Prompt : En captivité - espèce protégée


Le Deku.

Bakugo s'était fait traîner par ses amis pour une sortie soi-disant amusante. Kirishima, un gars aux cheveux rouges et au caractère de feu, lui avait assuré que ça leur ferait du bien de voir autre chose, de changer d'air, d'arrêter d'être des élèves de Yuei à bosser pour être les meilleurs super-héros. Kaminari, un petit excité aux cheveux blonds qui aimait bien chercher la petite bête, avait renchéri et avait taquiné Bakugo en lui demandant s'il avait peur des animaux qu'ils pourraient croiser sur leur chemin. Bakugo avait râlé que ça n'avait rien à voir, qu'il n'aimait pas les zoos parce que la place des animaux n'était pas dans des cages, mais il s'était fait entraîner quand même. De mauvaise humeur, il fusillait les manchots du regard, comme s'il avait un compte à régler avec eux. Ceux-ci ne bougeaient pas beaucoup, sans doute en manque de leur banquise. Des enfants criaient et faisaient des grimaces, comme si ça allait réveiller les animaux de leur transe, en vain. Et voilà la deuxième raison pour quoi Bakugo détestait les zoos. Ces gens qui criaient, faisaient les guignols, appelaient les animaux, cherchaient une réaction des bêtes, comme si on leur devait le spectacle. Alors que ces êtres vivants étaient élevés en captivité, et auraient mérité plus de respect. Qu'on leur foute la paix.

— Arrête de faire la gueule, lâcha Kaminari, tu ressembles à un orang-outan.

— L'orang-outan va t'en claquer une si tu le titilles trop, ronchonna Bakugo.

— Y a un spectacle des otaries, on peut aller le voir, proposa Kirishima.

— Tu veux dire qu'on va faire tourner des ballons sur le nez de ces bestioles en échange de poissons ?

— Bah… oui ?

— J'ai déjà deux clowns avec moi, maugréa Bakugo, j'ai pas besoin de ce ridicule spectacle.

Les deux autres se regardèrent et haussèrent les épaules.

— En tout cas nous on y va, assura Kaminari.

— Très bien, je vais aller me chercher un truc à bouffer, fit Bakugo, si je trouve un sandwich qui ne coûte pas les yeux de la tête juste parce qu'on est dans un zoo.

Ils se séparèrent et Bakugo partit de son côté. Il resta peu attentif aux animaux qu'il croisait derrière leurs cages. Il n'aimait pas ça. Forcer des êtres vivants à faire les idiots pour faire rire les humains, les enfermer dans des endroits minuscules en guise de divertissements, c'était à vomir. Il était en train de se diriger vers un restaurant où il mangerait un sandwich et trois frites pour dix fois leur prix quand il entendit des cris de gens qui paraissaient excités par ce qu'ils voyaient. Une foule semblait regroupée devant une des cages et la curiosité titilla Bakugo. Qu'est-ce qui pouvait bien intéresser ainsi toute cette foule ?

De loin, il ne voyait rien, même en s'approchant, impossible d'approcher de la cage. Il allait lâcher l'affaire parce qu'après tout, peu importait, quand quelqu'un le bouscula et qu'il se retrouva projeté au milieu de la foule. Il dut jouer des pieds et des mains pour tenter d'en sortir et se retrouva bientôt collé à la vitre, nez à nez avec… Ce qui ressemblait trait pour trait à un autre être humain. Un dresseur ? Celui-ci devait s'occuper des animaux et c'était ce qui attirait la foule. Voilà ce que fut sa première pensée, la plus logique et la plus acceptable pour Bakugo.

Il se recula un peu. Les gens tapaient sur la vitre – malgré les nombreuses recommandations à ne pas le faire écrites un peu partout dans le zoo – rigolaient, huaient. Mais Bakugo avait beau chercher l'animal responsable de cette folie, il ne voyait que le jeune garçon aux cheveux verts qui le fixait l'air perdu.

Est-ce que l'adolescent était malencontreusement entré dans une des cages ? Est-ce qu'il y avait un problème ?

Bakugo ne comprenait rien, mais l'air de détresse du jeune homme lui donnait envie de faire éclater la vitre pour le sortir de là. Il s'apprêtait à utiliser son Alter pour tout faire exploser quand le discours des gens à ses oreilles devint plus clair.

