Chapitre 27 : Joyeuses fêtes

Le lendemain, les élèves quittèrent le château en prenant le Poudlard' Express pour rentrer chez eux profiter des fêtes.

June décida d'accompagner Edgar et Angelica dans le train. Ceux-ci n'avaient pas encore leur permis de transplanage contrairement à elle, chose faite depuis sa 4ème année à Durmstrang.

Arrivés à Londres, ils sortirent du train et se souhaitèrent de bonnes fêtes. Elle se doutait bien que le Noël d'Edgar allait sûrement être particulier avec une famille comme la sienne. Elle fit d'ailleurs leur connaissance sur les quais de la gare de King 'Cross. Ils trouvèrent tous June absolument délicieuse et l'invitèrent à les joindre tantôt dans leur demeure familiale, une immense bâtisse entourée de parcs et d'un lac selon les dires d'Edgar.

Avant qu'elle ne puisse quitter les lieux, elle se fit héler par Drago qui souhaitait lui aussi lui faire ses aurevoirs. Il était accompagné de son père, le fameux Lucius Malfoy. Celui-ci marchait un peu derrière son fils pour avoir le temps d'observer la jeune femme. D'après ce que June pût voir dans son regard gris, ce qu'il avait sous les yeux lui plaisait.

-« Mademoiselle Revali, je suis enchanté de faire votre connaissance. Drago m'a beaucoup parlé de vous.

-Monsieur. » Répondit-elle poliment.

-« Nous n'allons pas vous retenir plus longtemps, j'imagine que vos parents vous attendent impatiemment. » lui dit-il en l'observant.

June le fixa du regard. Elle aurait juré qu'il était parfaitement au courant du décès de ses parents il y a de cela des années.

Elle acquiesça et prit congé après leur avoir souhaité un joyeux Noël.

Enfin seule, elle se mit dans un coin de la gare, à l'abris des regards et transplana jusqu'en Italie, dans sa ville de Toscane. Elle arriva à Florence quelques instants plus tard dans un léger « pop ».

Sa maison se trouvait dans un quartier moldu dont elle connaissait très bien les habitants. Elle se dirigea vers une boutique de prêt à porter mixte moldu-sorcier. Le vendeur était un cracmol qui connaissait bien les parents de June quand ils étaient encore en vie. Elle acheta pour son elfe une petite robe grise finement brodée de fleurs en or. Pour Edgar, elle trouva une écharpe en soie d'un vert sapin qui irait parfaitement avec son uniforme de Poudlard. Pour le cadeau d'Angelica, la jeune femme alla dans une bijouterie moldue dans laquelle elle fit l'acquisition d'un magnifique pendentif serpent en argent et aux yeux émeraudes. Elle savait que ce présent lui irait à merveille, son amie étant une grande amatrice de reptiles en tout genre.

Elle pensa aussi à Drago auquel elle acheta de nouveaux gants de Quidditch, les siens commençant à être abimés. Pour le jeune Harry elle trouva un nécessaire pour entretien de balai. Il avait, comme elle, un superbe Éclair de Feu qu'il n'entretenait malheureusement pas assez bien, ce qui pouvait avoir à terme des conséquences sur l'aérodynamique de l'objet.

Enfin pour Victor, elle trouva le présent parfait dans une boutique d'art sorcier. Elle fit l'acquisition d'une collection de fusains et de crayons de couleur et prit également des feuilles légèrement rigides pour faciliter le travail. Victor Krum, outre un excellent joueur de Quidditch était aussi un excellent dessinateur et peintre à ses temps perdus. Il avait rarement le temps de cultiver son talent, étant constamment pris par les cours de Durmstrang, les missions douteuses de son mentor et son poste d'attrapeur dans l'équipe Bulgare de Quidditch.

June avait été l'une des seules à être au courant de sa passion pour le Troisième Art et l'avait encouragé à continuer et à s'entraîner autant qu'il le pouvait. Il avait même fait quelques cours pour apprendre à la sorcière les rudiments de l'art sur papier. Un sortilège permettait aux œuvres de se mouvoir et parfois même de récupérer une partie de la psychologie de la personne représentée. Lui avait le dessin, June avait la musique pour s'évader un peu de leur dure réalité d'élèves utilisés à des fins parfois particulièrement sombres. Les deux artistes s'étaient beaucoup rapprochés lors de ces moments de partage.

Satisfaite de ses achats, elle rentra chez elle avec de nombreux paquets sous les bras.

Arrivée devant sa maison, elle tapa à la porte à l'aide du heurtoir en forme d'aigle et attendit que la porte s'ouvre. C'était une porte sécurisée que le constructeur de la maison, un ancêtre lointain de June, avait créé de ses mains. Seul une certaine fermeté des coups de heurtoir pouvait alerter Agatha pour qu'elle accepte d'ouvrir au nouvel arrivant.

La porte s'entrebâilla et elle entra alors dans sa maison.

Arrivée dans le salon, elle posa ses achats sur le sol et regarda autour d'elle.

Que c'est bon d'être chez soi !

Elle soupira d'aise et se laissa choir dans un fauteuil confortable avant d'appeler son elfe.

