Me revoilà ! vous voyez, je vous avais dit que ça ne serait pas long ^_^

Je vous remercie infiniment pour les reviews et les commentaires que j'ai déjà reçus, ainsi que toutes les notifications de suivi de la fic ! à peine un tout petit chapitre et vous êtes déjà accro, je suis toute émue *_*

J'espère que la suite sera à la hauteur de vos attentes !

parce que c'est indispensable, je précise que les personnages et l'univers abordés dans cette fanfiction ne m'appartiennent pas et sont la propriété de Marvel Comics, Hollywood et tout le tralala...

Seul le personnage d'Abigaïl "Abie" Northman est ma possession jalouse et exclusive ^^ comme j'en ai l'habitude, j'ai donné un visage à mon personnage. Dans ma tête, Abie est incarnée par la sublime Jennifer Lawrence (Raven/Mystique dans X-Men : Le commencement, et plus récemment Katniss dans Hunger Games).

.

Enjoy !

.


.

Le chemin du retour s'était fait dans un silence total, relativement pesant et oppressant pour Abie, pourtant habituée à être une solitaire. Mais Jane avait été claire, quelques semaines auparavant quand elle l'avait contacté pour cette « mission » : Loki était un homme agressif, hargneux et plein de colère et de mépris, notamment pour les humains. Il faudrait du temps pour espérer obtenir ne serait-ce qu'un soupçon de politesse de sa part.

Aussi, la jeune femme n'avait même pas essayé d'engager la conversation. Ses années d'expérience au centre de réinsertion carcérale lui avaient enseigné que ces hommes, plus brisés qu'autre chose, avaient besoin parfois de beaucoup de temps. En tout cas, une première approche quelques heures seulement après sa « prise en charge » n'apporterait absolument aucune pierre à son édifice. Abie resta donc silencieuse pendant tout le trajet, s'autorisant seulement l'écoute en sourdine de musique classique sur son radio-cd. Un peu de Bach, un peu de Beethoven, un peu de Brahms… A défaut de détendre l'atmosphère, les majestueuses mélodies de piano, violons et cuivres lui conféraient calme et sérénité.

Elle en oubliait presque son passager, toujours immobile et silencieux. Si ce n'était la douce odeur boisée qu'il émanait. Abie se demandait si cela venait de ses vêtements. Ils avaient un adoucissant senteur sapin chez les Dieux ? En tout cas, Loki restait muet.

Amusant comme un homme tel que lui, prompt à user du fiel que pouvait déverser sa bouche et son esprit agile, gardait le silence après deux ans de confinement. Mais Abie s'en moquait. Inutile de l'énerver maintenant, il était tard, elle avait sommeil et elle ne le connaissait pas. Enfin, pas plus que tout ce que lui en avait dit Jane. Qui en avait dressé un portrait absolument terrifiant.

Ils arrivèrent finalement dans la banlieue de Tucson, Arizona, où vivait Abie. Peinant à retrouver une place puisque tous les résidents étaient rentrés de leur travail, elle mit près de vingt minutes à tourner dans le quartier avant de dénicher une place à quatre cent mètres de son immeuble. En pestant, elle claque la portière et ne vérifia pas si son « prisonnier » prenait la peine de sortir du véhicule. Elle entendit la porte passager claquer à son tour alors qu'elle s'éloignait, et d'un geste négligent elle activa la fermeture centralisée de la voiture tout en poursuivant son chemin.

La jeune femme résista à l'envie de tourner la tête pour vérifier si Loki la suivait bien. Et s'il tentait de s'enfuir ? S'il prenait la poudre d'escampette alors que Jane et Thor venait à peine de le lui confier, elle allait avoir des ennuis. Mais elle devait appliquer sa règle numéro une : faire confiance. C'est par la confiance que passerait le début de leur collaboration. Aussi la jeune femme ne se retourna pas et arriva sous le porche de l'entrée de son domicile. Fouillant un moment dans son sac, elle sentit une présence derrière elle, enveloppée d'une senteur boisée. Bien, il l'avait donc suivi.

