Me revoilà ! j'avais dit 'fin de semaine' mais j'ai fini le chapitre hier soir, j'ai passé la journée à y revenir pour le retoucher ça et là, je sais que je suis capable de continuer comme ça pendant encore des heures alors je pense que je ferais mieux de le publier de suite v_v
Je pense avoir éliminé la majorité des fôtes, cependant, malgré mon vaniteux et fort correct niveau en orthographe, je ne suis pas infaillible et m'en excuse d'avance ^^ (je n'ai pas de bêta).
Je tenais à vous remercier infiniment, tous ceux qui ont pris la peine de laisser une review (je pense avoir répondu à chacun d'entre vous, du moins les non-anonymes), ça me fait super chaud au coeur et m'encourage vivement pour la suite ! Je remercie également les silencieux qui ajoutent ma fic en suivi ^^
parce que c'est indispensable, je précise que les personnages et l'univers abordés dans cette fanfiction ne m'appartiennent pas et sont la propriété de Marvel Comics, Hollywood et tout le tralala...
Seul le personnage d'Abigaïl "Abie" Northman est ma possession jalouse et exclusive ^^ comme j'en ai l'habitude, j'ai donné un visage à mon personnage. Dans ma tête, Abie est incarnée par la sublime Jennifer Lawrence (Raven/Mystique dans X-Men : Le commencement, et plus récemment Katniss dans Hunger Games).
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Enjoy !
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Il était huit heures du matin et l'humaine avait claqué la porte sans délicatesse aucune. Loki avait constaté que depuis plusieurs jours, elle ne prenait absolument plus de précaution pour être discrète et il soupçonnait qu'elle le faisait exprès pour le réveiller. Manque de chance pour elle et ses pitoyables tentatives pour l'agacer, le dieu déchu était déjà debout depuis une heure lorsque cette idiote quittait son domicile. Il se saisit de sa serviette et ouvrit la porte de sa chambre pour se rendre sous la douche.
Après une vingtaine de minutes à profiter du jet d'eau chaude, non sans avoir pris soin d'éclabousser copieusement tout autour de lui – il s'était aperçu qu'en laissant la cabine de douche ouverte, la tâche en était grandement facilitée – il ferma les robinets et sortit prudemment du bac. La semaine passé, il avait glissé sur le carrelage inondé et s'était rattrapé sans aucune élégance au lavabo, manquant de se feindre le crâne. Aucune envie de risquer à nouveau sa vie de façon aussi ridicule. Après avoir énergiquement séché longs cheveux sombres, l'asgardien enroula sa serviette autour de sa taille, et ouvrit la porte de la salle de bain.
Il fit un bond en arrière et retint de justesse un cri de surprise – qui aurait été fort peu digne de sa personne.
Face à lui dans le couloir se tenait Abie, un balai serpillère à la main.
Celle-ci risqua un regard sur le torse dénudé et constellé de goutes d'eau du dieu déchu et releva les yeux en se raclant la gorge, dissimulant un léger rougissement.
« Surprise ! » lança-t-elle d'un ton cinglant.
Loki lui lança un regard meurtrier.
« Qu'est-ce que vous faites là ?! »
« Jusqu'à preuve du contraire, j'habite ici. J'ai pris une journée de repos. »
« J'ai entendu claquer la porte d'entrée ! »
« Oh, ça ! Une petite mise en scène… » Répondit Abie, une froide expression sur le visage.
« Qu'est-ce que vous voulez ? » Questionna le Jotun d'un ton fort peu aimable, furieux qu'elle se soit ainsi jouée de lui.
« Voyez-vous, je suis plus que fatiguée de nettoyer vos bêtises. Aussi, je venais vous signifier que dès aujourd'hui, c'est fini. Je ne passe plus après vous dans la salle de bain. Alors, soit vous tâchez de prendre une douche comme un être civilisé, ce que je pense que vous êtes malgré votre effroyable caractère, soit vous apprenez à vous servir d'une serpillère. » Acheva-t-elle en lui tendant son balai.
Loki la regarda, furibond.
« Une serpillère ? »
« Oui, une serpillère. C'est un tissu qui sert à éponger les… »
« Je sais ce qu'est une serpillère, misérable idiote ! Tu me prends pour un imbécile ? » Cracha-t-il.