— C'est un sans Alter, c'est incroyable, c'est le dernier spécimen de notre monde.

— Dommage qu'on ne puisse pas lui donner à manger, il a l'air si maigrelet !

— Il est trop drôle, dommage qu'il ne fasse pas de grimaces !

— Cette bête est vraiment la plus intéressante du zoo.

Et Bakugo reconnecta tous les wagons et ce qu'il comprit lui retourna les tripes et l'estomac. Parce que la bête en cage, c'était cet adolescent qui paraissait crier au secours. Le blond ne comprenait pas. Il joua des coudes à nouveau pour se déplacer et tomber sur le panneau qui expliquait qui était ce garçon. « Le dernier humain sans Alter, un spécimen d'une rareté exceptionnelle, une bête que vous ne verrez nulle part ailleurs ». Et cette petite explication avait pour titre « le Deku », comme ça aurait pu être « le jaguar ».

Bakugo regarda autour de lui, les gens paraissaient fascinés, les enfants riaient et faisaient des grimaces et les adultes des coucous. Comme s'il s'agissait réellement d'un animal. Déjà que ce comportement l'écœurait quand effectivement les gens étaient face à des animaux, mais là ? Il ne comprenait pas. Pourquoi est-ce que personne ne se révoltait ? Pourquoi est-ce que tout le monde paraissait trouver ça normal ?

Il avait envie de tout faire exploser, les gens, la cage, sortir ce pauvre gars de là. Mais il savait que ce serait risqué, que les autorités agiraient immédiatement et qu'il risquait plus d'apporter des problèmes à l'adolescent que de lui rendre service. Il allait devoir agir autrement. Trouver des gens aussi indignés que lui (car il y en avait n'est-ce pas ?), essayer de dénoncer le zoo, montrer à la population que si enfermer des animaux était déjà minable, le faire avec un adolescent était pire.

En attendant, il aurait voulu faire du mal à cette foule qui profitait du spectacle comme s'il était normal. Il posa une main sur la vitre et essaya de capter le regard de ce pauvre gamin, comme pour lui faire passer le message « je vais te sortir de là », mais l'adolescent enfermé paraissait trop effrayé pour comprendre. Il avait l'air complètement perdu et presque malade.

Bakugo eut de la peine pour lui et eut du mal à s'éloigner en le laissant là, enfermé.

Il retrouva Kirishima et Kaminari qui avaient été subjugués par le spectacle des otaries.

— Elles étaient si drôles.

Le blond les fusilla tous les deux des yeux comme s'ils étaient responsables de toute cette mascarade, et plus encore de ce garçon enfermé injustement.

— Oh, allez, détends-toi, essaya de le calmer Kaminari, ils ne sont pas si malheureux que ça ces animaux, ils sont bien nourris au moins.

— Vous avez vu la plus grande attraction de ce zoo ? questionna Bakugo dans un grondement menaçant.

— Euh ce n'était pas le spectacle des otaries ? demanda Kirishima.

— Non. Il y a un humain enfermé.

— Un humain enfermé ? Il s'est retrouvé enfermé ? Quelqu'un va l'aider ?

— Non, grogna Bakugo, parce que c'est lui la plus grande attraction du zoo. C'est un humain sans Alter, le dernier apparemment, une espèce rare présenté au grand public.

— Wouah, ça existe vraiment encore, un humain sans Alter ? fit Kaminari.

Il se retrouva cloué sur place par le regard mortellement glacial de Bakugo.

— C'est ça que tu retiens dans tout ce que je viens de dire ?

— Ça doit être une blague, tenta Kirishima, peut-être qu'il est payé pour se donner en spectacle.

— Je ne crois pas, il avait vraiment l'air en détresse.

— Un bon acteur, insista Kirisihma, je ne crois pas qu'un zoo prendrait le risque de réellement enfermer un humain même si celui-ci est sans Alter et que c'est très… spécial.

Bakugo était le genre de type qui montrait assez peu ses sentiments positifs, mais qui était comme une bombe à retardement quand quelque chose lui déplaisait. Et pour le coup, il était en rage. Le zoo tout entier le débectait, mais voir ce « Deku » enfermé et crier sa détresse sans que personne ne le voie, pas même ses amis, il allait péter les plombs.

