Des grincements dans la forêt.
Titre du 17/11/2022 : Des grincements dans la forêt
Scorpion : Emma (OUAT)
E : Emma Swan
Créature 38 : Sorcière
Prénom 49 : Emma
Quatre aspects de… Mes vrais enfants : Début et fin : Écrire une scène dans une maison de retraite ou sur un personnage qui a plus de 70 ans
137) 100 façons d'écrire du drama
44) 50 nuances de OUAT
8 défis fusionnés (titre du jour, horoscope, alphabets, bestiaire fantastique, elles ont dit, quatre aspects, 100 façons, 50 nuances)
Emma Swan savait ce que ça faisait d'avoir le souffle coupé.
Mais à cet instant précis, alors qu'elle faisait face, non pas à son petit garçon innocent, mais au monstre cruel qui l'avait enlevé, ce qu'elle ressentait allait au-delà de ça, était bien pire.
Non, actuellement, la Sauveuse était tout bonnement en train de suffoquer, d'étouffer, elle n'arrivait même plus à respirer.
Et jamais elle n'avait eu autant le sentiment de voir tous ses espoirs voler en éclats en l'espace d'un seul et unique instant, comme si elle avait touché du doigt le Paradis avant de brusquement se retrouver projetée tout droit en Enfer.
Elle aurait dû savoir que ce ne serait pas aussi simple.
Elle aurait dû être consciente qu'il ne la laisserait pas si facilement gagner.
Elle aurait dû se rendre compte qu'elle n'avait pas d'autre choix que de jouer selon ses règles et pourtant ça ne l'avait pas empêchée de tenter de les enfreindre.
Elle avait joué, elle avait triché, et maintenant, elle avait perdu.
Emma prit une profonde inspiration, en vain, sentant la panique et le désespoir l'envahir, avant que l'oxygène salvateur ne finisse finalement par rentrer lentement dans ses poumons asphyxiés par la terreur.
Henry n'était pas là.
Ils étaient bien au camp pourtant, alors pourquoi ?
Peter Pan lui adressa un sourire à la fois moqueur et désappointé.
« Je dois l'admettre, tu me déçois Sauveuse… Je t'avais pourtant dit que la carte ne se révélerait à nulle autre personne que toi.
C'était vrai, dut-elle reconnaître à contrecœur.
Il le lui avait bel et bien dit, sur ce point-là, elle ne pouvait pas accuser l'enfant immortel de lui avoir menti ou de ne pas avoir été clair.
- Effectivement, admit-elle, les dents serrés et les yeux emplis de colère, tentant de ne pas laisser éclater sa rage au grand jour. »
Elle le connaissait encore mal mais elle en savait suffisamment pour bien voir qu'il était imprévisible et pouvait réagir de n'importe quelle manière en fonction de la façon dont son interlocuteur agissait.
Ou peut-être cela n'avait-il aucun rapport, peut-être agissait-il comme il le voulait quand il le voulait sans la moindre raison, comme…
Comme un enfant capricieux et incontrôlable.
Et oh comme c'était frustrant de ne pas savoir comment il allait agir, de quelle manière il allait se comporter, ce qu'il choisirait de faire, de n'avoir aucune idée de ce qu'il voulait au juste.
Regina avait été comme ça elle aussi, avant qu'Henry ne disparaisse et qu'Emma ne doive admettre l'existence de la malédiction, avant qu'elles ne deviennent alliées, mais alors la magie n'entrait pas en ligne de compte et la blonde n'avait jamais réellement été en danger.
Cora avait été une ennemie terrifiante, mais pas invincible et il ne leur avait pas fallu beaucoup de temps avant d'apprendre ce qu'elle voulait, et ils avaient une espionne sous couverture pour couvrir leur arrières.
Alors que Peter Pan, avec son immortalité, sa puissance, son imprévisibilité et ses motivations obscures et cachées, sur cette île sombre et menaçante dont elle savait si peu de choses et où elle n'avait aucun contrôle sur quoi que ce soit, la terrorisait.
