Désolée pour le retard de publication, mais je me suis juste laissée prendre par le tourbillon de la vie quotidienne.

Merci à Cindy et à mon homme pour leur remarques et corrections sur le texte.

Chapitre 9 : This place is a circus, you just see the surface

Samedi arriva bien trop vite au goût d'Hermione, alors qu'elle bouclait ses valises dans sa petite chambre de Grimmauld.

Ses affaires empaquetées, elle effectua un dernier tour d'horizon de la pièce afin de vérifier qu'elle n'avait rien oublié, puis miniaturisa le tout pour le fourrer dans son petit sac en perles.

Elle s'empara alors de la cage de transport de Patterond, quitta la chambre et entreprit de descendre les escaliers le plus discrètement possible afin de ne pas déranger la maison endormie.

Elle avait fait ses adieux aux garçons et à Ginny la veille, sachant pertinemment qu'aucun d'eux ne voudrait se retrouver en présence de Snape au moment de son départ. Ils étaient peut-être des Gryffondor, mais ils avaient tout de même un instinct de préservation. Minime certes, mais présent.

Lorsqu'elle arriva au pied des escaliers, elle ne fut pas surprise d'y trouver le sorcier, l'attendant de pied ferme. Il allait tourner les talons vers le couloir et lui intimer de le suivre, quand il nota un détail qui lui fit hausser un sourcil.

- Je peux savoir où vous comptez aller avec ceci ? dit-il en pointant sa baguette de bois sombre vers la cage où dormait son Semi-Fléreur.

N'obtenant aucune réponse de la jeune femme, il planta ses yeux dans les siens.

- J'ose espérer que vous ne comptez pas emmener cet animal avec vous ?

- Eh bien si, Monsieur.

- Et vous croyez vraiment que je vais accepter sans rechigner que votre monstre orange envahisse mon espace privé ? Ne croyez-vous pas que votre simple présence représente déjà un désagrément dont je me passerais volontiers ?

- Désolée Monsieur, mais il n'est pas envisageable que je laisse Pattenrond tout seul ici. Harry et Ron le détestent et le reste des résidents ne lui prête pas suffisamment d'attention. S'il reste, il risque de dépérir.

Snape lui jeta un regard de pur dédain. Il n'arrivait pas à croire qu'il était en train d'avoir cette conversation avec Hermione Granger. C'était tout bonnement surréaliste.

- Pensez-vous réellement que je me soucie des états d'âme de votre chat, fillette ?

Il pensait l'avoir eue lorsqu'il vit son regard se froncer face à son appellation dégradante, mais à sa plus grande surprise, elle ne se démonta pas. Au contraire, elle planta son regard résolu dans le sien.

- Peut-être voulez-vous que nous appelions le professeur Dumbledore afin de lui demander son avis sur le sujet ? Je suis persuadée qu'il aura beaucoup de choses à dire à propos de la notion de fidélité et d'abandon de familier.

Un éclair passa dans le regard noir de l'homme face à elle. Pendant un instant Hermione crut qu'elle avait poussé trop loin son assurance et que Snape allait l'assassiner sur place. Il semblait être sur le point de lui hurler dessus, lorsqu'il parut se raviser. Un air de résignation se peignit sur son visage.

- Très bien, la bestiole peut vous accompagner. Mais je vous préviens : vous allez gérer toute la logistique. Il est hors de question que je subvienne à ses besoins en plus des vôtres. Et vous ferez évidemment en sorte que cette bête se tienne très loin de moi. Au moindre faux-pas de sa part, les différentes parties de son corps se retrouveront dans une de mes potions sans que vous n'en sachiez jamais rien. Je crois me souvenir que les griffes de Fléreur sont très prisées dans certaines mixtures. Je me demande quels effets auraient celles d'un Demi-Fléreur…

Il avait dit cela avec un sourire carnassier en la fixant droit dans les yeux. L'expression satisfaite qui avait commencé à fleurir sur le visage d'Hermione suite à ce qu'elle considérait comme une victoire, se fana bien vite face à cette déclaration.

Évidemment, Snape n'en avait pas fini avec elle.

- Ne prenez pas cette reddition pour un accès de faiblesse de ma part, Granger. Car je puis vous assurer qu'il n'y aura pas de place pour les plaintes, les récriminations ou le dorlotage dans cette cohabitation. J'espère avoir été assez clair.