— Ce n'est pas un acteur, assura-t-il, je l'ai vu et il faut faire quelque chose. Dénoncer ce zoo et le traitement indigne dont il est responsable.

— Aucun zoo ne prendrait le risque de vraiment enfermer un humain Bakugo, insista Kirishima, je continue d'être persuadé que c'est juste un acteur. C'est pour ça que personne ne réagit.

Le blond n'y croyait pas et ne pas être écouté tirait sur le fil de sa patience très courte.

— Ce n'est pas un acteur, répéta-t-il en détachant bien chaque syllabe comme s'il essayait d'expliquer quelque chose à des enfants de six ans.

Kaminari roula des yeux :

— Inutile de t'énerver ou de nous prendre pour des débiles. Si vraiment ce n'est pas un acteur, ce serait déjà dans la presse à scandale. C'est une simple attraction, comme à Disney où tu peux rencontrer Mickey. De toute façon je ne pense pas que ça existe encore un humain sans Alter.

Bakugo serra les dents et se retint d'exploser. Si ses amis pensaient comme ça, c'était fort possible que tout le monde le pense aussi. Ça expliquait que personne ne soit choqué, que tout le monde semble s'amuser de voir un humain enfermé comme un animal. Ce n'est qu'une attraction, c'est pour de faux.

Sauf que le blond avait vu le regard de détresse de l'humain et il était sûr qu'aucun acteur ne pouvait aussi bien jouer. Ce gamin était réellement enfermé et ne pouvait pas s'enfuir.

xxx

Bakugo était celui qui avait raison. Izuku aurait pu lui raconter son histoire. Il n'avait jamais eu d'Alter, mais ses parents l'avaient caché à la population, ils avaient préféré faire l'école à la maison. Izuku ne voyait quasiment personne à part ses parents. Il vivait reclus chez lui depuis tout petit sans tout à fait comprendre pourquoi. Une fois, vers ses cinq ans, il avait réussi à échapper à leur surveillance. Il s'était perdu dans son quartier, mais il se souvenait avoir rencontré d'autres enfants, des enfants magiques. Qui pouvaient voler, ou faire exploser des trucs. Il avait été émerveillé et se demandait comment on faisait pour avoir des pouvoirs ? Est-ce que c'était le père Noël qui en emmenait en cadeaux ? Alors pourquoi n'était-il pas passé par sa maison ?

Il avait beau essayer, il n'arrivait ni à cracher du feu ni à courir à une vitesse extraordinaire. Il était même nul pour faire de simples ricochets.

Ses parents l'avaient retrouvé alors qu'il essayait de trouver son pouvoir, en vain, et l'avait ramené à la maison, avant que les choses ne dégénèrent avec les autres enfants qui commençaient à se moquer de lui.

Puis ils lui avaient expliqué.

Izuku vivait dans un monde où les gens étaient magiques.

— Et moi ? avait-il demandé.

— Ta magie à toi, tenta son père, c'est de ne pas avoir de pouvoir.

Mais c'était complètement nul.

— Ta magie à toi rattrapa sa mère, c'est d'être le plus adorable des enfants.

Être adorable. Voilà c'était tout.

Il était mignon, gentil, doux.

Mais il n'était pas magique.

— Tu ne dois pas sortir, lui expliqua sa maman, sinon tu peux être en danger.

— En très grand danger, affirma son père.

— Mais ne t'inquiète pas, nous allons te protéger.

Izuku avait acquiescé, puis dans le silence de sa chambre la nuit, il avait pleuré. Il n'était pas magique et il était puni pour ça. Il n'aurait jamais d'ami, il devrait rester exclu toute sa vie. C'était injuste.

Izuku vécut une vie d'ennui, bien que ses parents lui offrent tout ce qu'il désire, qu'il ait une chambre que même les princes lui auraient enviée, et qu'il soit choyé par sa maman et son papa, il se sentait souvent seul. Les rares moments où ils pouvaient parler aux gens, c'était en jouant aux jeux vidéo et même là il devait cacher la vérité sur lui-même. Quand venait le moment où les gens voulaient se rencontrer, il était obligé de refuser. Et cela lui faisait mal. Ses amis étaient virtuels et finissaient par se lasser de ne jamais pouvoir le voir. C'était ainsi.

Il grandit.

Devint un adolescent.

