Chapitre 3
Bonne lecture ;)
Natsu pénétra doucement dans la chambre pour ne pas réveiller Lucy. Son odeur était partout dans la pièce. Il prit une lente et longue respiration. Cette fois, son odeur n'était pas mélangée avec les larmes ni le sang ; c'était un mélange subtil de son parfum naturel et d'autre chose…
De la menthe poivrée et des fraises des bois.
C'était ce que sentait Lucy ! Son corps réagit positivement, il se détendit. À chaque pas qui le menait vers elle, l'odeur se faisait plus puissante et agréable. Avait-il toujours fait attention à son odeur ? Son odorat développé, acquis grâce à son instinct sauvage, ne lui avait jamais permis de percevoir les autres de la même manière qu'il le faisait avec Lucy. Il savait qu'Erza sentait l'huile pour nettoyer les épées, mais il n'avait jamais vraiment fait attention à son odeur naturelle.
Le jour où il découvrit celle de Lucy, c'était un matin où il s'était réveillé après un coup de coude bien placé alors qu'il était couché dans son lit. Il s'était introduit sans autorisation, et sa colère ne s'était calmée qu'après qu'il lui ait demandé le nom du parfum qu'elle portait. C'était une odeur assez spéciale qui l'avait à la fois étourdi et intrigué. Il s'était penché en avant pour mieux la sentir, ce qui lui valut une gifle et un « pervers » en guise de bonjour, car il avait violé son périmètre d'intimité, selon ses dires. Ensuite, elle avait répondu qu'elle ne portait pas de parfum, et il avait découvert que c'était son odeur naturelle. Il n'avait pas pu la sentir correctement, car elle s'aspergeait toujours de produits qui, parfois, lui donnaient la migraine.
Si seulement elle savait que c'était inutile, son odeur corporelle était déjà la meilleure. Trop tard, à ce moment-là, il avait révélé le fond de sa pensée à voix haute, elle s'était légèrement empourprée et lui avait lancé un « idiot » en claquant la porte de la salle de bain, le laissant abasourdi.
Même aujourd'hui, il ne comprenait toujours pas ce qu'il avait pu dire de mal. Plus tard, quand il était retourné discrètement dans son lit alors qu'elle dormait, il avait été enivré d'une odeur encore meilleure : la sienne mélangée à une odeur de bois fumé. À cet instant, il avait souhaité que cette odeur ne la quitte jamais.
Il sourit à cette pensée. Ce temps lui semblait tellement éloigné. Ainsi, il voulait qu'elle porte son odeur sur elle, ou plutôt, son instinct le faisait inconsciemment, c'est pour cela qu'il retournait toujours vers elle le soir.
Il s'approcha de son lit. Elle dormait paisiblement, on aurait pu s'y méprendre s'il n'y avait pas les pansements qui recouvraient ses blessures. Il l'observa longuement, elle respirait laborieusement malgré les soins prodigués par Wendy. Son regard fut attiré par son décolleté, et il détourna immédiatement les yeux comme s'il commettait quelque chose de mal. Même en détournant le regard, il se rendit compte qu'avec sa vision périphérique, il voyait encore dessus, alors il ferma les yeux. Que lui arrivait-il ? Il l'avait déjà vue plus dévêtue que ça ; i peine une heure, elle se pavanait en bikini.
Il ouvrit les yeux mais ne regarda toujours pas. Quelques secondes après, il se sentit ridicule à être debout le visage détourné. Ça devenait absurde ; il pouvait bien la regarder, il ne faisait rien de mal. Au moment où il posa de nouveau les yeux sur elle, elle se mit à bouger dans son sommeil et changea de position pour se mettre sur son côté droit, exactement en face de l'endroit où il se trouvait. Il se raidit sur place ; super, on voyait encore mieux son décolleté. Avait-il vraiment pensé « mieux » ? Il se donna une gifle mentale.
Tout à l'heure, lorsque Grey avait fait la remarque sur son bikini et le fait que tout le monde la regardait, son sang avait fait un tour. Il était prêt à les tuer un par un et à le faire également pour avoir regardé Lucy de cette manière. Alors pourquoi ferait-il cela maintenant ? Une voix au fond de lui lui souffla que, contrairement à eux, il en avait le droit.
