Désolée pour mon absence de la semaine dernière, j'avais plein de choses en tête et un week-end entre amies pour lequel je n'avais pas pris mon ordi.

Et pour hier je n'ai pas d'excuse, si ce n'est la flemme…

Avec un peu de retard, voici donc le chapitre 6. Un petit chapitre de transition, mais qui apporte un peu plus de profondeur à nos deux personnages principaux.

J'espère qu'il vous plaira !

Chapitre 6 : Every time I see your face, the moon should be jealous

Après avoir quitté l'étage, Hermione entra dans le salon pour y retrouver Severus, alors occupé à fouiller dans le petit meuble à liqueurs situé dans un coin de la pièce.

- Ça y est, Cassandre est couchée, lança-t-elle depuis le pas de la porte.

Le Serpentard se redressa, une bouteille d'un liquide ambré à la main et lui jeta un regard dubitatif.

- Elle dort ?

- Bien sûr que non, répondit-elle, souriante. Elle raconte une histoire à Pattenrond.

Il renifla, amusé.

- Elle lui fait vraiment faire ce qu'elle veut à ton chat.

- Oh crois-moi, il y trouve son compte.

Severus s'avança vers elle et lui tendit un verre de whisky qu'il venait de servir.

- J'ai pensé que tu en aurais envie, après cette journée, dit-il avant de s'en verser un à son tour et de se laisser tomber dans le canapé. Hermione fit de même tout en se blottissant contre son épaule.

- Quelle bonne idée, soupira-t-elle avant de prendre une gorgée de son verre, savourant le goût tourbé et le léger picotement que l'alcool laissa dans sa bouche. Ça, ce n'est clairement pas du Pur Feu, ajouta-t-elle.

- Cette piquette ? Voyons Hermione, tu me connais mieux que ça, la sermonna-t-il en levant les yeux au ciel, comme si elle venait de sortir une véritable ignominie. C'est du Macallan de quinze ans d'âge. La dernière bouteille qu'il me reste.

- Oh. Et qu'est-ce qu'on fête ? demanda-t-elle en haussant un sourcil, dans une parfaite imitation de sa propre expression.

Il sourit. Merlin, il avait beaucoup trop d'influence sur cette femme. Même si honnêtement, il pouvait en dire autant à son sujet.

L'observant du coin de l'œil, il se dit que le sarcasme était l'approche la plus appropriée à la situation.

- Ta résurrection ?

- Oh tais-toi, souffla-t-elle en frappant son épaule du poing. Tu n'es pas aussi drôle que tu le crois Severus.

Portant une main à son cœur, il fit mine d'être choqué.

- Tu me vexes, sorcière.

- J'en suis certaine, répliqua-t-elle, acerbe. Cependant, ses yeux pétillant de malice démentaient son ton cassant.

Bien. Si elle pouvait se disputer avec lui, c'est qu'elle allait mieux que ce qu'il pressentait.

- Plus sérieusement, tu vas bien ?

Elle releva les yeux vers lui, attentive à son ton de voix légèrement plus doux que celui avec lequel il s'adressait à elle habituellement.

- Tes amis - il renifla à l'emploi de ce mot, comme si celui-ci lui écorchait la langue - n'ont pas été très tendres.

- On ne peut pas vraiment le leur reprocher, soupira-t-elle tristement. Elle changea de position dans le canapé, ramassant ses jambes sous elle et se tournant pour lui faire face.

- Je suis morte pendant 4 ans. Ils m'ont enterrée, ils m'ont pleurée, ils ont fait leur deuil et aujourd'hui je débarque en plein milieu d'une réunion de l'Ordre, toute souriante, un enfant dans les bras et mariée à toi. Honnêtement je m'attendais à ce qu'ils réagissent encore plus mal.

Severus se renfrogna.

- Charmant.

- Tu sais très bien ce que je veux dire Severus, ne fais pas semblant. Tes tentatives pour me remonter le moral sont adorables, mais inutiles. Je vais bien, affirma-t-elle un peu trop vivement.

- Te remonter le moral ? Voyons sorcière, tu sais que j'ai bien trop d'amour propre pour m'abaisser à ce genre de chose.

Le bras qu'il passa autour de ses épaules pour la rapprocher de lui, démentait complètement ses propos, mais Hermione s'en fichait. Elle savait depuis longtemps que Severus Snape n'était pas un homme qui aimait montrer qu'il avait des sentiments. Son passé, son enfance et son rôle actuel de bras droit de Voldemort ne lui avaient jamais permis de le faire de manière saine dans sa vie. Dans ces contextes particuliers, cela signifiait être faible. Et être faible signifiait mourir. Severus Snape ne montrait donc presque jamais ses sentiments. En tout cas, pas en public. Et même dans l'intimité, cela lui avait pris du temps.