Pourquoi ? Aurait-elle voulu lui hurler encore et encore, jusqu'à ce qu'il réponde enfin à la question qui la hantait depuis la disparition d'Henry.
Pourquoi avoir enlevé mon fils, qu'est-ce que tu lui veux ?
Elle resta muette pourtant, sachant bien qu'il ne lui apporterait aucune réponse, à part un éclat de rire qui ne ferait que renforcer sa fureur.
Tout ce qu'elle savait du garçon devant elle et de ce qu'il voulait, elle l'avait appris principalement des œuvres fictives mettant en avant le personnage.
Pour elle, Peter Pan était un petit garçon qui refusait à tout prix de grandir.
Mais Peter Pan avait été un adulte autrefois, il avait été Malcolm, un homme qui n'était pas prêt à devenir père et qui avait abandonné son propre fils pour recouvrer la jeunesse éternelle et c'était bien là ce qu'elle ne comprenait pas.
Il avait déjà obtenu ce qu'il voulait, alors quel était son intérêt dans l'enlèvement de son arrière-petit-fils au juste ?
Elle refusait de croire que ce n'était qu'un jeu pour lui, qu'il n'y avait pas une raison profonde derrière toute cette mascarade.
« Mais qu'est-ce que ça change dans le fond ? Reprit-elle, agacée. Même si j'avais suivi les règles à la lettre, toi… Tu ne le fais même pas ! Alors ne me reproche pas d'agir de la même manière que tu le fais.
Un menteur et un tricheur, voilà ce qu'il était, et ce n'était pas parce qu'elle faisait partie des héros qu'elle était forcée de se conformer à ce qu'il exigeait d'elle.
Pas avec ce qui était en jeu, ce qu'elle risquait de perdre à jamais, pas alors qu'il était tout sauf honnête et les faisait jouer à un jeu dont les règles n'étaient même pas établies et qu'il pouvait enfreindre autant qu'il le voulait.
Cette fois-ci, le sourire de l'adolescent se fit malicieux.
- Je te l'accorde, reconnut-il, sauf que c'est moi le maître du jeu, c'est mon jeu, ce sont mes règles et tu dois les suivre pour gagner. Sinon… tu récoltes ce que tu as semé, et sache une chose Emma… les tricheurs ne gagnent jamais. Tu ne sauras où se trouve Henry qu'une fois que tu auras accepté ce que tu es réellement. »
Elle ne comprenait toujours pas ce qu'il voulait dire par là.
Peut-être n'y avait-il rien à comprendre dans le fond, peut-être n'était-ce qu'un jeu de plus pour lui, rien de plus qu'une farce sans le moindre sens, sans fondement, sans but, peut-être n'existait-il pas la moindre solution à cette énigme qui ne voulait probablement rien dire du tout.
Dans ce cas-là, cela signifiait que tous ses efforts pour la résoudre avaient été accomplis en vain et qu'ils se trouvaient désormais dans une impasse, ce qui était profondément déprimant et injuste.
Puis, une lueur de joie cruelle s'alluma dans les yeux du sorcier et un frisson de crainte l'envahit soudainement alors qu'elle réalisait qu'il ne se passait toujours rien.
Peter Pan s'était contenté de se moquer d'eux, de les accueillir dans un camp vide, seul.
Il ne les avait pas attaqués, alors qu'ils étaient ses ennemis, il leur avait seulement parlé.
Peut-être pour détourner leur attention, songea-t-elle brusquement.
Jusque-là, le silence régnait autour d'eux, mais la blonde se figea en remarquant des mouvements autour d'elle provenant des bois immenses de l'île, semblant capables de dissimuler n'importe quoi ou n'importe qui.