« Loin de moi cette idée. Si vous savez ce que c'est, alors peut-être savez-vous vous en servir. »
« Mais pour qui me prends-tu ? Un domestique ? »
Abie sentit la moutarde lui monter au nez.
« Et TOI, espèce de teigneux, tu me prends pour qui ? Ta bonne ? Une esclave ? Tu crois que je ne t'ai pas vu en train de me reluquer les fesses pendant que je nettoyais TES saletés dans MA salle de bain ? J'ai accepté de rendre service, pas de m'abaisser à rentrer dans ton jeu ! »
« Ne me parle pas sur ce ton. » menaça Loki d'une voix glaciale, s'approchant d'elle. Abie, ses prunelles grises flamboyantes de colère, recula néanmoins. Elle ferma brièvement les yeux et prit une grande inspiration par le nez, avant de planter son regard dans les émeraudes de l'homme qui la toisait.
« Oh non, ça suffit les menaces à la noix. La voix glacée, les yeux revolver et tout le tralala. J'en ai plus qu'assez. Vous n'êtes qu'un sale môme, puéril et enfantin. J'aurais pensé que votre condition de dieu millénaire tout-puissant, de prince et de je ne sais quoi, aurait eu raison de votre pitoyable envie de vengeance mesquine. J'ai eu tort de penser qu'à défaut de ne plus me mépriser, vous auriez eu au moins un minimum de respect. »
« Du respect ? Et pourquoi vous respecterais-je, petite idiote ? » Répondit Loki, néanmoins surpris par son changement de ton. Il avait enfin réussi à la faire sortir de ses gonds, la poussant même à le tutoyer et abandonner sa politesse alambiquée et pompeuse. Et voilà qu'elle revenait à de courtoises manières. Agaçante petite chose.
« Parce que j'ose espérer que c'est une valeur qui vous a été inculqué, vu votre statut, votre rang, tout ça. Parce que sur ma planète, quand quelqu'un vous offre le gîte et le couvert, prend soin de prendre compte de votre besoin de solitude en allant jusqu'à déserter dix heures par jour son propre domicile, on a au moins le soin de respecter cela. Pas de se conduire comme un enfant immature et capricieux en inondant quotidiennement la salle de bain pour le seul plaisir d'être mesquin, en gaspillant la nourriture qui vous est offerte, en bafouant l'hospitalité que je vous donne sans aucune contrepartie. Ça n'est pas correct. C'est insultant et offensant. » Acheva Abie, son timbre de voix passant de la colère à la lassitude. Elle soupira et croisa les bras, sans quitter Loki des yeux.
Celui-ci arborait une expression neutre et s'appuya nonchalamment contre le lavabo, toujours à moitié nu, enroulé dans sa serviette.
« Je ne vous ai strictement rien demandé. » Répliqua-t-il d'un ton froid.
« Je le sais pertinemment. Je ne vous demande pas grand-chose. Juste un minimum de respect. Je ne vous demande même pas de vous obliger à avoir une conversation avec moi, ni même de participer à la moindre tâche ménagère. Je suis là pour vous, pas contre vous. »
« Je n'ai pas besoin de vous. »
« Si votre fr… Si Thor n'avait pas intercédé en votre faveur, vous seriez encore cloitré dans une minuscule pièce sans fenêtre, cet affreux bâillon sur la bouche. »
« Oh, mais gloire à mon merveilleux frère pour m'avoir sauvé la vie ! » ricana Loki, méprisant.
« Je ne rends gloire à personne. Je sais ce que vous ressentez. Je veux juste… faire changer les choses. » A ces mots, le Jotun se redressa et une colère froide figea les traits de son visage.
« Vous ne savez rien de moi. Absolument rien. »
Abie soupira une nouvelle fois et décroisa les bras en reculant dans le couloir, l'air lassé.
« J'en sais suffisamment pour savoir, ou du moins imaginer, ce qui se passe en vous. Vous vous sentez blessé, trahi. Vous en voulez à la terre entière, ou plutôt dans votre cas, à tout l'univers. Vous vous en prenez à plus faible que vous parce que cela vous donne l'impression d'être quelqu'un. D'exister auprès de quelqu'un, même si c'est pour être méprisé, maudit, insulté. Vous êtes envieux et plein de colère parce que vous estimez que vos talents n'ont pas été reconnus à leur juste valeur. Alors vous avez fait ce que vous saviez le mieux faire : l'extrême, pour attirer l'attention. Mais ça ne marche pas comme ça. »
Loki dévisagea la jeune femme, l'air fermé et parfaitement silencieux. Celle-ci prit son silence pour une invitation à poursuivre.
