La nuit était chaude et humide. Du moins, c'est ce qu'elle se souvient lorsqu'elle s'était remise au lit. Un vent froid s'invita dans sa chambre et elle n'arriva pas à comprendre l'origine puisque c'était l'été. Elle tourna dans son lit et ouvrit les yeux au bruit du tonnerre. Puis, elle se tourna pour observer le dessin sur le réfrigérateur. Ce dernier était éclairé par une lueur rougeâtre.
Annabelle remarqua que quelque chose n'allait pas avec le dessin. D'ailleurs, rien n'allait avec ce qu'elle voyait. Sa chambre était très différente. Il y avait des vignes qui parcouraient sa chambre, rampant autour des meubles et des objets. D'ailleurs, le sol en était parsemé. Elles rampaient et poussaient tels des êtres vivants autour de ses objets comme les livres et ses carnets à dessin. L'une d'entre elle frôla son pied. Sursautant au contact froid et curieux, elle retira sa jambe pour se réfugier dans son lit.
Une autre vigne tenta d'établir un contact avec elle en la touchant délicatement sur son épaule. Encore une fois, le contact froid et visqueux de la vigne rendit Annabelle mal à l'aise. Ne voulant pas l'effrayer d'avantage, la créature mi-végétal et mi-animal se retira calmement et vint s'enrouler avec les autres autour des meubles d'Annabelle.
Une sueur froide coula le long de son dos et elle décida de quitter son lit. Il s'agissait sans doute d'un cauchemar. Cela ne semblait pas être une illusion de son ami, Peter. Cependant, elle commença à en douter. Il faisait si froid et tout semblait terriblement réel comme le contact de l'une des vignes sur sa peau.
L'air contenait des particules ressemblant à de la poussière. Elle n'éprouva pas de la difficulté à respirer comme si l'endroit acceptait sa présence. Elle avait été invitée et choisie. Il aurait été stupide de chasser ce qui avait été choisie.
L'extérieur était sombre, mais des éclairs rouges illuminaient de temps en temps son environnement. Les lueurs rougeâtres lui permit de voir sa chambre avec plus de détails. Des structures organiques accompagnaient les vignes tels des toiles d'araignées.
Quelque chose la poussa à regarder à l'extérieur. Une curiosité mal avisée ou l'urgence de comprendre ce qui se passait la fit regretter. Il y avait quelque chose qui l'observait. Des choses sans visages qui volaient en essaim comme des chauve-souris. Reculant devant les créatures, Annabelle mit le pied sur les vignes. Elles s'écartèrent sur son passage comme si elles étaient l'une des leurs.
Ses yeux se posèrent sur le dessin. Le croquis de son portrait s'était transformé en une masse sombre, sans yeux et sans sourire. Mais elle savait d'une certaine manière qu'elle l'observa comme elle la regardait. Elle prit du volume jusqu'à prendre toute la place dans la cuisine. Son apparence ressembla étrangement à une araignée, étendant chacune de ses longues et obscures membres pour remplir l'entièreté de la cuisine, étouffant la jeune femme dans un coin.
Elle se rendit compte qu'elle pouvait respirer, donc crier. C'est exactement ce qu'elle fit. Au moment où le son quitta sa bouche, le cauchemar prit fin aussi soudainement et des bras vint s'enrouler autour de ses épaules. Les images du cauchemar s'évanouirent pour être remplacer par un noir absolu.
-Hey...Tout va bien, fit la voix de Peter près de son oreille dans une murmure réconfortante. Je suis là. Tu n'as rien à craindre.
Elle trembla légèrement sous son étreinte. Elle ne s'attendait pas à voir son infirmier débarquer de cette façon comme pour la rassurer et chasser le froid qui l'avait envahi. Il dégageait une telle chaleur qu'elle voulait rester avec lui.
-Qu'est-ce qui s'est passé? Demanda-t-elle en reprenant son souffle.
-C'était un simple cauchemar. Il n'y a rien à craindre. Tout ça n'était pas réel.
-Pourtant, ça me semblait bien vrai.
Elle voulut s'écarter de lui pour reprendre son souffle. Après tout, elle n'aimait pas savoir que Peter avait été témoin de ça. Mais cela avait été le cas. Elle détestait montré ses faiblesses à quiconque. La plupart des autres les utilisaient pour s'en moquer. Ressemblant à un enfant effrayé par un simple cauchemar, elle se sentit stupide.
