01/09/2019 - 21/08/2024
Retour d'entre les morts !
Une thèse, un concours, l'enseignement, un burnout (ça c'est pas bien) et un mariage (ça c'est bien) plus tard, je retrouve peu à peu mes activités de loisir, dont l'écriture.
Ce n'est ni par flemme, ni par envie d'abandonner que je n'ai pas écrit ces dernières années. Elles auront été très prenantes et très stressantes pour moi et mon imagination s'est fait la malle avec mon sommeil et mon équilibre mental. L'imagination est revenue avec le sommeil. L'équilibre mental, je le cherche encore X'D
Mais Lutha et Sirius ont toujours été dans un coin de mon cerveau. Ils ont grandi et appris des leçons de la vie, comme moi, ce qui explique peut-être que le ton de mon histoire change un peu, mais j'espère que ça n'en sera que mieux.
BREF ! Tout ça pour dire que je compte conclure enfin ce délire qui m'a frappée il y a DOUZE ANS, avec la ferme intention de le mener à terme, ne serait-ce que pour en commencer un autre :D !
Si vous êtes toujours là malgré toute cette attente, bonne lecture ! Si vous avez fait votre vie, profitez ;) Et bienvenue aux nouveaux et nouvelles !
Sirius sentit son cœur s'arrêter. Les portes du train allaient s'ouvrir d'une seconde à l'autre et le quai étaient bondé de monde.
- Elle... elle est partie ! S'exclama-t-il, abasourdi.
Jonathan se détourna enfin de la fenêtre et se redressa pour fixer Sirius droit dans les yeux. La déception se lisait sur son visage.
- Elle est partie ? Répéta plus fermement Sirius en sentant une colère sous-jacente enfler en lui.
Les traits du Serdaigle reprirent leur habituelle neutralité.
- Oui.
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Pendant un bref instant de flottement, James crut que Sirius avait subi un sort de pétrification. Puis, dans un ultime crissement suraigu, le train s'immobilisa et ses portes s'ouvrirent, vomissant sur le quai un flot d'élèves continu. Sirius sortit en trombe du compartiment en direction de la sortie la plus proche, écartant les élèves sur son chemin à grand renfort de coups de coude. James jaillit à sa suite en criant son nom. Le chemin étant déjà dégagé par son ami, il le rattrapa sans peine et lui saisit le bras pour l'arrêter.
- Sirius ! Sirius ! Ça ne sert à rien !
Le jeune homme se retourna et James faillit le lâcher en voyant son expression. La rage pure inondait le visage de son ami et une lueur affolée brillait dans ses yeux.
- ET QU'EST-CE QUE JE PEUX FAIRE D'AUTRE ?!
Les élèves qu'ils avaient bousculés se relevaient, certains prêts à s'expliquer, mais ils s'écartèrent de Sirius à son hurlement. James ramena son ami plus proche de lui et lui passa un bras autour des épaules.
- On n'arrivera pas à la rattraper ici. Mais Jonathan sait sûrement où elle va.
Sirius hésita un instant, puis il parut ravaler sa rage et ses traits adoptèrent une expression dure de colère contenue. Il lâcha d'une voix blanche :
- Allons-y.
À contre-courant des élèves qui continuaient de se répandre sur le quai, ils rejoignirent leurs amis. Ces derniers n'avaient pas quitté le compartiment, mais Remus, Lily et Peter étaient à la fenêtre, scrutant la foule sur le quai, cherchant probablement Lutha des yeux. Jonathan était toujours assis au même endroit, apparemment perdu dans ses pensées. Il leva les yeux à leur entrée. Sirius se planta devant lui.
- Toi ! Tu savais qu'elle comptait partir !
Une grimace indéchiffrable contracta brièvement les traits du Serdaigle.
- Je savais, répondit-il d'une voix atone.
Sirius fit un pas en avant. Il était tellement furieux que l'attrapeur craignait qu'il ne le frappât. Remus semblait partager sa crainte et se tenait prêt à intervenir au cas où.
- Et tu n'as rien dit ! Tu l'as juste laissée faire !
Le visage de Jonathan demeura inexpressif.
- Quel genre d'ami es-tu pour ne pas avoir fait quelque chose ?!
Cette fois, le Serdaigle eut plus de difficulté à se maîtriser et James reconnut la colère dans ses yeux.
- Je n'ai rien fait parce qu'elle m'avait demandé de ne rien faire, asséna-t-il froidement. Parce qu'elle m'a fait confiance pour simplement la supporter dans sa décision.
- Sa décision ? SA décision ?! CETTE DÉCISION N'ÉTAIT PAS UNIQUEMENT LA SIENNE !
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Tremblante, la voix de Sirius manqua de se briser. Avec un temps de retard, Jonathan perçut soudain la détresse sous la colère. Peinant à maîtriser ses propres émotions, il avait négligé celles du Gryffondor. Se morigénant pour sa stupidité, il abandonna son masque impassible et sa propre peine transparut dans sa voix quand il prit la parole :
- Mais elle a pris cette décision malgré tout. Et m'a demandé de la soutenir dans son choix. Ce que j'ai fait.
Il marqua une pause, jeta un œil aux autres et vit James lui faire signe comme pour l'encourager. Il ajouta :
- Ça ne veut pas dire que ce choix me plaît.
Sirius resta silencieux de longues secondes, puis il hocha sèchement la tête. Il semblait avoir retrouvé suffisamment la raison pour se maîtriser. Jonathan l'étudia un instant avant de lui demander calmement :
- Et maintenant ?
Le Gryffondor le fixa durement.
- Qu'est-ce que tu crois ?! Je vais la retrouver ! Si elle veut partir, qu'elle ait au moins le cran de me le dire en face !
- Sa façon d'être partie n'indique-t-elle pas qu'elle ne souhaitait pas t'impliquer dans cette décision ?
- Ce n'est pas à elle d'en décider, aboya Sirius en réponse.
- Et... si elle était partie sans t'en informer simplement parce que tu n'en vaux pas la peine à ses yeux ?
Une même expression outrée se peignit sur les traits de James, Lily, Remus et Peter. Mais Sirius, lui, se contenta d'éclater d'un rire sans joie.
- Comme si j'avais le moindre doute sur ce qu'elle ressent pour moi.
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ooo
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Contournant les parents venus attendre leurs enfants sur le quai du Poudlard Express, Lutha poussait son chariot en direction de la barrière qui la ramènerait dans le monde moldu. Sans se retourner, elle marcha d'un pas vif vers celle-ci et la traversa. Une fois de l'autre côté, elle parcourut la foule des yeux. Son regard s'arrêta sur un homme en costume qui la fixait. Il hocha brièvement la tête et tourna les talons. Elle le suivit. Ils sortirent de la gare, puis il lui indiqua une voiture. Elle s'y installa tandis qu'il chargeait ses bagages dans le coffre.
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Après un trajet d'une demi-heure, l'homme rangea finalement la voiture dans le parking d'un immeuble moderne. Lutha le suivit à travers les couloirs et les escaliers jusqu'à ce qu'il s'arrête dans un large couloir désert, devant une grande porte en bois. Il toqua deux coups discrets, entrouvrit la porte et annonça en Grec :
- Elle est arrivée.
Lutha sentit sa bouche s'assécher. Ses jambes lui donnaient soudain l'impression de s'être changées en plomb. Elle poussa lentement la porte du bout des doigts et s'avança de quelques pas dans la pièce. Assis à un bureau et rédigeant une lettre, Teneös ne releva même pas les yeux sur elle. D'un simple geste, il congédia l'homme qui l'avait amenée. Ce dernier s'éclipsa en fermant la porte derrière lui. Pendant quelques minutes qui lui semblèrent durer des heures, Lutha fixa le stylo courant sur le papier entre les doigts de Teneös. Finalement, il inscrivit un point, revissa soigneusement le capuchon et releva enfin les yeux vers elle. Malgré la peur qui liquéfiait ses entrailles, Lutha rendit son regard à son père sans ciller. Il l'observa longuement sans un mot, puis ses lèvres se retroussèrent sur un rictus menaçant.
- Tes frères et sœurs ont bien cru que j'allais enfin devoir purger la famille de ses déchets. Certains avaient même l'air plus que volontaires pour m'y aider.
Il marqua une courte pause et elle se garda bien d'intervenir.
- Mais toi et moi savions qu'il n'en était rien, n'est-ce pas ?
Il s'appuya en arrière dans son fauteuil et plissa la yeux.
- Je dois toutefois admettre que cette fois, tu as réussi à dépasser les limites de ma patience.
Sa posture figée et la tonalité douce de sa voix étaient bien plus alarmantes que s'il avait simplement fait montre d'agacement. Il reprit sans hausser la voix.