Ce fut en entendant du bruit qu'elle sut que cela n'allait pas durer longtemps et en voyant une horde de garçons perdus surgir de nulle part, armés d'arcs et de flèches et d'épées,elle sentit l'angoisse l'envahir en comprenant que le combat serait inévitable.
Une bataille qui ne ferait que les retarder dans leur recherche d'Henry et vu l'expression narquoise sur le visage de Peter Pan, il en avait conscience lui aussi.
C'était même très probablement volontaire, une punition à lui infliger pour la punir d'avoir essayé de contourner des règles bien trop alambiquées qu'elle se sentait incapable de suivre.
« Les tricheurs ne gagnent jamais, lui lança-t-il à nouveau avec un rire amusé. »
Rien que pour lui donner tort, elle se jeta dans la bataille de toutes ses forces contre le premier enfant perdu qu'elle vit.
§§§§
Jean et Michel se sentirent très vite dépassés.
Au cours de leur longue vie, ils n'avaient jamais réellement eu l'occasion de se battre, ils n'en avaient jamais eu besoin, ils n'avaient jamais appris à le faire.
Ils n'avaient passé que peu de temps au Pays Imaginaire, ils ne s'étaient jamais battus contre les enfants perdus, s'ils n'avaient qu'essayé de le faire, leur sœur en aurait souffert et dans le monde sans magie, ils avaient vécu une vie presque normale, sans violence physique.
Presque si on oubliait l'immortalité temporaire et le fait qu'ils étaient forcés de travailler au service d'un monstre impitoyable.
Aussi, les deux frères échangèrent un regard perdu seulement quelques minutes après le début du combat.
Autour d'eux, tous les autres membres de l'expédition affrontaient un ou plusieurs ennemis avec une arme ou leur magie.
Eux, ils n'avaient absolument rien.
Ils n'étaient pas venus sur cette île pour se battre, même s'ils avaient toujours eu conscience que c'était une possibilité à envisager.
Non, ils s'y étaient seulement rendus pour sauver leur petite sœur, leur Wendy chérie, ainsi qu'un petit garçon qu'ils avaient précipité en Enfer parce que c'était alors le seul choix à leur disposition.
Et les deux jeunes hommes savaient fort bien qu'ils ne serviraient à rien dans cet affrontement, que contrairement à tous les autres, ils seraient complètement inutiles même s'ils essayaient, ils ne feraient que les gêner.
Les épées s'entrechoquaient en une danse emplie de violence, les boules de feu volaient à travers la forêt, de même que les flèches, et eux…
Eux, ils ne faisaient que regarder, impuissants.
Il valait mieux qu'ils restent en retrait, même si cette immobilité forcée leur pesait à tous les deux.
Ils n'étaient pas comme ces gens qui risquaient leurs vies juste devant eux, qui se battaient malgré le danger.
Ils n'étaient pas des héros.
Ils ne l'avaient jamais été.
Mais, songea Michel, être un héros ne se résumait pas à manier une épée ou à tirer des flèches ou encore à utiliser la magie, non.
Être un héros signifiait se battre pour ce qui était juste.
Et en venant dans ce monde maudit, c'était ce qu'ils avaient bien l'intention de faire, c'était une tâche qu'ils accompliraient, envers et contre tout, en retrouvant les deux enfants, pour réparer leurs erreurs, effacer leur lâcheté passée, malgré Peter Pan, malgré les enfants perdus, malgré l'ombre et tout le reste.
Ce n'était pas parce qu'ils étaient incapables de se battre qu'ils manquaient de courage, bien au contraire.
§§§§
Blanche-Neige avait passé près de vingt-huit longues années à croire qu'elle se prénommait Mary-Margaret Blanchard.
À être persuadée qu'elle était une simple institutrice, à oublier qu'elle était en réalité une princesse, une épouse, une mère.
Une guerrière.