-Tu peux me lâcher maintenant...Peter?
L'homme lui caressa son dos pour la rassurer. L'impression que Peter avait envie d'être rassuré à son tour lui vint à l'esprit. Après tout, il n'avait pas d'ami au laboratoire. Il était seul comme une planète errante cherchant une étoile comme elle. Il s'était sans doute inquiéter de son état et il avait été torturé le jour d'avant.
La veille, elle avait réussit à guérir les blessures infligées par Brenner. Ignorant comment elle avait procédé à ce miracle, elle s'était simplement contenter d'accepter ce don. Après tout, c'était bien, non? D'une certaine manière, Walker avait réussit à aider le seul ami avec qui elle avait réussit à tisser des liens.
-Le problème est que j'en ai pas envie. Ta présence me fait du bien, répondit-il après un moment. Je...
Les mots de Peter moururent dans sa bouche. Voulant rajouter quelque chose, elle constata qu'il lâcha prise légèrement et elle s'éloigna un peu. Elle croisa son regard d'un bleu magnifique. Il lui sourit. Ce simple sourire lui fit oublier son cauchemar et il baissa le regard sur ses lèvres.
Peter t'aime bien.
Les paroles de Onze revinrent dans ses pensées comme une claque. Mais c'était plus que ça.
Timide, le bel infirmier ne bougea pas d'un poil. Figé comme une tombe, il resta accrocher dans l'espoir d'avoir le courage de faire le premier pas. Les mains du blond se levèrent pour caresser le visage de sa partenaire avec beaucoup de tendresse. Elle bougea la première en se rapprochant, approuvant son action, et effleura ses lèvres et il se poussa vers l'avant pour mieux l'attraper. Ses lèvres maladroites trouvèrent refuge avec les siennes. Trouvant du réconfort dans ce contact, il caressa ses cheveux, une main posée derrière la nuque pour l'empêcher de partir et de briser le moment. Il en avait besoin et il savait qu'elle aussi.
La présence obscure s'aligna avec ses pensées et observa l'échange. D'abord, elle sembla curieuse pour les émotions que pouvaient éprouver son hôte, Henry. Mais l'entité apprécia l'expérience que cela lui procurait. Elle en demanda plus parce qu'elle aimait bien Annabelle.
Peter goutta ses lèvres avec tendresse tout en continuant de caresser son visage avec ses doigts fins. Annabelle répondit au baiser de Peter, au plaisir de ce dernier. Une de ses mains quittèrent le visage d'Annabelle pour se poser près de sa taille et elle frôla sa nuisette, ses doigts touchèrent sa peau parsemé de taches de rousseurs. Lorsque Annabelle tenta de reculer, il la laissa s'éloigner un peu, comprenant qu'elle avait besoin de respirer.
-Ça faisait un petit moment que j'avais envie de t'embrasser, murmura-t-il de sa voix douce.
Rougissante, elle n'arriva pas à parler. C'était comme si elle avait perdue l'usage de la parole. Cela fit rire Peter légèrement, mais elle était bien. La jeune femme se sentait bien en sa présence. Elle ne se sentait plus seule. La présence de Peter apaisa son sentiment de solitude. Si l'idée avait été de lui faire oublier ses soucis et son cauchemar, cela avait bien fonctionner.
-Ton cadran va sonné, murmura-t-il, déçu.
Aussitôt ses paroles prononcées, aussitôt elle se réveilla au son de son réveil. Ignorant si elle était en colère ou soulagée, elle se rendit à sa salle de bain pour se préparer. Elle ne savait pas trop quoi penser des actions de Peter. Elle ne savait toujours pas si elle voulait resté dans ses bras, ses lèvres sur les siennes ou si elle devait fuir le plus loin possible, ne sachant pas trop. Elle ne projeta pas son esprit vers le sien pour s'assurer qu'il ressentait la même chose.
Une chose était sûr, Peter était frustré. Il n'avait pas le contrôle sur la situation. Il avait aimé l'embrasser, mais pas qu'elle ait un réveil même la fin de semaine. Un détail très énervant. Il n'arriva pas à recontacter son esprit au sien. Cela aussi devenait très frustrant comme si elle l'évitait. Il ne comprenait pas ce qu'il avait fait de mal. Peut-être avait-elle besoin de temps pour s'adapter à ses émotions.