Hermione réprima son envie de sourire face à l'idée saugrenue de Snape la bordant dans son lit après un cauchemar et répondit :

- Limpide, Monsieur.

- Bien. Maintenant suivez-moi. La cheminée du Square a temporairement été connectée à mon propre réseau et je ne compte pas laisser cet accès ouvert toute la journée.

Ils entrèrent donc dans la cuisine de la Maison Black, vide à cette heure matinale. Snape tendit le pot de Poudre de Cheminette à Hermione, puis s'empara à son tour d'une poignée avant de se tourner vers elle.

- Je passe en premier. Suivez-moi et ne tardez pas. Une fois que je serai passé, l'accès ne mettra que peu de temps à se refermer.

Il jeta la Poudre dans l'âtre avant de s'y engouffrer et de prononcer sa destination :

- Impasse du Tisseur.

À peine avait-il disparu qu'Hermione entra à son tour dans la cheminée, avant de se volatiliser, elle aussi, dans une gerbe de flammes.

Elle atterrit un peu rudement de l'autre côté, dans ce qui s'avéra être un salon très sombre et très poussiéreux. Des bibliothèques pleines à craquer se disputaient le moindre espace disponible, rendant l'endroit encore plus exigu qu'il n'y paraissait. Elle réprima une quinte de toux et s'épousseta, attendant que l'attention du sorcier se fixe à nouveau sur elle.

De son côté, Snape tapotait le manteau de la cheminée de sa baguette, tout en marmonnant des paroles inintelligibles. Hermione tendit l'oreille pour percevoir les sortilèges dont il se servait, mais sa voix n'était qu'un murmure incompréhensible. La jeune femme en vint même à se demander si la langue qu'il utilisait était encore couramment parlée.

Il arrêta ses psalmodies aussi rapidement qu'il les avait entamées et d'un geste de la main, l'invita à le suivre dans une pièce défraîchie qui devait être la cuisine. Celle-ci avait l'air d'avoir connu des jours meilleurs. Probablement dans le début des années soixante si on en croyait la décoration.

Heureusement ils ne s'y attardèrent pas et l'homme ouvrit à la volée une porte qui les mena dans une petite cour intérieure, accolée à un terrain qui n'avait de jardin que le nom. La friche de mauvaises herbes au centre de la pelouse ne laissait d'ailleurs aucun doute quant à l'entretien de celui-ci.

Regardant autour d'elle, Hermione reconnut l'architecture chiche des anciennes maisons de mineurs. Les logements s'alignaient les uns à la suite des autres dans une symétrie parfaite. Un petit détail venait de temps à autre perturber cette uniformité : un ballon de foot dégonflé dans le jardin voisin, un vélo abandonné trois maisons plus loin et une niche à moitié effondrée sur le terrain d'en face.

On était fin mars, il était très tôt et il faisait encore sombre, ce qui expliquait le calme relatif de l'endroit. Mais elle était sûre qu'une fois le soleil et les différentes familles levées, le quartier devait grouiller d'activités.

- Ne traînons pas, Granger. Approchez-vous.

Son ton était brusque et son regard fuyant, comme s'il était gêné de se trouver là. Mais en lui jetant un coup d'œil, Hermione comprit que c'était sa présence à elle qui le gênait. Snape n'avait aucune envie qu'elle voie cet endroit et en tire des conclusions sur sa vie personnelle.

Une pression ferme sur son bras la sortit de ses réflexions et elle eut juste le temps d'apercevoir les robes noires du sorcier l'entourer avant que la secousse du transplanage d'escorte n'envahisse son corps. Quelques instants plus tard, ils atterrissaient au beau milieu d'une vaste campagne anglaise, bien loin de l'austérité du quartier ouvrier qu'ils venaient de quitter.

Alors qu'elle observait les alentours, intriguée, Hermione l'interrogea :

- Je pensais que nous resterions Impasse du Tisseur.

Occupé à lancer une série de sorts dans différentes directions, Snape ne prit même pas la peine de se tourner vers elle pour lui répondre :

- Je n'habite pas Impasse du Tisseur. Cette maison n'est qu'un camouflage pour brouiller les pistes. De plus, ce n'est pas un endroit très adapté pour ce que nous avons à faire.

Visiblement satisfait par ce que ses diverses incantations lui apprirent, il fixa enfin son attention sur la sorcière l'accompagnant.

