Les péchés sentent les grains de café.

Au fil des semaines, je m'arrêtais plus souvent au Café, espérant apprendre des choses en écoutant simplement. Cependant, je m'étais vite rendue compte qu'il n'était pas du tout comme un individu normal, il ne parlait jamais de sa famille ou de ses amis, ni d'aucune vie en dehors de son travail, en fait. Pendant que Tim préparait mon café, je pris la parole pour faire un brin de causette. "Alors, tu as des hobbies?" Il me jeta un coup d'œil, ses lèvres formant une fine ligne.

"Je joue du ukulélé ainsi que de la guitare." dit-il en gardant un ton neutre. "Pourquoi?" Même si j'avais détourné le regard, il me fixait clairement.

"Je suis juste curieuse, je veux dire que je viens souvent ici, alors j'ai pensé qu'en apprendre plus sur toi serait amusant." Nos regards se croisèrent tandis qu'il me tendait le café sur le comptoir. "J'aime lire, d'ailleurs," dis-je en prenant la tasse, sans tenir compte de la chaleur fumante. "Cela te dérange si je te rejoins à l'arrière?" Devant son manque de réaction, je craignais qu'il ne me rejette, mais il hocha simplement la tête.

"Je suppose, ce n'est pas comme si tu avais fait quelque chose." Parfait, j'étais maintenant à deux doigts d'en savoir plus sur lui. Avec confiance, je le précédai, poussai la porte et sortis dans l'air glacial de l'hiver. Au moment où il sortit, il se plaça de l'autre côté de la porte, tenant déjà une cigarette. Tout le monde a ses vices. En buvant une gorgée de la boisson brûlante, je sentais ma tête battre légèrement, ma gorge me brûlant à cause de la boisson chaude.

"Alors, Tim, c'est ça?" Il me fit un petit signe de tête méfiant, ses yeux s'attardant sur les arbres un instant de trop. "Depuis combien de temps es-tu en ville?" l'interrogeais-je, me frayant un chemin dans la conversation, il avait l'air d'être du genre paranoïaque, je devais donc être prudente.

"Euh, en fait je viens juste d'emménager, et toi?" Il tapota du pied contre le béton, jetant la cendre de sa cigarette en rythme.

"Ah, moi aussi... En fait, je vivais ici, quand j'étais beaucoup plus jeune." Je souris faiblement, mais mon sourire s'effaça lorsque je m'étais souvenue de cette chose de mon enfance.

"Oh, cool." Comme on pouvait s'y attendre, il était devenu clair que toute tentative de conversation devrait être engagée de mon côté, ce qui est très bien.

"Tu connais des bons boulots dans le coin? Je vivais dans la campagne, mais ma grand-mère est morte." Je poussa un léger soupir et je bus une longue gorgée de mon café, sentant qu'il me brûlait les papilles.

"Je suis désolé pour ta perte. Tu ne m'as jamais dit ton nom." Et là, mon cœur s'était pratiquement arrêté, j'étais certain de lui avoir dit mon nom, en fait, j'étais sûre de lui avoir dit mon nom.

"Non?" Mon expression s'assombrit brièvement, avant d'être interrompue par un petit rire. "Mes excuses, je suis (T/P)." Je lui adressai un sourire, qu'il me retourna de manière plutôt forcée.-

"C'est bien." Il s'en débarrassa d'un geste de la main, bien que ses yeux soient intensément fixés sur mon être, me scrutant de fond en comble. "Et pour répondre à ta question, non, beaucoup de gens ici sont des connards, je veux dire, même dans ce trou à rats, je suis le seul employé à venir régulièrement." siffla-t-il légèrement, les poings serrés, me faisant momentanément peur, je n'étais pas une adepte des stéréotypes, mais il était plus grand et beaucoup plus musclé que moi, une femme de 1m60, 47kg. "Désolé, c'est juste... frustrant." Il se calma, inspirant profondément la fumée.

"C'est bon, je ne peux qu'imaginer ce que ça doit être de gérer cet endroit tout seul, les gérants ne viennent jamais?" Il haussa vaguement les épaules, toussant ensuite dans sa paume.