- Des hybrides ont toujours vu le jour au sein de notre espèce. Rares sont ceux qui ont atteint l'âge adulte. Encore plus rares sont ceux qui ont été reconnus parmi les nôtres. Il y a longtemps, je t'ai dit que j'avais épargné ta vie à ta naissance dans un seul but. Tu deviendrais une arme. Mon arme. Ton seul but serait de servir la famille qui t'a laissé la vie.
Il marqua une nouvelle pause avant de reprendre d'une voix plus dure :
- Ta vie m'appartient. As-tu cru que tu méritais plus ? Que tu pouvais diriger ta vie ?
Ses yeux ambrés dont elle avait hérité ne la lâchaient pas. La valeur de sa vie était en train d'être réévaluée. Teneös avait de toute évidence estimé qu'elle pouvait encore le servir, ou elle n'aurait pas eu la chance de pouvoir s'exprimer. Mais l'autorisation de continuer à exister dépendrait de la réponse qu'elle allait lui fournir à cet instant précis. Elle ne pouvait risquer de mentir. Elle devait être honnête et la vérité devait lui prouver qu'elle ne se rebellerait pas. S'efforçant de supprimer toute émotion de sa voix, elle déclara :
- Je n'ai jamais pensé que je vivrais une autre vie que celle-là.
Teneös la scruta un long moment en silence. Elle sentait ses paumes transpirer et son cœur battre la chamade. Après un interminable silence, il ouvrit un dossier sur son bureau.
- Tu jouissais d'une grande liberté dans ton école. Ta seule interdiction formelle était ne pas te lier d'amitié avec des sorciers, en particulier de souche. Comme à chaque fois que tu avais une limite, tu l'a franchie. Comme je m'y attendais.
Au prix d'un effort incommensurable, Lutha ne fit montre d'aucune réaction, ignorant le regard accusateur de la photo. Teneös poursuivit :
- Sirius Black. Sorcier de souche. Fugue à seize ans. Vit chez les Potter, une autre souche de sorciers.
Il se tut en la scrutant. Elle resta de marbre. Le nom de Sirius résonnait douloureusement dans ses oreilles.
- Jonathan Float, Remus Lupin, James Potter, Peter Pettigrow, Lily Evans, Mary O'barton, énuméra-t-il en étalant les photos sous ses yeux. Je serais passé outre ces incartades comme toutes les précédentes. Mais… Sirius Black… Tu as fait plus que franchir la limite. Était-ce un énième jeu ou… ?
Il laissa sa question en suspens. Il s'agissait de sa dernière épreuve. Il n'était pas question de s'effondrer maintenant.
Elle avait toujours défié sa famille. C'était un jeu auquel elle s'était toujours prêtée malgré la peur des conséquences, souvent avec un plaisir malsain. Pour préserver son amour propre, sa santé mentale. L'insolence lui avait toujours donné l'impression de pouvoir vivre et pas seulement survivre. Pourtant, lorsqu'elle étira ses lèvres sur son habituel sourire provocateur et écarta les bras pour accompagner sa réponse avec nonchalance, elle ne ressentit cette fois qu'un vide cruel.
- C'était plutôt distrayant.
Elle sut qu'elle avait gagné en voyant l'expression irritée de Teneös. C'était l'attitude qu'il lui avait toujours réservée à chaque fois qu'elle lui faisait perdre son temps. Il balaya les photos et referma le dossier.
- Que je n'entende plus jamais aucun de ces noms. Ton avion décolle dans quatre heures, Renek va te conduire à l'aéroport. Tu es interdite de voir Zéphyr pendant un mois. Alexandre a mis des dossiers à ta disposition au village. Étudie-les et tâche de te faire oublier par tes frères et sœurs.
Il se détourna d'elle pour porter son attention sur une pile de documents. Lutha pivota et sortit sans qu'il ne lui accordât un regard supplémentaire. Dans le couloir, elle sentit ses jambes se mettre chanceler et elle s'appuya contre le mur pour ne pas s'effondrer. Elle était toujours en vie. C'était tout ce qui importait, n'est-ce pas ?
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- QUOIIIIIIII ?!
Jane Potter jeta un regard faussement mauvais à son mari, qui abordait un air ahuri des plus comiques. Luke tenta de se recomposer mais échoua lamentablement et interpella son fils d'une voix plaintive :
- Tu sors enfin avec cette Lily Evans dont tu nous as rabâché les oreilles, et ce, depuis des mois ?!
James sourit largement et hocha la tête.
- Et j'étais le seul à ne pas être au courant ?!
Son fils prit un air coupable. Il en avait apparemment parlé à sa mère dans ses lettres mais avait omis de le mentionner à son propre père. Et de toute évidence, Jane s'était bien amusée à garder le secret.
- Et tu n'as pas saisi l'occasion de nous la présenter hier à la sortie du train ?!
- À vrai dire, nous étions, euh… préoccupés par autre chose.
Involontairement, James jeta un œil au couloir qui menait à la chambre de Sirius et son père suivit son regard. Ni lui ni Jane n'avait manqué l'attitude sombre du jeune homme la veille, à leur arrivée de Poudlard. Il n'avait pas touché au dîner et n'avait pas décroché plus de deux mots avant d'aller s'enfermer dans sa chambre. Luke avait d'abord pensé qu'il s'agissait du contrecoup d'avoir quitté l'école, sa vraie maison pendant toutes ces années, mais il commençait à penser qu'il y avait autre chose. Il fit signe à son fils de s'installer sur le canapé.
- Bon. Nous parlerons de cette fameuse Lily plus tard. Mais ne crois pas que je vais oublier que tu ne m'as rien dit, fils indigne ! Maintenant, raconte-moi ce qui se passe avec Sirius.
James sembla hésiter un instant.
- Tu… tu te rappelles des deux amis qu'on a invités en plus au nouvel an, papa ?
S'il n'avait pas un souvenir très précis du grand garçon qui l'accompagnait, la jeune chat-garou dotée de magie, en revanche, lui avait laissé un souvenir très net. Tout en s'efforçant de garder l'esprit ouvert, il n'oubliait pas ce genre de rencontre. Il se rappelait avoir conseillé à ses garçons de ne pas se mêler des affaires de leur amie.
- Oui… Je m'en souviens. Quel rapport ?
- Et bien…
James baissa la voix, apparemment peu désireux que Sirius pût l'entendre depuis sa chambre.
- Sirius et Lutha… ont commencé à sortir ensemble il y a quelques semaines.
Luke ouvrit de grands yeux, pris d'inquiétude.
- Quoi ?!
Surpris par sa réaction, son fils le dévisagea. Luke se passa une main dans les cheveux, contrarié. Il n'avait pas appris à ses deux garçons à reconnaître les chats-garous, ce qu'il regrettait à présent. Et Sirius semblait avoir fait les frais d'un jeu de l'une d'entre eux.
- James, il faut que tu saches… cette jeune fille, Lutha… ce n'est pas une sorcière ordinaire. C'est une chat-garou.
Il s'attendait à une exclamation de surprise, à des questions, mais James ne fit montre d'aucun étonnement.
- Je sais, papa. Sirius l'a appris il y a un moment et me l'a dit.
La mâchoire de Luke Potter en tomba et il resta silencieux sans savoir comment réagir. Jane se mêla à la conversation à cet instant, venant s'asseoir en face d'eux :
- Et que s'est-il passé ?
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James se tourna vers sa mère, dont le visage ne montrait que de la compassion. Il savait qu'elle considérait Sirius comme son deuxième enfant.
- Sirius… n'a jamais été comme ça avec aucune autre fille. Elle… enfin ils… étaient bien. Mais hier… elle s'est enfuie. Sans lui dire au revoir, sans s'expliquer, elle a disparu. John dit qu'elle est retournée en Grèce, dans sa famille. Par peur de représailles.
Ses parent échangèrent un long regard silencieux. Puis son père demanda doucement :
- Est-ce que… c'est vraiment par peur ? Et pas pour éviter d'avoir à être honnête ? Ou par ennui ?
James fronça les sourcils sans comprendre. Que voulait-il dire ?
- Comment ça ?
Sa mère posa une main sur le bras de son mari et continua à sa place :
- Ce que ton père veut savoir, c'est si cette jeune fille a vraiment des sentiments pour Sirius et que la peur des membres de son espèce est vraiment la seule chose qui l'a poussée à s'enfuir sans rien dire.
James prit un instant pour réfléchir. Sirius ne semblait pas avoir de doute sur ce que ressentait Lutha. Jonathan avait quant à lui l'air assez certain des raisons qui avaient poussé la jeune fille à disparaître, même s'il ne les avait pas exposées en détail. Et lui… qu'en pensait-il ?