En vingt-huit ans, elle n'avait pas tiré une seule flèche, pas même après la fin de la malédiction, pas même face à Cora, et pourtant il ne lui fallut que quelques secondes de contact avec son arc et ses flèches pour retrouver des sensations qu'elle avait cru pourtant oubliées depuis le temps.
Elle ne fut même pas surprise en constatant que chacun de ses tirs faisait mouche.
Elle se força à oublier que les ennemis qui lui faisaient face étaient physiquement des enfants, tenta de se rappeler que malgré leur apparence juvénile, ils n'en étaient probablement plus depuis bien longtemps, que pour une bonne partie d'entre eux, ils étaient volontairement du côté de Peter Pan, qu'ils voulaient leur mort à tous.
Elle essaya de toutes ses forces de ne pas penser à ceux qui étaient forcés d'être là, qui auraient voulu partir et qui n'étaient rien de plus que des enfants qui n'avaient jamais pu être sauvés.
Emprisonnant son cœur derrière une couche de glace et d'indifférence, elle s'obligea à ne penser à rien ni à personne d'autre qu'à son petit-fils.
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Emma sentait la magie vibrer dans ses veines, brûler, ne voulant qu'une seule chose, s'exprimer et éclater au grand jour.
Une épée à la main, elle affronta les uns après les autres tous les enfants perdus qui se trouvaient sur son chemin, ne cherchant l'affrontement qu'avec un seul d'entre eux.
Leur chef, Peter Pan, et ce même si elle savait que c'était sans doute bien inutile de vouloir le battre.
Il était celui qui était responsable de cette situation et s'il mourait, tout s'arrêterait probablement et son fils lui serait enfin rendu.
Mais elle savait aussi que le tuer relevait probablement d'une mission impossible.
Sauf qu'elle était la Sauveuse, accomplir l'impossible faisait littéralement parti de sa destinée, alors elle pouvait toujours rêver, non ?
§§§§
Ça n'aurait pas dû aussi facile.
Renouer avec ce qu'elle était autrefois, la méchante reine cruelle et impitoyable qui décimait ses ennemis par centaines sans la moindre hésitation, sans aucun état d'âme.
Ça n'aurait pas dû sembler être aussi simple, être aussi évident, et Regina en fut presque effrayée.
Sauf que cette fois les choses étaient différentes, pas parce qu'elle se battait dans le bon camp mais parce qu'elle se battait pour les bonnes raisons.
Elle se battait contre un monstre pour sauver son fils, aussi, elle fit fuser les boules de feu et autres sortilèges dans la direction de leurs assaillants.
Ils voulaient la guerre ?
Ils allaient l'avoir.
Et elle saurait leur montrer quelle adversaire redoutable elle pouvait être.
§§§§
Oh comme se battre au Pays Imaginaire ne lui avait pas manqué.
Le pirate serra son épée de toutes ses forces, n'hésitant pas à croiser le fer avec les enfants perdus, reconnaissant certains d'entre eux, sentant sa gorge se nouer alors qu'il se retrouvait également face à de nombreux visages inconnus.
Ce qui n'était somme toute pas surprenant, il avait quitté l'île une trentaine d'années plus tôt après tout, le monstre et son ombre avaient bien eu le temps d'enlever de nombreux enfants innocents pour en faire des soldats à leur service.
Il songea brièvement que lui et Liam auraient pu faire parti de ces garçons perdus s'ils avaient été plus malchanceux, après la mort de leur mère et le départ de leur père.
Après tout, ils n'avaient plus personne qui se souciait d'eux à ce moment-là.
Dans d'autres circonstances, il aurait pu lui aussi devenir loyal à Peter Pan.
Cette idée le terrifia aussitôt qu'elle naquit dans son esprit, avant qu'il ne la chasse.
Il n'était pas temps de penser à cela, non, il était temps de se battre contre celui qui régnait sur ce monde pourri.
