Des cris. C'est ce qu'elle entendait. Elle venait tout juste de quitter le bureau de la Dr. Ellis pour se diriger vers la sortie et quitter le laboratoire pour une autre fin de semaine. Son intuition lui indiquait clairement qu'il s'agissait de la voix de son ami Peter. Il n'y avait aucun doute.
Par instinct, mais aussi par curiosité, elle se dirigea vers la provenance des cris de douleur. Annabelle arriva à la destination de l'horreur. Il n'y avait pas de mot pour décrire ce qu'elle vit. Peter était assied sur le sol tandis que Brenner ordonnait à deux infirmiers de le torturer à l'aide de pistolets Taser.
«Va-t'en!»
Son cœur manqua un battement à la réponse de Peter dans sa tête et aux cris qu'il continua de pousser à mesure qu'on continuait à le tourmenter. Malgré la douleur, il était dans la capacité de communiquer avec elle et l'implorait de partir :
«Pars avant qu'il ne te voit! Je ne veux pas qu'il te fasse du mal!»
Son ordre la frappa avec empressement et force tel une voiture à haut vitesse. Cela l'a fit saigner du nez de manière instantané et elle parti apeurée par ce qu'elle venait de voir.
Comme si le diable était à ses trousses, la rouquine rentra dans l'ascenseur. Durant son trajet, elle essuya le sang de son nez avec un mouchoir et le serra dans son sac à main. Puis, elle quitta l'ascenseur et le laboratoire pour se précipiter à sa voiture sans regarder les autres employés.
Elle referma la portière de sa voiture et elle put de nouveau respirer. Le silence s'installa, mais Annabelle avait l'impression d'entendre encore les cris de Peter. Son cœur continua de battre la chamade à ce qu'elle venait de voir. Le pire dans tout ça, c'était que Peter l'avait implorer de partir. Il s'était montré empressé qu'elle disparaisse. Il n'avait pas voulu de son aide, mais en même temps, qu'est-ce qu'elle aurait pu faire devant Martin Brenner.
Cet homme se montrait vicieux d'imposer de la souffrance. Contrôlant et vicieux. Le genre d'être humain qu'Annabelle détestait au premier regard sauf qu'il l'avait bien caché. Si elle avait su qu'il était comme ça, jamais elle aurait postuler au laboratoire. La jeune femme commença à réaliser que ce n'était que la pointe de l'iceberg. Il y avait toujours pire après... Même s'il se montrait galant et gentil avec elle, Annabelle avait l'impression que si elle faisait un faux pas, ce serait fini.
Impuissante, c'est ce qu'elle était.
Et Peter se trouvait aussi impuissant dans cette situation.
Il avait pourtant répondu aux maintes questions de «papa» avec précision. C'est-à-dire qu'il avait donner les mêmes réponses qu'Annabelle dans les moindres détails. Cependant, le vieil homme restait méfiant à son sujet. Il ne lui faisait pas confiance. Pas le moins du monde. Alors, Peter resta là à encaisser. Il ne pourrait rien faire d'autre qu'éprouver de la douleur et de la colère. Celle-ci menaçait d'exploser comme un volcan. Cependant, Soteria était toujours loger dans cou, bloquant l'accès à ses pouvoirs et le rendant faible. Il serra les dents en essayant d'éviter de se mordre la langue jusqu'au sang. La sueur coula sur sa peau blanche. L'entité qui le possédait se montrait tout aussi instable que lui. En colère, elle ne pouvait rien faire d'autre que d'attendre son heure.
C'était inévitable. La douleur sur sa peau, les chocs électriques et les coups qu'on lui donnaient. Il ne pouvait pas y échapper pour un autre tour et il ne comprenait pas pourquoi Brenner le punissait ainsi jusqu'à ce qu'il rentre dans la pièce en indiquant aux autres de quitter.
-Tu sais pourquoi je t'ai puni, Henry? Demanda-t-il avec une voix autoritaire lorsque la porte se referma.
Il le regarda avec les bras croisés sur sa poitrine. Il était déçu, mais avec lui, c'en serait toujours ainsi.
-N...Non.
-C'est un avertissement concernant ceci.
Il sorti de sa poche un papier. C'était un emballage de bonbon vide. Le papier froissé rappela qu'il avait offert à Onze une friandise pour ses efforts malgré son échec au test, plus tôt dans la matinée. Ses yeux s'écarquillent sur le papier, ne comprenant pas comment Brenner avait mis la main dessus, ni pourquoi c'était la seule raison de sa punition. Cela ne concernait pas sa relation avec Annabelle. Seulement le bonbon. Celui-ci était aussi interdit que le fruit défendu.
-Je suis le seul autoriser à donner des récompenses aux enfants. Tu n'es pas autorisé à le faire. Il me semble que nous avons déjà eu cette conversation par le passé. Que cela ne se reproduise plus sinon il y aura des conséquences. Tu comprends?