Avec les années elle avait appris à déchiffrer ses expressions et à découvrir le vrai Severus Snape, caché sous des tonnes de sarcasmes, de cynisme et de reniflements dédaigneux.

Il faisait également des efforts pour se montrer plus ouvert avec elle et surtout avec Cassandre. Malgré ses propres craintes, il était un père aimant et très présent pour leur fille. Il avait beaucoup travaillé sur lui-même ces dernières années et même si la normalité ne voulait strictement rien dire dans le cas de son mari, il était peu à peu devenu la personne qu'il aurait dû être si les circonstances n'avaient pas été constamment contre lui.

Il communiquait beaucoup plus qu'au début de leur collaboration et cela avait demandé du travail, autant de son côté à lui que du sien. Ils avaient dû trouver un moyen de collaborer et de discuter ensemble, afin que leur couple ne vole pas en éclats après la moindre complication.

Il n'occludait également plus aussi souvent qu'avant, gardant cette pratique pour les réunions de Mangemort et celles de l'Ordre.

Il ne lui parlait évidemment pas de tout ce qu'il vivait auprès du Lord Noir – et elle ne le lui demandait pas – mais il parvenait à lui dire lorsqu'une réunion avait été particulièrement horrible et à lui demander son réconfort. Savoir qu'elle était là et qu'elle comprenait ce qu'il ressentait lui faisait énormément de bien.

C'était un travail d'équipe et de son point de vue à elle, ils s'en sortaient tous les deux plutôt bien.

Évidemment, il avait énormément redouté la naissance de Cassandre et ses propres réactions à ce sujet. Il avait eu peur de ne pas supporter les pleurs d'un nourrisson, ainsi que toute l'attention qu'un nouveau-né demanderait.

Après tout, il n'avait jamais beaucoup supporté les étudiants.

Mais là encore, ils avaient réussi à en parler et Hermione l'avait rassuré sur le fait que ce qu'il avait vécu dans sa vie ne prédestinait rien du tout par rapport à sa fille et à la manière dont il allait s'en occuper.

Le fait qu'il s'en soucie étant déjà une preuve qu'il n'était pas comme son propre père.

Au début, il y avait eu des couacs, des maladresses et de petits incidents, comme dans la vie de tous jeunes parents. C'était leur premier enfant à tous les deux et il avait fallu le temps qu'ils prennent leurs marques.

Et Severus s'était avéré être un père attentif et patient. Par moment, lorsqu'il s'occupait de Cassandre alors qu'elle n'avait que quelques jours, elle lui avait trouvé le même air concentré que lorsqu'il brassait dans son laboratoire. Cela l'avait fait beaucoup rire.

Il avait également été d'une très grande aide et d'un soutien infini pour elle, lorsqu'elle s'était sentie dépassée par leur quotidien lors de son post-partum.

C'est pour cela qu'elle partait en mission sans aucune appréhension à ce sujet. Ils formaient une équipe et elle savait Severus parfaitement capable de s'occuper de la fillette, de la rassurer, de veiller à son bien-être et à sa sécurité, au même titre qu'elle-même.

Néanmoins, malgré tout le chemin parcouru et les discussions tenues au fil des années, le sarcasme restait le moyen de communication privilégié de son mari, et jamais rien ne changerait cela, elle en était persuadée.

Ramenant le fil de ses pensées au présent, Hermione continua :

- Ils vont se calmer, je le sais. Quand ce sera le cas, ils voudront avoir des explications et comme tous bons Gryffondor, ils feront une scène pour les réclamer. Estime-toi heureux qu'ils ne connaissent pas cet endroit, sinon ils débarqueraient sans prévenir dans quelques jours, enflammés et incapables de tenir un discours cohérent. À la place, nous allons sûrement recevoir quelques patronus, conclut Hermione en haussant les épaules, amusée par cette image.

- Merlin me préserve des Gryffondor entêtés et larmoyants, répliqua-t-il en levant les yeux au ciel. À ce propos Hermione, ajouta-t-il, si notre fille est un jour répartie dans la maison des lions, je la déshérite. Je préférerais encore qu'elle soit répartie à Poufsouffle.

Hermione pouffa doucement à ces mots.

- Dûment noté, mon amour.

Savourant le silence de la pièce durant quelques instants, elle demanda finalement :

- Tu es sérieux en ce qui concerne Poufsouffle ?