Il avait toujours obéi aux règles de ses parents. Il avait toujours souri en leur présence, fait de son mieux pour être heureux, pour les remercier de tout ce qu'ils faisaient pour lui. Mais ce n'était pas suffisant, et il n'en pouvait plus.

Il voulait voir l'extérieur.

Il voulait parler à des gens.

Il voulait se faire des amis, des vrais.

Qu'est-ce que ça changeait qu'il n'ait pas d'Alter ? Les gens devaient l'aimer pour ce qu'il était non ? Comme le faisaient ses parents ?

Il se berçait d'illusions et ne le savait pas encore.

Prenant exemple sur les films qu'il regardait, il décida un jour de faire le mur, de s'enfuir, d'aller prendre l'air et de découvrir la vie par lui-même. Il ne voulait pas décevoir ses parents, mais il avait besoin de savoir à quoi ressemblait le monde.

Il sortit donc par la fenêtre de sa chambre à l'aide de l'arbre qui était près de la maison, de façon très pratique. Puis il courut le plus loin de la sécurité de sa chambre. C'était la deuxième fois qu'il fuyait, mais cette fois-ci il était décidé à en profiter au maximum. Il rencontra des gens, certains utilisaient leurs pouvoirs, d'autres non. Izuku pensa qu'il pouvait très bien se mêler à la foule, qu'il pouvait être de ceux qui sont magiques, mais ne le montre pas forcément.

Tout se passa bien alors il recommença.

Encore et encore.

Izuku finit par croire qu'il pouvait être libre, qu'il ne risquait rien, que ses parents s'étaient méfiés pour rien. Il pouvait parler aux gens, il pouvait être accepté par les autres. Il n'avait qu'à cacher le fait qu'il n'avait aucun Alter.

Et puis tout avait fini par merder. Izuku s'était retrouvé sans le vouloir au milieu d'un spectacle de rue, où des gens utilisaient leurs pouvoirs pour le spectacle. N'importe qui pouvait monter sur scène. Il était fasciné et regardait les gens défilés, jusqu'à ce qu'on le pousse à son tour pour qu'il fasse état de son Alter. Izuku resta là sans bouger, complètement perdu, les gens attendaient, mais le garçon ne pouvait rien montrer, parce qu'il n'avait rien à montrer. On lui cria d'utiliser son Alter, mais ça ne servait à rien puisqu'il n'en avait pas.

Et petit à petit, les gens commencèrent à comprendre, ce garçon ne possédait pas d'Alter. Ce garçon était un imposteur. On commença à le huer, lui lancer des cailloux, et Izuku partit en courant jusque chez lui en pleurant.

Ses parents n'apprirent jamais cette histoire et il leur cacha la vérité, se jurant de ne plus jamais sortir.

Izuku ne savait pas que c'était trop tard, que le mal était fait.

Peu de temps après sa dernière sortie, des gens entrèrent chez lui. Ses parents cherchèrent à cacher leur fils, à le protéger, mais ceux qui s'étaient introduits dans leur maison n'étaient pas des gentils et ils utilisèrent leur Alter pour se débarrasser des parents d'Izuku, sous les yeux de l'adolescent. Ce dernier poussa un cri presque inhumain, de douleur, de regret, de culpabilité. Mais il ne put guère pleurer la disparition de ceux qu'il aimait le plus au monde, on le capturait et on l'enfermait dans une cage. Les coupables n'avaient aucun remords, ils riaient devant Izuku et lui jetaient de la nourriture comme à un animal. L'un d'eux lui demanda comment il s'appelait, et Izuku refusa de répondre jusqu'à ce qu'on le fouette.

— Izuku, finit-il par répondre.

— Et bien maintenant tu t'appelleras Deku. Deku l'animal sans Alter.

Et ses ravisseurs partirent dans un grand rire gras.

Izuku se retrouva alors à être exposé dans des zoos. Il ne restait jamais longtemps au même endroit, pour éviter sans doute que les gens se rendent compte qu'il était un véritable humain et pas un animal. Des fois, il voyait des gens s'indigner, sans que rien ne change, la plupart du temps néanmoins, on le regardait comme une bête rare, on riait de lui, on tentait de lui lancer à manger. Et Izuku avait beau supplier, personne ne l'entendait derrière sa vitre qui couvrait chaque fois tous les sons.