Abie sortit ses clés et ouvrit la porte, avant de s'engager dans l'escalier. De furtifs bruissements d'étoffe quelques marches derrière elle lui indiquèrent que le dieu déchu la suivait toujours. La jeune femme fut surprise de constater à quel point il pouvait être silencieux. A coté de ses pas discrets, elle ressemblait à une éléphante. Pinçant les lèvres, elle parvint devant sa porte d'entrée et entra dans son appartement. Elle tint obligeamment la porte ouverte pour céder le passage à Loki. Celui-ci lui adressa un bref regard neutre. Ça changeait des yeux « t'es qu'une merde » songea la jeune femme… Il n'hésita qu'un bref instant et pénétra dans le hall, Abie a sa suite. Elle verrouilla la porte, se débarrassa de ses baskets en les jetant sans ménagement dans un coin du couloir et se dirigea dans le salon sans un regard pour son invité. Il la suivit donc.

Tout en se rendant à la cuisine, Abie entreprit d'enlever son gilet, qu'elle jeta sur le canapé par-dessus le bar. Elle ouvrit le frigo et en sortit deux petites bouteilles d'eau minérale. Se tournant vers Loki, debout au milieu du salon qui semblait inspecter les lieux, elle lui en jeta une, qu'il attrapa sans même un regard le bras tendu. Abie retint un petit sursaut. Il était rapide le bougre. Et précis, pour attraper un objet en plein vol, sans même le regarder.

« Vous essayez de me blesser ? » lâcha-t-il d'un ton glacial.

« C'est de l'eau. Mais si vous n'en voulez pas, vous pouvez déposer cette bouteille sur la table basse. Rien ne vous oblige à accepter, mais nous roulons depuis deux heures et je doute que « Air Asgard » ne vous ait fourni de quoi boire et manger pendant le vol. » Affirma Abie, une note de cynisme dans la voix. Elle crut déceler l'ombre d'un sourire sur le visage impassible du dieu, mais cette fugace image disparut aussi vite qu'elle était apparue.

« Avez-vous faim ? » poursuivit-elle en fouillant dans son frigo. Heureusement qu'elle était allée faire des courses la veille. « J'imagine que la cuisine divine doit avoir un goût sensiblement différent de celle que peuvent proposer mes misérables compatriotes, cependant il faudra vous en contenter. »

« Inutile de perdre votre temps avec moi, humaine. Vous avez raison, votre nourriture est passablement infecte, et de toute façon je mange très peu. Et je ne doute pas que quoique vous sortiez de cette boite blanche, cela sera immangeable. Ou dangereux. »

« Cette boite blanche est un frigo. Je ne comptais pas vous empoisonnez, de toute façon. » Continua Abie, imperturbable. « Très bien, jeûnez si le cœur vous en dit. » elle se redressa, un pot de fromage blanc à la pêche dans les mains. Fermant la porte d'un coup de hanche, elle se saisit d'une grosse cuillère dans l'égouttoir et déposa le tout sur le bar avant de le contourner pour se rendre dans le salon.

« Si vous voulez bien me suivre, je vais vous montrer votre chambre. » encore une fois, elle ne vérifia pas qu'il la suivait, et la jeune femme s'engagea dans le couloir.

Son appartement était plutôt spacieux, puisque jusqu'au mois dernier, elles étaient deux à y vivre. Mais Clarisse, sa colocataire qui faisait des études à Tucson, venait d'obtenir son Master et ayant intégré un institut de Phoenix pour sa thèse, avait déménagé. Quand elle avait accepté la mission, Abie s'était empressée de redécorer la chambre le plus simplement possible.

Elle ouvrit la porte et alluma la lumière, cédant une nouvelle fois le passage à Loki. Celui-ci hésita, retint un soupir et entra dans la chambre.