- Maintenant Granger, je veux votre attention pleine et entière. Le lieu que je m'apprête à vous dévoiler n'est connu de personne à part moi. Pas même du directeur, ajouta-t-il alors que la bouche de la jeune femme s'ouvrait sur une question. J'ose espérer que vous prendrez la mesure du privilège qui vous est offert et de ce que cela implique.

Incapable de répondre, Hermione se contenta de hocher la tête

- Si j'avais su qu'il suffisait simplement de cette révélation pour vous faire taire, je pense que je vous l'aurais faite bien plus tôt, ricana-t-il en lui tendant un bout de parchemin.

Hermione lui jeta un regard noir en s'emparant du papier, ce qui ne fit qu'accentuer l'air moqueur sur le visage du potionniste.

Elle le déplia et déchiffra l'écriture fine et serrée de celui qui avait été son professeur pendant six ans.

"Le Domaine Prince se trouve dans le village de Painswick, comté du Gloucestershire - Cotswolds".

- Qu'est-ce que…?

Alors qu'elle relevait le visage vers lui dans un nouveau questionnement, Hermione retint un halètement surpris. Devant ses yeux était en train de se révéler une imposante grille en fer forgé, protégeant ce qui semblait être un vaste domaine s'étendant sur plusieurs hectares. Plissant les paupières, elle aperçut au loin un immense manoir de style victorien, qu'on pouvait rejoindre par l'allée principale, bordée à intervalle régulier par des chênes centenaires.

Un Fidelitas, pensa-t-elle, son regard alternant entre le domaine face à elle et l'homme sombre se tenant à ses côtés.

Elle n'eut pas le temps de spéculer plus longuement que Snape plaçait d'autorité sa main dans la sienne, paume vers le haut. Un instant plus tard, un éclair argenté passait dans son champ de vision tandis qu'une douleur aigüe la traversait.

Ne prenant pas garde au couinement qu'elle poussa, Snape conduisit sa paume ensanglantée vers la serrure de la grille, qui pulsa d'une brève lueur rouge avant de reprendre son aspect initial.

Le sorcier rangea dans sa poche le couteau d'argent qu'Hermione n'avait jusqu'alors pas noté, ouvrit la grille et incita la jeune femme à la franchir à sa suite.

Quelques brefs mouvements de baguette plus tard, le portail se refermait sur eux, permettant à l'ancienne Gryffondor de retrouver la parole.

- Mais comment…? Enfin, je veux dire… Si personne ne connaît cet endroit, comment pouvez-vous… ?

- Je suis mon propre Gardien du Secret, l'informa-t-il platement.

À ces mots, Hermione eut un mouvement de surprise.

- N'est-ce pas dangereux ? Je veux dire, avec votre rôle d'espion et le reste.

Il lui lança un regard narquois.

- Beaucoup moins risqué que de confier sa vie à un rat.

Touché.

- Et pour ce qui est de la Magie du Sang ? Car c'est bien ce que vous venez d'utiliser, n'est-ce pas ? demanda-t-elle en montant sa main à hauteur de son visage, afin qu'il voie la blessure toujours ouverte.

Severus se frotta les yeux de lassitude. Cette sorcière était-elle parfois à court de questions ? Et dire qu'il allait devoir la supporter durant des semaines, voire des mois. Sa patience allait être mise à rude épreuve.

Son ton était empreint d'une certaine fatigue lorsqu'il lui répondit :

- C'était la manière la plus rapide et la plus sécurisée pour vous donner accès au domaine. Maintenant si vous le voulez bien, il ne fait pas très chaud et j'aimerais éviter de passer la journée dehors. Suivez-moi.

Il s'engagea alors à grands pas sur l'allée de gravier et Hermione dut courir à sa suite pour ne pas se laisser distancer. Cependant, alors qu'elle s'attendait à ce qu'ils prennent la direction du manoir qui se dressait devant eux dans toute sa stature imposante, Snape bifurqua brusquement et prit un petit chemin s'enfonçant dans ce qui lui sembla être un bosquet. Quand elle sortit du couvert des arbres, elle se retrouva face à une bâtisse aux allures de vieux cottage anglais.

Bien que nettement plus petite que le manoir qu'elle avait aperçu au loin, la maison était de belle taille et paraissait de bonne facture. Contrairement à son propriétaire, elle avait l'air plutôt chaleureuse, avec son lierre grimpant le long de la façade, sa porte en bois verni munie d'un petit vitrail stylisé et ses parterres de fleurs sauvages.

