Chapitre 5 : Sip the gossip, burn down your throat

Severus soupira de lassitude. Encore une fois, la réunion de l'Ordre s'éternisait sans que rien de constructif n'en ressorte. Il n'en pouvait plus de cette bande de Gryffondor pétris de bonnes intentions mais pourtant incapables de prendre une décision quand les circonstances le requerraient.

Merlin, si lui et Hermione n'œuvraient pas dans l'ombre depuis si longtemps, aucune avancée majeure n'aurait jamais été accomplie ces dernières années.

Il se rassura en pensant que tout cela serait bientôt derrière eux. La découverte d'Hermione allait changer la donne et bientôt tous leurs efforts seraient dirigés dans ce but, donnant finalement à l'Ordre l'occasion de se rendre utile. Enfin, si aucun d'entre eux ne faisait tout foirer, évidemment.

Il renifla dédaigneusement à cette pensée. C'était effectivement une possibilité, mais il ne laisserait rien de tout cela arriver. Il avait donné beaucoup trop de sa propre existence pour ce conflit, il aspirait maintenant à un peu de calme et de sérénité. Et ça, Hermione allait le leur offrir sur un plateau.

- Bien, si personne n'a d'autre point à l'ordre du jour, je pense que nous allons pouvoir clôturer cette rencontre, fit Dumbledore, sur le point de se lever de sa chaise.

- En fait Albus, j'ai effectivement un sujet à aborder, intervint la voix froide de Severus, alors que certains membres s'étaient déjà tournés vers la sortie.

Sa déclaration fut accueillie par des soupirs de frustration émanant de tous les coins de la pièce, ce qui eut pour seul effet d'étirer le rictus déjà présent sur ses lèvres. Bien. Ça leur apprendrait à toujours faire traîner ces petites sessions insipides en longueur.

- Un de mes contacts a récemment découvert un rituel qui devrait nous permettre de venir à bout du Seigneur des Ténèbres et de ses sbires une bonne fois pour toutes, commença-t-il en envoyant d'un geste négligent de la main, un parchemin à chaque participant présent autour de la table. Cela va demander d'importants moyens, humains comme magiques, ce qui explique pourquoi je me tourne vers vous aujourd'hui, ajouta-t-il, un brin mauvais. S'il avait eu le choix, il n'aurait pas fait reposer la réussite de leur projet sur leurs épaules.

Il y eut un silence durant lequel les différentes personnes présentes autour de la table consultèrent son parchemin, fronçant les sourcils devant les notes et diagrammes présentés sur celui-ci. La perplexité se lisait sur de nombreux visages et Severus se félicita d'avoir dissuadé Hermione de simplifier leurs explications. Il fallait bien qu'ils gardent un ou deux atouts dans leur manche afin de conserver l'avantage de la situation.

Ce fut - sans surprise - Maugrey qui prit la parole en premier, son œil magique fixé sur le sombre sorcier debout au fond de la pièce, une franche expression d'animosité sur son visage mutilé.

- C'est bien joli tout ça Snape, mais avant de nous lancer tête la première dans une mission suicide - si j'en crois ce que je lis ici - ne pourrions-nous pas avoir des informations quant à l'identité de ce fameux agent ?

Severus renifla. L'Auror était tellement prévisible que ça en devenait presque risible. Hermione et lui avaient compté sur sa réaction pour la suite de cette réunion et celle-ci ne le décevait pas. Il allait répliquer, quand Arthur Weasley prit la parole, soutenant Fol'Œil:

- Alastor a raison Severus. Cela fait déjà pas mal de temps que tu évoques cette personne, de manière plus ou moins régulière. Quand cela concerne des missions de moindre importance, cela passe encore, mais dans le cadre d'un projet d'une telle ampleur, nous allons avoir besoin d'assurances.

Severus tourna son regard vers le directeur, mais celui-ci secoua la tête.

- Les propos d'Arthur et Alastor sont justifiés, approuva Dumbledore depuis son siège en face de lui. Tu arrives devant nous avec un projet qui m'a l'air tout à fait complexe et tu nous dis que tu n'en es pas l'auteur mais qu'il a été élaboré par quelqu'un que nous n'avons jamais rencontré. Tu as beau être notre espion attitré et notre responsable des renseignements, tu ne peux pas nous reprocher de mettre en doute la légitimité de ton agent.

