Bonsoir à tous, un petit moment Mère/Fils et un Old Wrinkly ayant des méthodes peu orthodoxes.


Chapitre 13: L'arbre de la vie

Les journées se ressemblent pour Valka: la pauvre doit s'occuper d'Harold qui n'arrêtait pas de se morfondre depuis le départ de son père. Elle a essayé de lui remonter le moral à plusieurs reprises mais en vain. Elle décide donc de le laisser et part voir son père.

- Oh, bonjour ma fille. Comment vas-tu?

- Pas très bien, Harold s'est enfermé dans sa chambre dès l'instant où Stoïck a annoncé repartir trouver le Nid. Depuis, il n'ouvre à personne, même pas à moi.

- De ce côté-là, il tient bien de son père. Le caractère de la lignée Haddock, je pense que le jour où il sera en colère, aucun n'osera le contredire car personne ne s'attendra à ça.

- ça, je l'ai bien remarqué. Lui qui est si calme d'habitude, il était furieux contre son père. Qui plus est, en utilisant des mots que je ne pensais pas qu'il comprenne.

- Harold est très intelligent, et c'est sa grande force: car là où ses adversaires pensent qu'ils auront le dessus, Harold leur prouvera qu'ils ont tort. Il doit juste trouver sa manière de se battre, car la manière viking ne lui correspond pas.

- Que veux-tu dire par là?

- Ton neveu Rustik en est l'exemple le plus flagrant: grand, fort, fier et surtout très têtu. Mais contrairement à Harold, il se fera manipuler par ses pairs et Beurk foncera droit vers sa perte. Mais je pense que certains sont en train de se rendre compte des ambitions des Jorgenson, cette guerre muette entre Stoïck et Mastok ne passe pas inaperçue. Ils ont vu comment se comportent les deux jeunes lorsque d'autres clans sont invités: et Harold gagne la ferveur de ses concitoyens. Il faudra juste qu'il prouve qu'il est un viking dans l'âme malgré sa différence.

- Tu viens de me donner une idée, merci papa.

- J'ignore ce que je t'ai dit, mais sache que ma porte sera toujours ouverte.

Valka dit au revoir à son père, et retourna dans sa maison. Elle monta vers la chambre d'Harold et constate que la porte est toujours fermée.

- Harold, mon grand, c'est moi. Ouvre la porte.

Toujours pas de réponse.

- Harold, ouvre-moi. Te morfondre à longueur de journée ne servira à rien. Viens avec moi, je veux te montrer quelque chose.

Valka patiente quelques minutes, en vain. Elle s'apprêtait à partir lorsqu'elle entend le verrou de la porte. Harold a finalement décidé de sortir sans pour autant être euphorique.

- Viens, il faut que tu te changes les esprits. Allons sur la falaise.

La petite famille quitta donc la maison, remonta le village et se dirigea vers les falaises qui donnent une vue imprenable sur Beurk. Valka laisse Harold quelques instants avant de l'emmener dans la forêt. Ils s'enfoncèrent dans une partie qu'Harold n'avait jamais explorée. Ils atteignent leur destination: un terrain accidenté avec un chêne au milieu. Harold en avait déjà vu, mais il ne voit pas ce qu'il a de spécial; à part le fait qu'il est plus petit que les autres.

Valka descend la pente, suivi de près par Harold. Ils ont progressé lentement mais ils arrivent finalement au pied de l'arbre, la première impression d'Harold se renforca dans sa tête.

- Je t'ai amené ici pour une bonne raison. Dit-moi tes impressions à propos de cet arbre.

- Il est plus petit que tous ceux que j'ai vu, il n'offre pas d'abri aux animaux, et à la moindre tempête, il se fera déraciner.

Valka s'esclaffe de rire, devant l'air incompris d'Harold.

- Si ce n'est pas toi qui me disait ces termes, je jurerai que ces propos ont été tenus par tes oppresseurs.

- Et en quoi ça a de drôle? C'est ce que je subis tous les jours, si on omet les actes physiques de Rustik.

