Je ne possède aucun des personnages des livres ou des jeux

Recueil autour du personnage de Jaskier en duo à chaque chapitre avec un personnage différent

En espérant que cela te plaise !

Ce texte a été écrit pour l'anniversaire de Freiya Allan

Bonne lecture

PS : Au fait j'ai commencé à faire du tri et à remettre de l'ordre dans mes publications en faisant une sorte de table des matières dans mon profil alors n'hésitez pas à y faire un tour ;)


Chantonner pour vaincre ses angoisses (Ciri)

La forêt était silencieuse, à l'exception du crépitement du feu de camp et de la respiration laborieuse de Jaskier. Ciri, assise à ses côtés, épongeait son front brûlant avec un linge humide. Ses yeux verts, habituellement pétillants de malice, étaient maintenant assombris par l'inquiétude. Deux jours plus tôt, alors que Ciri fuyait une patrouille nilfgaardienne, Jaskier était apparu comme par miracle. Le barde, fidèle à sa réputation, avait fait diversion en chantant à pleins poumons, attirant l'attention des soldats. Ciri avait pu s'échapper, mais Jaskier avait payé le prix fort pour son acte de bravoure. Lorsqu'elle l'avait retrouvé, il gisait dans un fossé, couvert de sang et à peine conscient. Elle avait utilisé ses maigres connaissances en premiers soins pour panser ses blessures, avant de le traîner tant bien que mal jusqu'à cette clairière isolée.

- Ciri... murmura Jaskier, les yeux mi-clos. Tu... tu es en sécurité ?

- Chut, répondit-elle doucement. Oui, je suis en sécurité. Grâce à toi, espèce d'idiot !

Un faible sourire se dessina sur les lèvres du barde.

- Parfait... Ça fera une sacrée chanson...

Ciri secoua la tête, mi-amusée, mi-exaspérée. Même au bord de l'inconscience, Jaskier ne pensait qu'à ses ballades. Elle vérifia ses bandages, grimaçant à la vue des taches de sang qui commençaient à les imbiber. La fièvre ne baissait pas et elle craignait une infection.

- Jaskier, dit-elle en posant une main sur son épaule. J'ai besoin que tu restes éveillé. Parle-moi.

Le barde cligna des yeux, luttant pour rester conscient.

- De quoi... de quoi veux-tu que je te parle ?

- N'importe quoi. Raconte-moi une histoire. Tiens, une de tes aventures avec Géralt.

À la mention du sorceleur, les yeux de Jaskier s'illuminèrent légèrement.

- Ah, Géralt... Ce vieux grincheux me manque, tu sais ?

Ciri sourit tristement. Géralt lui manquait aussi, terriblement.

- Raconte-moi comment vous vous êtes rencontrés.

Jaskier prit une inspiration tremblante et commença son récit. Sa voix était faible, entrecoupée de quintes de toux, mais il parlait. Il raconta leur première rencontre dans une taverne, comment il avait suivi Géralt malgré ses protestations, leur première chasse ensemble. Ciri l'écoutait attentivement, tout en continuant à le soigner du mieux qu'elle pouvait. Elle changea ses bandages, appliqua un cataplasme d'herbes qu'elle avait préparé pour combattre l'infection, et veilla à ce qu'il boive régulièrement.

Les heures passèrent ainsi, Jaskier alternant entre moments de lucidité où il racontait ses aventures et périodes de délire fiévreux où il appelait Géralt ou marmonnait des paroles de chansons incohérentes. Vers l'aube, la fièvre atteignit son paroxysme. Jaskier tremblait violemment, son corps couvert de sueur. Ciri, épuisée mais déterminée, ne le quittait pas des yeux.

- Tiens bon, Jaskier, murmura-t-elle en lui tenant la main. Tu ne peux pas abandonner maintenant. Qui chantera les exploits de Géralt si tu n'es plus là ?

Comme s'il l'avait entendue, Jaskier serra faiblement sa main. Ciri sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle n'était qu'une adolescente, perdue dans un monde en guerre, et pourtant le destin de cet homme reposait entre ses mains. Soudain, elle se souvint d'une berceuse que sa grand-mère lui chantait quand elle était petite. Sans trop savoir pourquoi, elle commença à la fredonner doucement. Sa voix, d'abord hésitante, prit de l'assurance au fil des notes.

À sa grande surprise, la respiration de Jaskier sembla se calmer. Ses tremblements diminuèrent progressivement. Encouragée, Ciri continua à chanter, variant les mélodies, passant des berceuses aux chansons populaires qu'elle avait apprises à la cour. Le soleil était haut dans le ciel lorsque Jaskier ouvrit enfin les yeux, son regard plus clair qu'il ne l'avait été depuis des jours.

- Ciri ? Murmura-t-il d'une voix rauque.

- Je suis là, répondit-elle, soulagée de voir qu'il se sentait mieux.

- Tu... tu chantais ?

Elle rougit légèrement.

- Oh, ce n'était rien. Juste quelques vieilles chansons pour passer le temps.

Jaskier sourit faiblement.

- C'était magnifique. Tu as une voix superbe, tu sais ?

Ciri sentit une bouffée de fierté l'envahir. Un compliment de Jaskier sur ses talents de chanteuse valait son pesant d'or.

- Comment te sens-tu ? Demanda-t-elle, reprenant son rôle d'infirmière improvisée.

- Comme si j'avais été piétiné par un troupeau de chevaux nilfgaardiens," grimaça-t-il, mais vivant. Grâce à toi, il semblerait.

Ciri secoua la tête.

- C'est grâce à toi que je suis en vie. Tu as pris d'énormes risques pour me sauver.

- Et je recommencerais sans hésiter, affirma Jaskier avec une gravité inhabituelle. Tu es précieuse, Ciri. Pas seulement à cause de ton sang ou de ton pouvoir, mais pour qui tu es.

Ces mots touchèrent Ciri plus qu'elle ne voulait l'admettre. Dans ce monde chaotique où elle était constamment pourchassée pour ce qu'elle représentait, il était rare qu'on la voie simplement comme une personne.

- Merci, Jaskier, murmura-t-elle. Repose-toi maintenant. Nous avons encore un long chemin à parcourir.

Alors que le barde se laissait doucement glisser dans un sommeil réparateur, Ciri réalisa que leur aventure avait créé un nouveau lien entre eux. Un lien forgé dans l'adversité, la confiance mutuelle et peut-être même, songea-t-elle avec un sourire, dans la musique. Elle s'installa confortablement, montant la garde, prête à le défendre si besoin et se remit à chantonner.