Bonjouuur !

Et bienvenue sur ce qui est le 19ème chapitre de cette histoire et... le dernier (avant l'épilogue bien entendu).

Je sais, je sais, j'entends de là les murmures choqués de la foule (ahah je plaisante). Je savais dès le début que cette histoire ne serait pas longue (quoi que, elle fait plus de cent mille mots et c'est pas rien !). Mon but avec cette histoire était de créer deux histories d'amour avec, en toile de fond, le Tournoi. Chacune à leur manière, plus ou moins rapidement et avec leur lot de doutes et de questionnements, les deux histoires ont vu le jour. Je ne voyais pas faire trainer en longueur tout ça.

Drago et Hermione se sont trouvés, Pansy et George aussi. On va les laisser vivre leur amour en secret ;)

Mais ce n'est quand même pas tout à fait terminé ! Il reste ce chapitre de presque 6000 mots et l'épilogue à vous mettre sous la dent !

Pas de teasing pour ce chapitre, je vous laisse l'apprécier.

Bonne lecture !


Deux semaines.

C'était le temps qui s'était écoulé depuis qu'ils avaient quitté Durmstrang. Et il s'était écoulé autant de temps sans qu'Hermione ne donne de nouvelles à Drago.

Le retour à Poudlard avait été difficile. Retrouver ses repères, reprendre un rythme, parce que l'année scolaire n'était pas terminée et qu'elle avait des engagements à tenir. Mais il n'y avait pas que ça. À chaque fin de journée, lorsqu'elle se retrouvait seule dans ses appartements et qu'elle regardait sa chouette qui patientait dans son coin, elle était prise d'un sentiment de panique.

Leurs au revoir avaient été fabuleux. Quand elle y repensait, elle avait encore la sensation de ses mains sur son corps et de sa bouche sur la sienne, ce qui n'arrangeait pas le bazar dans sa tête. Ils ne s'étaient rien promis, et même si George s'était appliqué à lui faire comprendre que quelque chose était possible entre eux, Hermione ne pouvait s'empêcher de penser que ce moment d'intimité avait eu un goût d'adieux.

Ils étaient trop différents. Que diraient Ron et Harry ? Ils n'avaient pas eu ces huit mois pour apprendre à le connaître, ils ne comprendraient pas.

Et au-delà de tout ça, comment pourraient-ils construire une relation en vivant dans deux pays différents et avec des métiers comme les leurs ? Dans quelques mois, Drago serait lui aussi directeur de son école et le temps viendrait à lui manquer. Elle n'était pas sûre de vouloir de ça.

Alors, Hermione gardait le silence. Et Drago semblait vouloir faire de même de son côté.

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Hermione referma le portillon derrière elle et trottina jusqu'au perron. Par habitude, elle entra dans la maison de Harry juste après avoir toqué.

- Bonjour ! lança-t-elle. Merlin, qu'est-ce que ça sent bon !

Harry passa une tête dans le salon sans quitter la cuisine.

- J'ai fait une tarte aux légumes. Alors, les courgettes ont rendu trop d'eau et la pâte est toute molle mais, ma foi, ça a l'air bon.

- Et moi je fais une salade de tomates, annonça la voix de Ron.

Une fois dans la cuisine, elle les embrassa sur la joue chacun leur tour avant d'aider Ron à couper des petits morceaux d'échalote.

- Zachary n'est pas encore arrivé ?

- Il ne devrait pas tarder, répondit Harry en regardant l'heure sur sa montre. J'ai dit midi, c'est toi qui es en avance.

- J'avais envie de profiter de vous deux avant que l'air benêt ne soit de nouveau de retour.

Hermione donna un coup de fesse à Harry en riant.

Elle était ravie d'enfin rencontrer Zachary. Harry n'avait que son prénom à la bouche depuis qu'ils étaient ensemble et elle avait hâte de pouvoir apprendre à le connaître. Si son meilleur ami en était amoureux, nul doute que c'était quelqu'un de bien.

Ils conservèrent la nourriture avec un sort et ils avaient tout juste terminé d'installer l'apéritif sur la table basse que Zachary sortit de la cheminée.

Hermione comprit tout de suite pourquoi Harry avait craqué pour cet homme. Du moins, physiquement.