La pièce était relativement grande, ses murs d'un blanc crème uniforme orné de fins liserés verts. Sans le vouloir, Abie avait utilisé la couleur du Dieu des mensonges, et ce dernier afficha un maigre sourire en coin. Contre le mur opposé à la fenêtre se trouvait un lit et une table de chevet surplombée d'une lampe. Une armoire et un bureau de couleur acajou complétait le mobilier simpliste de la chambre.

Abie désigna l'armoire.

« Vous y trouverez des vêtements de rechange. Ils m'ont été fournis par Jane et votre frère, ils devraient être à votre taille, et sont d'une sobriété extrême. Rien d'ostentatoire, rien de diaboliquement humain. J'ose espérer que cela vous agréera. »

Loki se retourna pour la dévisager, l'air neutre mais toujours un reflet hautain habitant ses fascinants yeux verts.

« Thor n'est pas mon frère. Daignez-vous en souvenir, si votre ridicule petite cervelle en est capable. » Siffla-t-il.

Abie conserva un visage d'une neutralité absolue et le fixa de ses prunelles grises. Acier contre émeraude.

« Mon cerveau dispose d'une taille tout à fait normale et, je présume, de dimensions sensiblement similaires au votre. Je suis donc capable de mémoriser cette information sans mal. » Claqua la jeune femme d'une voix froide.

Elle vit Loki froncer très légèrement un sourcil.

« Cessez de faire cela. »

« De faire quoi ? »

« De vous exprimer comme si vous étiez hautement savante, ou de grande noblesse ou je ne sais quoi d'autre. Tout ce vocabulaire sophistiqué, ces phrases alambiquées… Ne vous fatiguez pas à avoir l'air de ce que vous n'êtes pas.» poursuivit-il sur un ton méprisant.

Abie se redressa.

« C'est pourtant ma façon habituelle de parler. Nul besoin d'être de grande noblesse ou hautement savante. Ce n'est pas parce que la majorité des habitants de ma planète ne s'en donnent pas la peine que je dois mal m'exprimer. Sachant le… milieu d'où vous venez, je pensais que ma façon de parler vous conviendrait. Et même si je ne fais pas ça pour vous plaire, je ne me mettrais pas pour autant à devenir grossière pour vous agréer. Et d'ailleurs, que suis-je, au juste, puisque vous suggérez que je me dissimule ? »

Loki s'approcha d'elle lentement, et lorsqu'il fut près de la toucher, Abie sentit la peur l'envahir. Elle recula d'un pas, puis de deux. Il s'avançait toujours et elle se retrouva coincée contre le mur. Le Jotun se trouvait à quelques centimètres d'elle, la dominant de toute sa taille, un rictus de dégoût sur les lèvres.

« Tu n'es qu'une misérable humaine. » claqua-t-il, la tutoyant. « Tu n'es rien, rien qu'un parasite, un être sans intérêt. Je ne ressens pour toi que répugnance, et te voir t'adresser à moi de façon si professorale et hautaine me donne une irrépressible envie de te gifler jusqu'à ce que tu perdes connaissance. »

Abie ne l'avait pas quitté des yeux, les mains serrées contre son ventre, l'estomac noué par l'angoisse. Du pouce, elle effleura la chevalière qui ornait son majeur droit. Effleura seulement. Elle ne devait pas céder à la panique. C'était le test qu'elle attendait. Tous les hommes dans son cas y venaient à un moment et elle avait déjà vécu cette situation au centre de réinsertion. Elle s'efforça de calmer les battements de son cœur et fut soulagée de voir que sa voix ne tremblait pas.

