Grosse frayeur pour tout le monde, sur un simple quiproquo!


Chapitre 28: Présentations

- Harold, vas tu me répondre? Es tu làààààààààààààààààààà!

Inghen recula brutalement en trouvant Krokmou à la place d'Harold.

- Qu'est-ce que c'est que ça? D'où sors tu et qu'as tu fais de mon apprenti?

Comprenant le désarroi de sa partenaire, le Cauchemar Monstrueux rugit tellement fort que son cri aurait pu être entendu sur l'île voisine de Wuju. Il s'enflamma et se plaça en face de Krokmou.

Bien que son adversaire soit bien plus imposant que lui, Krokmou est bien déterminé à protéger son ami. Ainsi, il ne sortit pas de la grotte: son adversaire étant bien trop grand pour l'atteindre. Il se contenta de crier et essayer de l'intimider, mais c'est peine perdue. Le Cauchemar Monstrueux est dans une rage tellement forte qu' Inghen a du mal à le raisonner. Finalement, elle décida de saisir son épée et fait face à l'entrée de la grotte.

- J'ignore qui tu es; mais si tu es là, c'est que tu as chassé Harold d'ici. J'espère pour toi qu'il ne lui ait rien arrivé, sinon je vais te transformer en descente de lit. Maintenant, écarte toi.

Devant le refus d'obtempérer de Krokmou, Inghen s'avança droit vers ce dernier. Voyant une menace imminente, Krokmou ouvrit sa bouche et s'apprêta à lancer une boule dévastatrice.

- Krokmou, non. Arrête, c'est une amie, déclara Harold en fermant la bouche de Krokmou qui a pour conséquence d'éteindre brusquement la boule d'énergie. De la fumée sortait des deux côtes de sa bouche, Krokmou regarda son ami d'un air mécontent.

- C'était ça, ou je bougeais ta tête pour dévier le tir. Je ne voulais pas que tu la blesse. Désolé Inghen, tu lui as fait peur, il ne faisait que de me protéger.

- Par les dieux, peux tu m'expliquer ce que c'est , Harold? Et pourquoi il est dans ta grotte?

- Avec plaisir. Mais avant, je vais devoir calmer quelqu'un dehors sinon il va occasionner beaucoup de dégâts et finira par se blesser tout seul. Il est sacrément énervé, je ne l'ai jamais vu comme ça.

Prenant son courage à deux mains, Harold se mit dans le champs de vision du Cauchemar Monstrueux. Quand ce dernier l'aperçut, il recula mais restait tout aussi agressif.

- Du calme, il n' y a plus rien à craindre! déclare Harold en levant ses deux mains tout en se dirigeant vers le dragon tout feu tout flamme. Regarde moi, regarde moi! Je suis là, en seul morceau et indemne. Je ne me suis pas fait agressé, il n'y a aucune raison d'être agressif. Calme-toi.

Les paroles apaisantes d'Harold commençaient à faire effet sur le dragon énervé, mais pour autant il continuait de brûler. Harold redoubla d'effort et continua à lui parler tout en restant dans son champ visuel. Ce n'est que lorsque la dernière flamme s'est éteinte qu'Harold ose toucher le dragon. L'effet est immédiat, le contact de la paume sur ses écaille apaisa le Cauchemar Monstrueux et il sortit de sa transe. Il observa Harold d'un air désolé.

- Ne t'excuse pas, tu n'as rien fait de mal. Tu as cru qu'Inghen était menacée par Krokmou et donc tu as voulu la protéger. Ce n'est pas grave, approche ta tête.

Le dragon s'exécuta et Harold posa une main sur la tête écailleuse de la créature et commença à le caresser. Les minutes défilaient et Inghen décida de briser le silence.

- Peux tu m'expliquer ce qui vient de se passer? Qu'est ce que c'est que cette …. chose?

- Du calme Krokmou, elle ne peut pas savoir. Inghen, voici Krokmou. Krokmou, voici Inghen. Tu lui as fait peur quand tu t'es approché, il a cru que tu voulais me faire du mal. Il ne faisait que de me défendre.

