LE MÉDAILLON DE SERPENTARD

· Non.

Dans sa précipitation, Megan ne parvint pas à se relever. Le corps de Ron était trempé de sang sur tout un côté et le sol recouvert de feuilles faisait ressortir la blancheur grisâtre de son teint. Les effets du Polynectar s'estompaient. Son apparence se transformait, à mi-chemin entre celle de Cattermole et la sienne, ses cheveux devenant de plus en plus roux tandis que son visage se vidait de ses ultimes traces de couleur. Hermione, qui lui tenait la main lorsqu'ils avaient transplané, découvrità son tour le sort de son ami.

· Ron! s'écria-t-elle, horrifiée. Qu'est-ce que tu as, Ron?

· Hermione, murmura Ron, qui ne semblait pas les voir.

Megan attrapa la chemise trempée de sang et la déchira sans ménagement pour trouver l'origine de l'hémorragie. Elle découvrit son bras, sur lequel un gros morceau de chair manquait, comme découpé par un couteau.

· Qu'est-ce qui lui est arrivé ? demanda la voix de Potter, qui revenait également à lui.

· Désartibulé, comprit Hermione. Harry, vite, dans mon sac, il y a un petit flacon marqué «Essence de dictame »…

· Le sac… d'accord.

Potter se rua à l'endroit où Hermione avait atterri, prit le minuscule sac et y plongea la main. Megan acquiesça, elle n'avait pas de meilleure idée.

· Vite ! pressa-t-elle le garçon.

Potter ramassa sa baguette tombée par terre et la pointa vers les profondeurs du sac magique.

· Accio dictame !

Une petite bouteille marron jaillit aussitôt. Il l'attrapa et revint auprès des trois autres en tendant le flacon à Hermione. Les yeux de Ron étaient à présent mi-clos, ses globes oculaires ne laissant plus voir qu'un trait blanc entre ses paupières.

· Il s'est évanoui, dit Hermione, elle-même plutôt pâle.

Elle ne ressemblait plus à Mafalda, mais ses cheveux restaient gris par endroits. Megan ne savait pas si elle-même avait toujours l'apparence d'Angelica Cole.

· Ouvre-le pour moi, Megan, j'ai les mains qui tremblent.

Megan arracha le bouchon qui fermait le flacon. Hermione le prit et versa trois gouttes de potion sur la blessure ensanglantée. Une fumée verdâtre s'éleva. Lorsqu'elle se dissipa, le sang avait cessé de couler. La plaie semblait à présent dater de plusieurs jours. Une peau neuve s'étirait à l'endroit où la chair avait été déchirée.

· Waow ! s'écria Potter.

· C'est la seule chose que je puisse faire en toute sécurité, dit Hermione d'une voix tremblante. Il existe des sortilèges qui le guériraient complètement, mais…

Elle leva les yeux vers Megan avec espoir.

· Je ne sais pas faire, répondit aussitôt la jeune femme. Et ce sera pire si c'est mal lancé.

· Il a déjà perdu tellement de sang…

· Tu n'as pas de potion de régénération sanguine?

Hermione secoua la tête d'un air malheureux. Ça ne faisait pas partie du stock que Megan avait préparé avant de partir. Elle oubliait souvent qu'il existait des maux non-magiques, des blessures qu'elle pensait réservées aux Moldus.

· Comment a-t-il été blessé ? demanda Potter en secouant la tête, comme s'il essayait de chasser une gueule de bois. Et d'abord, pourquoi sommes-nous ici ? Je croyais que nous devions revenir square Grimmaurd ?

Hermione prit une profonde inspiration. Elle paraissait au bord des larmes.

· Harry, je pense que nous ne pourrons plus retourner là-bas.

· Qu'est-ce que tu… ?

· Au moment où nous avons transplané, Yaxley m'a attrapé le bras et je n'ai pas réussi à me dégager, il était trop fort. Il me tenait toujours à notre arrivée au square Grimmaurd… Megan lui a jeté un sort et elle nous a emportés ici.

· Dans ce cas, où est-il ? Attends… Tu ne veux pas dire qu'il est resté square Grimmaurd ? Tu crois qu'il pourrait entrer dans la maison ?

Hermione acquiesça d'un signe de tête, les yeux brillants de larmes qui ne coulaient pas.

· Oui, répondit sèchement Megan. On était déjà dans le champ d'action du sortilège de Fidelitas.

· Depuis la mort de Dumbledore, nous sommes devenus les Gardiens du Secret, gémit Hermione. Je lui ai donc livré ce secret, n'est-ce pas ?

Megan hocha la tête – il était inutile de lui cacher la vérité. Désormais, le sortilège de Langue-de-Plomb que Fol Œil avait jeté à l'attention de Snape ne suffisait plus à empêcher les Mangemorts de connaître l'emplacement du square Grimmaurd. En ce moment même, peutê-tre Yaxley y amenait-il ses camarades par transplanage. Si oppressante et sinistre qu'elle fût, la maison leur avait offert jusqu'à présent un refuge sûr. Et même, maintenant que Kreacher remplissait de nouveau ses tâches d'elfe de maison, une sorte de foyer. Il allait être très surpris de voir Yaxley et les autres Mangemorts arriver à leur place. Allait-il savoir tenir sa langue, ou allait-il à nouveau les trahir? Cette fois-ci, Megan ne l'épargnerait pas.

· Harry, je suis désolée, vraiment désolée ! se lamenta Hermione.

· Ce n'est pas ta faute, grogna Megan.

