«Au commencement du monde de la magie, il n'existait que deux peuples distincts, les hommes qui prospéraient en maîtres du monde et les créatures magiques se dissimulant dans l'ombre, les forets et les montagnes.

Les créatures magiques étaient soit vénérées et craintes tels les dieux auxquels croyaient les hommes, soit pourchassées et maltraitées, les poussant à chercher l'abri des terres sauvages.

Les premiers porteurs de magie n'acquirent de l'union de créatures magiques avec des hommes, se fondant dans la population quand ils le pouvaient ou disparaissant pour plus de sécurité quand leur héritage magique était trop flagrant.

La première grande guerre magique provoqua des bains de sang, de la peur, peur qui se transforma en haine.

Les créatures magiques se fondirent de plus en plus dans l'ombre et les premiers porteurs, produit de l'amour inter-race ou de la cruauté des hommes sur les enfants de Magia, préférèrent disparaitre, en quête d'une terre rien que pour eux.

Pelhisir fut fondé par ces premiers porteurs, réunis sous la protection de notre fondatrice et toute première gardienne, Dame Méloé.

Les archives ne précisent pas à quel genre de créatures étaient apparentée Dame Méloé et les autres premiers porteurs mais elles précisent leur douleur puis leur soulagement face à la découverte de cette terre promise.

Aidée de quatre compagnons, choisis par leur peuple, Méloé fortifia les premières protections de l'archipel, le faisant disparaitre des cartes et des yeux du monde entier.»

- Madame, madame, qui sont les autres gardiens ?

- Nous ne le savons pas, leurs noms s'étant perdus dans l'histoire de notre bien aimé archipel, sourit doucement la vieille femme.

Merryl se trouvait au fond de la salle de classe, observant les enfants lors de l'un des cours organisé par les anciens.

Au début, elle avait eu peur de ce qu'il adviendrait de ces enfants et de leur éducation mais très vite les adultes avaient prit les choses en mains malgré leur manque de magie.

- Cela doit être ennuyeux pour vous d'entendre ces histoires encore et encore, ma dame, chuchota la deuxième femme en charge du groupe d'enfants.

- Pas du tout, comme vous le savez surement je ne suis pas née sur l'archipel mais dehors et il me manque toute cette culture que les enfants d'ici ont depuis toujours, assister à vos cours me permets de rattraper mes lacunes, sourit la rousse.

- Il est vrai que vous n'êtes notre gardienne que de nom, vous n'avez donc pas put être intronisée devant le feu sacré.

- En quoi cela consiste-t-il ?

La femme se cala plus confortablement dans son fauteuil alors que les enfants et l'enseignante se tournaient vers elles, curieux de sa réponse.

- Chaque gardien et chaque élémentaire fait, passe par un rituel, une cérémonie ou ils reçoivent leurs tatouages, peut-être avez vous remarqué certains adultes élémentaires portant des tatouages ? Demanda la vieille femme, puis, comme Merryl hochait la tête, elle poursuivit, ces tatouages sont propres à chaque individu et reflète qui il est. Ces tatouages apparaissent lors de la cérémonie du feu sacré, lors de laquelle un élémentaire est plongé dans le feu sacré pour en ressortir neuf, ayant sacrifié sa magie à l'archipel.

- Sacrifié sa magie ? Fit Merryl surprise.

- Oui, comment croyez vous que nos protections sont si puissantes ? Chaque élémentaire sacrifie sa magie à l'archipel et à la mère de tous et, quand, celle-ci se régénère c'est pour être connectée à l'archipel lui même.

- Donc, s'il n'y à plus d'élémentaires….souffla Merryl sous le choc

- Nos barrières tomberont et nous serons à la merci du monde entier, acquiesça la femme.

- Et s'il ne devait rester qu'un seul élémentaire pour porter tout ce pouvoirs ? S'inquiéta Merryl.

- Il aurait en lui le pouvoir de plus d'un millénaire de porteur de magie et en fonction de sa volonté, nous serions finit.


Merryl courrait dans les couloirs de la cité sous marine, le souffle court. Elle passa plusieurs couloirs et descendit deux escaliers avant d'arriver au poste de commandes. Vasilios se tenait là, observant les fond marins au travers de la vitre blindée. Une grande tache noire passa devant la vitre les faisant sursauter tout les deux.

- Qu'est ce que c'est ? Souffla Vasilios

- Un géant des profondeur, répondit Merryl en se postant à ses côtés, un dragon des fonds marins.

- Il était énorme, combien sont ils ?

- Je crois qu'ils sont deux, un couple mais ils dorment la plupart du temps.

