Possession

Buck se réveilla le lendemain d'un sommeil agité.

Il se sentait de plus en plus tourmenté depuis cette nuit fatidique chez Jonah. Malgré ses efforts pour remettre de l'ordre dans sa vie, une ombre inquiétante semblait le suivre partout.

Les événements de la veille, la rencontre tendue avec Jonah, et le dîner avec Eddie tournaient en boucle dans son esprit. Il se leva lourdement et se dirigea vers la cuisine pour se préparer un café. Il espérait que cette journée serait plus calme, mais une partie de lui savait que ce n'était qu'un vœu pieux.

Buck était assis à la table de la cuisine, le regard perdu dans son café.

Il se sentait de plus en plus écartelé entre ses sentiments pour Eddie et le comportement inquiétant de Jonah. Les derniers jours avaient été éprouvants, et il commençait à se demander comment il pourrait trouver un équilibre entre ces deux relations qui semblaient vouloir le déchirer en deux.

La réaction de Jonah, intense et inquiétante, commençait à le ronger de l'intérieur. Ce qui avait commencé comme des gestes d'affection innocents était maintenant un souvenir qui le faisait frissonner sans qu'il ne comprenne réellement pourquoi. La simple idée de l'avoir si près de lui, lui donnait la nausée et Buck mettait ça sur le compte qu'il craignait qu'Eddie apprenne ce qui s'était passé entre eux.

Buck savait qu'il devait faire face à cette situation avant qu'elle ne devienne incontrôlable.

– Hey, lui sourit soudain Eddie en passant devant sa fenêtre. Petit déj ?

Buck sourit et acquiesça quand il lui montra un sac en papier de sa boulangerie préférée, accompagné de son plus redoutable regard de chiot. Il se leva et le fit entrer. Eddie se pencha pour déposer un baiser sur sa joue, avant de le suivre dans la cuisine.

Buck lui servit un café alors qu'Eddie sortait son petit déjeuner préféré du sac et Buck trouvait vraiment mignon tous les efforts qu'il faisait pour lui prouver qu'il pouvait changer. Il s'installa avec lui et ils commencèrent à discuter alors que Christopher les rejoignait.

– Qu'est-ce que tu fais là ? demanda Christopher bien loin du gentil garçon qu'il avait toujours été.

– Bonjour à toi aussi, mon pote, railla Eddie incertain du ton de Christopher.

– Qu'est-ce qu'il fait là ? lui demanda-t-il de nouveau.

– Ton père nous a apporté le petit déjeuner, répondit Buck perturbé par son comportement.

– Oh parce que tu crois peut-être qu'il suffit de nous apporter à manger pour qu'on oublie tout ce que tu as fait ?

– Tu changes de ton, jeune homme, gronda Eddie.

– Si je veux, cracha-t-il. T'as rien à foutre ici.

– Christopher ! le réprimanda Buck. Dans ta chambre !

– Alors, tu vas le laisser revenir après tout ce qu'il t'a fait subir ?

– Dans ta chambre, répéta-t-il alors qu'Eddie virait au blanc.

Christopher serra les poings et retourna dans sa chambre avant de claquer la porte, le faisant sursauter. Il se tourna vers Eddie confus.

– Je ne comprends pas ce qui se passe, s'excusa-t-il.

– Il a raison, souffla Eddie. J'ai vraiment merdé cette fois.

– Ce n'est pas une raison pour te parler comme ça. Tu restes son père et… je vais lui parler.

– Ouais, souffla Eddie avec un air abattu. Je devrais…

– Non, bien sûr que non.

– C'est mieux, Buck.

– D'accord, souffla-t-il en se levant.

Il suivit Eddie et ouvrit la porte pendant qu'il remettait ses chaussures et se trouva devant un énorme bouquet de roses rouges. Il le ramassa surpris et le sentit le temps de reprendre contenance.

– Oh Eddie, elles sont magnifiques. T'es adorable. Je ne sais pas comment tu as fait mais merci.