· Si quelqu'un est responsable, ce serait plutôt moi…, avoua Potter.

Il glissa une main dans sa poche et en sortit l'œil magique de Fol Œil. Hermione, horrifiée, eut un mouvement de recul. Megan l'observa d'un air atterré.

· Umbridge l'avait collé à la porte de son bureau, pour espionner ses employés. Je ne pouvais pas le laisser là… Mais c'est comme ça qu'ils se sont aperçus de la présence d'intrus.

Avant que Megan ou Hermione aient pu répondre, Ron poussa un grognement et ouvrit les yeux. Il avait toujours le teint grisâtre et son visage luisait de sueur.

· Comment tu te sens ? murmura Hermione.

· Lamentable, croassa Ron.

Il tâta son bras blessé et fit une grimace.

· Où sommes-nous ?

· Dans les bois où s'est tenue la Coupe du Monde de Quidditch, répondit Megan. Je voulais un endroit clos et à l'écart, ajouta-t-elle en désignant la clairière déserte.

· Tu ne crois pas qu'on devrait aller ailleurs ? demanda Ron à Potter.

Megan fronça les sourcils. Les deux garçons se regardaient comme s'ils partageaient une inquiétude dont ils ne voulaient pas leur faire part.

· Pourquoi? demanda-t-elle sèchement.

· Je ne sais pas, répondit Potter en se frottant les tempes.

Ron était toujours pâle et moite. Il n'avait même pas essayé de se redresser et semblait trop faible pour cela. Il n'était pas question de le déplacer.

· On est en sécurité, ici, asséna Megan. Viens, Hermione.

Son amie se leva d'un bond.

· Qu'est-ce que vous faites? s'enquit Ron.

· Si nous restons ici, il faut jeter quelques sortilèges de Protection autour de nous, répondit Hermione.

Dos à dos, toutes deux brandirent leur baguette et décrivirent à pas lents un large cercle autour de Ron et Potter en marmonnant des incantations.

· Salveo maleficia… Protego totalum… Repello Moldum… Assurdiato…

· Tu peux sortir la tente, Harry…, dit Hermione entre deux charmes.

· La tente ?

· Dans le sac.

· Dans le… Ah oui, bien sûr.

Cette fois, Potter ne se donna pas la peine de tâtonner dans le sac, il utilisa tout de suite un sortilège d'Attraction. La tente apparut sous la forme d'un gros tas de toile, de cordes et de piquets.

· Eh, c'est celle qu'on avait pour la Coupe du monde! la reconnut Potter avant de commencer à démêler les sardines. Elle n'appartenait pas au collègue du père de Ron, Perkins ?

· Si, mais comme il est mort, il n'en a plus besoin, répondit froidement Megan.

La main d'Hermione trembla tandis qu'elle réalisait avec sa baguette une figure complexe en huit mouvements.

· Le… Le père de Ron a dit qu'on pouvait l'emprunter, parce que le lumbago de son collègue ne s'arrangeait pas... C'était avant…

· Erigo, dit Megan, sa baguette pointée sur la toile informe qui, dans un mouvement fluide, s'éleva toute seule et s'installa sur le sol, toute montée, devant Potter qui regarda d'un air ébahi une sardine lui sauter des mains et se planter toute seule, dans un bruit mat, à l'extrémité d'une corde.

· Cave inimicum, dit enfin Hermione avec un gracieux mouvement de baguette en direction du ciel. Voilà tout ce qu'on peut faire. Au moins, on devrait être avertis si jamais ils viennent. Je ne peux pas garantir que ça suffira à éloigner Vol…

· Ne prononce pas ce nom ! l'interrompit Ron d'un ton brusque.

Megan se retourna vers lui en haussant un sourcil tandis que Hermione et Potter échangeaient un regard inquiet.

· Je suis désolé, dit Ron, gémissant un peu lorsqu'il se redressa pour mieux les voir, mais j'ai l'impression que c'est devenu un maléfice, ou quelque chose comme ça. On ne pourrait pas l'appeler Tu-Sais-Qui… s'il vous plaît ?

· Dumbledore disait que la peur d'un nom…, commença Potter.

· Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, mon vieux, appeler Tu-Sais-Qui par son nom n'a pas fait beaucoup de bien à Dumbledore, à la fin, répliqua sèchement Ron. Essaye de montrer un peu de respect envers Tu-Sais-Qui, tu veux bien ?

· Du respect ? répétèrent Megan et Potter d'une même voix.

· Vous voyez ce que je veux dire, s'agaça Ron.

· Non, je ne vois pas, objecta Megan. Depuis quand est-ce que tu es devenu un admirateur de sa puissance?

· Ce n'est pas ce que j'ai dit! Seulement que j'ai un mauvais pressentiment.

Megan aurait voulu insister, mais Ron se trouvait dans un grand état de faiblesse, et Hermione l'implora silencieusement d'abandonner. Finalement, elle ravala son amertume et le fit léviter jusqu'à la couchette inférieure d'un des lits superposés de la tente sans trop de ménagements. L'intérieur n'avait pas changé : un petit appartement avec une salle de bains complète et une minuscule cuisine. Même très court, ce déplacement avait rendu Ron encore plus pâle et dès qu'il fut installé sur le matelas, il referma les yeux et resta silencieux un bon moment.

· Je vais faire du thé, proposa Hermione en sortant de son sac une bouilloire et des tasses qu'elle emporta dans la cuisine.

Megan trouva le thé aussi bienvenu que l'avait été le whisky Pur Feu la nuit où Fol Œil était mort. Une minute plus tard, Ron rompit le silence :

· À votre avis, qu'est-ce qui est arrivé aux Cattermole ?

