Et voilà, la partie 2 du chapitre 13 est en ligne, comme promis. Et en avance sur l'horaire en plus ! Si c'est pas beau tout ça...

Bon, c'est aussi parce que le chapitre 14 ne sera absolument pas prêt à sortir samedi prochain. Je n'ai pas trouvé la motivation d'écrire cette semaine et je préfère éviter de me forcer, car je n'ai pas envie de vous sortir un truc moins qualitatif.

J'espère pouvoir m'y mettre vraiment la semaine prochaine. Surtout qu'il ne me reste pas grand chose à écrire, le plus gros est fait. Mais ce sont les scènes que j'aime le moins écrire qui restent, ce qui explique ma procrastination... Mais je vais y arriver !

En attendant : bonne lecture !

Chapitre 13 : Meet me there where it never closes – Partie 2

Elle quitta alors la pièce, laissant Ginny continuer d'invectiver son frère pour ses propos.

Une fois dans le couloir, elle parcourut ce dernier jusqu'à s'arrêter face à l'avant-dernière porte sur la gauche, qu'elle poussa.

- Oh salut Luna ! s'exclama-t-elle en pénétrant dans la pièce qui avait été sa chambre ces dernières années. Je ne savais pas que tu étais là toi aussi.

Luna était assise sur un second lit, probablement ajouté depuis son départ, et était occupée à tisser des fils multicolores dans ce qui semblait être l'ébauche d'un bracelet.

- Salut, Hermione, répondit la sorcière blonde en la voyant entrer. Je suis arrivée hier. Désolée, on m'a indiqué de loger dans cette pièce, mais je ne savais pas que c'était ta chambre.

Hermione balaya l'air de la main, dans un geste désinvolte tout en sortant sa valise de son sac en perles, pour lui redonner sa taille normale et en sortir ses vêtements pour les deux jours à venir.

- Ne t'en fais pas, cette pièce est bien assez grande pour nous accueillir toutes les deux. De plus, l'attribution des chambres est plutôt aléatoire dans cette maison. Je ne compte plus le nombre de membres de l'Ordre qui ont déménagé depuis que je suis ici. Et puis, maintenant que je loge chez Snape, la pièce est vide alors autant que quelqu'un en profite.

- Oh oui, j'ai entendu dire que tu y étais depuis quelques mois. Comment ça se passe ?

Contente que quelqu'un lui pose enfin la question, Hermione s'assit sur sa propre couchette et s'empressa d'expliquer à son amie ce qui faisait son quotidien avec Severus Snape. Évidemment, elle ne put lui révéler l'entièreté de ce qu'elle vivait, notamment en raison du Fidelitas qui protégeait la maison, mais le regard intéressé de son interlocutrice lui mit du baume au cœur. Les garçons avaient été tellement occupés à lui conter par le menu leur entraînement avec Tonks et Maugrey qu'ils avaient fait l'impasse sur sa propre expérience.

Quand elle eut terminé son récit, Luna l'observa attentivement.

- Eh bien je ne sais pas ce que te fait Snape, mais cela a l'air de te réussir. Tu as l'air épanouie et en pleine forme, ça fait plaisir à voir.

Hermione sourit à son amie en retour.

- Merci Luna, c'est gentil. Je dois dire que la cohabitation avec lui est plus agréable que ce que je pensais au départ.

- J'ai toujours dit que cet homme était mal jugé, notamment par vous les Gryffondor, fit Luna avec son petit sourire éthéré habituel. Il avait aussi sa réputation chez les Serdaigle, je ne le nie pas, mais on a toujours senti qu'avec vous, cela allait au-delà. Il y avait une sorte de détestation mutuelle et ce n'était pas seulement dû au Nargoles.

Hermione se retint de lever les yeux au ciel aux propos toujours aussi décalés de son amie et préféra amener la conversation vers un thème moins sujet à controverses.

- Et toi alors, qu'est-ce que tu fais ici ?

La jeune femme se tourna vers elle, ses doigts continuant à tresser ses fils pendant qu'elle parlait.

- Oh, je vais entamer un apprentissage en Médicomagie avec Madame Pomfresh.

