Hello,

Petite fanfic sur Tierra parce que le fait qu'il soit considéré comme un Doré m'a bien fait réfléchir.

Bonne lecture,

Tierra ne se considérait pas comme un Doré. C'était une idée qui flirtait avec le blasphème pour n'importe qui a Reino del Sol pourtant c'était la strict vérité. Il n'était pas né d'un désir de créer une descendance, il était la sérendipité issue de la solitude de Sol. Née de sa création, enfantée de sa créativité, mais apparaissant sans que la moindre envie ait pu poindre.

C'était de leurs amours qu'étaient nés Jades, Humains et Dorés, et Obsidiennes, aussi. Il ne pouvait pas regarder ces Dorés sans se rappeler la douceur de l'or qu'il avait retiré de la terre. Ils étaient ses enfants, leurs enfants.

La lave ardente de Sol lui avait tant brûlé la peau qu'il ne pouvait que se souvenir des sensations qui s'étaient depuis longtemps dissipées.

Tierra se rappelait les temps passés avec Sol. Il se rappelait le bonheur de regarder un monde se créer sous leurs touchés. Il se rappelait le plaisir de la fouille parmi la création de Sol. Chaque jour, il découvrait de nouvelles matières, de nouvelles sensations, de nouveau ressentis.

Et lorsque leurs esprits se saturaient d'informations, quand la passion emplissait toutes leurs perceptions, quand leurs tâches devenaient trop prégnantes. Iels s'allongeaient sur une bourrasque et passaient des décennies à converser. Iels esquissaient avec maladresse des concepts qui deviendraient évidents à tout ce qui allait exister de vivant.

Et puis, un jour, une nuit, un instant, Sol inventa un nouveau concept: créer d'autres êtres sensibles. Tierra n'y avait pas cru au début, aucun des deux n'avait été créé. Ils étaient tous les deux apparus un jour, présents et sentients. Mais Sol était tellement excité, il lui raconta tout ce qui serait créé, iel parlait d'amour, de lien, de solidarité. C'était magnifique.

Tierra fora les plus belles cavernes, amassa tout ce qui avait le même éclat que l'exhalation de son amant.

Les mains de Sol les sculptèrent avec bonheur et attention. Et les Dorés commencèrent à se mouvoir, à parler, à regarder ce monde qu'iels avaient créé et qu'iels allaient habiter.

À l'époque, les Dorées ne le voyaient pas comme leurs pairs. Il était l'amant de Sol, il était leur créateur.

Quand était-ce que cela s'était atténué? Quand Diosa Luna avait brisé l'argile et quand personne n'avait osé effleurer celle qui représentait la terre. Les Dorés étaient égoïstes et vaniteux, c'était ce qu'iels avaient cru longtemps. Pourtant, lorsque les Dorés avaient pu revendiquer le contrôle de ces terres, aucun n'y avait touché. Iels savaient que lui seul y était destiné.

Mais même à cette époque les Dorés ne le considéraient pas comme des leurs. Peut-être était-ce la trahison qui les avait fait le prendre en pitié? Le voir tenir le corps, mort, de Sol entre ces mains, sentir autour de lui sa peau brûler, voir ses larmes s'évaporer, est-ce que tout ça avait été suffisant pour dépasser leurs égoïsmes et l'intégrer à leur monde?

Était-ce quand il leur avait confié les gemmes de Sol? Est-ce lorsqu'il avait revêtu ce masque? Était-ce de la pitié? De la compréhension? Du mépris?

Il n'avait plus personne avec qui se rappeler de ces instants figés où lui et Sol partageaient la Terre, le Ciel et la Création. Et à chaque instant où il levait la tête, il voyait la douleur de son amant piégé dans le ciel, condamner à repousser la cupidité de ses propres enfants.

Les dieux avaient eu longtemps des relations entre eux. Iels avaient tous eu des périodes où iels se rapprochaient de l'un, puis de l'autre. Mais l'éternité était longue, l'ennui ne s'arrêtait jamais, et Sol continuait de briller.

Et les humains, créatures si passionnées et inventives, avaient fait quelque chose qu'il ne croyait pas arriver.

Ils le comprenaient, ils s'attachaient à lui, ils prenaient les blessures de son âme et les apaisaient. Ils offraient leurs morts à la future génération et les voyaient grandir les unes suivant les autres.

Il avait assisté au synopsis du monde, mais avait depuis longtemps perdu la force d'admirer ces beautés.

Andres l'avait amené dans les plus belles cavernes qu'il se souvenait avoir forées et les avait emplis d'amour lorsque les souvenirs menaçaient de l'emporter.

Son masque avait dissimulé des jours durant la douleur de sa peau brûlée, personne ne voulait voir ces blessures, même pas lui-même. Mais lorsque les doigts d'Andres se posaient sur sa peau, retiraient ses gants et son masque, effleuraient sa chaire, il ne se rappelait plus la douleur d'avoir perdu son soleil. Il trouvait chez les humains la réalité du potentiel que Sol avait aperçu à leurs naissances.

Andres lui donnait la paix, le bonheur et le repos. Avec lui, il pourrait enfin se laisser à pleurer, à rire et à guérir.

Il espérait qu'en haut dans les cieux, Sol pouvait se réjouir de leur bonheur. Peut-être qu'un jour iels pourront se réunir, tous les trois, ensemble, et admirer la beauté du monde les uns à côté des autres.

Alors?

Vous en pensez quoi?

Pensez à laisser un petit commentaire, ça fait toujours plaisir d'avoir des retours.

À la prochaine,

Déponia