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Chapitre 1

POV Daenys

Les premières années de ma vie furent heureuses. Je passais le plus clair de mon temps avec mon frère Aegon. Indissociables, comme disaient nos gouvernantes.

Les années s'écoulèrent ainsi, ponctuées par la naissance de notre sœur Helaena, deux ans plus tard, puis Aemond l'année d'après et quatre ans plus tard de Daeron.

Durant toutes ces années l'avenir de la dynastie était porté par la fille ainée de notre père: Rhaenyra, née dix ans avant nous.

Je me souvenais avoir passé du temps avec ma sœur ainée, mais mes souvenirs restaient brumeux. Il y avait bien des années que nous n'avions plus été proche elle et moi. Si nous l'avions été réellement un jour.

Elle était la préférée de père, et je devais admettre que j'étais parfois jalouse de l'attention qu'elle occupait auprès de lui. N'étais-je pas sa fille moi aussi? Les enfants d'Alicent avaient moins le droit à l'attention, ce n'était un secret pour personne. Pas même pour mes frères et ma sœur. Nous étions relégués au second plan.

Rhaenyra avait eu deux enfants jusque-là, et elle attendait son troisième. Et le moins que l'on puisse dire c'est que, ses enfants faisaient naitre, bien malgré eux, de nombreuses rumeurs. Chacun avait son mot à dire sur leurs cheveux étrangement noirs.

-Mère, comment Rhaenyra peut héritier du trône de père?

-Ton jumeau montra sur le trône, me répondit ma mère en tournant sa tête vers moi. N'en doute pas. J'y veillerai.

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Cette après-midi-là, nous étions à Fossedragon. Comme tous bons Targaryen, nous devions passer du temps avec nos dragons respectifs, interagir avec eux, et renforcer notre lien.

Il y a quelques années, Vif-Argent était venu de lui-même vers moi au grand étonnement des gardiens présents. J'avais été la première des enfants royaux à me lier à un dragon, et je me souviendrais toujours des émotions qui m'avait habité à ce moment-là.

Les personnes présentes qui regardent, le sourire de mon frère Aegon, ma peur de chuter de la selle. Et la liberté une fois dans les airs.

Aujourd'hui je regardais Vif-Argent repartir dans les profondeurs quand j'entendis la voix de mon jumeau:

-Aemond, nous avons une surprise pour toi, commença celui-ci.

-Une chose rare, fit Lucerys avant de partir en courant.

-Tu es le seul sans dragon, continua Aegon.

-En effet.

-Nous avons pensé qu'il fallait changer cela. Te voir ainsi nous rendait triste. Donc nous t'en avons trouvé un pour toi.

-Un dragon, s'étonna Aemond.

Je levais un sourcil septique, alors qu'Aegon conduisait notre frère au passage menant aux souterrains.

-Comment? questionna notre cadet.

-Les dieux y ont pourvu, fit Aegon pour toute réponse.

Là je compris qu'aucun dragon ne sortirai de là. C'était une nouvelle humiliation.

-Admirez la Terreur rose! s'exclamèrent en riant les garçons quand un porc montra le bout de son museau.

-Soit prudent, la première fois est toujours compliquée, compléta un Aegon ravit de sa blague.

-Aegon, soufflais-je.

-Quoi? C'est un idiot, m'affirma mon jumeau hilare.

-Aegon, répétais-je en lui prenant le poignet. C'est notre frère.

-Et?

-Débrouilles toi pour en faire un allié.

-C'est juste une blague Daenys.

Je soupirais.

-Aemond, ne fait pas attention, dis-je alors que les autres s'éloignaient.

-Laisse-moi.

-Tu es sûr?

-Oui, laisse-moi.

Je quittais alors mon jeune frère qui se retrouva seul comme il me l'avait demandé.

Je retrouvais les trois autres qui riait toujours de leur blague.

Un peu plus tard je croyais Aemond dans les couloirs, le visage tâché de suie. Il s'arrêta quand ses yeux croisèrent mon regard.

-Comment as-tu fait? me demanda-t-il. Pour avoir un dragon.

-Je ne l'ai pas cherché, répondis-je. Mais un dragon ne fait pas qui tu es.

-Mère m'a dit d'arrêter. Pour elle ce n'est qu'un caprice.

-Je suis certaine que tu te liras à un dragon un jour.

-Tu crois?

-Et ce ne sera pas un porc. Il y a différents dragons sans dragonniers. Ici, mais aussi à Peyredragon. Tu trouveras.

