Bonjour à tous, voilà la suite des aventures de notre duo.


Chapitre 10: La survie (deuxième partie)

La matinée était fortement avancée dans la journée, mais Stoïck ne s'en souciait guère. Aujourd'hui, il allait apprendre à pêcher et fabriquer des pièges à Harold. L'enseignement importait peu, seuls les moments passés avec son fils comptaient beaucoup pour Stoïck. Maintenant, il faut reprendre les cours.

- Debout mon garçon, on va reprendre les techniques. Va te débarbouiller le visage, ça t'aidera à te réveiller.

Harold sortit de la grotte et partit vers le lac, il s'arrêta un instant pour profiter du calme des bois ainsi que les cris des oiseaux. Il prend de grandes inspirations pour se détendre, et finit par se jeter de l'eau sur la figure. Lorsqu'il a fini d'émerger, il retourne à la caverne pour y trouver son père qui l'attendait.

- Bien, maintenant nous allons fabriquer des collets. Ce sont des pièges qui te permettront d'attraper des lapins; ne t'amuse pas à les chasser, ils sont trop rapides. Donc quand tu ne peux ni chasser ni pêcher, le piège est la seule option. Alors maintenant, viens t'asseoir. Je vais te montrer comment on fait.

Harold s'assoit et regarde avec attention les mouvements de Stoïck.

- Alors, tout d'abord, il te faut une corde de la longueur de ton bras. Ensuite, plie l'une des extrémités du câble sur lui-même en arrière pour créer une boucle simple, comme ceci. Pour t'aider, tu peux enrouler la corde autour de ton doigt pour lui donner la bonne forme et la bonne taille. N'hésite pas à en laisser en plus en bas de la boucle, ce sera le nœud coulant. Maintenant, enroule l'excès de la boucle autour de la corde environ cinq à six fois pour le maintenir fermement en place. C'est la partie la plus importante du piège et la boucle doit y être fermement attachée. Petite astuce, pour tester la force de la boucle, tu peux mettre ton doigt dedans et de tirer sur la corde. Si le nœud se défait, tu dois l'enrouler une nouvelle fois pour créer une boucle plus forte. Essaie.

Harold testa son nœud collant, mais lorsqu'il tira sur la corde; le nœud se défait. Cependant, il ne désespère pas. Il réessaye encore et encore, avec à chaque fois le même résultat.

- Stop Harold, ça suffit. Tu auras tout le temps de t'exercer après. Regarde bien. Prend l'autre extrémité de la corde et fait-la passer par le nœud coulant. Glisse la corde jusqu'à obtenir un grand cercle. Comme maintenant. Patiente encore un peu, j'en fabrique d'autres.

Stoïck recommence ces opérations jusqu'à obtenir quatre cordages de pièges.

- Ensuite, il faut trouver un endroit pour poser le piège. Il faut aller dehors, à ton avis, quel serait le meilleur endroit pour piéger les lapins?

- Un passage où les lapins passent régulièrement.

- Lequel?

- Mmmmh, je dirais dans les herbes hautes et dans les petits chemins.

- Exact, mais sauras-tu les reconnaître?

- Non.

- Alors, suis-moi.

Harold et Stoïck sortèrent de la grotte pour s'enfoncer dans les bois, ils y empruntent l'un des chemins.

- Maintenant, il faut chercher des herbes hautes et des petits sentiers. Mais attention, pas n'importe lesquels. On doit trouver des indices qui prouvent que ces animaux les empruntent quotidiennement: cherche de l'herbe foulée, ou encore des traces de lapins. Elles ressemblent à peu près à ceci.

Stoïck dessina dans la boue ce qu'il pense être des traces de lapins.

- Essaye de trouver des traces qui ressemblent à ça. Et ensuite, regarde s'il y en a beaucoup. Cela prouve que le chemin est très fréquenté.

- Compris.

La journée passea très rapidement lorsque l'on cherche quelque chose de précis. Finalement, dans l'après-midi, Stoïck a trouvé ce qu'il cherchait. Il appella Harold qui accourt aussitôt.

- Voilà les empreintes que l'on cherchait. Tu vois ces empreintes? Elles prouvent que ce sentier est très fréquenté. Nous allons poser les pièges dans cette zone. Maintenant, il nous faut le support qui nous servira à attacher le cordage. Il faut trouver l'endroit propice, remontons ce chemin.

Après quelques minutes de minutes de marche, ils trouvent des endroits pour poser les pièges.