· Avec un peu de chance, ils s'en sont sortis, répondit Hermione, serrant sa tasse contre elle pour se réconforter. Si Mr Cattermole a eu suffisamment de sang-froid, il a dû transporter sa femme par transplanage d'escorte et ils vont tout de suite quitter le pays avec leurs enfants. C'est ce que Harry lui a dit de faire.

· Par Merlin, j'espère qu'ils ont réussi à s'enfuir, dit Ron en s'appuyant contre ses oreillers.

Apparemment, le thé lui faisait aussi du bien. Son visage avait retrouvé un peu de couleurs.

· Mais je n'ai pas eu l'impression que ce Reg Cattermole avait l'esprit très vif, d'après la façon dont tout le monde me parlait quand j'avais son apparence. Merlin, j'espère qu'ils ont pu filer… S'ils finissent tous les deux à Azkaban à cause de nous…

Hermione regardait Ron s'inquiéter du sort des Cattermole avec une telle tendresse que Megan s'en trouva mal à l'aise.

· C'était qui, la fille? lança alors Potter.

· Quelle fille? s'étonna Ron.

· Celle que tu as embarquée, Meganna.

L'intéressée tourna vers lui un regard sombre.

· C'est vrai que j'ai été surprise de ta réaction, Megan, se rappela Hermione. Mais on la connaissait aussi, non? Elle faisait partie de l'A.D., comme ce pauvre garçon, Derek Barish… Ils étaient les plus jeunes.

· Mais elle c'est une Mutmag, dit Megan. Elle n'aurait pas obtenu son Statut de sang. Mais c'est pas pour ça qu'on y était. Tu as le médaillon, Hermione?

· Le médaillon ? répondit-elle en sursautant légèrement.

· Vous l'avez ? s'écria Ron qui se redressa un peu plus sur ses oreillers. Personne ne me dit rien ! Enfin, quoi, vous auriez pu m'en parler !

· On avait les Mangemorts aux fesses, répliqua Megan.

· Tiens.

Hermione sortit le médaillon d'une poche de sa robe et le tendit à Ron qui l'examina en même temps que les trois autres. Il avait la taille d'un œuf de poule. La lettre S, délicatement ouvragée, était sertie de petites pierres vertes qui luisaient faiblement sous la lumière diffuse filtrée par la toile de la tente.

· Tu ne penses pas que quelqu'un aurait pu le détruire depuis que Kreacher l'a récupéré ? demanda Ron avec espoir. Peut-on être sûr que c'est toujours un Horcruxe ?

· Je crois que oui, répondit Hermione en le lui reprenant des mains pour l'examiner attentivement. S'il avait été détruit par magie, il serait abîmé.

Elle le donna à Potter qui le retourna entre ses doigts. L'objet paraissait parfait, comme dans son état d'origine.

· Je pense que Kreacher a raison, dit Potter. Il faut trouver le moyen de l'ouvrir avant de pouvoir l'anéantir.

Il tenta de le forcer avec les doigts puis essaya la formule de déverrouillage, sans résultat. Il fit passer le médaillon à Ron et à Hermione qui firent de leur mieux mais n'eurent pas plus de succès.

· Tu le sens ? demanda Ron à voix basse en serrant le médaillon dans son poing.

· Je sens quoi ?

Ron repassa l'Horcruxe à Potter, qui le serra à son tour. Il lui fallut un petit moment pour réagir. Il échangea un regard entendu avec Ron.

· Tu n'as pas essayé, Megan, dit Hermione.

Avec une évidente mauvaise volonté, Potter lui tendit le médaillon. Megan hésita. « Leurs vices résonneraient en toi. Ils n'auront pas le même effet sur toi que sur les autres». Elle prit le Horcruxe. Était-ce son propre sang qu'elle sentait palpiter dans ses veines ou bien y avait-il quelque chose qui battait à l'intérieur du médaillon, tel un minuscule cœur de métal ? Il était chaud dans sa main. Agréable. Elle sentit les battements de son cœur s'accélérer tandis qu'elle se perdait dans la contemplation de l'objet. Un fragment de l'âme de Voldemort. L'accès à plus encore de ses pouvoirs. C'était évident, maintenant qu'elle le sentait dans le creux de sa paume: détruire le Horcruxe n'était pas le seul moyen de défaire Voldemort. Au contraire. Il fallait l'utiliser. Le retourner contre lui.

· On ne pourra pas l'ouvrir aussi facilement, décréta-t-elle.

· Qu'est-ce qu'on va en faire ? interrogea Hermione.

· Le mettre en sûreté, répondit Megan en passant la chaîne autour de son cou et en le cachant sous sa robe.

· Qu'est-ce que tu fais? lança Potter.

Les autres le regardèrent d'un air surpris.

· Quoi? répliqua Megan. Tu veux le laisser sur la table du salon, peut-être? On ne va pas le laisser traîner.

· Elle a raison, il faut le mettre à l'abri en attendant de trouver le moyen de le détruire, acquiesça Hermione.

· Je vais le garder, asséna Potter.

· Et pourquoi? objecta Megan.

· Détruire les Horcruxes, c'est ma mission.

· Et nous, qu'est-ce qu'on fait? Du camping? Le monde ne tourne pas autour de toi, Potter.

Le garçon se leva. Hermione sauta à son tour sur ses pieds.

· Eh là! s'exclama faiblement Ron en fronçant les sourcils.

