Le stupide étranger
Eddie était un homme simple, profondément enraciné dans la terre qui avait nourri sa famille pendant des générations. Les champs qu'il labourait aujourd'hui étaient les mêmes que ceux que son père avait labourés avant lui, et son grand-père avant lui. Chaque sillon tracé dans le sol racontait l'histoire de sa lignée, une histoire de sueur, de dur labeur, et d'une dévotion sans faille à la terre.
Ses ancêtres avaient défriché ces champs avec des outils rudimentaires, affrontant les éléments pour en tirer de quoi subsister et prospérer. Eddie continuait cette tradition avec la même fierté et le même engagement, déterminé à honorer l'héritage familial en tirant le meilleur de cette terre fertile.
Ses journées commençaient à l'aube, bien avant que le soleil ne baigne ce village de la frontière du Ravenshire de ses premiers rayons. Ses mains, calleuses et robustes, étaient le reflet de son dur labeur quotidien. Chaque matin, il arpentait ses champs, s'assurant que les cultures poussaient bien, avant de mener son troupeau de moutons aux pâturages voisins.
Depuis la mort tragique de sa femme, renversée par un cheval royal qui avait traversé le village, sans un regard en arrière, Eddie n'avait cessé de ressentir une profonde amertume envers la famille royale et tous les nobles de manière générale.
Il se souvenait encore du cri déchirant de sa femme, le bruit sourd de son corps heurtant le sol, et la terreur dans ses yeux alors qu'il se précipitait vers elle. Il l'avait tenue dans ses bras, sentant sa vie s'échapper tandis qu'elle luttait pour respirer. Ses mains étaient devenues rouges du sang qui s'écoulait de ses blessures, et son dernier souffle avait été un murmure à peine audible de son amour pour lui et leur fils, Christopher.
La douleur de cette perte le hantait chaque jour, chaque nuit.
Le vide laissé par son absence était immense, une plaie béante qui refusait de se refermer. Il se réveillait souvent en sursaut, des larmes aux yeux, revivant ce moment tragique dans ses cauchemars. Sa colère contre la famille royale, dont l'insouciance avait causé cette tragédie, ne faisait que grandir avec le temps. Il leur en voulait de leur indifférence, de leur arrogance, et de l'injustice de voir la vie de sa bien-aimée fauchée si brutalement.
Pourtant, malgré cette douleur écrasante, Eddie trouvait la force de continuer grâce à son fils, Christopher. Le garçon de huit ans était la lumière de sa vie, un rappel constant de l'amour qu'il avait partagé avec sa femme. Chaque sourire de Christopher était une raison de plus pour se battre, pour travailler dur et pour survivre.
Christopher était son refuge et son espoir.
Le voir grandir, fort et heureux, malgré l'absence de sa mère, était une source de consolation pour lui. Il se promettait chaque jour de faire de son mieux pour offrir à son fils une vie meilleure, de lui transmettre les valeurs de travail acharné, d'honnêteté et d'amour que lui-même avait reçues. Sa femme vivait à travers Christopher, et cela lui donnait la force de continuer, malgré la douleur incessante qui pesait sur son cœur.
Il canalisait sa douleur et sa colère dans son travail, labourant la terre avec une détermination acharnée, s'assurant que chaque graine plantée pousse pour nourrir non seulement son fils, mais aussi toute la communauté.
Il était respecté dans le village, non seulement pour son travail acharné mais aussi pour sa générosité. Il veillait à ce que personne ne manque de rien, partageant les fruits de sa récolte avec ceux qui en avaient besoin. Malgré les avances discrètes de plusieurs jeunes femmes du village, comme Ana, la fille aux fleurs qui habitait la chaumière voisine de la sienne, ou Marisol, la fille du marchand de linge, il restait fidèle à la mémoire de sa femme et ne cherchait pas à se remarier.
Un matin, alors qu'il menait son troupeau aux pâturages, il entendit des éclats de rire suivis de supplications. Intrigué et indigné par cette scène d'injustice, il se dirigea vers la source du bruit. En s'approchant, il reconnut plusieurs voleurs, dont l'un, Vincent, avait joué avec lui dans leur enfance.
