Nouveau chapitre et bienvenue à Malougrey qui suit cette histoire.
Bonne lecture à tous.
Chapitre 22: L'école de la forge
Harold se coucha à l'ombre d'un grand arbre, complètement exténué. Qui aurait cru qu'il regretterait les leçons d'Inghen? Tu vas subir un véritable bourrage de crâne qu'elle disait, Frödo et Thorvid vont te retourner la tête.
- Oh, ma tête. Je n'en peux plus, j'ai l'impression qu'elle va exploser. Je comprends mieux pourquoi mon Père mettait un bloc de glace sur la tête après le Jour des Plaintes. Le point d'eau n'est pas loin, je vais aller faire trempette, ça va me détendre.
Harold se leva et mit le cap vers la cascade la plus proche. Au bout de quelques minutes, il arriva à destination. Après s'être assuré qu'il n'y avait aucun danger, il finit par se dévêtir que le torse. Il rentra doucement dans l'eau, puis finit par se laisser entièrement immerger. Au bout d'un moment, Harold finit par se détendre et son mal de tête finit par disparaître. Il resta pendant quelques instants jusqu'à ce qu'il détecta un bruit étrange.
- Qui va là? Montrez vous!
Personne ne lui répond autre que le bruit de la cascade. Harold fonça vers ses affaires.
- Sortez d'ici, je n'ai pas peur. Je vous préviens, je suis armé.
Et pour confirmer ses dires, Harold pointa vers la forêt le poignard que lui a donné Gueulfort. Au bout d'un instant, un Terreur Terrible jaune sortit d'un buisson.
- Oh, un seul dragon comme toi? Mais où sont tes congénères?
Comme s'il comprenait les paroles d'Harold, il s'arrêta net et le fixa.
- Que cherches tu petit bonhomme pour te risquer aussi près d'un humain? À moins que tu n'en ait jamais vu?
Le petit dragon huma l'air, et renifla de plus en plus fort vers le sac d'Harold.
- Oh non, tu ne toucheras pas à mes baies. Tu n'en auras pas.
Malgré tout, le Terreur Terrible continue d'avancer avec difficulté.
- Mais, tu boîtes? Que t'est-il arrivé?
Harold tendit doucement la main, mais le petit dragon se braqua et un prit un air défensif menaçant.
- Oh, doucement! Je ne te veux aucun mal. Mais comme tu es blessé, tu prends des risques insensés pour quelques baies. Hmmmmpf, je peux très bien partagé et t'en laisser quelques unes.
Et pour confirmer ses paroles, il prend quelques baies et les laisse tomber par terre. Il s'écarta pour laisser le Terreur Terrible s'approcher. D'abord méfiant, il avança prudemment jusqu'au petit tas. Après avoir reniflé, il avala goulûment baie après baie. Une fois la dernière engloutie, il fixa Harold et commença à s'avancer vers lui avant de s'arrêter et de regarder la forêt derrière lui. Au bout de quelques instants, il s'envole sans demander son reste
- Je me demande où il est parti? Et qu'est ce qu'il a entendu?
- Excellente question, déclara Thorvid. Surtout qu'il n'a jamais regardé dans ma direction, à aucun moment.
Harold sursauta en l'entendant et s'aperçoit qu'il n'a jamais remarqué sa présence, toute son attention était focalisée sur le petit dragon. Le grand viking avait surgi des buissons de l'autre côté de la cascade.
- Tu devrais te méfier Harold, tu étais vulnérable à ce moment précis. Dans la nature, en dehors des petits, il n'y a que trois moments où les animaux sont les plus vulnérables: quand ils mangent, s'abreuvent et s'accou... Euh.
Thorvid se tait juste à temps pour se rappeler qu'Harold n'a que dix ans.
- Continue Thorvid, quel est le troisième moment de vulnérabilité?
- Euh, hmmpf. Quand un mâle et une femelle se complètent l'un à l'autre et ne font plus qu'un.
- Je ne vois pas où tu veux en venir.
- Et heureusement d'ailleurs, tu n'es pas encore en âge de comprendre cela. Bref, pour en revenir au début, tu aurais pu te faire tuer et te faire manger parce que des dragons assez dangereux vivent sur cette île.
- Je ne pense pas qu'aucun dragon soit assez fou pour venir ici. Ou alors, il doit être redouté par le Cauchemar Monstrueux d'Inghen.
- Pourquoi affirmes tu cela? Je te trouve bien sûr de toi.
- En effet, et je peux t'affirmer mes dires. Il est incroyablement grand pour sa taille, donc il est plus intimidant que ses congénères. De plus, il est extrêmement territorial. Alors, à moins d'être aussi petit qu'un Terreur Terrible ou bien un Furie Nocturne, aucun autre dragon ne se risquerait de venir aussi, malgré le fait que j'ai pu voir quelques Gronckes, Dragons Vipère et Hideux Braguettaure.
- Tu m'as l'air bien sûr de toi pour tes hypothèses.
- Tu viens d'avoir la preuve que la première est juste. Le Terreur Terrible est petit, et ne peux pas engendrer de blessures mortelles quand il est seul. En revanche, sa plus grande force réside dans son groupe. Même le plus courageux des vikings se repliera devant un groupe de Terreur Terrible.
- Et concernant ta deuxième hypothèse, le Furie Nocturne? Permets moi d'être sceptique quand à son existence.
