Voici un nouveau Hors Série sur le point de vue d'Ojutaï. J'en disséminerai d'autres tout au long de cette fiction. Il y aura différentes thématiques, comme des réminiscences du passé qui apporteront des informations et détails utiles à la compréhension de l'univers du royaume d'Erevan entre autre. Je vous conseille donc de les lire afin d'appréhender l'histoire dans sa totalité et mieux comprendre les événements futurs.
Le prochain chapitre arrive très vite !
(-)
Réponses aux reviews :
Guest 1 : Merci pour ce chapitre :)
Je suis presque sûre que personne ne voudra tenter le passage après l'explication du ressenti
- Déjà, merci beaucoup à toi pour avoir pris le temps de me laisser une review, c'est vraiment gentil de ta part et ça me motive encore plus pour la suite !
Sinon, oui c'est sûr qu'après la description très... particulière des jumeaux, personne ne voudra essayer l'expérience. Ces deux là peuvent faire preuve d'une grande imagination et ne manquent aucune occasion pour en faire part aux autres. XD
Guest 2 : Je crois bien que cette fanfiction est l'une des mieux écrite que j'ai pu lire jusqu'à présent! Vraiment, c'est très agréable à lire et le vocabulaire est riche, une vrai pépite! C'est tellement bien écrit que je suis sûr que certain livre dans ma petite bibliothèque ne lui arrive pas à la cheville.
Et même si j'aime pas trop les romance avec Marco, cette histoire est tellement bien que je m'en contre fiche XD
Je suis très heureuse d'être tombé sur ton histoire! Merci pour ton beau travail :D
- Oh la la, j'ai été très émue par ta review ! Je ne pense tout de même pas mériter de si beaux compliments (c'est beaucoup trop de comparer ma fiction à un livre). x)
J'essaie d'éviter les répétition du mieux que je peux afin de ne pas tomber dans un style d'écriture trop simpliste et ennuyeux (je n'aime pas bâcler les choses). Même si parfois je dois me refréner pour que cela ne soit pas redondant. Mais quitte à reprendre sérieusement cette fiction, autant que ce soit au maximum de mes capacités (je sais qu'il me reste tout de même pas mal d'ajustements à faire). ^^
Franchement ces mots chaleureux me font grand honneur et je suis sincèrement ravie que tu apprécies cette histoire malgré la romance MarcoxOC. Mais promis ce n'est pas ligne principale, bien des aventures attendent notre chère Isaya ;)
En tout cas merci à TOI de m'avoir laissé ce beau commentaire, tu m'as regonflé à bloc pour les mois à venir ! :3
(-)
Pour conclure encore mille merci à ceux qui lisent activement cette fiction et encore plus à ceux qui prennent le temps de laisser un commentaire (ça donne des shots de motivation mdr) !
Je ne vous retiens pas plus et je vous souhaite une bonne lecture !
H-S. 2
Je ne me souvenais pas particulièrement de mes vies antérieures. Je devais en être à la quatrième, ou bien était-ce la cinquième ? Tout ce que je savais c'est que j'avais environ deux mille ans. Deux mille ans avant de la rencontrer. Et maintenant je comprenais. Je saisissais enfin ce que voulaient dire ces autres dragons qui pour moi, en des temps anciens, me paraissaient fous.
Fous de renier une existence de liberté pour celle de servitude. Mais en réalité il n'en était rien, cela dépassait l'entendement. Même si à l'époque, jamais je n'aurais cru lier ainsi mon existence à celle d'une créature inférieure en puissance, force et bien d'autres aspects. Pas que les humains m'étaient insupportables. Non, je ne m'intéressais tout simplement pas à leurs futiles et brèves vies. À les voir s'agiter dans tous les sens et compliquer des choses pourtant simples et évidentes, je ne les comprenais tout simplement pas.
