Chapitre 8 : Vie à Poudlard (Suite)
Les cours de la journée se passèrent bien. June impressionna, par son savoir, la plupart des professeurs de l'école.
Allant de la professeur de Métamorphoses et directrice de Gryffondor, Minerva McGonagall - devant qui elle métamorphosa une tasse en un hérisson particulièrement bien réussi – jusqu'au Professeur Flitwick auquel elle fit une démonstration d'un sort de saucissonnage parfaitement réalisé sur l'un de des élèves de la classe. Elle provoqua également l'admiration de la professeur de divination, Sibylle Trelawney, devant qui elle se prédit à elle-même un futur digne des plus horribles scènes d'horreur, faisant au passage rire aux éclats ses camarades de classe, et quelle que soit la maison.
Elle avait ainsi rapporté de nombreux points à Serpentard ce qui contenta grandement ses camarades.
Puis arriva le dernier cours de la journée, le cours de Potions avec le détestable professeur Rogue. June perdit sa bonne humeur en repensant à leur altercation matinale mais décida de ne rien montrer pour ne lui donner aucune satisfaction.
La porte s'ouvrit à la minute où la cloche retentit dans le château. Le professeur de potions les attendait, debout, les bras croisés, devant son bureau. Il les regarda s'installer avec un regard sévère puis, quand tous furent assis, attendant un ordre, une parole, ou un quelconque signe de leur professeur, celui-ci commença à parler.
-« Silennnnce ! » S'exclama-t 'il
June haussa un sourcil. Aucun élève ne parlait avant qu'il ne s'exprime. Sa remarque était donc totalement inutile. Elle retint un sourire.
Il est encore plus fêlé que je ne le pensais.
-« Bien. Vous vous souvenez sans doute que vous passez les ASPICS en fin d'année. Une épreuve difficile dans laquelle beaucoup d'entre vous, si ce n'est tous, échoueront très certainement. Les potions sont un art d'une extrême complexité. L'élaboration de potions n'est pas comme de la « cuisine » contrairement à ce que certains d'entre vous pourraient penser. Il faut de la précision, du doigté, du flair et un esprit vif pour obtenir des potions parfaitement réalisées. Bien sûr je n'attends pas de vous que vos potions soient parfaites, vous en seriez bien incapables de toute façon. Mais je souhaite qu'elles soient au minimum valides si vous souhaitez obtenir la moyenne dans ce cours. » Expliqua le sorcier d'un ton méprisant.
Il fit une pause et fixa l'assemblée de son regard onyx comme pour leur graver ses dernières paroles dans la tête.
-« Bien. » Continua-t 'il. « Aujourd'hui vous allez me préparer en solo la potion du Filtre de Paix. Une potion extrêmement complexe mais à votre programme. Vous trouverez la recette à la page 153 de votre manuel et vous avez tous les ingrédients nécessaires à son élaboration sur vos paillasses. Je ne veux pas entendre un mot durant tout le cours. Au travail. »
Les élèves se mirent tous à l'œuvre sans discussion et bientôt on entendait seulement le bruit des ingrédients que l'on coupaient, broyaient, effilaient ; les chaudrons glougloutants de potions ou encore les louches qui remuaient en sens horaire ou antihoraire dans un tintement métallique.
Le professeur Rogue passa la moitié du cours à raturer les copies des premières années. Il devait avouer qu'il y était allé fort en leur donnant dès le premier jour un examen testant leurs connaissances sur le domaine de la potion d'Enflure. Autant dire que c'était un beau ramassis de débilités qui le fit soupirer plusieurs fois.
Au bout d'une heure à préparer ses ingrédients et à touiller sa mixture, June se mit à élaborer la seconde partie de la préparation. Partie la plus complexe. Celle qui nécessitait un maximum d'attention car à tout moment, un quart de tour de cuillère en trop et la potion pouvait exploser dans la pièce, mettant à néant tout le laborieux travail d'amont.
June était extrêmement concentrée. Il n'était pas question pour elle de rater sa potion à ce moment crucial. Elle avait toujours été forte en potions, une de ses matières préférées. Au cours de sa longue scolarité, quand elle était seule et qu'elle avait un moment de libre, elle en profitait pour revoir certaines recettes et les améliorer. C'était un exercice qui la détendait et qui mettait son intelligence à profit. Ses potions étaient tellement efficaces que l'infirmière de l'Institut Durmstrang lui avait demandé de lui en préparer pour l'infirmerie, ce qu'elle avait fait pendant plusieurs années avec plaisir.