- Tu dois être Hermione, devina-t-il en la pointant du doigt. Enchanté, vraiment. Harry m'a tellement parlé de toi ! J'ai l'impression de déjà te connaître.

Il remonta ses lunettes de vue sur ses cheveux blonds cendrés le temps de lui dire bonjour.

- Enchantée aussi, Zachary, sourit Hermione.

- Oh, Merlin, appelle-moi Zach. Quand on m'appelle Zachary, j'ai l'impression qu'on parle à mon grand-père. Oui, parce que mes parents ont eu la brillante idée de m'appeler comme lui.

- Alors va pour Zach.

Il lui fit un clin d'œil avant d'aller saluer Ron et embrasser Harry.

Ils passèrent l'apéritif à se poser plein de questions pour apprendre à se connaître. Zach n'était pas avare d'anecdotes qui permirent à Hermione de mieux cerner sa personnalité et elle trouvait ses questions toujours très pertinentes.

Une fois à table, la conversation se poursuivit.

- Et toi, Hermione, tu as quelqu'un dans ta vie ?

Un morceau de tomate se coinça dans sa gorge et la fit tousser.

- Je ne pensais pas que ma question te mettrait dans un tel état, la taquina Zach.

- Ça va aller. Hum. Non, je n'ai personne dans ma vie.

Les sourcils froncés de ses meilleurs amis lui firent comprendre qu'elle n'avait pas été crédible et elle se fustigea d'avoir si vivement réagi à la question.

- Tu n'as même pas croisé le regard ténébreux d'un beau bulgare ? plaisanta Zach.

- Ah bah ça, question regard ténébreux, il y en a un qui se pose là. Comment va Viktor ? ricana Ron.

Hermione roula des yeux.

- Quand ça concerne Viktor, tu ne devrais pas trop faire le malin, Ronald. Ton frère m'a confié quelque chose de très intéressant.

Les oreilles de Ron se parèrent de rouge et il trouva soudain un grand intérêt à son verre de vin.

- Donc pour répondre à ta question, Zach, non, je n'ai pas croisé de charmant bulgare.

- Après, le directeur adjoint de Durmstrang est pas mal aussi dans son genre. Comment il s'appelle, déjà ? Malefaux ? Maloy ?

- Malefoy. Drago Malefoy, le corriga Hermione. Il sera d'ailleurs directeur de Durmstrang à la rentrée.

L'enthousiasme dans sa voix et le sourire sur ses lèvres ne passèrent pas inaperçus, si elle en croyait les sourcils encore plus froncés de Ron et Harry.

- Comment ça se fait ? s'étonna ce dernier.

- Vous n'êtes pas sans savoir que Koslowski est plutôt incompétent - et plein d'autres choses - et qu'il déléguait presque tout son travail à Drago. Eh bien il se trouve qu'en plus de ça, Maksimov, le Ministre de la Magie bulgare, lui avait posé un ultimatum : si Durmstrang ne gagnait pas le Tournoi des Trois Sorciers, Koslowski était viré. Ça n'a pas loupé, puisque Beauxbâtons a gagné, il a sauté. Par la volonté du Conseil d'Administration, du corps professoral et administratif de Durmstrang et même des élèves, Drago a été nommé à sa place.

- Drago ? releva Ron.

- Oui, Drago.

- Tu l'appelles par son prénom, maintenant ?

- Tu ne retiens que ça de ce que je viens de dire ? soupira Hermione. On a passé huit mois à cohabiter dans le même espace, ça crée des liens.

Hermione se sentit rougir contre sa volonté.

- Pourquoi est-ce que j'ai l'impression que tu nous caches des choses ? supposa Ron, ses sourcils un peu froncés.

Un soupir échappa à Hermione. De toute façon, elle n'avait pas envie de faire semblant. Ils étaient ses amis, elle ne leur avait jamais rien caché, donc cela n'allait pas commencer maintenant.

- Je vous propose qu'on en parle plus tard, d'accord ? proposa-t-elle avant de regarder Zach. Je suis désolée, ce n'est pas du tout contre toi.

- Pas de souci ! Ce sont vos histoires, ça ne me regarde pas.

Il sourit et Hermione lui fut reconnaissante de si bien comprendre.