Il était vraiment devenu Deku.

Quand ses ravisseurs trouvaient qu'il jouait trop la carte de la détresse, ils le punissaient et lui disaient de sourire à la foule et de faire des coucous comme s'il était heureux, comme s'il jouait un simple rôle.

— Tu nous rapportes beaucoup d'argent ce serait dommage de te perdre, lui disait-on. Mais si tu ne fais pas d'effort, on peut très bien te faire du mal. Après tout tu peux très bien vivre avec des orteils en moins.

Alors Izuku essayait de toutes ses forces de ne pas pleurer, de ne pas être horrifié. D'avoir l'air rempli de bonheur devant la foule.

Seulement, des fois ses sentiments négatifs devenaient trop forts et c'était le cas aujourd'hui. Il regardait la foule avec une boule au ventre, il les haïssait de ne pas se rendre compte de la vérité, de le traiter comme ils le traitaient, et se disait que sa vie ne serait remplie que de jours comme ceux-là. Jusqu'à ce que les gens ou ses ravisseurs se lassent, et qu'il soit vendu à un laboratoire où on le dissèquerait. Alors, à quoi bon sourire ? À quoi bon faire semblant ?

Il se mit à crier en espérant que quelqu'un l'entendrait, que quelqu'un verrait sa détresse, que quelqu'un le sauverait. Ses yeux avaient croisé ceux d'un jeune homme aux cheveux blonds et aux yeux rouges. Celui-ci fronçait les sourcils, il avait l'air de le prendre au sérieux alors Izuku cria plus fort et le regarda avec toute la misère qu'il ressentait. Il se disait que peut-être… enfin… quelqu'un le remarquait.

Mais au final le blond lui avait tourné le dos et était parti, sans rien faire.

Izuku eut envie de pleurer, d'abandonner. Qu'on lui coupe les orteils, qu'on le torture, qu'on le tue. Cela valait sans doute mieux au final.

Ce soir-là, on le punit de coup de fouet et il n'eut pas le droit de manger ni de boire. On le menaça. Mais Izuku malgré la douleur et la faim était comme amorphe, il avait baissé les bras. Personne ne se soucierait jamais de lui, alors autant mourir.

xxx

Kirishima et Kaminari étaient tous les deux contre ce plan, mais Bakugo ne leur avait pas demandé leur avis.

— Si c'est vraiment un acteur, on le saura bientôt.

— Sauf si on se fait arrêter parce qu'on rentre dans un zoo en pleine nuit alors que c'est interdit, raisonna Kaminari.

— Si t'as les chocottes, tu peux rentrer chez toi, grogna Bakugo.

Mais Kaminari savait que s'il faisait ça, le blond ne lui pardonnerait pas. Alors il soupira et escalada à sa suite les grilles du zoo. Il y avait des gardiens de nuit, et les trois garçons durent se montrer prudents et les éviter. Faisant un détour jusqu'à la cage de « Deku ».

— Je te jure que si c'est un acteur, je te cogne, ronchonna Kirishima.

— Essaye toujours, grinça Bakugo.

Une fois devant la vitre, ils fixèrent l'endroit, mais il semblait n'y avoir personne.

— Tu vois, fit Kaminari, il n'y a personne, c'est bien la preuve qu'il n'est qu'un acteur.

Bakugo secoua la tête :

— Ils l'enferment peut-être ailleurs la nuit.

— Ou alors il est rentré chez lui et pique un bon roupillon, insista Kaminari, pendant que nous trois on fait les idiots.

Bakugo n'écoutait pas. Il réfléchissait. Il tenta de faire le tour de la cage, mais il n'y avait aucune trace de l'humain. Faudrait-il le sauver en plein jour ?

— Il doit y avoir un endroit dans le zoo où on garde les animaux malades ou quelque chose comme ça, il est peut-être là-bas.

Ses deux amis levèrent les yeux au ciel, mais Bakugo continua à avancer. Ce serait avec ou sans eux, mais il libérerait l'humain. Ils réussirent à éviter les gardes par on ne sait quel miracle, et ils pénétrèrent dans un endroit interdit au public. Là où sans doute les éleveurs rangeaient la nourriture, prenaient leur pause ou s'occupaient des animaux malades. Bakugo sentait qu'ils approchaient. C'était son instinct qui parlait. Kaminari et Kirishima, eux, en avaient un peu marre. Quand ils eurent fait le tour sans rien trouver, les amis du blond le supplièrent de partir.