- La légitimité de mon contact n'a pas à être remise en cause, contra Severus. Vous ne vous en souciez pas lorsque cette personne doit avoir accès à certaines informations sensibles dans le cadre de missions de sauvetage de moindre importance. Mais vous êtes tout de suite beaucoup plus frileux lorsqu'il est question de mettre votre propre vie entre ses mains ? Comme c'est pratique. Et tellement Gryffondor qui plus est, ajouta-t-il, dans une insulte à peine voilée.

Maugrey et Dumbledore se renfrognèrent à ses paroles, tandis qu'Arthur Weasley avait tout de même la bonne idée de paraître gêné, tout comme un certain nombre d'autres membres autour de la table.

- Severus… commença Dumbledore, avant d'être interrompu par le sorcier en noir.

- Cependant, je pense pouvoir accéder à votre demande. Vous êtes toutes et tous tellement prévisibles que nous avions anticipé cette réaction, ajouta-t-il avec un rictus mauvais aux lèvres.

Sa dernière remarque fit naître des expressions à la fois outrées et intriguées sur les visages de plusieurs personnes, incluant notamment Potter et les Weasley, tous regroupés de l'autre côté de la table. Bien, il avait leur attention pleine et entière.

Pointant négligemment sa baguette sur la porte située derrière lui, Severus l'ouvrit d'un sortilège.

- Tu peux entrer, lança-t-il par-dessus son épaule à la silhouette encapuchonnée qui se dessinait alors dans l'encadrement.

Celle-ci s'avança, accompagnée de Cassandre fermement accrochée à sa main. D'une geste négligent, elle releva sa capuche, laissant apparaître Hermione, un léger sourire aux lèvres.

- Salut, dit-elle simplement en parcourant l'assemblée des yeux.

La pièce était subitement devenue silencieuse, tous les regards tournés vers elle. Tout le monde affichait une expression de surprise, allant du simple froncement de sourcils au choc pur et simple. Même les yeux d'Albus Dumbledore avaient perdu de leur habituel pétillement malicieux. Il fixait Severus avec un air de réprobation sur le visage.

Ce fut Ginny qui réagit la première en sautant de sa chaise.

- Hermione !

Elle allait se précipiter sur son amie, lorsque qu'Harry la retint par le poignet, fixant la nouvelle venue avec méfiance. Bien, pensa Severus. Le Survivant avait finalement appris la prudence. Il y avait peut-être un espoir après tout.

Continuant de fixer son amie avec suspicion, Harry demanda :

- Que faisions-nous la première fois que nous nous sommes rencontrés ?

Hermione eut un léger sourire, nullement vexée par le réflexe de son meilleur ami et répondit, plongeant son regard dans celui du sorcier à la cicatrice.

- Nous étions à bord du Poudlard Express. J'aidais Neville à retrouver Trevor et vous deux étiez en train d'essayer de colorer Croûtard en jaune quand je suis entrée dans votre compartiment.

De surprise, Harry lâcha le poignet de Ginny qui se dirigea alors vers Hermione pour la prendre dans ses bras. Hermione se laissa couler dans l'étreinte de son amie qui laissa échapper un sanglot malgré elle. Quand elle se séparèrent, Ginny garda une main sur le bras d'Hermione et essuya ses larmes de l'autre.

- Je ne sais pas par quel miracle tu es là, mais je suis contente de te revoir Hermione, murmura-t-elle doucement avant de rejoindre sa place à côté de Harry, posant une main apaisante sur son épaule.

Ramenant son attention sur le reste de la pièce, Hermione prit la parole.

- Je sais que vous attendez tous des explications quant à ma réapparition soudaine et c'est tout à fait légitime. Elles viendront cependant en temps utile. Je suis avant tout ici pour vous exposer mon projet concernant Voldemort et ses Mangemorts et pour organiser sa mise en œuvre. Sachez simplement que si nous avons simulé ma mort il y a quatre ans, c'était pour protéger ma fille : Cassandre.