Le déjeuner se déroula à merveille, comme si ce petit intermède n'avait pas eu lieu. Zach était vraiment un homme charmant et si elle ne pouvait pas affirmer avec certitude qu'il était l'homme de la vie de Harry, elle le lui souhaitait de tout son cœur. Son meilleur ami en avait suffisamment bavé avec ses ex-petits-amis pour mériter un peu de paix et de tranquillité. Hermione était sûre que Zach pouvait lui apporter tout ça.

Une fois Zach parti, et après avoir débarrassé la vaisselle sale, Hermione retourna dans la salle à manger et fut accueillie par deux regards inquisiteurs et des attitudes dignes de deux officiers de la brigade de police magique.

- Excusez-moi, je croyais être chez mon meilleur ami, pas dans une salle d'interrogatoire.

- Harry et moi, on a la même impression, débuta Ron. On en a parlé, l'autre jour, mais on voulait voir si on se trompait.

- Oui, on te trouve… différente, continua Harry. Comme si tu ne nous avais pas tout dit à propos de Durmstrang et que tu nous cachais quelque chose.

- Je ne suis pas non plus obligée de vous raconter toute ma vie dans les moindres détails.

- En effet, confirma Harry, mais il n'empêche que ton attitude est étrange et qu'on s'inquiète.

Hermione se sentit bête. Elle ne voulait pas leur causer du soucis avec son silence.

Alors elle prit une grande inspiration et tira une chaise sur laquelle elle s'assit. Les garçons firent de même et Hermione sourit pour essayer de détendre cette atmosphère un peu trop solennelle.

- C'est vrai que je ne vous ai pas tout dit à propos de ces mois passés à Durmstrang, finit-elle par avouer. Peut-être par peur de votre réaction ou peut-être simplement parce que tant que ça reste dans ma tête, c'est comme si ce n'était pas réel… Et puis, en même temps, il ne s'est pas non plus passé grand-chose, juste…

- Hermione, la coupa Harry en posant sa main sur la sienne. On sait que tu aimes les grands discours mais, je t'en prie, va droit au but.

- J'ai couché avec Malefoy.

Le silence tomba entre eux et Ron s'étouffa avec son café.

- Vous m'avez demandé d'être directe ! leur rappela-t-elle.

- Peut-être pas autant ! pouffa Harry en tapotant le dos de son ami.

- Au moins c'est fait, autant arracher le pansement d'un coup, ça fait moins mal.

Hermione chercha quelque chose dans le regard de ses amis. Elle ne savait pas vraiment quoi, d'ailleurs. Une validation ? Des reproches ? De la moquerie ?

Rien ne vint. Une fois Ron calmé, il se contenta de tendre sa main gauche à Harry qui déposa cinq gallions dans sa paume. Décontenancée, Hermione fronça les sourcils.

- Je rêve ou vous avez parié ?

- J'avais parié que quelque chose s'était passé quelque chose avec Malefoy, Harry avait parié avec Krum. J'ai gagné.

Le Lumos s'alluma dans la tête d'Hermione. C'était donc pour ça qu'il avait lancé le sujet tout à l'heure, à table. Pour vérifier leur pari ! Elle ne savait pas si elle devait se sentir vexée ou amusée… Peut-être un peu des deux.

- Vous ne m'en voulez pas ?

Les garçons semblèrent étonnés par la question.

- On devrait ? demanda Harry.

- Oui… Non… Enfin, j'en sais rien, balbutia-t-elle. J'imagine que ça peut paraître surprenant d'un œil extérieur.

- Bah ! Mon frère sort bien avec Pansy Parkinson alors, tu sais, niveau révélation, il a fait fort lui aussi.

- En effet, admit Hermione.

- T'as passé l'année à nous parler de Malefoy, à essayer de nous convaincre qu'il avait changé, reprit Harry. Donc on a fini par te croire.

- Du coup, vous avez juste couché ensemble ? Vous ne vous êtes pas revus depuis ? s'enquit Ron.

Hermione était toujours décontenancée. C'était donc aussi simple que ça ? Pas de haussements de voix ? Pas de "Malefoy, non mais ça va pas !" ? Ses amis, avec la bienveillance qu'elle leur connaissait, voulaient simplement savoir ce que cette histoire allait donner pour elle.

Cependant, ça, elle n'en savait rien. Cela rayait une mention de la liste de "Pourquoi sortir avec Drago Malefoy est une mauvaise idée", mais cela ne les effaçait pas toutes.