"Si c'est le cas, je ne les ai jamais vus." En réponse à sa courte quinte de toux précédente, il regarda dans sa paume avant de reposer sa main contre le mur. De plus, ses épaules s'affaissèrent, comme s'il était épuisé par toute cette situation. "Bon, si je veux garder mon putain de boulot, je devrais probablement retourner à l'intérieur maintenant, profite de ton Viennois." dit-il d'un ton épuisé, avant de retourner à l'intérieur, manifestement ennuyé et fatigué de son travail à la fois. En guise de remerciement, je fis un bref signe de tête, retournant à l'intérieur du café chaud et confortable et m'asseyant à ma place désormais habituelle. Ajustant la capuche de mon manteau, j'ai failli sombrer dans mon propre monde, du moins jusqu'à ce que je jette un coup d'œil étourdi à la fenêtre.

Grand, sans visage, costume élégant, cravate rouge.

La boue recouvrait ses petits genoux fragiles, sa robe était en lambeaux et déchirée, du sang coulait sous ses ongles et s'étalait sur son visage comme de la peinture de guerre. Le sang était le sien, bien sûr, elle était bien trop jeune pour faire du mal à qui que ce soit, et dans son déchaînement, elle avait fini par se faire plus de mal à elle-même en tentant d'échapper à l'être. Elle étouffait ses sanglots en errant sans but parmi les arbres, priant un Dieu quelconque pour qu'elle retrouve le chemin de la maison. Il faisait toujours ça, il lui faisait mal à la tête, et quand elle se réveillait, elle était dans un endroit complètement différent. Prenant une profonde inspiration, elle gémit peu de temps après, se retournant à chaque petit bruit. Maman l'avait toujours mise en garde contre la forêt et les monstres qu'elle abritait, certains ressemblant moins à papa qu'à un chien, c'est du moins ce que lui avait dit sa mère excentrique. À propos de sa mère, elle ne lui faisait pas confiance lorsqu'elle mangeait ces bonbons à l'aspect terne, ceux qui sortent des récipients en plastique. Elle jura qu'elle avait déjà vu cette souche quinze fois. Le vent sifflait bruyamment à travers les branches enchevêtrées et tordues qui s'étiraient vers le ciel, cachant le peu de lumière que la lune aurait pu apporter. Une partie d'elle voulait que le grand homme la guide jusqu'à la maison, mais il n'était nulle part, comme d'habitude, il ne semblait lui rendre visite que lorsqu'il avait quelque chose en tête. Toujours à sa guise, un peu comme papa, il ne venait que lorsque c'était le mieux pour lui. Avec un reniflement discret, elle continua à marcher à travers les arbres et les buissons, elle pourrait trouver le chemin de la maison si elle essayait de toutes ses forces. Étrangement, même avec toute la douleur qu'elle subissait fréquemment à cause de cet individu sans visage, elle ne pouvait s'empêcher de vouloir faire ses preuves, d'être digne de son affection. Qu'on la traite de démente ou de tordue, ce n'est pas comme si une enfant de six ans pouvait saisir un tel concept de toute façon.

Mes yeux s'ouvrirent en un instant, un souffle de surprise s'échappa de mes lèvres fendues, j'ai dû m'évanouir... Mais où était tout le monde? Rapidement, je regardai autour du Café, sentant mon cœur tomber dans mon estomac. Pas de Timothy, et certainement pas de clients, que diable se passait-il?

"Si tu sais ce qui est le mieux pour toi, tu partiras." Une voix familière se fit entendre, je enfin pu apercevoir une silhouette dans les ombres, "Les Nettoyeurs vont probablement penser que tu es morte." En reconnaissant la voix, je me calma, ce n'était que Tim...

Mais comment a-t-il pu rentrer si vite sans que je m'en aperçoive?

"Je me souviens que tu as dit que personne ne se présentait." Répondis-je avec circonspection, me levant lentement de ma chaise avec inquiétude.