En voyant les flèches des enfants perdus traverser le champ de bataille, il en esquiva quelques unes avant de s'écrier d'une voix forte :
« Ne laissez pas leurs flèches vous toucher ! »
Il avait omis de faire cette mise en garde avant, à la fois parce que le combat leur était tombé dessus sans qu'ils n'y soient préparés, mais aussi parce que tous les habitants du Pays Imaginaire savaient bien que les flèches des garçons perdus étaient enduites d'ombrève.
Mais, comme il le leur avait lui-même fait remarquer plus tôt, hormis lui-même et Neal, aucun d'eux n'avait jamais vécu au Pays Imaginaire.
Une fois cette information partagée, il retourna au cœur du combat, sans se soucier de ce que pouvaient bien faire ses autres alliés, bien trop occupé à chercher une seule personne au sein de cette mer de visages.
S'il savait très bien qu'il n'aurait jamais la capacité de tuer Peter Pan, il admettait qu'il serait plus que ravi de pouvoir enfoncer son crochet tout droit dans la poitrine de ce sale petit enfoiré de Félix…
§§§§
Graham aurait aimé ne pas avoir à se souvenir qu'il avait été le chasseur durant ce genre de moments.
Il avait chassé autrefois, il savait se battre, manier une arme, il s'était perfectionné lorsqu'il était entré malgré lui au service de la méchante reine, qu'il était devenu son prisonnier, et alors qu'il se battait de toutes ses forces, il ne put que renouer avec des souvenirs qu'il aurait aimé pouvoir mettre de côté.
Il les chassa de ses pensées avant de croiser le regard d'August pour pouvoir se raccrocher à un morceau de la réalité, ne pas complètement perdre pied.
Ils s'en sortiraient tous, et ils finiraient par l'emporter.
Il le fallait.
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August n'était pas un combattant.
Il ne l'avait jamais été, ni en tant que Pinocchio dans la Forêt Enchantée, ni dans le monde sans magie.
Mais tout comme Emma, tout comme Neal, il avait vécu tout seul et grandi dans un monde qui n'était pas le sien, qui n'avait pas été tendre avec lui.
Alors il avait appris à survivre, à se battre, à se défendre.
Aussi, il n'hésita pas une seule seconde à se battre lui aussi, pour Henry, pour réparer ses torts, pour épauler Emma, lui qui l'avait abandonnée par le passé et n'avait jamais réussi à être ce qu'il aurait dû toujours être, ce qui avait été sa mission autrefois.
Sincère, altruiste et courageux.
Cette fois, oh cette fois.
Il ne faillirait pas.
Plus jamais.
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David sentit quelque chose l'effleurer et eut du mal à étouffer un gémissement de douleur.
Sans même se soucier de sa potentielle blessure ou de la douleur qui commençait à l'envahir, il continua à se battre, sans relâche.
Il avait déjà été blessé par le passé, il avait l'habitude, même si cette habitude avait disparu de sa vie comme de sa mémoire pendant près de vingt-huit ans.
Mais, en remarquant la flèche à terre, il se souvint de ce que le pirate leur avait dit quelques minutes plus tôt, qu'ils ne devaient pas être blessés par les flèches de leurs ennemis.
Ce n'était probablement rien, juste une égratignure, rien de plus, rien de très grave, il avait à peine été touché après tout, ce n'était pas comme s'il était grièvement blessé, pas vrai ?
Pas vrai ?
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A chaque fois que le Ténébreux observait un des enfants en face de lui, il se voyait lui tel qu'il était autrefois.
C'en était presque terrifiant.
Un enfant perdu, sans famille, sans personne, seul, désespéré, qui n'avait plus rien à perdre.
Quand il les regardait ou qu'il croisait le sourire moqueur de son père, Rumplestiltskin avait l'impression de redevenir cet enfant effrayé, même s'il était immortel, même s'il était âgé de plusieurs siècles, même s'il était le Ténébreux et l'un des sorciers les plus puissants de l'univers.
