Bonjour tout le monde :)

Pour fêter dignement la fin de l'été, je vous propose un petit (ou grand, plutôt, soyons réalistes) OS un peu mignon, un peu salaud, un peu drôle (j'espère!) et très chaton. Amoureux des chats, d'un Drago riche comme crésus et plus pédant qu'un prince, d'une Hermione toujours première de la classe et moins sage qu'elle n'y paraît, cette histoire est pour vous !

Très bonne lecture à vous !

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FEU MISTER NOODLES

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- Tu l'aimes ? demanda Pansy.

- Tu te fous de moi, là ? s'insurgea Drago.

Pansy leva les yeux au ciel, Drago croisa les bras sur sa poitrine et darda son amie d'un regard noir. Ils restèrent dans le silence de longues minutes, se fixant comme s'il suffisait à l'un d'ouvrir la bouche pour perdre la bataille. Drago soupira, Pansy bondit sur le canapé et tapa frénétiquement dans ses mains.

- Je le savais ! s'exclama-t-elle, un large sourire dévorant son visage.

- Calme-toi, grinça Drago, s'enfonçant un peu plus dans les coussins.

- Tu es amoureux ! Drago, tu te rends compte de ce que ça signifie ? Tu es a-mou-reux, répéta-t-elle en ne cessant de gigoter dans tous les sens.

Drago soupira de nouveau, sortit une cigarette de son paquet et l'alluma sur la flamme de la bougie senteur rêve de coton, qui embaumait l'appartement de Pansy Parkinson.

- Quand est-ce que tu me la présentes ? s'enthousiasma-t-elle en lui volant sa cigarette des doigts.

- Jamais.

- Drago, soupira-t-elle en lui envoyant toute la fumée dans le visage, c'est officiel maintenant. Il faut que je la rencontre, ne serait-ce que pour pouvoir me moquer de toi.

- Te moquer de moi ? grinça-t-il en sortant une nouvelle cigarette, Pansy n'ayant visiblement aucune intention de se délester de son précieux tranquillisant.

- Ça fait combien de temps que tu la connais ? Trois ans ? Quatre, tout au plus ?

- Ouais, un truc comme ça.

Drago connaissait la date exacte de sa rencontre avec elle mais il préféra répondre d'un air savamment étudié pour qu'il paraisse nonchalant.

- Et jamais tu t'es donné la peine de l'emmener boire un verre avec tes vieux potes, reprit Pansy. Donc, c'est qu'elle a un truc.

- Un truc ?

- Une tare.

- Granger n'a aucune tare, répondit-il, la mâchoire contractée.

- Qu'est-ce que tu essayes de nous cacher ? insista Pansy, n'ayant visiblement aucune envie d'entendre raison. Elle a un strabisme ? Oh non, je sais, elle boite ?

Drago leva les yeux au ciel, l'écoutant énumérer plus de bêtises qu'il la pensait humainement capable de formuler.

Elle avait tort, absolument tort.

Granger n'avait aucune tare. Elle était parfaite. Son sourire victorieux à chaque fois qu'elle trouvait la bonne réponse lui couvrait le dos de frisson. Les petites tâches brunes qui parsemaient le bout de son nez lui donnaient envie de les compter jusqu'à en perdre la vue. Son odeur sucrée lui faisait tourner la tête. Ses cheveux, négligemment ramenés en chignon bancal, noués par un simple stylo, lui donnaient un air combatif et revanchard. Cette coupe était affreuse mais elle avait l'avantage de dévoiler sous ses yeux sa nuque. Un cou gracile et délicat. Une peau de pêche qui semblait douce et accueillante. Il voulait la croquer. Il voulait connaître son goût, sa chaleur au bout de ses lèvres, son odeur alors qu'il la parcourait de sa langue. Granger était parfaite et Drago brûlait de la découvrir, de le lui glisser au creux de l'oreille alors que ses doigts se refermeraient sur son sein.

- … il lui manque une dent de devant ? continuait toujours Pansy. Bon, Drago, aide-moi, là ! Pourquoi est-ce que tu ne nous l'as jamais présentée ?

- Parce qu'elle me déteste.

La phrase avait surgit de ses lèvres pour tomber sur les lames du plancher dans un bruit assourdissant. Comme une roche se décrochant d'une montagne, elle fit trembler Pansy, le força à baisser les yeux, attendant sagement que le calme reprenne ses droits.

Pansy ne disait rien, sa cigarette pendait mollement au bout de son doigt alors que Drago tirait sur la sienne pour meubler le vide. Tant que sa bouche était occupée, il n'aurait pas à parler. Le silence devenait légitime, cachant sa lugubre nature. Drago n'avait plus envie de répondre à ses questions. Il savait ce qu'elle allait dire, il savait qu'il ne pouvait lâcher une telle bombe sans qu'elle lui demande des explications.

Comment pouvait-il être fou amoureux d'une femme qui le détestait ?

Drago connaissait la réponse. Il s'était suffisamment posé la question ces derniers temps pour qu'elle fasse son chemin. Et pourtant, il ne parvenait toujours pas à la formuler à voix haute. Alors, il ferma les yeux, priant silencieusement pour que Pansy ne demande rien. Et pour la première fois, le ciel, la terre ou bien l'univers sembla enfin lui accorder ses faveurs.

- Tu t'es comporté comme un connard avec elle dès le premier jour et depuis, tu n'arrives plus à sortir de ce rôle.

Pansy n'avait pas posé de question. Non, elle l'avait affirmé, d'une voix à la fois dure et pleine de lassitude. Elle le connaissait, sûrement un peu trop bien, et Drago ne put qu'acquiescer.

- Il est encore temps d'aller de l'avant, affirma-t-elle avec entrain. Tu arrêtes tes sarcasmes et tes remarques à la con. Tu lui dis "Salut Granger, comment tu vas ?" quand tu la croises dans les couloirs. Tu glisses un ou deux compliments sur sa robe ou son sac à main à l'occasion, tu lui laisses ta chaise quand elle arrive en retard, tu lui offres un café quand elle débarque devant la machine, bref. Les trucs de mecs gentils.

Drago laissa échapper un rire sans joie.

- Je fais déjà tout ça.

- Alors tu n'as plus qu'à attendre le bon moment pour l'inviter à boire un verre, déclara-t-elle en haussant les épaules, comme si c'était l'évidence même.

- Ce n'est pas aussi simple, soupira-t-il.

- Bien sûr que c'est aussi simple ! Qu'est-ce que tu as bien pu faire de si répréhensible pour qu'elle ne puisse pas passer outre si tu te comportes en adulte, pour une fois ?

Il grimaça, se redressa et écrasa son mégot dans le cendrier. Pansy fronçait les sourcils, attendant une réponse qui ne venait pas.

- Qu'est-ce que tu as fait, Drago ? insista-t-elle d'une voix devenue soudainement douce et concernée.

- J'ai tué son chat.

La cigarette de Pansy s'échappa de ses mains, s'écrasant mollement sur le tapis à six mille livres qui gisait sous leurs pieds. Mais, alors que Drago éteignait le début d'incendie de la semelle de sa chaussure, Pansy restait muette et immobile, comme paralysée. Et puis, après quelques longues secondes, elle secoua la tête, semblant finalement reprendre vie et se mit à hurler :

- TU AS QUOI ?

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La première fois que Drago vit Mister Noodles, il y avait vu une belle occasion de se foutre de la gueule de Granger. Granger et lui étaient entrés à la fac la même année, suivant les mêmes études de commerce, ayant choisi la même spécialité, les mêmes cours optionnels. Granger était partout et Drago la méprisait.

Elle avait ce petit côté supérieur et première de la classe qui le mettait hors de lui. Elle répondait aux questions réthoriques des professeurs en plein anmphithéâtre, ne se gênait pas pour apporter une précision à leurs cours quand elle le jugeait nécessaire et frétillait sur sa chaise à chaque début d'examen, comme si elle s'agitait sur une putain de queue, comme si elle prenait enfin son pied.

Granger n'avait pas beaucoup d'amis et Drago, qui traînait derrière lui une horde d'esclaves, ne se gênait pas pour rire lorsqu'elle trébuchait, emportée par le poids de ses innombrables livres qu'elle traînait partout avec elle. Il ne lui tendait jamais la main pour l'aider à se relever, se contentait de la regarder d'un air narquois avant d'envoyer un de ses foutu bouquins à travers la pièce d'un coup de pied franc et déterminé. Il ne lui adressait jamais la parole, préférant ricaner sur son passage en la montrant du doigt.

Un jour qu'il fanfaronnait avec Goyle, un camarade de classe, critiquant de manière plus que sonore la jupe écossaise qu'elle portait, elle se planta devant eux, le foudroya du regard et leva rageusement son majeur dans sa direction. Drago avait explosé de rire et elle était partie, plus furieuse encore, claquant la porte du couloir derrière elle.

Tout au long de sa première année, Drago pensa qu'elle lui était insupportable uniquement à cause de ses grands airs agaçants. Il pensait seulement qu'elle était une victime facile, l'intello de qui on se moque sans vergogne, sans pour autant que cela porte à conséquence pour lui. Et puis, arriva la fin de l'année scolaire. Devant le panneau indiquant les résultats du semestre, Granger exultait. Elle le dominait de douze centièmes, faisant d'elle la major de promo. L'air jubilatoire qu'elle afficha en se tournant dans sa direction lui devint particulièrement insupportable. Dès lors, Drago changea de stratégie.

Granger ne serait plus une cible parmi tant d'autres de laquelle il ricanait à l'occasion. Non, Granger allait devenir sa proie. Elle voulait jouer ? Parfait. Elle allait souffrir.

Chaque occasion devenait propice à la faire sortir de ses gonds. Il répondait avant elle aux questions des professeurs, il lançait des rumeurs dénigrantes à son sujet, arguant qu'elle avait été vue en pleine soirée étudiante en train de vomir sur un camarade de classe. Et puis, sa plus belle trouvaille - celle qui, soit dit en passant, lui demanda le plus de travail - fut de lui faire rater un examen. Il avait dû engager un type louche capable de pirater la boite mail de l'administration pour lui envoyer une convocation erronée au partiel de marketing organisationnel. Ça lui avait coûté un mois de loyer mais il ne regrettait aucun penny. Granger s'était pointée dans l'amphithéâtre avec deux heures de retard, alors que la majorité des étudiants étaient en train de rédiger leurs conclusions. Il avait vu son regard défait alors qu'elle cherchait fébrilement sa convocation dans son sac. Il avait presque pu distinguer une larme perler au coin de son œil quand un surveillant la somma de sortir. Drago en avait rit pendant des semaines.

Et puis, un jour, en deuxième année, il était arrivé un peu en retard en cours. Son chauffeur était malade et cet abruti n'avait pas eu le temps de prévenir un collègue pour le remplacer. Drago avait dû prendre le métro et avait bien cru mourir à la seconde où ses doigts s'étaient enroulés autour de la barre, son dernier espoir contre une chute vertigineuse au moment du freinage. Il était agacé, particulièrement dégoûté et de mauvaise humeur en rentrant dans l'amphithéâtre. La salle était déjà pleine, il ne restait qu'une place au premier rang. Juste à côté de Granger.

Elle lui avait jeté un regard torve quand il s'était assis, ramenant rageusement ses affaires vers elle comme si elle craignait soudainement qu'il veuille lui voler son joli stylo fantaisie. Il leva les yeux au ciel, sortit son ordinateur et se concentra sur le cours. Et puis, au bout d'une vingtaine de minutes, le téléphone de Granger s'éclaira. Une notification silencieuse qui attira son regard. Une petite icône d'enveloppe apparut sur l'écran mais Drago n'en avait que faire. Ce qui l'intéressait se cachait derrière. Une immonde boule de poil prenait tout l'écran. Hermione Granger était si seule et désespérée que son fond d'écran n'était autre qu'un chat. Et pas n'importe quel chat, un être vieux et lamentable. Il était si empâté qu'il semblait vouloir déborder de l'écran pour s'étaler sur le bureau. Ses moustaches étaient tombantes et clairsemées, ses poils hirsutes sur le dessus de son crâne et ses yeux paresseux à demi-fermé. La bête était affreuse.