Je mentirais si je disais que je n'étais pas inquiète pour Aemond. Je savais mon cadet déterminé à avoir un dragon, cela l'obsédait de plus en plus au fur et à mesure des années. Et Aegon ne le savait que trop bien et il en jouait. Trop parfois. Il emmenait même nos neveux Jace et Lucerys dans ses blagues plus ou moins réussie. Mais il n'y avait pas beaucoup de liens encore les trois. Mon jumeau se servait d'eux, rien d'autre.

-/-

Le lendemain, je rentrais dans la chambre de mon frère Aegon, sans me douter un seul instant que je le retrouverai nu sur le rebord de sa fenêtre ouverte, se donnant du plaisir à lui-même.

-Aegon! m'écriais-je

Il s'arrêta et se tourna vers moi.

-Quoi?

Je pris le drap sur son lit et le lui jetais.

-Tout le monde n'a pas besoin de voir ça, dis-je.

-On était ensemble dans le ventre de mère, et..

-Et rien du tout, coupais-je. Je suis ta sœur, pas ton épouse.

J'avais beau être jeune, je savais déjà que mon statut de princesse royale ne me permettrait pas de choisir mon futur époux. Et même si mes deux frères faisaient partis des candidats, je n'avais pas envie de les voir nus sans le vouloir.

-Tu étais venue pour?

-L'entrainement. Tu es en retard.

Aegon soupira. Les entrainements étaient pour lui une véritable corvée.

-J'ai un dragon, je ne vois pas l'intérêt de m'entrainer, fit-il le drap autour de la taille.

-Pour montrer l'exemple. On aura qu'à se combattre, dis-je en lui adressant un clin d'œil.

Pour seule réponse il me sourit, visiblement amusé par ma proposition.

-Par contre, tu aurais pu me laisser continuer.

-Continuer quoi?

-Ce que je faisais sur le rebord de la fenêtre.

-Aegon, soupirais-je.

-Regarde-moi dans les yeux, et dit moi que tu ne fais rien le soir.

-Ce n'est pas le sujet mon cher frère.

Aegon m'offrit un grand sourire entendu avant de tourner les talons. Il chercha un petit moment des vêtements qu'il enfila rapidement.

-Et voilà, je suis prêt! s'exclama-t-il.

Pour seule réponse, je levais les yeux au ciel, mi-amusée, mi-fatiguée, par son comportement.

Quand nous arrivâmes finalement dans la cour mon frère me prit la main avec un grand sourire aux lèvres. De quoi réjouir les membres de la cour en manque de ragots.

Après tout, nous étions d'une dynastie de sang pur.

-Ils nous regarde tous, fis-je. Il y en a même certains qui n'ont pas l'air ravis.

-On s'en moque, déclara Aegon en faisant un clin d'œil.

-Ser Criston, saluais-je.

-Vos altesses.

Notre frère Aemond m'adressa un timide sourire et je lui répondis d'un signe de tête.

-Il faut toujours s'entrainer avec ces deux-là, soufflais-je à voix basse en apercevant Jacaerys et Lucerys arriver vers nous en tenue.

-Cela te dérange, ma sœur?

-Je n'aime pas partager.

L'entrainement commença, chacun à sa cible, et malgré la présence de mon père sur les remparts, j'y pris part également. Je ne pouvais pas lutter contre ma nature.

-Jambes fléchies, pieds lestes, indiqua Ser Criston. Poigne ferme.

Nous nous battions chacun contre un épouvantail qui ne bougeait pas. Autant dire que nous nous battions contre nous-même.

-Aegon! cria Ser Criston.

-J'ai gagné le premier assaut Ser Criston, justifia mon frère. Mon adversaire implore ma pitié.

-Vous en avez un nouveau, messire de la paille. Voyons si vous pouvez me toucher vous et votre frère.

Je levais la tête en fonçant les sourcils. Ser Criston s'approcha de moi.

-Je sais, princesse, déclara celui-ci à voix basse. Mais votre père regarde.

-Les plus jeunes tireraient profit de vos conseils, Ser Criston, déclara Ser Harwin Strong, qui nous observait depuis quelques minutes.

-Vous doutez de mes méthodes? questionna froidement Ser Criston.

-Je vous suggère de les appliquer à tous vos élèves.

-Très bien. Jacaerys vous allez vous battre avec Aegon. Fils ainé contre fils ainé.

Je souris.

-C'est un combat inéquitable, fit alors remarquer Ser Strong.