« Vous pouvez dire ce qui vous plaira à mon sujet. Je sais qui je suis et ce que je vaux. Je ne changerais ni ma façon d'être, ni ma façon de parler, ni mon quotidien pour complaire à vos idéaux. N'oubliez pas qu'ici, c'est vous qui n'êtes rien. Vous n'êtes plus sur Asgard. Vous n'êtes plus magicien, ni Dieu, ni quoique ce soit d'autre qu'un homme en liberté conditionnelle. Je ne suis pas là pour vous aider, comme je vous l'ai dit. Je suis juste un guide, une ombre à vos cotés. Que vous l'acceptiez ou non. » Elle reprit son souffle alors qu'il pencha la tête vers son oreille. Abie se figea.

« Je ne possède plus ni magie, ni pouvoirs qui étaient les miens avant. Cependant, je pourrais te battre à mort sans difficulté. Te ruer de coups jusqu'à ce que tes organes explosent à l'intérieur de ton corps. Peu m'importe que tu sois une femme, je te frapperais quand même. Ou bien, malgré le dégoût que tu m'inspires, rien que pour le plaisir de ta torture, je pourrais te violer, encore et encore, jusqu'à ce que tu me supplies de te tuer pour mettre fin à ton calvaire. Non seulement je le pourrais, mais je le ferais sans l'once d'un remord ni d'une hésitation. » Murmura Loki à son oreille, d'un ton doucereux.

« Si le plaisir vous en dit, bien que je ne me laisserais pas faire, je ne pourrais pas vous en empêchez, comme vous me le faites si bien remarquer. Je connais les dangers auxquels je m'expose en acceptant le rôle que m'a confié Thor. Mais aussi intense soit la satisfaction de me tabasser et de me culbuter sauvagement, à l'instant même où vous finirez de vous faire plaisir, ce sera pour voir votre liberté vous être arrachée et vous finirez votre interminable existence dans une boite, sans lumière ni parole. Je n'y connais rien, mais je crois que l'éternité, c'est terriblement long. » Lui murmura Abie en retour.

Elle marqua une pause, et reprit, d'un ton ferme malgré sa peur.

« Je sais que vous ne le ferais pas. Parce que je vous répugne, parce que je lis le dégoût dans vos yeux quand vous me regardez. Parce que vous tenez trop à cette médiocre liberté, même sur un monde que vous détestez, pour mettre un terme à cette indépendance de façon aussi stupide que celle que vous venez de m'énoncer. Maintenant, si vous le permettez… » Elle se redressa et le repoussa fermement sans ménagement. Il consentit à reculer de deux pas, l'air furieux. « Puisque nous avons dignement fait connaissance, je vais aller me coucher. »

Abie lui tourna le dos et se dirigea vers la porte. Avant de la franchir, elle fit volte face, contemplant Loki qui serrait les poings, en proie à une grande colère.

« Il est inutile de vous préciser que si vous essayez de quitter les lieux, vous mettez un terme à votre liberté. Et je ne doute pas du dégoût que je vous inspire pour avoir une nuit paisible sans craindre quoique ce soit pour ma vertu. Sur ce, je vous souhaite malgré tout une bonne nuit. » Et elle tourna les talons.

Loki gronda.

« Je te déteste, foutue femelle. Tu me le paieras un jour.»

Abie consentit à se retourner une fois encore avant de bifurquer dans le couloir.

« La réciproque est également vraie, très cher. » elle ferma la porte du couloir, le laissant seul.

Une fois dans le salon, Abie s'adossa contre le mur et se permis une grande inspiration. Elle tremblait de tous ses membres. Fermant les yeux, elle compta mentalement jusqu'à dix en tâchant de contrôler les battements frénétiques de son cœur. Son décompte terminé, elle ouvrit les yeux et expira longuement. La tension qui l'occupait se relâcha légèrement et la jeune femme se redressa.

Avisant le pot de fromage blanc resté sur le bar, elle s'en saisit et alla s'installer dans son canapé. Songeuse, elle entreprit de vider méthodiquement le pot à grand coups de cuillère à soupe. Lorsqu'elle eut consciencieusement raclé les bords, elle reposa le récipient vide et son couvercle et cala sa tête sur le dossier du sofa.

