Bonjour à tous, le résultat du raid de la dernière est à l'ordre du jour. Ainsi qu'une nouvelle expédition qui ne va pas plaire à tout le monde.
Chapitre 12: La médecine
Le raid de la nuit dernière fut l'un des plus destructeurs que Stoïck ait vu, mais les dégâts les plus irréparables sont ceux qui ont été causés par le Furie Nocturne. Pour une raison qu'il ignore, les matériaux qui étaient sur les bâtiments ne peuvent pas être réutilisés pour en reconstruire des nouveaux. Ils sont bons pour la ferraille. Le Conseil de Beurk est donc demandé en urgence au Grand Hall.
- Mes amis, merci d'être présent ce matin. Je suis conscient que vous n'avez pratiquement pas dormi cette nuit mais cette réunion est extrêmement importante. Nous devons être présent mentalement pour réparer les dégâts. J'ai pu en voir une partie mais je veux tout savoir. Millas, je t'avais demandé une liste des dégâts pour aujourd'hui, quelle est gravité?
- Eh ben, les nouvelles ne sont pas très rassurantes. Des maisons entières sont brûlées, la Tour de guet est détruite, ce qui veut dire que l'on a plus de Corne de Brume, la catapulte est explosée, de nombreux blessés sont à déplorer. Et plus inquiétant, l'embarcadère est endommagée.
- Nom de Thor, quel massacre. C'est bien plus grave que je ne le croyais. Nous vivons des heures graves mes amis, il faut trouver rapidement des solutions pour tout remettre en état. Beurk ne doit pas s'affaiblir.
C'est le moment choisi par Gothi pour attirer l'attention de tout le monde en tapant son bâton sur la table. Elle sort ses moyens de communications, et traca ses symboles. Et comme d'habitude, c'est Gueulfor qui s'y colle.
- Elle dit qu'il ne faut pas se concentrer sur ce qu'il y a de négatif, mais plutôt sur les choses positives.
- Et en quoi trouve-t-on du positif dans un raid de dragons? demande Olaf.
- Elle dit qu'il faut se concentrer sur ce qu'il reste sur Beurk. M'en demandez pas plus, je traduis ses dires.
- Que reste-t-il sur Beurk à part des ruines et des blessés?
Gothi, passablement énervée, effaça son message, en réécrit un autre et regarde bien fixement Gueulfor.
- Euh, je … je ne peux pas lui dire ça quand même. C'est le Chef.
Gothi perdit patience et tapa Gueulfor en lui remontrant bien le message.
- ça va, j'ai compris. Pas la peine d'utiliser des méthodes brutales. Alors, elle dit que tu es une cervelle de mouton mêlée avec une réflexion de coquillage et d'un caractère de cochon. Ne te focalise pas sur la destruction mais sur les bâtiments encore intacts. Le raid aurait pu être pire.
- Mais que veut-elle dire?
- J'ai compris, s'esclaffe Gueulfor. Millas, dans ta liste, c'est bien tous les bâtiments qui sont détruits ou endommagés?
- Oui, c'est bien cela.
- Alors, la vieille chouette a encore raison. De mon côté, la forge n'a rien subi, tout comme l'armurerie. J'aurais juste du travail supplémentaire pour refaire les armes endommagées.
- L'entrepôt n'a pas été attaqué, nos fournitures et provisions ont été épargnées.
Sven le Silencieux effectua des gestes pour communiquer des informations et c'est Olaf qui sert d'interprète.
- Les troupeaux ont perdu quelques têtes, mais ceux-ci ne sont pas éparpillés. Les clôtures doivent être reconstruites ainsi qu'une étable. Et il a pu constater que le puits n'a rien.
- Au moins, nous aurons de l'eau. C'est le principal, maintenant nous devons réparer les dégâts. Mais par où commencer?
- Il faudra diviser les réparations en trois parties, déclare Stoïck. L'embarcadère doit être reconstruite pour pouvoir accueillir les navires marchands, d'autant plus qu'ils ne vont pas tarder à arriver. La reconstruction de la vigie est aussi importante que primordiale, si un ennemi attaque, nous devrons le voir arriver. Et enfin, les Beurkiens doivent avoir un toit pour dormir. Dans notre malheur, aucune famille avec un enfant en bas âge n'a perdu de maison.
- Quand à moi, je vais avoir besoin d'un coup de main pour la forge des armes. Je prendrais le Gamin.