Eddie se souvenait de lui comme d'un enfant turbulent qu'il avait souvent dû remettre à sa place.
– Eh bien, Vincent, tu n'as pas changé, lança-t-il d'un ton sec en s'avançant vers le groupe. Toujours à semer le trouble, hein ?
Vincent se tourna vers lui, un sourire moqueur sur les lèvres.
– Eddie, ça fait longtemps. Tu viens te joindre à la fête ?
– Non, répondit-il en serrant les poings. Je viens mettre fin à tes sottises. Maintenant, laisse ce jeune homme tranquille avant que je ne te donne la raclée que tu mérites.
Vincent éclata de rire, mais son amusement s'évanouit rapidement quand il se jeta sur lui avec une rage désespérée. Eddie l'envoya valser plus loin d'un coup de poing bien placé, puis se tourna vers les deux autres voleurs.
Ils hésitèrent un instant avant de se jeter sur lui, mais Eddie était prêt. Avec des mouvements rapides et précis, il les mit à terre en quelques instants.
Vincent, refusant de se rendre, revint à la charge.
Le jeune homme qu'il agressait auparavant tenta de se relever pour l'aider, mais Vincent se jeta sur lui, le renversant violemment au sol. Eddie, furieux, s'avança et attrapa Vincent par le col, le soulevant du sol.
– Tu n'apprendras donc jamais, hein ? dit-il en lui donnant un coup de pied aux fesses qui envoya Vincent rouler sur le sol.
Vincent, grognant de douleur, tenta de se relever mais il le pointa du doigt, le regard sévère.
– Si je te reprends à maltraiter quiconque ici, ce ne sera pas qu'une simple correction, Vincent. Je te conseille de prendre tes jambes à ton cou et de ne jamais revenir.
Vincent, humilié et vaincu, recula lentement avant de s'enfuir en boitillant. Les autres voleurs, voyant leur leader défait, prirent également la fuite.
– Ouais c'est ça, et ne revenez pas par ici où je vous botterai les fesses jusqu'en enfer. Tu m'entends, Vincent ? Jusqu'en enfer.
Eddie se tourna vers le jeune homme, encore sous le choc, qui se redressa lentement et le regarda avec gratitude. Eddie fut frappé par la couleur de ses yeux d'un bleu si profond qu'il avait l'impression de pouvoir si noyer. Il n'en n'avait jamais vu d'aussi beaux.
– Merci, lâcha le jeune homme. Tu m'as sauvé la vie.
Il plissa les yeux et remit son masque d'homme taciturne.
Il avait une réputation à tenir après tout. Et puis, hors de question de faire confiance au premier venu, aussi beau et charismatique soit-il.
– Comment puis-je te remercier ?
– Tu viens de le faire, grogna-t-il.
Eddie essuya la sueur de son front et lui jeta un regard.
Qu'est-ce qu'un type aussi bien habillé faisait ici. Eddie n'était pas idiot, cet homme, bien vêtu de vêtement simples, était trop propre trop lisse pour que ce soit un simple paysan comme lui. Et puis, il connaissait tout le monde ici et lui il ne l'avait jamais vu. Eddie se méfiait des gens de passage comme il se méfiait de gens qui semblaient trop riche pour traverser la région tout seul.
– Je peux te payer…, tenta-t-il.
– Garde ton or, étranger et évite de le sortir devant des inconnus. On n'aime pas trop les riches par ici.
– Je… Je ne suis pas riche, balbutia-t-il. Je suis… un aventurier et je parcours ces contrées dans l'espoir d'aider les honnêtes gens.
– Un aventurier, se moqua-t-il en le détaillant.
Coupe de cheveux impeccable bien qu'un peu poussiéreuse, peau pale, yeux bleus, pas étonnant qu'il ait été pris pour cible, ce gars puait l'or et la bonne éducation même dans sa façon de parler.
– Oui, un aventurier, répéta-t-il piqué au vif. Quel est le problème ?
– Pas de problème mais deux conseils si tu me le permets, garde ton or caché et ta dague à la ceinture. Les routes ne sont pas sûres pour un voyageur solitaire.
