Écrit par HateWeasel

405. Principes de base.

Tout le monde monta dans la Rolls Royce familiale Phantomhive pour se rendre au rendez-vous d'Alois. Sebastian ne voulait pas que le garçon conduire pour l'instant, et encore moins sa voiture préférée, et les deux autres garçons ne pouvaient tout simplement pas être laissés seuls. Revy était devant avec le majordome, et Luka était assis à l'arrière avec Alois, jetant quelques coups d'œil à ce dernier qui regardait par la fenêtre. Le pauvre garçon observait son frère qui ne semblait pas être lui-même ; plus sinistre, et moins réactifs à son environnement. Le silence résonnait dans toute la voiture, rendant le trajet presque insupportable. Finalement, Luka prit la parole.

- Jim ? demanda-t-il, regardant le blond tout en attirant son attention. Tu vas bien ?

Alois détourna les yeux de la fenêtre et sourit à l'autre garçon.

- Ouais, répondit-il en tendant une main afin d'ébouriffer les cheveux de son frère. Ça va. Ne t'inquiète pas. Je vais m'occuper de ça, et tout reviendra à la normale.

- D'accord... dit le brun alors que le véhicule s'arrêta devant l'endroit habituel du Conseil.

Alois sortit de la voiture et les salua de la main avant de refermer la portière et de monter les marches. Les autres se contentèrent de le regarder un moment alors qu'il entrait dans le bâtiment.

- Il ment, dit tristement Luka. Il va pas bien.

Une fois qu'Alois ne fut plus dans leur champ de vision, son sourire s'effaça et il redevint indifférent. A l'intérieur, il fut escorté dans la pièce où le Conseil se trouvait. S'il se souvenait du sentiment de peur, il aurait remarqué qu'il était un peu effrayé alors qu'il allait voir le Conseil des Douze tout seul. Le garçon devrait répondre à toutes questions ou critiques sans l'aide de Ciel. Qui plus est, il devrait aussi faire des suggestions selon les actions à prendre. Il n'avait pas la moindre idée de par où commencer.

Les portes s'ouvrirent et la menace se retrouva dans une pièce remplie d'hommes âgés et de quelques femmes. Toutes les conversations s'interrompirent brièvement pour regarder le garçon. Certains d'entre eux se mirent à faire des messes basses, tandis que d'autres attendirent simplement le début de la réunion. Finalement, Sir Integra appela au silence, attirant l'attention.

- Mesdames et messieurs, commençons, dit la Hellsing. Nous sommes réunis aujourd'hui de manière inopinée car la situation de la Black Annis a gravement empirée.

Il y eut une pause pour attendre que les chuchotements spontanés se taisent à nouveau.

- Vous l'ignorez presque tous mais il se trouve que les démons derrière cette drogue ont capturé Sir Phantomhive, ajouta-t-elle et les chuchotements reprirent de plus bel.

- Quoi ?! Comment ? demanda Sir Midford en se levant. Ciel est l'un de nos meilleurs agents !

- Peut-être qu'il a changé de camp ? suggéra Sir Kirkland. Vous savez comment sont les démons...

- Comment osez-vous ?! répondit Midford. Il est impossible que Ciel Phantomhive fasse une chose pareille ! Il vaut mieux que ça !

- Calmez-vous tous, dit Sir Hellsing en récupérant l'attention du groupe.

Elle regarda le Macken.

- Monsieur Macken, pourriez-vous nous expliquer ce qui est arrivé ?

L'hésitation d'Alois était clairement visible alors qu'il essayait de faire le tri dans ses idées. Il avait eu du mal à raconter le plus basique à H.E.L.L.S.I.N.G juste après l'incident, et il ne savait pas comment il allait s'en sortir maintenant. Même avec tous ses doutes, il devait le faire. Obtenir l'aide du Conseil pourrait très bien être la première étape pour sauver Ciel. Le garçon passa une main dans ses cheveux et prit une profonde inspiration, calmant ses nerfs.

- Ciel a été blessé avec une lame sainte par les servants de Krampus, après que nous ayons été habilement séparés, commença le Macken en tentant de garder son calme. Lorsque je l'ai retrouvé, il avait été poignardé à de nombreuses reprises et il était recouvert de coupures. Il n'était pas en état de marcher quand nous avons essayés de fuir. J'ai essayé de l'aider, mais les démons de Krampus avait déjà saboté notre voiture. Ils l'ont fait explosé pour nous obliger à fuir à pieds, ce qui s'avérait être impossible parce que nous étions encerclés par des démons plus puissants et il...

Le garçon s'arrêta, ne voulant pas dire la suite.

