Chapitre 14 : Un peu d'histoire

Les nouveaux venus s'adaptèrent doucement à la vie de Poudlard. Les cours n'avaient pas diminués de cadence pour autant et les élèves de 5ème et de 7ème années profitaient assez peu de leurs invités, devant plutôt passer leur temps à réviser, les uns pour les B.U.S.E.S et les autres pour les A.S.P.I.C.S.

June continuait à enchainer quelques nuits par semaine dans son salon aménagé mais pas plus, faisant toujours l'objet de la vigilance de Rogue. Elle avait également fait des entrainements de Quidditch avec le reste de l'équipe de serpentard et tout se passait à merveille. Elle était fin prête pour le prochain match et le capitaine avait l'air très confiant en ses capacités.

Depuis son arrivée, Igor Karkaroff avait essayé plusieurs fois de lui parler, mais June l'évitait. Elle savait très bien pourquoi il souhaitait avoir une conversation avec elle. Il voulait savoir la raison de son départ de Durmstrang. Et au fond elle savait bien que tout le monde se posait la question. Et Merlin que cette question avait une réponse compliquée !


En février dernier, alors qu'elle était à l'institut en train de dormir, elle s'était réveillée en sueur et paniquée, ce qui ne lui était encore jamais arrivé. Elle venait de faire un rêve particulièrement angoissant, un rêve qui concernait ses parents. Et plus précisément de leur mort. Elle ne comprit rien de prime abord. Puis la nuit suivante elle refit exactement le même rêve.

Dans ce rêve ses parents avaient l'air de se faire tuer. Or, d'après ce qu'elle savait sur la situation, c'est à dire très peu de choses, ils étaient censés être décédés dans un accident en Australie.

A peu près à ce moment-là dans son ancienne école, Karkaroff s'était gratté plusieurs fois le bras gauche pendant les cérémonies de Durmstrang, comme sujet à une légère gêne. Et June n'ignorait pas que son directeur portait sur lui la Marque des Ténèbres, qu'elle avait déjà remarqué sur son avant-bras gauche pendant plusieurs cours de Défense. Le tatouage était devenu d'ailleurs beaucoup plus visible ces derniers mois, d'après ce qu'elle avait pu constater.

Depuis ces épisodes, June comprit qu'il y avait peut-être quelque chose qui lui échappait. Elle ne croyait pas au hasard et se dit qu'il y avait sans doute un lien entre ce rêve répétitif et le tatouage qui redevenait gênant et visible des années après la disparition du Grand Mage Noir d'Angleterre.

Elle avait alors écrit à Agatha pour en savoir plus sur la mort de ses parents mais n'avait reçu qu'une réponse vague, réponse qu'elle avait toujours entendu de sa bouche. Mais pour la première fois de sa vie elle douta de la véracité des propos de son elfe.

Alors elle se renseigna. Elle alla même en Australie pour comprendre ce qui leur était arrivé. Mais elle eut du mal à trouver des informations. Cela faisait en effet longtemps que « l'accident » était arrivé.

Elle trouva enfin le lieu du drame, au bout de plusieurs jours de recherche acharnée, grâce aux informations qu'Agatha avait en sa connaissance. Elle était alors arrivée dans un petit village au Nord-Est de l'Australie du nom d'Airlie Beach où elle avait interrogé les voisins qui se révélèrent être une mine d'information pour la jeune sorcière.

Elle se fit facilement passer auprès d'eux pour une journaliste moldue qui « couvrait d'anciens évènements » dans la région car cela pouvait « intéresser les internautes ».

Sa couverture marcha sans problème, June ayant toujours fait plus que son âge.

Elle avait eu la confirmation qu'un couple était bien mort en 1982, après que l'homme ait donné un coup de volant surpris par une biche qui avait eu le malheur de traverser à ce moment-là. Cette maladresse avait fait plonger la voiture dans un ravin, les tuant tous les deux sur le coup.

Elle alla à la mairie du petit village pour avoir plus d'informations sur le couple mais elle eut du mal à en trouver d'avantage, ces informations étant strictement confidentielles et consciencieusement gardées par le service local de police.

Un impérium plus tard, elle avait pu y accéder et jeter un œil aux rapports d'autopsie.

Une chose était sûre. Ce n'étaient pas ses parents qui étaient morts dans cet accident, mais deux pauvres touristes belges, qui rentraient d'un restaurant en amoureux.

