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Tadaaaaaa ! Me revoilà !

Vous avez vu ? je m'améliore dans mes rythmes de publication ! Et vous savez quoi ? Le chapitre 8 est d'ores et déjà écrit ! donc il suivra celui-ci milieu de semaine prochaine, petites veinardes ! (oui, je ne prends même pas la peine de mettre du masculin dans cette préface, je suis lucide xD )

Bon, j'espère que ce chapitre vous plaira, il est un petit pêle-mêle de plusieurs "moments de vie au quotidien", et la fin... s'échauffe un peu... préparez vos ratings M mes poulettes mouhaha !

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Donc, les personnages et l'univers abordés dans cette fanfiction ne m'appartiennent pas et sont la propriété de Marvel Comics, Disney, Hollywood et tout le tralala...

Seul le personnage d'Abigaïl "Abie" Northman est ma possession jalouse et exclusive ^^ comme j'en ai l'habitude, j'ai donné un visage à mon personnage. Dans ma tête, Abie est incarnée par la sublime Jennifer Lawrence (Raven/Mystique dans X-Men : Le commencement, et plus récemment Katniss dans Hunger Games).

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Enjoy !

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Ils avaient regagné la ville en fin de matinée. L'ambiance s'était considérablement détendue entre eux. Abie, surprise, constatait que Loki n'avait pas émis la moindre plainte depuis qu'ils avaient repris la route pour rejoindre la voiture, prenant même son temps pour marcher, s'arrêtant parfois pour s'attarder sur l'observation d'un cactus, d'une fleur du désert ou du mouvement d'un lézard que leur passage dérangeait. La jeune femme peinait à reconnaître son détestable colocataire dans ce rôle d'apprenti botaniste, mais préféra garder le silence et toute envie de balancer une réplique sarcastique à souhait.

Elle réalisa que c'était la seconde fois seulement, en trois mois, qu'il sortait de chez elle. Son logement, tout aussi confortable et douillet soit-il, n'était rien de plus qu'une prison. Et jamais, à part tout faire pour la rendre folle et lui compliquer la vie, il n'avait tenté de sortir ou de braver l'interdit de se déplacer sans elle. Connaissant sa nature, cela relevait de l'exploit. Troublée, elle ralentit le pas et jeta un discret coup d'œil derrière elle. Loki semblait perdu dans ses pensées. Elle cligna des yeux pour se sortir de son hésitation et reprit sa marche.

« Parle-moi de la faune et de la flore d'Asgard. » Demanda la jeune femme d'un ton doux.

« En quoi cela t'intéresse ? » Lui répondit Loki, d'une voix dépourvue de tout sarcasme.

« J'aime la botanique. A titre amateur, évidemment. Je suis curieuse de voir comment la nature évolue différemment d'un pays à un autre selon sa latitude, son climat, l'impact environnemental… Alors imaginer le biotope d'une autre planète ? D'ailleurs… je ne sais rien d'Asgard. Tout ce que je connais sur ton monde, ce sont les mythes et légendes nordiques qui me l'ont appris. »

Si Loki paru surpris par sa diatribe, il n'en laissa rien paraître. Ils venaient d'ailleurs d'arriver à la voiture. Devant son silence, Abie n'insista pas et déverrouilla le véhicule pour ouvrir la portière et poser son sac à dos dans un soupir de soulagement. Elle entreprit de se défaire de ses lourdes chaussures de randonnées pour enfiler ses baskets et prit place au volant. Loki fit de même et se posa à ses cotés, toujours silencieux. La jeune femme mis plusieurs minutes et une manœuvre périlleuse pour remettre la voiture dans la bonne direction sans plonger dans le ravin, et ils reprirent la route.

Alors qu'ils descendaient la pente, Loki soupira, et parla.