Il se remémora ces dernières semaines. Il revoyait le regard que posait la chat-garou sur son ami quand elle pensait que personne ne la voyait. Et son sourire vite réprimé quand Sirius entrait dans la pièce où elle se trouvait. Non… il ne pouvait pas vraiment douter non plus.
- Oui. Je pense qu'elle est partie alors qu'elle l'aime, annonça-t-il à ses parents.
Cette fois, le regard qu'ils échangèrent fut si long qu'il se demanda s'ils pouvaient communiquer par la pensée. Mais son père finit par se retourner vers lui avec un air un peu résigné.
- Quand partez-vous ?
James resta un instant abasourdi. Puis il attrapa les mains de ses parents et les serra dans les siennes.
- Merci ! S'exclama-t-il. Merci de comprendre.
Jane eut un petit rire sans joie.
- Nous ferions pareil à votre place. Mais nous allons vous aider à vous préparer. Les temps qui courent sont vraiment dangereux, tu le sais. Et la Grèce… n'est pas la destination la plus sûre pour des sorciers issus de vieilles familles.
- Nous allons partir dans une à deux semaines. Le temps de tout planifier. Nous devons aller chez Jonathan pour en discuter. Mais… l'attente rend Sirius…
Les trois Potter tournèrent la tête en direction de la chambre du jeune homme. Depuis qu'il s'y était enfermé la veille au soir, pas un bruit ne s'en était échappé.
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Allongé sur son lit, le regard dans le vide, Sirius faisait tourner sa vieille mornille dans ses doigts. Un peu plus de vingt-quatre heures auparavant, il étreignait le corps de Lutha sous les étoiles, et maintenant… Où était-elle ? Était-elle au milieu de sa famille ? À quoi pensait-elle à cet instant précis ? Se demandait-elle à quel point il était en colère ? À quel point il avait mal ? S'autorisait-elle seulement à penser à lui ?
Elle n'avait rien dit jusqu'à la fin. Depuis combien de temps planifiait-elle de partir ainsi ? S'il en croyait Jonathan, elle n'avait jamais eu l'intention de le laisser participer à sa décision. Ce qu'elle ressentait pour lui ne pesait rien face à la peur qui la hantait.
Il avait naïvement cru qu'il pourrait être à ses côtés, faire face avec elle à ce qui l'attendait à la sortie du train. Qu'il pourrait lui apporter enfin le courage de défier sa famille. Mais elle ne lui en avait même pas laissé l'occasion. Elle l'avait froidement écarté comme elle l'avait fait pendant si longtemps cette année.
Un nouvel élan de colère le saisit. Elle avait des sentiments pour lui mais elle ne considérait pas qu'il avait son mot à dire quant à leur avenir ?! La frustration suivit la colère. Et si lui-même avait été honnête avec elle, la situation aurait-elle été différente ? Aurait-il été seulement possible qu'elle changeât d'avis ? Ne lui avait-elle pas dit dès le début qu'il ne pouvait rien pour elle ?
Une fois de plus, la frustration céda la place à la peine. Depuis la veille, les mêmes pensées tournaient en boucle. Seul persistait un vide douloureux au creux de sa poitrine qui l'empêchait presque de respirer.
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ooo
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Lutha prit une longue inspiration et fixa son reflet. Celui-ci lui renvoya un regard anéanti. Depuis sa conversation avec Teneös, elle avait l'impression que sa gorge était obstruée par une boule d'épines. Elle plongea les mains sous le jet d'eau froide et s'en aspergea copieusement, tentant d'effacer la peine de son visage. Comme elle le faisait depuis des années, elle se composa une expression hautaine. Mais l'effort était mille fois plus coûteux qu'auparavant.
Lorsqu'elle émergea du couloir des arrivées, son corps ne laissait plus transparaître aucune émotion. En voyant Luthen qui l'attendait, elle ressentit un léger soulagement. Il avait toujours été le moins horrible de toute sa fratrie. Mais lorsqu'il tourna les yeux vers elle, le regard de dégoût qu'il lui lança lui donna l'impression d'avoir plongé dans un bain de glace. Sans lui adresser un seul mot, il tourna les talons quand elle arriva à sa hauteur et elle le suivit jusqu'à la voiture. Le long trajet jusqu'au village s'effectua dans un silence total. Lutha avait l'impression que la boule d'épines grossissait dans sa gorge à chaque inspiration.
Luthen arrêta la voiture et se tourna enfin vers elle. Le dégoût régnait toujours dans ses yeux, mais elle y discernait également de la déception, à présent.
- Tu aurais pu gagner ta place. Gagner leur respect comme tu avais gagné le mien. Mais tu...
Il s'interrompit une seconde.
- Ah... Je ne sais même pas pourquoi je te dis ça.
Il sortit de la voiture en claquant sa portière, la laissant estomaquée. Son respect ? Ça, c'était du respect ? Elle sortit à son tour du véhicule et se tint immobile devant la villa des Layos un bref instant, rassemblant son courage. Elle ne doutait pas vraiment de l'accueil qui lui était réservé, étant donnée l'attitude de Luthen. Elle poussa la porte d'entrée.
Les yeux de tous les membres de la famille présents se tournèrent vers elle. À l'indifférence et au jugement habituels s'ajoutaient une hostilité et le même dégoût que dans le regard de Luthen.
D'une démarche mesurée, elle entama la traversée du salon, la tête haute. Keön se leva brusquement et s'approcha d'elle. Anticipant un coup, elle s'arrêta et verrouilla ses appuis. Il lui jeta un long regard méprisant, puis cracha à ses pieds avant de tourner les talons et de sortir du salon. Lineth siffla un "Trainée" entre ses dents avant de suivre son frère avec empressement.
Ébranlée, Lutha garda tant bien que mal son air hautain. Keön l'avait toujours ignorée, et Lineth avait été l'une des rares à lui laisser le droit de parler.
Passant une main dans ses cheveux d'un geste qu'elle voulait désinvolte, elle se remit en marche. De l'autre côté de la pièce, Galina, sa génitrice, se leva brusquement. Elle l'avait toujours traitée injustement par rapport aux autres, mais elle l'ignorait généralement la plupart du temps. Le regard qu'elle lui adressa toutefois à cet instant irradiait une haine pure. D'une voix venimeuse, elle cracha :
- Si tu souilles une fois de plus le sang que je t'ai transmis, protection de Teneös ou non, ce sera la dernière fois.
Lutha soutint son regard avec aplomb et elle sentit une vague de colère parcourir sa fratrie face à cet ultime affront envers leur mère. Au bout de quelques secondes, un sifflement furieux retentit derrière elle et sans avoir le temps de réagir, elle sentit ses jambes balayées par un coup à l'arrière de ses genoux. Une large main se referma sur sa nuque et poussa sa tête contre le sol.
- Baisse les yeux quand Mère te parle, gronda la voix de Sylphas contre son oreille. Tu as déjà suffisamment dépassé les bornes.
Malgré la force qu'elle lui opposait pour échapper à sa poigne, il lui maintint le visage collé au sol cinq interminables secondes avant de la lâcher brusquement. Sans lui accorder un regard de plus, il rejoignit Galina et, passant le bras sur ses épaules, il l'entraîna en dehors de la pièce, comme pour lui épargner d'avoir à regarder l'aberration qu'était Lutha un seul instant de plus.
L'orgueil piétiné, le sang battant violemment à ses tempes, Lutha se redressa lentement. Elle fixa ses yeux sur l'escalier qui menait à l'étage. Ses quatre frères et sœur de portée, Cleïos, Teneria, Andras et Luthen encadraient celui-ci. Devant la porte d'entrée de la maison se tenait Alexandre, bras croisés, lui coupant toute retraite possible.
La jeune fille déglutit. Elle avait une idée assez précise de ce qui allait se passer. Si Luthen s'était toujours montré plus neutre envers elle, les trois autres n'avaient jamais manqué une occasion de tenter de la discipliner, considérant qu'il s'agissait de leur responsabilité.
Andras jeta un regard lourd de sens à Luthen, qui se décala pour se positionner devant l'escalier. Puis il se retourna vers elle et s'avança de quelques pas, encadré des deux autres. Sans reculer, Lutha écarta légèrement les pieds et solidifia à nouveau ses appuis. Andras croisa les bras en la fixant d'un air mauvais.
- J'attends.
Elle fronça les sourcils sans comprendre. Elle ne savait pas à quel jeu pervers il avait décidé de jouer mais elle ne comptait aucunement le laisser mener la danse. Elle ne répondit rien, se contentant de lui renvoyer un regard neutre. Il émit un léger grondement d'agacement et reprit :
- J'attends tes excuses.
