Une lueur d'espoir
Les jours passaient et, lentement, Buck sentait une légère amélioration.
Sa dépression, bien que toujours présente, semblait refluer un peu. L'absence prolongée de Jonah, sans aucune nouvelle menace ou apparition, lui permettait de retrouver peu à peu un semblant de normalité. Eddie était une présence constante à ses côtés, son soutien indéfectible aidant Buck à se redresser.
Buck savait qu'il devait retourner au travail.
Ce serait un défi, mais il était prêt à l'affronter. La caserne était comme une deuxième maison pour lui, et il avait besoin de retrouver ce sentiment d'appartenance et de routine. Toutefois, Bobby avait insisté pour qu'il reprenne doucement, restant en arrière-plan pour l'instant.
Buck allait se conformer, déterminé à ne pas brûler les étapes vers sa guérison.
Le premier jour de son retour, Buck était nerveux. Eddie l'accompagna jusqu'à la caserne, serrant sa main en guise de soutien.
– Tu es sûr que ça va aller ? demanda-t-il, ses yeux pleins d'inquiétude.
– Oui, répondit-il, essayant de se convaincre lui-même. Il faut que je le fasse. Je ne peux pas laisser Jonah me détruire.
Eddie sourit et l'embrassa doucement sur les lèvres.
Ils n'avaient pas encore vraiment retrouvé leur intimité. Buck se raidissait encore à l'idée d'avoir des relations sexuelles et Eddie avançait prudemment se contentant de baisers et de caresses. Buck était conscient que ça serait un long chemin mais Eddie semblait l'être tout autant. Au moins, il ne le dégoutait pas, Eddie semblait toujours éprouver autant de désir pour lui et c'était rassurant.
Bobby l'accueillit avec un sourire chaleureux et une tape amicale sur l'épaule.
– Content de te revoir, Buck. Prends ton temps et fais ce que tu peux. On est tous là pour toi.
Buck acquiesça, se sentant un peu rassuré par le soutien de son équipe.
Il se plongea dans les tâches administratives et la gestion des stocks, des activités loin de l'action mais qui lui permettaient de reprendre pied.
Tout se passait plutôt bien jusqu'à ce qu'une intervention les appelle sur le terrain.
Une fuite de gaz dans un immeuble commercial nécessitait leur présence. Buck resta à l'arrière, observant l'équipe quitter la caserne toutes sirènes hurlantes. Puis, il retourna à son inventaire quand il entendit de l'eau venant des douches. Intrigué, il alla jeter un œil et vit que l'une des douches était restée allumée.
– Sérieux, les gars, souffla-t-il. La pénurie d'eau ça vous parle ?
Il éteignit le robinet et se tourna pour chercher des serviettes et éponger quand Jonah surgit soudain d'une cabine comme un cauchemar revenu à la vie, le faisant se raidir.
– Il faut qu'on parle tous les deux, lâcha-t-il d'une voix froide.
Buck recula conscient qu'il lui bloquait la sortie.
Il sentit son dos entrer en contact avec le carrelage froid et humide de la douche, mouillant son uniforme. Jonah posa une de ses mains contre le mur mettant son visage à quelques centimètres du sien.
– Je trouve ton comportement inacceptable, gronda Jonah.
– Mon comportement ? répéta-t-il incrédule.
– Et je ne vais pas tolérer ça.
Buck sentit la panique s'emparer de lui.
Jonah se pencha sur ses lèvres mais il se détourna et Jonah le plaqua contre lui pour l'empêcher de lui fausser compagnie.
– Laisse-moi partir !
– Ton espèce d'enfoiré de mari reviens et tu me rejettes ? Tout à coup, je ne suis plus rien, comme si, il ne s'était rien passé entre nous ?
– Il ne s'est rien passé, rugit Buck le repoussant autant que possible de lui alors qu'il cherchait ses lèvres. Tu ne m'as pas laissé le choix. Y'a rien entre nous, il n'y a pas de nous.
– Hey ! le menaça-t-il. Il y a un nous et je t'interdis de dire le contraire.
– Qu'est-ce que tu attends de moi ? Tu veux quoi ? Pourquoi tu veux me faire du mal ?
– Je ne te veux pas de mal, Buck.
– Eddie est au courant, la police a récupéré les photos et j'ai obtenu une injonction du juge. T'as pas le droit de m'approcher.
– Aucune police, aucun juge et surtout pas ton connard d'ex-mari infidèle, ne pourra m'empêcher d'être avec toi parce qu'il y a une chose qui est certaine, c'est que je ne te laisserai jamais partir.
– T'es cinglé, souffla-t-il.
– Ne me traite pas de cette façon, tu dois être gentil Buck, comme cette nuit-là !
– Va te faire foutre, je sais que tu m'as drogué et que tu m'as violé.
– C'était seulement pour te détendre un peu, pour que tu passes un bon moment.
Buck sentit une montée de panique mais aussi une détermination nouvelle. Il n'était plus la victime impuissante.