- Excuse moi de m'inquiéter. Je m'aperçois que ton système d'alarme est endommagé, pour ne pas dire complètement détruit. Tu ne répondais à mes appels et pour finir, ton ami à écailles se pointe devant moi et me menace. Peux tu me dire comment je dois le prendre?

- C'est sûr que dit comme ça, c'est complètement différent de ce que je pensais! déclara Harold mal à l'aise en se mettant la main droite derrière la tête.

Inghen se détendit et détourna le regard. Elle le sent, et elle le sait qu'Harold est différent. Elle l'a vu dès le début, et pourtant elle ne pouvait se retenir de s'inquiéter pour lui. Ce sentiment, lui seul pouvait le déclencher chez elle: ce sentiment que seule une mère peut ressentir. Elle en a eu des apprentis, tous sont morts et pourtant elle était restée de marbre. Harold, au contraire, a réussi à faire remonter des sentiments qu'elle avait réussi à enfouir au plus profond d'elle-même et qu'elle espérait oublier.

Ce chenapan est décidément unique en son genre, comment fait il ça? Et en a-t-il même conscience?

Inghen est sortie de sa rêverie lorsqu' Harold passa une main devant son regard vide.

- Harold à Inghen, j'appelle son esprit. Est-ce qu'il est là?

- Qu'est-ce qu'il te prend tout à coup? Tu ne m'avais jamais montré autant d'audace auparavant.

- Concernant quoi? Le passage de ma main quand j'ai vu que tu ne m'écoutais pas ou mon intervention sur ton compagnon de voyage.

- Euh ….. je …. je... les deux.

- Tu es sûr que ça va Inghen? Je ne t'ai jamais entendu bégayé, c'est une première pour moi.

- Répète ça à tout le monde et je te jure que tu passeras un sale quart d'heure.

- Ah, voilà l'Inghen que je connais, ça me rassure. Bon on va commencer par ce qui vient de se passer. Vois tu, je me suis réveillé ce matin par Krokmou et pour répondre à ta question qui va arriver: Krokmou est un Furie Nocturne.

- Comment? Le Furie Nocturne de cette île?

- Je ne sais pas si c'est LE Furie Nocturne qu'Harald m'avait prévenu, mais en tout cas, c'en est un: je l'ai reconnu à son bruit caractéristique. Bref, pour en revenir, il m'a suivi jusqu'à la grotte. Malgré le fait qu'il soit plutôt à l'aise pour se déplacer, il n'a pas passé mon système d'alarme avec ….. discrétion. Je pense qu'il est carrément passé au travers, ce qui explique l'état dans lequel il se trouve.

- Et tu ne l'as jamais entendu? Il a dû faire un boucan du diable en l'enlevant.

- Malheureusement, non. J'étais tellement fatigué que je n'ai rien entendu. Bref, lorsque tu es arrivé, j'étais en train de le caresser. Quand il t'a entendu arriver, il s'est mis en tête de me protéger. Ton dragon voulant te protéger, cela n'a fait qu'envenimer la chose. C'est tout ce que je peux dire.

- Vraiment? C'est tout?

- Oui, je ne vois pas ce que je pourrais rajouter.

- Je ne sais pas, genre par exemple une telle confiance pour empêcher ton ami de m'exploser. Ou bien ton assurance pour calmer mon Cauchemar Monstrueux.

- Je ne saurais te dire, je ne peux l'expliquer. Pourtant je peux t'assurer une chose: j'étais mort de peur.

- Comment ça?

- Quand Krokmou allait tirer, j'ai eu peur de te perdre. Perdre la seule personne qui a cru en moi, perdre la seule personne capable de m'apprendre à me battre. La seule personne qui sait que je suis gaucher, qui ne me juge sur mon apparence physique mais sur mes capacités et mes compétences. Perdre une personne qui compte réellement pour moi en dehors de ma famille. Mais maintenant que j'y pense, est-ce seulement possible de tuer une personne qui est soi-disant entre deux mondes? Vas tu directement aller à Hel ou à Asgard? Je n'ai pas envie d'avoir ma réponse tout de suite.