– Merci mais je crois que je m'en suis rendu compte.
– Tu ne devrais pas voyager seul, s'autorisa Eddie. Personne de censé ne fait ça.
– Ça fait trois conseils ça, lui dit-il avec un sourire de merde sur le visage.
– Oh débrouille toi, cracha-t-il en tournant les talons.
– Ne prends pas la mouche, je plaisantais. Je voyage seul depuis plusieurs jours et parler me manque. Oh allez, s'il te plait. Je m'appelle Buck et pour te remercier je pourrais t'aider dans ton… travail ?
– Travail ? reprit Eddie avec un sourire. Mais dis-moi Buck, sais-tu ce que c'est que de travailler ?
Buck se figea.
Il commença à perdre ses couleurs avant de rougir furieusement. Peut-être qu'Eddie y avait été un peu fort mais autant il prenait des gants pour éloigner les villageois qu'il connaissait, autant il se fichait bien de ce que ressentait un étranger.
– Tu sais quoi ? Débrouille-toi, tu n'es qu'un grossier personnage.
Buck monta sur son cheval.
Mais alors qu'il s'apprêtait à partir, Eddie remarqua quelque chose d'étrange. Buck chancela et s'effondra du haut de sa monture. Il eut juste le temps de le rattraper avant qu'il ne percute violemment le sol.
– Bon sang, murmura Eddie, en soutenant le jeune homme inconscient.
Il vit tout de suite le problème alors que le sang rougissait le flanc de sa chemise.
– Espèce d'imbécile, gronda-t-il en vérifiant son pouls.
Avec précaution, il hissa Buck sur le cheval et le ramena chez lui. Une fois à la maison, il envoya Christopher chercher Hen, la guérisseuse du village alors qu'il déposait Buck sur sa couchette.
Hen arriva rapidement, son sac rempli d'herbes médicinales et de potions.
– Que s'est-il passé ? demanda-t-elle en examinant la plaie sur le flanc de Buck.
– Il s'est pris un coup de couteau. Aide-le, Hen.
Hen hocha la tête et se mit au travail.
Eddie resta près d'elle, observant chaque mouvement avec anxiété. Ana arriva peu après, sa curiosité piquée par les événements.
– Qui est-ce, Eddie ? demanda-t-elle.
– Je ne sais pas, répondit-il sèchement, refusant de fouiller dans les affaires de Buck. Je le saurai quand il se réveillera.
Ana acquiesça et aida Hen avant de partir, promettant que Buck s'en sortirait mais qu'il aurait besoin de plusieurs jours de repos. Il la remercia et se tourna vers son fils.
– Christopher, veille sur lui pendant que je termine mes travaux, d'accord ?
– Oui, papa.
Il passa le reste de la journée à ses occupations, mais son esprit revenait sans cesse à ce stupide étranger blessé. Il fit une visite au marchand de linge, où il ne trouva que Marisol qui tenta de se pendre à son bras mais il la repoussa avec dégout.
– On dit, au village, que tu as sauvé la vie d'un homme
– Ton frère, Vincent, était parmi les voleurs, dit-il sans préambule. C'est lui qui a porté le coup qui a blessé le pauvre homme.
– Je suis désolée, Eddie, s'empressa-t-elle d'ajouter. Je ne le vois plus, je te le promets.
– Peu importe. Assure-toi qu'il cesse de maltraiter les gens de passage.
Il se dirigea ensuite vers la maison d'Athena, la chef du village, pour lui rapporter l'incident.
La demeure d'Athena, bien que modeste, dégageait une aura de respect et d'autorité. Les villageois la considéraient non seulement comme leur leader, mais aussi comme une figure maternelle, capable de faire face à n'importe quel défi avec sagesse et détermination.
Athena était une femme forte et déterminée, connue pour son sens aigu de la justice et son dévouement sans faille à la communauté. Ses yeux perçants et son maintien droit la rendaient imposante malgré sa petite taille.