Alors, il projeta son esprit vers le pion qu'il avait réussi à placer sur elle lors de sa dernière visite à la bibliothèque. Effrayé cet imbécile de Stanley avait été facile comme mettre la confiance d'Annabelle dans sa main, mais trouvé une veuve noire et lui ordonnée d'espionner l'assistante du Dr. Ellis l'était tout autant. Effrayé l'un des moutons de Brenner avait été plus que satisfaisant. L'effet avait été dangereux. Il avait été assez fort sur le traumatisme pour éloigné ce parasite de sa femelle potentielle, mais ce mouvement avait sans doute éveillé la curiosité de Brenner. Pourtant, le résultat avait été exaltant.
La vue de sa cuisine s'offrit à ses yeux via le regard de l'arachnide. De nature discrète, l'araignée avait réussit à se glisser dans son habitat pour l'explorer. La curiosité d'Henry de mieux connaître sa partenaire l'anima.
Il remarqua qu'elle était une personne organisée, son environnement était bien rangée et propre. Il n'y avait aucune présence de vaisselles sales, ni de restant de nourriture. Sa cuisine était ouverte au salon. Une télévision était éteinte, mais des affiches de films parsemaient son mur dont Rencontres du troisième type et Les dents de la mer. Évidemment, il y avait aussi des livres.
Il constata qu'il faisait beaucoup plus chaud que dans le laboratoire. L'été était une saison qu'il n'aimait pas particulièrement. Les fenêtres étaient ouvertes pour mieux aérés la circulation d'air.
Puis, elle sortit de la salle de bain, cheveux encore mouillé en nuisette de nuit pour se diriger vers le réfrigérateur. Elle était encore plus belle comme ça. Les cheveux détachées et mouillés lui donnaient un air plutôt jolie. Il avait aimé caresser ses cheveux. Il n'aimait pas particulièrement l'idée, ni la présence obscure, d'avoir des pensées comme ça, mais Annabelle était différente.
De l'endroit où il était caché, Henry constata que le dessin était toujours sur l'électro ménager. Il aurait aimé la dessiner encore, mais Brenner risquerait de mettre son nez dans ses affaires.
Il ressentait sa présence tandis qu'il approchait de sa chambre. Alors, il lâcha prise sur l'araignée pour venir y mettre son nez plus tard. Le premier sujet de test aurait tout son temps pour mieux explorer l'appartement et veiller sur elle.
On cogna à la porte. Il constata qu'il n'était pas habillé et qu'il n'avait pas prit sa douche. On l'avait puni, jamais il n'aurait pensé qu'on viendrait le chercher. Peter se dépêcha d'enfiler des vêtements appropriés, puis il ouvrit la porte sur cet imbécile de Brenner.
-Bon matin, Henry. Tu dois m'accompagner immédiatement.
Il n'osa pas contester ces paroles. Cela n'en valait pas la peine. Moins il posait des questions, plus cela déstabilisait le docteur.
Il constata que les yeux du docteur observa son cou, là où les blessures y étaient. Mais elles n'y étaient plus. Aucune trace. Cela éveilla la curiosité de Brenner. Soupçonneux.
Il le suivit dans le couloir pour se diriger vers la fameuse pièce qu'il détestait. La salle où on lui avait installer Soteria lorsqu'il avait été dans le coma. Ça avait été causé lorsqu'il avait essayer de tuer cet homme scientifique alors qu'il lui criait après. Ses innombrables tentatives de violences psychologiques et physiques pour tenter de le contrôler l'avait marqué. Même s'il regrettait d'avoir manquer son coup, l'infirmier ne put s'empêcher de penser que quelqu'un d'autre aurait pu prendre sa place. D'une certaine manière, il était devenu son prisonnier. Au début, il avait détester l'entité obscure qui l'accompagnait comme un parasite sous la peau. À cause d'elle, sa vie avait radicalement changé. Il avait toujours voulu être normal. Maintenant, il acceptait de marcher à ses côtés pour être un être spécial, supérieur. Un prédateur au-delà des limites des êtres humains. Il devait juste attendre son heure pour remodeler le monde.