- Pardon ?! S'exclama-t-elle, un sourire incrédule naissant malgré elle sur ses lèvres.
Teneria fit un pas en avant, l'air furieux, mais Andras l'arrêta d'un geste de la main.
- Tu m'as bien entendu, gronda-t-il à voix basse. Nous attendons tes excuses.
Lutha croisa les bras avec insolence sans se départir de son sourire.
- Pour quel motif ?
Un air mauvais s'étala sur le visage de son frère, dévoilant ses canines pointues.
- Oh, je dirais… pour t'être déshonorée avec le premier dégénéré que tu as pu trouver.
Le sourire de Lutha se figea. Tout mais pas ça.
- Mais de ce que j'ai entendu, avec un peu de chance, sa famille se débarrassera de lui avant qu'on ne doive s'en charger.
Lutha se jeta sur lui. Elle n'entendit pas le "Non !" poussé par Luthen. Un silence assourdissant tintait à ses oreilles. Le poing de Cléïos la cueillit à l'estomac. Le souffle coupé, elle recula de justesse pour éviter le coup de genou qui suivait. Mais c'était sans compter sur la participation de Teneria et Andras à ce règlement de comptes.
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Alexandre suivit Luthen des yeux tandis que ce dernier suivait les trois autres après avoir jeté un dernier regard à Lutha. Il avait toujours été moins dur envers elle que tous les autres. Après tout, ils étaient plus proches physiquement que les autres de la portée. Et Luthen avait toujours été le dernier échelon au dessus de Lutha, hiérarchiquement parlant.
L'aîné n'avait jamais été particulièrement hostile envers Lutha lui-même. Dès la naissance de la sorcière, Teneös avait partagé avec lui la vision de l'usage qu'il pourrait faire de ce talent maudit. Mais sa sœur cadette s'était révélée caractérielle et insoumise, refusant l'ordre hiérarchique établi et franchissant une à une toutes les interdictions imposées. Certaines de ces interdictions avaient vocation à être franchies, comme la fréquentation de Zéphyr, afin de canaliser le besoin de rébellion qui s'était manifesté très tôt. Teneös avait choisi d'accorder ces libertés à la jeune fille pour qu'elle ait toujours autre chose à perdre que sa simple vie à se rebeller. Cet équilibre entre la peur de perdre son ami et sa vie et la satisfaction de braver des interdits était ce qui avait maintenu Lutha dans le droit chemin établi par leur père à sa naissance. Qu'il l'ait laissée en vie montrait qu'il pensait toujours pouvoir maintenir cet équilibre.
Pourtant, la scène à laquelle il venait d'assister le laissait douter de cette réalité. Face à l'adversité, Lutha avait toujours privilégié le mépris ou la fuite. Particulièrement lorsqu'elle se savait en infériorité du point de vue de la force. Les seules occasions pour lesquelles elle avait choisi le combat impliquaient Zéphyr. Jusqu'à aujourd'hui.
La liste de ses priorités semblait avoir changé. Mais à quel point ?
Il se redressa et s'éloigna de la porte pour s'approcher de sa cadette. Elle était recroquevillée en boule sur le sol. Ses mains et ses bras qui avaient protégé sa tête étaient couverts d'hématomes rougissants. Son nez était en sang, sa lèvre fendue et l'une de ses arcades sourcilières enflait à vue d'œil. L'état du reste de son corps était masqué par ses vêtements mais Alexandre ne doutait pas qu'il était similaire au reste, étant donnée la scène à laquelle il venait d'assister. Il fronça les sourcils. Lutha ne serait pas en état de fournir le travail demandé par Teneös avant plusieurs jours. Il devrait réprimander ses jeunes frères et sœurs. L'unique œil encore visible de Lutha le fixait avec hargne.
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- Tu peux marcher ? Demanda Alexandre d'une voix atone.
Pour toute réponse, elle se redressa avec effort. La douleur était insoutenable. Tremblante, elle serra les dents et ferma les paupières pour retenir ses larmes. Elle devait avoir au moins une côte fêlée, si ce n'était cassée.
- Teneria va déménager dans la chambre de vos trois frères. Elle refuse de continuer à partager sa chambre avec toi. Tu peux donc l'utiliser pour t'y reposer.
Lutha ne répondit pas et se retourna vers l'escalier, anticipant l'effort immense qu'allait lui coûter sa montée. Le ton indifférent d'Alexandre à son égard était presque pire que le dégoût exprimé précédemment par tous les autres.
- Une dernière chose.
Elle s'immobilisa. N'avait-elle pas été suffisamment humiliée ? Que pouvait-il encore ajouter ?
- Lave-toi. Son odeur est partout sur toi.
Elle redressa légèrement la tête et inspira longuement malgré la douleur. Il était hors de question qu'elle pleurât devant lui. Au supplice, elle boîta jusqu'à l'escalier et gravit les marches qui la séparaient de sa chambre. Elle ouvrit la porte, rentra, la referma et la verrouilla.
Elle s'effondra contre le battant. Le visage de Sirius dansait devant ses yeux, habité de ce sourire en coin qu'il lui réservait toujours. Elle ne le reverrait jamais.
Ses larmes se mirent à couler silencieusement.
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ooo
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Jonathan bondit sur ses pieds en entendant la sonnette. Les Gryffondors étaient en avance. Devançant sa petite sœur de justesse à la porte, il lui fit signe de déguerpir. Il était hors de question qu'elle s'immisce dans la réunion qui allait avoir lieu. Elle le fusilla du regard mais s'éclipsa néanmoins. Il ouvrit la porte. Derrière celle-ci se tenaient James Potter, un bouquet de fleurs en main, et Sirius Black. John s'effaça pour les laisser entrer et les dévisagea tandis qu'ils enlevaient leurs chaussures. Si James semblait fidèle à lui-même, affichant un sourire charmant, Sirius ressemblait en revanche à une carcasse vide. Des cernes mauves se dessinaient sous ses yeux et ses mâchoires étaient serrées.
- C'est pour tes parents, annonça James en désignant le bouquet, interrompant le fil de ses pensées.
- Ma mère sera extatique, ironisa le Serdaigle en leur faisant signe de le suivre.
Il était mauvaise langue, et sa mère sembla enchantée de rencontrer ces amis si polis. Enfin… James, en tout cas, car Sirius ne faisait pas beaucoup d'efforts pour se dérider. Jonathan décida de les soustraire rapidement à la conversation de sa mère et annonça à celle-ci qu'ils allaient s'installer au grenier pour discuter. Il avait préalablement approvisionné celui-ci en jus de fruits et friandises et ils s'installèrent sur des coussins autour de la table basse. James sortit un parchemin, une plume et un encrier.
- Remus et Lily m'ont demandé un compte-rendu de cette réunion, se justifia-t-il devant le regard intrigué de John.
Ce dernier reporta son attention sur Sirius. Son attitude ressemblait dangereusement, en dix fois pire, à celle qu'il avait eue après la menace de Lutha de révéler leur secret s'il continuait à s'intéresser à elle. Avait-il à nouveau baissé les bras ?
- Commençons par les potentielles nouvelles, proposa le Serdaigle. Du neuf de votre côté ?
James hocha la tête.
- Mes parents sont au courant. Ils vont nous aider à nous préparer pendant le temps qui nous reste. Mon père a commencé à nous… entraîner à un potentiel affrontement avec des chats-garous. Je pense que tu es le bienvenu pour te joindre à nous pour être prêt au voyage en Grèce.
Jonathan observa un long silence, réfléchissant intensément. Le coup n'allait pas être facile à jouer. Il devrait comptait sur la vivacité de ses deux interlocuteurs. Il décida d'opter pour une honnêteté brute.
- Je ne serai pas du voyage.
Cette information sembla enfin tirer Sirius de son apathie. Il se redressa, sourcils froncés.
- Pardon ?! Je croyais que tu…
- J'ai promis à Lutha, à sa demande "de ne pas chercher à avoir de nouvelles d'elle si je n'en avais pas, et de ne pas décider moi-même de venir en Grèce essayer de lui rendre visite".
Il les vit échanger un regard comme pour valider quelque chose et James ouvrit la bouche en plissant les yeux mais le Serdaigle l'interrompit d'une voix forte :
- Je compte bien respecter ma promesse et je ne veux en aucun cas entendre de proposition me permettant de la contourner, ni avoir le moindre soupçon. Je me verrai sinon dans l'obligation de déjouer toute proposition ou complot de ce type.