- Honnêtement, je ne sais pas où ça va aller, soupira Hermione. Je l'apprécie beaucoup, je crois que c'est réciproque, mais… j'ai l'impression que c'est voué à l'échec.

- Hermione, l'appela Ron afin qu'elle lève ses yeux vers eux. Pourquoi tu dis ça ?

- Parce que… Parce qu'on est nous. Je veux dire, on a notre passé compliqué, on a des boulots qui nous autorisent que peu de temps libre... Je ne suis pas sûre de vouloir d'une histoire où je dois le voir tous les trente-six du mois.

- Mais enfin, tu as passé huit mois loin de Poudlard et ton école est toujours debout, lui rappela Ron avec un large sourire. Ça prouve que tu peux faire confiance à ton équipe.

- C'est vrai, confirma Harry. Et puis, en tant que directrice, tu peux te faire préparer des Portoloins privés directement dans ton bureau. Je crois même que tu peux relier ta cheminée à celle de Durmstrang.

- J'ai surtout l'impression que tu te trouves des excuses pour ne pas sauter le pas et ne pas souffrir comme tu as pu le faire par le passé.

Le ventre d'Hermione se tordit lorsqu'elle repensa au jour où Tobias Fortarôme, avec qui elle était sortie pendant quatre ans, lui avait posé un ultimatum en lui demandant de choisir entre lui et son travail.

Elle refusait de revivre ça. Elle refusait d'avoir à choisir entre son emploi et la personne avec qui elle voulait être.

Drago et elle avaient le même travail. Lui, plus que quiconque, devrait comprendre l'importance que cela avait à ses yeux. Elle était Hermione Granger, directrice de Poudlard. Les deux données étaient indissociables, mais elle savait conjuguer sa vie personnelle avec sa vie professionnelle.

Et peut-être qu'elle avait besoin de quelqu'un qui comprenait ça…

- Là, tu vois, c'est le moment où les rouages de son cerveau se mettent en route et qu'elle réfléchit à mille à l'heure, commenta Ron à voix basse à l'oreille de Harry.

Malgré tout, elle les entendit et cela suffit à la faire sortir de sa profonde réflexion.

- Je crois que vous avez raison.

- C'est seulement maintenant que tu t'en rends compte ? plaisanta Harry.

- Non, je l'ai toujours su, sourit Hermione. Mais merci, les garçons. C'est tout ce que j'avais besoin d'entendre.

Elle se leva pour les enlacer aussi fort qu'elle le pouvait. Heureusement qu'elle les avait dans sa vie.

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Hermione prit une grande inspiration, emplie de tous les morceaux de courage éparpillés dans son corps, avant de toquer à la porte.

Avant d'être officiellement nommé directeur de Durmstrang à la rentrée de septembre, Drago en assurait les fonctions par intérim jusqu'à la fin de l'année. Pour cela, il avait investi ce qui avait été le bureau de Koslowski jusqu'à son départ.

- Entrez !

Son cœur battait à mille à l'heure. Elle ne savait pas comment elle allait être accueillie. Normalement, il n'était pas au courant de son arrivée, mais elle le connaissait. Elle ne savait pas comment il faisait, mais Drago savait tout ce qui se passait dans son école, donc cela ne l'étonnerait pas qu'il sache qu'elle était là.

Elle essuya sa paume moite sur son jean avant d'ouvrir cette fichue porte.

Comme s'il avait senti que c'était elle, Drago fronça les sourcils sans lever le nez de son parchemin. Avait-elle mis trop de parfum ce matin ?

- Tiens, tiens, une revenante.

Il déposa sa plume dans son encrier avant de se décider à la regarder. Hermione ne savait pas comment interpréter son regard. Il n'avait pas l'air en colère, mais ses bras croisés sur son torse n'indiquaient pas forcément qu'il était heureux de la voir.

- Je peux m'asseoir ? demanda-t-elle en pointant un fauteuil du doigt.

Il hocha presque imperceptiblement la tête et Hermione s'assit. Elle avait l'impression d'être une élève convoquée dans le bureau du directeur. Merlin, que ce poste lui allait bien !

Elle posa ses mains sur ses joues chaudes et rouges avant de toussoter pour reprendre contenance.