Celui-ci arriva immédiatement dans un « clac » sonore.

-« Maîtresse Revali ! Comme je suis heureuse que vous soyez à la maison ! Le voyage s'est bien passé ?"

June se leva pour aller déposer un baiser sur le front de son elfe qui rosit de plaisir. Agatha adorait sa maîtresse, c'était un fait. Cela allait bien au-delà du simple respect que pouvaient ressentir ces créatures, littéralement au service de leur maître. L'elfe de June avait éduqué la jeune femme et avait plus un amour maternel pour cette dernière qu'une simple servitude. Pourtant, Agatha n'avait jamais réussi à appeler June par son prénom et malgré tous les efforts de la sorcière, elle avait continué à l'appeler « maîtresse ».

-« Oui Agatha moi aussi je suis heureuse d'être là ! Tout va bien ici ? Tu ne t'es pas trop ennuyée sans moi ? » demanda June d'un ton légèrement ironique.

La créature rougit de plus belle. La sorcière savait très bien que celle-ci était très occupée par un collectif de soutien et d'aide aux créatures dans le besoin. De plus, elle était engagée dans la politique pour la libération des elfes. Non, Agatha de s'ennuyait pas. Et avoir une maîtresse absente la majorité du temps lui permettait de se donner à corps perdu dans ses activités. Elle avait eu, au comble du bonheur l'autorisation de sa maîtresse de se donner à ces activités.

June n'était pas dérangée par ce genre d'idées quelque peu progressistes. Pour elle, les créatures anciennes comme les elfes étaient extrêmement puissantes et les asservir avait simplement permis aux sorciers de s'assurer qu'elles ne se tourneraient pas contre eux un jour. Ils avaient fait reproduire des elfes déjà relativement dociles, exterminant les autres, donnant à l'heure actuelle, un caractère d'asservissement le plus total à ces créatures magiques.

Si June trouvait cela injuste, elle ne l'avait jamais dit à quiconque, persuadée que ce genre d'opinions ne feraient pas l'unanimité.

Elle acceptait tout de même que son elfe la serve et fasse les tâches domestiques dans la maison en échange d'un petit salaire et de sorties autorisées. Elle avait ainsi l'impression d'avoir une employée et non une esclave à domicile.

-« Oh non maîtresse, je me suis beaucoup amusée. Tout va très bien. Agatha a mis votre courrier dans votre bureau à la place habituelle. Rien d'urgent si Agatha se souvient bien de tout. Désirez-vous quelque chose à manger ou à boire ?

-Oui je te remercie mais ne te casse pas la tête. Des sandwiches et un verre d'eau iront parfaitement bien.

-Parfait maîtresse. J'ai aussi rempli vôtre réserve d'ingrédients quand je suis allée faire quelques courses dans la campagne.

-Merci Agatha, je vais aller voir ce que tu m'as acheté. Je pense que je vais avoir besoin de te parler aussi pendant le séjour. A toi et à mes parents. »

L'elfe fronça les sourcils mais acquiesça avant de disparaître et de réapparaitre en quelques secondes, les bras chargés de nourriture.


June se trouvait à Florence depuis quelques jours déjà. Elle avait trié son courrier, fêté Noël avec son elfe, envoyé tous ses cadeaux à leurs destinataires. Elle-même avait été gâtée. D'Agatha elle reçut une robe de soirée aux tons émeraudes absolument sublime. La jeune sorcière la remercia vivement, sachant pertinemment que c'était avec son petit salaire qu'elle avait payé cette folie. La créature fut, elle aussi, ravie de sa propre robe aux motifs floraux qu'elle s'empressa d'enfiler.

D'Angelica, June avait reçu un assortiment de nouveaux ingrédients assez rares pour valoir un prix qu'elle sût exorbitant. Edgar lui avait offert deux superbes livres, le premier concernait l'art des potions et le deuxième était un petit ouvrage des Contes de Beedle le Barde, que June jugea très ancien au vue de la couleur des pages et de la couverture en cuir usé. Ces contes étaient relativement connus dans le milieu sorcier mais June n'avait jamais pris le temps de les lire.

En ouvrant le livre de contes, elle s'aperçut que ce n'était pas seulement un très vieil ouvrage. C'était le manuscrit original de Beedle le Barde écrit en runes avec une traduction rajoutée sur plusieurs feuilles rattachées à l'œuvre. Autant dire que Edgar lui avait offert un cadeau d'une valeur inestimable.

Victor lui avait acheté deux magnifiques partitions pour violons. June n'était cependant pas dupe, il offrait ce cadeau également pour lui-même. Il adorait en effet l'entendre jouer, et si possible sans qu'elle ne le sache.

De Drago, elle reçut un plastron de protection pour le Quidditch, et de Harry, des lunettes antibrouillard, présent particulièrement utile pour éviter les cognars quand le temps n'était pas clément.

Elle sourit. Les deux jeunes hommes avaient pensé au Quidditch pour leurs cadeaux. Ils se ressemblaient plus que ce qu'ils ne voulaient bien le croire.

Elle leur envoya à tous une lettre de remerciements en leur exprimant sa joie de les revoir prochainement.

