Je décline toute responsabilité si la fiction rejoint la réalité à un moment donné XD
Chapitre 420 : You will never be
Quelque chose de parfaitement surnaturel me pousse jusqu'au parc, en cette heure reculée de la nuit.
Le manège familial dort sous la toile épaisse qui le recouvre et le préserve des aléas climatiques. Mais cette fois, ce sont des volutes sombres qui semblent avoir pris possession de ce joyau baroque. Et ces flammes obscures, je les connais.
Je soulève le dais, apercevant deux pieds bottés, montés sur des talons ouvragés, parcourir la plateforme, cheminant entre les attaches solides en métal qui percent et maintiennent les chevaux en place.
Vision apocalyptique d'un nouveau genre !
Michaelis a toujours possédé des jambes interminables ! Et lorsqu'il chausse ses cuissardes à talons, l'effet s'en trouve décuplé.
Il stoppe, orteils tournés vers moi, jambes légèrement ouvertes. "Tiens, tiens. Une vile curieuse qui s'invite là..."
Je note son reflet dans chaque miroir. Une bête féroce !
Je m'invite à l'intérieur et le manège se met en route, toujours couvert. La musique de l'orgue s'élève.
"Une bien vilaine curieuse..." reprenant la version humaine du parfait majordome.
Son visage le plus plaisant aux yeux humains.
"Que veux-tu ?"
"M'amuser." m'invitant à m'installer avec lui dans une des calèches.
L'espace en est si réduit que ses genoux touchent le rebord du banc opposé, drapé de velours carmin, jambes ouvertes pour y accueillir les miennes.
Ses mains gantées cheminent le long de mes cuisses, nous offrant la première décharge lascive qui parcourt jusqu'à nos reins.
Je me penche de la même manière, caressant l'extérieur de ses cuisses effilées.
"N'insistiez-vous pas pour me voir dans ma véritable forme, il n'y a pas si longtemps ?..."
"Je me rappelle surtout de quelle façon ton essence reprenait le dessus lorsque l'orgasme t'était trop puissant, Sebastian."
"Touché." sur un sourire presque doux. "Mais trêve de flatteries. Dites-moi ce qui pourrait m'empêcher de trousser votre jupon et vous faire assaut de la plus charnelle des façons ?"
"Le diable serait-il venu me réclamer une jouissance ?..."
"Une ? Vous me décevez. Je me presserai tant entre vos chairs gorgées que votre voix s'élèvera à plusieurs reprises."
J'entrouvre la bouche. "Touchée."
"Permettez, dans ce cas, que j'y procède." ne supportant plus la vigueur de l'érection qui l'anime, se relevant légèrement pour se déboutonner et se faire saillir, retroussant mon jupon, pouces caressant mon pubis avant de le dénuder, retirant ses gants pour y faire plonger ces mêmes pouces, savourant l'humidité éloquente qui me tapisse.
"Oh, Mademoiselle... que d'agréables souvenirs... refont surface." voix étranglée de désir.
"Démon... Michaelis..." lui faisant écho.
Il me retourne, mes genoux sur l'assise, se lovant sur moi, sexe entrant là où il est ardemment attendu, bras tendu, doigts aux ongles sombres crispant sur le haut du dossier alors qu'il s'engouffre dans la moiteur exquise, lâchant un rauque qui fait vibrer toute sa gorge.
"Tu... ne respectes... absolument rien... Michaelis !"
"Oh allons... nous n'en sommes plus... haaaah... aux présentations."
"T'a-t-on déjà chassé à coups de pics et de fourches, démon Michaelis ?..." alors qu'il repose contre moi, mèches sombres sur mon décolleté clair.
Il entrouvre ses yeux aux iris cramoisies, pupilles fendues. "Je les aurai sans doute consumés sans préavis si tel avait été le cas."
"Ah oui... la maîtrise léchée des flammes..."
Je perds le nez entre ses mèches sombres.
"Moi, je t'aurai poursuivi avec toutes les armes offertes par la nature." sourire audible.
"La vision m'en est presque exquise."
"Les femmes que tu séduis finissent généralement en cendres, Michaelis."
"De négligeables pertes dans une partie d'échecs endiablée." souriant au terme.
"Tu es sans concession. J'aime ça." caressant ses cheveux de jais, les regardant filer entre mes doigts.
"Cessez de me flatter. Ou vous allez me susciter une nouvelle turgescence."
"Tu m'y encourages, pourtant." embrassant le haut de sa tête.
L'orgue a cessé depuis un moment déjà.
"Tu fais aussi bien l'amour que tu sers le thé, butler."
"Quelle analogie, Mademoiselle !..." follement amusé.
"Toujours sans maître, Sebastian ?"
"Je pourrai bien jeter mon dévolu sur quelques âmes perdues mais ce serait parfaitement insipide à mon palais."
"Le problème lorsqu'on a goûté l'excellence."
"Magnifique piège à double tranchant."
Ses doigts caressent mes cuisses nues. "Partons en voyage, Mademoiselle."
Je cligne. "Où donc, butler ?"
"Où bon vous semblera."
"Réserve un train de nuit, Sebastian."