Lucy est à moi
Il tressaillit à cette pensée. Que racontait-il ? Il remonta la couverture sur elle, mais dans le processus, sa main glissa en dessous. Il l'attrapa avant qu'elle touche le rebord du lit. Elle remua légèrement, il se figea en tenant sa main dans la sienne pour ne pas la réveiller. Il s'assura que sa respiration était régulière, signe qu'elle était encore endormie, puis il resserra sa main sur la sienne. Il se surprit à caresser cette main, si fragile et forte à la fois. Forte avec laquelle elle invoquait ses esprits et arborait fièrement le signe de son appartenance à Fairy Tail ; fragile car couverte d'égratignures pour avoir essayé de tenir une promesse à ses amis au péril de sa vie. Cette main, il jura de la protéger quoiqu'il en coûte.
Il fut sorti de ses pensées par une lumière blanche qui éclairait leurs deux mains. Qu'est-ce que… il sentit une chaleur provenir de son corps et passer à travers sa main jusqu'à celle de Lucy, et soudain, l'égratignure avait disparu. Que s'était-il passé ? Il approcha leurs deux mains liées pour mieux regarder ; l'égratignure avait vraiment disparu !
« Si j'avais su, j'aurais directement fait appel à toi… » Une voix le fit
sursauter.
il recula instinctivement en arrière en lâchant la main de Lucy. Debout en face de lui se tenait Polyussica, avec une expression impassible. Il poussa un soupir. Cette vieille peau avait failli lui donner une crise cardiaque ; il était tellement absorbé dans ses pensées qu'il n'avait pas senti sa présence. C'était trop dangereux !
« Je ne vous ai pas entendue arriver… » Il se gratta l'arrière de la tête en souriant.
« Enfant stupide ! »
« Q-quoi ? »
Elle lâcha un souffle exaspéré et lui tourna le dos pour trifouiller dans une commode où étaient disposées plusieurs fioles. Que fabriquait-elle ?
« Je parie que tu ignores ce que signifiait la lumière blanche à l'instant… » demanda-t-elle contrariée.
Merde, elle l'avait vue ? Il devint blême.
« Je ne faisais aucun mal à Lucy, je le jure. Je n'ai vu aucune lumière blanche, » mentit-il en mode panique. « Je suis juste venu voir comment elle allait. » Pourquoi se justifiait-il ?
Elle se tourna vers lui en lui lançant un regard qui, bizarrement, lui rappela celui d'Erza. Il se figea sur place.
Merde, merde, merde !
« Les enfants de Makarov sont peut-être puissants, mais ce sont des idiots… »
« Hein ? »
Il ne comprenait rien à ce qu'elle racontait, l'ancêtre.
« Tu viens de guérir la blessure de ta camarade… »
« Oui, voilà ! Je l'ai… Attendez… quoi ? » dit-il incrédule.
Elle se remit brusquement à déplacer les fioles. Est-ce qu'elle se sentait bien ?
« Les Dragon Slayers peuvent s'auto-générer ; ainsi, parfois, ils sont capables de guérir les autres, » expliqua-t-elle comme si elle récitait un passage d'un livre. « Mais habituellement, la guérison est réservée pour leurs compagnons. »
Il hocha machinalement la tête pour éviter de la mettre en colère, mais il ne comprenait pas un traître mot de ce qu'elle lui racontait. Guérison, compagnon ? C'était quoi ce charabia ! Il ignorait que les dragons possédaient ce genre de capacités ; Igneel ne l'avait pas mentionné. Elle lui lança un regard dépité quand elle comprit qu'il ne suivait pas son discours.
« Tu ne t'en es pas encore rendu compte ? »
« Rendu compte de quoi ? » Il était sacrément largué là. Elle ouvrit la bouche pour lui répondre, mais avant qu'elle puisse le faire, il entendit Lucy remuer. Elle se réveilla et prononça son prénom.
« Je suis là, Luce… »
Lucy lui offrit un faible sourire et se redressa péniblement en se frottant les paupières. Natsu était sur le point de l'aider, mais elle lui fit signe de la tête que tout allait bien. Elle remarqua la présence de Polyussica.
« Bonjour, Polyussica. »
« Reposez-vous ! » ordonna la guérisseuse en réponse. Lucy hocha la tête.
Elle prit une fiole en mains et se dirigea vers la sortie. Avant de franchir la porte, elle s'arrêta pour murmurer un énième « idiot » avant de quitter la pièce. Natsu regarda la porte, hébété. Que s'était-il passé ?
« Un problème, Natsu ? » s'enquit Lucy.
« Hum... pas vraiment, » répondit-il distraitement. « Elle m'a traité d'idiot, je ne comprends pas pourquoi. »
Lucy roula des yeux.