Il raconta Asgard, son relief, ses montagnes et ses rivières, ses animaux et ses arbres, ses fleurs et ses insectes. Comment la magie imprégnait chaque chose. Comment l'immensité de l'espace occupait le ciel nocturne, envahi par de rougeoyantes galaxies ou nuages stellaires flamboyants. Comment son monde, plat tel que les midgardiens moyenâgeux imaginaient jadis leur propre planète, se trouvait délimité par l'Océan sans fin qui plongeait dans le cosmos, surplombé en son extrémité par le pont Arc-en-ciel, support du Bifrost permettant le voyage entre les neuf Royaumes. Il expliqua Yggdrasil, la singularité de l'Arbre Cosmique, la magie des pommes d'éternité d'Idunn, la splendeur du palais royal où il avait grandi, la beauté des cités et le raffinement de la culture asyne… Abie l'écoutait cérémonieusement, sans jamais l'interrompre. Quand Loki cessait quelques secondes de parler, alors elle le questionnait et il apportait des précisions. Le trajet du retour sembla bien trop court à la jeune femme. Quand ils parvinrent devant l'immeuble, la jeune femme coupa le moteur et tourna son visage vers Loki.

Le dieu déchu semblait plus serein, moins maussade. Il gardait cette expression de légère contrariété qui le caractérisait depuis qu'elle le connaissait. Mais qui n'aurait pas été contrarié d'être tenu prisonnier loin de chez soi, tout aussi coupable fut-il…

« Merci. » Se contenta de dire Abie, lui adressant un léger sourire. Elle vit les émeraudes de Loki la fixer intensément, un air insondable sur le visage. Puis, finalement, il afficha un mince sourire, narquois, tel qu'il en avait le secret, avant de quitter l'habitacle.

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Il n'avait fallu que quelques jours pour que la relation à peu près convenable qui s'était installée entre eux ne se dégrade. Loki prenait à nouveau un malin plaisir à déranger la maison, lancer des critiques pleines de sarcasmes et teintées de cynisme à la jeune femme qui peinait à rester indifférente, et ne rêvait que de lui écraser son poing dans la figure. Conjugué à cela, le comportement effrontément indécent du dieu déchu, s'appliquant à la troubler, se promenant sans tshirt ou ne fermant pas la porte de la salle de bain après sa douche afin de la surprendre alors qu'il se trouvait passablement dévêtu dans la pièce. Il la frôlait, lui parlait à l'oreille et habillait ses paroles de sous-entendus ambigus qui laissait Abie furieuse et désappointée en même temps.

La jeune femme se doutait bien que derrière cette attitude exaspérante, Loki ne cherchait qu'à s'occuper l'esprit et le temps, même si cela se faisait aux dépends de la brune.

Le samedi, anticipant une nouvelle journée difficile, elle attendit qu'il sorte de sa chambre pour l'attendre dans la cuisine.

« Bonjour Loki. » lança-t-elle poliment, salut qui resta sans réponse alors qu'il ouvrait le frigo en l'ignorant. « Aujourd'hui, tu vas m'accompagner. » Cette affirmation eut le mérite de le tirer de son indifférence et il la regarda enfin.

« Vraiment ? Et où comptes-tu m'emmener cette fois ? Je te préviens, je ne suis pas d'humeur à explorer ton désert miteux. »

« Je t'emmène avec moi à l'Institut. » Elle vit Loki froncer les sourcils.

« Ton lieu de travail ? N'as-tu pas peur que je sème la discorde ? » Ricana le dieu déchu.

« Aucun risque. Nous serons seuls. C'est le week-end et il n'y a que moi qui suis assez masochiste pour aller travailler un samedi, surtout accompagné d'un homme aussi emmerdant que toi. » Précisa Abie en portant son verre de jus de fruit à ses lèvres. Verre qui n'atteignit jamais sa bouche car Loki, furieux, venait d'agripper sa main, s'approchant dangereusement d'elle.

« Je suis prêt à tolérer une certaine familiarité venant de toi. Je suis même capable de supporter ton arrogance. Mais je refuse de subir la moindre insulte de la sorte. » Ses yeux verts étincelaient de colère. Abie émit un petit couinement de douleur alors qu'il serrait son poignet.