- C'est ton petit ami, Granger ? demanda Drago, sarcastique.

Elle plaqua sa main avec une vitesse frôlant celle de la lumière sur son téléphone, cachant à la vue de quiconque l'immonde créature qui s'étalait devant eux. Elle le foudroya du regard quelques secondes avant de se concentrer de nouveau sur le cours.

- C'est avec lui que tu fais des gros câlins, le soir ? continua Drago, s'empêchant de rire de manière sonore.

- La ferme, Malefoy. J'essaye de suivre.

- Tu lui racontes tes gros chagrins ? Oh mon Fripon, tu n'imagines pas à quel point le beau Drago Malefoy a encore été méchant avec moi, aujourd'hui, mima-t-il d'une voix grotesque.

- Il ne s'appelle pas comme ça, grinça-t-elle entre ses dents.

- Moustache ? tenta-t-il de deviner. Quoi que vu les siennes, ce serait très mesquin de ta part de le réduire à ça. Minou ? Oh non, je sais, quelque chose de spirituel. Sigmund ? Newton ? Galilée ?

- Mister Noodles, murmura-t-elle, ses joues se colorant délicieusement.

- Mister Noodles ? rit Drago si fort qu'il se fit exclure du cours pour le reste de la matinée.

Mais peu importe. Granger semblait mortifiée et Drago avait gagné sa journée.

Il n'avait plus revu de photo de son chat et avait progressivement oublié de la taquiner à ce sujet. Les rituels universitaires avaient suivi leurs cours. Drago et elles rentraient en dernière année de licence quand un de leur professeur leur assigna un travail de groupe. Evidemment, il fallait qu'il se retrouve en binôme avec elle. Granger s'était indigné, arguant qu'elle préférait travailler seule mais l'enseignant avait été catégorique. Le binôme Granger-Malefoy avait alors vu le jour.

- Tu fais des recherches sur les entreprises qui bénéficient de mécénats et moi je me concentre sur les mécènes, avait-elle ordonné. On se retrouve demain à la bibliothèque pour comparer nos résultats.

Drago avait voulu protester, rien que pour le plaisir de la contredire mais elle ne lui avait pas laissé le temps, ramassant ses affaires à la hâte et sortant de la salle de classe. Et même si Drago rêvait de lui faire décrocher une note minable, il ne pouvait pas se permettre de s'attribuer le même cauchemar. Alors, il travailla soigneusement, prit quelques références bibliographiques et de nombreuses notes avant de la rejoindre le lendemain.

- Je ne croyais pas que tu viendrais, grommela-t-elle alors qu'il s'asseyait à côté d'elle.

- Pour que je te laisse faire n'importe quoi ?

- J'ai été major de promo, Malefoy, grinça-t-elle.

- Oui, en première année. En deuxième, par contre, ce n'était plus toi. Qui donc t'a raflé ta si jolie place, Granger ?

- Ne commence pas.

- Non, vraiment, dit-il d'un air particulièrement insupportable, je ne me souviens pas. Qui était-ce ?

- Tu vas continuer de parler jusqu'à ce que je le dise ? maugréa-t-elle.

- On dirait que tu commences à me connaître.

- Très bien. C'était toi, Malefoy. Voilà, tu es content ? Et tout ça uniquement parce que l'administration n'a pas été foutue d'écrire la bonne heure sur ma convocation à l'examen !

Drago explosa de rire et le visage de Granger se ferma un peu plus.

- Si tu avais vu ta tête ce matin-là, rit-il de plus belle, j'aurais payé pour que quelqu'un te filme au moment où le surveillant t'a mis dehors. C'était merveilleux.

Elle serra la mâchoire, si bien qu'il pouvait entendre crisser ses dents et secoua la tête.

- Bon, soupira-t-elle, et tes notes, ça vient ? J'ai pas envie de passer la journée ici avec toi.

- T'as mieux à faire, peut-être ? Quelqu'un qui t'attends chez toi ?

Elle le détestait. Si fort qu'il pouvait presque le ressentir physiquement. Et Drago se délectait de ses regards rageurs à chaque fois qu'elle les posait sur lui.

- J'ai identifié trois mécènes influents parmi les donateurs les plus riches d'Angleterre, continua-t-elle comme si elle n'entendait pas ses provocations. Je pense qu'on peut nous centrer sur eux pour cette recherche.

- Qui ? demanda Drago, ne tentant même pas de dissimuler le sourire en coin qui s'étalait sur ses lèvres.

Elle ne releva pas le regard vers lui, semblant soudainement absorbée par ses notes lorsqu'elle lui répondit.

- Foster, le magnat de la finance. Johnson et Mc Gilligan.

- Et pas le plus grand donateur du Royaume-Uni ?

Elle soupira, levant finalement les yeux vers lui.

- Tu veux qu'on centre notre devoir sur ton père, Malefoy ? Vraiment ?

Il haussa les épaules.

- C'est quelqu'un d'influent. C'est grâce à lui que L'omnibus de Bayswater est revenue au musée de Londres. Il a déboursé plusieurs millions de livres pour la racheter au Louvre. Tu ne savais pas ?

- Ça a fait la une des journaux, Malefoy. Et si la fortune de ton père semble visiblement t'aider à briller devant tes abrutis d'amis, ça ne marche pas avec moi. Je n'en ai rien à faire de ton compte en banque qui déborde ni des toiles de maître qui couvrent les murs de ton appartement.

- Je n'ai pas de toiles de maîtres dans mon penthouse, Granger.

Il avait particulièrement insisté sur le mot, comme s'il était vulgaire de nommer son palace autrement.

- J'ai un Degas, continua-t-il, l'air rêveur. Mais peut-on vraiment le considérer comme un maître ? Après tout, il est français, grimaça-t-il.

Elle leva les yeux au ciel, passablement exaspérée alors qu'il se mettait à déblatérer sur la théorie des couleurs et sur l'influence de Pissaro sur les peintres contemporains.

- Tu t'y connais en peinture, soupira Hermione, j'ai compris. On peut se remettre au travail ?

- Ai-je enfin trouver un sujet que tu ne sembles pas maîtriser ?

Une lueur de défi semblait briller dans son regard.

- Je ne maîtrise pas tous les sujets, Malefoy.

- Vraiment ? C'est pourtant ce que tu essayes de faire croire à tout le monde, n'est-ce pas ?

Elle se mit à rougir et il se délecta d'une nouvelle fois la mettre mal à l'aise.

- Je n'y connais rien en art, avoua-t-elle à voix basse.

- L'art, c'est vaste. Il y a bien un domaine artistique qui doit attirer ton attention ? L'opéra peut-être ? Ou la danse ? Je suis sûre qu'au moins une fois dans ta vie tu es allée voir un concert, même une de ces groupes minables qui hurlent à la radio. Si tant est qu'on peut considérer leurs beuglements comme de l'art.

- Non, répondit-elle. Rien de tout ça.

- J'ai des places pour l'orchestre symphonique de Londres, samedi prochain. Mon père à une loge.

Et voilà comment, sans vraiment comprendre pourquoi, Drago planifia un rendez-vous avec Hermione Granger. Il n'en revenait toujours pas qu'elle ait accepté, sans même rechigner, ni qu'elle lui donne son adresse pour qu'il vienne la chercher.

Elle habitait East London et lui Mayfair. Son chauffeur lui demanda de répéter deux fois quand il énonça sa destination. Drago n'était jamais venu dans cette partie de la ville et compris très vite qu'il n'avait rien à y faire. Les murs des immeubles étaient tagués d'insultes raciales, les poussettes cotoyaient les dealers sur les trottoirs et les fast-food à l'hygiène douteuse semblaient pulluler autour de lui. Drago détestait être éloigné de son petit confort bourgeois. Il ne dînait que dans des restaurants où le serveur restait près de lui pour remplir son verre après chaque gorgée, ne se déplaçait qu'à l'arrière de sa Bentley et sortait son Amex platinum plus souvent que son téléphone.

Drago était un bourgeois fier et condescendant. Hermione, une étudiante modeste et revancharde. Ils n'avaient rien à faire ensemble.

C'est ce qu'il se dit en ouvrant la portière de sa voiture, arrivé devant chez elle. Il n'y pensa pourtant pas longtemps. Un miaulement agonisant lui chassa toute réflexion.

En ouvrant la porte, Drago n'avait pas regardé par la fenêtre. D'ailleurs, tentait-il de se rassurer, cela n'aurait sûrement rien changé. Il n'aurait pas pu voir ce chat qui courait dans sa direction, ni arrêter son mouvement suffisamment rapidement pour l'empêcher de s'encastrer dans la carrosserie.

Il était comme tétanisé, regardant l'immonde créature gisant au sol, mort sur le coup. Il l'avait reconnu au premier coup d'œil. Aucun chat n'était aussi pathétique et mal en point que Mister Noodles. Ses moustaches, déjà peu vaillantes, côtoyaient désormais le trottoir et ne subissant plus aucun frémissement. Drago sortit de sa léthargie pour soulever la pauvre créature entre ses bras, le coller sur la banquette arrière et somma son chauffeur de trouver la clinique vétérinaire la plus proche. Ils sauraient s'occuper du corps.

Il regarda la voiture partir, jeta un coup d'œil aux fenêtres éclairées de l'immeuble et héla finalement un taxi.

Drago avait beau adorer torturer Granger, il n'était pas aussi cruel que ça. Comment pouvait-il passer la soirée avec elle alors qu'il venait secrètement d'assassiner son chat ? C'était tout bonnement impossible. Alors, il rentra chez lui, ce soir-là, laissant la loge de l'opéra vide en ce soir de première et se jura que plus jamais, il ne se moquerait d'un animal, quel qu'il soit.

- C'était une blague, c'est ça ? lui cracha-t-elle au visage, le lundi matin. Une ultime façon de te foutre de moi ? Ça a bien dû te faire marrer de faire croire à la pauvre Granger que tu l'emmènerais voir un orchestre. Elle qui est trop pauvre pour se payer autre chose que les sandwichs dégueulasses de la cafétéria. C'était vraiment petit, Malefoy. Même venant de ta part.

Et cette fois-ci, il n'avait pas bronché. Il aurait pu rentrer dans son jeu, répondre par une réplique cinglante dont il avait le secret. Des dizaines lui venaient déjà en tête. Mais Drago resta silencieux, l'écoutant cracher son venin. Après tout, il valait toujours mieux qu'elle le déteste pour lui avoir posé un lapin plutôt que pour avoir tué son chat. Dans le registre animalier, cela passait mieux. Elle était partie en gardant la tête haute, il avait fait taire ses sbires d'un simple regard lorsqu'ils eurent l'audace de se mettre à ricaner.

Granger ne lui avait plus adressé la parole jusqu'à la fin de l'année. Il pensait d'ailleurs qu'il ne la reverrait plus. Quelles étaient les chances qu'elle intègre le même master que lui à la rentrée ? Un master si élitiste, si prestigieux qu'il ne prenait qu'une dizaine d'étudiants par an ? A peu près 1,13%, Drago avait calculé.

Et pourtant, elle était là. En avance pour son premier jour, déjà installée au premier rang de cette petite salle de classe qui n'en comptait que deux. Elle soupira en le voyant entrer, de manière si lasse et désabusée qu'il en fut presque blessé.

- Toi et moi, on ne se connait pas, le prévint-elle du bout du doigt. Tu ne m'adresses pas la parole, je ne t'adresse pas la parole et on change de couloir si par malheur on se croise, c'est clair ?