« Qu'est-ce que tu as encore fait ? »
« Rien ! Pourquoi m'accuse-t-on toujours ? »
« Peut-être parce que tu es un électron libre qui n'en fait qu'à sa tête. »
Natsu grimace à cette réponse, mais au fond de lui, il était content de voir qu'elle se portait bien. C'était la Lucy qu'il connaissait ! Elle lui lança deux phrases accusatrices auxquelles il tenta de se défendre. Pour une fois, il n'était pour rien dans cette situation ; preuve en était qu'il avait réussi à se calmer sans mettre Sabertooth à feu et à sang.
Son humeur chuta à cette pensée. Il massa son front d'une main en soupirant. Un silence inconfortable s'installa dans la chambre, pendant qu'il détaillait Lucy, plongée dans ses réflexions, le visage tourné vers la fenêtre. Il s'avança vers le lit, et le silence religieux fut rompu par ses pas hésitants. En se positionnant en face d'elle, il la fit sortir de ses pensées. Elle grimace.
« Tu as mal quelque part ? » demanda-t-il en essayant de dissimuler son inquiétude.
« Oui... je... non, rien... ça doit être mon imagination ? »
« Oui ou non ? » Elle sembla hésiter avant de répondre.
Natsu sentit son regard inquiet se poser sur lui. Comment allait-elle lui expliquer ça sans qu'il ne la prenne pour une folle ? Après tout, c'était Natsu, cet idiot n'allait pas s'attarder là-dessus. Quand elle ouvrit les yeux, elle avait senti sa présence, mais elle ne s'attendait pas à le voir dans la chambre. Elle pensait qu'il serait avec les autres en train de regarder les combats suivants. Elle aurait préféré qu'il la laisse seule ; elle avait tellement honte, elle n'avait pas pu tenir sa promesse. Elle se sentait comme un boulet pour eux. Tout le monde faisait de son mieux pour la guilde... elle se sentait inutile. Les larmes lui piquaient les yeux. Il ne fallait surtout pas qu'elle pleure, elle ne voulait pas paraître plus pathétique qu'elle ne l'était déjà. Elle regarda droit devant elle et reprit la parole.
« Lorsque j'étais endormie, j'ai eu une drôle de sensation, je ne saurais pas l'expliquer... comme une chaleur qui envahissait mon corps... » Natsu l'observa pensivement, comme s'il attendait qu'elle développe. « ... J'avais l'impression que quelqu'un me tenait la main et ensuite ma magie est revenue. » Elle détourna le visage en rougissant d'embarras.
Il laissa échapper un hoquet de surprise.
Lucy se tourna instinctivement vers lui et tomba sur son visage rougissant. Il la fixa et elle se surprit à rougir de plus belle. Son regard était tellement intense que ses jambes auraient pu la lâcher si elle n'était pas allongée. Elle crut entrevoir dans ses yeux une lueur presque... sauvage, qui disparut aussitôt lorsque son regard se posa sur sa main. Elle serra le drap avec ses poings pour stopper le tremblement de son corps.
« Ne fais pas attention à ça, c'est mon imagination qui me joue des tours. »
Il sembla sortir de sa transe et se mit à rire nerveusement en se grattant la tête. Voilà Natsu de retour !
« Tu es bizarre, Lucy... euh, Grey m'a dit que tu voulais me parler avant que l'épreuve commence. »
« Je voulais m'assurer que tu sois là, » déclara-t-elle simplement avant que sa voix ne se brise. « ... mais il aurait mieux valu que tu n'assistes pas à ça... »
Elle baissa la tête honteusement.
« Luce est une idiote, » dit-il en soupirant. Hein ? Elle releva la tête brusquement pour rencontrer ses yeux, surprise de le voir lui offrir un sourire débordant de tendresse. « ... peu importe où Luce se trouve, ou où elle sera, dans cette vie ou dans une autre, je serai toujours à ses côtés, même si pour cela je dois me battre contre la mort elle-même. »
Son cœur fit un bond. Elle écarquilla les yeux sous l'effet de cette déclaration, comme si on venait de la jeter dans un volcan en éruption tant la chaleur de ses mots éradiquait son être tout entier. Un frisson lui traversa l'échine et les larmes commencèrent à couler sans qu'elle puisse les contrôler.