"Vos désirs sont mes ordres." attrapant ma main pour la baiser.
Sur sa fameuse réplique tournée au féminin qui serait "Yes, my Lady !", Undy a pris également le soin de lui damer le pion ! XD
Le plus luxueux, évidemment. Le trajet nous mènera jusqu'aux confins de la majestueuse Venise.
Le carnaval y bat son plein. L'occasion est chère au cœur du démon millénaire.
Il me suit, portant ma malle et son maigre paquetage.
La suite y est fabuleuse.
Nous y prenons nos aises, inaugurant le lit dès notre arrivée !...
Une noble victorienne qui couche avec son majordome, imaginez le scandale !...
L'irrévérence sied au démon gourmet.
Je le fais asseoir à ma table, ce qui provoque tumulte et murmures. Nous nous en amusons.
Il est vrai qu'il est censé se tenir debout derrière moi, lors des repas dans le wagon-restaurant, et anticiper le moindre de mes désirs.
"Nous mettons ce convoi sens dessus-dessous, Sebastian." amusée, lui me tartinant délicatement un toast.
"Comme c'est ennuyeux." me sourit-il, dévoilant des canines acérées, présentant le toast devant mes lèvres, m'en nourrissant.
Le brouhaha s'intensifie.
"Nous allons être jetés par-dessus bord." amusée.
"Pousserions-nous le vice jusqu'à nous embrasser à en perdre haleine après votre bouchée ?"
"Tu me sieds, Michaelis."
Et nous ne nous gênons pas pour laisser éclater nos pleines voix au moment où l'orgasme nous frappe !
Décidément, ce voyage est placé sous les meilleurs auspices.
La décadence manifeste, au milieu de cette bourgeoisie aseptisée, nous convient à merveille. Certes, nous serons interdits de voyage auprès de cette compagnie mais le jeu en aura valu la chandelle !
A Venise, nos gestes se font plus éloquents encore. Clairement, nous sommes deux amants qui s'entendent à merveille au plumard !
Chaque opportunité est l'occasion de nous toucher et de nous embrasser.
Nous nous étreignons sur les ponts, faisant fi des convenances.
"Quel délectable séjour, Mademoiselle. J'en oublierai presque l'appétit qui me creuse le ventre." me confesse-t-il.
"La table derrière toi te trouve canon." dis-je, oreilles réceptives.
Il se retourne légèrement, revenant à moi.
"Elles n'ont de cesse de te regarder depuis notre arrivée. Décidément, tu amorces les convoitises, démon." sirotant un chocolat chaud.
"Allez-vous me demander de les séduire, toutes les quatre ? Puis de les faire périr ?"
"Tu t'emballes, démon." souriante.
"Souhaitez-vous posséder l'exclusivité ?... Il existe un moyen très sûr pour vous l'assurer sans aucun partage."
"Je ne signerai aucun pacte avec toi, démon Michaelis. Quitte à te paraître contrariante."
"J'apprécie le challenge. Je ne lâcherai rien, Mademoiselle."
Nous avons noté la présence d'un couple étrange. Elle semble plus jeune, totalement éprise de cet homme plus âgé. Nous épions leurs conversations. Lui est capable de lui faire gober n'importe quoi tant elle le vénère ! Après tout, n'est-il pas le sauveur venu à son secours après des années d'âpre solitude ?...
Sebastian m'en conte déjà la chute : "Elle ira de désillusion en désillusion. Si nous lui offrions un bref aperçu de ce qui l'attend ?..."
Sebastian, tu es terrible !
Il lui raconte de ces craques !... Il se dit ex-agent secret et elle boit ses paroles, n'osant même pas l'appeler par son prénom de peur que cela nuise à la "confidentialité". Ce type possède la vie la plus linéaire et plate qui existe ; coincé entre une compagne officielle et leur fille et cette pimbêche prête à aller jusque sur la lune pour le récupérer s'il venait à la quitter tant la solitude l'effraie !...
Sebastian a un plan parfaitement rodé. Tout d'abord mettre à jour les mensonges. Oh, comme cela fait mal à l'ego surdimensionné et entache la confiance accordée !
Puis il feule de son côté, jouant ses plus séduisantes cartes. Le diable est au chevet de la malheureuse esseulée !
Jusqu'au volte-face au cours duquel elle découvrira son visage de bête féroce.
La sotte y a cru. Sebastian l'écrase sous son talon. Game over.
"Tu es ignoble, Sebastian."
"Un tel compliment me va droit au cœur, Mademoiselle." sur une brève courbette.
"Tu es bien plus habile menteur qu'il ne l'a jamais été, Sebastian."
"Ce n'est certes pas à un démon millénaire qu'on apprendra l'art d'une telle grimace."
Je glisse les doigts entre les mèches plus longues sur le devant. "Samaël est décidément redoutable."
"Samaël connaît la nature humaine de ses proies, Mademoiselle. Il chasse en terrain conquis. Votre âme, cependant, m'est particulièrement désirable." baisant ma main après s'en être délicatement saisi.
"Ah... butler, butler. Tu ne renonceras jamais à ton but ultime, n'est-ce pas ?"