— Il reste un cabanon, insista Bakugo

— Mais y aura rien, ça doit juste être une salle de stockage comme les autres, se plaignit Kirishima.

Et c'est à ce moment-là qu'ils entendirent les sanglots. Quelqu'un pleurait. Bakugo se redressa et imprudent, couru jusqu'au dernier cabanon. Il n'y avait aucune fenêtre, aucun moyen de voir à l'intérieur et pourtant on entendait distinctement quelqu'un qui sanglotait. Bakugo tenta le tout pour le tout et appela :

— Deku ?

Les sanglots s'arrêtèrent, et une voix répondit :

— Il y a quelqu'un ?

Bakugo se mit à sourire :

— Est-ce que tu es prisonnier ? interrogea Bakugo.

— Oui ! cria la voix. Sauvez-moi, s'il vous plait, sauvez-moi.

Le garçon paraissait complètement désespéré.

Bakugo se tourna vers ses amis, un sourcil levé. Les deux adolescents soupirèrent :

— Okay tu avais raison, admit Kaminari, et maintenant on fait quoi ?

Le sourire de Bakugo se fit carnassier et ses amis se reculèrent.

— On fait tout péter.

Le blond cria au garçon enfermé de se reculer et il fit exploser le mur du cabanon.

Derrière, il y avait un adolescent aux cheveux verts, les yeux ronds. Il fixa Bakugo et demanda d'une petite voix :

— Vous venez me sauver ?

— Exactement.

Alors l'adolescent eut un petit sourire et Bakugo fut heureux et soulagé. Il tendit la main vers « Deku » et ce dernier la prit sans réfléchir :

— Prêt à courir ?

L'adolescent prisonnier acquiesça.

Bien sûr les gardiens avaient entendu les explosions et accouraient vers eux, mais Bakugo fit exploser le sol devant eux puis tira le prisonnier vers lui. Et ils se mirent tous à courir vers la sortie. Le blond fit exploser le portail du zoo pour ne pas perdre de temps à l'escalader, et il courut de plus belle.

— Merde, merde, merde, criait Kirishima, enfermé un humain c'est pas du tout viril.

— Et maintenant on va avoir les flics au cul, fit remarquer Kaminari.

— Peu importe, lâcha Bakugo serrant plus fort la main de Deku. On rentre chez moi. Et si la police vient nous interroger, on leur dira toute la vérité. Ça m'étonnerait que ceux qui ont fait ça veuillent qu'un énorme scandale éclate, je pense qu'ils n'appelleront pas les autorités.

C'était un pari risqué, mais dans la nuit, ils n'entendirent ni alarme, ni rien, prouvant que Bakugo avait raison.

Ils se réfugièrent tous chez lui, mais furent arrêtés par la mère du blond en plein milieu du couloir de l'entrée. Les poings sur les hanches, elle regarda les garçons et gronda :

— Il va me falloir des explications sur ce que tu faisais loin de la maison au beau milieu de la nuit avec tes amis, et elles ont intérêt à être bonnes.

Bakugo tint tête à sa mère :

— Elles sont très bonnes, dit-il.

Et ils allèrent tous s'asseoir dans le salon, Bakugo raconta toute l'histoire, ou du moins ce qu'il en savait.

xxx

Izuku était recroquevillé sur lui-même sur le canapé et laissait tous ces gens parler de lui comme s'il n'était pas là. Il avait peur, il tremblait, il était persuadé que ses ravisseurs allaient le retrouver et tuer tout le monde pour le récupérer. Il avait peur pour lui, il avait peur pour eux. Il finit par les couper :

— Je dois partir, s'ils me retrouvent, ils vont vous tuer !

— Pas question, s'écrièrent la mère et le fils en même temps.

— On va te protéger ! ajouta la femme.

— Mes parents disaient ça aussi et….

Izuku ne put pas terminer sa phrase. Les larmes lui montèrent aux yeux. La femme vint le serrer dans ses bras, se doutant ce qu'il avait vécu et pourtant n'ayant pas la moindre idée de ce qu'il avait traversé. Izuku se calma un peu. La tendresse lui avait manqué.