En disant cela, elle avait posé un regard tendre sur la fillette qui scrutait l'assemblée de ses yeux curieux, mais restait silencieuse, intimidée par le nombre important de personnes présentes.

- Donc tu as une fille…

La voix de Ron venait de briser le silence de la pièce, son regard dur et froid fixé sur Hermione. Elle ne se démonta pas et répondit à son ami d'un ton égal :

- En effet, Ronald.

- Et qui est son père ?

- N'est-ce pas complètement évident ? fit Severus, de son ton caustique habituel.

Comme pour confirmer ses paroles, Cassandre s'avança vers lui, passant ses bras autour de ses jambes

- Papa, pourquoi tout le monde me regarde ?

Cette simple phrase déchaîna les passions, tout le monde dans la cuisine du Square Grimmaurd parlant en même temps, s'apostrophant les uns les autres, voulant s'adresser à Hermione ou Severus, dans une cacophonie qui fit grimacer le couple.

Se jetant un regard en coin, ils surent qu'à cet instant précis chacun regrettait amèrement le calme du domaine Prince. Se pinçant l'arête du nez dans un geste familier pour quiconque le connaissant, Severus se décida à agir :

- Ça suffit !

Sa voix froide avait claqué, dure et ferme, ramenant tout le monde au calme.

- Maintenant vous allez tous vous comporter en adultes et nous laisser vous apporter les explications que nous jugeons nécessaires. Ce débordement d'émotions ne nous mènera à rien, si ce n'est à encore plus de cris, ce qui est totalement inutile dans ce contexte.

Ramenant son attention sur sa fille toujours fermement agrippée à sa jambe, Severus se baissa pour la soulever dans ses bras, surprenant bon nombre des membres de l'Ordre. Encore plus lorsque la fillette passa ses bras autour de son cou pour s'y blottir.

Encore une fois, ce fut la voix de Ronald retentit en premier.

- Donc si je comprends bien, pendant que tout le monde te pensait morte et te pleurait, toi tu prenais du bon temps en te faisant sauter par une saloperie de Mangemort !

- Ronald !

Molly Weasley porta ses mains à sa bouche en entendant les paroles proférées par son cadet et s'apprêtait à le réprimander fortement lorsque Severus prit la parole, surprenant tout le monde par son calme froid. Calme qu'il était bien loin de ressentir.

- Je vous prierai de mesurer vos paroles lorsque vous vous adressez à ma femme, Monsieur Weasley, susurra-t-il de sa voix dangereusement basse.

- Votre… ? Parce que en plus, tu l'as épousé ? renchérit Ron en se tournant vers celle qu'il avait pensé être sa meilleure amie.

Soupirant de dépit, Hermione s'adressa à Ronald d'une voix calme, bien que plus froide que d'habitude.

- Bien que cela ne soit pas le sujet qui devrait tous nous préoccuper présentement, oui, Severus et moi sommes mariés depuis presque quatre ans. Maintenant pourrait-on…

- Et… tu étais d'accord… ? Je veux dire… peut-être que…

Un éclair traversa les yeux d'Hermione alors qu'elle se tournait vers Harry.

Potter, bien sûr… Severus remarqua le regard de sa compagne et décida de la laisser répondre. Après tout, elle était la seule dont ils pourraient - peut-être - croire les allégations. Et puis, il n'allait pas non plus se priver de voir sa femme remettre le Survivant à sa place pour le défendre. Honnêtement, il jubilait presque.

- Es-tu sérieusement en train d'insinuer que Severus pourrait m'avoir manipulée ou forcée, Harry James Potter…?

Le ton de la jeune femme aurait dû mettre la puce à l'oreille de son ami, mais Merlin, Morgane et Circé savaient à quel point les Gryffondor étaient peu doués pour décoder les signes annonciateurs de problèmes.

- Es-tu à ce point encore englué dans ta haine envers cet homme que tu penses qu'il pourrait commettre un acte aussi abject ?

Le ton d'Hermione était froid et ressemblait à s'y méprendre à celui utilisé par le sorcier qu'elle disait avoir épousé de son plein gré.