– Oh, je… J'aimerais en être l'auteur mais elles ne sont pas de moi, je veux dire je sais que tu préfères les iris…

– Quoi ? Je… Oh !

Buck était confus.

Il crut apercevoir le rideau bouger chez Jonah et il eut de la peine à respirer. Eddie se rapprocha cherchant en vain et apercevoir une carte dans le bouquet. Puis son regard revint vers lui et il vit qu'il était inquiet.

– Sûrement une erreur, le rassura-t-il. Je vais essayer d'en savoir plus, l'un de mes voisins doit en être le véritable destinataire.

Eddie hocha la tête mais son regard était resté préoccupé.

Il se pencha de nouveau vers lui et embrassa sa joue, avant de quitter la maison. Buck referma la porte et posa le bouquet sur la table. Il avait plus urgent à gérer. Il entra dans la chambre de Christopher qui boudait les bras croisés sur sa poitrine.

– Je peux savoir ce qui t'a pris ?

– Je ne veux pas le voir.

– Pour quelle raison ? Je croyais que tu avais passé un super week-end avec lui à San Diego.

– C'était avant que je sache ce qu'il t'a vraiment fait.

– Christopher…

– Pourquoi tu ne m'as pas dit qu'il t'avait trompé ?

– Parce que ça ne te regarde pas, trancha-t-il. Ce qui se passe entre ton père et moi, nos histoires de couples, c'est privé !

Christopher baissa les yeux et Buck ferma les yeux pour se calmer. Puis, il vint le rejoindre sur son lit.

– Je sais que tout ça, c'est compliqué pour toi mais quoi qu'il arrive entre ton père et moi, je veux que tu saches que nous t'aimons tous les deux plus fort que tout.

– Je suis tellement en colère contre lui d'avoir tout gâché.

– Moi aussi, souffla-t-il. Mais, on doit aller de l'avant, essayer de reconstruire notre famille, tu ne crois pas ?

– Je ne veux pas qu'il te fasse encore du mal.

– Ton père regrette vraiment son erreur, je ne pense pas qu'il recommencera.

– Jonah dit que quand un homme trompe son conjoint, il recommence toujours.

– Et bien, Jonah ne connait pas ton père comme je le connais, répliqua Buck en colère que son voisin se mêle de sa vie et monte la tête de son fils. Ton père n'est pas comme les autres. Est-ce que c'est lui qui t'a parlé de tout ça ?

Christopher acquiesça et Buck sentit la colère monter en lui.

– On a parlé au téléphone hier soir, confirma-t-il.

Cette fois, Jonah dépassait les bornes.

Il manipulait la situation pour discréditer Eddie aux yeux de Christopher, semant le doute et la méfiance dans l'esprit du jeune garçon.

Buck comprenait qu'il soit déçu qu'il n'ait pas donné suite à leur liaison mais cela ne lui donnait pas le droit de s'immiscer dans leurs vies et dans la tête de Christopher. Il allait devoir prendre une décision radicale : Jonah n'était plus le bienvenu à la maison.

– Jonah n'aurait jamais dû de parler de tout ça, nous allons avoir une conversation tous les deux mais en attendant, je préfère que tu évites de rester seul avec lui.

– Pourquoi ? Il est cool.

– Parce que je n'aime pas sa façon de parler de ton père et que je préfère qu'on soit sur la même longueur d'ondes, avant de le laisser te raconter d'autres bêtises.

– Mais qui va me préparer pour mon stage ?

– Bobby a accepté ta demande de stage, lui sourit-il. Tu seras avec Hen, qui t'apprendra ce que tu veux savoir.

– Super !

– A condition que tu t'excuses auprès de ton père pour tout ça et que ça n'arrive plus jamais.

– Promit, Pops. Je t'aime.

Buck le serra contre lui.

– Moi aussi, je t'aime, mon pote.