« Natsu... » articula-t-elle avec émotion. Il avait dû trouver de l'humour à la voir pleurer de cette manière si peu élégante, car il éclata de rire joyeusement, ce qui la fit sourire à son tour. Elle essuya ses larmes. Quand était-elle tombée pour cet idiot ?
Son sourire s'effaça aussitôt à cette révélation. Elle venait de s'avouer amoureuse de Natsu alors qu'il était juste en face d'elle. La chaleur lui monta aux joues. Natsu la regarda avec un drôle d'air. Oh mon dieu, elle ne venait quand même pas de le dire à voix haute ? Merde, elle commençait à paniquer. Que faire ? Soudain, elle sentit sa main chaude entrer en contact avec son poignet déjà brûlant ; elle allait se liquéfier.
« Quelque chose ne va pas ? » s'enquit-il. Il la terrassa lorsqu'il posa sa autre main sur son front. Par Mavis, pourquoi était-il aussi tactile ?
« Tu es brûlante, » parla-t-il plus pour lui-même que pour elle. Elle paniqua davantage, bégayant quelque chose d'incompréhensible. Rouge d'embarras, elle tenta de réfléchir à quelque chose à dire, mais avant qu'elle puisse prononcer le moindre mot, quelque chose lui tomba dessus, la faisant se rallonger brusquement sur le lit et éjectant Natsu de l'autre côté de la pièce. Ça faisait mal. Que se passait-il ? La chose gigotait au-dessus d'elle, un souffle chaud effleurant son cou.
« Ton parfum m'a manqué, princesse... »
Lucy sursauta. C'était la voix de Loki. Elle tenta de se redresser tant bien que mal en le poussant sur le côté, mais il s'accrochait à elle.
« Qui a osé te faire du mal ? Que je lui règle son compte ! » Il arborait une expression sévère. Lucy le repoussa une seconde fois. « Ne bouge pas ! Reste allongée, je pourrai mieux te protéger. » Il resserra son emprise sur elle. Son protecteur, son œil ! Il en profitait surtout. Elle avait du mal à respirer.
« Je ne suis pas en danger, Loki, je ne t'ai même pas appelé. »
« Tu n'as pas besoin de m'appeler, princesse. Je suis ton chevalier servant, je le sens lorsque tu es en danger, » se vanta-t-il. Bah voyons ! Les esprits avaient trop de liberté à son avis, mais pour cette fois, elle lui devait une fière chandelle ; il l'avait sauvée d'une humiliation certaine. Elle avait besoin de cela pour se remettre de ses émotions.
« Ton sens du danger est légèrement en panne, Loki, tu as une heure ou deux de retard, » dit-elle sarcastiquement.
« Je t'avais mise en sourdine car j'avais un rendez-vous, » expliqua le gardien du Rugulus avec la plus grande naturel du monde.
Elle écarquilla les yeux.
« Tu... as quoi ? » Elle se redressa brusquement sur ses avant-bras.
« Nous avions un double rendez-vous avec Aquarius alors... » Elle le coupa directement.
« Ce n'est pas ce que je te demandais, » dit-elle exaspérée. « Tu peux me mettre en 'sourdine' ? »
Il hocha frénétiquement la tête. Elle ferma les yeux pour maîtriser sa colère. Pourquoi cela ne l'étonnait-il pas venant de lui ? « Ça ne devrait pas me surprendre étant donné que tu apparaîs et disparais à ta guise... »
« Rien à voir avec mes apparitions. Je suis aussi un membre de Fairy Tail. Je peux te montrer mon signe... » dit-il d'un air taquin en faisant semblant de retirer sa chemise. Elle leva les yeux au ciel. Il la désespérait. Elle était sur le point de lui répliquer d'arrêter de faire l'idiot, que c'était de sa faute si elle avait perdu le combat, mais Natsu l'interrompit. Elle avait complètement oublié sa présence.
« Lève-toi de sur Lucy ! » ordonna-t-il. Son ton était sec, teinté d'une pointe d'irritation.
« Yo Natsu, je ne t'avais pas vu ! » Natsu se contenta de le fixer, debout adossé au fond de la pièce. Il avait l'air énervé. Il lui jeta un regard lourd de reproches que Loki ne saisissait pas.
Que lui arrivait-il ?
Habituellement, lorsqu'il voyait Loki, il faisait toujours le pitre en cherchant à le défier, mais là, il avait l'air contrarié. Loki se redressa en ajustant ses vêtements et jeta un coup d'œil autour de lui.
« Sommes-nous à l'infirmerie ? Tu es malade, princesse ? » s'enquit-il. Natsu grogna.