- Je suis venue m'excuser, dit-elle sans détour. J'aurais dû te donner des nouvelles plus tôt, mais… je crois que j'ai eu peur. Et puis, tu ne m'as pas donné de nouvelles non plus, alors j'ai cru que… que tu ne voulais pas entendre parler de moi.

Hermione se redressa un peu pour ne pas avoir l'air trop misérable. La dernière chose qu'elle souhaitait, c'était qu'il ait pitié d'elle.

- Qu'est-ce qui a pu te faire penser ça ? s'enquit-il. C'est vrai, je n'ai pas donné de nouvelles, comme toi, et c'est un simple manque de communication, je pense, mais je n'ai jamais voulu instaurer ce silence entre nous.

- On ne s'était rien promis, dit-elle sur le ton de l'évidence et un peu agacée par elle-même de répéter cette phrase comme simple justification.

- Non, mais je pensais que tu avais compris que c'était important pour moi. On en a discuté à plusieurs reprises avant de franchir ce cap, je t'ai déjà dit que je ne couchais pas avec quelqu'un si je n'avais pas un minimum de sentiments.

- Des sentiments ? releva-t-elle d'une voix peu assurée.

- Ne fais pas l'ingénue, ça ne te va pas du tout, rétorqua Drago avec un sourire.

Hermione rougit encore plus.

- Je ne compte pas te demander de m'épouser, poursuivit-il. Je ne te demande pas non plus d'emménager ici ou d'abandonner ta vie pour la mienne.

- Tu sais bien que j'en serais incapable, tout comme toi.

- En effet.

Hermione prit quelques secondes de réflexion. Il n'avait vraiment pas l'air fâché. Il avait décroisé ses bras et son attitude était moins fermée qu'à son arrivée. Alors qu'elle s'apprêtait à dire quelque chose, il quitta son fauteuil pour se mettre face à elle. Hermione prit ses mains tendues et se leva à son tour. Au contact de ses doigts sur son visage lorsqu'il glissa une boucle derrière son oreille, elle frissonna. Elle pourrait prendre goût à son toucher, à ses sourires, à ses regards tendres et - parfois - un peu provocateurs.

- Je sais pas ce que tu essaies de faire, mais je crois que ça fonctionne, confia-t-elle du bout des lèvres.

- Je ne fais rien.

- Bien sûr.

- Je veux qu'on construise un truc ensemble, même si c'est un peu bancal au début parce qu'on devra gérer nos vies personnelles, professionnelles et la distance. Mais une chose est sûre, Hermione, c'est que je n'ai pas l'intention d'attendre encore deux semaines avant de pouvoir te serrer dans mes bras et t'embrasser.

Hermione se mordit la lèvre, prise dans la passion de ses mots.

- Du coup, t'attends quoi pour le faire ?

Son rire clair résonna dans la pièce et il l'embrassa, une main dans son cou et l'autre sur ses hanches. Un baiser rempli de promesses et d'avenir.


Pansy savait choisir ses moments.

Avec les années, elle avait appris à cibler les créneaux où le cimetière de Bromham était désert. Ainsi, elle pouvait se recueillir sur la tombe de ses parents sans être dérangée.

Aujourd'hui, c'était un peu différent. Certes, le cimetière était vide, mais elle attendait d'être rejointe.

Elle vit la haute silhouette de George apparaître entre deux cyprès et elle ne put retenir un sourire.

Lorsqu'elle lui avait proposé de l'accompagner, elle n'avait pas imaginé qu'il dirait oui. Depuis qu'il avait quitté Durmstrang, ils s'étaient installés dans une relation confortable qui leur convenait à tous les deux. Ils arrivaient à se voir régulièrement et George ne lui mettait pas la pression pour qu'elle vienne en Angleterre. Compréhensif, il faisait lui-même les déplacements sans exiger qu'elle en fasse de même.

Mais, aujourd'hui, elle était dans le Wiltshire avec lui.

- Bonjour, la salua-t-il avant de l'embrasser.

- Bonjour. Belle journée pour aller pleurer sur des tombes, n'est-ce pas ?

Sa tentative de détendre l'atmosphère fut accueillie par un baiser sur son front qui apaisa légèrement sa nervosité.

George lui tendit sa main, que Pansy prit sans une seconde d'hésitation. Ils passèrent le portail en fer forgé et marchèrent en silence jusqu'à l'allée douze. Au fil de ses pas, Pansy sentait son cœur se serrer et remonter dans sa gorge. Elle avait envie de vomir et de pleurer. Chose qu'elle aurait probablement déjà faite si elle n'avait pas les caresses de George sur le dos de sa main.