« Vous savez, si Jane m'a proposé cette… mission, c'est parce qu'elle savait que j'étais capable de gérer un homme tel que vous. Du moins, avec un tel vécu. Oh, je ne prétends pas n'avoir jamais fréquenté un dieu déchu psychopathe. » Elle vit Loki afficher une grimace menaçante. « Cependant, des hommes en colère, prêts à tout pour se faire entendre et avoir le sentiment d'exister, j'en ai connu. Un, en particulier. »
« Que voulez-vous que ça me fasse ! » Lui répondit l'asgardien, agacé. Abie poursuivit.
« Il en voulait à chaque personne qu'il croisait. Pour tout et n'importe quel prétexte, il était en colère, jaloux, aigri. Rien ne lui apportait aucune satisfaction que la souffrance d'autrui, que la peur qu'il pouvait faire naître dans leurs yeux. Parce que leur peur lui donnait l'impression d'exister, et surtout, d'être quelqu'un. Il a commis beaucoup de choses affreuses, et bien entendu, il a fini par être condamné et a fini par écoper d'une peine de prison à perpétuité. Ça n'a pas apaisé sa rage ni sa haine. Ça les a exacerbées. Mais en prison, il ne vous est plus possible de jouer au plus fort. Parce qu'il y a des gens encore pires que vous. Alors un jour, à trop vouloir se frotter, il s'est brûlé. Enfin, plus exactement, il s'est fait battre à mort. Bien sûr, cela ne vous arrivera pas vous n'êtes pas en prison. Mais concernant cet homme, je regrette chaque jour de ne pas avoir pu l'aider. Il a toujours fait son possible pour refuser ma main tendue. Il s'est évertué à m'ignorer et à s'enfoncer toujours plus dans le chaos. La prison n'a rien arrangé, au contraire. Son cas était particulier il était déjà trop tard pour lui. Si quelqu'un s'était trouvé sur sa route avant qu'il n'atteigne le point de non-retour, peut-être que cela aurait pu changer quelque chose. Mais pour vous, malgré tout ce que vous avez déjà vécu et fait, je veux croire qu'il est encore possible de vous aider, de vous protéger. »
Abie prit une lente inspiration après son long monologue. Elle regarda à nouveau Loki, demeuré impassible.
« Et de quoi prétendez-vous me protéger ? » répliqua-t-il d'un ton plein de dédain.
« Mais… de vous-même, bien entendu. »
Loki paru surpris. La jeune femme vit une ombre pensive envahir ses traits, avant que son habituel masque de mépris ne reprenne sa place.
« Je n'ai besoin de personne. Et encore moins d'une… personne telle que vous. » Répondit-il avec dédain. Sans rien ajouter, il sortit de la salle de bain, obligeant Abie à se décaler pour pouvoir passer.
Il venait d'ouvrir la porte de sa chambre quand il fit volte-face vers elle.
« Cet homme, qui était-il ? Votre misérable petit ami je suppose ? »
La jeune femme lui adressa un sourire sans joie.
« C'était mon père. » Répondit-elle. Elle baissa la tête, ferma la porte de la salle de bain et s'en retourna dans le salon sans adresser le moindre regard à Loki.
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Le lendemain, lorsqu'Abie rentra chez elle après une intense journée de travail, la salle de bain était parfaitement sèche.
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La jeune femme crut que leur discussion avait solutionné le problème. Elle s'aperçut avec colère que celui-ci s'était juste déplacé de la salle de bain à la cuisine. Chaque jour, Loki semblait prendre un malin plaisir à laisser trainer vaisselle sale et emballages vides sur le comptoir ou dans le salon. Elle retrouva même des pots de yaourts à demi vidés entre les coussins du sofa. Furieuse, elle décida un soir de ramasser tous les déchets et de les entasser dans un sac poubelle, qu'elle déposa silencieusement devant la porte de la chambre du dieu déchu en quittant l'appartement le lendemain matin.