- De quoi as-tu peur, Granger ? susurra-t-il sensuellement. Tu crains de ne pas pouvoir me résister ?

- Je crains surtout de te défigurer si tu oses encore te foutre de moi, cracha-t-elle alors qu'il ricanait.

Il s'installa derrière elle, juste derrière elle et put, pour la première fois, se rendre compte à quel point sa nuque était désirable. Drago avait toujours eu un petit faible pour les nuques. Il pensait que la grace d'une femme pouvait s'illustrer à son simple port de tête. Et Granger… Dieu que Granger était gracieuse lorsqu'elle nouait son informe chevelure autour de son stylo. D'ici, il pouvait voir le haut de son dos jusqu'à la naissance de sa chevelure. Les quelques tâches de rousseurs qui parsemaient sa peau laiteuse et gourmande. Elle semblait sentir la nectarine et le jardin d'été. Et Drago se rendit soudainement compte que le cours était terminé. Il était pourtant rentré dans la salle il y avait quelques secondes à peine, il l'aurait juré. Il regarda sa rolex, fronça les sourcils et secoua la tête. Avait-il réellement été absorbé par cette nuque pendant plus d'une heure ? Apparemment.

Dès lors, Drago s'arrangea toujours pour garder cette même place. Il arrivait parfois à s'extirper de sa contemplation pour prendre quelques notes mais la plupart du temps, il négligeait son travail. Tout ça pour quoi ? Granger et sa foutue nuque. C'était pathétique. Et pourtant, il ne pouvait s'en empêcher. Rêvant de faire courir ses doigts sur sa peau, de la goûter de ses lèvres, de l'admirer encore un peu, comme si rien d'autre n'avait d'importance. Mais Granger finissait toujours par se lever, rangeait ses affaires sans même lui adresser un regard et partant sans se retourner, le laissant soudainement vide et affamé. Son seul réconfort était de savoir, immanquablement, qu'elle serait là le lendemain et qu'il pourrait reprendre sa contemplation.

Et puis un matin, alors qu'il comptait les secondes avant qu'elle finisse enfin par nouer ses cheveux, Drago resta sur sa faim. Granger ne toucha pas à sa dense chevelure. Elle laissa ses boucles mousseuses flotter autour d'elle, courir sur ses épaules sans sembler comprendre à quel point tout cela était regrettable. Drago avait envie d'empoigner ses cheveux pour les soulever. Il aurait pu. Il était si près qu'il lui suffisait de tendre la main. Il se serait délecté de sentir ses mèches s'enrouler autour de ses doigts, d'appuyer sur son crâne pour la forcer à se pencher en avant, de finalement se lever pour se coller à elle et embrasser sa peau à en perdre la raison.

Drago secoua la tête. De toute évidence, sa raison était perdue depuis déjà bien longtemps. Granger l'hypnothysait. Si au début, tout cela n'avait été qu'une histoire de peau laiteuse, aujourd'hui, tout en elle le rendait fou. Sa manière de mâchouiller le bout de son stylo, sa poitrine se soulevant lorsqu'elle levait la main, son timbre assuré lorsqu'elle répondait à une question, son sourire satisfait lorsqu'elle avait la bonne réponse. Elle était délicieuse. Et Drago, en bon épicurien, s'impatientait de la goûter.

Il la voulait au petit déjeuner, grignotant les miettes de son croissant entre sa poitrine. Il la voulait pour le lunch, ajoutant ses fesses au menu. Drago n'aurait pas été rassasié, il le savait. Alors il aurait pris une collation, goûtant enfin le plaisir de savourer son intimité. Il se gardait sa nuque pour le dîner, peut-être même le dessert. Il se voyait déjà enduire ses fesses de crème chantilly alors qu'à quatre pattes, Granger se débatterait avec sa chevelure pour la nouer. Il poserait une meringue sur sa nuque, lècherait le sucre en s'enfonçant en elle, croquerait sa peau lorsqu'elle se mettrait à gémir et retournerait la caresser de sa langue alors qu'elle jouirait autour de lui.

Drago était comme un fou. Fou de désir, fou de luxure pour cette femme qu'il avait longtemps dénigrée. Aujourd'hui, alors qu'il avait tout fait pour la rendre inaccessible, elle n'en devenait que plus précieuse. Et si dîner il devait y avoir, Drago en était certain, il serait le plus délicieux qu'il lui ait été donné de déguster.

xxx

- Il y aura qui d'autre ? demanda Drago en se resservant un verre de vin.

- Daphnée, bien sûr. Sûrement Théo et Blaise. Et puis Millicent. Elle vient avec son mec. Je déteste ce type. Je suis persuadée qu'elle ne sort avec lui que pour faire chier ses parents. Alors la crise d'ado, c'est bien Milli, mais sérieusement, passé les vingt ans, ça vire au pathétique.

Pansy était lancée et Drago n'essaya même pas de l'arrêter. Elle décrivait en mille mots ce qu'elle aurait pu résumer en une phrase : Ce jeune homme était pauvre. Voilà ce qu'elle détestait chez lui. Devoir choisir un bar abordable sous peine de le voir s'étouffer en voyant les prix s'ils allaient dans leurs repères habituels. S'afficher avec un homme portant du prêt à porter en dînant au Ritz. Risquer de se rester coincée en levant si souvent les yeux au ciel lorsqu'il commençait à exprimer ses opinions libérales. Pansy détestait tout ce qui n'était pas foncièrement proche de tout ce qu'elle avait toujours connu. À savoir : lunettes de soleil Prada, suites à 2 500 livres et de temps à autres, claquer le PIB du Yémen en champagne dans le carré VIP d'une boîte suffisamment sélect pour n'avoir aucune nécessité d'en posséder un.

- … et sérieusement, qui porte encore des Vans ? continua-t-elle en mimant une grimace au bord de la nausée. Bref. Et toi, tu viens avec qui ce soir ?

- Personne.

- Tu ne peux pas venir tout seul.

- Et pourquoi pas ?

- Parce que c'est pathétique, Drago, répondit-elle en plantant son regard dans le sien comme s'il était soudainement devenu stupide. T'as qu'à inviter cette fille de la fac qui n'arrête pas de te faire bander.

- Hermione ?

- Tiens donc, elle a un prénom maintenant.

Il grimaça, reprenant quelques gorgées de vin pour se redonner contenance.

- Dois-je en déduire qu'elle ne te déteste plus tant que ça, si vous en venez à utiliser vos prénoms ?

- Je sais pas, soupira-t-il. Peut-être un peu moins.

- C'est-à-dire ?

Elle dardait sur lui son œil inquisiteur et Drago avait compris depuis bien longtemps que lorsqu'elle avait cet air, il était inutile de lutter. Aussi efficace que de ramer dans une rivière de ciment.

- On a parlé un peu l'autre jour, expliqua-t-il. Elle n'avait plus l'air aussi contrariée qu'avant. Je ne sais pas trop pourquoi, d'ailleurs. Après tout, rien n'a changé depuis… l'incident.

- Elle a dû finir par s'en remettre. Ça fait combien de temps que tu as tué son chat ? Un an ? Deux ? Le deuil est fait.

Il écarquilla les yeux. Brusquement, les rôles s'échangèrent. Elle devenait l'abrutie, il était l'interloqué.

- Mais t'es débile ou quoi ? s'exclama-t-il. Tu crois vraiment que je lui ai dit ?

- Attends… quoi ? Elle ne sait rien ? Mais pourquoi est-ce que tu me rabâches depuis tout ce temps que c'est pour ça qu'il ne se passe rien entre vous, alors ?

- Parce que c'est indécent, Pansy, dit-il comme si c'était l'évidence même. Elle m'attendait ce soir-là. Je pourrais même parier qu'elle avait mis sa plus belle robe. Et moi, plutôt que de venir toquer à sa porte, je l'ai foutue dans la gueule de son chat ! Comment veux-tu que je puisse tenter quoi que ce soit après ce que j'ai fait ?

- Oh Drago, soupira-t-elle. Tu es bien trop sentimental. Les animaux, ça vit et puis ça meurt. C'est comme ça. Et puis d'ailleurs, qu'est-ce qu'il foutait au beau milieu de la chaussée ce putain de chat ? Peut-être que c'était un fugitif. Il venait de voler un bout de saumon dans une épicerie et s'enfuyait pour déguster tranquillement l'objet de son délit à l'abri des regards. A tout moment, tu es un justicier dans cette histoire. Tu as arrêté un criminel en cavale.

- Tu délires complètement, grommela-t-il.

- C'est vraiment plus délirant que de t'empêcher de sortir avec une fille qui te rend dingue uniquement parce que tu as malencontreusement tué son chat ? Passe à autre chose, Drago.

Aussi incongru que cela puisse paraître, pour une fois, Pansy Parkinson était peut-être la voix de la raison. Devait-il réellement laisser passer sa chance à cause d'un accident dont elle n'aurait probablement jamais la connaissance ? Drago n'en était plus aussi certain.

Depuis quelques mois, sa fascination pour sa nuque avait été remplacée par ses lèvres. Depuis ce jour où il l'avait vu déguster un beignet au sucre. Quelques grains s'étaient déposés sur ses lèvres. Elle était venue les chasser de sa langue, dans un geste si banal et routinier qu'il l'avait envoûtée. Elle n'avait pas cherché à être sensuelle, à le pénétrer de son regard en faisant glisser sa langue sur sa peau. A vrai dire, il y avait même de grande chance qu'elle n'ait même pas réalisé qu'il la fixait à cet instant. Et pourtant, Drago avait dégluti, serrant les dents pour ne pas bondir dans sa direction et remplacer sa langue par la sienne.

A partir de cet instant, Drago avait délaissé le deuxième rang pour s'installer au premier, juste à côté d'elle. Les premiers temps, elle l'avait toisé de son regard torve, le menaçant silencieusement d'oser lui adresser la parole. Il avait osé, elle avait répondu par monosyllabe. Il avait tenté, encore et encore jusqu'à ce qu'un jour, Hermione Granger lui retourne sa question. La discussion avait été entamée, simplement, comme s'ils n'étaient que deux connaissances qui bavardaient trivialement.

La fin de l'année était arrivée si vite que Drago en avait le tournis. Fébrilement, il lui demanda ce qu'elle comptait faire après son Master. Elle répondit qu'elle se lancerait dans la recherche, entamant un doctorat dans cette même université. Deux semaines plus tard, Drago avait été accepté. Il avait gagné quelques années supplémentaires à ses côtés. Trois ans. Peut-être même six si tous deux n'étaient pas aussi studieux qu'elle l'espérait.

Il restait sarcastique et arrogant, elle n'en était pas moins revancharde et perfectionniste. Elle se plaisait à croire qu'il avait murit, il se retint de lui avouer qu'il avait seulement ouvert les yeux. Très vite, Hermione remplaça Granger et si elle peinait toujours à l'appeler par son prénom, il se délectait de la forme de ses lèvres quand il lui arrivait de le prononcer et trouvait tous les stratagèmes possible pour lui faire redire à nouveau, espérant secrètement l'entendre un jour couvert d'un gémissement.

- Quelque chose de prévu, ce weekend ? tenta-t-il un jour, d'un air qu'il voulait détaché mais qui transpirait l'empressement.

Elle avait haussé un sourcil, le regardant de travers, tendant de sonder silencieusement ses intentions.

- Non, répondit-elle finalement après trois secondes qui lui parurent durer des heures. Pourquoi ?

Brusquement, elle s'était tendue. Ses sourcils s'étaient rabaissés pour se plisser. Elle semblait méfiante et sur la défensive.

- On va boire un verre avec quelques copains, dit-il en haussant les épaules.

Cet air nonchalant ne lui allait pas du tout. Il le savait, elle le savait et plus que tout, il espérait qu'elle ne l'interrogerait pas sur son soudain changement d'attitude.