- Ah bon ? Je ne pensais pas que tu étais intéressée par cette discipline, fit Hermione, dubitative.

- À vrai dire, je ne le suis pas vraiment, mais il paraît que Madame Pomfresh ne parvient plus à suivre le rythme avec les attaques récentes. Il lui faut des apprentis. Dumbledore a fait passer le message et mon père m'en a parlé. Il savait que je voulais aider d'une manière ou d'une autre et il est plutôt rassuré de savoir que je suis ici, en sécurité.

- Ah oui, je comprends.

- Mais je ne serai pas toute seule, ajouta gaiement Luna. Neville est arrivé ce matin et Hannah Abbot devrait nous rejoindre également. Les connaissances de Neville en botanique devraient nous être très utiles.

- Je n'en doute pas une seconde. J'espère juste que Neville a eu le temps de guérir de sa peur de Snape ces dernières années, ajouta-t-elle avec un petit sourire indulgent, parce que sinon la réunion de ce soir va être drôlement pénible pour lui.

- Oui en effet. Il faudra qu'on le soutienne émotionnellement. Ou tu pourrais demander à Snape d'être un peu moins dur avec lui.

- Alors là, tu sous-estimes grandement mon influence sur lui, répondit Hermione dans un léger rire. J'ai déjà du mal à le convaincre de ne pas me tuer au quotidien, alors je pense que je ne serais d'aucun secours pour Neville.

Les jeunes femmes s'amusèrent cette plaisanterie, puis continuèrent de discuter tranquillement, jusqu'au moment où Harry, Ron et Ginny vinrent les chercher pour la réunion.

En atteignant le couloir du rez-de-chaussée, ils croisèrent justement Neville et décidèrent d'entrer ensemble dans la cuisine. Quand ils pénétrèrent dans la pièce, Hermione repéra rapidement le coin sombre où s'était retiré l'espion. C'était dans ses habitudes de se fondre dans le paysage afin de ne pas attirer l'attention et elle constata que cela fonctionnait à merveille, puisque personne d'autre ne semblait avoir noté sa présence.

Elle eut une petite bouffée de fierté à la pensée qu'elle avait finalement acquis de bonnes bases en observation sous sa houlette et elle surprit le léger hochement de tête qu'il lui accorda, comme s'il avait suivi ses pensées.

Elle se demanda brièvement si elle devait le rejoindre afin de suivre la réunion avec lui, mais ses amis l'entraînèrent dans le coin opposé de la pièce et elle les suivit docilement, afin de s'asseoir avec eux.

Les autres membres arrivèrent au compte-goutte et Hermione put constater qu'ils étaient particulièrement nombreux ce soir. Il y avait évidemment la famille Weasley au complet - même Bill et Charlie étaient présents, ainsi que Fleur - Tonks et Remus, assis ensemble en milieu de table, Maugrey, Kingsley et Amelia Bones du Magenmagot. Venaient ensuite les professeurs de Poudlard.

Dumbledore présidait évidemment la séance, assis en bout de table, avec Minerva McGonagall à sa droite.

Une fois que tout le monde fut installé, Dumbledore débuta la réunion par un état des lieux des effectifs de l'Ordre et un rapport récent des forces connues des Mangemorts, fourni par Severus.

Il fut également question du retour définitif de Harry et Ron à Grimmauld, ainsi que de l'intégration de Luna, Hannah et Neville en tant qu'apprentis de Madame Pomfresh. Tout le monde approuva la motion et Hermione ne put empêcher ses yeux de dériver vers son propre instructeur lorsque le nom de Neville fut prononcé. Le sorcier levait justement les yeux au ciel de dépit et la jeune femme eut un sourire discret en le voyant. Mais elle reporta immédiatement son attention sur la discussion en cours, lorsque Snape capta justement son regard et lui accorda un froncement de sourcil sévère.

Elle venait d'être prise en flagrant délit d'inattention, par Snape qui plus est. Elle avait plutôt intérêt à se faire discrète durant le reste de l'assemblée si elle ne voulait pas subir ses foudres.