Après une profonde réflexion, June était arrivée à deux solutions. Soit Agatha mentait, soit elle n'était pas au courant non plus de la réalité.

Et June penchait plutôt sur la deuxième option. Sinon pourquoi lui aurait-t 'elle donné autant d'informations sur la localisation de l'accident ainsi que sur la date du drame si elle savait que June allait vérifier ses dires. Non, cela n'avait aucun sens et la jeune femme refusait de croire que son elfe, qui était aussi sa seule famille, avait pu lui mentir toute sa vie.

Tout ceci la mena à questionner ses parents, ou plutôt leur portrait respectif. Tout ce qu'ils purent lui apporter ne l'aida en rien.

Mais June en était certaine, leur mort avait un rapport plus ou moins direct avec la Grande-Bretagne et le Seigneur des Ténèbres. Bien que née en Italie, elle avait vécu le début de son enfance sur les terres écossaises et d'après ce qu'Agatha lui avait dit, ses parents y vivaient encore à l'époque où ils étaient morts.

Son père avait apparemment formulé le souhait, quelque temps avant sa mort, d'envoyer June en Bulgarie lorsqu'elle arriverait à son 11ème anniversaire. Chose au fond qu'elle et son elfe n'avaient jamais vraiment compris étant donné que ses parents avaient été scolarisés à Poudlard et qu'ils y avaient passé d'excellentes et heureuses années. A leur décès, elles étaient toutes les deux revenues vivre en Italie, à Florence, la ville natale de June dans laquelle elles retrouvèrent la grande demeure familiale des Revali. Elles y vécurent jusqu'aux 11 ans de June, année où elle partit en Bulgarie selon les désirs de son père.

Mais après les recherches sur la disparition de ses parents, la jeune femme avait décidé d'aller comprendre par elle-même ce qu'il s'était passé. Et pour ça il fallait retourner dans ce pays dans lequel elle n'avait pas remis les pieds depuis plus de dix ans.

Elle tâcha donc de parler à Karkaroff pour le prévenir de son prochain départ pour Poudlard, sans vraiment lui en donner la raison. Chose qu'il avait très mal pris et surtout peu compris. June était une élève brillante et Karkaroff n'aimait pas se séparer d'élèves aussi prometteurs. Il avait toujours pensé que ses élèves lui étaient redevables pour son enseignement d'excellence et leur admission à Durmstrang qui était, il fallait le dire, extrêmement difficile d'accès.

Mais la sorcière avait été intraitable et avait menacé de révéler au monde sa condition d'ex mangemort. Chose qui n'était pas particulièrement connue en Bulgarie. Sa décision était prise. Sans son accord, elle partit de l'Institut et envoya une lettre pour prévenir de son départ à une amie de là-bas, une des rares filles présentes dans l'école avec elle et avec qui elle avait réussi à se lier d'amitié.

Karkaroff avait été obligé de céder sous ses menaces et son assurance mais avait vraiment eu du mal à digérer sa décision. Il avait alors envoyé un message aussi vague qu'inhabituel à son homologue, le très célèbre Albus Dumbledore, pour le prévenir de l'arrivée prochaine de la jeune femme à Poudlard.

Il était sûr que cela ne manquerait pas d'inquiéter Albus, connu pour protéger ses élèves coûte que coûte. S'il ne pouvait pas empêcher la jeune femme de partir, il pouvait toujours essayer de lui mettre des bâtons dans les roues, quel que soit son projet.


June marchait dans les couloirs de Poudlard à une heure tardive en revenant de ses quartiers dans lesquels elle avait bien avancé ses recherches sur l'antidote universel. Elle était contente d'elle-même. Perdue dans ses pensées, elle se dirigeait machinalement vers les dortoirs quand elle fut brutalement poussée contre le mur. Elle se retrouva d'un coup le dos acculé à la pierre froide, retenue par deux bras massifs. Bien qu'elle ne pût distinguer son assaillant dans l'obscurité des cachots, son odeur ne lui était pas inconnue.

-« Monsieur Karkaroff ? Que me voulez-vous ?

-Ah tu m'as rrreconnu, Rrrevali. Qu'est-ce qui m'a trrrahi ? » demanda l'homme dans un ricanement glaçant.

-Votre odeur. » Répondit June d'un ton calme.

