Bonjour à toutes et à tous !

Merci beaucoup pour l'accueil fait à cette fiction. Cela fait plaisir de voir des têtes connues dans les reviews ! Les statistiques de lecture furent également très bonnes, je remercie donc chaleureusement tous les lecteurs anonymes.

Quelques précisions : je pense poster tous les dimanches soirs, et ferai au mieux pour vous avertir si jamais il y a un imprévu.

En ce qui concerne les compagnons présents dans cette fiction, je me suis limitée au nombre de personnages que nous pouvons avoir dans notre équipe. Quand j'écris une histoire, j'aime pouvoir accorder du temps à chacun des protagonistes, et pas juste me concentrer sur le "personnage principal"/le couple de l'histoire. Or, plus les personnages sont nombreux, moins je peux leur offrir individuellement le développement qu'ils méritent. Je suis donc navrée pour tous les fans de Karlach, Wyll et Gayle ; j'apprécie énormément ces compagnons moi-aussi, mais j'aurais trouvée dommage de les rendre présents, sans pouvoir leur faire honneur.

Réponse aux reviews :
Cassye : C'est amusant que nos commentaires se soient croisés ! Merci à toi d'être venu lire ce début d'histoire, cela me fait très plaisir. Cela va être rigolo de voir dans nos fictions respectives où les chemins se croisent et où ils s'éloignent ! Merci encore pour tes compliments, je te dis à bientôt !
Seulie : Oh, un autre pseudo que je connais ! Contente de te voir ici, et merci pour ton retour ! J'espère ne pas te décevoir avec cette introduction des compagnons !

Je vous souhaite une très bonne lecture !


Chapitre 02 :

Les rescapés

"Lève-toi."

Nymuë ouvrit brusquement les yeux et un cri s'échappa de ses lèvres. Des images traversaient son esprit à une trop grande vitesse pour qu'elle puisse les analyser. Elle était en train de tomber, le Nautiloïd s'écrasait. Les griffes d'un flagelleur mental se rapprochaient de son visage… Ses mains fouillèrent le sol à la recherche de son arme, mais ne rencontrèrent qu'une surface granuleuse. Du sable. Elle observa les alentours : l'air était salé, le cri des mouettes se mêlait au bruit des vagues… Et à celui des flammes consumant les restes du vaisseau illithid.

Elle avait survécu. Elle avait fait une chute de plus d'une centaine de mètres, et elle était pourtant… intacte ? Se relevant avec précautions, elle s'examina sous toutes les coutures : aucune blessure, pas la moindre trace d'hématome… rien. C'était incroyable. Non ; c'était même tout bonnement impossible.

La jeune femme se toucha les tempes, se concentrant sur la présence rampant derrière son œil. Son parasite avait survécu, lui aussi, ce qui était une moins bonne nouvelle. Combien de temps lui restait-il ? Son indésirable invité était-il responsable de sa réception miraculeuse ?

Autant de questions qu'elle devait mettre de côté, le temps de trouver un abri. Plus qu'à espérer qu'un village soit à proximité…

"Et qu'ils ouvrent leur porte à une drow", songea-t-elle. Elle ne reconnaissait pas les lieux autour d'elle ; le paysage était un véritable champ de ruines. "Première étape, décida-t-elle : chercher d'éventuels rescapés". Elle avait déjà du mal à réaliser sa propre survie, mais qui sait ? Si le parasite illithid était capable de vaincre la gravité…

Il ne lui fallut que quelques pas pour apercevoir une première silhouette parmi les décombres. Se rapprochant, Nymuë reconnut Ombrecoeur, la demi-elfe secourue lors de la fuite du navire. Elle était allongée, les yeux clôts ; mais, par les dieux, cette femme respirait ! Déboussolée, l'elfe noire poursuivit son examen : tout comme elle, Ombrecoeur n'avait aucune éraflure. Elle portait une légère côte de mails, complétée d'oripeaux bleu sombre. Un insigne se répétait régulièrement sur le motif, sans qu'elle parvienne à en déterminer l'origine : un symbole religieux peut-être ? Si la demi-elfe était une prêtresse, son savoir médical était plus que bienvenu.