Loki ne s'était pas méfié et en allant prendre sa douche matinale. Il sortit de sa chambre et emporté par son élan, se prit les pieds dans l'obstacle, trébucha et se rattrapa comme il le put contre le mur en face. Fou de rage, il jeta un regard haineux sur le sac poubelle, et avisant le contenu de celui-ci, mit un violent coup de pieds dedans pour le projeter dans le salon, où il s'ouvrit sous le choc en répandant son contenu sur le sol.
Quand Abie s'aperçut de la chose le soir même, elle entra dans une rage folle et l'insulta copieusement tout en nettoyant les dégâts. L'asgardien l'entendit jurer pendant dix minutes, depuis sa chambre, et ne put retenir un sourire sarcastique. Plus tard dans la soirée, il l'entendit vaquer à ses occupations avant de se préparer pour la nuit. Lorsqu'il fut sûr de ne plus rien entendre, l'assurant que cette misérable humaine s'était cloitrée dans sa chambre, il sortit silencieusement de la sienne pour se rendre à son tour dans le salon. Il avait remarqué dans l'après-midi un livre dans la bibliothèque, qui pourrait occuper son insomnie chronique. Malgré le mépris et l'agacement que lui procurait cette maudite bonne femme, il ne pouvait renier qu'elle possédait des goûts très intéressants en matière de littérature ou d'ouvrages de sciences. Il ne perdait rien à se cultiver les informations qu'il glanait de la sorte sur la culture humaine lui seraient toujours utiles un jour.
Parfaitement silencieux et à l'aise dans la pénombre, il contourna le sofa pour se poster devant la bibliothèque, juste éclairée par les lumières de la rue qui filtraient à travers les persiennes de la fenêtre. Il contempla un instant les rayonnages et trouva ce qu'il cherchait.
La lumière s'alluma alors qu'il allait se saisir du volume.
Surpris, il fit volte-face.
Dans le sofa, assise les jambes repliées, Abie le regardait en silence.
Loki, agacé de s'être fait surprendre de la sorte une nouvelle fois, soupira en se pinçant l'arrête du nez, anticipant les détestables récriminations dont allait sans aucun doute l'accabler cette peste.
« J'ai cru comprendre que le sac poubelle devant la porte de votre chambre avait pleinement retenu votre attention. »
« Pauvre idiote ! » attaqua-t-il. « J'ai failli tomber et me feindre le crâne ! »
« Ce n'était pas mon but. Je voulais juste vous signifier que mon salon n'était pas une benne à ordures. Il y a une poubelle sous l'évier. »
« Je m'en moque éperdument. » Répliqua Loki en croisant les bras.
Abie soupira, l'air irrité.
« Oh je m'en doute bien ! Je vous remercie de faire attention à ma salle de bain, mais si c'est pour vous venger dans la cuisine… ça ne vous coûte rien de mettre vos déchets dans la poubelle ! »
« Ça me priverait d'une grande satisfaction. »
« Vraiment ? Laquelle ? »
« Celle de vous rendre la vie impossible. » ricana le dieu déchu.
Abie se redressa, visiblement en colère, ses iris gris flamboyants de colère.
« Vous n'êtes qu'un… un… »
« Vous vous répétez, ma chère. »
« Un enfoiré ! »
Loki ricana de plus belle.
« Je savais bien qu'en vous poussant un peu, vous deviendrez aussi pitoyable que les autres. »
Abie se leva pour le toiser.
« Vous êtes un enfoiré, un porc et un sale gamin. J'en ai marre de passer après vous dans toutes les pièces de cette maison. C'est trop vous demander d'être bien élevé et de faire attention ? »
« Je vous trouve bien grossière, très chère. Vous me révélez là une autre facette de votre personnalité si fade. »
« Ma personnalité et ses facettes vous emmerdent, Dieu de pacotille. » Abie croisa les bras, furieuse.
Loki se redressa et s'approcha d'elle, un air menaçant sur le visage.
« Je te défends de remettre en doute ma nature divine, misérable petite peste. Je suis un dieu millénaire, craint et respecté. Quand j'aurais retrouvé mes pouvoirs, tu devras bien… »
« Vos pouvoirs ? » Coupa Abie. Ce fut au tour de la jeune femme de ricaner. « Mais vous n'avez plus de pouvoir, votre Divinité. Vous n'êtes plus rien qu'un homme ordinaire. Et vous en prendre à moi ne vous rendra aucun pouvoir. Vous aggravez juste la situation, et dans l'idée fantaisiste où Odin songerait à revenir sur sa décision, votre conduite ne va certainement pas le convaincre. »
Loki la dévisagea en silence, un air irrité sur le visage, son regard d'émeraude habité d'une lueur furieuse.