Elle s'assit sur le rondin de bois en face de la tombe de ses parents juste après avoir remplacé le bouquet par celui, plus frais, qu'elle avait apporté.

- "Je suis le scintillement du diamant sur la neige, je suis l'envol de ces oiseaux silencieux qui tournoient dans le ciel. Pourquoi serais-je hors de ta vie simplement parce que je suis hors de ta vue ?" lut George à voix haute. C'est beau… D'où viennent ces phrases ?

- D'un poème de Mary Elizabeth Frye. La suite devrait te parler, ça dit…

Pansy chercha les mots dans sa mémoire avant de réciter :

- "La mort, tu sais, ce n'est rien du tout. Je suis juste passé de l'autre côté. Je suis moi et tu es toi. Quel que soit ce que nous étions l'un pour l'autre avant, nous le resterons toujours."

George garda le silence quelques instants, le temps de venir s'asseoir à côté d'elle sur le rondin de bois. Il étendit ses grandes jambes devant lui et Pansy serra sa main autour de sa cuisse.

- Je trouve ça assez vrai. Fred sera toujours mon frère, je ne parle jamais de lui au passé. Il n'est plus vraiment là, mais il est partout où je suis, en quelque sorte.

- Quel poète, le taquina-t-elle gentiment.

Pansy laissa aller sa tête sur son épaule. Son regard perdu sur la sépulture, elle resta silencieuse.

Elle était toujours venue seule, ici. C'était étrange d'être accompagnée aujourd'hui, mais elle ne regrettait pas sa décision. La présence de George à ses côtés l'apaisait. Elle se sentait plus calme, plus sereine, enveloppée par sa bienveillance. Elle se surprit même à être triste sans pour autant avoir envie de pleurer.

Les minutes s'égrenèrent et lorsque douze coups sonnèrent au clocher du village, Pansy réalisa qu'ils étaient là depuis une heure.

- Tu veux peut-être rentrer, supposa-t-elle pour lui.

- Pas spécialement, on peut rester encore un peu si tu veux.

Pansy secoua la tête.

- Non, je… j'ai envie de rentrer.

- Tu veux rentrer où ?

Elle n'en savait rien. Sa tête avait envie de le suivre là où il le souhaitait, mais elle n'était pas sûre que son corps en soit capable.

- Si tu veux, on peut transplaner directement chez moi, proposa-t-il. Tu ne connais pas les lieux, mais je te jure que c'est accueillant, j'ai fait le ménage.

Pansy sourit légèrement. Au fond d'elle, elle avait envie d'accepter. En transplanant chez lui, elle n'aurait pas à se soumettre à des regards qu'elle pourrait connaître, elle n'aurait pas à affronter une foule. Ce serait comme rentrer chez elle, finalement.

Alors elle hocha la tête pour lui signifier qu'elle acceptait.

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L'appartement de George était l'image de sa personnalité vive et amusante. Pansy n'aurait d'ailleurs pas pu l'imaginer autrement.

Le salon était chaleureux et convivial, décoré dans des tons ocres. Les étagères débordaient de livres de magie, de bibelots divers et de gadgets venus de Farces pour Sorciers Facétieux. Le canapé sur lequel elle était allongée était si moelleux qu'il était à deux doigts de l'engloutir.

Lorsqu'il lui avait fait la visite, elle avait pu voir sa salle de bains et son rideau de douche avec des petits canards jaunes dessinés dessus, ainsi que sa chambre avec son lit recouvert de dizaine de coussins de toutes les couleurs. L'appartement comportait aussi un bureau où il travaillait parfois ses nouvelles idées et une chambre pour ses deux enfants avec un lit superposé. Fred dormait en haut dans des draps décorés d'animaux marins et ceux de Roxanne étaient à l'effigie de Phoen-X, son héroïne préférée.

La veille, après leur visite au cimetière, ils avaient passé la journée ensemble sans sortir de l'appartement. Pansy avait pu tester la qualité du matelas, celle du canapé et celle de la table de la salle à manger dont les pieds avaient menacé de céder sous leur poids.