- Nous y sommes, il y a des branches basses suffisamment solides. Dans le cas où tu n'aurais pas cette chance, tu devras fabriquer l'armature pour créer le piège. En plus, j'ai l'impression que cet endroit est encore plus fréquenté que les autres. Bon, maintenant, il faut attacher le collet à la branche. Ta boucle doit pendre, et tu vas enrouler l'autre extrémité de la corde autour de la branche. Je te montre.

Stoïck s'exécuta et Harold ne perdit pas une miette de cette leçon.

- Maintenant que le collet est en place, il faut obstruer les espaces aux alentours. Utilise des pierres et des branches pour t'aider. Il faut forcer le lapin à foncer dans le collet, et le piège fera le reste. Je vais installer les autres pièges.

Chacun partit voguer à ces occupations, dès que Stoïck eut fini de placer les autres pièges, il aida Harold à mettre en place leur stratégie. La journée est fort avancée lorsque que l'installation des pièges fut terminée. Harold et Stoïck rentrèrent donc à la grotte.

- Papa, pourquoi tu as installés plusieurs pièges?

- Pour avoir plus de chances de capturer des lapins: plus tu disposes de pièges, meilleurs seront tes résultats. De plus, vérifie une seule fois par journée tes pièges. Si tu le fais constamment, tu effrayeras les animaux sauvages.

- D'accord.

- Maintenant, je vais t'apprendre à pêcher avec la lance qu'on à fabriquer. Pour cela, on va devoir se mouiller dans le lac. Quand tu as plusieurs sources de nourriture, n'hésite pas à la varier. Cela t'évitera de tomber dans une routine. Mais pour cela, encore faut-il attraper ton repas. D'où ces différentes techniques.

- Et peut-on la varier avec des fruits?

- Si tu as dans le coin, pourquoi pas. Mais j'en doute, ces arbres ne poussent pas trop dans la région à cause du froid. Déjà qu'à Beurk, les arbres donnent un peu de fruits, et j'ai l'impression qu'ils ne trouvent pas preneur.

- Je pense être le seul à en manger.

- Tu dois être le seul, en effet. Personne d'autres n'en veut. Je me demande pourquoi tu en prends.

- Parce que lorsque tu as une fringale, c'est juste ce qu'il faut pour tromper la faim.

- Mange plus pendant les repas dans ce cas.

- ça me suffit largement. Et puis, je ne vais pas me goinfrer comme Rustik et ne plus pouvoir bouger. En cas d'attaque, il se fera découper en morceaux.

- Il en profite, et puis il te faut des forces pour affronter nos adversaires.

- Comme tu l'as dit, c'est soit le plus fort soit le plus ingénieux. De toute façon, je vois bien que les autres ne me respectent pas. Ils ont peur parce que je suis le fils du GRAND Stoïck la Brute. Sinon, ils m'auraient déjà banni.

- Ne dit pas ça, je t'interdis de penser une chose pareille.

- Arrête de ne pas regarder la vérité en face. Si tu ne me crois pas, demande à Gueulfor. Il entend les ragots mieux que tout le monde. Les vikings n'aiment pas les différences, mais je ne désespère pas. J'aurais un avantage sur eux.

- Ah bon, et lequel?

- Je serais habitué à les combattre, pour eux, le combat ressemble à: TAPER, TAPER, TAPER, TAPER ET TAPER. De toute façon, je n'aurais aucune chance si je rentre dans leur jeu. Donc, je dois trouver ma façon de combattre. Et comme mes adversaires n'auront jamais été confrontés à un tel adversaire, ils seront déstabilisés. Mon effet de surprise compensera mon manque de force. Et maintenant, le débat est clos. Je me moque de ce que tu voudrais dire pour trouver des excuses aux autres.

Stoïck resta perdu dans ses pensées pendant tout le restant du trajet. Ce n'est qu'une fois qu'Harold le secoua qu'il constate que le lac est devant eux.

- Papa, tout va bien?