"Les Nettoyeurs ne sont pas en service pendant mon quart de travail." Répondit-il d'un ton impassible, me laissant inspirer brusquement, qu'est-ce qui se passait ici, putain? Pourquoi les lumières étaient-elles éteintes? Où était tout le monde? "Alors, je vais être honnête avec toi." La lumière de la rue brillait à travers la fenêtre tandis qu'il s'avançait, son masque blanc reflétant la lumière vive, accentuée par le noir. "Tu peux soit partir avec ton joli cou intact, soit être emmené dans un sac mortuaire." Déclara-t-il sans ambages, un couteau à portée de main alors qu'il me fixait, c'était presque comme si un interrupteur avait été interverti, ne me laissant que cette facette de lui.

"Ex-Excuse-moi?" Balbutiai-je, me mordant la lèvre, bien que je n'eusse pas le courage de m'approcher de ce mec déséquilibré, n'importe quoi aurait pu lui passer par la tête.

"Tu es sourde? Abandonne l'enquête ou subit les conséquences." Ok, maintenant je regrette vraiment de ne pas avoir signé pour un permis de port d'arme, peut-être que le scénario aurait été différent si je l'avais fait.

"Écoute, Tim, s'il te plaît..."

"Ne m'appelle pas comme ça." Je m'attendais à ce qu'il me crie dessus, pas à ce qu'il me parle sur un ton à la fois irritant et glacial.

"Je-je peux t'aider, pose juste le couteau, ça n'a pas besoin de figurer dans ton dossier." Je me sentais pathétique, mais il fallait le faire. Lentement, j'approchai ma main du porte-clés de ma poche, j'avais un bouton de détresse qui alerterait automatiquement la police si on l'appuyait. Il se rapprocha encore d'un pas intimidant, resserrant sa poigne sur le couteau. "Recule!" lui criai-je, essayant en vain de mettre de la distance entre nous, avant de tomber en arrière, atterrissant sur la chaise. Immédiatement après, je fus tirée par le col de ma blouse, tremblant violemment tandis que ses yeux ternes se plantaient dans les miens (c/y).

"Réponds-moi." Sa voix était ferme et, pour être franc, putain de terrifiante!

"S'il te plaît, s'il te plaît, arrête, je peux t'aider, s'il te plaît, arrête." Je sentis les larmes me piquer les yeux, normalement je ne fixais le tueur dans les yeux que lorsque je l'interrogeais, pas lorsqu'il m'interrogeait.

"M'aider?" Un petit rire sec et sans humour s'échappa de ses lèvres, faisant bouger son masque. "Tu ne peux pas m'aider, mais tu peux t'aider toi-même." Remarqua-t-il cyniquement en me laissant retomber au sol. "Quel est ton verdict?" Le bruit d'une voiture s'arrêtant à l'extérieur fit se redresser son dos, ses muscles se tendirent. Rapidement, il m'attira contre son torse, pressant le couteau contre ma gorge tout en reculant, cherchant à atteindre la sortie arrière, sans se douter qu'à cet instant, j'étais un mouchard ambulant. Un officier franchit la porte du café, suivi de plusieurs autres, mais il restait calme, sans même trembler. "Un pas de plus et je la tue." Un frisson me parcourut l'échine à la fois à cause du métal glacé et de son ton dangereusement froid, il allait vraiment le faire. Les officiers se regardèrent.

"Combien cela te coûterait-il de la laisser partir?" L'un des négociateurs prit la parole, désarmé pour commencer.

"Une voiture et un moyen de s'échapper." C'est ce qu'il répondit, bien sûr qu'il voulait ce genre de chose, il ne s'attendait pas à ce que quelqu'un débarque.

"On ne peut pas faire ça, surtout pas quand tu la tiens comme ça, si tu la laisses partir, je vais..." Il se tut rapidement lorsque le couteau fut poussé contre mon larynx, m'obligeant à arrêter de respirer. "D'accord, d'accord." Il essaya de sauver la situation, mais ce gars semblait prêt à me tuer pour le simple plaisir de le faire. "Laisse-moi en discuter avec mes collègues." Il se calma un peu, mais les chamailleries entre eux m'inquiétèrent, et s'ils ne répondaient pas à ses exigences? Plusieurs minutes s'étaient écoulées, mais il n'avait pas agi sous le coup de l'impulsion, en fait, il était plutôt patient. "Eh bien, quel genre de voiture veux-tu?" Qu'est-ce que cela pouvait bien avoir à voir avec quoi que ce soit? Est-ce qu'ils refuseraient carrément si c'était une Ford, mais seraient un peu plus indulgents si c'était une BMW?