Il repoussa Jonah avec force.
– Ne t'avise jamais de me toucher ! siffla-t-il entre ses dents.
Jonah, déconcerté par cette résistance inattendue, recula d'un pas mais cela ne dura pas et il écrasa son corps contre le sien le maintenant prisonnier dans le coin de la douche, coincé entre les parois et son corps. Buck n'avait pas de prise pour le repousser, pas assez d'élan pour se dégager.
Sentir ses mains sur lui, alors qu'il faisait son possible pour l'éloigner était un calvaire et Buck commençait vraiment à paniquer. Jonah frotta son érection contre lui et il en eut la nausée.
– Tu étais parfaitement conscient de ce qu'on faisait, susurra-t-il. Et tu as adoré ça. Tu te tortillais de plaisir sous mes doigts, tous ses petits cris obscènes que tu poussais, quand tu me suppliais de te prendre plus fort.
Jonah continuait de se frotter contre lui, le collant littéralement au carrelage mural et Buck en pleurait de rage, incapable de se dégager.
– Buck ? résonna la voix de Tommy dans la baie. Tu es là ?
Jonah desserra son emprise surpris et profitant de la distraction, Buck donna un coup de pied violent dans l'entrejambe de Jonah, le faisant s'effondrer au sol, en grognant de douleur.
– J'ai détesté chaque seconde passée avec toi, cracha-t-il. Et je détesterais chaque seconde où tu continueras de m'imposer ta présence. Sors de ma vie, définitivement !
Il se précipita hors des vestiaires, rejoignant Tommy, qui eut juste le temps de le réceptionner entre ses bras.
– Buck ? Qu'est-ce qui se passe ? demanda Tommy, visiblement inquiet.
– Jonah, il… dans les douches.
Tommy le laissa derrière et alla vérifier dans les douches mais il revint vers lui quelques secondes plus tard.
– Il est parti, affirma-t-il. La fenêtre est ouverte. Est-ce que tu vas bien ?
– Je lui ai tenu tête et je ne crois pas qu'il reviendra…
– Buck…, le refusa-t-il en comprenant ce qu'il voulait dire.
– Promets-moi de ne rien dire à Eddie, le supplia-t-il. Je te jure que j'ai fait le nécessaire. Et je vais en parler à Bobby pour renforcer la sécurité, ici.
Tommy hocha la tête, mais son inquiétude était palpable.
– S'il refait surface d'une quelconque façon que ce soit…
– On lui dira tout, promit-il.
– Et à Athena !
– Et à Athena, confirma Buck.
De retour à la maison, Buck essayait de se concentrer sur les tâches simples, comme faire le lit de Christopher qui était sorti pour passer la nuit chez Denny. La demande avait été soudaine mais Buck savait que chez Hen et Karen, il serait en sécurité. En ajustant les draps, il remarqua le téléphone de son fils sur l'oreiller, des messages ouverts à l'écran.
Son cœur s'arrêta en lisant les échanges entre Christopher et Jonah.
Christopher :
Je sais que tu as fait du mal à mon père. Même si je n'ai pas les détails.
Jonah :
Jamais je ne lui ferais du mal. Je l'aime. C'est ton second père qui le menace pour le contraindre à revenir. Je suis prêt à tout expliquer en personne et à te montrer des preuves si tu acceptes de me retrouver sur la plage dans une heure.
Buck suffoqua, sa panique revenant au galop.
Il attrapa ses clés de voiture et se précipita dehors. Eddie, alarmé, le suivit dans son propre véhicule. Buck était rassuré de voir les phares d'Eddie dans son rétroviseur.
Arrivé sur la plage, il aperçut Christopher et se précipita pour le serrer dans ses bras, soulagé.
– Pops ? Qu'est-ce qui se passe ? demanda Christopher, confus.
Eddie arriva à son tour, les entourant de ses bras protecteurs sans comprendre ce qui se passait. Buck avait eu tellement peur et il était clair à présent que Jonah ne reculerait pas.
De retour à la maison, Buck, Eddie, Athena et Tommy se réunirent pour discuter de ce qui s'était passé.
– Jonah doit être mis hors d'état de nuire, déclara Buck avec détermination. Je ne peux plus vivre dans la peur, et je refuse de laisser cet homme menacer ma famille.
Athena hocha la tête, son regard plein de compréhension et de soutien.
– Nous ferons tout ce qu'il faut pour le retrouver et l'arrêter. Tu as fait le bon choix en nous en parlant, affirma Athena.
Eddie prit Buck dans ses bras, le serrant contre lui.
– Nous allons l'empêcher de nuire, je te le promets, murmura-t-il, sa voix pleine de conviction. Tu n'es plus seul dans cette lutte alors ne me cache plus rien, d'accord ?
– Je te le promets.
Pour la première fois depuis longtemps, Buck se sentait un peu plus léger, porté par l'amour et le soutien indéfectible de sa famille et de ses amis. Ensemble, ils feraient face à Jonah et mettraient fin à ce cauchemar.