Finalement, ça s'était plutôt bien passé, non ?

.


.

Après ces débuts quelque peu hauts en couleurs, les jours qui suivirent l'installation de Loki chez elle n'apportèrent aucun changement notoire dans le quotidien de la jeune photographe. Cela faisait déjà quatre jours que le dieu déchu avait débarqué et elle ne l'avait pas revu depuis cette si charmante discussion le soir de son arrivée.

Après cette altercation, Abie était allée se coucher plus ou moins sereinement. Elle avait pris soin de fermer sa chambre à clé, de barricader la porte avec la chaise de son bureau et de dormir avec son taser et une bombe lacrymogène. Juste au cas où. Quelle fille célibataire et sensée ne dormait pas avec un taser ? Épuisée mentalement, la jeune femme s'était endormie assez rapidement. C'est le coup de fil matinal que lui passa Jane qui la tira de son lit, la tignasse en bataille et le regard paniqué avant qu'elle ne comprenne que cet affreux bruit strident était sa sonnerie de téléphone. Pour sûr, il y avait plus délicat que le refrain de Highway to Hell d'AC/DC comme réveil-matin. Après avoir rassurée sa cousine et lui certifier qu'elle n'avait subi aucune tentative de meurtre de la part de son invité spécial, et passant volontairement sous silence les menaces dont il l'avait abreuvé, Abie promit à Jane qu'elle l'appellerait tous les jours pour la tenir informée.

Pour la suite, Abie, qui ne tenait pas à aller frapper à la chambre de son si sympathique colocataire, avait rédigé à son intention une sorte de notice technique à son intention. Après tout, au vu de ce que lui avait raconté Jane – aidée par Thor – la vie sur Terre était quelque peu différente du quotidien d'un Asgardien, dieu – même déchu – de surcroît.

La jeune femme avait donc écrites de courtes notes qu'elle avait scotchées un peu partout dans l'appartement. De la sorte, même en son absence, elle était à peu près assurée de ne pas rentrer pour trouver son domicile en proie à un incendie, une inondation ou une invasion de rongeurs…

Abie avait beaucoup de travail en tant que photographe et archiviste-documentaliste pour l'Institut de photographie de Tucson. Aussi, elle avait du s'absenter plusieurs heures par jour, et laisser Loki totalement livré à lui-même. Après tout, il ne représentait plus vraiment de danger, privé de tout pouvoir et magie... Il n'était plus qu'un homme comme un autre. Et cela n'allait pas pour lui plaire.

.

Lorsque que la jeune femme l'avait effrontément remballé et laissé seul, Loki avait contenu difficilement un cri de rage. Oh comme il aurait voulu étrangler de ses mains cette misérable humaine ! Serrer son adorable petit cou jusqu'à ce qu'elle devienne violette ! Eut-il encore possédé la moindre magie qu'il aurait pris plaisir à enflammer ses vêtements pour la voir brûler vive. Imaginer les flammes dévorer ses charmants cheveux bruns, la voir se débattre en hurlant, voilà quelque chose qui aurait été plaisant ! Au lieu de ça, il avait du se contenter d'une banale insulte, la rage bouillonnant dans ses veines.

Frustré et en colère, le dieu déchu avait fini par claquer la porte de la chambre et s'était assis sur le lit. Il ferma brièvement les yeux pour tenter de retrouver son calme. Lorsqu'il les rouvrit, il les posa nonchalamment sur l'armoire qui faisait face au lit. Agacé, il se leva et ouvrit les portes du meuble.

Comme l'avait dit l'humaine, quelques piles de pulls, tshirts et pantalons reposaient sur les étagères. Sur la penderie étaient accrochés plusieurs cintres de chemises blanches, grises et noires, une ou deux cravates, des vestes et des gilets. Il soupira devant l'allure misérable de ces fripes, et claqua la double-porte. Avisant le bureau, il alla ouvrir les trois tiroirs qui en composaient le pied droit. Des feuilles de papier, quelques stylos et crayons, un ou deux carnets. Il pourrait peut-être poignarder cette insupportable femme avec un feutre ?