· Donne-le-moi, exigea Potter en tendant la main.

· Redescends sur terre, tu penses pouvoir me donner des ordres? répliqua Megan.

· J'ai failli mourir pour récupérer ce médaillon et-

· Et nous aussi! Grâce à toi puisque tu n'as pu laisser cet œil en place, d'ailleurs. Alors si ça ne te dérange pas, on va faire en sorte que les choses ne dérapent plus, maintenant.

· Ça suffit, arrêtez! s'écria Hermione d'une voix perçante en s'interposant entre eux tandis que Ron essayait péniblement de se redresser, le teint verdâtre. On ne sait même pas comment on va réussir à s'en débarrasser! Et personne n'est responsable de ce qu'il s'est passé! L'important c'est que le Horcruxe soit à l'abri!

· Parce que tu penses qu'il l'est avec elle?

· Oui! protesta vivement Hermione. Elle est ma meilleure amie, et j'ai tout autant confiance en elle qu'en toi! Et j'aimerais vraiment que vous arrêtiez de vous chamailler alors qu'on a de bien plus gros problèmes! D'ailleurs, on devrait monter la garde devant la tente chacun notre tour!

Megan et Potter se jetèrent des regards flamboyant de colère par-dessus l'épaule d'Hermione, mais aucun ne revint à la charge. Ron se laissa retomber sur ses oreillers.

· Il faudrait trouver quelque chose à manger, dit-il d'une voix rocailleuse.

· Toi, tu restes ici, ordonna Potter.

· Harry, j'ai emmené ton Scrutoscope, celui que je t'ai offert pour ton anniversaire, dit Hermione d'un ton plus doux. Ça pourrait servir…

Elle extirpa de son sac de perles l'espèce de toupie en verre, qu'elle plaça soigneusement sur la table. Mais à peine fut-il posé que le détecteur de mages noirs se mit à tourner sur lui-même en sifflant. Aussitôt, Hermione et Potter brandirent leurs baguettes en fixant l'extérieur de la tente d'un air inquiet.

· Ces trucs-là ne marchent pas, dit Megan en haussant les épaules. Ce sont des attrapenigauds.

Elle prit le premier tour de garde. En dehors de quelques oiseaux et écureuils, leur coin de forêt demeura vide, soit en raison des enchantements protecteurs et des sortilèges Repousse-Moldu qu'elles avaient jetés autour d'eux, soit tout simplement parce qu'il était rare que des promeneurs s'aventurent de ce côté. La faim commençait à se faire sentir. Megan et Hermione n'avaient pas emporté de nourriture dans leurs sacs, car elles avaient pensé qu'ils reviendraient ce soir-là squareGrimmaurd. Hermione était partie ramasser des champignons. Seuls d'étranges bruissements et des craquements de brindilles brisaient de temps à autre le silence environnant, mais Megan n'était pas inquiète: ce n'étaient que les animaux qui vivaient là. Elle ne ressentait pas la présence d'ennemis. Or, depuis qu'elle avait passé le médaillon autour de son cou, ellesentait ses sens aiguisés, son esprit plus vif, vibrant au rythme des pulsations qu'elle continuait à percevoir. Plusencore que d'ordinaire, rien ne lui faisait peur. Désormais, il lui fallait retrouver les autres Horcruxes, convaincue que cet effet serait décuplé. Elle avait presque hâte que des Mangemorts les débusquent, pour pouvoir expérimenter l'influence de l'Horcruxe sur ses pouvoirs. La magie était partout sous sa peau, au bout de ses doigts, plus accessible et facile que jamais. C'était comme redécouvrir sa puissance.

Hermione fit cuire dans un faitout les quelques champignons qu'elle trouva. Ils étaient horriblement caoutchouteux. Après en avoir avalé deux bouchées, Ron avait renonça à sa part, l'air dégoûté. Megan ne rechigna pas sur la sienne: elle se souvenait ce que signifiait avoir faim.

· On ne pourrait pas faire venir Kreacher? demanda Ron en grimaçant. Tu pourrais l'appeler, Harry, non? Les elfes peuvent transplaner n'importe où? Je suis sûr qu'il pourrait nous ramener sa délicieuse tourte aux rognons…

· Trop dangereux, objecta Hermione. Yaxley ou un autre Mangemort pourrait se retrouver ici avec lui, exactement comme au square Grimmaurd.

La nuit tomba, et Potter prit le tour de garde. Il n'avait pas cessé de jeter des coups d'œil méfiants à Megan tout au long de la journée, comme s'il s'attendait à la voir se retourner contre eux d'un instant à l'autre. Il n'avait jamais compris qu'elle était leur meilleure chance de survie, une garantie bien plus solide que l'obscure prophétie et les élucubrations de Dumbledore au sujet du lien entre lui et Voldemort.

· Vous allez vous disputer tout du long? demanda Ron à voix basse. Parce que ça rendrait le truc encore plus pénible.

Avec Hermione, elles s'étaient assises au bout de son lit, adossées à la toile de tente. Ils voyaient l'ombre de Potter qui montait la garde à l'extérieur, de l'autre côté de la pièce. S'ils parlaient trop fort, ilrisquait de les entendre.

· C'est lui qui s'est énervé, fit remarquer Megan sur le même ton. Il pense pouvoir donner des ordres? On n'est plus à l'A.D.

· Megan, arrête, soupira Hermione. C'est normal qu'il se sente un peu responsable de nous.

· Non. On est dans le même bateau que lui. Ce n'est pas pour lui que je suis là et je ne vais certainement pas le laisser me dicter ce que je dois faire. Il a failli nous faire tuer, aujourd'hui.