En arrivant, il trouva Athena en pleine discussion avec Chimney, le chef de la milice du village. Chimney était un homme petit par la taille mais avec un esprit vif et ceux qui le connaissaient savaient qu'il avait un cœur d'or.
– Eddie, je suis contente de te voir, dit Athena en l'apercevant. Tu as l'air préoccupé, que se passe-t-il ?
Il salua Athena et Chimney d'un signe de tête avant de commencer son récit.
– Ce matin, alors que je menais mes bêtes aux pâturages, j'ai entendu des cris et des rires. En m'approchant, j'ai trouvé Vincent et ses complices en train d'agresser un jeune homme. Je suis intervenu et j'ai réussi à les faire fuir, mais le jeune homme a été blessé.
Athena fronça les sourcils, son regard se durcissant.
– Vincent, encore lui, dit-elle d'une voix grave. Cet homme ne cessera donc jamais de causer des problèmes. Comment va le jeune homme maintenant ?
– Il est chez moi, Hen est venue s'occuper de lui. Il a pris un coup de couteau et est inconscient, mais Hen pense qu'il s'en sortira avec du repos.
Athena hocha la tête, réfléchissant à la situation.
– Nous devons les retrouver et les empêcher de nuire davantage, dit-elle fermement, se tournant vers Chimney. Prends tes hommes et partez à leur recherche. Ils ne doivent pas s'en tirer à si bon compte.
– Bien sûr, Athena, répondit Chimney en se redressant. Je vais rassembler les hommes et partir immédiatement. Nous les trouverons.
Eddie se sentit soulagé de voir que des mesures allaient être prises.
– Je te tiendrai informée de l'état du jeune homme, ajouta-t-il alors qu'elle tournait le regard vers lui.
– Merci, Eddie. Et merci pour ce que tu as fait aujourd'hui. Le village a besoin de plus gens comme toi.
Il hocha la tête, touché par ses paroles.
– Je fais ce que je peux. J'espère juste qu'il s'en sortira.
– Nous l'espérons tous, répondit Athena. Prends soin de lui, et si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas à venir me voir.
Chimney se tourna vers Eddie, une lueur de détermination dans les yeux.
– Nous allons mettre la main sur ces vauriens, lui promit-il.
Eddie sourit légèrement, reconnaissant du soutien de ses amis.
Il acquiesça et retourna chez lui, espérant trouver des réponses. À son retour, il trouva Hen et Christopher au chevet de Buck, toujours inconscient.
– Il n'a pas de fièvre, mais il est encore faible, dit Hen en rangeant ses herbes.
Hen semblait curieuse de connaître l'identité de Buck, mais il la rassura qu'il l'appellerait dès que le jeune homme se réveillerait.
Après le départ de Hen et avoir couché Christopher, qui semblait déjà s'attacher à leur invité, il prit un moment pour observer Buck. La lumière des chandelles vacillait doucement, projetant des ombres dans la pièce et accentuant les traits de Buck endormi. Eddie se pencha légèrement, détaillant son visage serein, marqué par les événements récents mais encore empreint de douceur.
– D'où viens-tu ? murmura-t-il, son regard glissant sur la peau pâle et immaculée de Buck.
Les mains du jeune homme semblaient douces, bien entretenues, totalement différentes de celles d'un travailleur ou d'un voyageur. Il nota chaque détail, de la finesse de ses doigts à la délicatesse de ses traits.
Un sentiment de confusion s'empara de lui.
Buck était clairement un noble, ou du moins issu d'une famille aisée. Pourquoi se retrouvait-il ici, dans son humble maison, blessé et vulnérable ?
Il le trouvait vraiment beau, une beauté qui n'avait pas sa place dans la rudesse de leur quotidien. Pourtant, il était aussi stupide de ne pas avoir mentionné ses blessures.
Il aurait pu mourir.
Cette pensée fit naître en lui une inquiétude qu'il n'était pas prêt à admettre. Il était perturbé par la présence du jeune homme, par ce qu'il représentait. Une intrusion dans sa vie ordonnée, une perturbation qu'il ne savait comment gérer.
Il soupira, se redressant et passant une main lasse dans ses cheveux.