Un autre élément attira son attention. Un petit objet polyédrique, que la belle endormie serrait fermement dans sa main. Nymuë reconnut l'étrange artefact qu'Ombrecoeur avait récupéré dans son caisson, à la suite de sa libération. Les runes gravées sur le prisme provenaient d'un langage qui lui était inconnu. Elle ne sentait aucune magie à l'œuvre, mais pourtant l'objet dégageait… quelque chose.

Elle plissa les yeux, puis se tourna à nouveau vers Ombrecoeur. Sans plus de cérémonies, elle la secoua vigoureusement. Les pupilles vertes de la jeune femme papillonèrent avant de la reconnaître :

"Vous êtes en vie ! s'exclama-t-elle. Je suis en vie. Comment est-ce possible ?

- J'espérais que vous pourriez me le dire, répondit sincèrement Nymuë.

- Je me souviens du vaisseau. Je me souviens être tombée, et ensuite… plus rien. Le trou noir."

Son récit était un reflet du sien. Une pointe de déception traversa l'elfe noire : le mystère demeurait. Très bien, qu'importait le comment donc. La vraie question à se poser désormais…

"Et maintenant ?

- Il nous faut des vivres, lista Ombrecoeur. Un abri. Et plus important, un guérisseur. Nous nous sommes peut-être échappés, mais ces petites saletés sont toujours là dans nos têtes.

- Nous ? releva Nymuë. Vous voulez qu'on reste ensemble ?"

Voilà qui était plutôt…inhabituel. Compréhensible, bien sûr, au vu de leur situation. Dans un contexte de crise, les chances de s'en sortir étaient toujours plus grandes lorsqu'on ralliait une communauté que lorsqu'on faisait cavalier seul. Elle était simplement plus accoutumée au second cas.

"Nous n'avons aucune chance de nous en sortir isolées, poursuivit sa compagne. Et nous savons toutes deux à quoi nous en tenir. Je ne vois pas de meilleure camarade d'infortune.

- En ce cas, c'est entendu, lui sourit Nymuë. Allons-y.

- Une dernière chose, hésita Ombrecoeur. Encore merci… de m'avoir libérée. Il aurait été plus simple pour vous de passer devant mon caisson sans vous retourner, mais vous ne l'avez pas fait. Je saurai m'en souvenir."

Le sourire de l'elfe noire s'accentua. Dans la misère qu'était devenue sa vie au cours des dernières vingt-quatre heures, trouver une alliée était certainement la chose la plus positive qui lui soit arrivée.

Ombrecoeur et elle explorèrent la plage, à la recherche d'éventuelles ressources. Elles trouvèrent plusieurs cadavres ; des passagers moins chanceux qu'elles… Mais aussi des pêcheurs. Des pauvres bougres, manifestement au mauvais endroit au mauvais moment. Leur présence, aussi macabre soit-elle, avait au moins le mérite de confirmer qu'un campement devait être situé non loin. Le plus simple, détermina la demi-elfe, était de prendre de la hauteur pour observer la région. À l'arrière du Nautiloïd, un sentier menait aux falaises surplombant la plage ; elles commencèrent par là.

Elles traversèrent la carcasse du vaisseau illithid, repérant parmi les débris les corps de flagelleurs mentaux. C'était un soulagement de savoir que ces monstres n'avaient pas survécu ; dans leur état actuel, Nymuë ne donnait pas cher de leur peau. L'elfe noire n'aperçut pas d'autres caissons, signe de potentiels rescapés. Arrivées au sommet de l'à-pic, Ombrecoeur et elle observèrent l'océan à perte de vue. La faune et la flore étaient typiques de la Côte des Épées, mais cet indice revenait à chercher une aiguille dans une botte de foin. Elles n'avaient aucune idée de où elles se trouvaient, et de quelle était la plus grande ville à proximité.

"A l'aide ! J'ai besoin d'un coup de main !" s'écria une voix non loin.