- Harold? Mais il ne tiendra pas longtemps.
- Pas dans ce sens-là, il me faudra des bras et des yeux pour surveiller le feu, le niveau de l'eau ou pour ranger les armes. Ton fils est certes maigrichon, mais il m'aide bien dans mes tâches en cas de coup de bourre. Je me concentre sur la forge, lui sur les tâches annexes. Requête non négociable. Et puis, lorsqu'il est à la forge, tu n'auras pas besoin de le surveiller. Alors?
- Il a raison Stoïck, intervient Olaf. Il n'y a que Gueulfor, Gothi et moi-même qui arrivons à contenir Harold. Et il y aura tellement de remue-ménage que les autres jeunes voudront aider en plus. Donc, il faudra trouver une activité pour eux.
- C'est bon, vous avez gagné. Quant aux jeunes, nous trouverons quelque chose pour eux. Conseil terminé.
Dans le plus grand calme, les membres les plus influents et les plus respectés de Beurk quittèrent le Grand Hall vers leurs activités programmées. Stoïck dirigeait le groupe de réparation de la jetée, Millas et son groupe reconstruisaient la Tour, Olaf suivait avec attention l'avancée des chantiers des maisons, Gothi soignait les blessés, Gueulfor et Harold étaient à la forge.
Comme il a été convenu, Gueulfor forgea les armes endommagées. Harold, quand à lui, alimenta le feu et surveilla sa réserve de bois. Il géra également l'eau du bac de refroidissement ainsi que l'eau potable car la chaleur devient vite infernale, surtout pour Harold parce qu'il est plus jeune. Enfin, il évacua les armes réparées vers l'armurerie où Sven le Silencieux les rangea. Le soir venu, Harold monta directement dans sa chambre et s'écroula sur le lit. Valka, inquiète de voir Harold ne pas redescendre, monta dans sa chambre et le trouve endormi. Elle le recouvra d'une peau de fourrure et descend en silence retrouver Stoïck.
- Il dort paisiblement, je n'ai pas le cœur à le réveiller.
- Tu as raison de le laisser dormir, Gueulfor m'a dit qu'il n'a pas arrêté de cavaler entre l'armurerie, la forge et l'entrepôt. La seule pause qu'il a fait est celle du repas de midi. Rien d'étonnant à ce qu'il soit épuisé. Il aura encore du travail dans les prochains jours.
- Demande à Gueulfor de le ménager quand même.
- Ne t'inquiète pas, il en prendra bien soin. S'il voit qu'il faiblit, il fera une pause. Et puis, ce n'est que pour 2-3 jours. Après, il sera avec Gothi pour aller cueillir des plantes. Je lui ai proposé un autre jeune mais elle a insisté pour que ce soit lui, elle doit savoir quelque chose mais elle ne veut pas me le dire.
- Gothi sait des secrets qu'elle ne veut pas révéler, sauf si il s'agit d'un cas extrêmement important.
- Tu as raison, je dois me faire du souci pour rien. Harold sera fortement sollicité dans les jours à venir.
Pendant les deux jours suivants, Harold continuait d'aider à la forge. Mais lorsque Gueulfor n'a plus besoin de lui pour les tâches restantes, il l'envoie chez Gothi. Lorsqu'il arrive dans sa hutte, il va voir la guérisseur qui est en train de changer un bandage. La voyant occupée, il patienta donc dans la pièce principale. Lorsque le guerrier blessé quitta la maison, Harold part dans la chambre. Gothi lui fit signe d'attendre et part dans la réserve. Elle en revient quelques minutes plus tard avec un livre et des paniers.
- Pourquoi me donnes-tu ce livre?
Harold la laissa écrire au sol avant de déchiffrer le message.
- Je comprends, c'est pour pouvoir apprendre à connaître les différents lieux où poussent les plantes. Et après, je devrais apprendre à faire certains soins? Je ne vois pas pourquoi tu veux que j'apprenne ça, mais c'est d'accord.
Harold devient perplexe quand Gothi dessina sa réponse.
- Comment ça, je m'en servirai dans un avenir proche? Quels secrets caches-tu?
En guise de réponse, Harold n'a droit qu'au sourire de chat de la guérisseuse.
- Très bien, je m'avoue vaincu. Mais je me demande quels secrets tu caches.