- Eh bien, cela reste totalement plausible. C'est un Mangemort après tout.

Hermione ouvrait la bouche pour répliquer quand la main apaisante de Severus se posa sur son épaule. Se tournant vers lui, elle capta son regard noir qui lui transmit en un instant une vague de calme qui l'apaisa. Souriant tendrement, elle se recula pour le laisser reprendre les rênes de la discussion.

Tout le monde dans la cuisine du Square retenait son souffle et attendait la réaction du potionniste. Cependant, celui-ci se contenta de mettre un genou au sol pour y déposer sa fille.

- Cassandre, mon cœur, Papa et Maman doivent avoir une discussion avec les personnes autour de la table. Veux-tu bien aller voir ta tante Luna et rester avec elle un moment ?

Son ton était calme, presque doux alors qu'il s'adressait à l'enfant. Bien loin de celui avec lequel il s'adressait à tout le monde en temps normal.

- D'accord, acquiesça la fillette.

Elle allait se diriger vers Luna, quand elle s'arrêta et se tourna vers son père.

- Est-ce que Maman et toi, vous allez vous fâcher ?

Hermione ne put s'empêcher de pouffer discrètement devant la candeur de sa fille, tandis que le reste de la salle était encore sous le coup de la surprise de la patience avec laquelle le terrible Professeur Snape s'adressait à un enfant.

Severus fixa sa fille un instant, hésitant sur la réponse à lui donner. Haussant les épaules, il se décida finalement pour la vérité. Après tout, Hermione et lui avaient pour principe de ne jamais mentir à leur fille.

- Je ne sais pas mon cœur, mais cela reste une possibilité.

Visiblement satisfaite par cette réponse, la petite hocha simplement la tête puis trottina joyeusement jusqu'à l'endroit où Luna était assise.

- Tatie Lu' Papa a dit que je devais rester avec toi !

La jeune femme blonde au regard éthéré sourit doucement avant de hisser la petite sur ses jambes, lançant au passage un coup d'œil confiant au sorcier qui le lui rendit.

- Quoi ! Luna tu étais complice de tout ça ? cria de nouveau Ron.

Mais la sorcière ne prêtait déjà plus attention à ce qui continuait de se passer autour d'elle, se contentant de faire apparaître une flopée de petites figurines en forme de créatures magiques pour occuper sa filleule et la distraire des événements en cours.

N'ayant pas obtenu de réponse, Ron se tourna vers Snape, furieux.

- Vous avez également entraîné Luna dans cette folie ? Avoir manipulé Hermione ne vous suffisait pas ?

Severus soupira devant la rage futile du rouquin. De tous les Weasley à qui il avait enseigné durant toutes ces années, il était de loin le pire. Ne regardant jamais plus loin que le bout de son nez et tirant sans cesse des conclusions hâtives.

Malheureusement, Ronald continua sur sa lancée :

- Et toi Hermione, comment as-tu pu tomber aussi bas ? Tu étais à ce point avide de pouvoir et de connaissances que tu t'es fourvoyée avec un Mangemort ! Tu n'es finalement qu'une traînée à ce que je vois !

Le visage de Severus devint blême et il avait levé sa baguette sans même s'en rendre compte, dans un vieux réflexe instinctif, envoyant Ron percuter le mur derrière lui.

Il avait déjà un nouveau sort au bord des lèvres, quand cette fois ce fut la main d'Hermione qui se posa fermement sur son avant-bras.

Il tourna lentement la tête vers elle, son bras de baguette toujours tendu vers le rouquin.

- Je ne t'en voudrais pas si ce sort venait à sortir de ta baguette mon amour, déclara-t-elle calmement, mais je sais qu'une fois ta satisfaction passée, celle-ci fera place à une tout autre émotion et j'ai mis bien assez de temps à la combattre pour ne pas avoir envie de prendre le risque de la voir réapparaître. Surtout pour ça.

Face à ces paroles, Severus soupira et baissa sa baguette, gratifiant sa femme d'un bref signe de tête, qu'elle lui rendit en souriant doucement, tandis qu'Harry profitait de l'accalmie offerte pour aider le rouquin à se relever et à se rasseoir sur sa chaise.