- Si tu veux te joindre à nous, ajouta-t-il finalement, à bout de souffle après sa maigre question.

- Je ne pense pas, non, décréta-t-elle d'un ton sans appel.

Drago avait frémi. Son ton était glacial et semblait s'infiltrer en lui pour répandre cette agressivité pernicieuse.

- Si tu as autre chose de prévu, c'est pas grave, je comprends, tenta-t-il pour se sauver de cette situation particulièrement gênante.

- Non, je n'ai rien d'autre de prévu.

Il lui avait tendu une perche, il lui avait laissé l'occasion de se détourner sans blesser son égo mais elle avait refermé la porte avec fracas. Il se sentait humilié, dégradé et pourtant, pour la première fois dans ce genre de situation, il n'avait aucune envie de lui faire payer son affront. Il n'avait pas envie de lui envoyer une vacherie, de la taner mesquinement jusqu'à ce qu'elle se sente toute petite, particulièrement inutile et profondément stupide. Non, Drago n'avait qu'un seul désir : la faire changer d'avis.

- C'est à cause du philharmonique ? demanda-t-il, grimaçant.

- Précisément.

Elle avait détourné le regard, elle qui semblait jusqu'ici si sûre d'elle. Et Drago compris que c'était à son tour de se sentir blessée.

- J'ai eu un empêchement, ce soir-là, bredouilla-t-il. Je serai venu, tu sais. J'avais vraiment l'intention de venir mais…

- Ne te donne pas la peine de te perdre dans tes mensonges, Malefoy. On sait tous les deux ce qu'il s'est passé ce soir-là.

Son souffle resta coincé dans sa gorge. Il écarquilla les yeux, sentit son visage le brûler et son cœur tambouriner dans sa poitrine. Elle savait. Brusquement, Drago redevenait le petit garçon prit en train de fouiller dans les affaires de son père.

- Pas la peine de prendre cet air ahuri, soupira-t-elle en le regardant. C'était pas bien difficile à deviner. T'étais qu'un petit con, à l'époque. T'es toujours un con, mais un peu plus grand, je crois.

Il la vit esquisser un sourire et il ne put s'empêcher de se joindre à elle.

- T'as cru que ce serait drôle de me faire miroiter une soirée, de me faire attendre toute la nuit dans ma jolie robe. J'imagine que tu as dû bien rigoler ce soir-là, soupira-t-elle finalement.

- Non.

Il aurait dû la laisser y croire, il n'aurait pas dû l'interrompre et pourtant, il ne put s'en empêcher. Non il n'avait pas l'intention de l'humilier, de la laisser pour compte. Drago, sans vraiment comprendre pourquoi à l'époque, n'avait eu qu'une seule envie ce soir-là, voir le reflets des cuivres briller dans ses pupilles admiratives.

- Non ? s'étonna-t-elle.

Mais qu'est-ce qui serait le plus pardonnable, au fond ? S'être moqué d'elle le temps d'une soirée ou avouer qu'en plus de la laisser en plan, elle devait ajouter la liste de ses méfaits le meurtre de son chat ?

- Enfin si, bredouilla-t-il. Je… Je suis désolé.

Drago n'avait pas l'habitude de prononcer ces paroles. Ça se sentait dans le ton qu'il employait, dans ses lèvres qui tremblaient de ne pas savoir correctement se mouvoir. Et Hermione hocha la tête, résignée.

- Je me suis promis de ne plus jamais te laisser l'occasion de me faire revivre ça, murmura-t-elle avec douleur.

- Ce n'est pas une ruse cette-fois-ci, Hermione, c'est promis. C'est juste une invitation à prendre un verre en ville, rien que de très banal. Un peu de bon temps en dehors des murs de cette fac, rien de plus.

- Tu ne fais jamais de sortie banale.

- Bien sûr que si !

- Ah oui, vraiment ? dit-elle d'un air un peu condescendant. Et où comptez-vous aller le boire, ce verre ?

Il avait gagné. Il suffisait de voir ses lèvres se pincer pour ne pas se laisser sourire pour le savoir. Drago, lui, ne retenait aucunement son rictus. Il illuminait son visage, faisait pétiller ses yeux et rendait soudainement l'air autour de lui beaucoup plus léger.

- Au Carlton, je pense, répondit-il en haussant les épaules.

- Je rêve.

Elle se mit à rire d'un son cristallin qui lui gonfla le cœur. Il se joignit à elle, la darda d'un regard séducteur et se leva pour ramasser ses affaires.

- On dit 18h30 là-bas ?

- Non ! s'insurgea-t-elle en continuant de rire.

- Oh allez Hermione, juste un verre !

- Je ne vais pas dépenser deux cents livres pour un verre dans un hôtel de bourges, Malefoy.

- Je te l'offre.

- Hors de question, dit-elle en secouant la tête.

- C'est quoi au fond, deux cents petits livres ? Un petit dej, un échantillon de parfum, une glace à la vanille ? Guère plus.

- Tu es malade.

Elle continuait de glousser et, se sentant pousser des ailes, Drago eut envie de cueillir ses lèvres pour que son rire vienne mourir sur sa bouche. Il se retint, gardant pour seul plaisir celui de son imagination et enfila sa veste.

- A tout à l'heure, Granger, dit-il simplement avant de sortir précipitamment, ne lui laissant aucune occasion de se dérober.

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- Milady, la salua-t-elle théâtralement en prenant sa main entre la sienne.

Il se pencha vers elle, déposa ses lèvres sur le dessus de sa main, dans une caresse qui l'emmena jusqu'aux cieux. Sa peau était douce contre sa peau, si fruitée qu'elle semblait sortir d'un verger en fleur. Telle qu'il l'avait toujours imaginée.

Elle portait une robe rouge un peu patineuse, un peu trop simple, un peu trop dépassée. Et Drago la trouvait incroyable. Ses cheveux étaient joliment noués sur le milieu de son crâne, lui laissant tout le loisir d'admirer cette nuque qui le faisait rêver.

Elle leva les yeux au ciel en le voyant embrasser sa main mais ne put se retenir de rougir. Drago se gargarisa de son air troublé, afficha son plus beau sourire et s'aventura à glisser sa main jusque dans le haut de son dos, la guidant à l'intérieur de l'hôtel.

- J'en reviens pas d'être venue, dit-elle en regardant partout autour d'elle, intimidée par la beauté des lieux.

- Ce n'est pas tous les jours qu'on a l'occasion de boire un verre au Carlton, répondit-il comme s'il y croyait.

- Monsieur Malefoy, l'intercepta le majordome. Votre table habituelle est prête, si vous voulez me suivre.

- Ça dépend pour qui, apparemment, grommela Hermione alors qu'il laissa échapper un rire.

Pansy était déjà là, accompagnée d'un type qui semblait déjà à ses pieds. Tout comme Théo, Millicent, Josh -son petit ami- et Blaise. Il ne manquait plus qu'eux.

Il sentit le dos d'Hermione se contracter contre sa paume à mesure qu'ils avançaient en direction du groupe. Il la vit serrer la mâchoire, comme si elle se préparait à recevoir un coup et approfondit sa caresse dans son dos, voulant lui donner un peu de son courage, beaucoup de son soutien.

- Vous voilà ! scanda Pansy en se levant dans leur direction. Tu dois être Hermione, c'est ça ?

Et sans même prendre la peine d'attendre sa réponse, Pansy la détailla de haut en bas, les lèvres pincées. Quand elle revint vers son visage, elle afficha un petit sourire contrit, arrogant et humiliant.

- Tu devrais bien t'entendre avec Josh, déclara-t-elle en le présentant du bout de la main.

- Pansy, grinça Drago, l'accablant de son regard le plus sévère. Viens, asseyons-nous, reprit-il à l'intention d'Hermione.

Il tira une chaise pour qu'elle s'y installe mais elle avait déjà pris place sur celle qui la jouxtait. Elle le regarda, perdue, ne s'attendant visiblement pas à ce qu'il fasse preuve d'une telle galanterie alors que Pansy pouffait, la voyant soudainement penaude. Drago se retourna face à elle pour l'assassiner du regard. Regard qu'elle n'eut aucune peine à maintenir, le défiant de lui faire la moindre remarque.

- Première fois au Carlton ? demanda Théo en lui souriant amicalement.

- Ça se voit tant que ça ? grommela-t-elle, nouant ses doigts entre eux.

- Ne te laisse pas impressionner par Parkinson, souffla-t-il avec compassion. Elle joue à la peste parce qu'elle a bien trop peur que tu comprennes qu'elle n'est qu'un petit cœur fragile.

- Elle est toujours comme ça ? soupira Hermione, se disant qu'elle aurait mieux fait de ne jamais venir.

Théo haussa les épaules et Drago posa sa main sur la sienne. Elle sursauta, il lui sourit, l'air de dire qu'il était désolé et elle secoua la tête, ne voulant pas le laisser savoir qu'elle était si facilement impressionnable.

- Qu'est-ce que tu veux boire ? demanda-t-il alors que le serveur arrivait dans leur direction.

- La même chose que toi, répondit-elle.

- Un Macallan sec de vingt-cinq ans d'âge ? demanda-t-il en haussant un sourcil.

- Peut-être pas, grinça-t-elle.

Il se mit à rire, demanda au serveur de lui apporter une coupe de champagne et ne prit même pas la peine d'énoncer sa propre commande. Apparemment, Drago était ici chez lui et l'ensemble du personnel le couvait d'un regard respectueux et craintif à la fois.

- Tu possèdes cet hôtel ou quoi ? finit-elle par demander en attrapant sa coupe.

- Non, bien sûr que non, répondit-il en secouant la tête, dissimulant son sourire derrière son verre.

- Ouais d'accord, je comprends mieux, grommela-t-elle.

Hermione aurait dû s'en douter. La fortune Malefoy n'avait pas d'égale. Là où se posait une feuille d'or, elle pouvait être sûr que sa famille y avait des parts. Et cet hôtel était littéralement recouvert de feuilles d'or.

- Alors comme ça tu étudies au King's College ? demanda Pansy d'un ton qui mêlait surprise et dédain.

- A vrai dire, je n'étudie plus vraiment. Je suis en doctorat. Je donne quelques cours, je travaille sur ma thèse, je fais des recherches, comme Drago d'ailleurs, répondit-elle en ignorant l'air condéscendant de la jeune femme.

- Tu as sûrement dû bénéficier d'une bourse.

- Pansy, siffla Drago avec fureur.

- Quoi ? Ce n'est pas le cas, peut-être ? répliqua-t-elle avec dédain.

- Si, répondit Hermione, redressant fièrement le menton. J'ai obtenu une bourse après avoir eu les meilleurs résultats académiques de l'Ouest de l'Angleterre. Je suis native de Blackpool.

Pansy manqua de s'étouffer dans les bulles de son champagne et Hermione souriait avec suffisance. Si Blackpool avait autrefois été le point de chute des grands de ce monde, il n'y régnait aujourd'hui qu'un climat délabré de crime et de désolation. Pour une fille comme Pansy Parkinson, mettre un pied à Blackpool ne relevait même pas de l'envisageable. Elle devait y craindre d'attraper des poux ou pire, de voir son American Express refusée dans les commerces miteux qui jonchaient la ville.

Mais Hermione n'avait pas honte de ses origines. Elle était fière d'avoir excellé alors que tous les statistiques étaient contre elle. Elle se gargarisait d'être aujourd'hui doctorante dans une des plus prestigieuses universités du pays, de réussir là où personne n'avait espéré la voir un jour.

Elle méritait sa place, plus que toutes les Parkinson de ce monde.

- Et toi, qu'est-ce que tu fais dans la vie ? demanda-t-elle avec une apparente douceur. Du shopping ? ajouta-t-elle, cinglante.

Blaise se mit à rire, de manière si sonore qu'il ne pouvait même plus voir les regards de haine que lui jetaient Pansy.