Ce matin, George était parti régler une urgence au Ministère, bien que ce soit dimanche, et Pansy profitait d'avoir fermé sa boutique pour le week-end.

Lorsqu'on toqua à la porte, Pansy ne réfléchit pas pour aller ouvrir, pensant que c'était George qui avait oublié ses clés. Sa surprise fut grande lorsqu'elle se retrouva nez à nez avec Angelina. La panique la gagna aussitôt et elle sentit son visage perdre ses couleurs.

- Oh, Pansy ! s'exclama Fred, les bras chargés de jouets. Pourquoi t'es là ?

- Je… euh, votre père s'est absenté et il revient bientôt. Je…

Elle fut obligée de s'interrompre à cause de Roxanne qui tirait inlassablement sur son pantalon pour qu'elle se baisse. Après avoir plaqué un baiser un peu collant sur sa joue, elle suivit son frère à l'intérieur de l'appartement.

Angelina semblait étonnée de la trouver là et Pansy esquissa une grimace.

- C'est vrai, George ne va pas tarder. Il ne m'a pas dit que…

- Ne t'excuse pas, la rassura Angelina avec un sourire. C'est moi qui suis en avance, les enfants ont demandé à venir plus tôt et je pensais qu'il serait là.

- Il aurait dû. Urgence au Ministère.

- Pas de souci.

Un silence inconfortable s'installa entre elles. Elles n'osaient pas se regarder et aucune des deux ne semblait vouloir parler. Pour dire quoi, de toute façon ? George lui avait dit qu'elle lui avait donné sa bénédiction, mais ce n'était pas pour autant que Pansy était très à l'aise avec la situation.

- Hum, tu sais, Pansy, j'ai dit à Georgie qu'il n'y avait pas de problème pour que vous… enfin pour qu'il refasse sa vie, quoi. Fred et Rox t'adorent et j'ai l'impression qu'il est heureux avec toi.

- Je m'y emploie, sourit Pansy, un peu plus à l'aise. Je veux que tu saches que je sais où est ma place dans cette histoire.

Angelina hocha la tête.

- Je ne m'inquiète pas. Est-ce que tu veux que je reste le temps que George revienne ?

Pansy jeta un œil à l'intérieur de l'appartement. Fred avait pris sa place sur le canapé, un gros livre entre les mains, et Roxanne était à plat ventre sur le tapis en train de jouer avec des figurines de joueurs de Quidditch. Ils étaient calmes.

- Je pense que je vais m'en sortir, indiqua-t-elle à Angelina. Si tu me fais confiance, tu peux partir tranquille.

L'hésitation ne traversa même pas le regard d'Angelina. Elle appela ses enfants pour qu'ils viennent lui dire au revoir, ce qu'ils firent avant de retourner à leurs occupations. Pansy s'adossa ensuite à la porte fermée.

Une bonne chose de faite.

Soulagée, Pansy reprit place dans le canapé et, un peu machinalement, Fred allongea ses petites jambes sur elle. Si, au premier abord, Pansy ne sut pas quoi faire de ses mains, elle constata que ça n'avait pas d'importance. Fred se sentait juste suffisamment en confiance pour prendre ses aises et c'était le plus important.

Un peu plus tard dans l'après-midi, alors qu'elle était occupée à préparer des milkshakes pour le goûter, George rentra.

- PAPOU ! s'écria Roxanne qui abandonna ses jouets au profit des bras de son père.

- Mais… Ça alors ! Qu'est-ce que vous faîtes là vous deux ?

Il noya sa fille sous un torrent de baisers avant de faire de même avec son fils.

- On a voulu venir plus tôt, maman nous a déposés, expliqua Fred avant de reprendre place sur le canapé, cette fois-ci, les jambes sur le dossier et la tête en bas.

George chercha une confirmation dans le regard de Pansy qui hocha la tête.

- Angelina m'a demandé si ça ne me dérangeait pas de les garder en t'attendant ou si je préférais qu'elle reste, mais comme tu peux le constater, je me suis pas trop mal débrouillée. Ils ont encore leurs deux jambes, leurs deux bras et toutes leurs dents. Enfin, presque.

Elle pouffa en voyant Roxanne leur offrir son plus beau sourire édenté, mais ce n'était pas sa faute.

- Super, souffla George en déposant ses affaires et avant de venir vers elle. T'es exceptionnelle, tu le sais ?