Secouant la tête avec irritation, il éteignit le plafonnier et alluma la lampe de chevet. Une douce lumière tamisée emplit alors la pièce. L'asgardien retourna s'asseoir sur le lit, plongé dans la contemplation de ses chaussures. Le dieu déchu était définitivement coincé ici, inoffensif et contraint à l'oisiveté, à attendre que passent les jours. Et à subir cette détestable humaine. En soupirant, il se prit la tête dans les mains, avant de s'allonger, tout habillé, sur le lit.

Loki contempla longtemps le plafond blanc, s'appliquant à ne penser à rien, et finit par s'assoupir.

C'est le silence le plus absolu dans lequel il baignait qui le tira du sommeil dans un sursaut. En un instant, il se retrouva debout sur ses jambes, aux aguets. S'étant relevé trop vite, un rideau noir envahi son regard et il chancela. Se rattrapant contre le mur, Loki attendit quelques instants que sa vue lui revienne. Maudite faiblesse de ce corps humain ! Lorsque la lumière perça de nouveau le voile de ses rétines, il vit qu'il faisait déjà jour dehors. Et un soleil radieux. Maussade à peine debout, il tendit l'oreille. Tout n'était que silence. L'humaine ne semblait pas être dans l'appartement.

Méfiant, il se dirigea le plus silencieusement possible jusqu'à la porte de sa chambre et l'entrouvrit sans bruit. Rien ne laissait supposer que la jeune femme fut encore sur place. En soupirant, il ouvrit la porte et sortit de la pièce. Le couloir était éclairé par le flot de soleil qui pénétrait la baie vitrée du salon. Pieds nus, il allait s'engager dans le hall quand il vit, sur la porte faisant face à la sienne, un papier accroché sur le chambranle. Intrigué, il s'approcha.

« Cher Loki. Thor a assuré à ma cousine que vous étiez suffisamment au fait des technologies et usages humains. Aussi je suis rassurée de ne pas à devoir vous expliquer comment fonctionne la douche, ou à quoi sert le shampooing, savon ou autre tasse à café. Vous comprendrez que dans l'idée d'organiser notre vie quotidienne, il est indispensable de respecter quelques règles, je me permets de vous expliquer certaines choses.

Vous trouverez dans la salle de bain, qui se trouve derrière cette porte, une étagère de l'armoire qui vous est entièrement consacrée. Produits de toilettes, serviettes de bain… tout cela vous est destiné. N'hésitez pas à me faire remarquer si quelque chose venait à vous manquer. Pour votre gouverne, les WC se trouvent juste sur votre gauche, entre la salle de bain et l'entrée.

Dans la cuisine, et plus précisément dans le frigo (la boite blanche d'hier soir), vous trouverez de quoi vous nourrir. Dans l'hypothèse farfelue où vous souhaiteriez préparer vous-même votre repas (les princes d'Asgard reçoivent-ils seulement des cours de cuisine ?), vous trouverez dans les placards ustensiles de cuisine et ingrédients divers. Je vous prierais de déposer dans le lave-vaisselle (l'autre boite blanche qui se trouve sous l'évier) tout ce que vous utiliseriez, une fois que vous n'en aurez plus besoin.

La télé est à votre disposition dans le salon. Je paie une fortune pour recevoir via le câble plus de deux cent chaînes. Je serais ravie que mon abonnement soit rentabilisé pour votre plaisir.

Inutile de vous rappeler qu'il vous est formellement interdit de sortir de l'appartement sans moi, ni même de songer à planifier mon meurtre.