- Euh, oui. Reprenons. Je vais t'enseigner une technique de pêche, c'est la plus ancestrale que les vikings connaissent. Cette technique consiste à rentrer dans l'eau, lance à la main. Avance jusqu'à avoir de l'eau jusqu'à la taille, et reste immobile aussi longtemps que possible. Les poissons s'approcheront de toi sans méfiance, tu armeras ton bras et d'un coup sec, tu fendras l'eau. Bien sûr, cette technique ne donnera pas tout le temps le résultat espéré mais tu arriveras à en avoir. Sinon, au lieu de rentrer dans l'eau, tu peux rester sur la terre ferme mais seulement si ce sont des cours d'eau. Et encore, il faut que le poisson soit le plus proche possible de la surface de l'eau. Sinon, il s'échappera. Mais ne t'inquiète pas, à force de persévérance, tu y arriveras.

Harold met en application les directives de Stoïck, et comme prévu, il échoua à chaque reprise.

- Ne désespère pas. Quand tu seras seul, tu n'auras pas d'autres choix que de réussir si tu veux survivre. Il ne faut pas compter seulement sur les pièges, ils ne sont efficaces si, et seulement si, ils sont placés au bon endroit. Et avec de la réussite. Donc, tu dois apprendre à pêcher si tu n'as rien dans les pièges. Reste immobile aussi longtemps que possible.

Harold prend donc son mal en patience et resta donc immobile. Un bout d'un temps qui semble une éternité, Harold voit des poissons qui nageaient à proximité de lui. Il arma lentement son bras, et d'un geste brusque, abat la lance sur le poisson. En ressortant la lance de l'eau, il constate qu'un poisson est au bout de celle-ci. Tout fier, il se tourna vers son père et se dirigea vers lui.

- Tu as vu papa? J'ai réussi à le faire.

- C'est bien Harold, mais maintenant, il en faudrait deux de plus. Attend un peu, le raffut que tu as fait à fait fuir les poissons. Je te laisse te débrouiller, si tu as besoin d'aide, viens me chercher. Je serais dans la grotte à t'attendre. Je vais chercher du bois pour le feu.

L'après-midi se déroula beaucoup trop rapidement au goût d'Harold. Il a réussi à reproduire sa performance qu'à deux reprises seulement. Mais suffisant pour nourrir son père et lui.

- Ah Harold, je vois que tu as réussi à en attraper d'autres.

- Oui, mais pas suffisamment. J'avais espéré en pêcher plus.

- C'est en faisant des échecs que l'on apprend le plus. Tu ne maîtrises pas encore cette technique. Mais ça ne devrait plus tarder si tu t'entraînes encore. Viens te réchauffer près du feu, je prépare le repas.

Harold va s'asseoir près du chaud et regarde son père s'acharner sur les poissons. Il revient avec trois brochettes: une pour Harold et les deux autres pour lui. Stoïck lui tendit la sienne, et Harold s'empresse de la mettre sur le feu. Il surveille la cuisson et la déguste de bon cœur. Une fois le repas fini, il part se coucher, exténué par cette rude journée.

La matinée est bien avancée lorsqu'Harold se réveille enfin. Il constate qu'il est seul dans la grotte, il repousse la fourrure loin de lui et sort dehors. La journée d'hier était difficile, il espère que celle-ci soit plus facile. Il remarque son père au bord de l'eau et s'avance vers lui.

- Papa, que fais-tu?

- Rien de spécial, j'ai ramassé des branches de bois et je t'ai laissé dormir. Aujourd'hui, on va revoir la fabrication des pièges et tu repêcheras pour parfaire ta technique. Mais avant, nous allons vérifier nos pièges. Tu es prêt?

Harold acquiesce et tous deux se dirigent vers les chemins étroits. Une fois arrivés sur place, ils constatent qu'un seul piège à fonctionné. Un lapin s'est fait attraper et est mort d'épuisement en voulant se libérer.

- Heureusement qu'il est mort en voulant se libérer, ça m'aurait fait mal au cœur de devoir le tuer devant toi. Bon, nous aurons du lapin pour ce midi. Rentrons au camp.

Le petit groupe se mit en route sans toucher aux autres pièges.

- Harold, après le repas, tu vas répéter la fabrication du collet et ta technique de pêche. Je veux que tu t'entraînes à ça uniquement pendant les jours restants.

- D'accord papa.

Comme Stoïck l'avait prévu, Harold se consacre à l'art de la survie. Ces quelques jours ne suffiront pas à en faire un expert, mais suffiront pour se débrouiller seul. Ces journées d'entraînement passèrent tellement vite qu'Harold ne se rend pas compte que le jour du retour est arrivé.

- Tu n'as rien oublié Harold?

- Non, j'ai toutes mes affaires.

- Alors cap sur Beurk, et rentrons à la maison Moussaillon.