La peur manquait de l'envahir alors, comme autrefois, quand il était encore le tisseur lâche à la jambe brisée qui avait fui le champ de bataille.
Puis il voyait Regina se battre comme une furie pour reprendre le fils qu'on lui avait arraché.
Il voyait son fils faire de même, et le courage reprenait sa place en lui, sa motivation à se sacrifier s'il le fallait revenant de plus belle, et son hésitation disparut.
Il ferait tout pour que son père ne l'emporte pas, pour qu'Henry ait l'avenir qu'il mérite.
Parce qu'à quoi bon être un sorcier immortel et surpuissant s'il ne pouvait même pas protéger sa famille ?
§§§§
Il haïssait le Pays imaginaire.
De toute ses forces et de tout son cœur.
Et alors qu'il se voyait forcé de combattre des enfants qui n'auraient jamais dû être ici, Neal Cassidy maudit son grand-père une fois de plus.
Parce qu'il avait fait parti d'eux autrefois, bien que seulement brièvement et contre son gré, et si certains avaient été monstrueux comme Félix, cruels et mauvais, il se souvenait d'autre chose.
Il se souvenait d'enfants apeurés comme lui, qui n'avaient jamais demandé à être là, qui avaient tenté de s'enfuir, ou qui étaient devenus comme ceux qu'ils haïssaient, dont on avait volé toute l'innocence et la lumière pour ne laisser que des cendres et des ombres.
L'île et ce combat représentaient tout ce qu'il avait haï autrefois dans sa vie d'enfant perdu et comme il haïssait Peter Pan pour ça.
Savoir qu'il était son grand-père et que l'immortel l'avait su et que ça n'avait rien changé, bien au contraire, ne rendait cette situation qu'encore plus amère.
Aussi, quand ce dernier apparut devant lui, Baelfire ne ressentit aucune peur.
Juste de la colère liée à une rage de vaincre.
« On dirait que ta chère Emma n'est toujours pas prête à accepter la vérité sur elle-même, le railla le sorcier avec ce même air joueur sur le visage qui le rendait si insupportable.
- J'aimerais vraiment savoir de quoi tu parles, lui rétorqua-t-il, continuant de regarder autour de lui au cas où un enfant perdu l'aurait attaqué pendant la discussion.
Ça aurait bien été le genre de Pan de faire ça et il ne tenait pas vraiment à être empoisonné par de l'ombrève, non merci, il tenait à rester en vie et si ça pouvait passer par ne pas être forcé de rester pour toujours sur cette île de malheur, ça lui allait très bien.
Son grand-père haussa les épaules.
- Ne t'en fais pas elle finira bien par comprendre. Et toi aussi d'ailleurs.
- Comprendre quoi au juste ?
- C'est très simple, comprendre tout simplement que toi et tes alliés vous n'avez aucune chance de retrouver Henry et encore moins de partir d'ici. Ou du moins pas en l'emmenant avec vous.
- C'est ce que tu crois ! Lui rétorqua son petit-fils. Tu nous connais mal, si tu crois que nous allons abandonner sans combattre, que nous n'allons pas te vaincre, alors tu te trompes.
- Personne n'a jamais réussi à quitter cette île sans que je ne donne mon accord.
- Moi je me suis échappé ! Lui rétorqua Neal avec un air triomphant.
Le sourire qui se dessina sur le visage de l'immortel lui glaça le sang, comme si…
Presque comme s'il s'attendait à ce qu'il dise ça, qu'il avait manœuvré pour entendre cette réponse.
Il éclata ensuite brièvement de rire et le jeune homme fut soudainement prit d'un mauvais pressentiment.
- Seulement parce que je t'ai laissé partir.
Stupéfait, assommé par cette réplique, Neal se figea, sentant son monde et ses certitudes s'écrouler autour de lui.
Il ouvrit la bouche avant de la refermer, incapable d'articuler le moindre son.