Une heure plus tard, comme la réunion allait toucher à sa fin, Hermione encouragea Ginny du regard. La rouquine acquiesça et demanda à prendre la parole, à la surprise de ses parents et de ses frères. Lorsque Dumbledore lui fit signe, la jeune femme se lança :

- Je souhaiterai pouvoir accompagner Harry et Ron lors de leurs entraînements avec Tonks et Maugrey. Étant donné que ceux-ci ont été réduits à deux séances par semaine, cela me semble une demande raisonnable.

Elle avait lancé sa requête avec aplomb, son visage résolument tourné vers l'ex-directeur de Poudlard, pendant que les membres de sa famille commençaient à protester.

- Il n'en est absolument pas question jeune fille, s'écria vivement Molly, couvrant les contestations autour d'elle. Un champ de bataille n'est certainement pas ta place !

D'autres partisans de l'Ordre voulurent donner leur avis sur la question, créant alors une véritable cacophonie qui fit grimacer Hermione. Elle jeta un regard compatissant à son amie, qui ne se départit pourtant pas de son assurance.

- Et pourquoi pas ? s'éleva calmement la voix de Severus Snape, mettant d'un seul coup fin à l'ambiance enflammée.

Il s'était avancé d'un pas, sortant sa silhouette des ombres dans lesquelles il se dissimulait jusqu'à présent, provoquant un certain remous dans la salle.

Hermione eut une moue dubitative en remarquant que la plupart des gens présents n'avait jusqu'alors pas capté la présence de Snape dans la pièce. Même ses amis avaient paru surpris par son apparition. Elle se fit la réflexion que dans un autre contexte, ils seraient tous morts sans avoir eu le temps de comprendre d'où venait l'attaque.

Ignorant des pensées qui assaillaient son élève, Severus continua :

- Je ne vois pas vraiment où se situe le problème. Si Miss Weasley veut apprendre à se battre, pourquoi ne la laisserions-nous pas faire ? Après tout, elle ne peut pas être aussi irréfléchie que Messieurs Potter et Weasley ici présents, à qui Tonks et Maugrey se sont échiné à donner des leçons particulières ces derniers mois.

Il fixa les susnommés avec son air hautain habituel, un faible rictus aux lèvres et la jeune femme remarqua qu'il était beaucoup plus prononcé que lorsqu'il lui était adressé. Elle poussa un soupir à ce constat. Il pouvait être un véritable salopard quand il l'avait décidé.

Harry et Ron allaient se lever pour protester, mais Hermione et Ginny posèrent une main apaisante sur leurs épaules, les empêchant de s'engager dans un combat perdu d'avance.

À la place, ce fut Molly qui prit la parole, s'adressant directement au sorcier :

- Pardon de te dire ça Severus, mais tu n'as pas d'enfant. Tu ne sais donc pas ce que c'est de s'inquiéter pour eux. Je n'ai certainement pas envie que Ginny se lance dans ce genre de projet qui pourrait s'avérer extrêmement dangereux. Je n'étais déjà pas d'accord en ce qui concerne l'enrôlement d'Hermione, mais mes arguments n'ont pas été entendus. Là il s'agit de ma fille et je compte bien la protéger.

Le Serpentard hocha la tête, mais poursuivit son argumentaire :

- En effet, je n'ai pas d'enfant. Mais si je peux me permettre, priver Miss Weasley de connaissances sous prétexte que c'est une fille est aberrant, surtout en sachant que ce sont souvent les premières victimes de mes collègues.

Il avait craché ce mot comme s'il lui écorchait la bouche et un frisson parcourut l'assemblée.

Indifférent aux discussions qui commençaient à s'élever autour de lui, Severus poursuivit :

- J'ai bien conscience que tu souhaites protéger ta famille Molly, mais tes autres enfants sont déjà tous impliqués dans cette guerre et Ginevra le sera également un jour ou l'autre. Alors, autant lui donner toutes les armes nécessaires pour y faire face et lui apprendre à se défendre, ne crois-tu pas ?

La matriarche se tut et sembla réfléchir aux propos de l'homme. Elle se tourna vers Arthur, assis à côté d'elle, cherchant son soutien.

Le père de famille eut un sourire triste en s'adressant à sa femme :

- Je pense que Severus a raison, Molly chérie : la guerre n'épargnera personne. Dans ce contexte, il vaudrait mieux que Ginny soit préparée à ce qui pourrait arriver. Lui permettre de s'entraîner avec les garçons ne me paraît pas être une si mauvaise idée.