- Que s'est-il passé ? demanda Sir Midford. Jim, dis-nous ce qui est arrivé, s'il te plaît.

- Il... Il... Il a échangé ma liberté contre son emprisonnement, conclut le garçon en fronçant les sourcils, tout en regardant par terre. Il leur a dit qu'il ne résisterait pas s'ils me laissaient partir...

- Et vous l'avez abandonné ? demanda Sir Kirkland.

- Non ! Pas du tout ! dit Alois en relevant les yeux vers le groupe, haussant le ton. J'ai protesté jusqu'à ce que je sois jeté hors du manoir par les laquais de Krampus ! Je voulais rester avec lui !

- ... Mais Ciel savait qu'au vu de la situation, il fallait que l'un de vous s'échappe, pour qu'il revienne chercher l'autre, dit Integra, rassemblant les pièces du puzzle. Je suppose que vous voulez suivre ce plan d'action ?

Alois se détendit et acquiesça.

- Plus que tout au monde... dit-il faiblement.

- Alors pourquoi ne retournez-vous pas au domaine Trancy avec des renforts ? demanda Sir Kirkland.

- Inutile. Ils se sont très probablement enfuis, répondit Sir Greendown. Et son portable ? Il a sûrement un GPS installé...

- Ne soyez pas stupide, intervint Sir Rob Walsh en s'adossant contre sa chaise. S'ils ont eu l'idée de faire exploser leur voiture pour qu'ils ne s'enfuient pas, ils sont probablement assez intelligent pour se débarrasser du téléphone pour que nous ne puissions pas les pister.

- Il doit bien y avoir un moyen de le retrouver... dit Sir Midford croisant les mains. H.E.L.L.S.I.N.G pourrait sans doute... ?

- J'ai déjà envoyé plusieurs équipes pour surveiller la zone, répondit Sir Integra. Nous n'avons rien trouvé. Le manoir était déjà abandonné et revenu à son état normal, et la voiture Phantomhive n'était plus qu'une carcasse, ce qui rejoint le témoignage que nous avons.

Les humains débattirent tout en faisant des suggestions, mais, ils étaient surtout en train de se disputer. Certains étaient sincèrement terrifiés, étant donné qu'ils n'auraient jamais pensé que le Phantomhive puisse être vaincu, et encore moins être capturé. Il fallait s'attendre à ce que certains d'entre eux soient chamboulés par cette nouvelle, mais personne ne semblait savoir quoi faire. Alois finit par les ignorer pour réfléchir.

H.E.L.L.S.I.N.G avait examiné la zone autour du Manoir Trancy et à l'intérieur ? Pourquoi ? Pour trouvé un indice indiquant où ils seraient partis ? Peut-être. Les démons de la Black Annis n'avaient aucune raison de rester là-bas, et ils n'allaient sans doute pas rester à Londres. Ceci dit, par où étaient-ils partis ? Le Manoir Trancy se trouvait au Nord-Ouest de Londres, et on pouvait partir du principe que les démons n'allaient pas prendre le risque de transporter le Phantomhive à travers la ville. Cela signifiait qu'ils ne pouvaient pas être allés au Sud, ou à l'Est. Ils devaient être allés vers le Nord ou le Nord-Ouest, puisqu'il était plus simple de sortir de la ville par là. Mais, où pouvaient-ils se cacher ensuite ?

- On peut déjà oublier Londres, dit le garçon en attirant l'attention des humains. Ils sont partis. Ils ne sont probablement pas passés par la ville, et étant donné l'emplacement du Manoir Trancy, ils sont sans doute partis au Nord, ou au Nord-Ouest. Essayez de chercher de ce côté-là jusqu'à ce que l'on puisse encore plus réduire les possibilités.

Une fois qu'il eut fini de parler, il se demanda s'il ne s'était pas un peu trop avancé. Les gentlemen avaient cessé leurs chamailleries pour l'écouter. Ses doutes furent balayés, cependant, lorsqu'il remarqua que la Hellsing souriait.

- Très bien, Monsieur Macken, dit Integra en ricanant. Je vais prendre cela en compte et en informer mes équipe aussi vite que possible.

Lorsqu'elle sortit son téléphone et se mit à envoyer des messages, certains des autres membres reportèrent leur attention sur la menace blonde.

- Jim, est-ce que... tu vas bien ? demanda Sir Midford avec un air inquiet.

L'homme était quelque peu familier avec le garçon étant donné sa proximité avec le Phantomhive, alors il arrivait à voir quand quelque chose n'allait pas.

- Oui, répondit Alois de manière presque automatique.

- Mais n'êtes-vous pas des amants, Phantomhive et vous ? demanda Sir Kirkland. Vous devriez sûrement être un peu plus contrarié...