« Euh... non... oui, ce n'est rien de grave, » dit Lucy en secouant la tête.
« Je vais bien. »
« Bien sûr que c'est grave ! » cria Natsu, furieux. « À cause de ces idioties, tu as failli y rester ! »
« Arrête, Natsu, ce n'est pas de sa faute ! » cria Lucy sans même s'en rendre compte, car il la dévisagea ostensiblement avant de détourner le regard. Prise de remords, elle se mordit la lèvre pour réprimer une grimace.
« D'ailleurs, Lucy, » lança Loki pour briser le silence pesant dans la pièce, « je l'ai senti en arrivant, ta magie a quelque chose de changé, je dirais presque qu'elle est étrange. »
« Comment ça ? » demanda Lucy en panique. Loki haussait les épaules.
« Tu as mêlé ta magie avec quelqu'un ? » demanda-t-il. Lucy secoua la tête. « Peut-être un Union Raid ? » Natsu s'étrangla de l'autre côté de la pièce. Lucy ne sentait rien d'étrange ; au contraire, elle avait l'impression d'être en pleine forme, ce qui était contradictoire avec ce qu'elle avait subi tout à l'heure.
« Sa magie n'est pas étrange, » cracha Natsu, les poings serrés. « Elle est vidée, et ta présence l'épuise davantage. » Lucy fut surprise par ses paroles, tout comme Loki, qui se contenta de lâcher un simple « oh ». C'était officiel, Natsu agissait vraiment d'une manière très étrange, ça ne lui ressemblait pas du tout. Il paraissait de bonne humeur avant l'arrivée de Loki. Le silence se fit plus pesant.
« C'est moi ou il fait super chaud d'un coup ? » demanda Loki en tirant sur le col de sa chemise.
« Si tu as chaud, tu n'as qu'à quitter... » l'agressa Natsu en s'avançant de quelques pas pour se retrouver proche de lui. Les deux se fixèrent un long moment, oubliant presque la présence de Lucy. Au bout de ce qui lui parut être une éternité, Loki posa sa main sur l'épaule de Natsu et son visage se fondit en un large sourire. Ensuite, il la regarda avec le même sourire accompagné d'un clin d'œil.
« Je vous laisse, j'ai oublié le rendez-vous avec Aries. À plus tard, Natsu ! » Il disparut sans demander son reste. Ces esprits étaient vraiment trop indépendants pour leur propre bien. Lucy reporta son attention sur Natsu, qui n'avait toujours pas bougé ; il semblait être dans ses pensées. Elle se demanda pourquoi il était en colère alors qu'il était en bonne humeur avant l'arrivée de Loki. Peut-être était-ce sa faute ? C'était tellement pas ses réactions habituelles qu'elle ne savait pas comment se comporter. Elle secoua la tête pour chasser ces spéculations de son esprit et décida de puiser les réponses directement à la source.
« Natsu... » articula-t-elle doucement.
« Hum ? »
« Tu es en colère ? »
« Non. » Sa réponse fut rapide, un peu trop rapide. Lucy ne s'en formalisa pas pour autant.
« Tu agis d'une manière très étrange. »
« Non. »
« C'est la seule chose que tu comptes me répondre ? »
« Non ! »
Elle le dévisagea mais il ne cilla pas. Elle éclata dans un rire nerveux ; la situation devenait ridicule. Il était sérieux ? Elle tenta de se calmer.
« Écoute, » commença-t-elle, « si tu ne me dis pas ce qui ne va pas pour que l'on puisse en discuter, je ne saurais pas d'où vient le problème. Es-tu en colère contre moi ? » Il fronça les sourcils, ce que Lucy prit comme une invitation à continuer.
« ... c'est parce que j'ai perdu le combat ? » murmura-t-elle en essayant de paraître moins dramatique qu'elle ne l'était déjà. Il se déplaça pour la première fois depuis le départ de Loki. Il se positionna à côté du lit ; Lucy le regarda faire.
« Dis pas n'importe quoi, tu as bien combattu. » Ces mots réchauffèrent le cœur de Lucy, mais malgré sa tentative de la réconforter, elle se sentait encore mal à l'aise par la situation. C'était la seconde fois qu'elle les décevait.
« Je suis désolée... »
« Tu es désolée d'avoir remporté 8 points pour l'équipe ? » demanda-t-il en haussant les sourcils. Lucy esquissa un faible sourire ; c'était typiquement Natsu, toujours optimiste.