· Oui, enfin il nous a bien aidés avec son Patronus, objecta Hermione. D'ailleurs, pourquoitu n'as pas lancé le tien? Je ne me souviens pas à quoi il ressemble?

· Sûrement à un dragon, ricana Ron.

· Tu penses que Charlie va bien?

La question avait franchi les lèvres de Megan sans même qu'elle y pense. Le sourire de Ron s'évanouit et il sembla encore plus pâle.

· Ouais. Évidemment. C'est Charlie. Charlie va toujours bien. Tout le monde va bien.

Hermione l'observa avec une si grande détresse mêlée de tendresse que Megan détourna les yeux. Ils seraient certainement heureux de se retrouver seuls. Mais, elle, n'avait personne vers qui se tourner.

Il y eut un drôle de bruit, comme un frottement. Ils se retournèrent d'un même mouvement en direction de Potter. Un corps glissait mollement contre la toile de tente.

· Reste ici! ordonna Megan à Ron tandis qu'elle bondissait sur ses pieds avec Hermione et se précipitait à l'extérieur, sa baguette levée.

Potter gisait sur le sol, les bras en croix. Hermione se jeta auprès de lui tandis que Megan balayait l'obscurité du regard, à la recherche de son ou ses assaillants, mais il n'y avait rien.

· Il s'est juste évanoui, dit Hermione avec un grand soulagement. Harry! Harry! ajoutatelle en le secouant par les épaules.

Tandis que Megan revenait vers eux, le garçon rouvrit les yeux, pantelant, le front couvert de sueur. Sa cicatrice était rouge vif.

· Mauvais rêve, marmonna-t-il en jetant au regard noir d'Hermione un air d'innocence. J'aidû m'assoupir, désolé.

· Je sais que c'était ta cicatrice ! répliqua furieusement Hermione. Je le vois à ton visage ! Tu étais encore en train de regarder dans la tête de Vol…

· Ne prononce pas son nom ! l'interrompit la voix furieuse de Ron, au fond de la tente.

· D'accord! Dans la tête de Tu-Sais-Qui, alors !

· Je ne l'ai pas fait exprès ! assura Potter. C'était un rêve ! Tu arrives à contrôler tes rêves, toi ?

· Si seulement tu apprenais à te servir de l'occlumancie-

· Il a retrouvé Gregorovitch, Hermione, la coupa Potter, et je crois qu'il l'a tué mais avant, ila lu dans ses pensées et j'ai vu-

· On va te remplacer si tu es trop fatigué pour rester éveillé, l'interrompit froidement Megan.

· La ferme. Je peux finir mon tour de garde.

· Visiblement pas.

Le garçon ne faisait que s'évanouir et offrait une porte d'entrée trop facile à Voldemort vers eux. Plus qu'autre chose, il était un danger pour Ron et Hermione.

· De toute évidence, tu es épuisé, renchérit Hermione avant qu'il puisse répliquer quelque chose. Va te coucher.

Elle s'assit par terre, à l'entrée de la tente, la mine obstinée. Visiblement en colère mais soucieux d'éviter une nouvelle dispute, Potter renonça, se baissa et retourna à l'intérieur de la tente. Meganse laissa tomber à côté d'Hermione, qui posa sa tête sur son épaule et fondit en larmes. Elle sanglota silencieusement tandis que Megan ne pouvait rien lui offrir d'autre que sa présence rassurante. Elle savait que Hermione était terrifiée; pour elle-même, pour Ron, pour Megan et pour Potter, mais aussi pour les Weasley et les autres membres de l'Ordre, pour ses parents en Australie et pour chaque victime innocente qui souffrait ou allait souffrir du nouveau régime. Elleétait fatiguée de penser à tout ce à quoi les deux garçons ne pensaient jamais, mortifiée d'avoir été la porte d'entrée de Yaxley au square Grimmaurd, épouvantée d'avoir laissé Kreacher entre les mains des Mangemorts, et navrée de devoir régulièrement tenir tête à son meilleur ami pour qu'il ne se fasse pas tuer en les emportant avec lui. Megan glissa la main jusqu'au médaillon sous sa robe et le serra dans sa paume. Maintenant, elle avait un nouveau moyen de veiller sur Hermione.

Sa meilleure amie finit par s'endormir à son tour. Megan la fit doucement léviter jusqu'à la couchette inférieure de l'autre lit superposé au son des ronflements des garçons, puis termina le tour de garde. Lorsque le jour se leva, elle avait à peine cligné des yeux et ne ressentait pas de fatigue. Elle le savait, le Horcruxe lui donnait de la force.

Au réveil des trois autres, Ron semblait aller mieux. Il était temps de discuter de ce qu'il convenait désormais de faire.

· On ne devrait pas rester ici, affirma Potter, qui reprenait de bon matin ses mauvaises habitudes de décideur autoproclamé. De manière générale, désormais, on ne devrait pas rester trop longtemps au même endroit.

· Je suis d'accord, approuva Hermione. On devrait bouger tous les jours.

· Ok, acquiesça Ron. Mais à une seule condition: qu'on aille au plus près possible d'un sandwich au jambon.

Megan et Hermione se chargèrent d'annuler tous leurs enchantements tandis que Ron et Potter repliaient magiquement la tente et effaçaient du sol toute marque, toute empreinte, pouvant indiquer qu'ils avaient campé là. Ce processus allait devenir une habitude

Malgré l'appréhension de Ron à retenter l'exercice, ils transplanèrent aux abords d'une petite ville et montèrent de nouveau la tente, à l'abri d'un bosquet d'arbres. Megan et Hermione lancèrent à nouveau les sortilèges de Protection autour d'eux.