-Vous ignorez qu'à la guerre aucun combat n'est équitable, contra Ser Criston. En position. A l'assaut!

C'est un Aegon plein de confiance et sûr de lui qui fonça sans ménagement sur un Jace qui tenait bien trop fermement son épée pour faire mal à qui que ce soit. Il recula sous les assauts répétés et acharnés de mon frère avant de tomber en arrière. Mon frère jubilait.

Et puis, Jacaerys se releva et se précipita sur un Aegon qui avait baissé sa garde.

Je resserrais ma prise sur mon épée de bois, prête à me jeter dans la mêlée.

Mon frère se débarrassa de son adversaire en précipitant un de nos ennemis fictif sur lui.

-C'est déloyal! s'exclama Ser Strong.

-De quoi il se mêle? sifflais-je à voix basse.

- Soyer stable, déclara Ser Criston en prenant mon jumeau à part. Mon êtes plus grand, vous avez l'avantage. Acculer-le.

-Toi! s'écria Aegon alors que notre maitre d'armes s'éloignait.

-Rapprochez-vous! cria Ser Criston. Faites-le reculer. Plus près! Soutenez l'attaque! Bloquez-le au sol.

-Ça suffit! décréta Ser Strong en prenant l'arme d'Aegon en le soulevant du sol.

-Comment osez-vous me toucher! hurla mon frère. Comment osez-vous! Lâchez-moi!

-Aegon! clama notre père des remparts.

-Vous vous oubliez, il s'agit du prince, fit Ser Criston.

-Comment ose-t-il? bouillonnait Aegon en venant vers moi.

-Voilà ce que vous enseignez, Cole? questionna Ser Strong en ramassant les épées laissées au sol. La cruauté. Et cela envers un adversaire plus faible.

-Votre intérêt pour l'entrainement aux armes du garçon est étonnant, commandant. Un tel dévouement est habituellement réservé à un cousin, à un frère, ou à un fils.

Sans prévenir, Ser Strong lâcha les épées de bois qu'il tenait et se jeta sur Ser Criston, le frappant avec une haine non dissimulée. Ser Criston tomba au sol et son adversaire n'arrêta pas ces coups.

D'instinct je me jetais sur lui mais il m'éjecta de son dos avec une facilité déconcertante.

-Daenys! cria Aegon.

-Répétez ce que vous venez de dire! hurlait Ser Strong alors que trois gardes l'avaient soulevé du sol pour l'éloigner de Ser Criston. Répétez!

-C'est bien ce que je pensais, déclara Ser Criston en ce relevant. Princesse! ajouta celui-ci en me voyant au sol.

-Je vais bien, déclarais-je alors qu'Aegon m'aidait à me relever. Je vais bien.

Ser Criston jeta un regard mauvais à Ser Strong qui posa sur moi un air désolé.

- Daenys! Tu vas bien? cria mon père depuis les remparts.

-Oui, père, répondis-je en levant la tête.

-Il le payera, me souffla Aegon.

Nous rentrâmes rapidement à l'intérieur, et je ne pu échapper à la visite d'un mestre qui s'assura que je n'avais rien.

- Daenys, qu'est-ce qui t'a pris? me questionna ma mère affolée.

-Je ne sais pas, mère. J'ai eu une sorte de réflexe.

-Ce n'est pas ton rôle. Heureusement que tu n'as pas été blessée.

-Elle n'a rien, assura le mestre à ma mère.

Ce ne fut qu'à ce moment-là qu'elle fut pleinement soulagée.

-Tu m'as fait peur, souffla-t-elle en me prenant dans ses bras.

-Il ne lui serait rien arrivé, lança ma sœur Helaena à côté de nous. Il n'y a aucun nuage dans le ciel.

-Néanmoins, fait attention, s'il te plait.

-Oui, mère.

Ma mère insista pour que Ser Criston me raccompagne jusqu'à mes appartements. J'allais protester mais un regard de sa part me fit fermer la bouche.

-Princesse, ce que vous avez fait plus tôt, commença Ser Criston alors que nous étions dans le couloir.

-Je ne vous ai pas beaucoup aider, j'en ai peur.

-Princesse, c'est à moi de vous protéger.

-Mes excuses.

-Je vous excuser pas, déclara Ser Criston en se tournant vers moi. Vous êtes bien plus courageuse que beaucoup de gens ici. Et j'en suis moi-même étonner.

Je ne répondis rien, mais ses paroles restèrent gravées dans ma mémoire.


J'espère que ce premier chapitre vous a plu.

A très vite pour la suite !

Little-road