— Tu veux nous raconter ton histoire ? demanda le garçon blond qui l'avait sauvé.

Izuku regarda tous ces gens et finit par acquiescer doucement. Alors d'une petite voix timide, il raconta tout.

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Bakugo n'avait jamais ressenti autant de colère. Il était tellement énervé de savoir ce qu'Izuku avait vécu, que ses bras faisaient des petites étincelles. S'il pouvait il éclaterait ceux qui lui avaient fait subir un truc pareil, et les complices qui n'avaient pas agis, qui avaient laissé faire en silence. Sans savoir pourquoi, à la fin du récit de l'adolescent, il ne put s'empêcher de le prendre contre lui :

— On va te protéger, tu peux compter sur nous ! jura-t-il.

Il sentit le garçon se détendre peu à peu contre lui.

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Izuku avait peur du moindre bruit. Pourtant des jours avaient passé et personne n'était venu le kidnapper à nouveau et tuer la famille qui l'avait accueilli. Il avait appris le nom de celui qui l'avait sauvé : Bakugo Katsuki. Il lui répétait qu'il était en danger à cause de lui, mais personne ne l'écoutait, ni Bakugo, ni ses parents, ni ses amis.

Et petit à petit, plus les jours passaient, plus la peur d'Izuku s'éloignait. Il se disait que tout irait bien maintenant, que peut-être ses ravisseurs ne reviendraient jamais. Il se berçait d'illusions tout en s'attachant, sans le vouloir, à Bakugo.

Les deux adolescents étaient très différents, l'un bouillonnait, l'autre était plus timide et peut-être un peu plus trouillard. Pourtant leurs personnalités semblaient se marier à merveille. Bakugo avait joué aux jeux vidéo avec Izuku, avait râlé quand il avait perdu puis avait arrêté de grogner quand il avait entendu le rire d'Izuku. Ils s'étaient regardés un instant en silence. Le blond avait finalement eu un fin sourire :

— Tu as ri.

Depuis combien de temps n'était-ce pas arrivé ? se demanda Izuku. Une éternité sans doute.

Ils avaient longtemps discuté. Ils s'étaient découvert une passion commune pour les super-héros. Bakugo lui offrit même une carte hyper rare du plus grand super héros : All-Might.

— Je l'ai en double alors… Tu as de la chance que je sois magnanime !

Une nouvelle fois Izuku rit, sans savoir ce que ce son provoquait dans le cœur de Bakugo.

Bakugo devint sans doute le meilleur ami d'Izuku. Il appréciait aussi Kaminari et Kirishima, mais Bakugo ce n'était pas pareil, il y avait quelque chose. Izuku ne savait juste pas quoi.

Tout se passait bien, les semaines passèrent et puis…

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Bakugo entendit le bruit alors qu'il était du genre à dormir d'un sommeil de plomb. Il se releva d'un coup. Quelqu'un entrait chez lui. Quelqu'un pénétrait dans son espace privé, et il avait une idée de qui il pouvait s'agir. Izuku dormait dans la chambre d'ami juste à côté, et le blond s'y dirigea à toute vitesse. Deux hommes se tenaient là, l'un tenait Izuku pour l'empêcher de crier, l'autre tenait un fouet. Bakugo sauta immédiatement sur lui et utilisa son pouvoir, lui éclatant la tronche avant qu'il n'ait le temps de réagir. Aussitôt réveillés ses parents débarquèrent à leur tour.

Les ravisseurs n'étaient que deux, ils avaient sans doute pensé que ça suffirait, mais ils n'avaient pas été assez discrets. Mitsuki bondit sur celui qui tenait Izuku et le força à le lâcher tandis que Bakugo attrapait le bras de l'autre adolescent et l'entraînait avec lui. Prêt à faire exploser encore une fois ces deux hommes.

— J'ai appelé la police, fit le père.

Les ravisseurs cherchèrent à s'enfuir en utilisant eux-mêmes leur pouvoir, mais la famille Bakugo était plus puissante et ils réussirent à les arrêter. Izuku tremblait comme une feuille dans les bras de l'adolescent blond et celui-ci lui jurait à l'oreille que tout irait bien. Que plus personne ne lui ferait du mal, jamais.