« Vu sous cet angle, on peut dire que j'ai remporté plus de points que toi. » Il grimace.
« Hé, Happy, Lucy sait compter. » Elle tenta de lui donner un coup.
« Tais-toi, ce sale matou n'est pas là. »
« Merde... »
Lucy éclata de rire ; la tension qui régnait dans la pièce semblait se dissiper.
Depuis quand avait-il cette influence sur son humeur ? Elle se sentait bête de se poser cette question. Si seulement il s'agissait d'une simple influence. Au train où allaient les choses, cela tournait en véritable obsession. Ses sentiments ne faisaient que grandir pour lui, surtout lorsqu'elle voyait cette lueur d'inquiétude dans ses yeux, comme s'il se souciait le plus d'elle au monde.
Elle se gifla mentalement à cette pensée pathétique ; c'était de Natsu dont on parlait. Il ferait tout pour ses amis. Même si cela lui déchirait le cœur de l'admettre, elle en faisait partie. Il ne s'intéressait pas aux relations romantiques ; elle doutait même qu'il sache l'existence d'un autre type de sentiment, en dehors de l'amitié. Il avait toujours été un idiot complet doublé d'un gamin puéril, ne se souciant que des combats.
Elle poussa un souffle car le malheur dans tout ça était que ce sont précisément ces raisons qui l'attiraient vers lui. Il était combatif, courageux, et défendait ses convictions au péril de sa propre vie. Il était loyal et ne semblait pas être une personne qui pourrait tricher. En somme, c'était l'homme idéal tout droit sorti des romans qu'elle affectionnait tant. Quelle femme n'aurait pas été attirée par cet idiot ? Bon d'accord, les filles de la guilde ne l'étaient pas... peut-être Lisana !
Depuis son retour, Lisana semblait vouloir rattraper le temps perdu. À la guilde, elle faisait tout pour être avec lui, intervenir en sa présence ; Lucy avait même surpris une conversation où elle demandait à Mira une mission pour elle et Natsu. Jour après jour, lorsqu'elle la voyait en sa compagnie, il lui arrivait de trembler par peur qu'il se rende compte que les sentiments qu'il avait eus à son égard dans son enfance avaient ressurgi.
Elle se dégoûtait d'avoir ce genre de pensées. Lisana était un membre de Fairy Tail, mais c'était plus fort qu'elle ; elle avait partagé plus de choses avec lui, alors que Lucy partageait quoi avec lui, hormis les missions et... son lit ? À cette pensée, son visage se coucha ; ne t'aventure pas sur ce terrain, Lucy. Elle passa une main sur son front en soupirant ; il fallait qu'elle mette un terme à cette ridicule obsession, et vite, sans quoi elle risquait de perdre son amitié avec lui.
Juste l'idée lui était insupportable. Elle préférait encore taire ses sentiments, même si cela signifiait en souffrir, mais au moins, elle pourrait toujours être près de lui. Peut-être devrait-elle se trouver quelqu'un ? Cette pensée lui arracha un soupir de désarroi. Comme si elle était capable de l'oublier si facilement. Il était trop tard ; elle avait déjà franchi le point de non-retour, alors que lui la regardait toujours avec un respect purement amical.
« Luce, tout va bien ? » s'enquit-il en claquant des doigts devant ses yeux pour la ramener à la réalité. Elle sortit de sa torpeur et le regarda d'un air perplexe. Bien sûr qu'elle ne se sentait pas bien, pensa-t-elle. Il n'aurait jamais deviné à qui était la faute… Elle garda cette pensée pour elle et hocha la tête pour le rassurer. Ses regards et la manière dont il prononçait son prénom faisaient naître en elle tellement d'espoir… c'était tellement cruel.
Il se leva brusquement.
« Ne fais pas cette tête, c'est à mon tour maintenant. Je vais leur faire payer ce qu'ils t'ont fait… »
Elle lui sourit faiblement. Le seul qui pouvait renverser la situation, c'était bien Natsu. Il lui rendit son sourire éclatant, et son cœur rata un battement.
« Je te fais confiance, Natsu, avec ma vie… »
Sans s'en rendre compte, elle saisit sa main dans la sienne en la serrant fort. Elle savait que ce match était très important pour lui, alors elle voulait lui transmettre toute la force de ses sentiments. Il se raidit au départ, mais lorsqu'elle maintint son emprise, il se détendit. Elle le fixa dans les yeux pour lui faire comprendre à quel point elle était reconnaissante pour tout ce qu'il faisait pour elle actuellement et tout ce qu'il avait fait pour elle auparavant. C'était grâce à lui qu'elle ne se sentait plus seule ; il lui avait donné de l'espoir, une famille et un but.