Nymuë saisit aussitôt son poignard chaîné, et Ombrecoeur sa masse. Le timbre était masculin, analysa-t-elle. Clairement pas illithid, bien que cela n'assurait aucunement l'absence de danger. Elle jeta un œil à sa compagne qui hocha la tête : autant aller voir de quoi il retournait.

Au détour du sentier, elles repérèrent un homme. Un haut-elfe, d'après sa stature longiligne et ses oreilles pointues. Il avait la beauté typique de son espèce, bien que sa peau fut plus pâle, presque livide. Ses cheveux, blancs également, étaient arrangés en boucles bien entretenues. Même ses vêtements semblaient de bonne facture, un pourpoint violet brodé d'or et de dentelles. Un civil ?

"Vite ! s'exclama-t-il à leur approche. J'ai vu une de ces saletés qu'on nous a mise dans le cerveau !"

Nymuë tiqua ; maintenant qu'elles s'étaient approchées, elle notait que le nouveau venu avait des yeux rouges sangs. Une caractéristique surprenante et plutôt propre aux membres de son espèce, paraissait-il. Les yeux de l'elfe noire se détachèrent de son interlocuteur pour examiner les buissons à proximité :

"Là, dans l'herbe, continua l'étranger. Vous pouvez la tuer, pas vrai ? Comme vous avez tué les autres ?"

Oh, tant qu'à faire Nymuë n'avait vraiment pas envie de tuer quoi que ce soit. Mais si une menace illithid avait survécu au crash, elle devait être éradiquée au risque d'infecter de potentiels innocents. La présence d'Ombrecoeur dans son dos la rassura, et elle s'avança dans la direction pointée par l'elfe à sa droite.

Elle s'accroupit et s'approcha silencieusement. La chaîne de son poignard glissa entre ses doigts. A une courte distance, elle voyait les fourrés s'agiter. Devait-elle attendre, ou prendre l'initiative ? Soudain, un sanglier surgit du taillis et manqua de la renverser. L'animal se paralysa à leur vue ; il avait le souffle court, les yeux fous. Manifestement terrifié, il détala sans demander son reste. Nymuë soupira de soulagement : il lui avait flanqué la frousse… Mais c'était toujours mieux qu'un illithid. Elle avait été chanceuse.

Du moins, jusqu'à ce que le coupant acéré d'une dague rencontre sa gorge.

"Je vous ai vue à bord du vaisseau, siffla l'elfe, allant et venant à votre guise. Qu'est-ce que vous et vos amis à tentacules m'avaient fait ?"

Prudemment, Nymuë leva les mains en signe de reddition et lâcha son poignard. Elle tourna légèrement la tête sur le côté, avant de donner un violent coup de coude en arrière. Saisissant le bras armé de son agresseur, elle tenta de le repousser, mais l'elfe avait de la poigne. Un civil ? Non, finalement ça l'étonnerait fort. Ombrecoeur se rapprocha, sa masse levée, mais l'homme resserra davantage sa prise sur sa dague :

"Gardez vos distances, feula-t-il. Pas besoin que cela termine en bain de sang.

-J'ai besoin d'elle vivante, rétorqua son alliée. Rangez votre arme, ou subissez-en les conséquences.

-Douces promesses, rit-il. Quant à vous… où en étiez-nous ? Ah oui. Le vaisseau. Vous étiez à l'intérieur, pas vrai ? Hochez la tête."

Lui lançant un regard assassin, l'elfe noire s'exécuta malgré tout. Cela parut satisfaire son assaillant, qui poursuivit :

"Bien, maintenant vous allez m'indiquer exactement pourquoi vous… Argh !"

Subitement, le monde se mit à tourner, et Nymuë se retrouva à voir une fois encore à travers des yeux qui n'étaient pas les siens. Elle rôdait au milieu de ruelles sombres, noires de monde. Elle tenta de s'accrocher à ce souvenir, mais l'image se dissipa aussitôt, remplacée par la lumière. Et avec elle, la peur.