Les deux Gryffondors échangèrent un nouveau regard, plus long. Lorsqu'ils se tournèrent à nouveau vers lui, leurs expressions faciales étaient identiquement neutres et ils n'ajoutèrent rien sur le sujet.
- Dans les autres nouvelles, enchaîna James, Lily nous a donné les détails de son… vol ? Il partira mercredi en huit à 10h35. Il restait des places alors nous en avons pris deux. Sur place, elle avait prévu de loger en ville dans un hôtel, mais étant donné son projet de recherche, Zéphyr et elle se sont mis d'accord pour se rencontrer le lendemain. Nous pensions nous incruster à ce moment-là pour nous infiltrer… là où vit Lutha.
John les dévisagea. Sirius semblait bien vivant à présent, avec un air déterminé que Jonathan commençait à connaître.
- Vous avez conscience que ce ne sera pas si facile de vous infiltrer ? Et même si vous y parvenez, c'est une idée très risquée pour vous. Vous approcher des chats-garous est beaucoup plus dangereux pour vous que pour Lily.
Sirius haussa les épaules, buté.
- Nous avons les moyens de nous rendre invisibles, inodores et inaudibles.
- Vous serez en plein cœur de l'habitat de personnes annulant les effets de la magie. Mais… admettons que ça fonctionne. Quel est le plan ensuite ?
James jeta un coup d'œil à son meilleur ami, incertain.
- Trouver Lutha et lui parler, asséna celui-ci, semblant à nouveau envahi par la colère.
Jonathan hésita. Il n'y avait rien de concret dans ce plan. Mais d'un autre côté, il savait que la spécialité des deux autres était l'improvisation et non la planification. Ils ne pouvaient pas vraiment prévoir ce qu'ils trouveraient sur place, mais ils seraient sans doute à même de réfléchir à comment y faire face. Il lui sembla tout de même important de communiquer ses idées quant à quelques points essentiels sur lesquels lui-même avait préalablement réfléchi :
- Je pense que… vous allez devoir convaincre Zéphyr avant tout. S'il est de votre côté, Lutha sera plus encline à écouter. Et… la sécurité de Zéphyr fera partie de ses priorités. Donc, dans l'hypothèse où tout se déroulerait selon… vos espoirs les plus fous, Zéphyr est à inclure pour la suite.
Ils hochèrent la tête d'un commun accord.
- Ensuite, Sirius… je n'ai pas encore parfaitement évalué l'ordre de ses priorités, mais ta sécurité est sans doute également en tête de liste. C'est un élément de levier non négligeable à prendre en compte.
Il soupira avant de continuer :
- Évidemment, ça aurait pu être sa priorité absolue si tu t'étais réveillé un peu plus tôt, mais bon… c'est déjà ça.
Le Gryffondor n'aurait pas grimacé autrement s'il l'avait frappé. James lui adressa un regard lourd de reproche, prêt à défendre son ami mais celui-ci lui posa une main sur le bras.
- C'est une omission que je compte rectifier dès que possible, annonça-t-il ensuite calmement.
- Excellent. Voilà qui devrait améliorer vos probabilités de réussite. Maintenant, la question essentielle… comment comptez-vous supprimer la menace de sa famille ? En admettant que vous n'ayez à faire qu'à sa famille, restent tout de mêmes ses huit frères et sœurs, sa mère et… Teneös.
- Son père, acheva Sirius d'une voix sombre.
Jonathan le dévisagea attentivement. Le jeune homme s'était légèrement tendu, comme prêt à se battre.
- Je vois que tu as identifié la plus grande menace.
- L'attitude de Lutha les rares fois où il était mentionné m'a suffi pour comprendre qu'il était le véritable responsable de sa terreur.
- Et donc ? Que comptez-vous faire ?
Il ne répondit pas immédiatement. Lui et James échangèrent un regard. De toute évidence, ils y avaient réfléchi. Mais aucun des deux ne semblaient particulièrement enclin à s'exprimer sur la question. Au vu de leurs expressions, le Serdaigle n'était même pas sûr qu'ils soient d'accord entre eux.
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La dernière question de Jonathan mit James mal à l'aise. Ils avaient abordé la question plusieurs fois avec Sirius et s'accordaient sur l'idée de base. Ils devaient montrer à Lutha qu'il était possible de faire face et que cela en valait la peine. Mais si cela ne fonctionnait pas… James devait reconnaître que les idées de son ami lui faisaient peur. Ce n'était pas la première fois qu'il l'entendait évoquer des solutions radicales. Ce n'était pas surprenant étant donné ce qu'il avait vécu personnellement. Pour James, il était facile de tout vouloir résoudre pacifiquement quand il n'avait pas été impacté aussi durement par des idéologies extrémistes. Il espérait toutefois que la situation n'escaladerait pas pour les mener à un désaccord le moment venu.
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- Discussion productive, non ? Entama James en s'éloignant de la maison de Jonathan Float.
Sirius hocha la tête sans enthousiasme. Depuis leur retour de Poudlard, il oscillait entre des périodes d'apathie et des phases d'excitation et d'attente insupportables. Le temps lui avait rarement paru aussi long que ces derniers jours. Il n'en avait parlé à personne, mais une angoisse sourde l'étreignait constamment, s'ajoutant à sa colère et sa peine déjà écrasantes. La dernière lettre de Teneös reçue par Lutha quelques temps avant la fin de l'année, son étrange réaction à celle-ci… Sirius doutait qu'elle n'ait à subir aucune conséquence suite à leur relation. Et si…
- Patmol ? Patmol !
Il sursauta. James s'était arrêtait et le regardait avec une expression que Sirius lui voyait bien trop souvent ces temps-ci. Un mélange d'inquiétude et de compassion qu'il avait du mal à encaisser, mais qui lui faisait aussi du bien en lui rappelant que James serait toujours là pour lui.
- Quoi ?
- Tu as une idée pour John ? Lily disait que prendre l'avion était sujet à des contrôles de sécurité. Ça me paraît difficile d'organiser ça facilement.
Malgré lui, Sirius se sentit happé par la problématique. Il avait l'impression d'être en train de monter un énième coup des Maraudeurs et c'était une distraction bienvenue. Ils échangèrent leurs idées, puis décidèrent d'un commun accord de les soumettre au jugement de Remus et Peter ensuite.
Le jeune homme se tut soudain. Ils étaient arrivés à l'endroit où ils avaient croisé Lutha et Jonathan aux vacances de Noël, quand Jane les avait invité pour le Nouvel An. Sirius fixa le banc sur lequel les deux Serdaigles étaient installés pour regarder la mer. Son regard se brouilla. Il avait du mal à respirer. James lui passa un bras autour des épaules.
- Hey, hey… Tout va bien se passer. On y est presque.
- Tout est allé… tellement de travers. J'ai peur… j'ai peur pour Lutha. J'ai peur de ne pas réussir à l'atteindre. J'ai peur qu'il lui soit arrivé quelque chose.
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James se sentit envahi par une profonde tristesse. Il était le seul à avoir jamais vu Sirius exprimer ses doutes, montrer ses faiblesses… et à chaque fois, cela lui brisait le cœur. Il avait déjà tellement enduré depuis son enfance et cela continuait.
- Tu sais ce que tu me dis toujours, dans ces cas-là, Patmol. Concentre-toi sur ce sur quoi tu peux agir.
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Sirius prit de longues inspirations. Ce sur quoi il pouvait agir. Jonathan avait parlé de convaincre Zéphyr. Sirius ne connaissait pas l'homme que Lutha considérait comme son grand frère, et elle ne lui en avait pas tellement parlé, restant comme toujours réservée sur sa vie en Grèce, mais la chaleur dans sa voix quand elle l'évoquait avait suffi pour qu'il comprît son importance à ses yeux. L'angoisse qui l'étouffait se résorba à sa place habituelle, prête à déborder mais encore maîtrisée. Il avait une idée pour avancer.
Une fois dans un endroit abrité des regards ils transplanèrent simultanément pour Godric's Hollow. Ils franchirent la centaine de mètres qui les séparaient de la maison des Potter et rentrèrent se mettre à l'abri. Jane et Luke les attendaient de pied ferme. Sirius laissa le soin à son ami de leur faire un compte-rendu et s'éclipsa dans sa chambre. Précieusement abritées dans son livre de métamorphose, toutes les copies de la correspondance entre Lutha et Zéphyr. Il attrapa le dictionnaire Grec-Anglais qu'il avait acheté plus tôt dans l'année et ressortit dans le salon.
James discutait encore avec son père. Jane s'était installée un peu en retrait et écoutait leur conversation sans y prendre part.
- Jane ? L'interpella-t-il. J'ai besoin d'aide.