Elle le sentit se rapprocher d'elle alors elle s'accrocha encore plus fermement à sa main. Mais il l'arracha brusquement, reculant. Elle sursauta.
« Euh… désolé… je dois y aller, Happy doit m'attendre… » Il sortit en courant de la chambre. Que diable venait-il de se passer ? Elle fixa tristement la porte. Qu'est-ce qui lui avait pris de faire ça, Lucy ? Elle porta machinalement sa main encore chaude du contact et la posa sur son cœur meurtri.
À quoi s'attendait-elle au juste !?
Il sortit de la pièce comme s'il avait le diable aux trousses. Son cœur battait si fort qu'il résonnait dans ses oreilles. Il s'adossa à la porte pour calmer les palpitations que ce simple contact avait fait naître en lui.
Merde ! S'il n'avait pas quitté cette chambre à cet instant, il aurait dessiné une ligne qu'il lui aurait été impossible de gommer. Qu'est-ce qui lui arrivait ? Était-il en train de péter un câble ? Il avait failli se jeter sur Lucy. Elle était tellement fragile et vulnérable qu'il voulait la prendre dans ses bras pour ne plus la lâcher. Une simple phrase et un contact de sa part avaient eu raison de son contrôle.
Cela devenait dangereux. Lorsqu'elle l'avait pris par la main, il avait eu la sensation que sa magie circulait dans tout son corps, ce qui avait allumé un feu au creux de son estomac, un feu qui n'avait rien à voir avec son élément magique. C'était cette sensation qui avait déclenché l'élan de possessivité. À cet instant, il ne voulait qu'elle lui appartienne. Il se fit peur. Il prit son visage entre ses mains, se sentant perdu. Happy et la guilde lui appartenaient, et avec le temps, il avait fait en sorte que Lucy soit sienne aussi.
C'était sa partenaire, c'était avec lui qu'elle partait en mission et avec personne d'autre. Mais lorsque les missions étaient terminées, chacun rentrait chez soi et la vie reprenait son cours ; on ne se voyait que à la guilde. Si la guilde n'existait plus, ils n'auraient plus de raison de se côtoyer. Mais c'était grâce à la guilde qu'ils étaient partenaires maintenant. Partenaire ? Cela signifiait-il qu'elle le quitterait un jour ?
« Hé, la Salamandre, c'est là où tu es planqué ! Si tu as peur, je peux m'occuper des deux rigolos sans toi. »
Il sursauta en relevant la tête et tomba sur Gajeel debout. Il manquait plus que lui… Merde, le combat, il avait failli oublier. Il se releva rapidement.
« Je vous prends tous les trois, tas de ferraille… »
« Ghihi, je préfère ça ! »
Gajeel lui tourna le dos, et il le suivit. Il s'arrêta brusquement. Gajeel étant un chasseur de dragon, il pourrait peut-être lui fournir des informations utiles. Ce n'était pas la personne avec qui il avait le plus discuté dans la guilde, mais c'était quelqu'un digne de confiance, comme il l'avait prouvé à plusieurs reprises. Il en savait peut-être plus sur le sujet que lui, étant donné qu'il avait passé plus de temps avec son dragon. Non, il allait se moquer de lui et répéter ça à Gray. Il reprit ses pas mais s'arrêta brusquement.
« Accouche… » parla Gajeel en se tenant dos à lui. Comment savait-il ? Peu importe, il se lança et, si jamais il en parlait à quelqu'un, il lui réglerait son compte. Il avait besoin de savoir avant d'entamer le combat.
« Tu sais quoi à propos des… compagnons ? » Il entendit Gajeel ricaner avant de se retourner vers lui. Le rictus de ce dernier lui fit regretter immédiatement sa question.
« Alors là, tu m'épates, la Salamandre… finalement, tu n'es pas aussi idiot que je le pensais… »
« Quoi ? Répète un peu ça ! » Il s'élança vers lui et le saisit par le col. Il allait lui faire payer ça.
« Ghihi ! » Gajeel se dégagea de son emprise. « Tu as mis du temps, mais je suppose que tu as atteint ta limite, c'est ça ? » De quoi parlait-il ? Il parlait en énigmes. Il le plaqua contre le mur et reprit la marche dans le couloir. Qu'est-ce qui lui avait pris de demander à lui ?