« Je te ferais regretter ces paroles. »
« J'ai déjà entendu ça. »
Loki jura en une langue inconnue et quitta la pièce en quelques enjambées, claquant la porte de sa chambre.
Abie ferma les yeux et cala sa tête sur le dossier du sofa en soupirant.
Pourquoi avait-elle accepté cette stupide mission ?
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La jeune femme s'était attendue à des représailles de la part de son détestable colocataire. Il n'en fut rien.
Pendant près d'une semaine, elle eut l'impression de vivre totalement seule et se serait inquiétée de savoir si le dieu déchu se trouvait toujours chez elle si le niveau de ses provisions ne diminuait pas quotidiennement. Elle remarqua aussi que certains de ses livres manquaient sur l'étagère, et d'autres changer de place. Ceux-ci n'avaient subi aucune dégradation et elle fut soulagée d'en conclure qu'il respectait suffisamment la littérature pour ne pas s'en prendre aux ouvrages.
Le week-end se profila enfin. La semaine avait été éprouvante à l'Institut de photographie. Cependant la jeune femme se réjouissait de ce surcroît d'activité. Cela lui assurait du travail pour plusieurs mois et rassurait sa situation financière. Jane avait pris sur les crédits consacrés à ses recherches et accordés par les Men In Black comme elles les appelaient, pour reverser à sa cousine une somme substantielle destinée à nourrir son hôte et à payer les factures. Mais cela ne constituait pas un revenu en soit.
Ce soir là, Elle avait ramené de l'Institut deux lourds cartons remplis de photographies. Il lui incombait de procéder à un tri des clichés, pour les référencer et les destiner à une reprographie numérique avant archivage. Il s'agissait d'un legs d'une vieille dame, mécène britannique, férue de photographie et décédée plusieurs mois auparavant, qui avait fait don par testament de sa collection de clichés à l'Institut américain où avait étudié son époux, décédé lui aussi. L'ampleur de la tâche aurait pu l'effrayer ou la rebuter, mais pouvoir toucher de vrais photos argentiques représentant de tout et de n'importe quoi mais toujours de splendides images, instants volés, paysages, animaux, phénomènes naturels… et les toucher, les apprécier, en observer les nuances et les différences… Voilà le cœur de sa passion. Aussi avait-elle accepté la mission dont l'Institut l'avait chargée.
Elle se trouvait assise dans le sofa, des piles de photos tout autour d'elle, des dizaines d'images éparpillées sur la table basse, au sol, à ses pieds. La jeune femme avait commencé à lister sur un calepin quelques thèmes principaux et sous-thèmes pour agencer son classement et elle étiquetait des pochettes transparentes avec des post-it, pour y classer les photos.
Elle était tellement plongée dans sa tâche qu'elle manqua de hurler de peur quand la voix neutre de Loki la sortit de sa concentration.
« Le niveau de votre garde-manger commence à baisser dangereusement. »
La jeune femme posa une main sur son cœur qui palpitait de façon désordonné avant de se tourner vers l'asgardien, debout sur le seuil de la pièce, les bras croisés en une posture qu'il voulait nonchalante.
« Je sais. J'ai prévu d'aller faire des courses demain. Rassurez-vous, vous ne mourrez pas de faim. »
Sans attendre de réponse, elle se replongea dans les photos qui se trouvaient sur ses genoux. Le cliché sur le sommet de la pile représentait un paysage de sous-bois. Le sol était recouvert d'une étendue de rochers recouverts de mousse, disséminés aux pieds des arbres. Le soleil perçait entre les feuilles, projetant des rayons lumineux sur les fougères, donnant à l'ensemble un aspect féérique.
Abie sentit une présence au dessus de son épaule.
« Qu'est-ce que c'est ? » Questionna le dieu déchu d'un ton aussi neutre que précédemment, de l'autre coté du sofa et jetant un œil curieux sur le désordre qu'elle avait mis dans le salon.
La jeune femme tourna la tête vers lui.