- Ne vous avisez plus jamais d'insinuer de telles choses à propos de ma femme, Weasley, car cela risquerait fort d'être la dernière chose que vous feriez de votre vie. Je me fiche bien de ce que vous pensez de moi, mais ne mettez pas en doute l'intégrité ou les capacités d'Hermione. Elle est beaucoup plus intelligente que vous tous réunis et vous feriez bien de vous en rappeler.

Hermione jeta un regard déçu vers Ronald, puis se tournant brusquement vers Dumbledore, assis au bout de la table, elle lança :

- Et vous Directeur, vous n'allez pas intervenir pour prendre la défense de votre espion ? Vous pensez peut-être comme eux, fit-elle en englobant la cuisine de la main.

Face au silence de l'illustre sorcier, elle renifla dédaigneusement.

- Évidemment. Pour l'envoyer se sacrifier auprès de Voldemort quand cela sert vos intérêts vous êtes doués, mais quand il s'agit de prendre la parole pour rétablir sa réputation, il n'y a plus personne.

Les sorciers et sorcières présentes la dévisageait comme si elle avait perdu la tête. Personne ne s'était jamais adressé à Albus Dumbledore autrement qu'avec respect, mis à part peut-être un autre sorcier, qui était en ce moment-même occupé à la regarder d'un air indéchiffrable.

Indéchiffrable pour eux en tout cas, car Hermione avait bien vu l'étincelle d'amour et de gratitude dans son regard.

Continuant sur sa lancée, elle se tourna vers le reste de la pièce.

- Si Luna est impliquée dans notre histoire, c'est parce que c'est la seule personne ici présente qui n'ait pas de préjugé sur Severus, mais également la seule à avoir pris le temps de m'écouter quand j'avais besoin d'en parler. Et pour la dernière fois : Severus ne m'a pas forcée ! Bon sang, si vous voulez tout savoir, c'est même moi qui l'ai séduit !

- Je n'en crois rien !

Tout le monde se tourna alors vers Maugrey qui venait de prendre la parole.

- Je ne crois rien de ce que vous venez de nous servir ! Je vais vous dire ce qu'il s'est réellement passé : cette pourriture de Mangemort n'a pas pu s'empêcher de s'en prendre à l'innocence d'une jeune fille faible et naïve qui avait été placée sous sa responsabilité. Il l'a engrossée puis forcée à l'épouser et maintenant il espère nous faire croire qu'ils forment tous la petite famille parfaite. Il se pourrait même qu'il y ait un sortilège d'Imperium sous tout cela.

Avant que quiconque ne puisse réagir, Hermione sauta sur la table dans un mouvement si rapide et si fluide que personne ne le perçut avant qu'elle se retrouve accroupie sur celle-ci, baguette pointée à quelques centimètres de l'œil magique du sorcier et un poignard fermement pressé contre sa carotide.

Sa voix n'avait plus rien de celle que tous lui connaissaient lorsqu'elle s'adressa à lui. Elle était à la fois basse, dangereuse et caressante, donnant l'impression à tous que ce n'était plus la douce et innocente Hermione Granger qui se trouvait devant eux, mais une toute autre personne.

- Faites attention à ce que vous dites Maugrey, il n'y a pas que mon mari qui soit un sorcier dangereux dans cette pièce, fit-elle en appuyant un peu plus fortement son couteau sous la gorge de l'Auror, y faisant couler un léger filet de sang. Gardez bien à l'esprit que c'est lui qui m'a entraînée et que je n'ai rien à lui envier dans certains domaines.

Le vieux sorcier observa la sorcière face à lui et déglutit péniblement, sentant le contact froid de la lame contre sa peau.

Satisfaite de sa réaction, Hermione reprit, un rictus plutôt reconnaissable aux lèvres.

- Maintenant que ces faits sont établis, sachez que je n'hésiterai pas à vous montrer toute l'étendue de mes capacités si jamais vous continuez à dénigrer ainsi ma famille et son histoire. Severus et moi nous aimons et nous sommes rapprochés dans des conditions qui vous échappent peut-être, mais qui ne vous regardent en rien. J'espère que c'est clair.