Les Bakugo savaient que les ravisseurs n'abandonneraient jamais. Que ceux qui savaient qu'Izuku était un sans Alter voudraient toujours attaquer, alors ils prirent les devants et décidèrent avec la permission du garçon de parler de lui aux médias. Que tout le monde sache la vérité, que plus personne ne donne d'argent pour « voir un humain sans Alter », que plus personne n'ait l'envie d'utiliser Izuku pour se faire du pognon.

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Izuku n'accepta pas immédiatement, il avait peur. Très peur. Mais son ami, son meilleur ami, Bakugo, le rassura. Il fallut quelques jours, mais Izuku finit par accepter. Et c'est ainsi qu'il accepta de participer à une interview où il expliqua son histoire. Une histoire qui fit le tour du monde. Izuku devint en quelque sorte à nouveau une bête de foire, mais il était bien entouré et puis il reçut aussi des lettres d'encouragements et même des lettres d'amour. Pendant un temps il fut le sujet préféré des médias, et puis il y eut un tremblement de terre dans un endroit quelque part et petit à petit, on parla d'autres choses.

Izuku n'avait jamais cessé de remercier les Bakugo, mais il recommença.

— Grâce à vous, je suis libre, dit-il.

Il eut le droit à un fin sourire de son ami et sentit son cœur faire le yoyo dans sa poitrine.

— Je suppose que vous n'avez plus besoin de me protéger et que je dois partir, ajouta Izuku.

Bakugo lui sauta presque dessus et le décoiffa brutalement :

— Tu rigoles ? Tu ne partiras pas d'ici tant que je ne t'aurai pas explosé aux jeux vidéo.

Et Izuku se mit à rire et sans y penser s'accrocha à lui. Parce qu'il savait ce que ça voulait dire, il avait appris à décoder Bakugo petit à petit, le blond lui proposait de rester chez eux. Et comme les parents étaient d'accord, Izuku sut qu'il venait de se trouver une nouvelle famille.

Il put enfin sortir à l'extérieur, aller se recueillir sur la tombe de ses parents et leur dire qu'il allait bien même si sa maman et son papa lui manqueraient pour toujours.

— Et puis j'ai trouvé quelqu'un que j'aime, murmura-t-il et il sourit à travers ses larmes.

Au fil des semaines et des mois, Bakugo devint Kacchan et le blond avait fait semblant de râler sans pour autant lui interdire de le nommer ainsi. Contrairement à Kirishima et Kaminari qui s'étaient fait engueuler quand ils avaient essayé.

— On sait, Izuku est ton chouchou ! le taquina Kaminari.

Et c'était vrai. Du moins Izuku l'espérait.

Kacchan lui avait sauvé la vie, mais pas que.

Il lui avait fait retrouver l'envie de vivre, il lui avait montré le monde, il était là à chaque nouveau pas et il le faisait rire souvent. Kacchan était explosif, mais Izuku n'en avait pas peur, son caractère c'était comme celui d'un chat qui souffle et grogne, mais se laisse caresser derrière les oreilles en ronronnant.

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Bakugo savait qu'il était tombé amoureux d'Izuku. C'était à cause de son rire, à cause de sa gentillesse, ou peut-être de sa façon de gagner aux jeux vidéo. Il n'en savait rien en fait, l'amour ne s'expliquait pas. Mais il était heureux de l'avoir trouvé, sauvé et surtout de l'avoir rencontré.

C'est pour ça qu'un jour, alors qu'Izuku levait les bras en riant parce qu'il avait encore gagné à un jeu de courses de voitures, Bakugo l'avait attrapé et rapproché de lui :

— Qu'est-ce qu'il y a Kacchan ? interrogea Izuku en rougissant, tu veux me supplier de te laisser gagner ?

— Pas besoin de le supplier, j'ai une meilleure manière de te faire perdre.

— Laquelle ? interrogea Izuku.

Les lèvres de Bakugo se posèrent sur celle d'Izuku.

Les deux adolescents sentirent leur cœur s'emballer, et c'était fort, et c'était bon.

Izuku n'avait pas d'Alter et alors ?

Il avait sa propre magie en lui, il rendait Bakugo heureux.

Fin.

L'autatrice : j'ai écrit cette fic y a pas mal de temps. Mais avec mon manque de confiance en moi, je n'étais pas sûre qu'elle soit bien (et je n'en suis pas complètement satisfaite), je vous laisse en juger par vous-même.