- J'emploie mon temps aux œuvres caritatives. C'est grâce à des gens comme moi, cracha-t-elle, que des gens comme toi peuvent étudier à l'université.

- Dans ce cas, je te dis merci, Pansy, sourit Hermione, refusant de se détourner de ce regard glacial qu'elle abattait sur elle.

- J'adore cette fille, décréta Blaise, essuyant une larme au bord de ses yeux.

Pansy continua à l'attaquer toute la soirée. Moins frontalement, pleine de sarcasmes et de détours, mais Hermione n'avait pas peur d'elle. Elle côtoyait le maître en la matière depuis son entrée à l'université. Drago Malefoy n'avait rien à envier à sa meilleure amie. Ces deux-là s'étaient bien trouvés, pensa-t-elle, grinçante.

- Je suis désolée pour Pansy, soupira-t-il à son oreille peu après qu'elle ait terminé son verre.

- C'est une conne, tu sais ? Une petite pétasse de bourgeoise qui n'a jamais connu rien d'autre que les bains au lait d'ânesse et les sourires dévoués de sa gouvernante.

- C'est ma meilleure amie, répondit-il.

- Oui, ça ne m'étonne pas, pouffa-t-elle discrètement.

- Tu veux qu'on se la joue lutte des classes ? demanda-t-il en haussant un sourcil.

Et cette fois-ci, c'est franchement qu'elle rit.

- Tu n'as aucune chance, Malefoy. Je viens de la rue, les petits merdeux comme toi on en fait qu'une bouchée à Blackpool.

Il leva les yeux au ciel, peinant à voir en elle, l'élève studieuse et disciplinée, une délinquante prête à en découdre avec lui.

- Un autre verre ? proposa-t-il alors qu'elle secouait déjà la tête.

- Non, je préfère rentrer.

Drago n'insista pas. Il se leva en même temps qu'elle, salua ses amis et adressa un regard plein de reproches à Pansy. Elle le balaya d'un geste de la main, il répondit en mimant quelque chose sur ses lèvres qu'Hermione ne comprit pas. Et puis, comme si tout ça était naturel, Drago positionna de nouveau sa main sur le haut de son dos, l'attirant vers la sortie.

- On ne passe pas au bar régler nos verres ? demanda-t-elle en fronçant les sourcils.

- Non, sourit-il d'un air malicieux. Laissons Pansy s'en charger.

Hermione se mit à rire, acquiesça vigoureusement et tous deux franchirent les portes de l'établissement.

- C'était… sympa, dit-elle dans un sourire qui n'essayait même pas de le convaincre.

- Tu sais, au fond, elle n'est pas méchante.

Hermione haussa un sourcil, n'y croyant pas un traître mot.

- Ce n'est pas Mère Thérésa, concéda-t-il alors qu'elle baragouinait quelque chose dans son coin. Mais ce n'est pas non plus un monstre. C'est son côté protecteur. Elle est toujours comme ça quand je ramène quelqu'un de nouveau.

- Ah… super… Merci pour l'invitation alors, grommela-t-elle.

- Je te raccompagne chez toi, dit-il d'un ton sans appel, ignorant volontairement son sarcasme.

- Je devrais m'en sortir, merci.

Mais sans écouter ses protestations, Drago avança vers une voiture scandaleusement rutilante. Un homme se tenait déjà debout devant la portière ouverte et Hermione leva les yeux au ciel.

- Tu as un chauffeur privé ? s'étrangla-t-elle devant ce qu'elle considérait comme la plus grande aberration du siècle.

- Comment veux-tu que je me déplace ? Tu crois que j'ai le permis, peut-être ?

- Le métro, les bus, ça ne te dit rien ? Marcher aussi ! Tu dois savoir faire ça, non ?

- Tu veux marcher pendant plus d'une heure jusque chez toi ? Ou tu préfères peut-être prendre le bus, attendre qu'il arrive sous une aubette lugubre à côté d'un ivrogne en priant pour qu'il ne te gerbe pas dessus ? demanda-t-il, cinglant.

- Oh ça va, soupira-t-elle en montant dans la voiture.

- C'est bien ce que je me disais, grommela-t-il en entrant à son tour.

Hermione donna son adresse au chauffeur et Drago le darda d'un regard sombre, le défiant de faire le moindre commentaire.

- Alors c'est ça, ta vie ? souffla-t-elle en regardant par la fenêtre. Du bois des verres à deux cents livres dans un hôtel de luxe pendant que ton chauffeur attend sagement en bas que tu aies envie de rentrer et quand tu n'as plus rien à grignoter dans tes placards tu t'invites chez la Reine pour dîner ?

- Elizabeth est une femme charmante, répondit-il en pinçant les lèvres pour ne pas sourire.

- Tu te fous de moi, là ?

- Évidemment, répondit-il en riant. C'est une vieille peau acariâtre.

Elle se mit à rire, ne sachant pas vraiment ce qu'elle devait comprendre de sa réplique et Drago conserva son petit sourire fier sur les lèvres.

- Et toi, Granger, c'est quoi ta vie ?

- Rien que de très banal, soupira-t-elle. Je change trois fois de bus pour rejoindre l'université, j'y passe la journée et le soir, quand j'ai envie de faire une folie, je commande une pizza chez l'italien à l'angle de la rue.

- A quelques détails près, ça n'a rien de bien différent de la mienne.

Elle leva les yeux au ciel. Il était indécent, semblant sincère dans ses paroles. Comme si un monde entier ne les séparait pas. Comme s'il n'était qu'un doctorant parmi tant d'autres, alternant les petits boulots, s'éclairant à la bougie la dernière quinzaine du mois et s'inquiétant perpétuellement de savoir s'il pourrait régler les frais de scolarité pour le prochain semestre.

- On est arrivés, déclara-t-elle sans pour autant descendre de la voiture.

Drago hocha la tête, plongea son regard dans le sien et se perdit dans cet océan noisette plein de lutte et de douceur.

- Tu veux monter ? demanda-t-elle finalement après de longues secondes silencieuses. Voir un peu ce que c'est que le vrai monde.

- Je t'en prie, dit-il d'un air confiant, tu crois que je ne côtoie que des milliardaires ?

- Oh non, pouffa-t-elle en ouvrant la portière. Il doit bien y avoir quelques millionnaires dans ton cercle d'amis, tu es une âme charitable.

Il leva les yeux au ciel lorsqu'il l'entendit se mettre à rire. Elle était debout, à l'extérieur de la voiture et lui, toujours installé, attendait patiemment que son chauffeur vienne lui ouvrir.

- Quoi ? pesta-t-il en descendant enfin.

- Rien, rit-elle encore. Viens, mon majordome doit nous attendre, dit-elle d'un air hautain qui sonnait faux.

Et alors qu'il rentrait dans son immeuble, Drago commença enfin à comprendre à quel point il était stupide. Hermione vivait dans une tour bancale à la limite de l'insalubrité. Sur la porte de son ascenseur, une feuille en papier jaunie par le temps indiquait "Hors service". Dans la cage d'escalier, une odeur âpre de poussière et de renfermé inondait les lieux.

- Prêt ? demanda-t-elle, un air de défi dans le regard.

Il hocha la tête, levant les yeux au ciel pour se donner bonne mesure mais au fond, craignait de découvrir un immonde taudis qu'il s'empresserait de vouloir quitter. Elle enfonça sa clé dans la serrure, actionna la poignée et ouvrit la porte sur un salon minuscule mais coquet. Drago attendit qu'elle entre pour la suivre, garda ses mains dans ses poches et s'empêcha de tourner autour de lui pour examiner les lieux.

Du coin de l'œil, il aperçut une porte sur sa gauche, une étagère Ikéa contre le mur et un clic-clac au milieu du salon. Apparemment, il n'avait pas besoin de faire plus de mouvements pour découvrir l'intégralité de son logement.

- Ici nous avons le salon rose, dit-elle en désignant une lampe de chevet bordant le canapé. Habituellement, je ne reçois pas dans cette partie de l'appartement mais, faisons une exception. Sur ta droite il y le patio et juste derrière les chambres, le sauna et les douze salles de bains. Les domestiques sont au sous-sol, dans les cuisines. Je ne supporte pas de les voir dans les parties communes. J'espère qu'ils ont allumé le feu dans les chambres et passé les draps au fer, la soirée est fraîche.

Elle se retenait de rire et lui ne s'arrêtait plus de lever les yeux au ciel.

- T'as fini ? grinça-t-il.

- Presque, pouffa-t-elle. Je n'en reviens pas que mon majordome ne soit pas là pour nous accueillir ! Ce sera retenu sur ses gages, crois moi. Mister Noodles, appela-t-elle d'une voix princière, Mister Noodles ?

Et Drago se figea. Si jusqu'ici il aurait pu rire de sa démonstration théâtrale, l'air venait subitement de se raréfier. Il peinait à inspirer, contracté au possible, les yeux hagards alors qu'Hermione, redevenue elle-même, s'accroupissait pour prendre dans ses bras son immonde créature. Il était là. Aussi pimpant qu'il était capable de l'être. Toujours aussi laid, gras et blasé. Ses moustaches, qui s'étaient encore raréfiées avec les années, pendaient négligemment jusqu'au sol et Drago avait la tête qui tournait. C'était lui, cela ne pouvait être que lui. Il n'y avait aucun doute. Mais comment ?

Hermione s'était redressée, tenant son chat qui dégoulinait dans ses bras.

- Quoi ? demanda-t-elle en fronçant les sourcils devant l'air ahuri de Drago. Ne me dis pas que tu croyais vraiment que j'avais un majordome ?

- Non, bredouilla-t-il. C'est juste que… je ne m'attendais pas à… je ne croyais pas qu'il serait… là.

- Mister Noodles ? Bien sûr qu'il est là, où veux-tu qu'il aille ?

- Oui, tu as raison, bafouilla-t-il. Il est… radieux, lâcha-t-il après une trop longue pause.

Elle haussa les sourcils, se moquant de son avis avant d'embrasser les quelques poils qui trônaient encore sur le dessus de sa tête.

- Il n'est pas tout jeune mais tu sais ce qu'on dit, les chats ont neuf vies. Je crois bien qu'il a entamé sa dernière il y a quelques années, soupira-t-elle. Il avait disparu depuis trois jours quand une clinique vétérinaire de Chelsea m'a appelé. Heureusement que je l'avais fait pucé l'année d'avant. Apparemment, quelqu'un l'avait retrouvé évanoui dans les rues et leur avait apporté. Je n'ai jamais su qui c'était mais crois-moi, j'aurais épousé ce type sur le champ si j'avais pu.

Et le souffle qu'il retenait depuis des années, depuis l'incident, sortit enfin de ses lèvres. Drago n'avait pas tué Mister Noodles. Il aurait pu sauter au plafond si seulement il ne craignait pas de se tourner en ridicule.

- Tu veux boire quelque chose ? demanda-t-elle en reposant le chat au sol. Je n'ai pas de Mc-je-ne-sais-quoi de je-ne-sais-combien d'âge. Mais je dois avoir du jus de raisin et de l'eau de vie que fabriquait mon grand-père. Si on met ça dans un verre à pied, on pourrait presque croire qu'on déguste un Bordeaux.

Il se mit à rire, la suivit jusque dans la cuisine et la regarda préparer son étrange mixture avec un sourire amusé. C'était infâme. Tout aussi immonde que cela en avait l'air. Elle grimaça en reposant son verre sur la table, il toussa pendant pas loin d'une minute, croyant soudainement rendre son dernier souffle.

- Peut-être pas un Bordeaux, finalement, dit-elle en faisant la moue.

- Je crois que je vais vomir, grimaça-t-il.

Elle rit en lui servant un verre d'eau, il l'avala d'une traite, comme si toute l'eau du monde ne pourrait jamais chasser la brûlure qui s'était déposée sur sa langue. Il plongea sa main dans la poche intérieure de sa veste, sortit son paquet de cigarette et, le plantant devant elle, demanda :

- Je peux ?