En y regardant de plus près, Hermione se rendit compte que ces dernières entraient dans la composition de nombreuses potions médicinales.

- C'était l'ancienne maison du gardien. En tout cas, lorsque le manoir était encore habité, fit Snape en réponse à une question qu'elle n'avait pas posée.

D'un geste, il l'invita de nouveau à poser sa main blessée sur la porte, qui rougeoya un instant avant de reprendre son apparence initiale.

- Après vous, lança-t-il d'un ton sarcastique en ouvrant la porte et en lui faisant signe d'entrer.

Elle pénétra dans un hall d'entrée de taille modeste qui desservait sur sa gauche ce qui semblait être le salon, alors que face à elle s'élevait un escalier de bois menant à l'étage. Un peu plus loin dans le couloir se dressait une porte dont la partie supérieure était vitrée.

En passant dans le salon, Hermione fut saisie par l'ambiance chaleureuse qui y régnait. Un feu ronflait dans la cheminée, devant laquelle était disposés un canapé en velours gris ainsi que deux fauteuils en cuir. L'un devait être la place habituellement occupée par Snape si elle en croyait le creux prononcé de l'assise et la lampe de lecture placée sur un guéridon à proximité.

Un épais tapis lie-de-vin à l'allure confortable complétait l'ensemble, invitant la jeune femme à s'y prélasser.

Mais ce qui acheva de la contenter, fut évidemment les étagères remplies d'ouvrages qui tapissaient chaque mur de la pièce. S'élevant jusqu'au plafond, elles semblaient avoir été construites sur mesure pour épouser chaque recoin disponible.

Le salon se prolongeait dans la longueur vers une salle à manger en bois sombre, desservie sur la droite par une cuisine ouverte et entièrement équipée. Elle-même donnait sur une petite véranda par laquelle on pouvait accéder à l'extérieur.

Si elle n'avait pas eu conscience d'être chez Severus Snape, elle aurait presque pu s'imaginer se trouver dans une petite maison de la banlieue de Londres, tant la décoration lui paraissait… normale.

Croyais-tu vraiment te retrouver dans un cachot lugubre ? fit une petite voix moqueuse dans sa tête. Mais à bien y réfléchir, oui, c'est ce qu'elle avait imaginé l'espace d'un instant quand elle avait espionné l'entrevue entre le sorcier et Albus Dumbledore, quelques jours auparavant.

Une fois qu'elle eut terminé d'inspecter les lieux, Hermione revint au salon où elle trouva Snape assis dans le fauteuil qu'elle avait supposé être le sien. D'un geste, il l'invita à prendre place sur le canapé :

- Bien, nous allons avoir un certain nombre de points à passer en revue afin de poser les bases de cette cohabitation. Mais avant cela, je vous écoute, Granger.

Il s'enfonça un peu plus dans son siège et croisa les mains sur sa poitrine, dans une position à l'apparence décontractée, démentie par la dureté de ses traits fixés sur elle.

Face à l'air interrogatif qu'elle lui renvoya, il se sentit obligé de préciser :

- Je sais que je n'aurai pas la paix tant que votre soif de connaissances n'aura pas été comblée, alors autant mettre cela derrière nous dès maintenant. Sachez cependant que je me réserve le droit de ne répondre que partiellement à vos interrogations, surtout si celles-ci deviennent trop personnelles à mon goût. Après tout, nous sommes ici chez moi et j'estime avoir le droit de mettre les limites qui me siéent.

Consciente que cette chance ne se présenterait pas deux fois, Hermione prit le temps de rassembler ses pensées avant de prendre la parole :

- Ce domaine vous appartient…

- Ceci n'est pas une question Granger.

L'expression de la sorcière se renfrogna légèrement, mais elle préféra ne pas relever la remarque et continua sur sa lancée :

- Comment pouvez-vous être en possession d'un tel endroit ? Et comment cela se fait-il que personne n'en sache rien dans l'Ordre, pas même le directeur ?

- Et maintenant, cela fait deux questions, dit-il en parvenant sans peine à cacher son agacement derrière un sarcasme. Pour répondre à la première, sachez que ce domaine représente un héritage familial. Et vous n'aurez pas plus d'information à ce propos, ajouta-t-il quand il la vit sur le point d'ouvrir de nouveau la bouche. Cela fait partie des choses que je juge trop intimes pour être partagées avec vous.