"Qu'est-ce que c'était que ça ? cracha l'homme. Que se passe-t-il au juste ?

- Les larves, articula-t-elle difficilement, sa gorge toujours comprimée. Celles des flagelleurs mentaux… elles nous ont reliées."

L'étau enserrant son cou disparut, et l'inconnu s'éloigna. Nymuë nota que malgré la disparition de son arme il maintenait une position nerveuse, méfiante. Un animal, sur le point de bondir à tout instant.

"Les vers… reprit-il. Voilà qui explique certaines choses…"

Il sembla faire une brève analyse de cette révélation, et son attitude se transforma prestement. De menaçants, ses gestes et sa voix devinrent grâcieux et maniérés. Comme s'il n'avait pas été à deux doigts de mettre fin à ses jours la minute précédente.

"Quand je pense que j'étais prêt à décorer le sol de vos intestins ! s'exclama-t-il joyeusement. Toutes mes excuses pour cette regrettable méprise."

Nymuë frotta sa gorge, constatant avec soulagement que la dague n'avait laissé aucune éraflure. Son regard se tourna vers Ombrecoeur qui lui adressa un signe de tête entendu. Elle rangea sa masse et croisa les bras, attentive. L'elfe noire reporta son attention sur l'étrange individu lui faisant face. Ce n'était pas la première fois que quelqu'un s'efforçait de l'intimider, probablement pas la dernière non plus. Mais bon sang, c'était une nouveauté que cela soit prit sur un ton aussi léger. Elle décida de faire preuve de prudence :

"Excuses acceptées. J'aurais peut-être agi de même si les rôles avaient été inversés."

"Tient-le donc pour dit", songea-t-elle. Toutefois, cela n'embarrassa nullement son interlocuteur :

"Une âme soeur, roucoula-t-il. Je me nomme Astarion, et je me trouvais à Baldur's Gate quand ces créatures m'ont enlevé.

- Nymuë, se présenta-t-elle.

- Ombrecoeur, ajouta la dénommée.

- Un plaisir. Donc… savez-vous quoi que ce soit au sujet de ces vers ?"

L'image fugace de l'humaine se métamorphosant dans son caisson traversa l'esprit de Nymuë. Un bref coup d'oeil à l'air renfrogné de la demi-elfe lui apprit qu'elle pensait à la même chose :

"Oui, malheureusement. Ils vont nous transformer en flagelleurs mentaux."

Ledit Astarion perdit d'un coup sa superbe. L'observant avec stupéfaction, il émit un rire incrédule, avant de se ressaisir :

"Evidemment que cette saleté va faire de moi un monstre. A quoi est-ce que je m'attendais ? Remarquez… cela ne s'est pas encore produit. Si nous parvenons à trouver un expert… quelqu'un qui soit capable de contrôler ces choses… Il est peut-être encore temps d'échapper à ce triste sort."

Nymuë réfléchit. Cet Astarion ne lui inspirait pas confiance ; une lame sous la gorge n'était guère la meilleure des introductions pour bien se faire voir de son prochain. Cela dit, il était un rescapé, tout comme Ombrecoeur et elle. Et lui aussi était victime d'un parasite. Elles n'allaient tout de même pas l'abandonner seul ici… Si ? À nouveau, la prêtresse et elle se concertèrent du regard. Nymuë y vit le reflet de ses propres doutes et appréhensions. Elle inspira longuement et se concentra sur les dernières heures : rien dans ce qu'ils avaient vécu n'était logique. Ou rassurant. Même si son instinct de survie protestait, elle pouvait concevoir que d'aucun aurait une approche… belliqueuse avec des étrangers dans leur contexte actuel. Soit. L'elfe pâlichon aurait droit au bénéfice du doute, du moment qu'il pointait son arme sur autre chose que sa jugulaire.

"Vous devriez nous accompagner, lança-t-elle. Ensemble, nos chances de survie sont plus grandes que chacun de son côté.