Elle désigna la fenêtre face à eux. Drago se leva, s'approcha et y distingua un escalier de secours qui semblait sur le point de s'effondrer.

- A tes risques et périls, gloussa-t-elle.

Il grimaça, rangea finalement son paquet dans sa poche et retourna s'asseoir sur le canapé.

- Tu me remercieras dans quinze ans quand tu pourras respirer sans avoir un trou au beau milieu de la gorge.

Il leva les yeux au ciel alors qu'elle haussait les épaules, avec un air légèrement supérieur.

- Un esprit sain dans un corps sain, c'est ça ta philosophie de vie ? demanda-t-il en arquant un sourcil.

- Plus ou moins, oui.

- Donc tu ne fais pas seulement semblant, dit-il dans un sourire en coin, tu es vraiment parfaite.

Elle fronça les sourcils, ne sachant pas si elle devait prendre sa remarque comme un compliment ou une attaque.

- On est très différents, Malefoy. Je ne bois pas des verres dans des hôtels de luxe, je ne prends pas de coke sur les fesses d'une prostituée tous les vendredis soirs et je ne me réveille pas le lendemain sur un yacht au beau milieu de l'Alaska.

- Toujours les clichés, soupira-t-il. Tu as une bien piètre image de moi, Granger.

- Je me trompe, peut-être ?

- Evidemment. La dernière fois que je me suis réveillé sur un yacht, je crois qu'on était en partance pour les îles vierges, sourit-il malicieusement.

- J'ai pris le ferry, une fois, dit-elle les yeux dans le vide, j'étais enfant et nous allions rendre visite à une de mes tantes vivant en Normandie. Mes aventures maritimes s'arrêtent là.

- On peut y remédier facilement.

Il y avait une lueur de folie dans son regard qui la fit rire. Comme s'il était prêt à tout plaquer en quelques secondes pour monter sur un quelconque bateau de pêche, naviguant sans but dans les eaux internationales.

- Tu voudrais aller où ? demanda-t-il le plus sérieusement du monde, comme si son sac était déjà prêt.

- T'es pas sérieux, là ?

Il haussa les épaules.

- Pourquoi pas ? T'as mieux à faire ce weekend ?

Elle se mit à rire, commençant soudainement à envisager la question. C'était de la folie. Hermione n'était pas du genre aventureuse. Ce qu'elle préférait dans un voyage, c'était le planifier durant des semaines. Elle faisait des recherches, remplissait des carnets de notes entiers sur le patrimoine local, dévorait tous les Lonely Planet de la région, s'immergeait dans la culture avant même de la découvrir. Et puis, alors que tout était méticuleusement organisé, Hermione jetait un coup d'œil sur son compte bancaire avant de fermer définitivement l'onglet AirBnb de son pc, abandonnant le projet.

- La Grèce, dit-elle dans soupir rêveur. L'Acropole, les plages noires de Santorin, les théâtres antiques, le yuzu et les chats dans les rues…

Il l'écoutait énumérer les points d'intérêts en souriant. Elle semblait déjà y être, laissant les images des guides touristiques l'envahir au point de pouvoir les distinguer devant ses yeux. Drago sortit son téléphone de sa poche, pianota sur l'écran et attendit qu'elle termine, tourne finalement la tête vers lui pour se lever.

- Mon chauffeur nous attend, déclara-t-il dans un sourire en coin. Le jet devrait être prêt à décoller d'ici une petite heure.

- Tu es malade, rit-elle en secouant la tête, restant assise sur le canapé.

- Si tu préfères y aller en bateau je peux appeler la marina mais je crains fort qu'on ne soit pas de retour lundi matin à l'université.

Il avait l'air si sérieux que c'en était presque terrifiant. Les mains dans les poches, il l'attendait, patiemment, comme s'il voulait seulement qu'elle se lève pour aller dîner dans un restaurant du coin de la rue.

- Tu as un passeport ? demanda-t-il en soulevant son sac à main pour lui tendre.

- Oui mais…

- Alors c'est parti.

Une nouvelle fois, elle se mit à rire en secouant la tête, ne voulant pas y croire.

- On ne peut pas faire ça c'est… c'est de la folie !

- Et c'est justement pour ça qu'on va le faire, répondit-il dans un sourire en coin.

Il lui tendit la main pour qu'elle la prenne. Elle la regarda, quelques secondes, alternant son regard entre ses doigts et son visage, un sourire émerveillé sur les lèvres avant de finalement se décider à mêler ses doigts aux siens.

Drago ne lui laissa pas le temps de se dégonfler. Il tira sur sa main pour la faire se lever et ne la lâcha pas avant qu'ils soient installés à l'arrière de la voiture. Elle ne cessait de répéter que tout cela était complètement dingue, qu'elle n'en revenait pas qu'elle se laisse embarquer là-dedans et Drago se contentait de sourire avec mystère et impatience.

- Je n'ai jamais vu un si petit avion, dit-elle alors qu'ils arrivaient sur la piste.

- Tu t'attendais à ce que je privatise un boeing de ligne ? rit-il alors que l'équipage, au bas des escaliers, leur souhaitait la bienvenue.

- J'en sais rien, avec toi, je crois que je peux m'attendre à tout.

L'appareil n'avait que deux sièges en cuir beige se faisant face. Une petite table en bois les séparait sur laquelle trônait une assiette de mignardises et deux coupes de champagne.

- C'est indécent, dit-elle en trempant ses lèvres sur la coupe.

- Profite, Granger.

Elle hocha la tête et regarda par le hublot l'avion prendre de la hauteur.

- Tu fais ça souvent ? demanda-t-elle après quelques minutes de silence.

- Pas autant que tu sembles l'imaginer.

Il passèrent le vol à discuter de leur destination. Hermione semblait déjà connaître tout de la Grèce, elle lui décrivait avec précisions les sentiers bordants les falaises de Paros, l'histoire des arènes et les coutumes locales. Drago l'écoutait s'émerveiller des paysages avant même de les découvrir, un petit sourire confiant aux lèvres.

Un chauffeur les attendait à l'arrivée les guidant en douceur jusque dans le cœur de la ville. Il s'arrêta devant les portes du King George et Hermione se remit à rire en secouant la tête.

- Toujours plus, dit-elle en riant. Il est aussi à ton père, celui-là ?

- Mon père ne possède pas tous les palaces européens, Hermione.

Et pourtant, ils furent accueillis comme s'ils avaient toujours vécu ici, comme si leur arrivée était prévue de longue date.

- Comment tu as fait pour organiser tout ça en quelques minutes ? demanda Hermione.

- J'ai envoyé un sms à mon assistant personnel. C'est lui qui s'est chargé de tout.

- Ton assistant personnel ? Mais… dans quel monde est-ce que quelqu'un a besoin d'un assistant personnel ?

- Dans le mien, apparemment, répondit-il en haussant les épaules. C'est très pratique, tu sais.

Elle leva les yeux au ciel en le suivant jusqu'à la terrasse de l'hôtel. La nuit était douce et, s'appuyant sur la balustrade, Hermione distingua les lumières de la ville se reflétant sur l'océan.

- Qu'est-ce que je fais ici ? soupira-t-elle en fixant l'horizon.

- Tu ne veux pas arrêter de te poser des questions, pour une fois et juste profiter ? insista-t-il, à la limite de l'agacement.

- Qu'est-ce qui a changé, Malefoy ? demanda-t-elle en plantant son regard dans le sien. Comment est-ce que tu as pu passer de l'enfoiré qui me bouscule dans les couloirs au type qui m'emmène en Grèce à bord de son jet privé ?

Il haussa les épaules, prenant un air détaché pour camoufler l'irréprissible envie de lui dire la vérité. Mais Hermione ne se contenterait pas de cette réponse silencieuse. Elle continuait de le fixer, attendant en fronçant les sourcils qu'il se décide enfin à parler.

- Peut-être que tu avais raison, cet après-midi, répondit-il enfin. J'ai grandi.

- J'ai l'impression que c'était il y a une éternité. Cet après-midi, j'hésitais à venir boire un verre avec tes amis et quelques heures plus tard, me voilà en Grèce. C'est délirant.

- Je suis peut-être un petit con, dit-il en reprenant ses paroles, mais avec moi Granger, on ne s'ennuie jamais.

Elle se mit à rire, hochant la tête, ne pouvant pas décemment lui donner tort et, malicieuse, demanda :

- C'est quoi la prochaine surprise ?

Drago se redressa alors qu'elle plissait les yeux en le regardant, cherchant à trouver la réponse dans ses yeux. Il passa lentement une main dans ses cheveux, haussa légèrement une épaule et lui décrocha un sourire en coin. Sans qu'elle ne s'en rende compte, trop absorbée par la contemplation de sa bouche semblant hurler à la luxure, Drago s'approcha un peu d'elle, soudainement si proche qu'elle craignait qu'il entende les battements de son cœur. Il venait de poser sa main sur sa joue, caressant sa peau de son pouce dans un effleurement si léger qu'elle se demandait si ce n'était pas seulement le vent.

- Suis-moi, souffla-t-il contre son oreille.

Il n'attendit pas sa réponse pour délaisser sa joue en venant saisir sa main. Ses doigts étaient chauds entre les siens. Et quand, raffermissant sa prise, elle vint croiser ses doigts avec les siens, Drago ne put empêcher son cœur de se gonfler d'impatience.

- Où est-ce que tu m'emmènes ? demanda-t-elle en montant dans l'ascenseur.

Il lui répondit de son éternel sourire en coin, séducteur et impertinent, et Hermione secoua la tête. Elle luttait, c'était évident. Dans ses yeux, des centaines de questions semblaient avoir de la peine à trouver des réponses. Il y avait du désir, peut-être presque autant que dans ceux de Drago. Mais surtout, de la méfiance, de la crainte et une touche de ressentiment. Hermione avait beau l'avoir suivi jusqu'à l'autre bout de l'Europe, elle ne lui faisait toujours pas confiance.

Sa main n'avait pas quitté la sienne lorsqu'ils entrèrent dans la suite qu'il avait réservée. Le vestibule était plus grand que l'appartement d'Hermione. Elle regardait autour d'elle, fascinée, alors que lui ne la quittait pas des yeux.

- Ici, dit-il d'un air amusé et théâtral à la fois, nous avons le salon doré. Habituellement, je ne reçois pas dans cette partie de la suite, mais faisons une exception. Dans ce couloir, tu as les chambres, les douze salles de bain et le jardin d'hiver.

- Arrête de te foutre de moi, maugréa-t-elle en lui décrochant un coup de poing dans le biceps.

Drago ricana, elle leva les yeux au ciel et, sans qu'aucun des deux ne s'y attendent vraiment, il déposa ses lèvres sur sa joue. Elle s'était tendue sous ce geste, soudainement fébrile mais Drago ne se s'arrêta pas, continuant de presser ses lèvres sur sa peau encore quelques petites secondes avant de plonger son regard dans le sien.

- Je te montre la terrasse ? demanda-t-il sans vraiment attendre de réponse.

Elle hocha tout de même la tête, soudainement bien incapable d'aligner deux mots et le suivit jusqu'à la baie vitrée. Une piscine à débordement s'étalait devant eux, bien trop grande, bien trop luxueuse pour que cela ne soit pas indécent. A côté, un jacuzzi bouillonnait déjà, semblant n'attendre plus qu'eux.

- On y va ? demanda Drago en souriant en coin.

- Je n'ai pas pris de maillot de bain, répondit Hermione. D'ailleurs, je n'ai rien pris du tout.

- Il doit y avoir ce qu'il faut dans un sac dans l'entrée. J'ai demandé à ce qu'on nous prépare le nécessaire.