Toujours est-il que personne ne connaissait réellement la raison de l'existence de ce lien entre nos deux races. Présent depuis des milliers d'années et bien que rare, il se répétait selon le même schéma. Selon quelques légendes il aurait pu s'agir d'une malédiction tandis que pour d'autres, d'une bénédiction mais aucun écrit ne pouvait trancher. D'après certains cela était suite à une terrible guerre qui avait presque fini par annihiler ce monde. Alors un accord tacite aurait été passé pour éviter que cela ne se reproduise jamais. Mais dans cet échange les dragons étaient clairement désavantagés car souvent cela menait à leur mort définitive. En contrepartie ils avaient tout de même accès aux sensations et émotions humaines, les rendant de ce fait bien plus sages et intelligents que n'importe quel dragon sauvage. Quant aux humains, ils voyaient leur espérance de vie s'accroître jusqu'à frôler l'immortalité et se retrouvaient avec une réserve de magie quasi-inépuisable, spécifique à la race des mythiques créatures. Une personne n'ayant pas vécu l'alchimie entre dragons et dragonniers, était bien incapable de l'expliquer tellement cela était indescriptible.
En tout cas, la première fois où j'entendis SA voix, c'était dans l'œuf. Tout d'abord, sentant la fin de mon existence proche, je m'étais figé dans la pierre. Quelqu'un avait alors délogé mon cœur, devenu réceptacle à ma nouvelle incarnation. À travers mon long sommeil j'avais bien ressenti de nombreuses présences tenter de m'éveiller mais dans mon état de léthargie, je n'en avais cure. Elles ne méritaient pas l'infime honneur de mon éveil. À l'exception d'une : Isaya.
À la différence de tous, elle avait chanté et m'avait étreint comme si j'étais la chose la plus précieuse de l'univers. Sa sincérité et sa présence avaient résonné en moi comme un appel profondément ancestral, faisant vibrer mon âme en écho avec la sienne. Mon instinct affûté m'avait alors poussé à la rencontrer, à la voir et mettre enfin un visage sur l'existence qui souhaitait si ardemment me connaître. Cela en était presque devenu vital.
Il me fallut tout de même une dizaine de jours pour avoir assez de force et de volonté afin de briser ma coquille. Mais quand j'eus enfin la possibilité de me libérer du réceptacle temporaire, la délivrance me parut comme une récompense ultime. Alors deux yeux ambres et larmoyant m'accueillirent, à cet instant le monde cessa de tourner. La gravité sembla même changer en faveur de la très jeune enfant qui se tenait devant moi. Isaya devint la pièce centrale de mon existence, un lien indéfinissable nous unissant à tout jamais. Tout comme un aimant, je fus bien incapable de la quitter des yeux pendant de longs mois et cela était réciproque. Mon monde était chamboulé mais je ne pouvais ne serait-ce que l'imaginer sans elle.
Cette frêle enfant était devenue ma sœur, ma plus chère amie, mon double humain mais avant tout, la moitié de mon âme. Dans les débuts il était tout simplement impossible de nous dissocier, nous étions un tout. Mais nous avions appris avec le temps à nous séparer et ressentir la présence l'un de l'autre quelque soit la localité. Alors les saisons s'enchaînèrent jusqu'à ce que l'on soit tous deux capables d'évoluer chacun de notre côté. Nous partagions tout, de nos rêves jusqu'à nos pensées en passant par nos ressentis les plus profonds. Je découvrais alors ce qu'étaient les émotions humaines, bien plus puissantes et intenses que celles des dragons. Il me fallut un temps d'adaptation face à toutes ces nouveautés. Mais cette expérience en valait la peine même si je savais que cela avait fortement adouci mon caractère sauvage et fougueux, lié à ceux de ma race.
Et maintenant me voilà, à veiller sur la fragile créature qui était dorénavant ma raison d'exister. Elle avait bientôt seize ans et cela faisait quatre années que je veillais sur elle et sa croissance lente d'être humain. Notre relation privilégiée allait de paire avec l'acceptation de sa fragilité inhérente à son espèce. Et même si cela m'inquiétais grandement, je n'y pouvais pas grand chose. Alors j'espérais que notre lien puisse prolonger sa courte existence pour au moins deux milliers d'années car il m'était inconcevable que cela en soit autrement. Mais je ne pouvais spéculer sur l'avenir car chez les humains tout restait très incertain et éphémère.