- Parce que j'ai gardé tes enfants en vie pendant une heure ? Merci, mais je pense que tu me sous-estimais.

George secoua la tête avant de la prendre dans ses bras et de l'embrasser dans le cou.

- Tu veux un milkshake toi aussi ? proposa-t-elle en gratouillant la racine de ses cheveux.

- Au chocolat ?

- Oui, tu n'avais rien d'autre dans tes placards.

- Il faut que je fasse les courses. C'est que ça bouffe pas mal, ces monstres.

Pansy allongea sa préparation afin d'avoir quatre boissons au lieu de trois et George appela les enfants à venir goûter à table.

- C'est trop bon, m'man ! Euh ! Pansy, pardon.

Roxanne pouffa, sa lèvre supérieure colorée de chocolat, et Pansy rit aussi.

Quelques mois plus tôt, cette phrase l'aurait faite fuir. Elle serait partie en courant et en hurlant qu'elle n'était pas sa mère, juste la copine de son père. Elle se serait fermée comme un huître et George aurait mis des semaines avant de la dérider.

Mais aujourd'hui, elle n'était pas perturbée outre mesure. Elle savait que Roxanne n'avait pas fait exprès, que ce n'était qu'un lapsus et qu'elle avait totalement conscience de sa petite erreur. Les enfants savaient quelle place elle occupait au sein de cette famille.

Appuyée contre le plan de travail, elle les regardait dévorer leur milkshake avec énergie. Elle se surprit à sourire face à ce spectacle auquel elle pourrait facilement s'habituer. Si on lui avait dit ça quelques mois plus tôt, quand George lui avait appris l'existence de Fred et Roxanne, elle n'y aurait pas cru. Paralysée par la peur de l'engagement et les responsabilités que cela engendrait, elle n'aurait jamais imaginé être ici, dans ce salon, à déguster des boissons chocolatées avec eux.

- Je voudrais te demander un truc, lança George alors qu'ils nettoyaient les verres sales.

- Non, je ne t'épouserai pas, Weasley.

- Ça vire à l'obsession, je vais finir par croire que tu fais de la psychologie inversée. Non, ça n'a rien à voir. Quoi que, un peu, finalement.

George semblait mal à l'aise, comme si la proposition qu'il s'apprêtait à faire le mettait dans l'embarras. Peut-être craignait-il sa réponse si c'était une demande délicate ?

De l'index, elle le força à lever le menton pour la regarder. La petite lueur farouche dans ses iris semblait s'éteindre au profit d'une certaine inquiétude.

Elle embrassa le bout de son nez pour essayer de le détendre.

- Mes parents célèbrent leur anniversaire de mariage le mois prochain, ils font une fête au Terrier. Ça me ferait très plaisir que tu m'accompagnes, mais tu n'es obligée de rien.

- Et louper l'occasion de prouver que je suis la meilleure belle-sœur de la fratrie ? Jamais de la vie.

George éclata de rire et Pansy sourit.

Aussi étrange que cela puisse paraître, sa réponse lui était venue spontanément. Cela allait avec le reste. Sa peur de l'engagement était un lointain souvenir et elle n'était pas effrayée à l'idée de rencontrer les Weasley. Enfin, elle n'était pas sûre d'être très à l'aise le jour J, mais elle entendait bien leur prouver que George était un homme heureux et épanoui grâce à elle. Molly Weasley lui en serait éternellement reconnaissante.

- Je prends ta réponse pour un oui, alors ? supposa George, un peu de crainte dans la voix.

- C'est un oui, confirma-t-elle.

Elle n'avait, de toute façon, pas le cœur à refuser. Elle était heureuse avec George, plus qu'elle ne l'avait jamais été, et elle n'avait aucune raison de s'en cacher.


Eh voilà !

Encore une fois, chacun à leur manière, ils construisent leur avenir.

Hermione a laissé ses doutes s'apaiser dans les paroles de ses meilleurs amis avant de retrouver Drago et des promesses d'un futur plein d'amour !

Pansy laisse entrevoir à George toutes ses faiblesses avant de lui prouver qu'elle est la femme qu'il lui faut et qu'il mérite.

J'espère que vous avez aimé ce chapitre, j'ai hâte de lire vos reviews. On se dit à la semaine prochaine pour l'épilogue ?

Du love, à mercredi !