- Tu voulais me dire quelque choses ?

- Nous allons bientôt manquer de nourriture, chuchota la rousse en le regardant dans les yeux, je vais sortir

- Il n'en est pas question ! S'exclama Vasilios en fronçant les sourcils, Tu es la seule élémentaire de l'eau dans la cité et…

- La seule porte de sortie donne sur les fonds marins, tu ne pourras pas sortir, pas sans finir comme nourriture pour les poissons.

Son ami avala difficilement sa salive en observant l'extérieur.

- Il y aurait une solution, fit Merryl en regardant dehors à son tour.

- Laquelle ?

- Que je vienne avec toi. Ne me regardes pas comme ça, tu sais très bien que à deux on aura plus de chances de revenir sains et saufs.

- On ne peux pas laisser les civils seuls, tenta de se justifier Vasilios.

- Si ce n'est que pour quelques heures voir une journée, cela devrait aller, on à pas le choix de toutes façons, tu préfère les regarder mourrir de faim ?

Son ami s'accroupis la tête entre les mains semblant réfléchir intensément alors quelle se rapprochait du tableau de commandes. Elle observa un instant les boutons avant d'appuyer d'un l'un d'eux, enclenchant le système de surveillance.

Là, sur de vastes écrans, s'affichèrent des images en temps réel de chaque couloirs, chaque pièces, chaque espace communs de la cité. Elle pouvait voir le premier niveau ou se situaient les civils rescapés et tous les autres qui étaient plongés dans le noir, seulement éclairés par de légers reflets bleutés venant de l'extérieur.

- Avec ce système, les anciens pourront surveiller les lieux en notre absence, sourit Merryl quand Vasilios écarquilla les yeux en voyant les écrans.


Les deux sorciers se cachèrent derrière les restes d'une maison qui avait dû partir en cendres. Il étaient sortit de la cité sous marine le matin même très tôt et avaient du faire un détour sous l'eau pour éviter un des géants des profondeur.

Ils venaient d'émerger sur la côte sud du Berceau et pouvaient apercevoir au loin l'île de Tertre en Feu.

Se camouflant derrière les arbres les deux amis poursuivirent leur chemin en direction du centre de l'île, observant le carnage environnant. Les maison avaient été démolies, calcinées voir même tout bonnement rasée. Il ne restait presque rien des rues colorées, le sol fendu et des morceaux de pierres arrachés du sol.

Cela ne faisait que deux mois qu'ils avaient trouvé refuge sur l'île de l'eau, comment cela avait-il pu empirer à ce point ? Ou étaient passé les habitants ? Se demanda Merryl avec horreur.

- Tu…tu crois qu'ils ont tous été réduit en cendres ? Souffla Merryl en tremblant, nous ne sommes pas de poids contre cette chose Vasilios …

C'est en arrivant à proximité de la place centrale qu'ils les virent. Ce fut tout d'abord une botte, puis un chapeau qui trainaient, abandonnés au sol, puis un corps.

Merryl se précipita aux côtés du soldat, passant ses doigts contre sa gorge pour chercher son pouls qu'elle comprit.

- Il est mort, souffla, la rousse en s'éloignant précipitamment du défunt, trébuchant sur un objet non identifié.

- Merryl, c'est, ce….

Des corps partout, la place centrale du Berceau était constellée de corps de soldats aux couleurs des quatre îles.

- Il faut, il faut que j'aille voir chez moi, souffla Vasilios après qu'ils eurent vérifié qu'il ne restait aucun survivant.

- Allons-y, ta mère sera peut-être revenue chercher des affaires et on la croisera, répondit Merryl en le suivant dans le dédale de rues.

Ils passèrent par des rues étroites, à l'abri des regards, s'étonnant qu'il n'y ai vraiment plus âme qui vive, même les créatures magiques semblaient avoir disparues.

- Il faudra passer par l'hôpital aussi, chuchota la rousse alors qu'ils arrivaient au niveau de la maison des Orologas.

La maison ne semblait pas avoir subit trop de dommages en comparaison de certaines plus proches du feu sacré ou avait du se passer le plus gros des combats. Seule la pergolas avait été brisée en deux.

Les fenêtres étaient recouvertes de noir ce qui inquiéta les deux jeunes adultes.

Merryl passa en première et pénétra dans la maison, arrivant dans une cuisine qui n'avait subit aucun dégât et qui semblait étonnamment propre comme si Mariah Orologas, la mère de famille avait quitté celle-ci quelques heures plus tôt à peine.