- Hum… songea Astarion. Vous savez, j'étais prêt à continuer tout seul… Mais peut-être que rejoindre le troupeau est une bonne idée après tout. Et vous semblez quelqu'un qu'il est utile de connaître. Très bien, j'accepte."

Sur une révérence des plus exagérée, il les suivit alors qu'elles se décidaient à quitter les environs du Nautiloïd. Elles lui expliquèrent leur intention de trouver un abri et un guérisseur, tout en tentant vaille que vaille de se repérer ; l'elfe n'émit aucune objection.

Ils tombèrent sur de nombreux pièges à proximité du vaisseau ; des filets, ou des collets. L'hypothèse d'un village semblait se confirmer. Alors qu'ils remontaient la piste de leurres et de chausses-trappes, ils entendirent des voix. Un homme et une femme se disputaient :

"Zorru avait raison. Aussi jaune qu'un crapaud, et encore plus laide !

- Cette chose est dangereuse. Mieux vaut laisser les gobelins l'achever."

Nymuë aperçut un couple de tieffelins, des chasseurs au vu de leur accoutrement. Ils se tenaient devant une cage en bois, maintenue en hauteur à l'aide d'un système de poulies. Un piège sophistiqué, certainement pas fait pour capturer de la nourriture… mais plutôt pour éloigner les intrus. A l'intérieur, elle reconnut la guerrière githyanki.

"Je suppose que les mauvaises herbes meurent toujours en dernier… grommela Ombrecoeur.

- Vous connaissez cette créature ? s'enquit Astarion.

- Elle nous a aidées à nous enfuir sur le vaisseau, répondit l'elfe noire. Elle semble connaître ces parasites illithids…

- Vous n'y songez pas !" s'exclama la prêtresse.

Haussant les épaules, Nymuë sortit purement et simplement de derrière son buisson. Elle entendit ses compagnons la rejoindre, la demi-elfe pestant âprement. Aussitôt, le regard de la guerrière githyanki croisa le sien. Ses yeux la transpercèrent au point de lui faire mal au crâne. Elle n'ouvrit pas la bouche, et pourtant l'elfe noire perçut sa voix dans son esprit :

"Débarrassez-vous d'eux.", ordonna-t-elle.

Toujours aussi aimable… Nymuë se serait bien davantage interrogée sur cet étrange phénomène télépathique, mais les tieffelins se tournèrent vers eux à leur tour :

" Par les Enfers ! s'écria la femme. Une elfe des profondeurs.

- Sors ton arme, Nymessa." commanda son camarade, joignant le geste à la parole.

La jeune femme retînt un rictus. Evidemment. Elle n'était plus à Baldur's Gate dont elle connaissait chaque ruelle et coutume. Au cœur de la cité, la tolérance était élevée au rang de vertue. Si elle possédait son lot de criminels et de gens peu recommandables, il était toutefois assez rare que des citoyens fassent ouvertement défaut à la réputation cosmopolite de leur ville. Avec le temps, Nymuë avait fini par identifier quels étaient les quartiers à éviter, quels établissements augmentaient leur prix sous prétexte qu'elle était une drow, et quels individus il ne valait mieux pas énerver.

Elle n'était pas surprise. Quand elle avait décidé de partir, elle savait qu'elle rencontrerait ce genre de comportement. Elle connaissait la chanson, après tout, et Revan l'avait avertie. Sans compter qu'elle se souvenait… Mais anticiper l'animosité d'étrangers et l'expérimenter étaient deux choses entièrement différentes. Qu'à cela ne tienne…

"Filez, maintenant, ordonna-t-elle de son timbre le plus tranchant. Si vous avez deux sous d'esprit."

Si ce duo faisait partie du cantonnement qu'ils tentaient de localiser, la suite ne s'annonçait guère optimiste. Nymuë sentit les regards de ses compagnons dans son dos, et déglutit. Commençaient-ils à réaliser qu'ils avaient fait le mauvais choix en s'alliant à elle ? Allaient-ils la laisser à son sort ?

L'aîné des deux tieffelins la jaugea, puis rengaina son arme.

"Viens, Nymessa. Maintenant."