Il lui expliqua ce qu'il cherchait à faire. Elle fronçait les sourcils et il se sentit soudain honteux, s'attendant presque à se faire réprimander pour ses actions passées. Elle pinça les lèvres.
- Sans commentaire sur ce vol de lettres. Mais aujourd'hui, à circonstances exceptionnelles, actions exceptionnelles. J'ai quelques livres sur la traduction à propos des runes. On devrait peut-être trouver un sort transposable à un autre langage. Allons voir ce qu'on a dans la bibliothèque.
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- Merci pour votre contribution, monsieur Moraiti. C'est un plaisir de faire avec avec vous !
Zéphyr sourit et se leva pour serrer la main de son interlocuteur. Il contourna son bureau et lui ouvrit la porte.
- Merci à vous. Ma secrétaire va vous raccompagner. Maria ?
Son employée posa le dossier qu'elle était en train de consulter et se leva à son tour.
- Bien entendu. Suivez-moi.
Zéphyr adressa un dernier signe de tête à son visiteur, puis il retourna dans son bureau et referma la porte. Il se laissa tomber dans son fauteuil en poussant un soupir las. C'était son dernier rendez-vous de la journée. Il n'avait pas le cœur au travail ces derniers temps, mais il ne pouvait pas interrompre son calendrier à l'improviste et continuait donc son travail malgré ses préoccupations.
Cela faisait une semaine et demi que l'année scolaire s'était terminée. Il avait toujours eu l'habitude de voir Lutha débarquer chez lui le soir même ou le lendemain de son retour, même lors de ses premières années d'école. En temps normal, il ne se serait sans doute pas inquiété outre mesure, mais l'année de son amie avait été chargée de trop d'événements pour qu'il ne se posât pas de questions. Ses dernières lettres avaient laissé transparaître son attachement croissant à ses amis sorciers. Elle ne lui avait rien caché de ses dilemmes. De son affection pour ce Sirius Black, de la lettre envoyée par le frère de ce dernier à Teneös, du courrier qu'elle avait ensuite reçu de Teneös et de ce qu'elle comptait faire pour apaiser le courroux de son géniteur. Mais cela suffirait-il ? Et Zéphyr était bien placé pour savoir que même si le patriarche passait l'éponge, le reste de la famille Layos serait au courant et ne manquerait pas de faire payer à la cadette son comportement.
Ces pensées avaient tourné en boucle dans son esprit pendant une longue semaine jusqu'à ce que son inquiétude pour son amie prît le dessus sur la raison. Deux jours auparavant, il s'était présenté à la villa des Layos, prêt à ne repartir qu'avec la certitude que Lutha allait bien. Sa visite avait bien failli mal tourner. Il était tombé nez à nez avec Sylphas, l'un des aînés de la fratrie qui avait toujours manifesté une hostilité particulièrement forte à l'égard de son amie. Sans même chercher à répondre à ses questions, le chat-garou lui avait signifié de déguerpir. Mais si Zéphyr, comme Lutha, priorisait sa propre vie avant tout, comme elle, elle était la seule pour laquelle il était prêt à risquer sa survie. Gardant son calme, il avait insisté. Sylphas l'avait alors poussé violemment et s'apprêtait à l'attaquer, lorsqu'Alexandre, beaucoup plus raisonnable, avait fait son apparition, attiré par la commotion.
- Lutha va bien. Elle ne souhaite pas te voir pour le moment, avait froidement annoncé l'héritier Layos en astreignant son frère au calme.
Ils s'étaient jaugés un moment et Zéphyr avait hoché la tête avant de repartir. En s'éloignant de la maison, il s'était retourné pour jeter un œil à la fenêtre de la jeune fille, se sachant qu'elle l'aurait entendu si elle était effectivement bien là. Appuyée contre la fenêtre, elle lui avait brièvement fait signe de partir en articulant silencieusement le mot "patience". Il n'était pas sûr d'avoir la même définition "d'aller bien" qu'Alexandre au vu du visage tuméfié de son amie. Mais elle était bien rentrée et bien en vie, tout du moins. Il ne pouvait que supposer qu'elle n'était ni en état de le voir, ni n'en avait l'autorisation, le premier cas ne l'ayant jamais empêchée par le passé de venir chez lui.
Malgré la certitude de la savoir là et Teneös en voyage d'affaire, il ne pouvait s'empêcher de se ronger les sangs. Que devait-elle subir chez elle si une semaine avait suffi à la mettre dans cet état ? Il savait d'autant plus qu'à la solitude à laquelle elle faisait probablement face s'ajoutait la certitude de ne jamais revoir aucun de ses amis sorciers. Il se demandait combien de temps elle devrait subir cet isolement avant de pouvoir le voir. Il était conscient qu'il ne remplacerait pas ce qu'elle avait perdu, mais comme elle avait été là pour le consoler lors de ses plus gros chagrins, il serait là pour elle.
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Lorsque la sonnette retentit, Jonathan se raidit. La main sur sa baguette magique, il se leva et annonça :
- Je m'en occupe !
Sa mère fit signe qu'elle avait entendu sans relever la tête de son tricot. Il se dirigea prudemment vers la porte d'entrée. C'était le jour du départ des maraudeurs et il était paré à toute éventualité. Il s'attendait à une tentative de leur part et il savait qu'il devrait la déjouer sans les empêcher de prendre part eux-mêmes à leur voyage. Il regarda par le judas et se détendit en reconnaissant le facteur moldu. Il ouvrit la porte et salua le jeune homme qui lui tendit un étrange paquet soigneusement enveloppé et couvert de timbres. Jonathan se promit immédiatement de ne pas ouvrir le paquet avant de s'être assuré qu'il n'était pas piégé.
- J'aurais besoin d'une signature ici, s'il-vous-pl...
Le facteur s'interrompit, interloqué. Jonathan releva la tête et vit l'homme qui regardait à sa droite, les sourcils froncés. John se pencha pour regarder à son tour, sur le qui-vive, les doigts serrés sur le manche de sa baguette. Mais il n'y avait rien de visible. Il se retourna ver le facteur et la dernière chose qu'il vit fut un éclair rouge sorti du néant.
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- On avait dit pas devant le moldu, Sirius !
- C'était la meilleure occasion ! Vite avant que ses parents ne reviennent !
- Mais maintenant il faut effacer sa mémoire !
Gary recula de deux pas en titubant. Que se passait-il ? L'adolescent qui lui avait ouvert la porte gisait inconscient à ses pieds après avoir reçu... de la lumière rouge ? Deux garçons qui semblaient avoir le même âge et qui étaient sortis de nulle part se tenaient près de lui. Ils se disputaient tout en agitant des bouts de bois. Devait-il prévenir la police ? Les deux adolescents avaient-ils assommé leur camarade ? Après un vif échange rempli de mots étranges, ils parurent se mettre d'accord et l'un d'eux, les cheveux en bataille et de grandes lunettes carrées chaussées sur le nez, s'avança vers lui, brandissant son bout de bois. Gary eut soudain l'intuition étrange intuition qu'il serait sage de s'enfuir. reculant encore, il bredouilla :
- Et bien, euh... bonne journée, messieurs.
Il fit demi-tour et commença à s'éloigner d'un pas vif en direction de sa bicyclette.
- Oubliettes !
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Une fois que le moldu fut reparti avec un ait confus, James se retourna avec empressement vers la maison de Jonathan. Sirius était en train de soulever le Serdaigle. Il passa l'un de ses bras autour de ses épaules et lui tendit l'autre. Malgré son agacement face à l'improvisation de Patmol, James avait l'habitude de l'impulsivité de ce dernier, en particulier lorsque ses émotions l'empêchaient de penser clairement.
- Vite, j'entends du bruit dans la maison, chuchota précipitamment Sirius.
James se saisit donc du deuxième bras et ils partirent hâtivement, à moitié en soulevant et à moitié en traînant leur victime entre eux. Une fois à l'abri d'une ruelle un peu plus loin, ils entreprirent de transplaner. Ils s'étaient entraînés à emmener quelqu'un avec eux avec l'aide de Peter.
- Vous avez été rapides ! S'exclama Lily en les voyant arriver.
Ils s'étaient donné rendez-vous dans le parking de l'aéroport. Les parents de James échangèrent un regard sombre en voyant Jonathan stupéfixié entre leurs garçons mais si Jane pinça les lèvres, ils ne firent aucun commentaire. James avait pris soin de les informer des circonstances à l'avance. Lily avança le fauteuil roulant qu'elle avait préparé et il assirent John dedans, puis entreprirent de le couvrir d'une couverture. Luke s'avança ensuite vers son fils, lui tendant le gros sac à dos qu'il avait préparé pour le voyage. Il posa les mains sur ses épaules.