Karkaroff ricana plus fort encore. Les secousses de son corps se propageait dans celui de June, qui le fixait sans aucune peur dans les yeux.

-« Tu as toujourrrs eu un don pourrrr me surrrprrrendre ma chérrrie. »

June grimaça en entendant le surnom.

-« Au risque de me répéter, que me voulez-vous ? » Répéta la serpentard d'un ton ferme.

-« Je veux que tu me dises pourrrquoi tu es parrrtie June. Pourrrquoi as-tu prrréferrré l'enseignement de Poudlarrrd au mien. Je te porrrtais en grrrande estime. Tu le sais.

-Cela ne vous regarde pas, Igor. J'avais mes raisons. Des raisons qui ne concernent que moi. » Répliqua June, toujours aussi calme.

-« Tu me déçois beaucoup. Tu aurrrais pu devenirrr une grande sorrrcierre Rrrevali… » Continua Karkaroff

-« Je suis déjà une grande sorcière Igor, vous le savez. » Répondit la jeune femme.

-C'est vrrrai que tu as de nombrrreux talents June. C'est pourrr ça que je suis trrres déçu. J'avais des prrrojets pour toi. De grrrands prrrojets.»

June soupira.

De grands projets pour moi… quel abruti ! Tout ce qu'il voulait, c'était de m'utiliser pour jouer l'assassine avec ses opposants dans la cour du roi.

Il fallait dire que Karkaroff n'était pas particulièrement aimé en Bulgarie, et sa place de directeur était assez enviée. Ainsi, il utilisait ses élèves, après les avoir solidement formés à des techniques de magie extrêmement agressives, en tant que boucliers humains. De véritable petits soldats qu'il n'hésitait pas à déployer pour aller commettre un meurtre, ici ou là, afin d'assoir son pouvoir et de montrer à tous sa légitimité.

Qui aurait suspecté une jeune femme de son âge en tant que responsable de boucheries, d'actes innommables, de crimes ? Pourtant ça avait été le cas. Plusieurs fois.

Tuer ne lui avait jamais fait peur. Mais elle s'était rendue compte au bout d'un certain temps qu'elle devait avoir une bonne raison de le faire. Et le jeu du pouvoir n'en était pas une. Ni cela, ni l'argent.

Non. June avait malgré tout un très grand sens de la justice, qui s'exacerba avec le temps. Elle savait que les humains étaient des animaux cruels et même si elle avait sa propre part de cruauté, elle décida qu'elle ne tuerait plus jamais gratuitement.

La jeune femme repoussa son ancien directeur fermement.

-« Bonne nuit monsieur. » dit-elle avant de s'éloigner dans le couloir pour regagner son dortoir.

Il ne l'entendit pas de cette façon et lui agrippa le bras pour la plaquer une nouvelle fois contre le mur.

-« Tu sais June, j'ai toujourrrs eu beaucoup de patience avec toi. Mais peut-être ne te soumets tu qu'à la véritable forrrce. Il y'a de nombreuses manièrrres de forrrcer une perrrsonne à lui obeirrr. Mais pourrr fairrre entendrrre raison a une femme je n'en connais qu'une de vérrritablement efficace. »

Le cœur June loupa un battement.

Karkaroff venait de lui empoigner les hanches de manière tout à fait explicite et pressa avec violence son corps contre elle, sa bouche mordant son cou. Elle pouvait ressentir toute l'anatomie de l'homme en face d'elle. Un frisson de dégoût la traversa.

Elle se mit à réfléchir intensément. Quand elle eut décidé du sort cuisant qu'elle allait lui faire subir pour cet affront, elle avança ses mains de part et d'autre de l'abdomen de son ancien directeur, sans le toucher.

Quand il tenta de forcer les boutons de sa chemise, June fit un courant de magie entre ses deux mains qui traversa le corps de Karkaroff. Et, au moment où il allait se mettre à hurler de douleur sous la sensation de bouillir de l'intérieur, une voix grave et puissante les interrompit.

-« Lâchez cette élève, Karkaroff ! »

Celui-ci ne pouvait pas obéir. Il s'affala encore plus sur June mais cette fois sous la douleur du sortilège de la jeune femme. Ses jambes étaient à présent flageolantes et il poussait des petits gémissements de souffrance.

Le propriétaire de la voix, mésinterpréta sa réaction à son ordre et s'avança rapidement vers lui pour le tirer violemment en arrière, faisant atterrir Karkaroff contre le mur d'en face. L'homme s'affaissa au sol dans un bruit sourd.