Réprimant une moue contrariée, Hermione poursuivit :

- Et pour la seconde, Monsieur ?

- Je suis un espion Granger, il est vital que je garde certaines choses secrètes. Ma double allégeance m'oblige à dissimuler des choses aux deux camps, afin de me préserver.

S'il n'avait tenu qu'à moi, sachez que jamais vous n'auriez eu connaissance de ce lieu. Mais les projets farfelus du directeur en ont décidé autrement et j'ai été obligé de faire des concessions. Vous permettre d'avoir accès à ce lieu en fait partie, même si cela m'indispose prodigieusement.

- Nous aurions très bien pu loger Impasse du Tisseur.

Un sourcil s'arqua sur le visage de son ancien professeur.

- Avez-vous correctement observé ce lieu Miss Granger ? Pensez-vous réellement que quiconque aurait envie de demeurer dans cet endroit sinistre ?

Au regard insistant qu'il posait sur elle, Hermione s'obligea à répondre de manière sincère :

- Non.

L'ancien directeur des Serpentard eut un reniflement mi-amusé, mi-dédaigneux.

- C'est bien ce qu'il me semblait. L'Impasse du Tisseur me sert de leurre auprès de tous. Je m'y rends uniquement quand cela s'avère nécessaire en passant par cette cheminée, ajouta-t-il en la pointant du doigt.

- Pourquoi n'avons-nous pas emprunté ce chemin dans ce cas ?

- Parce que l'accès ne se fait que dans un seul sens et seulement lorsque j'appose les sortilèges nécessaires. Cet endroit n'existe pas aux yeux du monde, il serait donc suspect qu'un conduit de Cheminette y soit relié.

Hermione acquiesça face à la logique des paroles du sorcier. Ce dernier continua ses explications :

- Pour votre première incursion ici il était également primordial que j'ajoute votre signature magique aux protections. Cela vous empêche de subir le sort réservé aux personnes qui parviendraient - par je ne sais quel miracle - à pénétrer l'enceinte du domaine sans y avoir été invitées.

Il avait dit cela avec une lueur meurtrière au fond de ses pupilles et la jeune femme déglutit en imaginant les différents maléfices inventés par Snape pour éloigner les indésirables de chez lui. Elle n'avait clairement aucune envie de s'y frotter.

- Il n'y a donc qu'une seule façon d'arriver jusqu'à cette maison et c'est en passant par la grille extérieure. Peut-être que lorsque je vous en jugerai digne je vous permettrai de transplaner directement devant la porte d'entrée, comme je le fais moi-même, mais ceci n'est pas à l'ordre du jour.

Hermione soupira intérieurement en s'imaginant devoir refaire le trajet précédent par tous les temps, mais n'émit aucune protestation, ce que Snape sembla remarquer.

- Comme je vous l'ai déjà dit, l'Impasse du Tisseur, en plus d'être un dépotoir sans nom, n'est en aucun cas adaptée à l'apprentissage que vous allez suivre en ma présence. Cette maison et ce domaine sont beaucoup plus indiqués à l'usage que nous allons en faire, mais je préfère vous laisser le loisir de découvrir tout cela au fur et à mesure.

Hermione sentit un frisson la parcourir à cette dernière phrase, car elle crut percevoir chez le potionniste une expression de pure malice. Cela ne l'empêcha pas de poser sa question suivante :

- Combien de temps va durer ma formation ?

- Cela dépendra entièrement de vous, je le crains. Car si vous vous rappelez de mon niveau d'exigence lorsque j'étais votre professeur de potions, sachez que ce n'était rien comparé à ce que j'attends de vous à l'issue de tout ceci. Vous allez suer Granger, je vous le garantis.

Severus observa avec une certaine satisfaction l'expression d'appréhension qui se matérialisa sur le visage de la sorcière. Mais elle reprit bien vite contenance et il l'en félicita intérieurement. Car s'il appréciait dans une certaine mesure susciter la peur chez autrui, il n'avait nullement l'intention de supporter des geignements incessants durant son séjour chez lui.

- Ai-je répondu à toutes vos interrogations ?

- Je pense que oui.

- Bien, cela nous amène donc au cœur du sujet, à savoir : les règles de cohabitation.