Devant les propos d'Harold, Inghen prit le temps de les assimiler d'abord. Une fois qu'elle pense avoir les réponses, elle se tourna vers lui.

- Pour ta gouverne, ce n'est pas possible de tuer quelqu'un qui est censé être mort. Donc je ne crains rien. Le seul individu que ton ami, …... euh comment s'appelle-t-il déjà?

- Krokmou.

- Pardon, donc le seul individu que Krokmou aurait pu tuer est mon compagnon à écaille. Donc s'il devait y avoir des morts, ça aurait été nos dragons.

- Comment ça, «nos» dragons?

- Krokmou te fait suffisamment confiance pour que tu puisses le toucher. Et il t'a défendu lorsqu'il te pensait en danger. Quoique tu dises, je pense qu'un lien a commencé à se former entre vous deux. Il ne fera que se renforcer au fur à mesure des années et des aventures.

- Ah bon?

- Je t'arrête tout de suite, inutile de se sentir pousser des ailes d'explorateur. Je le vois dans ton regard, tu as les yeux qui pétillent. Cela dit, je devrais tôt ou tard aménager ton entraînement. Et t'envoyer dans la forge de Thorvid.

- Pourquoi?

- De une, vu que tu viens d'avoir un nouveau partenaire, je suppose que tu voudras amener les combats dans les airs. En clair, je suppute l'hypothèse que tu lanceras les offensives depuis les airs. Ça déstabilisera ton ennemi, et surtout tu auras une vue globale du champs de bataille. Pratique pour prendre des décisions assez rapidement. Et de deux, tu voudras chevaucher rapidement Krokmou. Par conséquent, il te faudra une selle. Thorvid étant un excellent cavalier de son vivant, il a conçu ma selle. Avec difficulté mais il a réussi. Et comme je sais que tu fourmilles d'idées, tu voudras t'en occuper personnellement. Je te demanderais juste de ne pas te blesser pendant les tests.

- C'est en faisant des erreurs que l'on apprend le plus. Et je ne fait jamais deux fois la même erreur.

- Je sais, mais c'est de ton esprit indescriptible que j'ai peur. Je ne sais pas ce qui se passera dans ta tête.

Les deux humais se taisent et fixaient un point dans l'horizon qui n'existait pas.

- As tu pensé aux conséquences d'un tel acte?

- Pardon?

- Je te repose la question, Harold Haddock. As tu pensé aux conséquences que ton amitié avec un dragon pourrait avoir dans l'archipel?

- Non, pour l'instant je n'y ai pas songé. C'est encore trop tôt.

- Je vais être franche avec toi. Quand je t'ai vu, j'ai su que tu repartirais vivant d'ici et que tu briserais cette malédiction, je pourrais enfin quitter ce monde. De mon point de vue, ce sera une libération. Tu n'imagines pas le nombre de jeunes que j'ai vu s'entre-tuer pour tenter de rentrer chez eux. Dans ma vision, tu quittais l'île à dos de dragon. Je ne savais pas encore lequel.

- Pourquoi se donner autant de mal pour moi alors?

- Parce que …... tu connaîtras beaucoup de malheur dès ta sortie. J'ai discuté avec Harald, et sans te dire ton avenir et en restant dans la limite de l'acceptable, ton amitié ne sera pas bien pris dans toute l'archipel. Tu te mettras à dos beaucoup de monde.

- Et beh, c'est joyeux comme programme.

- Je ne te le fais pas dire. Si je t'entraînes, c'est pour que tu ailles au bout de tes convictions, et que tu puisses défendre tes idées et ceux qui compteront le plus à tes yeux. Car oui, tu connaîtras de très grands bonheurs dans ta vie.

Inghen prit une pause et sécha une larme qui commençait à couler le long de sa joue.

- Tu es le premier qui me fait cet effet: je n'ai jamais ressenti autant d'affection pour un gamin. C'est pour ça que je veux te préparer du mieux que je peux, et tant que j'en aurais la possibilité. Krokmou chamboule un peu les plans, donc je vais devoir réajuster le programme.

- Je sens que je vais souffrir plus que d'habitude.

- Tu n'as pas idée.