Buck représentait une responsabilité supplémentaire, une complication dont il n'avait pas besoin. Et pourtant, il ne pouvait s'empêcher de ressentir quelque chose de plus profond. Une attraction, une curiosité, peut-être même une admiration pour ce jeune homme qui semblait si hors de place mais qui, en même temps, apportait une nouvelle dynamique à leur vie.
– Pourquoi es-tu ici ? se demanda-t-il, en ajustant la couverture sur Buck. Et pourquoi me perturbes-tu autant ?
Il se leva enfin, décidant qu'il valait mieux se concentrer sur ses propres tâches et pensées. Mais l'image de Buck, si vulnérable et pourtant si mystérieuse, resta ancrée dans son esprit.
Il était quand même ennuyé de se retrouver avec lui sur les bras.
Il n'avait pas besoin de ce genre de complication. Sa vie était déjà assez compliquée avec Christopher et la gestion de la ferme. Mais chaque fois qu'il regardait Buck, il ressentait un mélange de colère et de fascination. Il était perturbé par la douceur de son expression même en dormant, par la sérénité qui émanait de lui malgré tout ce qu'il avait traversé.
Il savait qu'il ne devait pas s'attacher, qu'il ne devait pas laisser ce jeune homme bouleverser son monde.
Pourtant, il sentait que c'était déjà trop tard.
Soudain, un gémissement le sortit de ses pensées. Il se pencha sur Buck, qui ouvrit les yeux avec difficulté.
– Reste calme, tu es en sécurité maintenant, dit-il doucement.
– Accident de chasse, marmonna Buck avant de retomber dans l'inconscience.
Il fronça les sourcils, perplexe, mais il n'y avait rien d'autre à faire pour le moment. Il souffla la bougie et alla se coucher, espérant que le lendemain apporterait des réponses.
Le lendemain, il se réveilla avant l'aube, comme à son habitude.
Après avoir vérifié que Buck respirait toujours régulièrement, il prépara le petit-déjeuner pour Christopher et lui. Puis il sortit, laissant son fils garder un œil sur leur invité.
Ses journées étaient remplies de travail : labourer les champs, s'occuper du bétail, et veiller à ce que tout le monde ait de quoi manger. Il aimait cette routine, la satisfaction de voir les fruits de son labeur nourrir sa communauté. Mais aujourd'hui, ses pensées revenaient sans cesse à Buck, se demandant qui était ce jeune homme et pourquoi il était venu ici.
De retour chez lui à midi, il trouva Christopher près du lit de Buck, racontant des histoires de leurs aventures quotidiennes.
Le visage du garçon s'illumina en voyant son père.
– Papa, Buck a ouvert les yeux ce matin, mais il n'a rien dit, juste souri.
– C'est un bon signe, répondit Eddie, soulagé. Continue de veiller sur lui pendant que je m'occupe des champs.
Les heures suivantes furent remplies de travail, mais l'inquiétude d'Eddie pour l'état de Buck ne faiblissait pas. Lorsqu'il revint à la maison en fin d'après-midi, il trouva Hen en train de changer les bandages de Buck.
– Il se remet lentement, mais il est fort, dit-elle. Il n'y a pas d'infection et il devrait se réveiller d'ici quelques jours.
Eddie hocha la tête, reconnaissant.
Après le départ de Hen, il s'assit près du lit de Buck, observant son visage paisible. Il se demandait ce qui avait poussé ce jeune homme à fuir et qui il était réellement.
– Qui es-tu, Buck ? murmura-t-il.
La réponse viendrait en temps voulu, mais pour l'instant, il savait qu'il devait protéger cet étranger comme il protégerait sa propre famille. Il ne pouvait expliquer pourquoi, mais quelque chose en Buck l'incitait à veiller sur lui, à s'assurer qu'il se rétablisse.
Cette nuit-là, alors qu'il se préparait à se coucher, il jeta un dernier regard à Buck. Le jeune homme respirait calmement, son visage détendu. Il souffla la bougie et se glissa sous les couvertures, son esprit tourné vers l'avenir incertain mais plein de promesses que semblait apporter l'arrivée de Buck dans leur vie.