- J'ai déjà entendu son cri lors des raids sur Beurk. Je ne l'ai jamais vu; mais même chez les dragons, je pouvais distinguer leur crainte. Pourtant, je pense qu'il ne peut être plus imposant que le Cauchemar Monstrueux.
- Comment ça? Comment peux tu être sûr alors que tu ne l'as pas vu?
- Le Cauchemar Monstrueux en impose et sa mort au combat verra son bourreau en tirer une gloire et un respect vis-à-vis de ses pairs. Le Furie Nocturne, c'est différent. Déjà, j'imagine que toutes ses écailles sont noires: le camouflage parfait pour des attaques nocturnes et se repositionner sans être vu dans la nuit. Ensuite, il doit être agile et rapide. Pas aussi agile que le Dragon Vipère mais nettement plus rapide. À moins qu'au final il n'y ait pas un seul mais plusieurs Furie Nocturne et ma théorie tombe à l'eau.
- Mmmmh. Effectivement, tes conclusions ont du sens au vue de tes théories.
- De toutes façon, je pense que je trouverai bientôt mes réponses. Harald m'a confirmé qu'il y en avait un sur cette île. Donc je serai fixé.
- Tous les dragons ne sont pas comme le Terreur Terrible de toute à l'heure. Ils ne resteront pas sage avec quelques promesses et des baies.
- Tous, non. Mais la plupart, tant qu'ils ne se sentent pas en danger.
- Quoique je te dise, tu ne changeras pas d'avis. Bref, arrêtons de savoir qui a raison et partons d'ici. Je n'ai pas fini mes leçons.
Ce que le petit groupe ne sais pas, c'est que toutes ces actions ont été surveillées depuis la lisière de la forêt.
Le retour vers la grotte dura une éternité selon Harold, sans compter qu'il se retournait sans cesse. Au bout d'un moment, il arrête de regarder la forêt et suis Thorvid. Arrivé à la grotte, Harold s'assoit à la table et rouvre son carnet.
- Alors, reprenons là où l'on s'est arrêté avant notre pose, déclara le forgeron. Comme je te disais, pour qu'une arme soit fiable, il faut plusieurs conditions. Les premières viennent lors de sa construction. On utilise du fer principalement, mais les fameuses épées légendaires Ulfberht sont produites à partir d'acier au creuset. Cet acier, principalement produit en Orient est très cher, d'où le fait que ces épées sont peu courantes. Cet acier procure une dureté et une élasticité supérieures aux épées classiques, une grande résistance aux chocs, et une facilité à les extraire des boucliers. Le choix des matériaux est donc très important, ensuite intervient le travail du forgeron. Le fer doit être fondu à la bonne température pour qu'il soit malléable, puis refroidi pour redevenir solide. Le forgeron travaille le fer, il enlève toutes les impuretés pour rendre le fer aussi pur que possible et réduire le risque qu'elle casse. Une fois purifié, le fer est de nouveau fondu puis versé dans un moule déjà fabriqué. Le forgeron laisse refroidir l'ensemble, puis refait chauffer l'extrémité de la lame avant de l'insérer dans la poignée. Il enlève le surplus de métal et apporte les derniers détails à l'arme.
Thorvid prend quelques instants de pause, laissant Harold finir ses notes et reprit de plus belle.
- Malgré tous ses efforts, l'épée reste quand même fragile. Son propriétaire doit l'entretenir, c'est comme les fleurs et les femmes. Ça demande du temps, de l'attention et de la patience. C'est pour cela qu'il faut aiguiser la lame pour qu'elle reste tranchante et brillante. Un viking tire de l'orgueil à avoir une arme la plus belle possible. Et la dernière phase la plus importante, le combat. Pourquoi à ton avis?
- En partant du principe que le propriétaire ne néglige pas son arme, je ne vois pas.
- Et bien, l'épée peut être conçu pour résister aux chocs mais pas éternellement. Quand quelqu'un te frappe, que remarques tu sur ton corps?
- S'il me frappe suffisamment fort, je m'en sortirai avec des douleurs et des ecchymoses, répondit Harold.
- Exactement, et c'est la même chose pour les épées. Lorsque deux armes s'entrechoquent avec violence, elle perdent des petits bouts de métaux et perdent leur tranchant. Elles sont aiguisées par le forgeron...
- Qui enlève une partie du métal pour retrouver le tranchant de la lame, mais elle sera plus petite. Jusqu'au jour où la lame se cassera car trop fragile ou parce qu'elle est trop petite.
- Exactement. Tu as tout compris. C'est pour ça que les boucliers sont utilisés comme protection. Parer avec une épée n'est pas conseillé, sauf si elle a été conçue pour cela. Mais tu peux utiliser ton arme pour en dévier une autre, l'intégrité de l'arme sera préservée.
- La forme de l'arme a-t-elle une importance aussi?
- Bien sûr, mais ça c'est une autre leçon. J'en ai est fini pour aujourd'hui. Je te laisse, toi et ta tête bien rempli. Bonne nuit Harold.
- Bonne nuit Thorvid.
Dès que le forgeron est sorti, Harold sort pour allumer un feu. Il resta assis près de la chaleur du foyer, à manger son repas et à relire ses notes. Il finit par s'allonger au sol et contempler les étoiles. Lorsqu'il sent que la fatigue arrive, il éteint ce qui restait du feu, part s'envelopper dans les fourrures de son lit. À peine sa tête posée sur son oreiller qu'Harold ferma ses paupières et s'endormit paisiblement.