- S'il te plaît, Maman, insista la jeune femme. Je sais que tout ceci est effrayant, mais ne pas y être préparée l'est encore plus.

- Ginny, c'est dangereux.

- En effet, mais tout l'est aujourd'hui. Personne n'est en sécurité nulle part.

- Tu pourrais être blessée.

- Je serai blessée si je ne peux pas me défendre.

Molly allait de nouveau prendre la parole, lorsque Ginny la devança :

- Je suis une amie de Harry Potter et je fais partie de cette famille, qui est connue pour faire partie de l'Ordre et aimer les moldus, dit-elle en jetant un regard entendu à son père. Je suis une cible privilégiée et tu ne pourras pas me protéger éternellement, Maman. Laisse-moi m'entraîner avec les garçons.

Molly soupira, mais dut se résigner face aux arguments exposés.

- Bien, céda-t-elle, je suppose que nous pouvons te laisser suivre les enseignements d'Alastor et Nymphadora. S'ils sont d'accord, évidemment.

Les deux Aurors marquèrent leur accord et la jeune femme offrit un sourire joyeux à ses parents, puis à Hermione.

- Par contre, il n'est pas question que tu participes à des missions de l'Ordre. Que tu apprennes à te défendre est une chose, que tu ailles te mettre délibérément en danger en est une autre, trancha-t-elle.

Dumbledore approuva les paroles de la sorcière pendant que Ginny fronçait les sourcils de frustration. La décision fut adoptée et la réunion se poursuivit encore pendant quelques minutes avec divers points de moyenne importance, avant d'être clôturée.

De nombreux membres se levèrent en soupirant de soulagement, heureux d'en avoir fini avec cette réunion qui leur semblait avoir duré des heures.

Alors qu'elle était encore en train de traîner dans la cuisine avec ses amis, attendant que tout le monde parte, Hermione les sentit se tendre, tandis que Neville prenait subitement une teinte très pâle.

Sachant qui elle allait trouver derrière elle, elle se retourna pour faire face à Snape. Il la fixait de toute sa hauteur, son aura dominant la pièce. Elle sut que cette démonstration était avant tout destinée à ses amis et non à elle, et son esprit s'amusa à la pensée qu'il ne l'effrayait définitivement plus autant qu'avant. Pourvu qu'il ne s'en rende jamais compte.

La voix grave de l'homme la sortit de ses pensées :

- Comme convenu Granger, je vous laisse passer le week-end dans cette maison - ses lèvres s'écartèrent imperceptiblement à ce mot avant qu'il ne continue. Mais je vous veux rentrée et totalement opérationnelle lundi matin. Ne soyez pas en retard.

Il avait particulièrement insisté sur ces derniers mots et Hermione sut qu'elle avait plutôt intérêt à suivre ses recommandations à la lettre. Elle répondit donc simplement au sorcier :

- Bien, Monsieur.

Il lui accorda un bref signe de tête, puis fit volte-face, sa cape flottant derrière lui au rythme de ses pas, jusqu'à ce qu'il ait quitté la pièce.

- Eh bien Hermione, je ne sais pas comment tu fais pour supporter cet homme au quotidien, s'exclama Neville une fois la porte refermée. Il est toujours aussi effrayant que dans mes souvenirs.

- Et toujours aussi intransigeant, ajouta Harry.

- Et désagréable, renchérit Ron

Hermione soupira, mais renonça à l'idée de leur expliquer qui était vraiment Severus Snape. D'une part parce qu'ils ne l'écouteraient pas et d'autre part car elle-même savait si peu de choses à son sujet que cela ne refléterait pas la réalité.

Elle se contenta donc de leur sourire et de rejoindre Molly lorsqu'elle les appela pour mettre la table pour le repas du soir.

oOoOoOo

Le week-end se déroula calmement, entre discussions avec Ginny et Luna, parties d'échecs avec Neville et tournois de bataille explosive avec Harry et Ron.