« C'est la Bunny Girl, c'est ça ? »
Il se figea sur place, sentant ses joues le brûler. Merde, comment était-il au courant ?
« Tes hormones empestent à des kilomètres… D'après l'odeur qui se dégage, tu as déjà mélangé ta magie avec la sienne. » Il se retourna pour lui lancer un regard interrogateur. Gajeel secoua la tête, l'air dépité. « Je t'ai donné trop de crédit, je crois… T'as vraiment été élevé par un dragon ? »
« Tu veux vérifier par toi-même ? » répondit-il en armant son poing de flamme. Gajeel recula en arrière.
« Ne m'approche pas, l'odeur me tue déjà à cette distance. » Il se renifla, mais ne sentit rien de particulier.
« Tu ne peux pas la sentir, tu y es déjà habitué… Bref, tu devrais arrêter ce merdier avant que quelqu'un ne soit blessé. »
« Oui, toi ! »
Il s'approcha de lui.
« T'es con ou quoi… » Gajeel prit une longue respiration. Il commençait à le briser. Il n'était pas obligé de l'écouter. Gajeel s'adossa contre le mur. « Partenaire de guilde est une chose, et compagnon en est une autre », dit-il. Il s'arrêta brusquement dans son élan pour l'écouter. « Toi et moi avons été élevés par des dragons et nous savons à quel point les dragons peuvent être territoriaux. Lorsqu'ils prennent possession de quelque chose, cela devient leur trésor. Ils sont extrêmement possessifs envers ce qui leur appartient, surtout envers leurs compagnons… Lorsqu'un dragon prend un compagnon, c'est pour la vie. Igneel a dû t'en parler. » Il détourna la tête pour cacher un rouge sur ses joues. Pourquoi rougissait-il déjà ? Lucy ! L'élan de possessivité qu'il avait ressenti tout à l'heure était-il lié à cela ?
« Je vois que tu es conscient de vouloir te l'approprier… »
Merde, il voulait se l'approprier !
Il écarquilla les yeux. Gajeel sourit.
« Ce n'est pas vrai ! » Même à ses propres oreilles, cela sonnait comme un mensonge.
« Bien sûr que c'est vrai. Tu as mélangé ta magie avec la sienne… même si cela semble plus être un accident. » Il serra les poings pour contrôler sa colère.
« J'ai soigné sa blessure… » murmura-t-il doucement. « Je ne l'ai même pas fait exprès. »
« La guérison est réservée aux compagnons. » Il avait déjà entendu ça quelque part. « Nous avons côtoyé assez longtemps ces foutus dragons pour hériter de leurs capacités. Après tout, c'est eux qui nous ont transmis la magie de chasseurs de dragons. »
Il regrettait presque d'avoir fait le pitre pendant que Igneel lui donnait des leçons.
« La voie sur laquelle tu t'engages est dangereuse. » Gajeel se redressa.
« Tu devrais en parler à Bunny avant de la putain de thésauriser. Tu es un héritier de dragon, mais elle n'est qu'une simple humaine. Les méthodes auxquelles nous avons recours sont parfois dangereuses, et la perte, même d'un potentiel compagnon, peut mener à la folie. Alors sois certain de ton coup avant de mettre dans ta stupide tête l'idée de la réclamer. »
Perdre Lucy ? Il avait expérimenté un avant-goût de ce que pouvait être sa perte à peine une heure plus tôt, et il avait failli perdre la raison. Il serra les poings. Il ne devait pas faire référence à sa mort mais au fait qu'elle puisse partir, s'en aller avec quelqu'un d'autre. À cette pensée, ses poings se crispèrent. Cette idée lui faisait plus mal qu'il ne voulait bien l'admettre. Elle ne pouvait pas se trouver quelqu'un d'autre ; elle devait être ici, avec lui… avec lui.
Quand Loki était entré en contact avec elle, il avait cru qu'il allait le brûler vif. Même s'il était un nakama et que l'esprit de Lucy à cet instant lui était indifférent, il voulait seulement qu'il s'éloigne d'elle. Il voulait lui faire mal, et cette pensée l'effrayait. Il ne supportait déjà plus qu'un autre la touche familièrement, alors qu'est-ce que ce serait lorsqu'elle serait complètement à lui ?
« Qu'est-ce que je dois faire… » murmura-t-il paniqué.
Deylie : Effectivement, que vas-tu faire ?
Natsu : Sans commentaire..