- Alors, laisse-moi te raconter son histoire que mon père m'a racontée. Lorsqu'il avait ton âge, il est parti en forêt avec son père bûcheron pour refaire le stock de bois. En cherchant des arbres qu'ils allaient abattre, ils sont tombés sur cet endroit. Ils ont vu que de nombreux chênes poussaient ici, et que celui-ci était plus petit que les autres. Au fur et à mesure que les années passaient, les arbres se développaient normalement sauf celui-ci: il restait plus chétif, plus petit, et n'offrait pas de position de sécurité pour les animaux.

- Alors, pourquoi est-il encore debout?

- Je vais y venir. Mon père m'a amenée à cet endroit, comme toi, j'ai proposé tes mêmes suggestions. Mais il me disait de ne pas me fier aux apparences, que cet arbre nous surprendrait. Une semaine avant mon mariage avec ton Père, une tempête mémorable s'est abattue sur Beurk. Des dégâts monstrueux ont été causés: dans le village, mais également en forêt. Old Wrinkly était chargé de vérifier l'état des alentours, mais également de décider si des arbres trop endommagés doivent être abattus. Finalement, il a décidé de venir ici. Et il a été sous le choc.

- Ah bon? J'ai l'impression que plus rien ne le surprend.

- Et bien détrompe toi. Les arbres qu'il y avait jadis dans ce terrain accidenté ont été déracinés, la terre retournée due à l'exposition des racines. Mais un seul a survécu, encore intact et se tenait fièrement sur ses racines: ce chêne.

- Comment est-ce possible? Si des chênes plus volumineux sont tombés, pourquoi est-il encore debout?

- ça, je ne sais pas. Il a une petite idée mais il n'en est pas sûr. Il pense que le fait qu'il ait grandi à côté d'une petite mare est un élément déterminant. Pourquoi, il ne le sait pas, mais il en est persuadé. Et cet arbre autrefois renié par tous à offert un abri de fortune pour les animaux en détresse. Maintenant, ils ont trouvé un autre abri mais cet arbre reste d'une importance capitale, surtout pour Gothi.

- Pourquoi?

- Gothi m'a confié une révélation, elle vient voir ce chêne à l'approche de l'hiver et toujours à une même date. En fonction de sa forme, elle est capable dire si l'hiver sera rude ou pas. Ses feuilles changent de couleurs en premier, mais lorsque l'hiver est passé, c'est toujours sur lui que l'on trouve les premiers bourgeons. Il est un peu, le grand Gardien de cette forêt. Lorsque que l'on connaît les signes du message qu'il veut nous communiquer, on prend les mesures nécessaires. Et c'est depuis cette tempête que l'on a pris en considération ce chêne, qu'il ne fut plus ignoré.

- Pourquoi m'as-tu amené ici alors?

- Tu rappelles ce chêne à Old Wrinkly.

- Ah bon?

- Tu es né en avance et en plein cœur de l'hiver. Aucun nouveau-né ne survit normalement, et pourtant, nous avons cru en toi. Et aujourd'hui, tu es là. Tu es certes différents des autres, mais un événement surviendra où les vikings normaux échoueront, mais toi, tu le réussiras.

- Je suis curieux de le savoir alors.

- Je pense que Gothi est au courant et elle n'ose pas le dire.

- Ou peut-être qu'elle ne peut pas. Si les Dieux lui ont envoyé un message et qu'elle ne peut pas le dire ou le dire entièrement à l'intéressé.

- La tradition veut qu'à chaque naissance, elle lit les étoiles la nuit suivante. Et tu n'as pas échappé à la règle.

- Je ne veux pas savoir ce qu'elle vous a dit, si on sait à l'avance ce qu'il va se produire, où est l'intérêt de la découverte?

- Je te rassure, la seule chose que j'ai retenu et qui me rassurait à l'époque, c'est que tu allais vivre. Enfin bref, il se fait tard. Rentrons maintenant.