« Des photos. » Répondit-elle poliment.
« Je sais ce qu'est une photo, idiote ! » gronda Loki, agacé. « Je vous demandais ce que ça représentait, et accessoirement ce que tout cela faisait dans votre salon. Je pensais vous connaître plus soucieuse de l'ordre que cela.»
Abie se mordit la lèvre inférieure, un peu agacée.
« Arrêtez de m'insulter !» LA jeune femme leva les yeux au ciel et poursuivit. « Celle que j'ai en main est un sous-bois de montagnes en France**. Les autres… et bien il y a des centaines de sujets différents… C'est un don qui a été fait à l'Institut de Photographie pour lequel je travaille. Il y a environ quatre mille photos, à trier, référencer et classer selon plusieurs critères. Sujet du cliché, lieu, objet… Il s'agit de très belles images. La ou les personnes qui les ont faites savaient se servir de leur appareil, et avaient l'œil pour saisir l'insaisissable et rendre des choses à priori banales tout à fait époustouflantes. » Abie caressa délicatement le paysage forestier du bout des doigts, respectueuse.
« A quoi pourrait bien vous servir de trier et classer ces photos ? » questionna Loki d'une voix neutre.
« Et bien, à permettre de créer un fond documentaire pour les étudiants de l'Institut, mais aussi pour tout autre personne cherchant une image précise sur un thème donné. Une sorte de base de données qui seraient mise à la disposition des élèves mais aussi, moyennement finances, aux gens qui souhaiteraient les consulter et les exploiter. » Abie jeta un coup d'œil à Loki, qui s'était déplacé entre le sofa et la fenêtre et venait machinalement de se saisir d'une photo déposée sur la table basse. On y voyait un coucher de soleil en bord de mer, aux flamboyantes couleurs d'or, de pourpre et d'orange, l'astre couchant se reflétant dans les vagues. L'asgardien contempla pensivement le cliché.
« Asgard possède de splendides couchers de Soleil. Le soir, il se couche au large de la Mer d'Espace, comme englouti par l'univers. C'est quelque chose d'unique à contempler. Les derniers rayons se reflètent dans le Pont Arc-En-Ciel et on peut à peine regarder dans sa direction tellement les reflets sont éblouissants. »
Abie retenait son souffle. Venait-il vraiment de lui parler poliment, presque sans aucune nuance de mépris ou de froideur dans la voix, qui plus est pour lui compter un souvenir ? La jeune femme n'osa pas briser l'instant.
« Comment est le Soleil sur Asgard ? » demanda-t-elle d'une voix douce.
« Il est très similaire au Soleil de Midgard. Cependant sa course est inversée. Il se lève à l'Ouest pour se coucher à l'Est. » Loki reposa la photo sur la table et en prit une autre. On y voyait un tout jeune enfant rire aux éclats, accroché à une balançoire. Elle vit un furtif sourire s'accrocher un instant à sa bouche.
« Ma mère avait demandé aux jardiniers du palais de nous construire une balançoire similaire à celle-ci, pour mon frère et moi-même. Nous étions très jeunes, mais je m'en souviens. Elle était dans les vergers du palais, entre les pommiers. Mère ne voulait pas que nous nous battions pour savoir lequel des deux monterait dessus en premier et serait poussé par l'autre, alors elle nous poussait elle-même. D'aucun aurait dit que ce n'était pas là tâche digne d'une reine, Déesse de surcroît. Mais elle était avant tout mère et je crois qu'elle aimait à se conduire comme une mère ordinaire dans l'intimité. »
« Ma mère me manque. » murmura Abie, touchée par les étonnantes confidences de Loki. Celui-ci leva les yeux et les posa sur elle.
Pour la première fois en un mois, elle eut l'impression qu'il la regardait réellement, sans animosité ni mépris. Comme s'il la voyait pour la première fois.
« Que lui est-il arrivé ? »
« Elle est morte quand j'avais douze ans. Une maladie. Comme mon père était un homme absolument dangereux et irresponsable, c'est ma grand-mère qui m'a élevée. Mais ça ne remplace pas une mère. » Répondit Abie, le regard triste.
« Ma mère est sans doute la personne qui me manque le plus. » avoua le dieu déchu. « Et sans doute la seule personne à qui je manques. » Ajouta-t-il d'un ton aigri.