- Plus que jamais, sourit-il en l'embrassant tendrement sur les lèvres. Jamais ma fille ne me déshonorera en faisant preuve d'aussi peu de bon sens ou de subtilité. Il en va de ma réputation tout de même.

- Eh bien, qui suis-je pour m'opposer à de tels arguments ? répondit-elle en l'embrassant à son tour.

Severus lui sourit, de son petit sourire tordu qu'elle aimait, puis continua.

- Je me fiche totalement des états d'âme de tes amis et de l'Ordre du Phénix au complet. Du moment qu'ils reprennent leurs esprits – Merlin, je n'arrive pas à croire que je dise cela – et qu'ils te font suffisamment confiance pour mener à bien ton plan, cela me convient parfaitement.

- Oh, je pense que nous n'aurons pas très longtemps à attendre pour ça. Ils sont du genre impatient.

Savourant une nouvelle gorgée de son verre, Hermione laissa son regard errer dans les flammes de la cheminée. Puis doucement, elle souffla :

- Je suis désolée.

Dubitatif, Severus lui lança un coup d'œil interrogatif.

- De quoi donc ?

- De ce qu'ils ont dit et insinué tout à l'heure. Tu ne mérites pas qu'on dise de telles choses sur toi.

Severus soupira, prit le verre qu'Hermione tenait entre ses mains et le posa avec le sien sur le guéridon à côté du canapé. Puis il se tourna vers elle et plongea ses yeux dans les siens.

- Hermione, j'étais déjà un salaud à leurs yeux bien avant tout cela. Le bâtard des cachots, le Mangemort, le larbin de Dumbledore ou du Seigneur des Ténèbres… Choisis, il y a des dizaines de qualificatifs qui m'ont été attribués au fil des années. Mais honnêtement je m'en fiche. Et c'est en grande partie grâce à toi.

Tout en parlant, il avait pris ses mains dans les siennes, pour les serrer tendrement, ses yeux noirs toujours fermement accrochés aux siens.

- Les gens continueront toujours de penser les pires choses à mon propos, mais c'est sans importance. Parce que Cassandre et toi êtes ce qui m'est arrivé de mieux dans la vie et c'est pour ça que je me bats aujourd'hui. Pour personne d'autre que vous deux. Alors ne t'avise pas d'être désolée de quoi que ce soit, Granger.

Elle ne se rendit compte qu'elle pleurait que lorsqu'il passa tendrement son doigt sur sa joue pour essuyer les larmes qui y coulaient. Elle se rapprocha alors de lui et posa ses lèvres sur les siennes, dans un baiser empreint de douceur.

Se reculant lentement de l'étreinte, elle murmura :

- Je t'aime.

- Je sais, sorcière. Moi aussi.

Sur ces paroles, Severus se releva du canapé et lui tendit la main, un sourire suggestif aux lèvres.

- Maintenant montons nous coucher, que je te montre à quel point tout ceci n'a aucune espèce d'importance, tant que c'est à côté de moi que tu t'endors tous les soirs.

Le regard brûlant qu'elle lui envoya en retour tandis qu'elle prenait sa main, valait bien toutes les confrontations avec les Gryffondor du monde. Et il le lui montra durant une bonne partie de la nuit.

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- Je pense qu'il faudrait prévoir une stase entre ces deux étapes. Sinon nous n'aurons pas le temps de préparer la décoction de pierre de lune.

- D'accord, mais il faudra alors brasser cette partie non-stop pendant deux heures pour ne pas perdre les principes actifs de l'achillée millefeuille.

Quelques jours après la dernière réunion de l'Ordre, Hermione et Severus étaient dans le laboratoire, profitant d'une sieste de Cassandre pour établir les différentes étapes de la création de la potion nécessaire au rituel, quand un patronus en forme de cerf les interrompit dans leur travail.

- Hermione… Nous avons parlé entre nous et nous sommes désolés de la manière dont se sont déroulées nos retrouvailles. Nous voudrions te parler, si tu es d'accord. Pourrions-nous nous retrouver chez toi, à une heure qui te conviendrait ? Je pense que nous avons beaucoup à discuter.

Hermione considéra un instant le cerf devant elle, avant d'agiter sa baguette pour faire apparaître sa propre loutre, qui la fixa de ses grands yeux intelligents, attendant son message.

- Impossible, la maison est incartable, bardée de sortilèges de défense et je ne suis pas sa Gardienne du Secret, je ne peux donc pas vous en donner l'accès.

Une fois la loutre partie avec son message à transmettre, Hermione releva la tête pour croiser le regard mi-interrogatif, mi-dubitatif de son mari qui l'observait depuis son poste de travail.