Les jours suivants, et sur l'avis de sa mère, Harold passa le plus clair de son temps entre les cours avec Gothi, et les leçons d'écriture avec Old Wrinkly. Il est vrai que les viking considèrent l'écriture comme secondaire, cependant des mots peuvent changer l'importance de la tournure des phrases. Et la tâche s'annonça ardue car Harold se trouvera seul contre tous sur ce domaine. Mais après des heures de cours, Harold commençait à s'énerver.

- Raaaah, ce n'est pas possible. Pourquoi il y a tant de mots qui existent?

- Parce que sinon, on aurait un langage bestial. Mais il est vrai que la langue nordique est la moins complexe à apprendre, cependant elle a le même point commun que les autres: les mots.

- Comment ça?

- A ton avis, pourquoi Beurk a pu prospérer et être une des îles les plus craint et respectée?

- Je ne sais pas.

- C'est grâce à Hamish Ier. Lorsque les guerres eurent lieu, et que la victoire finale ne faisait plus de doute, Hamish Ier a imposé des conditions de réparations sur papier. Et là où il a bien négocié, ces conditions doivent avoir les signatures des vainqueurs et des défaits. Cela prouve que tout le monde a pris conscience des actes et qu'il n'y aura pas des tentatives de corruption.

- Mais pour imposer des conditions, il faut être respecté de tous. Ce qui est de loin être mon cas.

- Le moment viendra où tu trouveras ton style de combat. Néanmoins, l'esprit ne doit pas être négligé. Tu en as dans la caboche, comme dirais Gueulfor. C'est ton arme la plus meurtrière si je peux le dire. En tant que chef, tu auras un avantage sur les autres, à condition que tu gardes ton sang-froid et que tu ne te laisse pas déstabiliser ou intimider par ton adversaire.

- Plus facile à dire quand on a du vécu et que l'on…..

- TAIT-TOI

Harold en resta bouche-bée, c'est la première fois que son grand-père haussa le ton.

- Je ne veux plus t'entendre dire ça, si je te pousse à t'enseigner cela, c'est que tu peux surpasser les autres dans ces domaines. Dans la guerre, le vainqueur n'est pas forcément le plus fort. Il faut croire en ses capacités, c'est tout. Les cours sont finis pour aujourd'hui, si tu penses que tout cela n'en vaut pas la peine, ne viens pas demain. Maintenant, OUSTE.

Encore abasourdi par ces déclarations, Harold ne rentre pas directement chez lui. Il partit directement sur la falaise, et s'affala contre un arbre. Il ressasse ces paroles, mêlées à celles de sa mère et de Gueulfor. Toujours la même chose: ton heure viendra, patiente un peu, quand tu seras chef, ….. Au bout d'un moment, il en a marre et s'enfonça dans la forêt. Ses pas l'amenèrent auprès du fameux chêne qu'il a vu quelques temps auparavant, et il s'assoit sur un rocher, en fixant l'arbre d'un regard absent. L'après-midi passa rapidement, et lorsqu'Harold sortit de sa stupeur, la nuit est en train de tomber. Il décide donc de rentrer à la maison, n'adressa pas un regard à sa mère et monta dans sa chambre. Valka a été mise au courant du saut d'humeur de son père, et pourtant il est d'un tempérament très calme. Cependant, elle décide de ne pas aller voir son fils. Elle doit trouver les mots pour qu'il se ressaisisse, mais elle sait qu'il est rejeté et souvent rabaissé parce qu'il est différent des autres, et ça n'aide pas à prendre confiance en soi.

La nuit fut très courte pour Harold, il a passé le plus clair de son temps à cogiter mais le lendemain matin, il a les idées plus claires. Il se pointe devant la porte d'Old Wrinkly pour la suite des cours. Devant le changement soudain de son petit-fils, il reprend de plus belle. Harold cessa de se plaindre, et n'arrêta pas de le questionner pour en savoir plus. Un jour, Old Wrinkly lui donna en récompense un carnet et un crayon. Il espère pouvoir développer son esprit créatif, ou tout simplement juste de quoi prendre des notes. Cette ambiance est nettement meilleure, et cela se ressent sur l'humeur d'Harold, c'est tout ce dont il avait besoin en ce moment.