Souvent Isaya me parlait de futur, de guerre, de devoir. Des notions qui m'échappaient encore mais pour elle j'irai jusqu'au bout du monde et je mènerai ses combats s'il le fallait. Car bien que ma vie soit libre, la sienne ne l'était pas. Elle dépendait des autres et surtout de ce royaume. Au début je ne saisissais pas la subtilité de ces valeurs mais je compris vite à quel point tout cela lui était important et régissait son existence même. Alors je m'accommodais de cette vie et ses règles, de toute façon nul n'osait manquer de respect à un dragon. J'eus parfois l'envie de raser cette académie où ma petite humaine apprenait l'art de se battre, surtout lorsqu'elle revenait couverte d'ecchymoses et d'écorchures. Mais elle sut toujours me raisonner avec une sagesse sidérante pour son âge.
Mes réflexions, en cette fin d'après-midi, furent interrompues lorsque je sentis sa présence non loin. Isaya me semblait sur-excitée car ses pensées tourbillonnaient à toute allure et je ne réussis pas à discerner le pourquoi de tant d'agitation. Tournant mon long cou en sa direction, j'aperçus ma jeune humaine sortir de l'une des grandes portes de la ville à toute vitesse. Elle accéléra encore pour descendre la colline et rejoindre le plateau herbeux où je me reposais paresseusement au soleil. Sur ses talons, Jace son meilleur ami humain, tentait de suivre le rythme effréné qu'elle lui imposait. Enfin arrivée à mon niveau, elle se jeta sur moi et m'enlaça du mieux qu'elle put, dans une accolade chaleureuse. Malgré ma taille déjà imposante, je le lui rendis bien volontiers et le plus délicatement possible, prenant soin à ne pas l'écraser. Tout son corps et son esprit bouillonnait d'énergie malgré ses longues heures d'entraînement.
- Ojutaï ! J'ai une grande nouvelle !
- « Calme toi Isaya, je n'arrive même pas à discerner tes pensées. »
- Pardon mais je sais enfin qui sera notre maître pour les années à venir !
Son ami, nous rejoignit, essoufflé. Il s'écroula sur le sol, les mains placées sur son pourpoint renforcé de l'Académie.
- Isaya tu cours - bien trop vite, j'ai en du mal - à te suivre !
Commençant à m'impatienter quant à l'importante nouvelle, je me mis à fouetter l'air de ma queue dans un tic d'empressement.
- « Alors, ce sera qui ? »
Ma dragonnière se redressa fièrement avant de prendre un ton solennel.
- Maître Gawallel Oak Iron !
Ses yeux pétillaient et ses joues étaient rougies par l'information qui déterminait à présent notre futur. Tout son être vibrait et elle irradiait de contentement.
- « Le mage de guerre au tempérament de feu ? »
- Lui-même. Mais ce n'est pas tout, Jace sera aussi son élève ! Ainsi nous ne serons pas séparés.
À son ton à la fois joyeux et soulagé, je vis le jeune humain sourire tendrement, touché que leur relation compte autant à ses yeux. Ces deux là étaient inséparables depuis qu'ils avaient commencé leur enseignement à l'âge de dix ans. Et lorsqu'ils n'étaient pas en classe, nous passions le plus clair de notre temps ensemble. Tout en s'asseyant auprès du brun, Isaya reprit bien vite :
- Tu te rends compte de la chance que l'on a ? Maître Gawallel Oak ! Une légende parmi les légendes et de surcroît membre du Conseil des Sages. On ne pouvait clairement pas rêver mieux comme enseignant. Il a vu plus de guerres et de combats que la majorité des mages d'Arakum et il excelle dans son domaine.