Hermione était satisfaite de cette pause bienvenue dans son entraînement quotidien. Et puis, elle était ravie d'avoir pu revoir ses amis après une si longue période d'absence. Ce n'était plus arrivé depuis les dernières vacances scolaires, après leur quatrième année.

Elle fut surprise de si bien s'entendre avec Luna. Même si elles avaient des amis en commun, les deux femmes n'avaient pas vraiment été très proches au collège. Mais partager leur chambre durant ces deux jours les avait énormément rapprochées.

Hermione s'était habituée aux excentricités de la Serdaigle, et celle-ci s'était avérée être une personne attentive et très à l'écoute. Contrairement aux autres, elle ne la rabrouait pas lorsque la conversation commençait à tourner autour d'autre chose que du Quidditch ou qu'elle abordait un sujet plus pointu concernant les potions.

C'était agréable d'être écoutée et de pouvoir discuter de choses intéressantes avec quelqu'un.

À l'issue de cette observation, Hermione réalisa que la seule autre personne avec qui elle pouvait parler d'autant de sujets différents, c'était Snape.

Elle décida finalement de rentrer le dimanche soir après le repas, malgré les protestations de ses amis, la pressant de rester jusqu'au lendemain matin afin de passer une dernière soirée ensemble.

Elle n'avait cependant pas envie de se lever aux aurores le lendemain et de se dépêcher pour être à l'heure pour l'entraînement.

Harry et Ron avaient d'ailleurs ouvert de grands yeux en apprenant qu'elle devait être prête pour six heures trente. Apparemment, Tonks et Maugrey n'étaient pas du matin.

Elle préférait rentrer ce soir pour ranger tranquillement ses affaires et bouquiner avant d'aller se coucher. Et puis, il fallait également avouer que son lit au cottage était nettement plus grand et plus confortable que celui de Grimmauld.

oOoOoOo

Elle venait à peine de quitter le Square alors qu'il pleuvait à verse et elle avait hâte de pouvoir s'installer devant un bon feu et le livre de chimie que Snape lui avait passé quelques jours auparavant.

Sa cape de voyage la protégeait de la pluie, mais le vent froid la soulevait à intervalles réguliers, s'infiltrant sous ses couches de vêtements pour la faire frissonner.

Après quatre transplanages à travers le pays afin de vérifier qu'elle n'était pas suivie, Hermione atterrit enfin devant les grilles du domaine.

Elle marmonna les sortilèges que Snape lui avait enseignés puis posa sa main sur le portail. Elle fut étonnée lorsque celui-ci resta résolument fermé.

Fronçant les sourcils, elle entreprit de réitérer ses mouvements.

Après deux autres essais infructueux, elle dut se rendre à l'évidence : quelque chose n'allait pas. Elle avait scrupuleusement suivi les indications du sorciers, mais rien ne se déroulait comme il le lui avait indiqué.

Trempée et frissonnante, elle se lança quelques charmes, dont un destiné à imperméabiliser ses vêtements - tous ses vêtements ! - et un sortilège de chaleur. Elle était consciente qu'il ne durerait pas longtemps, mais elle ne pouvait tout simplement pas réfléchir dans ces conditions.

Une fois ses sortilèges en place, elle se désillusionna afin de ne pas attirer l'attention. Une jeune femme trempée, marmonnant devant un vaste champ vide, cela n'était pas vraiment quelque chose qu'on voyait souvent dans ce petit village du Gloucestershire.

- Bon, réfléchis, Hermione. Si le domaine ne te laisse pas entrer, c'est qu'il y a une raison logique. Il te suffit de la trouver, s'admonesta-t-elle.

Levant sa baguette, elle lança un sort de détection qu'elle avait appris récemment et poussa un juron étouffé. De nouveaux charmes de protection avaient été placés, en plus de ceux déjà existants. Si les résultats obtenus étaient exacts, il y avait trois nouveaux dispositifs en plus des trois qu'elle connaissait.

Réalisant que cela allait lui prendre un temps infini avant de pouvoir tous les neutraliser, elle ne put s'empêcher de s'exclamer :

- Snape, espèce d'immonde Scrout à Pétard !

Ce Serpentard de malheur avait profité de son absence pour ajouter des enchantements sur le domaine. Et il ne s'était pas contenté d'un seul sort. Ce salopard avait doublé les défenses du portail ! Doublé !