Harold et Gothi partirent donc dans la forêt pour trouver les seules plantes disponibles sur Beurk. En temps normal, le clan des Cueilleurs dispose de nombreuses plantations et il n'est pas rare de voir Gothi y aller pour renflouer ses réserves. La journée se déroula très vite et Harold est autorisé à ramener le livre chez lui. Devant le regard suspicieux de son père, Harold se défend.
- Elle m'a dit que j'aurais besoin de reconnaître ces plantes dans un avenir proche. J'ai essayé d'en savoir plus, mais elle ne m'a rien dit de plus.
- Tu sais ce que je pense des livres?
- Oh que oui. A part le Manuel des Dragons, les autres sont bons à être jeter. Mais comment Gothi peut-elle transmettre ses connaissances si elle ne peut pas parler. Et puis, lorsqu'elle annonce à quelqu'un que telle ou telle chose sera importante pour lui, elle a toujours eu raison. Donc on ne va pas la contredire.
- N'empêche que j'ai encore des doutes.
- Stoïck, arrête de l'embêter. On a compris ton point de vue, mais Gothi a toujours réussi à démontrer ses dires. Laisse-lui le bénéfice du doute.
- Si tu le dis.
- Je monte me coucher. Bonne maman, bonne nuit papa.
- Bonne nuit Harold, répondent en chœur les parents.
Harold monta dans sa chambre et alluma une bougie sur son bureau. Il commence la lecture du bouquin et apprend une multitude de choses: l'apparence physique de la plante, sa particularité de développement, quelles parties à utiliser dans les soins (baies, feuilles, racines, sève) mais surtout la partie des plantes les plus toxiques. Harold finit par s'endormir sur son chevet, et c'est Valka qui le coucha lorsqu'elle vit que de la lumière émanait de sa chambre.
La reconstruction de Beurk avanca lentement mais sûrement. La jetée est pratiquement réparée, les navires marchands vont pouvoir accoster sur l'île. Du côté de la défense, un gros débat a animé le chantier: devait-on construire la tour de guet ou la catapulte en premier? Après des échanges un peu physiques et des arguments échangés violemment, Millas a tranché: la Vigie d'abord, et la catapulte ensuite. Quant aux maisons, celles qui ont été désignées comme prioritaires ont été bâties. Ensuite, en fonction des matériaux disponibles, presque tous les dégâts du raid ont été effacés.
Malheureusement, pour les dommages humains, c'est une autre histoire. Bien que personne ne soit mort ou ait perdu un membre, le village réclame une justice. Mais essayer de trouver le Nid quand 400 ans de générations de vikings ont échoué, Stoïck ne voit pas quelle solution il doit adopter. Et quand des voix s'élèvent pour dire que les méthodes employées ne sont pas les bonnes, Stoïck demanda alors:
- Que les personnes qui ont une meilleure idée s'annoncent. Personnellement, je ne sais pas laquelle est la meilleure.
Et comme Stoïck l'avait prédit, le calme revient car personne n'a d'idée. Il est donc convenu qu'une nouvelle expédition pour trouver le Nid partira dans deux jours. Stoïck rentra donc chez lui et annonça la nouvelle à sa famille.
- Encore? Mais pourquoi pars-tu papa? Pourquoi ne restes-tu pas sur Beurk?
- Harold, c'est pour mettre fin à cette guerre que je fais ça.
- ça ne te suffit pas de perdre des navires et des vies? Personne n'a trouvé le Nid, et ceux qui naviguent trop profondément dans le brouillard meurent. Je ne veux pas que ça t'arrive.
- Harold,….
- Non, pourquoi t'obstines-tu dans une expédition vouée à l'échec? C'est d'un père présent que je veux, pas un mort que seuls les proches se souviennent.
Devant les yeux surpris de Stoïck, Harold monte s'enfermer dans sa chambre. Stoïck s'apprêtait à le rejoindre mais Valka l'en empêcha.
- Laisse-le se calmer. J'irai lui parler plus tard.
Stoïck s'avoua vaincu, et part s'asseoir sur sa chaise. Il ne veut pas partir en expédition sur cette scène, et attend qu'Harold se calme. Malheureusement, il n'ouvra à personne et le jour du départ, Stoïck est extrêmement déçu de ne pas voir son fils. Et c'est le cœur lourd que Stoïck part affronter les dangers une nouvelle fois.