- Quoi ? Parvint-il finalement à lâcher d'une voix faible et quasiment inaudible quelques secondes plus tard. »
Mais Peter Pan se contenta de continuer de sourire avant de s'éclipser, le laissant seul pour encaisser cette révélation qu'il n'avait pas vue venir et le laissa abasourdi, incapable de réagir.
Il l'avait fait exprès, évidemment, pour le déstabiliser, pour qu'il soit incapable de se battre, et que ce soit vrai ou non, ça marchait très bien, la phrase tournant en boucle dans l'esprit de Neal sans qu'il ne puisse la stopper ou faire quoi que ce soit d'autre.
Il savait bien qu'il aurait dû se ressaisir, bouger, faire quelque chose, n'importe quoi, se battre, mais il en était tout bonnement incapable.
Pas alors qu'il venait tout juste d'apprendre que son évasion dont il était si fier n'était peut-être même pas réelle, n'était qu'un jeu de plus de la part de son grand-père.
Il ne vit donc pas une épée se diriger vers lui, arrêtée au dernier moment par celle d'un des autres combattants.
« Je peux savoir ce que tu fabriques au juste ? »
Ce ne fut qu'en entendant la voix profondément exaspérée du capitaine Crochet que Neal réalisa une chose.
Il venait de lui sauver la vie.
Une fois de plus.
Il n'eut aucune réponse à lui offrir, et en voyant les enfants perdus prendre la fuite, l'ancien garçon perdu se sentit moins soulagé qu'il n'aurait dû l'être.
Parce que son cerveau restait bloqué sur une toute petite phrase qui remettait en doute tout ce qu'il avait toujours cru savoir de lui-même et de l'île du Pays Imaginaire.
Seulement parce que je t'ai laissé partir.
En y repensant il sentit son estomac se retourner, parce que si c'était vrai, si c'était vrai…
Ça impliquait tellement de conséquences qu'il ne préférait pas y penser à vrai dire.
Killian se retourna vers lui et en voyant l'expression de son visage, il fronça les sourcils.
« Hé, est-ce que ça va ? Lui demanda-t-il, visiblement inquiet.
Neal ne lui répondit rien, non pas parce qu'il ne voulait pas lui parler mais parce qu'il savait que s'il lui expliquait tout, il allait s'effondrer et ce n'était définitivement pas le moment.
- Merci, se contenta-t-il de répondre une fois qu'il eut retrouvé sa voix, essayant d'effacer la voix de Peter Pan de sa tête. »
En vain.
Seulement parce que je t'ai laissé partir.
Si c'était vrai alors dans ce cas-là une seule question lui venait à l'esprit là tout de suite.
Pourquoi ?
§§§§
Voir tous ces enfants perdus lui avait fait l'effet de se regarder dans un miroir.
Et Emma Swan ne pouvait qu'admettre une chose, c'était une sensation plutôt désagréable.
Quand elle les avait regardés droit dans les yeux, elle s'était vue elle-même, celle qu'elle était enfant, celle qu'elle aurait pu devenir en arrivant sur cette île si l'ombre l'avait emportée, et peut-être avait-elle rêvé de cela autrefois.
Mais c'était avant, bien avant de connaître l'étendue des ténèbres qui peuplaient ce monde, avant de savoir.
Maintenant elle savait, mais ça ne changeait rien.
Ils étaient des orphelins.
Tout comme elle l'avait été.
Tout comme elle l'était sans doute encore, elle qui se réveillait parfois la nuit en étant persuadée qu'au matin elle se retrouverait à nouveau seule.
Elle avait retrouvé ses parents, oui, mais ça ne changeait rien à ce qu'elle avait perdu, à ce qu'elle ne retrouverait jamais.
Et le fait qu'ils aient tous survécu à ce combat sans être grièvement blessés ne changeait rien non plus à ce qu'était pour l'instant leur expédition.
Un véritable fiasco.
A suivre…