· Ok, dit Hermione en s'asseyant dans l'un des vieux fauteuils de Perkins lorsqu'ils eurent terminé de s'installer, il faut qu'on établisse nos priorités.

· Manger, répondit aussitôt Ron.

Megan et Hermione se regardèrent, et la première acquiesça.

· On peut aller chercher de quoi manger dans le bled d'à côté, confirma-t-elle. On a la cape d'invisibilité.

· Ma cape, crut utile de préciser Potter.

· Au cas où le monde l'aurait oublié, railla Megan.

· Ne commencez pas, s'agaça Hermione.

· Tu as toujours le médaillon? poursuivit Potter, le regard féroce.

· Non, je l'ai perdu quand je me suis évanouie – ah non, ça c'était toi.

Potter sortit sa baguette, et Ron et Hermione s'interposèrent entre eux à grands cris. Megan n'avait pas bronché.

· Ça ne va pas pouvoir se passer comme ça tous les jours! tempêta Hermione. Si vous ne vous supportez pas, ignorez-vous!

· On devrait s'occuper du médaillon à tour de rôle, insista Potter. Je ne suis pas tranquille quand c'est elle qui l'a.

· Qu'est-ce que ça peut te foutre? lui lança Megan.

· Oh, ça suffit, s'agaça Ron. Donne-lui le médaillon, Megan, il a raison on n'a qu'à le porter chacun notre tour, comme ça tout le monde est content.

Les regards se posèrent sur Megan. Elle hésita. Elle ne voulait pas se départir de la sensation que le Horcruxe lui procurait, mais elle savait que les autres ne comprendraient pas. Ou peut-être que si, s'ils le ressentaient à leur tour? Mais alors Potter ne voudrait sûrement plus y renoncer, ettenterait de les persuader qu'il lui était nécessaire de le garder pour exécuter la prophétie, et les deux autres voudraient bien le croire. Tandis qu'elle hésitait, les regards de Ron, d'Hermione et de Potter se firent plus insistants.

· Pourquoi tu ne veux pas le donner? aboya Potter.

· Lâche-moi, répliqua Megan en retirant la chaine de son cou. Tiens.

À regret, elle déposa le médaillon dans la main de Potter. Les effets s'estompèrent mais ne disparurent pas. Elle avait déjà hâte de le récupérer. Le garçon le passa autour de son cou d'un geste sec et le dissimula sous son pull, mais Megan continuait de percevoir les battements sourds qui provenaient de son cœur.

· Bon, maintenant on s'occupe du repas? lança Ron.

Ce fut Potter qui se dévoua pour aller en ville, sous la cape d'invisibilité. Pendant ce temps, les trois autres commencèrent à aménager la tente pour y trouver autant de confort que possible. Meganinstalla de nouveau sa station de potion, dans la toute petite cuisine. Hermione était plus douée qu'elle en la matière et serait en mesure de préparer une potion de Régénération Sanguine pour parer aux prochaines erreurs de Transplanage ou autre incident mineur. L'expédition de Potter fut toutefois de trop courte durée pour qu'elle ait le temps de s'atteler à la moindre mixture: une vingtaine de minutes plus tard, il était de retour devant la tente, les mains vides et le souffle court. Il avait visiblement couru.

· C'est quoi, ce bordel? l'interrogea Megan.

«Détraqueurs», dit-il sans prononcer le mot à haute voix.

· Mais tu sais faire de magnifiques Patronus ! s'étonna Ron.

· Je n'ai pas pu…, haleta le garçon, une main plaquée sur le côté de l'abdomen. Il ne voulait… pas venir.

Ron et Hermione se regardèrent d'un air déçu, consterné.

· Donc, on n'a toujours rien à manger.

· Tais-toi, Ron, lança sèchement Hermione. Harry, que s'est-il passé ? À ton avis, pourquoi n'as-tu pas pu créer un Patronus ? Hier, tu y as parfaitement réussi !

· Je ne sais pas.

Le garçon s'enfonça dans l'un des fauteuils, l'air renfrogné. Ron donna un coup de pied dans une chaise.

· Et alors, quoi ? grogna-t-il à l'adresse d'Hermione. Je meurs de faim ! Tout ce que j'ai mangé depuis que j'ai failli être saigné à mort, c'est deux champignons !

· Dans ce cas, vas-y toi-même et débrouille-toi avec les Détraqueurs, répliqua Potter.

· Je voudrais bien, mais j'ai le bras en écharpe, au cas où tu ne l'aurais pas remarqué !

· C'est bien pratique.

· Qu'est-ce que tu veux dire par-

· Bien sûr ! s'écria soudain Hermione, en se frappant le front.

Surpris, les deux autres se turent.

· Harry, donne-moi le médaillon ! Vite, dit-elle avec impatience.

Voyant qu'il ne réagissait pas, elle claqua des doigts vers lui.

· L'Horcruxe, Harry, tu l'as sur toi !

Elle tendit la main et Potter ôta la chaîne d'or de son cou. Il sembla aussitôt immensément soulagé, comme si on avait ôté un poids considérable de ses épaules. Megan fronça les sourcils.

· Ça va mieux ? demanda Hermione.

· Oh oui, beaucoup mieux !

· Harry.

Elle s'accroupit devant lui et parla d'une voix qu'on réserve d'habitude aux gens très malades.