« Vous êtes ici par la volonté de votre … père adoptif. Il a préféré vous envoyer ici plutôt que vous condamner à l'isolement éternel. Je ne doute pas que vous lui manquiez à lui aussi. » Répondit Abie, incertaine de l'issue de cette conversation. Loki semblait vouer une haine féroce pour Odin et elle le savait.
Comme elle s'en doutait, elle vit son visage de fermer et son regard devenir froid.
« Le Père de Toute Chose se préoccupe bien peu de ma personne. Il n'y a jamais eu que Thor, le légitime, quand moi je n'étais que le pion de son échiquier politique. » Claqua-t-il.
Abie préféra ne rien répondre à cela. Leur conversation était en elle-même un exploit. Elle préféra ravaler ses protestations et le contempler en silence alors qu'il se saisissait avec désinvolture d'un troisième cliché.
Loki était grand, bien plus grand qu'elle. Bien bâti sans atteindre les dimensions imposantes de son frère adoptif, il la dominait d'une bonne tête et il se dégageait de sa personne une prestance toute royale. Ses longs cheveux tirés en arrière, d'un noir absolu, étaient coupés un peu plus haut que ses épaules et quelques épis se rebellaient derrière ses oreilles. Le visage aux traits fins et déterminés, le nez droit, les pommettes saillantes et son regard d'un vert vif lui donnaient un air malicieux, quand il n'affichait pas une mine sombre et méprisante. L'homme était séduisant et nul doute qu'il le savait et qu'il en usait sans vergogne lorsqu'il souhaitait arriver à ses fins.
Abie se remémora ce qu'elle savait de lui, mythologiquement parlant. Quand Jane s'était confiée à elle, la jeune femme avait pris ses renseignements. Loki, Dieu de la Malice, du Mensonge et de la Ruse… Oui, c'était là un titre qui lui allait bien physiquement. Il portait ça en lui.
Se sentant observé, il leva son regard sur elle et pendant un moment, se contenta de la dévisager en silence. Finalement, il cligna des yeux, rompit le contact visuel et déposa sur la table la photo qu'il tenait entre ses longs doigts. Sans un mot, il quitta la pièce.
« Bonsoir, Loki. » murmura Abie.
Elle n'eut aucune réponse, et n'en attendait pas.
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Plus tard dans la nuit, la jeune femme eut un frisson, et entrouvrit un œil. Elle se trouvait allongée sur le sofa, ses photos éparpillées tout autour d'elle. Elle s'était endormie en plein travail. Cela lui arrivait parfois. Epuisée et trop fatiguée pour bouger, elle sentit cependant une douce chaleur se répandre dans son corps. Elle constata alors qu'on venait de rabattre sur elle la couverture qui reposait sur le dossier du canapé. A demi-inconsciente, elle entendit de furtifs bruits de pas, puis la porte de la chambre de Loki se refermer doucement.
En souriant, elle se rendormit.
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Et voilà ! Ok la fin est un chouilla guimauve. Cependant, j'espère que Loki s'est montré aussi détestable qu'on s'y attendait, et Abie se rebelle enfin ! (Evitons de tomber dans le cliché de la Marie-Sue angélique et sainte...) si leurs rapports semblent s'améliorer légèrement à la fin du chapitre, rassurez-vous : vous n'aurez ni déclaration d'amour passionné, ni lemon torride, ni actions dramatiques dans le chapitre suivant ! Je m'accorde encore quelques pages avant d'envisager seulement faire évoluer ce genre de choses... (et je vous préviens d'avance, il n'y aura PAS de déclaration d'amour passionné, mdr, on parle de Loki quand même ! Par contre, en ce qui concerne le lemon torride... hin hin...)
Pour les curieux et curieuses qui auront remarqué la double astérisque à coté de la description de la photo d'Abie, elle existe réellement ! c'est une splendide image prise par un amie de Fac, Etienne, qui est un photographe amateur de talent.
Vous trouverez ladite photo sur son site web, plus précisément ici : achetétépé: / / www .collines-et-vallees. nèt/ galeries /albums/collines/_malatra. jpg (enlevez tous ces espaces entre les caractères pour afficher l'image)
A suivre, la semaine prochaine (ou peut-être ce week-end, qui sait) : Loki fait les courses ! huhu.
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