- Je n'ai pas le temps d'être contrarié, dit la menace. Me laisser m'emporter à cause de l'absence de Ciel ne fera que me ralentir pour le ramener. Jusqu'à ce qu'il rentre, je ne verserai pas une seule larme.

- Vous ne trouvez pas ça un peu cruel ?

- Je ferai ce que j'ai à faire, Sir Kirkland. C'est que Ciel m'a demandé.

- Vous ne pouvez pas juste oublier Phantomhive pour le ramener ! dit l'homme en se levant. De toutes les horreurs contradictoires, et les conneri-

- Kirkland ! Rasseyez-vous ! interrompit Sir Anthony Greendown. Vous n'êtes d'aucune aide.

Il jeta un regard au Macken, comme pour le viser. Alors, Sir Kirkland regarda le garçon, marquant une pause afin de l'observer.

Il semblerait que tous les sentiments que le garçon avait au début de la séance avaient disparus ; écrasés quelque part au plus profond de son esprit. Le regard d'Alois était aussi mort que vide, regardant sans réellement voir. Sir Kirkland fut troublé, réalisant qu'il avait franchi une limite assez grave.

- Qu'est-ce... Qu'est-ce que vous... ? dit-il en se rasseyant, n'osant pas détourner les yeux du démon ne serait-ce qu'une seconde.

Le démon ne bougea pas d'un pouce, attendant qu'on lui indique de parler.

Étrangement, cela vint de Mathew Westley. Le père de l'un des amis du garçon n'avait pas grand-chose à dire concernant le sauvetage de Ciel. Ceci dit, il fit remarquer quelque chose d'important.

- Monsieur Macken, commença-t-il. Je ne veux pas être indiscret, mais comment comptez-vous vous consacrer à cette cause ? D'après mon fils, vous commencer vos cours à l'université dans quelques jours à peine, non ?

Alois écarquilla les yeux en s'en rappelant. Il n'avait pas suivi le calendrier. Même si le bleuté n'y serait pas avec lui de toute manière, il ne voulait pas y aller sans pouvoir rentrer chez lui et voir le Phantomhive. Qui plus est, il ne voulait pas perdre du temps qu'il pourrait passer à chercher Ciel, surtout pour étudier un métier qu'il exerçait déjà.

- Je peux sécher, dit-il enfin. J'ai besoin de temps pour faire mon travail.

- Écoute, Jim, nous savons que tu aimes Ciel, mais tu ne devrais pas négliger tes autres obligations, dit Sir Midford, essayant d'être compréhensif.

- Je ne suis pas obligé d'y aller, protesta Alois. Je ne suis pas mortel. Ce n'est pas comme si je n'avais pas le temps plus tard. Par contre, je n'ai vraiment pas le temps de laisser Ciel entre les mains de ces monstres !

- Monsieur Macken, ne mettez pas de côté vos autres devoirs pour devenir une sorte de "Capitaine Achab" à cause de cela, dit Sir Hellsing, disant concrètement ce que Sir Midford essayait d'insinuer. Laissez-moi prendre une partie du fardeau. C'est mon travail. Vous n'êtes donc pas autorisé à prendre part à cette opération tant que vous avez d'autres préoccupations.

- Mais Integra-!

- Point final, Macken, interrompit la femme. Jusqu'à ce que vos cours débutent, vous êtes libre de participer, mais ensuite, vous ne pourrez le faire qu'une fois que vos devoirs seront terminés.

Le blond fronça les sourcils tout en plissant le nez. Son indifférence se transforma en colère alors qu'on lui interdisait ce qu'il devait faire avec une restriction puérile. Le garçon serra et desserra les poings alors que la femme se mit à écrire quelque chose sur son téléphone, envoyant sans doute des instructions à Sebastian pour renforcer ces restrictions. L'homme en était capable. Mais, Alois n'allait pas se laisser faire.

- Integra, je vous en prie ! dit le garçon en s'avançant. J'en ai besoin ! Je ne peux pas juste rester assis les bras croisés à faire des devoirs pendant que Ciel pourrait être en train de se faire torturer, ou pire encore !

- Monsieur Macken, vous devez garder votre calme, répondit Integra d'un ton plus ferme cette fois.

Le démon s'arrêta net.

- Je sais que vous vous souciez de Ciel, et que vous avez l'impression de lui devoir quelque chose pour ce qu'il a fait pour vous, mais vous devez suivre les règles pour pouvoir sauver Ciel et ne pas perdre votre lucidité en même temps.

Alois regarda ses pieds.

- Oui, madame... dit-il à voix basse.

Ainsi, il fut décidé que la réunion se terminerait avant que les choses ne dérapent encore plus.