Severus Snape se redressa alors sur son siège, ses prunelles semblables à deux puits sans fond accrochant le regard de la jeune femme.

- Je me dois d'insister une nouvelle fois sur le fait que personne à par moi - et à présent vous - n'a connaissance de cet endroit. J'entends préserver cet état de fait. N'étant pas la Gardienne de ce Secret, il vous sera impossible d'en révéler la localisation exacte à vos amis. Cependant, je compte sur vous pour ne faire aucune allusion d'aucune sorte à cet endroit lorsque vous les verrez. Vous ne possédez pas la ruse des Serpentard, mais je connais les Gryffondor depuis suffisamment longtemps pour savoir qu'ils trouvent toujours un moyen de contourner les règles. Ceci n'est pas envisageable ici. Vous comprenez pourquoi je suppose ?

Attentive aux paroles de son vis-à-vis, Hermione acquiesça en silence, laissant Snape poursuivre ses explications.

- Dans un premier temps, vous ne quitterez pas le domaine sans mon autorisation et toujours sous ma supervision. Je vous enseignerai les charmes de protection qui l'entourent et les différentes manières de les neutraliser. Tant que vous ne les maîtriserez pas à la perfection, vous serez assignée à résidence, pour notre sécurité à tous les deux. Vous pourrez évidemment aller et venir à votre guise à l'intérieur de la propriété. Seuls mes quartiers personnels vous seront interdits, cela va sans dire. Par ailleurs, je respecterai également votre intimité et ne pénétrerai votre chambre qu'en cas de force majeure.

Hermione fut contente de savoir que, malgré son caractère intransigeant et le dérangement que représentait sa présence en ces lieux, Snape lui offrait un espace personnel dans sa propre demeure.

- Vous remarquerez également qu'il n'y a aucun elfe de maison pour s'occuper de l'entretien. Nous partagerons donc équitablement les différentes tâches ménagères entre nous. Pour cette semaine néanmoins, je m'occuperai de tout, afin de vous laisser le temps de vous acclimater aux lieux. Mais ensuite, j'entends bien à ce que vous vous acquittiez de vos corvées sans rechigner.

- C'est évident, Monsieur.

Un bref hochement de tête approbateur lui répondit.

- Enfin vous serez ravie d'apprendre que je vous autorise à disposer à votre guise de la collection d'ouvrages présents dans ce salon. Par contre, ajouta-t-il alors que la bouche d'Hermione s'ouvrait dans une expression de pure félicité, l'accès au laboratoire du sous-sol et à sa bibliothèque vous sont interdits en mon absence. Je ne tolérerai aucune désobéissance sur ce point, est-ce bien clair ?

- Très clair, Monsieur. Merci Monsieur, ajouta-t-elle après un bref instant de silence.

- Ne me remerciez pas tout de suite Miss Granger. Car les raisons de votre présence ici sont loin d'être anodines.

La perplexité devait se lire sur ses traits, car il continua après lui avoir jeté un coup d'œil :

- Rappelez-vous que nous sommes en guerre et qu'en temps de guerre, le moindre faux pas peut être fatal. Le danger est présent partout au-dehors et je vais vous apprendre à y faire face, quelle que soit la situation qui se présentera à vous.

Il fit une courte pause avant de reprendre :

- Dans ce cadre, vous allez être secouée, malmenée et même blessée. Vos limites seront poussées à leur maximum. Votre ténacité et votre détermination seront mises à rude épreuve, et ce quotidiennement.

Les yeux de l'espion étaient vissés aux siens pendant qu'il lui parlait et elle ne put que hocher la tête en retour, trop absorbée par ses paroles pour lui répondre.

- Je serai dur et intransigeant avec vous. Vous allez probablement me détester, voire me haïr pour tout ce que je vais vous faire subir durant votre séjour ici. Car je vais vous pousser jusque dans vos derniers retranchements, jusqu'à ce que vous ayez acquis des compétences qui ne s'obtiennent que dans la sueur, le sang et la douleur.

Sa voix n'était plus qu'un fin murmure lorsqu'il lui assena sa dernière phrase :

- Mais lorsque j'en aurai fini avec vous, Hermione Granger, vous serez une combattante aguerrie.

Il ne lui laissa pas le temps de s'appesantir sur son discours et se leva prestement de son fauteuil, lui faisant signe de faire de même.

- Maintenant suivez-moi, je vais vous montrer votre chambre.