"Ce serait me dénaturer. Et dieu, un démon déchu, voilà qui heurte profondément mon sens de l'esthétisme."
Nous passons en gondole sous le Ponte dei sospiri(*)
"As-tu déjà œuvré à Venise ?"
"Je m'y rends annuellement durant le carnaval. Exception faite de ces dernières années durant lesquelles j'ai été particulièrement occupé. J'apprécie y promener une part de ma véritable forme."
"Tes... cuissardes ?"
"C'est là l'un de mes péchés mignons, si je puis me permettre l'expression." me tenant contre lui, bras ouvert.
"Et que dit-on de toi, démon ?"
"Les gens m'arrêtent pour me dire que je suis beau." sur un sourire flatté. "J'ai aussi entendu dire que je suis une créature mi-homme mi-femme. J'apprécie l'ambiguïté de la situation. Et lorsque je ne m'y présente pas ainsi, je me plais à parcourir la foule dans une forme animale quelconque. Corbeau, j'aime créer le trouble parmi la vaste caste des pigeons. Loup, j'aime filer telle une ombre et générer la panique. Bouc, je demeure capable d'escalader les monuments. Poulpe, je m'attache aux gondoles. Serpent, j'apparais aux touristes dans des lieux insolites."
"Tu es terrible, Michaelis !..." rit.
Les canaux défilent devant nous avec ce clapotis d'eau familier.
"Adolescente, Venise me fascinait. Je ne t'apprends rien, n'est-ce pas, Sebastian ? Toi qui m'as suivi dès mes premiers pas..."
"Vous vous rêviez impératrice d'une telle cité qui n'appartiendrait pas à ce monde. Cela n'aurait guère pu m'échapper." sourit, nez allant se placer dans mes cheveux. "J'ai terriblement envie de vous, Mademoiselle."
Nous faisons l'amour dans un endroit abrité, moi juchée sur un rebord en pierre, lui engoncé férocement en moi, hanches en mouvement, voix incapables de camoufler le plaisir que nous prenons, se mêlant entre deux souffles et baisers chauds.
Il sourit, tête reposant contre mon épaule après cet instant fort en tension et en intensité.
"Vous apportez... quelque chose de profondément réjouissant... au plaisir de la chair... Mademoiselle..."
"Tu me flattes, démon." caressant sa chevelure de jais. "Encore..." à son oreille.
"Je vous en prie. Servez-vous." sur un sourire audible.
Je le fais installer à ma place, le prenant immédiatement en main pour lui offrir quelques belles sensations. Là où un homme lambda demanderait grâce, Sebastian demeure capable de m'offrir d'autres de ses orgasmes.
"Je devrai..."
"... que devriez-vous ?..." bouche venant s'écraser contre la mienne, sauvage.
Il perle et ma pression sur sa hampe en relief n'arrange rien à la situation.
"Vous vous placez... tant de barrières et d'interdictions, Mademoiselle... haaah... mmm..." emporté de sensations. "Puisque je demeure entre vos mains... profitez de moi. Ce corps... haaaaaan... vous plaît... n'est-ce pas ?..."
"Férocement, Sebastian."
"Vous restreinte serait m'offenser." à mon oreille, dévorant.
"Et tu... détestes cela... n'est-ce pas ?..."
"Je n'en saisis... mmm... ni l'intérêt ni le principe, en effet."
Nos langues !... N'en finissent plus !...
Nous nous séparons, haletants, mes paumes reposant sur le haut de ses cuisses nues, sexe dressé d'appétit entre nous.
"Écrase ma volonté, Sebastian."
Il attrape mes hanches et m'abaisse sur son sexe surtendu. La partie est jouée.
J'observe sa bouche qui s'entrouvre de délice. Ce qui se passe sous la table lui est fort agréable ; je lui fais du pied. Férocement.
"Princesse..." rêveur, tout à mes gestes.
"Tu apprécies, Rook ?"
"La question me paraît des plus superficielles. Mais puisque tu insistes pour en connaître la réponse : oui, je l'apprécie à sa juste valeur. J'aime tes façons, Princesse. Toutes tes façons."
"J'aimerai savoir... quelles pensées traversent ton brillant esprit, Rook."
"Oooh... Princesse, j'en rougirai !..." amusé.
"Tes doigts... démangeraient-ils de me toucher, Rook ?..."
"S'il n'y avait que mes doigts, Princesse..."
"Mon valeureux homme des bois..." sur un soupir énamouré.
"J'ai à nouveau envie de me frotter à lui, Lune."
En terrasse avec une de mes best.
"Uh, de qui tu parles, Lévichoute ?"
"De... Rollo."
Moue de Lune - elle n'a jamais pu le cadrer, c'est viscéral.
"Bon amusement. Tu kiffes les frigides, c'est ça ?"
J'éclate de rire.
"Comprends pas. Tu as tellement de BG à tes pieds... pourquoi tu choisis le plus moche ?"
Rollo, mon beau Rollo...
Le prestige de Noble Bell College.
Le Président du Conseil des Étudiants.
Le gardien de la Bell of Salvation.
Que de titres révélateurs d'une dévorante ambition !...
(*) Pont des soupirs