Un craquement retentit sur leur gauche alors qu'ils se préparaient à gravir les escaliers menant aux chambres et des meubles commencèrent à dévaler les dits escaliers dans leur direction.

Les deux sorciers se jetèrent sur le côtés pour éviter la commode de la chambre des plus jeunes de la famille et Vassilios se redressa, rouge de colère.

- Qui que vous soyez, c'est chez moi ici et vous allez regretter d'avoir envahis la maison de ma mère, cria son ami, utilisant sa magie pour faire trembler le sol.

Deux silhouettes apparurent alors en haut des escaliers, silhouettes que Merryl ne tarda pas à reconnaître pour avoir dormis avec les deux concernées quand elle logeait encore chez les Orologas.

- Vassilios, stop ! Ce sont tes sœurs, l'arrêta la rousse avant que deux tornades de leurs sautent dans les bras.

- On est tellement contentes de vous retrouver, on vous croyaient tout les deux perdus, souffla la jumelle qui se trouvait dans les bras de leur frère.

Merryl profita que les frères et sœurs se retrouvent pour observer les jumelles. Rheia avait une grosse cicatrice au visage, visiblement un sort de magie noire si elle en croyait la forme et la couleur et Amynta qui avait toujours adoré ses longs cheveux, les portaient à présent si courts qu'ils lui arrivaient aux oreilles. Elles ne semblaient pas avoir manqué de faim, ce qui était déjà très bien.

- Rheia, Amynta, ou son maman et les autres ? Souffla leur frère une fois les retrouvailles finies.

- Maman et Alekos sont à Bourg-Vivant, ils ont été appelés au tout début pour sécurisé la réserve de créatures magiques, commença Amynta

- Et Acamas se trouve à Tertre en feu avec les autres disciples de Maitre Hiro, il nous envoie des nouvelles de temps en temps par miroirs, Maitre Hiro se prépare à partir en chasse du démon mais ils manquent d'informations.

- Et Pantelis ? Souffla Merryl inquiète pour le dernier frère

- Il est allé chercher à manger avec Freeman Addington.

- Freeman Addington ? Les Addington ne sont pas retournés en Angleterre au tout début de l'état d'urgence ? Demanda la rousse stupéfaite.

- Si, mon frère est rentré auprès de notre mère, fit une voix grave derrière eux.

Merryl et Vassilios se retournèrent comme un seul sorcier pour se retrouver face au géant blond qu'était l'ainé des Addington et à ses côtés la forme toute en longueur de Pantelis.

Encore une fois les frères et soeurs se jetèrent dans les bras les uns des autres et Merryl se mit en retrait pour les laisser en famille, son cœur lui faisant mal à l'idée que jamais plus elle ne pourrait faire de même avec sa propre famille.

Freeman l'attrapa alors et l'emprisonna dans ses bras.

- Tout vas bien, vous n'êtes plus seuls tout les deux, on est là maintenant, lui souffla l'homme de vingt six ans, ou vous étiez vous mis à l'abri ? Lui demanda l'homme blond en l'écartant doucement de lui,

- À Abysse-la-Vieille, il y à une centaine de civils qui nous y attendent, on étaient partis chercher à manger et des produits de soin, chuchota la rousse en rougissant.

- Bien, on viens avec vous, nous serons tous plus en sécurité là bas et des élémentaires en plus ne seront pas de trop, sourit Freeman, prenant le commandement des opérations.

Le groupe partit presque immédiatement pour la cité sous marine, les Orologas et Freeman ayant déjà fait un bon stock de provisions.

Ils furent accueillis avec joie et soulagement par les réfugiés de la cité, trop heureux d'avoir de nouveaux protecteurs, dont Pantelis et Rheia qui étaient tout deux des élémentaires de l'eau.

À trois, ils étaient plus forts, surtout sous le commandement de Freeman qui malgré sa maitrise de la terre, était un élémentaire et un guerrier accompli.

Alors que tout le monde s'organisait, Merryl se retrouva à faire visiter la cité à l'ainé des Addington quand il se stoppa dans un couloir, la forçant à se retourner vers lui.

- Il y à un problème ? Lui demanda Merryl

- Je ne sais pas si quelqu'un l'à déjà fait mais je te souhaites toutes mes condoléances pour ta soeur et son mari, puissent-t-ils trouver la paix entre les bras aimants de la mère de tout.

Et là, comme ça, elle fondit en larmes à nouveau, la dure réalité refaisant surface, son cœur emplit de tristesse.

L'homme la prit à nouveau dans ses bras, traçant des cercles dans son dos.

- Je jure sur ma magie que dés que tout ceci sera finit, je t'accompagnerais retrouver ta nièce.