· Tu ne penses pas être possédé, n'est-ce pas ?

· Quoi ? Non ! répondit-il, sur la défensive. Je me souviens de tout ce que j'ai fait pendant que je le portais autour du cou. Si j'étais possédé, je n'aurais plus conscience de mes actes, non ? Ginny m'a raconté qu'il y avait des moments où elle ne se souvenait de rien.

· Mm, marmonna Hermione en contemplant le lourd médaillon. Il vaudrait peut-être mieux ne pas l'avoir sur soi. Nous n'avons qu'à le ranger dans la tente.

· Pas question de le laisser traîner, objecta Megan en récupérant le médaillon.

· Megan, toi aussi, tu as ressenti ça? s'enquit Hermione.

· Je ne sais pas ce que c'est «ça», mais je me sens très bien avec, merci.

· Je pense que c'est effectivement son caractère naturel, grogna Ron.

Potter observa Megan d'un air mauvais. De toute évidence, il se sentait humilié d'avoir été affecté par l'Horcruxe après l'avoir porté moins d'une heure, alors que Megan l'avait eu sur elle depuis la veille sans difficulté.

· Megan, je ne sais pas, hésita Hermione en voyant son amie remettre la chaîne autour de son cou. Je pense que personne ne devrait le garder trop longtemps sur soi.

· Je n'en suis pas si sûre quand je vois les effets que ça a sur vous.

· Nous, on ne l'a pas mis…

· Eh bien, si je me sens mal, je vous le passerai, ok?

· Parfait, commenta Ron d'un ton irrité, et maintenant que nous avons réglé cette question, est-ce qu'on pourrait s'occuper de trouver quelque chose à manger, s'il vous plaît ?

· Je vais y aller.

Megan avait parlé sans réfléchir et se surprit elle-même.

· Où ça?

· En ville. Chercher à manger. Ron va mourir d'inanition si on ne lui enfonce pas rapidement du porridge dans le gosier.

Tout en parlant, elle avait lacé ses bottines et attrapé la cape d'invisibilité que Potter avait jetée sur un des lits.

· Mais Megan, et les Détraqueurs? s'enquit Hermione.

· Ça ira.

Les Détraqueurs étaient le seul adversaire que Megan n'avait jamais été capable d'affronter. Depuissa première confrontation avec ces créatures hideuses au début de sa troisième année à Poudlard, elle avait fui toutes les situations qui les impliquait, et n'avait jamais pu produire de Patronus. Pourtant, elle s'enveloppa de la cape d'invisibilité avec assurance et s'enfonça sans crainte parmi les arbres en direction de la ville. Les Détraqueurs flottaient à la lisière de la forêt, leursvisages sordides dissimulés sous leurs cagoules noires, un nuage de buée flottant devant eux au rythme de leurs râles. Ils n'étaient visiblement pas autorisés à se nourrir des âmes des Moldus qui vivaient en contrebas, mais attendaient que l'un d'eux s'aventure jusqu'à eux pour se repaitre de son âme. La température chutait brutalement autour d'eux, et Megan sentit le froid glisser insidieusement sur sa peau mais elle se sentait invincible et immortelle, la chaleur du Horcruxe se diffusant en elle pour la protéger. Les Détraqueurs se retournèrent à son approche, ne pouvant pas la voir mais seulement la sentir, mais ne la poursuivirent pas, comme s'ils n'étaient pas certains de sa présence. Libre de leur étreinte mortelle, Megan se glissa sans peine dans l'étal d'un commerçant et déroba discrètement de quoi préparer plusieurs vrais repas, se faufilant entre les Moldus qui se lamentaient au sujet du climat sinistre qui s'était abattu sur la région depuis plusieurs jours et de ce froid anormal pour la saison. Rapidement, elle fut de retour sous la tente.

· Incroyable! s'écria Ron en la voyant déposer sur la table toutes les victuailles qu'elle avait emportées avec elle. Comment est-ce que tu as fait ça?

Megan haussa les épaules. Potter l'observait d'un air mauvais et suspicieux qui lui rappela l'attitude de Bill lorsqu'il avait découvert qui étaient ses parents, mais elle ne lui accorda aucune importance. D'ailleurs, après avoir bien mangé, tout le monde se détendit, et personne ne pensa à remettre en cause l'effet disparate du Horcruxe sur Megan et Potter.

Soucieux de ne tout de même pas rester à proximité du lieu sillonné par les Détraqueurs, ilss'installèrent pour la nuit dans un champ lointain qui appartenait à une ferme isolée où ils purent se procurer des œufs et du pain.

· Ce n'est pas du vol, hein ? demanda Hermione, anxieuse, tandis qu'ils dévoraient des œufs brouillés sur toast. Puisque j'ai laissé de l'argent à côté du poulailler ?

Ron leva les yeux au ciel et répondit, les joues pleines :

· Her-mignonne, 'u es 'oujours 'rop inquiè'e. 'é'ends-'oi.