Aujourd'hui elle avait commencé par lire la recette dans le fameux manuel de potions et avait pu constater, avec surprise, un grand nombre d'erreurs.
Tu m'étonnes qu'ils soient tous mauvais dans ce cours. Comment peut-on obtenir une potion parfaite avec ces instructions douteuses ? C'est parfaitement ridicule ! Je suis persuadée que le professeur le sait pertinemment. Quel salop !
Elle ratura un certain nombre d'indications et ajouta des remarques avant de suivre sa propre recette.
Elle finit avec un quart d'heure d'avance environ et fut satisfaite du résultat. Elle profita de son avance pour faire un tour d'horizon du livre, histoire de modifier dès à présent les recettes pour les prochains cours.
Quand la cloche sonna, le professeur passa dans les rangs pour constater l'aspect des potions. La plupart étaient à la limite du passable, d'autres carrément à jeter à la poubelle. Mais il s'arrêta net devant un chaudron. Quand il releva les yeux pour identifier l'auteur de cette potion absolument parfaite il tomba dans le regard vairon de Revali.
Merde. Cette peste est douée.
Il constata que son livre de potions était raturé dans tous les sens avec plein de remarques écrites en rouge dans une calligraphie fine et élégante.
-« Mhm, potion… satisfaisante. » déclara-t'il après avoir soigneusement choisi son adjectif.
June retint de lever les yeux au ciel sous le qualificatif de son professeur. Elle eut à la place un petit reniflement accompagné d'un rictus amusé qui n'échappa pas au maitre des potions.
-« Bien. Mettez vos potions, si on peut les qualifier de telles, dans une fiole que vous déposerez sur mon bureau avant de sortir de la salle. »
Il se mit derrière son bureau et attendit que les élèves déposent leur travail. Quand arriva le tour de June, il lui demanda de rester dans la salle. Elle fronça les sourcils en s'adossant à une paillasse, les coudes appuyés sur le meuble de part et d'autre de son corps, dans une posture légèrement nonchalante.
Ses amis lui lancèrent un regard interrogateur avant de quitter les lieux, la laissant seule avec le professeur.
-« Votre manuel ne vous convient pas ? » lui demanda-t'il d'un ton doucereux
-« Je vous demande pardon professeur ? » répondit June avec un air surpris.
-« Votre manuel était plein de ratures à la fin du cours. J'imagine que vous avez une explication. »
-« Parfaitement monsieur. » Répliqua la jeune femme dans un léger sourire. « Une explication très claire. Mais je crois que vous la connaissez déjà. »
Le sorcier contourna son bureau pour se poster à quelques pas d'elle dans une posture intimidante, ses yeux noirs braqués dans les siens. June ne cilla pas et ne bougea pas d'un millimètre.
-« Ah tiens donc. » Dit-il d'un ton dangereusement velouté. « Et pourquoi vous poserais-je la question si j'en connais la réponse Revali ? »
Le regard de June se fit malicieux.
-« Pour le simple plaisir de me provoquer monsieur. »
Le sorcier s'approcha plus près encore de son élève, une lueur menaçante dans le regard.
-« Vous êtes une fois de plus insolente envers votre supérieur, Revali. Faites bien attention. Ici vous n'êtes rien. Quant-à votre manuel, vous allez me faire le plaisir d'en avoir un nouveau pour le prochain cours. Et cette fois vous tâcherez de le garder propre et dépourvu de vos remarques, dont je doute de la vive intelligence. »
June attarda son attention sur son professeur. Il jouait avec elle, elle pouvait en mettre sa main à couper. Il y avait dans ses yeux onyx un soupçon d'amusement. Il était en train d'établir entre eux un véritable jeu du chat et de la souris. Mais June n'était pas une souris. Et ça, il allait vite s'en rendre compte.
-« A votre bon vouloir, professeur. » Dit-elle d'un air impassible ne voulant pas rentrer dans son jeu.
-« Maintenant sortez. »
-« Bien, professeur. » répondit-elle en insistant une nouvelle fois sur son titre avec une légère ironie.
Elle sortit de la salle de classe et retrouva dans le couloir, non loin de là, ses amis qui l'attendaient pour aller faire leurs devoirs à la bibliothèque. Ils la questionnèrent sur son entrevue avec le maitre des potions. Ils ne comprenaient pas la virulence de leur directeur de maison envers elle. Mais elle leur assura dans un sourire que tout allait très bien et ils la croyaient.