Je serais de retour vers dix neuf heures. Ainsi je ne vous prends pas en traitre et si vous ne souhaitez pas me voir, vous saurez à partir de quand vous devrez rester cloitré dans votre chambre. Sachez cependant que je suis toute disposée à vous croiser, répondre à vos questions ou juste discuter. Il est évident que s'insulter ne rentre pas dans cette dernière catégorie.

Bien cordialement,

Abie »

Rageur, Loki arracha la feuille de papier et la froissa furieusement entre ses mains avant de la jeter dans un coin. Il allait retourner dans sa chambre quand un grondement effroyable se fit entendre. Le dieu déchu sursauta et se tint sur ses gardes en regardant partout autour de lui, avant de prendre conscience que ce bruit provenait de son propre estomac. Un sentiment intense de colère et d'humiliation le prit aux tripes. Il s'aperçut dans la foulée qu'il avait une envie pressante. Jamais auparavant ce genre de futilité ne l'avait ainsi déconcentré ! L'asgardien lâcha une bordée de jurons en ouvrant la porte des toilettes.

Quelques instants plus tard, soulagé au moins d'un de ces besoins primaires de faible humain, Loki soupira et se rendit dans la cuisine. Ouvrant le frigo, il hésita et finalement, sortit un peu de tout, fouilla dans les placards pour trouver couverts et assiettes et s'attabla pour un copieux petit déjeuner.

Une fois rassasié, il prit soin de laisser trainer sa vaisselle sale sur le bar, renversa volontairement la moitié du jus d'orange contenu dans son verre et satisfait, décida que finalement une bonne douche chaude serait la bienvenue. Il serait toujours temps de transformer la salle de bain en piscine après tout.

Cette humaine voulait le prendre pour un imbécile impotent et demeuré ? Fort bien. Il allait la rendre hystérique.

Cette pensée lui arracha un sourire cynique et il quitta la cuisine, enthousiaste.

.


.

Abie se doutait bien qu'une fois la première phase « colère-agression-résignation » passée, suivrait celle de la provocation.

Bouillonnante de colère, elle lessiva sa salle de bain à grands coups de serpillère et de torchons, passa dix minutes à ranger le chaos qui régnait dans la cuisine, lava à la main les couverts et les assiettes pleins de nourriture séchée, jeta à la poubelle tous les produits frais que son « invité » avait sorti pour son déjeuner mais qu'il n'avait pas pris la peine de remettre au frigo et s'autorisa enfin, à près de vingt et une heures, à se laisser tomber dans son canapé. Elle n'entendait aucun bruit venant de la chambre du dieu déchu. Tant mieux. Cela lui éviterait de faire l'effort de ne pas lui coller son poing dans la figure.

.

La semaine se déroula chaque jour à l'identique, l'asgardien semblant s'évertuer à mettre le bordel dans tout son appartement dans le but évident de la rendre hystérique. Plaisir qu'elle ne lui accorderait pas. D'autant plus qu'ils ne se voyaient absolument jamais, le dieu déchu ne sortant de sa chambre qu'une fois la jeune femme absente. Le manque de réaction physique et verbale de la jeune femme agaça Loki. Cette idiote aurait déjà du craquer et s'en prendre à lui, surtout après qu'il ait laissé la porte du frigo ouverte toute la journée, rendant ainsi son contenu immangeable. Il y avait pris un malin plaisir, d'autant que la jeune femme l'avait rempli la veille.

Il commença à se lasser. Elle n'avait pas eu la réaction qu'il attendait d'elle, et cela s'avérait de moins en moins drôle. Rendre la vie impossible aux autres n'avait de drôle que leurs réactions disproportionnées à son égard en retour. La jeune femme réparant patiemment ses erreurs, Loki ne profitait d'aucun éclat de voix, d'aucune remontrance, d'aucune crise d'hystérie. Petit à petit, il se lassa, au grand soulagement d'Abie.