- Quoi ? fit-elle en haussant un sourcil. J'ai dit qu'ils allaient vouloir parler, je n'ai pas dit que j'allais leur faciliter la tâche.

Severus eut un rictus amusé.

- Parfois je me dis que j'ai une trop grande influence sur toi, Granger.

Hermione haussa les épaules.

- Tu dis ça parce que tu ne vois pas à quel point moi, j'ai de l'influence sur toi, Snape.

- Quelle hérésie femme ! Je ne peux pas croire que de telles imbécilités sortent de ta bouche, répliqua-t-il en lui lançant un regard faussement vexé, que l'étincelle amusée de ses yeux démentait totalement. Maintenant si tu as fini de proférer des insanités, peut-être pourrions-nous nous remettre au travail ?

Hermione sourit devant l'attitude de son mari, puis reprit son parchemin et ses annotations, continuant de débattre avec Severus de la meilleure manière d'intégrer la corne de licorne à leur préparation.

Ils étaient de nouveau plongés dans leurs recherches, lorsque deux heures plus tard, ce fut le cheval de Ginny qui apparut au milieu de la pièce dans une brume argentée.

- Salut Hermione. J'ai parlé avec Harry et je lui ai dit que proposer une entrevue chez toi était une très mauvaise idée, qu'il fallait un terrain neutre, mais tu le connais… Le cheval soupira, dans une parfaite imitation de la seule fille de la famille Weasley. Quoi qu'il en soit, nous sommes allés discuter longuement avec Luna et elle a proposé de nous accueillir chez elle demain après-midi, si tu le souhaites. Et ne t'inquiète pas, malgré l'insistance des garçons, elle n'a rien voulu leur dire à votre propos. C'est à toi de partager - ou non - avec nous cette histoire. J'espère que tu vas bien et que l'on se verra demain. Je t'embrasse.

Le cheval se dissipa lentement après avoir délivré son message et Hermione soupira en se tournant vers Severus.

- Bon, cette fois, je ne vais pas pouvoir y échapper. Je suppose que tu ne m'y accompagneras pas ?

- Tu supposes très bien, sorcière, renifla Severus. D'ailleurs je ne vois pas ce que j'irai faire là-bas, à part envenimer les choses. Tes amis ont véritablement l'art de me faire sortir de mes gonds et une altercation avec eux cette semaine m'aura suffi. Bien que Miss Weasley ait tout de même l'air de sortir du lot, fit-il, pensivement.

- Oui, Ginny a toujours été plus réfléchie que ses frères, ce qui est une vraie bénédiction, je dois bien l'avouer.

- Il me semble effectivement me rappeler qu'elle n'était pas une totale catastrophe lors de mes cours de potions, fit-il en continuant d'annoter son parchemin. Si tu vas chez Luna demain, pourrais-tu prendre Cassandre avec toi ?

- Bien sûr, pourquoi ?

- J'aimerais refaire nos stocks de potions de soin, nous sommes presque à court de certaines depuis ton retour et tu sais que je n'aime pas être pris au dépourvu. Si je ne dois pas m'occuper de Cassandre en même temps que je brasse, cela ira dix fois plus vite.

- Très bien, j'irai chez Luna avec Cassandre pour te laisser travailler au calme. Mais tu me le revaudras Severus Snape.

- Mais avec plaisir, ma chère épouse, susurra-t-il d'une voix chaude en relevant les yeux de son travail pour la fixer d'un œil gourmand.

- Oh non, non, non, tu ne m'auras pas comme ça, fit Hermione en reculant de quelques pas. Je veux un vrai service, pas une partie de jambes en l'air.

Severus leva un sourcil, déconcerté.

- Je veux une heure de tranquillité demain soir pour prendre un bain relaxant. Je pense qu'après la journée qui s'annonce, j'en aurais bien besoin. En conséquence, tu devras t'occuper de Cassandre après le repas, la préparer pour la nuit, lui raconter son histoire et la mettre au lit pendant que je serai dans la baignoire avec un bon livre et un verre de vin rouge.

Elle avait dit cela d'un ton malicieux en le regardant dans les yeux et un grand sourire plaqué sur le visage. Celui du potionniste était maintenant pleinement concentré, comme s'il calculait les bénéfices et les risques d'une telle demande. Finalement il acquiesça.

- Ta demande me paraît raisonnable Granger, je pense pouvoir y accéder. Mais je te rejoindrai dans la baignoire quand le petit monstre se sera endormi, ajouta-t-il, d'un regard entendu.

Hermione tendit la main par-dessus la paillasse où il se trouvait.

- Marché conclu.