Il sortit de la chambre, laissant Christopher se préparer et son regard dériva sur le bouquet de fleurs fraîches devant lui. Ce qui venant d'Eddie aurait été un geste doux et attentionné, prenait un tout autre sens venant de Jonah.

Ça devenait intrusif et il détestait ça.

Buck jeta les fleurs à l'extérieur juste sous les fenêtres de Jonah comme un message clair qu'il n'était pas intéressé par son flirt ou quoi que ça puisse être d'autre. Avec un peu de chance, il comprendrait le message de lui-même et lui foutrait la paix.

Malheureusement, les jours suivants, les attentions de Jonah étaient devenues plus fréquentes et intrusives. Buck avait commencé à sentir une présence oppressante autour de lui, comme s'il était constamment observé

Les fleurs et les chocolats envoyés à sa maison et à son lieu de travail semblaient être partout où il allait, et même si tout le monde autour de lui semblait penser que ça venait d'Eddie, Buck savait que Jonah en était l'auteur.

Il avait tout jeté, il avait même essayé de complètement ignorer les cadeaux les laissant dépérir sur son perron mais les cadeaux continuaient d'arriver, devenant de plus en plus intrusifs. Buck se sentait comme une proie traquée, incapable de se débarrasser de l'ombre menaçante de Jonah.

Les cadeaux anonymes n'étaient que la partie visible de l'iceberg.

Son comportement avait même commencé à prendre une tournure inquiétante. Il le suivait lors de ses déplacements, apparaissant aux endroits les plus inattendus. Il apparaissait à la caserne du 118, prétextant vouloir discuter avec Bobby, ou se trouvait « par hasard » dans le même café où Buck aimait prendre son petit déjeuner.

Buck avait essayé d'être le moins prévisible possible, de prendre des itinéraires alternatifs pour se rendre au travail ou récupérer Christopher au collège.

Un jour, alors que Buck s'apprêtait à rentrer chez lui après une journée éreintante, il remarqua Jonah l'attendant près de sa voiture.

– Salut, Buck ! Je pensais te raccompagner, dit Jonah avec un sourire qui semblait presque dénué de sincérité.

– Jonah, je... je peux rentrer seul, merci, répondit Buck, mal à l'aise.

– Comme tu veux, mais c'est dommage puisqu'on va dans la même direction.

Buck fit de son mieux pour l'ignorer mais même cela n'avait pas suffi à le décourager.

La situation prit un tournant encore plus compliqué lorsque Jonah parvint à se faire embaucher au 118 par Bobby. Ce dernier ne voyait pas les signes inquiétants que Buck percevait clairement.

Buck sentait une tension sous-jacente dans chaque interaction avec Jonah.

Ce dernier devenait de plus en plus possessif, trouvant toujours une excuse pour être proche de lui, que ce soit au travail ou à la maison. Les fleurs et les chocolats arrivaient presque quotidiennement maintenant, au grand désarroi de Buck.

La situation avait atteint un point de non-retour lorsque Jonah avait commencé à s'asseoir à côté de Buck à chaque pause, lui servant son café et essayant de s'immiscer dans sa vie à chaque occasion. Buck savait qu'il devait mettre un terme à cette folie avant qu'elle ne ruine complètement sa vie.

Un soir, après une garde épuisante, Buck se rendit chez Jonah. Il avait besoin de mettre les choses au clair une fois pour toutes.

– Jonah, on doit parler, dit Buck en entrant dans la maison de son voisin.

Jonah leva les yeux de son livre, surpris mais visiblement ravi de voir Buck. Il posa son livre et se leva pour venir le rejoindre.

– Buck ! Quelle bonne surprise ! Je suis content de te voir.

– Il faut que tu arrêtes tout ça. Les fleurs, les chocolats, suivre chacun de mes déplacements... Tu es en train de ruiner ma vie, Jonah.

Le sourire de Jonah se fana, remplacé par une expression d'incompréhension.

– Je suis désolé. Je ne voulais pas te mettre mal à l'aise. Je pensais juste que... que tu avais besoin de moi, murmura-t-il, les yeux baissés.