Sachant que la colère ne lui serait d'aucune utilité - si ce n'est celle de la réchauffer quelque peu - Hermione inspira à plusieurs reprises pour se calmer. Il fallait qu'elle se concentre si elle ne voulait pas passer la nuit dehors.

Elle avait bien envisagé de retourner au Quartier Général de l'Ordre, mais elle savait que cette épreuve était un nouveau test de la part de l'espion.

Elle pensa également lui envoyer un Patronus, mais elle visualisa clairement son air mi-hautain, mi-déçu si elle le faisait. Sans compter qu'elle n'était même pas certaine qu'il accepte d'affronter les intempéries pour lui venir en aide.

Cet homme était la complexité personnifiée. Et elle était coincée avec lui.

Elle se retrouva donc à agiter sa baguette pendant plus d'une heure, marmonnant incantations sur incantations et bouillonnant de rage lorsqu'un maléfice protecteur lui résistait.

Elle pleura presque de soulagement quand le portail s'ouvrit enfin devant elle et elle pestait encore lorsqu'elle franchit enfin le seuil de la maison, toute dégoulinante. Jetant un œil par l'arcade du couloir, elle aperçut Snape, confortablement installé dans son fauteuil, un livre à la main et une tasse de thé posée sur le guéridon. Elle eut soudainement très envie de le frapper.

Il devait avoir entendu son entrée fracassante, puisqu'il leva les yeux de sa lecture, un sourire moqueur aux lèvres.

- Déjà rentrée, Granger ?

À la réflexion, il devait avoir suivi tous ses gestes depuis le début. Elle ne savait comment il s'y était pris, mais son petit air satisfait lui disait tout ce qu'elle avait besoin de savoir.

Furieuse d'avoir passé des heures sous la pluie battante pour rien et parfaitement consciente d'être la cause du profond amusement du sorcier, elle lui jeta un regard noir - qui ne lui valut qu'un nouvel haussement de sourcil moqueur - et tourna prestement les talons pour quitter la pièce, sous les ricanements de celui-ci.

Elle monta les escaliers quatre à quatre et pénétra dans sa chambre, non sans claquer fortement la porte derrière elle, faisant redoubler l'hilarité de l'homme installé au salon.

oOoOoOo

Reposant son livre pour savourer une gorgée de thé, Severus secoua la tête en entendant la plomberie du cottage se mettre en branle, quelques instants seulement après l'entrée de la sorcière dans sa chambre.

Honnêtement, il avait éprouvé une pointe de culpabilité ce soir, en constatant que la pluie avait commencé à tomber avant le retour de la jeune femme.

Il avait brièvement envisagé d'annuler son petit test, mais y avait finalement renoncé, convaincu que l'expérience ne pourrait que lui être bénéfique. Après tout, elle serait amenée à faire face à des situations beaucoup plus problématiques que celle-ci à l'avenir, alors autant qu'elle y soit confrontée tout de suite.

Évidemment, Granger devait être loin de l'envisager à cet instant précis, mais il était persuadé qu'elle arriverait elle-même à cette conclusion. Probablement demain matin, lorsqu'elle serait réchauffée et reposée.

Il était également agréablement surpris qu'elle avait choisi de rentrer ce soir et non demain matin. Pas que sa présence lui manquait - même s'il devait bien avouer que c'était agréable d'avoir quelqu'un d'intelligent avec qui échanger au quotidien - mais plutôt car c'était un choix stratégique qu'il aurait lui-même fait dans un contexte similaire. Il valait toujours mieux avoir un peu d'avance sur les événements, car on ne savait jamais ce qui nous attendait.

Cependant, si elle était rentrée plus tôt, c'était peut-être aussi le signe qu'elle se sentait bien dans cet environnement. Qu'elle appréciait la maison et peut-être même sa compagnie.

Secouant la tête face au tour dangereux que commençaient à prendre ses pensées - qui donc pourrait en venir à apprécier sa compagnie ? - Severus préféra reporter son attention sur sa lecture en cours, non sans conclure que, de son point de vue, cette première épreuve avait été une totale réussite.