June reconnut son professeur de potions.

Toujours au bon endroit au bon moment dites-moi professeur ! Pensa-t'elle

-« Miss Revali ? Allez-vous bien ? » Demanda le professeur avec un soupçon d'inquiétude dans la voix

-« Parfaitement bien professeur. » Le rassura June.

-« Vous en êtes certaine ? »

- « Absolument professeur. » répondit-elle, une fois de plus, d'une voix assurée

-« Vous a t'il fait du mal de quelque façon que ce soit ? » Insista le sorcier.

-« Non professeur. Il n'en a pas eu le temps.

-Il était collé à vous, Miss. Je sais ce que ça voulait dire. Ne me mentez pas. » Gronda-t'il

-Oui et je vous répète que je vais très bien. J'étais justement en train de me défendre quand vous êtes apparu. » dit June d'une voix ferme.

-« Vous plaisantez j'espère ! Si je n'étais pas arrivé à temps, il serait en train de vous violer contre ce mur Revali ! » Cracha Rogue avec hargne

-« Non professeur. Si vous n'étiez pas intervenu, il serait mort à l'heure qu'il est.

-Pardon ? » Demanda Rogue, abasourdi.

-« Il serait mort. » Répéta June avec un brin d'impatience.

-« C'est vrai que quand je suis arrivé, vous étiez largement en position de force ! » Ricana-t 'il avec une voix ironique.

-« Tout-à-fait professeur. D'ailleurs si vous ne me croyez pas sur ce point je vous conseille d'aller vérifier par vous-même. » lâcha June, gravement.

Rogue haussa un sourcil et la regarda avec suspicion. Elle avait une marque rouge dans le cou et sa chemise était détachée d'un bouton ou deux. Sa cravate verte et argent partait de travers. Il remonta son regard dans ses yeux. Ceux-ci ne mentaient pourtant pas.

Il se retourna alors vers Karkaroff qui était resté effondré au sol. Il avait l'air de manquer d'air et sa respiration se faisait sifflante.

Il s'en approcha rapidement et constata qu'il était brûlant de fièvre. Ses yeux étaient rougis, ses lèvres craquelées et sa bouche sèche comme s'il avait passé les dernières heures dans un désert.

Il fronça les sourcils. Quand il se retourna pour demander des explications à la jeune femme, celle-ci était partie.

C'est quoi ce bordel ! Se répéta Severus dans sa tête.

Il fit léviter le directeur de Durmstrang jusqu'à l'infirmerie. Madame Pomfresh se dépêcha de l'installer sur un lit. Quand l'homme fut déshabillé, le potionniste put examiner son corps dénudé et vit alors deux marques rouges de chaque côtés de son abdomen. Deux marques pas plus grandes qu'une patte de grenouille. Comme s'il avait été brûlé et traversé par une barre en métal chauffée à blanc.

Il n'avait jamais vu ça.

Assurément Revali en était l'auteure. Il savait reconnaître la magie noire et c'en était sans aucun doute.

Certes, elle était effectivement en train de se faire agresser, Rogue le savait. Les frottements équivoques de l'homme contre la jeune femme ne trompaient pas. Mais celle-ci n'avait pas menti. Au moment où il était intervenu, June avait bien le dessus.

Mais comment ? Elle n'avait même pas de baguette dans sa main !

Il ne comprenait vraiment pas comment elle avait fait pour renverser la situation aussi rapidement.

June Revali n'était pas n'importe quelle sorcière. Rogue, s'il en était déjà persuadé, en fut ce soir-là totalement assuré.

L'infirmière commença à tenter de rafraichir le corps de Karkaroff avec des vessies de glace pour faire baisser sa température extrêmement élevée. Celui-ci ne pouvait même pas répondre aux questions de madame Pomfresh. Il était aux portes de l'inconscience.

Rogue sortit de l'infirmerie et chercha June partout. Elle n'était nulle part. Pas dans son dortoir, pas à la bibliothèque et dans aucune salle de classe. Le sorcier avait même fait le tour du château par l'extérieur et ne l'avait pas aperçue non plus.

Severus sentait qu'elle était là, quelque part. Mais où ?

Il décida alors de faire la chose à faire. Aller prévenir le directeur. L'affaire était trop grave pour qu'il ne soit pas mis au courant.