Dans les jours qui suivirent, le caractère de chacun fut directement impacté par les provisions qu'ils avaient pu réunir. Lorsqu'ils ne parvenaient à rapporter que quelques baies et des biscuits rassis, Potterse montrait particulièrement susceptible, le caractère d'Hermione se faisait plus abrupt et ses silences plus butés, et Ron devenait déraisonnable et irascible. Il avait toujours bénéficié de trois délicieux repas par jour, assurés par sa mère ou par les elfes de maison de Poudlard et la faim n'était pas une sensation qui faisait ressortir le meilleur de lui-même. Megan, en revanche, ne se sentait pas affectée par le manque de nourriture, tout particulièrement lorsqu'elle portait le médaillon, qu'ellene laissait aux autres que ponctuellement et avec mauvaise volonté – lecomportement de Ron atteignait alors les frontières de la patience des deux autres. Hermioneet lui semblaient en effet tout aussi affectés par l'Horcruxe que l'avait été Potter. Megan en était arrivée à la conclusion que l'artefact agissait en fonction de la puissance de son porteur – et il avait reconnu en la jeune femme une partenaire de choix. Lorsqu'elle l'avait auprès d'elle, Megan se sentait même capable de produire des Patronus.

Leur recherche des autres Horcruxes, en revanche, piétinait. « Où va-t-on, maintenant ? » étaitdevenu le refrain habituel de Ron. Lui-même ne semblait pas avoir d'idées, il attendait simplement que les trois autres proposent quelque chose pendant qu'il restait assis à se morfondre devant l'insuffisance de leurs provisions. De leur côté, Megan, Hermione et Potter passaient des heures stériles à essayer de déterminer les endroits où ils pourraient trouver les autres Horcruxes, leurs conversations devenant de plus en plus répétitives en l'absence d'informations nouvelles. Comme Dumbledore avait dit à Potter qu'à son avis Voldemort avait caché les Horcruxes dans des endroits importants pour lui, ils ne cessaient, en une sorte de terrible litanie, de réciter la liste des lieux où le Seigneur des Ténèbres avait vécu ou qu'il avait visités. L'orphelinat dans lequel il était né et avait été élevé, Poudlard où il avait fait ses études, Barjow et Burke où il avait travaillé à sa sortie de l'école, puis l'Albanie où il avait passé ses années d'exil : ces divers éléments formaient la base de leurs spéculations.

· C'est ça, on n'a qu'à aller en Albanie. Il ne nous faudra pas plus d'un après-midi pour fouiller le pays, lança Ron, sarcastique.

· Ça peut être rapide quand on sait où chercher, commenta Megan d'un air absent.

· Il ne peut rien y avoir là-bas, trancha Hermione. Il avait déjà fabriqué ses Horcruxes avant de s'exiler et Dumbledore était certain que le serpent est le sixième. Or, nous savons que le serpent ne se trouve pas en Albanie, il quitte rarement Vol…

· Ne t'ai-je pas demandé de ne plus prononcer ce nom ?

· D'accord ! Le serpent quitte rarement Tu-Sais-Qui… Tu es content comme ça ?

· Pas spécialement.

· Je ne le vois pas cacher quoi que ce soit chez Barjow et Burke, reprit Potter, qui avait déjà abordé ce sujet une demi-douzaine de fois. Barjow et Burke étaient experts en objets de magie noire, ils auraient tout de suite reconnu un Horcruxe.

Ron bâilla volontairement. Réprimant visiblement une forte envie de lui jeter quelque chose à la figure, Potter poursuivit laborieusement :

· Je crois toujours qu'il aurait pu cacher quelque chose à Poudlard.

Hermione soupira.

· Dumbledore l'aurait trouvé, Harry !

· Dumbledore a dit devant moi qu'il n'avait jamais eu la prétention de connaître tous les secrets de Poudlard. Je vous le répète, s'il y a un endroit que Vol…

· Hé !

· TU-SAIS-QUI, d'accord ! s'écria Potter, excédé. S'il y avait un endroit important pour TuSaisQui, c'était bien Poudlard !

· Arrête, répliqua Ron d'un ton moqueur. Son école ?

· Ouais, son école ! Elle a été sa première maison, l'endroit qui a fait de lui un être à part, elle signifiait tout, à ses yeux, et même après l'avoir quittée…

· On parle de toi, là? interrogea Megan.

Potter la fixa avec l'envie évidente de l'étrangler avec la chaîne qui dépassait du col de son t-shirt.

· Tu nous as raconté que Tu-Sais-Qui avait demandé à Dumbledore de lui confier un poste d'enseignant après son départ, intervint Hermione en parlant précipitamment.

· Exact, confirma Potter.

· Et Dumbledore pensait qu'il voulait revenir simplement pour essayer de trouver quelque chose, sans doute un autre objet ayant appartenu à l'un des fondateurs, afin de le transformer en Horcruxe ?

· Oui.

· Mais il n'a pas obtenu ce poste, n'est-ce pas ? poursuivit Hermione. Il n'a donc jamais eu l'occasion de s'emparer d'un tel objet et de le cacher dans l'école !

· Très bien, d'accord. Tu as gagné. Oublions Poudlard.

Mais Megan pensait souvent à Poudlard. Maintenant qu'elle avait quitté le collège – ce qu'elle avait attendu pendant plus d'un an – elle regrettait de ne plus s'y trouver. L'école grouillait de Mangemorts, et Ginny se trouvait là-bas. Draco y était-il, lui aussi? Il était certain que passer ses ASPIC était à présent le cadet de ses soucis, mais Voldemort l'avait-il envoyé terminer ses études afin qu'il lui soit aussi utile que possible? Qu'il contribue à la terreur qui devait régner au château? Elle avait peu d'informations sur ce qui se passait dans le reste du monde des sorciers, ne se risquant que rarement dans les villes où trop peu de sorciers évoluaient au grand-jour, ce qui ne leur laissait pas l'occasion de subtiliser des exemplaires de la Gazette du Sorcier. L'école aurait pu être à feu et à sang qu'ils l'ignoreraient.