- Alors ça ne s'arrête jamais ? dit-elle en levant les yeux au ciel. Le luxe, l'indécence, les privilèges ?

- Et tu oses pourtant encore te plaindre ?

Il y avait de la malice dans son regard et Hermione, détestant se faire prendre à son propre piège, ne trouva rien de plus mature que de lui tirer la langue dans une grimace puérile.

Quand elle revint sur la terrasse, quelques minutes plus tard, emmitouflée dans le peignoir de l'hôtel, Drago était déjà installé dans le jacuzzi, les yeux fermés et la tête légèrement en arrière. Il se redressa en l'entendant et elle secoua la tête, le visage soudainement déterminé, à la limite de la fureur.

- Ferme les yeux ou retourne-toi, ordonna-t-elle. Peu importe mais ne me regarde pas.

Il fronça les sourcils, ne comprenant pas vraiment cette soudaine froideur.

- C'est toi qui leur a précisé quel genre de maillot de bain tu voulais pour moi ? cracha-t-elle désormais frontalement furieuse.

- Non, répondit-il avec sincérité. J'ai juste demandé à mon assistant qu'on ait de quoi se changer pour le weekend.

Elle sembla se radoucir un peu mais tenait toujours son peignoir fermement nouée autour d'elle.

- Alors tu devrais peut-être en changer. Ce type est un gros pervers.

- C'est quoi le problème avec ce maillot de bain ?

- Le problème Malefoy, c'est que je ne suis même pas sûre qu'on puisse le qualifier de maillot de bain, ni de quoi que ce soit d'ailleurs. Ce truc manque cruellement de tissu pour rentrer dans la catégorie des vêtements. Je serais nue que ça ne changerait pas grand chose.

Il se mit à rire et elle redevint furieuse.

- Oh, ça va, rit-il encore, je suis sûr que tu en fais des tonnes. Entre !

Elle secoua vigoureusement la tête.

- Pas avant que tu ne fermes les yeux.

Soupirant, il s'exécuta, fermant suffisamment les yeux pour qu'il paraisse aveugle dans la nuit mais pas assez pour s'empêcher de distinguer sa silhouette dans une fine ligne entre ses cils. Quand elle retira son peignoir, Drago se dit qu'elle avait tort au sujet de son assistant, il méritait amplement une augmentation. Pour ce qui était de son maillot de bain, par contre, elle avait vu juste. Un petit triangle noir, entouré d'un maigre fil remposait entre ses cuisses. Drago aurait rêvé qu'elle se retourne, absolument persuadé que ses fesses ne subissaient l'ombrage d'aucun bout de tissu. Et pourtant, face à lui, il avait tout le loisir d'admirer sa poitrine. Elle cachait maladroitement ses seins nus derrière son avant bras, se tortillant pour sortir de son peignoir. Si le bas de bikini était maigre, le haut était absolument inexistant. C'était décidé, son assistant aurait une augmentation. Et conséquente.

Elle le fixa longuement, semblant vouloir s'assurer qu'il ne trichait pas et Drago retint un sourire gourmand qui insistait pour se loger sur ses lèvres. Elle eut l'air décréter qu'il ne voyait rien et lui dévoila enfin sa poitrine pour attacher ses cheveux dans un chignon brouillon.

Drago avait envie de sortir de ce jacuzzi sur le champ, d'empoigner sa nuque pour déposer ses lèvres sur les siennes, de plaquer son corps contre le sien, de toucher cette poitrine qui ne demandait qu'à être saisie, de malaxer ses fesses, d'embrasser son ventre, de goûter chaque parcelle de peau qui se dessinait devant lui. Mais il attendit, sagement, qu'elle rentre dans le jacuzzi et qu'elle dise, du bout des lèvres :

- C'est bon tu peux ouvrir les yeux.

Drago lutta pour ne pas les faire glisser plus bas que son visage.

- Non, ce n'est pas normal qu'il n'y ait aucun fil autour de mon cou et non, je ne veux pas en parler avec toi, grinça-t-elle en le fusillant du regard.

Apparemment, il avait échoué à la regarder dans les yeux et, bon joueur, se mit à ricaner.

- Tu sais que l'eau, c'est transparent, Granger ?

- Je savais que je n'aurais jamais dû enlever ce peignoir, maugréa-t-elle en plaquant son bras contre sa poitrine.

De nouveau, il se mit à rire et elle soupira.

- Tu es torse-nue, je suis torse-nu, j'ai l'impression que c'est plutôt équitable comme situation, décréta-t-il en haussant les épaules.

- A la différence que moi, j'arrive à te regarder dans les yeux, Malefoy.

- Et j'en suis d'ailleurs un peu vexé, répondit-il en tentant, sans y parvenir, de prendre un air sérieux.

- De ne pas te faire reluquer comme un bout de viande ? dit-elle en haussant un sourcil.

- Précisément. Ne fais pas l'aveugle, Granger. On sait tous les deux que j'ai un corps d'Apollon.

Elle leva les yeux si haut qu'elle en oublia de cacher sa poitrine, la faisant soudainement sortir légèrement de l'eau.

- Ne te gène pas pour mater, continua-t-il, je sais que tu en meurs d'envie.

- Tu t'entends quand tu parles ? demanda-t-elle, outrée.

- Quoi ? Je sais que je suis bien foutu, tu crois que je devrais faire comme toi et faire semblant de ne pas le savoir ?

- Je ne suis pas bien foutue, Malefoy.

Et ce fut à son tour de lever les yeux au ciel.

- Tu veux jouer à ça ? demanda-t-il. Le coup de la pauvre jeune femme qui n'a aucune confiance en elle ? Pas à moi, Granger. Tu as des seins à se damner et on le sait tous les deux. Et si tu t'étais donné la peine de te retourner plutôt que de gigoter pour retirer ton peignoir, on aurait pu tous les deux savoir à quel point ton cul leur fait de l'ombre.

Elle ouvrit la bouche sans parvenir à dire quoi que ce soit, semblant sous le choc. Et puis, après quelque secondes, pointa son doigt rageur dans sa direction.

- Tu n'as pas fermé les yeux ! J'aurais dû savoir que je ne pouvais absolument pas te faire confiance !

- Ça va, soupira-t-il, je suis persuadé qu'à ma place, tu aurais fait exactement la même chose.

- Absolument pas, dit-elle, furieuse.

- C'est pas vrai, soupira-t-il de nouveau.

Et puis, sans qu'elle puisse s'y attendre, Drago se leva du jacuzzi pour se planter devant elle, aussi nu qu'il pouvait l'être. Elle se figea, les yeux écarquillés, alors qu'il se présentait devant elle, les bras ouverts, l'air passablement agacé.

- C'est bon, ça va mieux ? demanda-t-il en levant les yeux au ciel. T'es moins gênée maintenant ?

- Mais… tu… bredouilla-t-elle en pointant fébrilement le doigt vers son entrejambe.

Il baissa la tête, suivant du regard son doigt et lâcha un petit rire dans un souffle.

- Je bande ? dit-il en haussant un sourcil. Évidemment que je bande, Granger ! Tu entres à moitié nue dans un jacuzzi avec ton corps de déesse, qu'est-ce que tu crois ?

- Je… heu…

Il finit par se rasseoir alors qu'Hermione ne savait visiblement plus où se mettre, les joues si rouges que c'en était presque ridicule.

- Tu vas t'en remettre ? demanda-t-il en gardant son sourcil aussi arqué. Je sais que j'ai été gâté par la nature mais quand même, je ne dois pas être le premier homme que tu vois nu ?

- La ferme, Malefoy, maugréa-t-elle.

- Quoi ? C'est la première fois ? demanda-t-il sans vraiment y croire.

- Évidemment que non, soupira-t-elle.

- Alors tout va bien. On peut passer une bonne soirée, maintenant ?

Elle hocha la tête silencieusement et Drago s'allongea un peu plus dans le jacuzzi, posa sa tête sur le rebord et ferma les yeux. Et puis, après une petite minute uniquement alimentée par le bruit des bulles, elle se mit à rire. Franchement, de manière sonore et délicieuse. Il se redressa, la regarda avec un sourire amusé, lui demandant par le regard ce qui la faisait rire, soudainement.

- Je n'en reviens pas de ce que tu viens de faire, pouffa-t-elle. Tu n'as vraiment aucune pudeur.

- Je n'ai pas honte de mon corps, répondit-il simplement en haussant les épaules.

- Non, ça, c'est sûr.

- Et tu ne devrais pas non plus. Je ne mentais pas tout à l'heure, tu es sublime, Hermione. Et je ne vois pas ce qui pourrait t'en faire douter.

Elle lui jeta un regard rougissant, mêlant remerciement et gêne auquel il répondit par un sourire.

- Personne ne s'était encore jamais planté nu devant moi en écartant les bras pour tenter de me rassurer, dit-elle en se remettant à rire.

- Un jour, dit-il en souriant avec amusement, en colonie de vacances, un type bizarre s'est baladé à poil dans le dortoir des filles. Pansy était dans cette chambre. Elle a poussé un tel hurlement qu'elle a réveillé tout l'étage. Au final, le pauvre gars était somnambule et dans son délire, cherchait simplement les toilettes.

Hermione eut un fou rire, aussi incongrue que cette histoire puisse paraître, elle n'était pas vraiment étonnée qu'elle soit arrivée à une fille comme Pansy.

- Incroyable, rit-elle. Il est arrivé un truc un peu semblable à Luna, tu sais, la fille blonde un peu perchée qui était avec nous en deuxième année ?

Elle lui raconta la fois où Luna s'était retrouvée au lit avec un homme étrange rencontré en boîte, il enchaîna avec quelques histoires personnelles mêlant grandes fiertés et échecs cuisants et tous deux ne cessèrent de rire de l'heure qui suivit. Et puis, Hermione se mit à bailler, Drago lui offrit un sourire compatissant et attrapa du bout du bras son portable qui était posé sur une chaise à côté d'eux.

- Il est presque quatre heures du mat, décréta-t-il alors qu'elle se frottait les yeux. On va se coucher ?

Elle hocha la tête.

- Cette fois-ci, tu fermes vraiment les yeux, d'accord ? dit-elle en le menaçant du regard.

- Non, répondit-il en souriant en coin.

- Non ?

- Enfin, je peux faire semblant, comme tout à l'heure, si tu préfères.

- Malefoy ! siffla-t-elle entre ses dents.

- Quoi ? Moi je me suis levé juste devant toi alors que j'étais entièrement nu. Laisse-moi au moins le plaisir d'admirer ton joli cul quand tu sortiras de ce jacuzzi.

- C'est pas vrai, maugréa-t-elle, t'es vraiment un pervers, tu sais ?

- Hermione, soupira-t-il. Arrête de rougir, arrête de te convaincre que tu as quelque chose à cacher, que tu ne me fais aucun effet et que je ne t'en fais pas non plus. On sait tous les deux que c'est faux.

Mais elle n'arrêta pas de rougir. Au contraire, ses joues prirent une teinte encore plus soutenue alors que Drago se levait, tendant sa main vers elle pour qu'elle l'attrape. Elle hésita quelques secondes, regardant ses doigts avant de prendre une profonde inspiration et de s'en saisir. Ils sortirent tous les deux mains dans la main et, revenus sur la terrasse, alors qu'elle s'éloignait pour récupérer son peignoir, Drago la tira jusqu'à lui, la faisant atterrir entre ses bras.

Il leva sa main jusqu'à sa joue, caressant lentement la courbure de son visage avant de laisser ses doigts courir jusque dans son cou. Il continua sa course sur son épaule, le haut de son bras et ne posa sa main que lorsqu'elle fut arrivée jusque sur sa hanche. Il la pressa fermement, pour qu'elle se rapproche encore un peu de lui alors qu'il venait de capturer sa nuque. Hermione avait fermé les yeux, la bouche légèrement entrouverte et Drago s'accorda une courte seconde pour admirer son corps avant de fondre sur ses lèvres.