"Toute voiture dont le moteur fonctionne." Le négociateur semblait un peu perdu, comme si son plan ne fonctionnait pas.

"Où comptes-tu aller?" Continua-t-il, mon cœur bondit jusqu'à ma gorge.

"Quelque part." Il garda son ton confiant, ne se laissant pas décourager le moins du monde de me garder captif.

"Je vais parler à mon patron." Et sur ce, il sortit lentement, sans doute pour appeler ledit superviseur. Prenant une respiration frémissante, je pris la parole, espérant augmenter mes chances de survie.

"T-Tim, j'aurais bien besoin d'un verre maintenant." couinai-je, le sentant tirer ma tête en arrière par les cheveux, ce qui me fit pousser un glapissement.

"Est-ce que j'ai l'air d'en avoir quelque chose à foutre?" L'humanisation était clairement hors jeu dans ce scénario, génial. Et, comme si Dieu me regardait, ils était revenus à l'intérieur, toujours aussi calmes.

"Nous répondrons volontiers à ta demande, j'ai quelqu'un qui vient avec un trousseau de clés pour toi." Putain de merde, il était vraiment d'accord. Expirant profondément, je sentis mes nerfs se calmer, mon équipe devait vraiment me trouver utile pour faire une telle chose.

"Bien." Son emprise sur moi restait ferme, ne se relâchant même pas une fois que l'escouade avait légèrement reculé. "Combien de temps penses-tu qu'ils vont prendre?" Bien qu'il me tenait comme une sorte de jouet, il gardait un ton égal et régulier

"Oh, seulement quelques minutes." Rassura-t-il, ce qui eut pour effet d'inciter Tim à tapoter distraitement du pied. Ce n'est peut-être pas si surprenant, mais cela semble être une habitude pour lui. Timothy Wright, un jeune homme de 24 ans qui a été jugé responsable de plus de 100 meurtres et de 24 cas d'agression avec intention de tuer. En toute honnêteté, je ne serais pas surprise qu'il ait tué plus de 300 personnes au total. D'après sa fiche, il avait été placé en institution lorsqu'il était plus jeune, mais le raisonnement n'était pas très clair. Les secondes me parurent des années alors que j'étais sous son emprise, une partie de moi était surprise qu'il m'ait attaqué aussi soudainement, mais j'aurais dû m'y attendre, il avait dû droguer mon Viennois, d'où le fait que j'ai revu cette... Chose. Un autre officier s'approcha de la porte d'entrée, les clés serrées dans sa main.

"D'accord, écartez-vous, laissez passer l'homme." Ordonna-t-il à ses fidèles sujets, ce qu'ils firent sans la moindre hésitation. Rapidement, nous avons été dirigés à travers le centre, légèrement en contrebas de la route, à peu près à mi-chemin de la voiture.

"D'accord... À trois, il te donne les clés et tu nous donnes l'otage." Décida le négociateur, qui observa la scène depuis la ligne de touche avant de commencer à compter.

"Un." Sa poigne se relâcha légèrement, sa main se retira de mon cou, se préparant à attraper les clefs.

"Deux..." Le Chef serrait les clés plus fort qu'il ne l'avait fait, expirant profondément, faisant correspondre ses yeux à ceux de mon ravisseur.

"Trois!" Et juste comme ça, je fus projetée sur le côté alors qu'il s'élançait vers les clés, les attrapant avec succès.

"C'est un plaisir de faire affaire avec vous." Ricana-t-il, même sans otage, il était prouvé qu'il était arrogant.

"Mhm." Et comme ça, il partit vers la voiture, nous laissant tous les trois seuls dans l'air de minuit.

"Quelle est ta région d'origine?" Demanda fermement le Chef, qui avait sans doute besoin de le savoir pour que je puisse revenir en toute sécurité, car j'avais certainement quelque chose à lui dire.

"C'est une ville juste en haut d'ici, (T/P), je suis enquêtrice."


TRADUCTION: Hometown -Masky X Reader- de TheOtherSideOfParadise
ORIGINAL: story/12349915/Hometown-Masky-X-Reader-/2