-C'était...c'était pour moi, répondit-il avec crainte.
Une crainte qu'il réussit à jouer comme un acteur. Après tout, il avait l'habitude de jouer la comédie avec lui. S'écraser devant son autorité, ça fonctionnait presque à tout les coups. Il pouvait éviter d'autres douleurs.
-Je te demande pardon?
-C'était pour moi, murmura-t-il, en refusant de le regarder directement. J'en avais envie.
Il ne voulait pas le dire, mais c'était seulement pour Onze. Pas pour lui. Il l'entendit soupirer.
-Bon...Ne recommences plus. Ce n'est pas parce que je t'ai autorisé à être utile en devenant infirmier que tu ne dois pas m'écouter. Il y a aura toujours des règles à respecter. Retourne à ta chambre. Je ne veux pas te voir travailler pour le reste de la journée, ni pour la fin de semaine.
Et c'est ainsi que l'infirmier se retrouva dans sa chambre à tourner en rond. Il savait que cela indiquait qu'il était prescrit de repas à la fin de la journée et de la collation du soir. Peut-être pour toute la fin de semaine également. Il n'était pas autorisé à aller à l'infirmerie pour guérir ses blessures. Celles-ci le démangeaient atrocement et il avait envie de gratter sa peau. Peter ne devrait pas le faire. Cela ne ferait qu'empirer ses blessures. Cela créerait des plaques et des gales qui ne ferait que le déranger davantage.
Pour une punition qui concernait un simple bonbon, Peter se retrouvait choyer. Il semblait heureux pendant quelques instants à l'idée de ne pas travailler que ce soit à surveiller le troupeau de moutons que représentait les sujets de tests, ni de nettoyer une quelconque surface. Peut-être parce que «papa» ne savait plus comment réagir face à lui et qu'il n'avait pas le temps pour ses bêtises. Brenner avait sans doute d'autres chats à fouetter.
Il décida de prendre une douche rapidement. L'eau froide soulagea la tension qu'il ressentait et elle fit du bien sur ses lésions. Son temps sous la douche l'aida aussi à penser à autre chose et il se demandait ce qu'il allait faire. Onze serait probablement perdue à l'idée de son absence, mais elle devait supporté à l'idée d'être seule pendant quelques jours. Il espérait que personne n'irait embêter sa préférée pour quoi que ce soit. Il ne supporterait pas Deux et sa clique.
Puis, il mit son uniforme de pyjama soit un pantalon et un chandail blanc. Il s'installa sur son lit, soulagé d'être dans sa chambre à éviter le travail. Ses yeux se posèrent sur les livres sur sa table de chevet. En particulier sur celui d'Annabelle. Il ne l'avait pas commencer. Henry n'avait pas la tête à ça.
Il commença à penser à elle. Son inquiétude l'avait percutée lorsqu'il se faisait punir et à ce moment là, Henry avait eu peur qu'elle se fasse prendre par Brenner.
Il aimerait qu'elle soit là. Sa présence le calmerait. Elle calmait aussi la présence avec lui, qui faisait parti de lui. L'entité se montrait imprévisible par moment, mais Henry avait comprit qu'elle était son allié derrière tout ça. Il comprenait aussi qu'elle aimait aussi Annabelle.
Alors il essaya de chercher son esprit malgré les limites.
Annabelle le faisait aussi.
Chacun ayant parcouru la moitié du parcours dans le vide, ils se percutèrent avec une certaine brutalité comme des étoiles contraires. Le vide prit forme dans le noir et les deux silhouettes prirent formes.
La rouquine se retrouva à projeter son esprit avec plus de facilité. Cela devenait de plus en plus facile de le retrouver et elle fut surprise de pouvoir le contacter de chez elle. La distance avait été un obstacle. Cependant, cela ne la semblait plus la déranger.
La silhouette de Peter se détacha du noir avec son uniforme d'infirmier blanc. Il s'approcha d'elle, rassuré qu'elle était en sécurité chez elle. Il voulut ajouter quelque chose, mais il remarqua immédiatement que ses cheveux étaient détachés et qu'elle portait une nuisette ainsi les mots restèrent dans sa bouche. Il resta figé lorsqu'elle se précipita vers lui pour le serrer dans ses bras, un geste qu'il n'avait pas l'habitude depuis longtemps.
-Oh mon dieu, Peter! Tu vas bien!
Il resta figé encore un moment avant de réaliser que cela lui faisait du bien. Son inquiétude pour lui réveilla quelque chose en lui et il leva les bras pour répondre à son étreinte. Maladroitement au départ, il serra légèrement plus fort.
-Oh...excuse-moi...J'étais inquiète...
Annabelle voulut se retirer de l'étreinte parce que cela devenait maladroit, mais Peter serra encore plus, savourant son geste d'affection. Elle crut qu'il sentait ses cheveux. Il finit par la lâcher en lui caressant légèrement le dos.
