre se rappelant brièvement de ne pas faire trop de bruit.
Régina ne contrôlait plus son bassin qui, frénétiquement, butait contre la main qui lui prodiguait un plaisir si intense que ses muscles internes se crispaient davantage à chaque pénétration. La cadence entre elles accéléra, se fit irrégulière, leurs souffles se mêlèrent, sa vision se troubla. Elle allait abdiquer quand elle sentit les dents de son amante s'enfoncer à la base de sa nuque. Le plaisir combiné à cette douleur toute relative, la fauchèrent en plein vol. Tout son corps se contracta violemment contre celui de Emma qui continua de la caresser, lui prodiguant encore quelques vagues de volupté. Son corps mit un peu de temps à se relâcher, et sortir de sa léthargie en prit davantage. Elle se tendit lorsque Emma se retira et la regarda lécher avec gourmandise ses doigts agiles.
Tu es incorrigible.
Mais douée, la provoqua Emma d'un air triomphant.
Régina effaça ce sourire en embrassant son amante, puis elle passa sa main sous ses vêtements. Emma lui saisit le poignet mais il était trop tard.
Oh mon Amour, tu es trempée, ronronna sa reine en la câlinant, lui coupant le souffle
Je… vais… venir vite, parvint à articuler l'elfe avec difficulté, les jambes tremblantes.
Régina constata effectivement que Emma était déjà au bord du gouffre, elle passa son deuxième bras dans le bas du dos de son commandant pour la soutenir et la maintenir contre elle. Elle contemplait ce corps puissant et musclé se tendre sous son toucher, se délectait de l'entendre soupirer et elle s'immobilisa lorsqu'elle ferma les paupières.
Je veux que tu gardes les yeux ouverts, fais-le pour moi ma guerrière, exigea-t-elle en l'encourageant par des attouchement provocateurs.
Emma s'exécuta non sans peine. Leur regard plongèrent l'un dans l'autre et Régina la remplie de ses doigts, lui arrachant un gémissement muet. Elle n'osa pas la faire languir davantage et poussa en elle avec toute la fougue de son amour. Il n'en fallu pas beaucoup pour que le corps de Emma s'arque à son maximum quand le plaisir explosa dans chacune de ses cellules.
Régina déposait ici et là des baisers sur la peau qui lui était accessible, attendant patiemment que sa compagne reprenne ses esprits. Cette dernière se fit violence pour sortir de sa torpeur quand elles entendirent l'orchestre s'arrêter brutalement avec des sons discordants.
SQSQSQSQSQSQSQSQSQSQSQSQSQ
Emma se précipita à la porte qu'elle entre-ouvrit pour jeter un œil. Des gardes armés déboulaient de toutes part, prenant d'assaut la salle de réception et ses invités. Il y eut quelques cris de frayeur, le bruit de l'acier qui s'entrechoquait quand certain tentèrent de résister ou de fuir.
Emma referma aussitôt la porte et la verrouilla en espérant que personne n'aura l'idée de venir vérifier de ce côté-ci.
Il semblerait que les événements que nous redoutions arrivent plus tôt que prévu, annonça Emma en s'approchant de la fenêtre et constatant que la prise du château était complète.
D'autres gardes étaient disposés ci et là aux entrées sorties qu'elle pouvait distinguer. Bien entendu aucune échappatoire possible depuis leur cachette. Elles se retrouvaient piégées et elle n'avait pas d'arme sur elle.
Nous sommes coincées. Nous sommes stupidement coincées et je ne peux rien faire, pesta Emma faisant les cents pas en se passant nerveusement la main sur la nuque.
Régina vint se placer pile sur son chemin.
Je peux faire usage de ma magie.
Régina, ils sont organisés et méthodiques, nos troupes ont très probablement été faites prisonnières en premier, ils sont postés à chaque sortie possible et ils ont des otages.
La poignée tourna violemment dans le vide une première fois, avant que quelqu'un ne commence à tambouriner dessus leur criant d'ouvrir la porte et de se rendre.
Si nous n'étions pas bloquées ici que ferais-tu pour régler la situation ?
Ce n'est pas le moment Régina, objecta Emma en repoussant sa reine derrière elle en un geste protecteur.
Réponds-moi, que ferais-tu? Demanda de nouveau la souveraine en se tenant au bras de sa compagne.
Je, je... ferais en sorte de trouver une arme… je libérerai autant de soldat que possible. Je reprendrais les lieux pièce par pièce jusqu'à les acculés dans la salle de réception en espérant que personne ne soit tué en représailles, réfléchit Emma à voix haute tandis que les coups redoublaient contre la porte menaçant de la faire céder à tout moment.
Très bien je me contenterai de ça, marmonna Régina avant de retirer une petite épingle de ses cheveux et de se piquer jusqu'au sang un des ses doigts.
Mais qu'est-ce que tu fais?
Je nous trouve une solution à tout ce chaos.
Régina appuya son doigt sur le front, les lèvres puis dans le creux à la base du cou de sa compagne en y laissant une trace de sang, tout en psalmodiant d'une voix doucereuse.
Je n'aime pas ce que vous êtes en train de faire Votre Majesté, contesta Emma en faisant un pas en arrière.
Je t'aime, lui dit Régina avant de l'embrasser.
Avant que Emma puisse faire ou dire quoique ce soit, la porte céda brutalement et dans le même temps Régina claqua des mains faisant subitement disparaître sa compagne.
Les soldats entrèrent précipitamment dans les lieux, ils jetèrent un regard circulaire dans la pièce surpris de la trouver seule.
Où es votre commandant ? Demanda l'un d'eux.
Régina aurait aimé lui répondre mais sa vue se troubla subitement, les bruits résonnèrent en une cacophonie sous son crâne amplifiant une céphalée carabinée puis son corps fut pris de tremblements. Elle sentit un liquide chaud couler sur ses lèvres, elle porta ses mains à son visage: elle saignait du nez. La pièce vacilla avant qu'elle ne perde connaissance.