- Les chats-garous ne vous feront sans doute pas de cadeaux s'ils vous découvrent. Prenez soin les uns des autres et ne restez jamais seuls. En cas de problème, rappelle-toi de nos leçons. Récupérez Lutha et rentrez en Angleterre aussitôt. Une fois qu'elle sera auprès de nous, nous mettrons en place toutes les protections nécessaires. Je plaiderai votre cause auprès d'Albus si besoin.
James hocha la tête et accepta l'accolade brève et affectueuse de son père. Celui-ci se tourna ensuite vers Sirius, qui piétinait fébrilement.
- Sirius, dit-il d'une voix grave. Nous ne sommes pas tes parents mais tu sais que nous te considérons comme notre propre fils. Écoute les conseils de tes amis et ne fonce pas tête baissée. N'oublies surtout pas que tu n'es pas seul et fais très attention à toi.
Patmol hocha la tête avec sérieux. James savait qu'il écoutait les conseils mais serait-il capable de les appliquer le moment venu ? Jane s'avança à son tour et tendit son sac à Sirius. Puis elle les serra l'un après l'autre dans ses bras.
- Revenez-nous vite, ne faites rien d'inconsidéré et ne prenez pas de risque inutile. Je vous aime fort.
Lily s'avança ensuite vers Jane et Luke et les salua très poliment. Ils étaient de toute évidence rassurés de voir que l'une des personnes du voyage semblait avoir la tête sur les épaules. Ils ne réalisaient sans doute guère que la personne la plus rationnelle de cet étrange quatuor était le grand garçon assis inconscient dans le fauteuil roulant.
Après les au revoir, James, Sirius et Lily rentrèrent dans l'aéroport, poussant devant eux le fauteuil roulant sur lequel se trouvait Jonathan.
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Le passage des contrôles de sécurité fut le moment le plus compliqué de l'opération. Float était toujours stupéfixié dans le fauteuil et ils ne pouvaient guère le réanimer avant d'être arrivés à Athènes. James et Sirius ne comprenaient pas bien ce en quoi consistaient ces contrôles et avaient sous-estimé la vigilance des agents. Lily avait toutefois prévu un potentiel problème et ils ne durent leur passage serein qu'au sortilège de confusion qu'elle jeta discrètement sur l'agent de sécurité qui les contrôlait.
Malgré les circonstances particulièrement sombres pour Sirius et les dangers qui les attendaient peut-être avec les chats-garous, elle se sentait étrangement euphorique à l'idée de voyager avec James sans la présence de leurs parents ni dans le cadre restrictif de Poudlard. Ses parents n'étaient guère au courant de la tournure qu'avait pris son voyage, initialement prévu pour étudier les phénomènes de fluctuation magique en Grèce. Ils ignoraient qu'elle n'était pas partie seule et ne se doutaient certainement pas qu'ils prévoyaient de retrouver une camarade de classe appartenant à une espèce potentiellement agressive. Elle se demandait ce qui les aurait le plus inquiétés. Elle savait que son père n'était certainement pas prêt à accepter de voir sa petite fille chérie partir avec son amoureux. Surtout qu'elle n'avait pas particulièrement été flatteuse au sujet de James au cours des années précédentes. Mais ledit amoureux avait tellement changé, songea-t-elle rêveusement en observant le jeune homme couver son meilleur ami du regard.
Elle devait reconnaître qu'elle avait été encore plus séduite par James en découvrant l'affection et la loyauté inconditionnelles qu'il vouaient à ses amis. Qu'il s'agît de choyer Remus au lendemain des pleines lunes, de protéger Peter contre les harceleurs de Serpentard ou encore de soutenir Sirius face à sa famille et de l'aider à comprendre ses émotions, James était sans doute le meilleur ami qu'ils pouvaient avoir. La chaleur et l'amour avec lequel il parlait des trois autres garçons lui avait fait les apprécier à travers son regard. Si les débuts de sa relation avec Sirius avaient été orageux, elle avait appris à mieux le comprendre grâce à James et n'avait pas hésité à s'engager lorsque les deux garçons lui avaient demandé son aide pour partir à la poursuite de Lutha.
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La porte grinça légèrement en s'ouvrant avant de se refermer, tirant Lutha de son sommeil. Grimaçant à chaque mouvement, elle se redressa douloureusement et tâta délicatement ses côtes de sa main valide. Elle n'avait guère fait de miracle et si les quelques sortilèges qu'elle avait tentés pour se soigner avaient légèrement amélioré son état, elle était loin d'être remise de la correction qu'elle avait reçue de la part de sa fratrie.
Elle posa les yeux sur le plateau qui avait été glissé dans la chambre. Ce n'était rien d'extraordinaire. Une boîte de sardines, du pain à l'ail frotté à l'huile d'olive, du fromage de brebis, de l'eau et un yaourt au miel. Elle s'était au début demandé si Luthen était l'auteur de ces attentions, en dépit de sa participation au passage à tabac, mais elle avait un jour aperçu le visage indifférent d'Alexandre alors qu'il lui apportait son repas. Elle savait pertinemment que ces gestes ne contenaient aucune affection. Alexandre avait toujours partagé la vision de Teneös sur l'utilité qu'elle aurait pour l'entreprise familiale. Il était donc de son devoir de la garder en vie afin qu'elle pût réaliser le rôle qui lui serait confié. Néanmoins, cela faisait d'Alexandre son seul allié dans la villa.
Bien qu'elle fût de toute façon pour le moment incapable de marcher longtemps, la peur était ce qui la retenait de sortir lorsque les autres étaient réveillés. Deux jours après son retour, elle avait croisé Sylphas alors qu'elle allait péniblement se servir à manger. Elle ne s'était pas écartée de son chemin assez vite à son goût et le coup était tombé. Elle s'était protégée avec son bras et son poignet s'était brisé dans un terrible craquement. Elle s'était traînée jusqu'à sa chambre sans manger et s'y était enfermée, un mélange de haine et de terreur lui rongeant l'estomac autant que la faim. Vingt-quatre heures plus tard, Alexandre avait commencé à lui apporter ses repas frugaux. Elle n'était plus sortie que pour aller aux toilettes lorsqu'elle était certaine que personne n'était dans les parages.
La visite de Zéphyr ne lui avait guère échappé mais elle n'avait pas osé braver l'interdiction de Teneös. Elle avait bon espoir qu'à son retour, si elle respectait le délai qu'il lui avait imposé, elle pourrait retourner voir son ami et jouir ainsi d'un semblant de liberté. Même si la présence de Teneös ne l'avait jamais entièrement protégé de sa fratrie, elle avait toujours limité les débordements tels que ceux que Lutha avaient subis depuis son retour. C'était le seul espoir qu'elle nourrissait. Elle se forçait continuellement à ne penser qu'à cela pour éviter de penser à John, aux Gryffondors, à Sir... Zéphyr, elle ne devait penser qu'à Zéphyr. Il était le seul ami que Teneös épargnerait et par conséquent, le seul qu'elle pouvait avoir.
Réalisant que le pain qu'elle mâchait était humide et salé, elle essuya d'un geste rageur les larmes qui dévalaient ses joues. Elle avait beau tenter de l'ignorer, il était impossible de ne pas penser à lui. Il hantait son sommeil, tantôt avec son sourire ravageur, tantôt avec des yeux accusateurs remplis de colère. Combien de temps lui faudrait-il pour l'oublier ?
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- Enervatum !
Jonathan ouvrit lentement les yeux. Il était assis sur une chaise, les mains et les jambes libres mais le torse retenu contre le dossier par des liens magiques. Il regarda autour de lui. Il était dans une chambre d'hôtel dans laquelle se trouvait un lit double et deux lits simples. Devant une fenêtre laissant voir un magnifique coucher de soleil, James et Lily se tenaient enlacés, l'observant de loin avec circonspection.
Il ramena son attention devant lui. Assis à califourchon sur une chaise, habillé en parfait moldu, Sirius lui faisait face, baguette brandie.
- Bienvenu en Grèce, Float, lança-t-il d'un ton ironique.
Jonathan laissa échapper un rire sec.
- Bien joué.
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Bon, j'aurai explosé le temps d'écriture de ce chapitre. Les 8000 premiers mots ont été corrigés des dizaines de fois. Les 2000 derniers écrit en une soirée grâce à la présence d'une amie très chère, qui m'aide toujours à écrire.
J'espère que ça vous aura plu. Avant de répondre aux reviews (qui datent), sur la demande de mon chéri, je me dois de vous rajouter un petit texte bonus.