-Tu n'as pas besoin de t'inquiéter. Je suis là, répondit-il enfin, un sourire plus naturel que les autres sur le visage.
-Mais Brenner t'a torturé. Il t'a fait du mal.
-Il a l'habitude de le faire lorsque je transgresse ses règles. Cela ne te concernait pas. Alors, tu n'as pas à t'inquiéter de...
-Mais j'étais morte d'inquiétude. Tu m'as poussé à partir...Je voulais t'aider.
-Hum...J'apprécie ton aide. Je ne voulais pas qu'il t'attrape. Il aurait pu arriver n'importe quoi. Il aurait pu te blesser et je ne voulais pas ce que ça t'arrive. Il peut être cruel.
Annabelle resta près de Peter, rassuré un temps soit peu. Cependant, elle ressentait de la rancune pour Martin Brenner. Elle commença à voir ce que Peter voulait qu'elle voit. Un homme cruel et manipulateur.
-De toute façon, tu n'aurais pu rien y faire.
-Il y a sûrement quelque chose que tu peux faire pour partir de cet endroit, non? Demanda-t-elle.
-Oui, mais cela prendra plus de temps. Je ne veux pas te mêler à ce genre d'affaire, Annabelle. Si jamais tu te fais attraper, il se peut que je ne puisse pas te revoir...
Elle se contenta de hocher la tête et incapable de supporter le regard affectueux de son infirmier, elle observa les alentours. Il n'y avait rien. Aucun paysage et aucun détail. Seulement du noir. Le sol était humide comme s'ils marchaient tout les deux sur de l'eau sombre. Ses yeux aperçurent des ombres, mais il était impossible de discerner les détails tant elle semblait flou.
-Comment se fait-il qu'on se soit rejoint de cette manière? L'endroit est étrange...
-C'est le vide. Tu as propulsé ton esprit et je l'ai attrapé pour nous projeter dans cet espace. Le lien devient plus fort et stable à mesure que tu contrôles tes pouvoirs. Il y a quelques semaines, cela n'aurait jamais pu arriver.
-Depuis combien de temps es-tu au laboratoire alors?
-20 ans pour être juste, dit-il en soupirant.
-Tes parents ne devraient te chercher dans ce cas-ci ou quelqu'un?
Peter repensa à ses parents et ils les détestaient. Il repensa également à Patty, sa première flamme qu'il avait aidé à retrouver sa mère biologique. Elle ne pouvait rien faire pour lui et elle n'était pas spéciale. Pas comme Annabelle. L'entité sombre ne vouait aucune attache au passé que ce soit à Patty et aux parents d'Henry. Après s'être rassuré que Patty avait survécu à son attaque lors de sa perte de contrôle, il avait constaté qu'elle avait retrouvé sa mère à Las Vegas. Cela l'avait réconforter. Patty avait continuer de l'appeler, mais il n'avait pas répondu. Peut-être se sentait-il coupable à l'époque de l'avoir blessé ou peut-être que le monstre de l'ombre avait brouillé ses souvenirs. Maintenant, l'entité était intéressé à Annabelle autant qu'Henry l'était. Si la présence obscure avait eu de la rancune pour Patty, il en était rien pour Annabelle.
-Mes parents ont été de mèche avec Brenner. Ce sont eux qui m'ont emprisonné au laboratoire.
La jeune femme semblait encore plus triste pour lui. Son ami était encore plus seul qu'elle ne l'aurait imaginer. Comment des parents pouvaient être aussi cruels envers leur enfant? Elle avait l'impression qu'il cachait quelque chose d'autre. Une blessure douloureuse, mais par respect, Walker ne poussa pas.
-Je suis désolé, Peter. Mais je suis là si tu as besoin de parler.
Cela le fit frissonner parce qu'elle était honnête, douce et gentille. Il était persuadé qu'elle pourrait blesser, voire tuer pour lui avec le temps. Elle voulut le serrer dans ses bras pour le rassurer, mais il fit le premier pas. Dans un mouvement rapide entre douceur et violence, il l'attira à lui pour la serrer dans une étreinte.
Une sensation de picotement se prolongea sur sa peau. Un effet d'apaisement se répandit sur ses blessures et il se détacha rapidement d'Annabelle pour constater que les marques de tortures avaient été guéris.
-Comment tu as fait ça?
-Je ne sais pas.
-Oh...Annabelle. Tu es magnifique.
Figée, elle ne put rien dire tandis qu'il la regardait comme si elle était la femme la plus importante sur terre.
C'était l'une des rares fois que la présence lui murmurait dans sa tête :
« Elle est intéressante. Il faut qu'elle nous rejoigne. Il faut qu'elle soit à nous.»
Et Annabelle ne l'entendit pas. Et Peter voulait qu'elle reste avec lui. Avec eux.