Elle avait un goût sucré d'une nectarine en fleur, comme l'odeur de sa peau le laissait deviner. Et Drago n'avait soudainement plus aucune vie de goûter un autre fruit. Elle était pantelante entre ses bras alors qu'il n'était plus que désir et luxure.

- On va dans la chambre ? souffla-t-elle sans cesser de rougir, se mordillant la lèvre.

Il hocha la tête, un sourire impatient aux lèvres. Il la laissa faire quelques pas devant lui, prenant enfin le temps de poser les yeux sur ces fesses qu'il avait tant imaginées. Et pour une fois, Drago n'avait pas été aussi clairvoyant que ce qu'il croyait. Si son corps tout entier était un appel à la débauche, son postérieur constituait le point de non retour. Elle n'avait eu qu'à se pencher devant lui pour ramasser son peignoir que déjà, il se savait perdu à tout jamais. Il était à elle et, si l'univers tournait correctement, elle devait nécessairement n'être qu'à lui. Il n'y avait pas d'autre explication logique.

Il courait presque pour la rattraper avant qu'elle n'atteigne l'entrée de la suite. Arrivé à sa hauteur, il la souleva dans ses bras, lui décrochant un petit cri dont il voulait se délecter pour le restant de ses jours. Elle n'était plus que soupirs quand il la déposa sur le lit, aspirant son téton entre ses lèvres. Chaque gémissement qu'elle poussait lui faisait tourner la tête. Les mains fébriles d'Hermione virent se poser sur ses joues, le ramenant jusqu'à ses lèvres pour qu'il puisse encore une fois l'embrasser, goûtant la passion qui les dévorait tous les deux.

- Tu es incroyable, soupira-t-il en plantant son regard dans le sien.

Ses mains prirent possession de sa poitrine, serrant ses seins entre ses paumes.

- J'ai envie de te faire l'amour…

Il embrassa son téton, le chatouilla de sa langue et pinça ses hanches alors qu'elle se cambrait sous lui.

- … de te toucher, de te goûter…

Il tira sur les nœuds de son string pour qu'il se détache, la dévoilant enfin dans son plus simple appareil.

- … Jusqu'à…

Sa langue glissa de son nombril au creux de sa hanches, ajoutant parfois ses dents pour la faire gémir.

- … Jusqu'à ce que tu comprennes à ton tour…

Il s'infiltra jusqu'au cœur de son intimité, embrassant ses lèvres comme s'il n'avait jamais rien goûté d'aussi délicieux. Il pinça son clitoris entre ses lèvres avant de la cajoler de sa langue.

- … Jusqu'à ce que tu saches à quel point tu es belle…

Ses gémissements prirent le pas sur sa voix quand Drago glissa un doigt en elle. Elle gigotait sous lui, tenant fermement les draps entre ses doigts, semblant s'y accrocher comme si sa vie en dépendait.

- … Jusqu'à ce que plus jamais, tu ne doutes de toi.

Il ajouta un second doigt, les courbant juste suffisamment pour qu'elle perde pied. Elle poussa un cri qui lui donna envie de recommencer, encore une fois. Et Hermione détacha enfin ses doigts des draps pour venir les glisser dans ses cheveux. Elle plaqua son visage contre son centre, l'invitant une nouvelle fois à caresser son clitoris de sa langue. Et puis, fébrilement, entre désir et tremblement, elle attrapa la main qui reposait contre son sein pour la guider jusque sur ses fesses. Drago redressa la tête, l'interrogeant du regard et elle hocha simplement la tête ayant d'appuyer de nouveau sur la sienne. Alors, Drago réalisa qu'il était sûrement le petit con le plus chanceux de Grande Bretagne.

Il empoigna ses hanches pour la faire se soulever alors qu'elle glissait précipitamment un coussin sous elle. Quand il lécha la fine peau entre ses fesses, le gémissement qu'elle poussa était inédit. Plus léger, plus libre et divinement plus excitant.

Adieu la jeune femme rougissante se cachant pudiquement la poitrine. Hermione n'était plus que désir et volupté. Enfin, elle avait compris. Enfin, elle savait qu'elle était si désirable qu'il en perdait pied. Elle était libre entre ses bras, déterminée et offerte à lui, plus qu'il n'avait jamais osé l'espérer. Elle lécha sans gêne le doigt qu'il glissa dans sa bouche, le couvant d'un regard qui le fit gémir à son tour. Il n'eut aucun mal à le glisser entre ses fesses, elle qui était pourtant si étroite. Et quand, après quelques minutes, elle lui souffla qu'elle en voulait plus, il crut qu'il allait lui demander de l'épouser.

Elle avait déjà joui deux fois entre ses bras. D'abord avec sa langue, ensuite avec ses doigts, mais Hermione semblait en vouloir toujours plus. Quand, en sueur et à bout de souffle, elle se retourna finalement pour l'inviter à s'immiscer en elle, Drago réalisa qu'il était loin du compte lorsqu'il avait cru qu'elle était belle. Hermione était sublime, divine et même somptueuse. Son petit cul si serré lui arracha un grognement, son dos qui se cambrait sous les assauts le transportèrent jusqu'aux cieux. Et alors qu'elle mouvait ses hanches pour venir buter contre lui, Drago se dit qu'il pouvait mourir maintenant, il venait de goûter au bonheur à l'état pur.

Il venait à peine de s'introduire en elle qu'il n'était déjà plus loin de jouir. Sa nuque s'offrant à lui à chacun de ses mouvements allait avoir raison de lui. C'était trop, beaucoup trop pour un seul homme et Drago se demandait encore comme il était humainement possible de ressentir tant de plaisir sans imploser immédiatement. Il tremblait, gémissait de concert avec elle à chaque fois qu'il entendait sa peau claquer contre la sienne. Bientôt, il ne serait plus là, son corps tout entier le sommant de se laisser aller au plaisir. Alors, avec précipitation, il introduisit un doigt en elle, se sentant lui-même à travers la fine peau qui les séparait. Son pouce caressa son clitoris, dans des mouvements maladroits qui transpiraient l'empressement. Et une dernière fois, Hermione se contracta autour de lui. Le laissant seul pousser un dernier râle alors qu'elle n'était plus en mesure de reprendre son souffle.

Il s'étala sur la lit en fermant les yeux, gardant son corps contre le sien, luttant pour que son cœur retrouve son emballement naturel. Et tous deux finirent par s'endormir. Lui apaisé par son souffle lent et régulier, elle frissonnant sous les baisers qu'il déposait sur son épaule.

xxx

- Dépêche-toi de refermer la porte derrière toi, cria Drago depuis son salon.

Pansy haussa un sourcil, intriguée mais s'exécuta. Elle fit quelques pas dans le couloir avant de se figer.

- C'est quoi ce bordel ? s'étrangla-t-elle en écarquillant les yeux.

Autour d'elle, le somptueux penthouse de Drago Malefoy n'était plus que chaos et désolation. Les lampes de chevets étaient renversés, son canapé en cuir blanc honteusement lacéré et dans l'air une odeur âpre et nauséabonde commença à lui donner la nausée. Drago était à quatre pattes sur son tapis, le dos courbé pour tenter de regarder sous son canapé.

- Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ici ? demanda Pansy, alarmée.

Drago ne répondit rien, se contentant de siffloter comme un idiot, la tête sous le sofa.

Pansy voulut ramasser le plaid qui gisait au sol pour le remettre sur le fauteuil mais Drago l'arrêta en hurlant.

- Ne touche pas à ça !

- Pourquoi ? se figea-t-elle, les doigts à quelques millimètres de la couverture.

- Il a pissé dessus, gémit Drago avec dégoût.

- Tu vas finir par me dire ce qu'il se passe ici ? s'impatienta-t-elle en reculant de deux pas, s'éloignant le plus possible de l'objet contaminé.

- Il est là, dit Drago en désignant le dessous du canapé. Il se planque depuis que j'ai hurlé quand il a commencé à lacérer les rideaux.

- Mais qui, Drago ? Qui se planque là-dessous ? Tu es sûr que tu vas bien ?

Soudainement, elle fronça les sourcils, soucieuse de son équilibre mental.

- Ce putain de chat de malheur, maugréa-t-il en se laissant tomber sur le canapé.

Dans sa chute, le sofa recracha une poignée de mousse et Drago poussa un gémissement de lamentation.

- C'était un Sholtz, soupira-t-il. Le dernier modèle qu'il a sorti avant de se suicider. Ce foutu canapé valait presque aussi cher que le penthouse.

- Ouais mais il est tout sauf confortable, répondit Pansy en s'asseyant à côté de lui.

- Hermione n'arrête pas de s'en plaindre, elle aussi, grogna-t-il. Je suis prêt à parier qu'elle a entraîné son abruti de chat pour qu'il lui fasse la peau.

Pansy leva les yeux au ciel mais ne releva pas.

- Alors c'est lui qui a fait tout ça ? Le chat que tu as tué mais qui est en fait toujours vivant ? dit-elle en haussant un sourcil.

- Hum, maugréa-t-il en croisant les bras sur sa poitrine.

- Qu'est-ce qu'il fait ici ?

- Je le garde.

- Mais pourquoi tu fais ça ? s'insurgea Pansy comme si c'était la chose la plus stupide qu'elle n'ait jamais entendu.

- Hermione est partie rendre visite à ses parents pour le weekend, répondit-il en haussant les épaules.

- Et alors ? T'aurais pu payer quelqu'un pour qu'il s'en occupe chez elle, non ?

- Je n'ai pas eu le choix que de le prendre ici, soupira-t-il.

- Je ne te suis pas.

- Elle sait, soupira-t-il de nouveau. Elle sait que c'est moi qui ait assommé son débile de chat. Apparemment, selon elle, c'était la moindre des choses que je le prenne chez moi après ce que j'ai fait.

- Comment elle a su ?

- Je lui ai dit, dit-il en plongeant sa tête entre ses mains, se sentant soudainement bien stupide.

- Mais pourquoi ?

- Elle s'est penchée pour récupérer sa serviette par terre en sortant de la douche.

- Je ne vois pas le rapport.

- Je perds toute capacité cognitive quand elle fait ça. Une fois j'ai même failli lui demander de m'épouser. Je suis malade.

- Oui, acquiesça-t-elle en levant les yeux au ciel. Le genre de maladie bien gênante et dégoulinante. Le truc qui te colle à la peau durant des mois, parfois même toute ta vie.

- Arrête de te foutre de moi, maugréa-t-il.

- Elle sait que tu l'aimes à ce point ? demanda Pansy en se levant pour aller chercher deux verres de vin.

- J'imagine, oui.

- Ne la laisse pas imaginer, dit lui. Ne laisse pas ton égo ruiner toutes tes chances, Drago. Cette fois-ci, tu n'as pas le luxe de la laisser croire qu'elle est à tes pieds. C'est toi qui est aux siens.

- Tu crois qu'un jour elle m'aimera, elle aussi ? demanda-t-il, soudainement vulnérable.

- C'est déjà le cas, souffla Pansy comme s'il était stupide. Pourquoi elle continuerait de nous supporter tous les vendredis soirs si elle ne t'aimait pas ?

- Tu pourrais finir par l'aimer, toi aussi, si tu faisais un effort, dit-il en la regardant de travers.

- Aucune chance. Et puis de toute façon, à quoi bon ? Granger et moi, on adore déjà se détester.

Drago se mit à sourire, allant même jusqu'à lâcher un petit rire dans un souffle. Lui aussi avait commencé comme ça. Mais Hermione était parfaite. Si parfaite que même Pansy finirait par se résigner. De toute façon, elle n'avait pas le choix. Il n'avait aucune intention de la laisser partir. Pas même si pour ça il devait supporter son horrible chat. Pas maintenant qu'il connaissait enfin le goût fleurit de sa nuque.