Prudemment, sentant toujours le couteau se presser contre sa gorge, Maugrey hocha la tête.

Hermione le fixa durant quelques secondes supplémentaires avant de ranger prestement poignard et baguette dans les fourreaux cachés sous ses robes. Se relevant gracieusement de sa position pour traverser la longueur de la table, elle s'arrêta cependant à mi-chemin et se tourna de nouveau vers l'endroit où se tenait l'Auror.

- Oh, ne vous en faites pas Alastor, ce poignard n'était pas empoisonné. Pas cette fois en tout cas.

Elle continua négligemment son avancée jusqu'à l'endroit où se trouvait Severus et sauta souplement à terre pour se repositionner à ses côtés, comme si de rien n'était, tandis que Maugrey avait soudainement pâli et tâtait prudemment la fine coupure sur sa gorge.

Elle ne manqua cependant pas le regard approbateur que son mari posa sur elle, ni l'étincelle de satisfaction et de fierté qu'elle vit briller dans ses prunelles noires.

- Autant pour la jeune fille fragile et naïve, marmonna-t-il, récoltant un sourire complice de la part d'Hermione et des regards encore plus ahuris des Gryffondor de la salle.

- Bien, maintenant si nous en avons fini avec ce sujet, peut-être pourrions-nous…

- Pourquoi ne nous en as-tu jamais parlé Hermione ? l'interrompit Harry sur un ton de reproche évident.

Severus leva les yeux au ciel. L'entêtement des Gryffondor n'avait-il donc aucune limite ?

- Tu es vraiment impossible ! soupira Hermione. J'ai essayé de vous en parler lorsque je venais au Square ! Je ne compte plus le nombre de fois où j'ai tenté de vous dire que Severus n'était pas l'homme que vous pensiez qu'il était. Mais à chaque fois Ron et toi avez continué à déverser votre mépris à son égard.

- Tu aurais pu insister, déclara le sorcier aux yeux verts, plein de mauvaise foi.

- Et que voulais-tu que je fasse Harry ? Que je débarque tout sourire dans le salon et que je lance à la cantonade : "Oh tiens au fait, je couche avec Severus Snape et c'est formidable !" Parce que ça aurait été la seule manière de vous faire réagir.

- Oh pitié Hermione, tu sais que si tu l'avais vraiment voulu, tu aurais pu…

Mais cette fois, le Survivant n'eut pas l'occasion de continuer sa phrase.

- C'en est assez ! Rendez-nous service et taisez-vous, Potter !

La voix de Severus venait de nouveau de retentir, glaciale et autoritaire, faisant se figer toutes les personnes présentes dans la pièce.

À présent que toute l'attention était portée sur lui et non plus sur son épouse, Severus continua.

- Hermione s'escrime à vous exposer les faits depuis de bien trop longues minutes, faisant preuve d'une patience que même notre fille de trois ans ne requiert pas. Mais vous restez toutes et tous de pauvres petits Gryffondors obtus et imbus d'eux-mêmes, croyant dur comme fer que le monde tourne autour de leur petite personne. Remettez-vous un peu en question, par Merlin ! Car au vu de vos propos et de votre étroitesse d'esprit, vous n'avez actuellement rien à envier aux idées véhiculées par les Mangemorts que vous combattez si ardemment.

Plus personne ne parlait dans la cuisine après la diatribe du sombre sorcier. Certains membres avaient même baissé les yeux de gêne.

- En attendant, vous m'excuserez, mais je n'exposerai pas plus longtemps ma famille à vos réflexions imbéciles. Nous rentrons.

Il s'avança vers Luna qu'il salua brièvement, prit Cassandre dans ses bras et quitta la pièce dans un virevoltement de cape digne de ses années d'enseignement à Poudlard.

Hermione eut un regard désolé pour l'assemblée, mais comprenant qu'elle ne tirerait rien de personne à cet instant précis, elle suivit Severus dans le couloir pour rejoindre la cheminée du salon et rentrer chez eux.

Bon. Ça s'était plutôt bien déroulé.