Onze serait très utile. Elle lui ressemblait et elle était le sujet de test le plus puissant parmi les autres enfants. Henry était persuadé qu'elle cachait un don. Avec elle, il pourrait refaire le monde à sa manière. Annabelle pourrait être utile aussi. Même si elle ne semblait pas être l'âme d'une tueuse, son innocence lui donnait un air d'une araignée sauteuse. Sa présence calmait sa solitude et son don de guérison était un avantage. Sa femelle à lui.
-Assied-toi, ordonna le docteur en désignant le fauteuil dentaire.
La fameuse chaise où on pouvait l'attacher. On lui avait implanter Soteria, on l'avait tatoué et on l'avait torturé. Elle était de loin la chose la plus désagréable et la plus laide du laboratoire. Il n'eut pas d'autre choix que de s'y installer. Brenner mit les sangles autour de ses poignets pour éviter qu'il bouge.
-Bien, dit le vieil homme en prenant place sur une chaise près du fauteuil. Je vais examiner Soteria.
Comme il devenait qu'Henry était tendu lorsqu'on approchait de cette partie de sa peau, il l'avertit avant de déposer un appareil dessus. L'appareil le scanna et il fit d'autres examens. À chaque fois, Henry ne put s'empêcher de se tendre de colère face aux contacts des appareils froids. C'était désagréable. Il ne dit rien. Il essaya de penser à Annabelle, son visage sous ses paumes et ses lèvres. Lorsque cela fut terminé, les deux semblaient tendus. Henry devinait que Martin n'avait pas trouvé ce qu'il pensait, à savoir que le dispositif dans son cou était peut-être défectueux.
-Comment as-tu fais? Demanda-t-il en le regardant dans les yeux et en adoptant une attitude sévère. Je ne suis pas stupide, Henry.
-De quoi parlez-vous, docteur?
Henry se moqua de lui. N'est-ce pas?
-Il y a quelques semaines, un employé du nom de Stanley s'est rendu à la bibliothèque. Est-ce que ça te dit quelque chose?
-Non.
-Ne sois pas stupide. Il est traumatisé et je n'arrive pas à communiquer avec lui. La seule chose qu'il prononce est le mot araignée. Connaissant ton obsession pour ces bestioles, il doit y avoir un lien. Tu dois être responsable.
-Comment voudrez-vous que je sois responsable? Je ne peut pas utiliser mes pouvoirs. Soteria fonctionne toujours, n'est-ce pas?
Brenner marqua une pause. Il n'obtiendrait aucun aveu de la part d'Henry. Même sous le coup de la torture, Henry devenait instable et prudent. Il avait réussi à s'aplatir comme une fourmi sous son autorité. Toujours hors de son contrôle.
-J'ignore ce qui se passe, Henry. Si jamais je découvre qu'il se passe d'autres évènements de cette nature, tu seras sévèrement puni. Je me suis fait bien comprendre?
-Me punir, alors que je n'ai rien fait? Tu n'as aucune preuve que j'ai fait quoi que ce soit et ça te ronge les doigts. Vous pensez avoir le contrôle ici, mais ce n'est le cas.
-Ça suffit!
Il connaissait ses limites, alors il se tut pour éviter une punition, mais cela l'aida à se calmer. L'insulter était satisfaisant pour le moment.
-Je vais prendre le livre d'Annabelle pour le lui rendre, dit Martin pour changé de sujet.
-Pourquoi? Demanda soudainement Henry, éveillant sa curiosité et sa frustration.
-Je suis la seule personne qui à le droit de te prêter des objets pour te récompenser. Dernièrement, tu n'as pas été sage. Je vais simplement reprendre son livre et le lui remettre. Un point c'est tout.
-Puis-je le faire moi-même?
Il détestait que Brenner puisse mettre ses mains sur des objets appartenant à sa femelle.
-Non. De plus, je ne veux plus que tu t'assied avec elle, ni que tu manges avec elle lors de tes heures de repas. Ne lui adresse plus la parole.
Cela mit Henry dans une colère noire, mais comme il avait appris à rester caché. Il resta de marbre devant le regard de Brenner. Cela n'avait aucune importance tant qu'Annabelle et lui pouvaient se rencontrer par esprits.
Il tenait Annabelle dans le creux de sa main. Onze serait la clé de sorite. Il fallait juste attendre un peu.