- « Et Lance Aglion ? »
Les deux humains se lancèrent un regard complice avant de rire sournoisement. Je savais qu'ils s'entendaient tous trois assez mal et qu'une certaine rivalité avait prit place entre eux, enfin surtout avec Isaya. J'étais donc curieux du destin de leur concurrent.
Ce fut Jace qui répondit :
- Il est tombé sur le Général Athelardus Renfry de Sandar.
- « Sandar dit le Rouge ? Le cousin du roi ? »
- Celui-là même.
Mon humaine pouffa malicieusement derechef, avant de donner un léger coup de coude à son camarade.
- Hey Jace, tu penses que Lance va continuer à être imbu de lui-même ou tu crois qu'il va être rapidement mis au pas avec pareil instructeur ?
- Oh j'espère bien Isaya, il mérite que quelqu'un le fasse descendre de son piédestal.
Tandis que les deux jeunes continuaient de lancer des boutades à l'encontre de leur rival, je ne pus m'empêcher de penser au futur. Cette nouvelle annonçait le début d'une prochaine ère. Bientôt ma dragonnière quitterait l'académie militaire pour intégrer l'Ordre des Dragonniers et cela signifierait son passage officiel à l'âge adulte. Alors des entraînements plus rigoureux et des missions afflueraient petit à petit jusqu'à ce que cela devienne notre quotidien. De mon point de vue, c'était bien trop tôt, même si je comprenais que leurs vies étaient brèves. Les humains imposaient des fardeaux bien trop lourds à leurs jeunes, à peines assez matures pour voir le sang couler sans frémir. Leurs existences étaient telles des flammèches qui brûlaient ardemment et férocement mais qui s'éteignaient tout aussi vite qu'elles s'étaient embrasées. Comment pouvaient-ils sacrifier aussi facilement leur jeunesse ? Mon esprit de dragon ne pouvait le concevoir.
Malgré tout ce n'était pas à moi de remettre en question les us et coutumes des humains. Même si tôt ou tard je combattrai également pour leurs causes et valeurs à cause du lien qui m'unissait à ma petite dragonnière. Alors je profitais simplement de cette douce accalmie en cette fin d'été, chaud et ensoleillé, espérant sincèrement que l'avenir soit clément pour ces deux enfants encore innocents.
Comme une réponse à mon souhait muet, les environs s'emplirent de l'écho des rires joyeux des jeunes humains. Je reposai alors un regard bienveillant sur les deux frêles silhouettes, qui maintenant s'amusaient à s'affronter dans une pâle imitation d'un féroce combat. Ils finirent par rouler au sol, faisant s'envoler le pollen agglutiné des fleurs sauvages et se mirent à éternuer frénétiquement. Ceci déclencha une nouvelle hilarité chez eux. Les duo était tout simplement heureux et pour le moment l'avenir leur semblait radieux. Surtout après un début de vie sombre et sanglant, rien en cet instant n'aurait pu les priver de cette positivité et de ce bonheur d'être en la présence l'un de l'autre.
Ce n'est que bien plus tard que je sus à quel point ces temps étaient doux et infiniment précieux. Mais rien n'est éternel et les crocs du destin peuvent parfois se montrer bien impitoyables. Même pour ceux qui avaient déjà tant souffert de ses affres.
Prends garde à l'avenir : que de bouleversements amène le destin ! - Euripide
Voici la fin de ce HS, j'espère sincèrement qu'il vous aura plu. Le prochain chapitre va arriver dans la foulée, je dois juste le relire encore deux-trois fois afin d'être sûre qu'il soit – à mes yeux – assez bien pour être publié.
En ce moment je suis obnubilée par les personnages de Médée et Andromaque. Donc je n'ai pas pu m'empêcher de lâcher une petite citation d'Euripide, qui est de circonstance. Mais avouons le, c'était le plus gros dramaturge et au passage, dépressif de l'antiquité ! XD
Sur ce, à très bientôt pour la suite !
AprilAwake