Deux jours plus tard, elle reçut à son tour de la part de ses amis plusieurs courriers de remerciements pour ses cadeaux.

Celle d'Harry était un peu plus longue que les autres.

Chère June,

Je tenais à te remercier pour ton présent. Il va être fort utile pour m'occuper de mon balai que j'ai d'ailleurs déjà commencé à entretenir. Je suis ravi que tes lunettes te plaisent mais je doute qu'aider « l'ennemi » à avoir des atouts pendant un match soit finalement une bonne idée… Ron m'a donné une claque derrière le crâne quand il a appris ce que j'avais fait. On a beaucoup ri avec Hermione.

Je voulais également te proposer quelque chose. Je suis pour toutes les vacances chez mon oncle et ma tante à Privet Drive à Londres (bien que j'ai fêté Noël au Terrier chez les Weasley). Je commence à m'ennuyer un peu, les conversations avec mon cousin n'étant pas particulièrement stimulantes. Voudrais-tu passer un après-midi avec moi, boire un café ou quelque chose comme ça prochainement ? Nous pourrions nous rendre au chemin de traverse si tu veux en transplanant. A toi de me dire. Je sais que tu passes la fin de tes vacances à Poudlard donc le chemin ne sera pas très long pour rentrer. Dis-moi ce que tu en penses. Mes conversations avec toi me manquent un peu je dois dire.

Hâte d'avoir de tes nouvelles,

Harry Potter.

June eut un instant de réflexion. Elle avait prévu de rentrer le 2 janvier à Poudlard. Elle pouvait très bien donner rendez-vous à Harry dans la semaine, elle ne voyait pas quel problème cela pourrait poser. Elle irait le chercher et le ramènerait chez son oncle et sa tante en transplanage d'escorte.

Elle lui écrivit pour accepter l'invitation et lui donna rendez-vous le 4 janvier dans l'après-midi. Elle savait du jeune homme que ses tuteurs légaux n'étaient pas très commodes. Harry lui avait confié, lors de leurs conversations, ce qu'ils lui avaient fait subir pendant ces longues années de vie commune. Ils le détestaient et c'était parfaitement réciproque. June lui avait dit de trouver refuge à Poudlard désormais ou bien chez ses amis à l'occasion mais il lui avait répondu qu'il n'avait pas le choix de rester sous leur tutelle. Dumbledore lui avait imposé ce fait depuis sa première année. La sorcière avait fini par lui dire que si Dumbledore le laissait dans cette famille malgré son lourd passif avec eux, il devait avoir une bonne raison.

June savait bien qu'au fond il n'y avait aucune raison assez bonne pour laisser le jeune homme aux mains de ces tortionnaires, mais elle se doutait que le vieil homme avait un plan. Un plan qui valait bien de laisser cette situation durer.

Elle alla trouver Agatha pour lui donner la missive. Elle savait que Becrude, l'aigle de la famille, ne voudrait jamais poster une lettre pour elle. Elle utilisait donc son elfe comme intermédiaire.

Le lendemain, June se réveilla en pleine forme. Elle avala rapidement son petit déjeuner et entra dans l'ancien bureau de son père. Dans ce bureau fermé à clé la plupart du temps, clé que June conservait précieusement dans un endroit connu d'elle uniquement, il y avait grand bureau en bois noble, les armoiries de la famille Revali était gravées dans le plateau massif en acajou pourpre. Dans les tiroirs aux lourdes poignées de métal sur lesquelles de nombreux motifs avaient été élégamment incrustés, reposaient des papiers officiels, des notes médicales de son père, des plans de construction ou encore d'anciennes fiches pleines de calculs sur les gains et les pertes de la production de tabac.

De nombreux tableaux étaient accrochés aux murs dont deux portraits. L'un représentant sa mère, Claudia Revali, née Bianchi, et l'autre, son père, Pietro Revali. Les deux portraits avaient toujours été accrochés là à partir des 4 ans de June. Celle-ci ne savait pas qui les avait réalisés. Depuis son enfance, elle avait pris l'habitude de venir les voir dans ce bureau.

Leur perte avait été dure pour la petite fille qu'elle était alors. Elle avait le souvenir de parents aimants et présents. Leur perte trop précoce avait bien entendu eut de lourdes conséquences sur le développement émotionnel de l'enfant qu'elle était à l'époque, la rendant solitaire, tranchante et ne comptant que sur elle pour réussir et avancer. Heureusement, son elfe Agatha avait réussi à la canaliser sur de nombreux aspects affectifs et avait su l'entourer du mieux possible pour que June s'épanouisse malgré cette perte tragique. Les portraits de ses parents étaient apparus quelques semaines après leur décès. Le deuil de June fut particulièrement long pour un enfant de son âge, comme si elle avait toujours su que cette histoire était plus louche que ce qu'on lui avait toujours dit. Elle en avait eu enfin la confirmation en Australie d'abord puis auprès de Dumbledore plus récemment.

Quand elle entra dans la pièce, elle se dirigea machinalement vers le bureau sur lequel elle s'assit, directement sur le plateau d'acajou. Elle fit alors face aux deux portraits.