À la base, le plan des maraudeurs pour enlever Jonathan était une idée hyper chiadée et quand j'ai commencé à la détailler à mon conjoint, il a réagi en me disant que ça lui paraissait très alambiqué. De notre discussion est née l'idée d'une petite scène qu'il m'a demandé de vous écrire en hommage à son génie (oui, il est aussi modeste que Sirius).
ooooo BONUS ooooo
- Il va forcément se méfier de nous, maintenant !
- Ce qu'il faudrait, c'est arriver à le surprendre avant qu'il n'ait le temps de réagir.
- Et sans que sa famille ne puisse intervenir !
- Dans ce cas, on a besoin de pouvoir entrer chez lui incognito !
Sirius et James restèrent pensifs un moment, puis James s'exclama soudain :
- Hey, tu sais ces types qui apportent le courrier à la place des hiboux pour les moldus ?
- Les fateurs ?
- Facteurs, intervint Lily d'une voix absente.
- Voilà, les facteurs, reprit James avec enthousiasme.
- Oui, et alors ?
- On pourrait se déguiser en... facteur et faire semblant d'apporter du courrier. Bam, soit c'est Float qui ouvre et on le stupéfixie direct, soit c'est ses parents et on dit qu'on a une lettre pour lui pour entrer et l'attaquer.
Sirius s'apprêtait à répondre mais Remus lui coupa l'herbe sous le pied.
- Je vois plusieurs problèmes à ton plan. Un, les parents des Jonathan savent à quoi vous ressemblez. Donc même déguisés, ça ne marchera pas. Deux, Jonathan sera méfiant et sera armé si c'est lui qui ouvre. Trois... les facteurs moldus n'entrent pas chez les gens pour donner le courrier, ils restent à la porte. Quatre, la famille de John est sorcière et je ne suis pas sûr qu'ils reçoivent du courrier de cette façon tous les jours. L'idéal serrait d'avoir du vrai courrier pour eux.
Sa déclaration fut suivie d'un nouveau silence méditatif de la part des deux amis.
- Je sais ! S'écria Sirius. Nous n'avons qu'à trouver le facteur qui va habituellement chez eux et prendre son apparence...
- ... avec du polynectar ! Compléta James.
- Comme ça, personne ne se doutera de rien !
- Et si ce n'est pas Jonathan qui ouvre, on dit qu'il a besoin de signer pour récupérer un paquet...
- ...qu'on aura nous-mêmes envoyé !
- Il faut juste qu'on voit à quelle heure le facteur passe...
- ...et qu'on obtienne une touffe de ses cheveux...
- ...et...
- Une minute, une minute ! Les interrompit Remus.
Ils se tournèrent vers lui avec un air surexcité.
- Quoi ?
- Le polynectar met des semaines à être préparé, n'est-ce pas Lily ?
La jeune fille hocha la tête pour confirmer et Sirius et James se décomposèrent.
- Mais... Poursuivit Remus, pourquoi vous n'envoyez juste pas votre colis et vous attendez tranquillement, cachés sous la cape de James, que Jonathan vienne le récupérer ?
Un long silence suivit sa proposition. Puis les deux garçons échangèrent un regard.
- C'est vrai que... c'est plus simple, concéda finalement James.
- Et beaucoup plus réalisable, ajouta Sirius. On fait ça ?
- On fait ça !
- Piégeons tout de même le colis au cas où ça ne marche pas !
- Oh oui, bonne idée !
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Maxine Black 21 - Pour l'ambiance, je ne suis pas trop surprise. J'ai vraiment changé avec les années, même si je délire toujours autant. J'espère quand même que ça rend bien. Merci pour le courage, relire les reviews dans les moments difficiles a été salutaire pour moi ces dernières années.
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lune patronus - Sorry pour le cliff hanger de 5 ans. J'espère que l'attente aura valu le coup -"
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Dedellia - Ah, merci d'avoir tout relu la dernière fois. j'espère que cette fois tu reviendras aussi, même si l'attente a été beaucoup plus longue. C'est mon défi de finir cette histoire et j'ai vraiment envie mais bon, la santé mentale, ça passe avant. Je suis contente de la continuer en tout cas, au moins pour moi, mais aussi pour les lecteurs et lectrices comme toi qui me suivent depuis le début 3
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Luj - Merci pour ces compliments qui me font chaud au cœur. J'espère que ça valait suffisamment le coup d'attendre 5 ans et que tu redécouvriras l'histoire avec plaisir. A pirori, on part sur Sirius qui vient la chercher mais est-ce que ça va marcher, ça je te laisserai le découvrir par la suite ^^
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betouni - Oui, j'ai commencé cette fanfiction lors de ma deuxième année d'études, puis j'en ai fait 12, et maintenant je travaille. Moi aussi quand je replonge dans l'écriture, je replonge dans ce monde que j'adore et qui me fascine. J'adore mes personnages et je les redécouvre à chaque fois. ça me touche que mon histoire te touche et j'espère que tu seras encore là malgré l'attente pour la redécouvrir. Merci encore du fond du cœur 3
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Flamres - Sorry pour t'avoir laissé(e) dans l'angoisse pendant 5 ans avec ce cliff hanger. La situation de Lutha n'est en plus pas terrible tout au long de ce chapitre. Mais moi je vais mieux et j'ai bon espoir de ne pas vous faire poireauter aussi longtemps que ça pour la suite.
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Skimae - Merci pour cette review. Oui, les reviews me donnent un coup de pouce pour l'écriture, mais surtout pour le moral ces dernières années qui ont été très dure alors merci, merci d'avoir pris le temps de l'écrire. Je suis ravie que mon histoire t'ait plu et j'espère que tu t'en souviendras assez pour apprécier ce chapitre 3
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Lo - Merci pour ce compliment qui me touche. J'espère qu'après cinq ans d'attente, tu passeras quand même un jour vérifier pour avoir le plaisir de découvrir ce nouveau chapitre que j'ai écrit. Merci pour le courage, j'en ai bien eu besoin 3
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Nhymphe - Merci pour ta review. Je suis désolée pour la fin horrible, je ne pensais pas sombrer psychologiquement comme ça m'est arrivé et ne pas écrire pendant 5 ans. Mais les reviews m'ont toujours aidé à garder espoir de reprendre un jour l'écriture 3 Alors merci de l'avoir écrite :)
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shadowac - Ha ha, merci pour ce commentaire, il me touche. C'est très gratifiant de rendre les gens addict à mon histoire. Même si je m'en suis voulue de vous faire poireauter si longtemps, du coup. Merci merci encore 3
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Celeste.B-7 - D'abord, sache que j'ai passé des heures à me demander comment tu savais que j'étais prof de physique-chimie, et que je viens de réaliser que je l'ai écrit dans mon profil ^^" (je me sens très très bête, j'ai demandé à toutes mes connaissance qui ont des frères et sœurs qui lisent mon histoire si c'était eux X'D)
Ensuite, merci merci pour tes reviews que j'ai adorées. Elles sont fournies à souhait et pleines de positif comme je les aime. Elles ont fait partie de celles qui m'ont soutenue lors des moment difficiles de ces dernières années. Comme tu le vois, j'ai en effet eu du mal à partager le temps entre travail et écriture. Surtout pour une hyperactive comme moi qui a trois millions de loisirs. J'espère que tu seras là pour lire ce chapitre et les suivants maintenant que je suis revenue à la vie. Et merci encore pour ces reviews adorables.
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Lefarfadetorange - Oh la la, merci franchement, ça me fait grave plaisir ! Je rougis en lisant ta review parce qu'elle déborde de compliments qui sont magnifiques et qui me touchent. Je suis extatique à l'idée de t'avoir fait rêver, littéralement. J'espère que malgré l'attente, tu viens toujours voir de temps en temps si je publie afin que tu puisses voir que je suis revenue d'entre les morts. Merci franchement encore pour tes compliments qui me vont droit au cœur 3
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ambre black 7 - ha ha oui je compte la finir T-T. Je n'avais juste pas prévu le burnout dans ma vie (selon mon conjoint, ça faisait 4 ans que j'étais en burnout l'année dernière). Alors j'espère que je vais pouvoir reprendre un peu plus et que tu seras toujours là pour me lire et commenter :D
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Tomb0 - Mais merci à toi d'être là pour la lire et pour me donner un retour positif :)
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TheImposssibleGirl No - Mais oui, on peut espérer une suite ^^. Après faut être patient, c'est sûr. Mais ta review est la plus récente, tu es celle qui auras attendu le moins longtemps ^^". Merci pour les compliments et merci de prendre le temps de lire mes inepties. J'espère que ce chapitre te plaira.