Buck soupira, sentant sa résolution vaciller devant la vulnérabilité apparente de Jonah. Il était aussi exténué par tout ça, il voulait retrouver sa vie simple, celle d'avant.

– Tu ne peux pas continuer comme ça. Si tu tiens vraiment à notre amitié, il faut que tu respectes mes limites. Je suis fatigué Jonah, admit-il les larmes aux yeux. J'ai besoin de calme et de sérénité pour remettre de l'ordre dans ma tête. Tu peux comprendre ça ?

Jonah hocha la tête, les yeux brillants de larmes.

– Je comprends, souffla-t-il. Et je suis désolé, je voulais juste que tu te sentes vu et aimé. Je promets de ne plus te déranger. Mais s'il te plaît, ne m'expulse pas de ta vie. Reprenons à zéro, d'accord ?

Buck hésita, mais il était fatigué de se battre contre Jonah. Il accepta à contrecœur, espérant que cela mettrait fin à toute cette histoire.

– D'accord. Reprenons à zéro.

Ce soir-là, Eddie vint dîner chez Buck.

Ils passèrent une soirée agréable, parlant de tout et de rien, comme au bon vieux temps. Après le dîner, ils s'assirent sur le canapé, leurs discussions devenant de plus en plus intimes. Finalement, Eddie s'approcha et l'embrassa doucement.

Buck se laissa faire, appréciant le contact.

Très vite, ils s'embrassèrent passionnément, la tension sexuelle entre eux était palpable. Buck ressentait à nouveau cette connexion, ce besoin d'être proche de quelqu'un qu'il aimait. Mais alors que les caresses devenaient de plus en plus pressantes et affamées, Buck eut soudain un flash-back de lui et Jonah dans une situation similaire. Il se raidit, sentant la panique monter en lui, et se dégagea brusquement des bras d'Eddie.

– Buck, ça va ? demanda Eddie, inquiet.

– Oui, oui, ça va, mentit Buck, se redressant pour mettre de la distance entre eux.

Eddie observa Buck avec attention, clairement préoccupé.

– Tu es sûr que tout va bien ? demanda-t-il doucement.

– Oui, c'est juste... je ne suis pas prêt, répondit Buck, évitant le regard d'Eddie.

Eddie acquiesça, compréhensif.

– Je comprends. Il est tard, est-ce que…je peux dormir sur le canapé ? J'ai trop bu pour conduire.

– Bien sûr. Bonne nuit, Eddie, dit Buck en reculant vers sa chambre.

Il laissa à Eddie le soin de se préparer pour la nuit et prit congés, exténué.

Allongé dans son lit, Buck ne parvenait pas à trouver le sommeil. Les événements récents tournaient en boucle dans sa tête. Depuis sa nuit avec Jonah, il se sentait exposé, vulnérable, comme si quelque chose n'allait pas.

Cette situation le perturbait vraiment, et il savait qu'il devait parler à quelqu'un.

Peut-être était-il temps de reprendre rendez-vous avec le docteur Copeland. Il avait besoin d'aide pour comprendre ce qu'il ressentait et pour retrouver un semblant de normalité dans sa vie. Peut-être qu'il pourrait enfin trouver la paix intérieure qu'il cherchait désespérément. Pour l'instant, il devait prendre soin de lui, pour lui-même et pour ceux qu'il aimait.

Buck soupira profondément, fermant les yeux.

Il savait que le chemin serait long et difficile, mais il devait commencer par quelque part. Et peut-être, avec le temps, il parviendrait à retrouver une vie où il se sentirait en sécurité et aimé. Il savait que c'était la première étape vers la guérison et la reprise de contrôle de sa vie. Eddie et Christopher méritaient un Buck entier, capable d'affronter ses démons et de construire un avenir solide.

Il espérait également que Jonah respecterait sa promesse et cesserait ses comportements envahissants. Mais il restait vigilant, prêt à protéger sa vie et son bonheur coûte que coûte.