Ils fuirent en direction de l'Ouest, information que Nymuë stocka précieusement dans un coin de sa tête. Ils eurent tôt fait de disparaître, cependant, que la Githyanki l'interpella avec véhémence :

"Arrêtez de tergiverser ! Faites moi descendre !

- Le mot magique ?" questionna l'elfe noire, d'une voix angélique.

Un léger toussotement derrière elle lui indiqua qu'Ombrecoeur dissimulait - sans grand effort - un ricanement. La guerrière la dévisagea avec des intentions meurtrières au fond de ses prunelles :

"Jamais."

Nymuë roula des yeux. Soit, l'humour n'était pas la spécialité de la combattante. Ne restait plus qu'à espérer que son épée ne la tranche pas en deux dans les minutes à venir. L'elfe noire fit tournoyer son poignard. Avec une simplicité enfantine, elle projeta sa chaîne sur la poulie retenant la cage de bois. La cellule s'effondra, sa prisonnière avec elle, mais la chute ne fut guère importante. Le groupe l'avait à peine rejointe qu'elle s'était déjà relevée avec toute la dignité possible.

" Je vois que la larve ne vous a pas encore totalement embrouillé le cerveau. Voilà qui est encourageant. Sachez toutefois que plus nous attendons, plus ce mal nous consumera. Les miens connaissent le remède à cette infection. Je dois trouver une crèche. Vous allez m'accompagner.

- Oh, vraiment ? intervint Ombrecoeur. Aux dernières nouvelles, les vôtres se baladaient dans le ciel à dos de dragon rouge.

- Qu'est-ce qu'une crèche, au juste ? demanda Nymuë.

- Beaucoup de choses à la fois. Un couvoir, un centre d'entraînement, un abri aussi. Le protocole githyanki est clair : en cas d'infection par une larve de ghaik, il faut aller voir un ghustil pour qu'il procède à la purification."

L'elfe noire inclina la tête, pensive. Si tous les githyankis étaient comme celle-ci, l'idée n'était pas des plus attrayantes. Toutefois, c'était à l'heure actuelle leur unique piste…

" Je suppose que c'est une solution à envisager… réfléchit-elle tout haut. Accompagnez-nous donc. Nous verrons si nous parvenons à localiser cette, hum, crèche.

- Elle ne devrait pas être loin. Les cornus ont mentionné un camp. Là-bas, quelqu'un… Zorru… a vu des githyankis. Vous avez choisi judicieusement et vous êtes fait une alliée au sein de la crèche K'liir, lança fièrement la guerrière. Rares sont ceux qui ont cette chance. Vous pouvez m'appeler Lae'zel.

- Je m'en remets à votre jugement, siffla Ombrecoeur, mais je ne lui fais pas confiance. Pas avant d'avoir réussi à la cerner.

- Vous avez la langue bien pendue, elfe. Dommage qu'elle ne s'accompagne pas d'un esprit vif.

- Demi-elfe. Une subtilité qui vous échappe…"

Retenant un soupir, Nymuë se tourna vers Astarion. Le haut-elfe était le seul à n'avoir pipé mot de la conversation, mais il ne semblait guère hostile à leur nouvelle alliée. En réalité, il avait l'air singulièrement amusé par les échanges verbaux opposant les deux femmes devant lui.

"Très bien, donc, songea l'elfe noire, résumons cette équipe de survie. Une guerrière githyanki irascible et une prêtresse altière se querellant telles des enfants en bas âge. Un haut-elfe plus prompt à planter sa dague qu'à apaiser les tensions. Et une drow, au milieu de tout ça."

Voilà qui promettait.


Notes de fin :

Et voici pour la mise en place de l'histoire ! Le décor est dressé, nos compagnons sont réunis… plus qu'à entamer les choses sérieuses ! Je m'appuies beaucoup sur les dialogues du jeu pour le moment, mais ne vous inquiétez pas : plus les chapitres avancent, plus je mélange le discours du jeu au mien.
N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé, je vous dit à la semaine prochaine !