Il continua cependant à inonder copieusement la salle de bain après chaque douche. La jeune femme ignorait que pendant qu'elle se trouvait totalement trempée et à quatre pattes pour éponger toute l'eau qu'il avait volontairement déversée sur le sol en pataugeant dans son bain, le dieu déchu entrebâillait la porte de sa chambre et la reluquait sans aucune vergogne. Ce n'était qu'une pitoyable humaine, mais une humaine agréable à regarder. Il était toujours plaisant de voir ses vêtements de détente – la jeune femme troquait sa tenue de ville pour un leggin et un débardeur gris quand elle rentrait chez elle – complètement imprégnés d'eau, et donc relativement moulants et transparents Après tout, il n'était pas le dieu de la malice pour rien. Et quoi de plus malicieux que de reluquer une belle femme à moitié nue et toute mouillée ?

C'était le seul plaisir que Loki s'accordait dans cette insupportable et terne existence confinée.

Lorsqu'Abie était absente, il s'aventurait hors de sa chambre et s'installait quelquefois pendant plusieurs heures sur le bord de la fenêtre. Songeur, il observait les passants, regardait les gens entrer et sortir des boutiques, s'apostropher parfois dans la rue, s'ignorer la plupart du temps. Partagé entre l'indifférence, le dédain et la curiosité, il observait la masse grouillante des passants, ces ridicules et éphémères humains. Parfois un visage, une posture, une silhouette retenait son attention et il tentait de deviner ce que cachait cet humain derrière la façade terne de son existence.

Quand il était suffisamment agacé d'observer ces insectes, il fouinait dans l'appartement sans aucun scrupules. Il s'interrogeait sur l'utilité et la provenance des bibelots, contemplait pensivement les photos et les reproductions de peintures accrochés aux murs, fouillait dans les tiroirs et les papiers. Seule la chambre d'Abie lui restait interdite, la jeune femme ayant verrouillé sa porte à double tour en installant un verrou supplémentaire. Un jour, il forcerait la porte. Mais il se gardait cette action de coté, pour plus tard, quand il aurait envie de la rendre folle de rage.

Curieux, il passa plusieurs heures à regarder les multiples photos que la jeune femme stockait dans des albums ou des pochettes à dessins. Certains clichés retenaient son attention. D'autres, étrangement, lui rappelait des moments de son passé, de sa vie d'avant. Parfois, il tombait sur une photo particulièrement belle et saisissante et il pouvait demeurer ainsi, pendant une heure, à inspecter chaque détail, chaque grain, chaque variation de couleur et d'éclairage.

La plupart étaient signées au dos, de son nom. Malgré l'agacement et l'envie de la frapper qu'il ressentait, le dieu déchu ne pouvait nier que la jeune femme avait un sacré coup d'œil.

Quand Loki en avait marre de fouiller, il se plantait devant le pan de mur du salon occupé par une immense étagère couverte de livres. Il y en avait de toutes les tailles, des livres illustrés aux romans de poche, des reliures brochées aux bd. Parfois, il se saisissait d'un ouvrage et en lisait quelques lignes. Parfois quelques pages. D'autre fois encore, il emmenait le livre dans sa chambre et passait la nuit à le lire, avant de le redéposer à sa place sur l'étagère, en tout discrétion.

Mais toujours, il s'arrangeait pour ne pas croiser l'humaine, ni même être obligé d'avoir à lui adresser la parole.

Cependant, Loki s'ennuyait de plus en plus.

Et puis, un matin de la troisième semaine de son arrivée sur Midgard pour purger son humiliante punition, la situation dérapa.

.


.

Ouiiii, je sais, c'est affreusement vilain de couper le chapitre comme ça ! je vous donne l'autorisation de me taper dessus avec un casque de tête de bouc mdr.

La suite ne viendra probablement qu'en fin de semaine/week-end prochain, pour la bonne et simple raison qu'elle n'est même pas encore écrite v_v

N'hésitez pas à me dire ce que vous avez pensé de ce chapitre, vos commentaires etc...

Merci ^^

.