« Tu me fais mal. » se contenta-t-elle de répondre en grimaçant.

« Tant que tu t'adresseras à moi de la sorte, il faudra t'habituer à souffrir. »

Abie grimaça encore, mais trouva le courage d'afficher un petit sourire moqueur.

« Et toi qui te vantait d'être capable de m'apporter plus de plaisir que nul autre… Pour le moment, je suis déçue ! Tu vois, je… » Elle cria alors qu'il avait lâché son poignet, laissant échapper le verre qui explosa en chutant au sol, tandis que dans un même mouvement il la plaquait face au mur de la cuisine, bras dans le dos, sa joue heurtant brutalement le papier peint.

Collé contre elle, son souffle chaud dans son cou lui chatouillait la nuque tandis que sa poigne de fer lui meurtrissait les bras. Abie retint sa respiration, tétanisée.

« Je vais te baiser tellement fort que tu ne pourras plus sortir de ton lit pendant deux jours au moins. Et si je suis de bonne humeur, peut-être que je ne t'éviscèrerais pas comme une bête d'abattoir après avoir pris mon plaisir. Mais pour l'heure… » Il la relâcha subitement, s'écartant de deux pas en souriant moqueusement.

« Allons donc voir ce qu'il peut bien y avoir d'intéressant là où tu travailles. » Puis il tourna tranquillement les talons pour rejoindre sa chambre, laissant Abie, terrifiée et immobile, respirer à grandes goulées pour s'empêcher de pleurer.

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Son irritant sourire narquois vissé aux lèvres, comme si rien ne s'était passé, Loki attendait la jeune femme devant la porte. Celle-ci réprima un tremblement et resserra son écharpe en laine autour de son cou pour se donner bonne contenance et céda le passage au dieu déchu pour verrouiller la porte.

Moins d'une demi-heure plus tard, Abie garait sa vieille voiture devant l'entrée de l'Institut. Les rues grouillaient de passants car le week-end s'annonçaient étonnamment doux et ensoleillé pour la saison. La jeune femme batailla quelques instants pour trouver le trousseau de clés dans son immense sac, et ouvrit la porte.

Ils s'aventurèrent dans un long corridor d'entrée garnis de tréteaux portant divers agrandissements photographiques, plongés dans l'ombre car les spots les illuminant d'ordinaire étaient éteints pour le week-end. Après avoir franchi plusieurs portes et longé plusieurs couloirs, Abie stoppa devant une petite porte qu'elle déverrouilla.

La pièce comptait quatre grandes fenêtres occultées par des volets roulants. La jeune femme activa un interrupteur et les stores remontèrent, laissant entrer des flots de lumière. Loki, curieux, observa la pièce. Trônant au milieu, une vaste table de travail recouverte de piles de photos occupait la majeure partie de l'espace. Le Long des murs se trouvaient des tables moins larges, elles-aussi croulant sous les clichés, séparées par des blocs tiroirs métalliques dont certains étaient aussi hauts que la jeune femme. Une fois tous les volets ouverts, l'ensemble était très lumineux, et Loki s'approcha de la table centrale. Il vit plusieurs tas, visiblement classé d'après le sujet photographié : paysages, cascades, personnages, objets, en couleurs, en noir et blanc… Intrigué malgré lui, il se saisit de quelques clichés et les fit défiler sous ses yeux. Abie l'observa, en silence, satisfaite de constater qu'il semblait intéressé.

« Tu as une chaise, derrière toi. Si tu veux bien m'aider à faire un peu de classement, cela m'avancerait beaucoup. Ou sinon, je te propose un jeu. »

Loki releva la tête, une lueur malicieuse dans les yeux.

« Vraiment ? Fais attention, n'oublie pas à qui tu t'adresses… »

« Oh, je doute qu'il ne puisse m'arriver grand-chose avec le jeu que je te suggère. Chacun de nous doit proposer le cliché de son choix à l'autre, qui devra expliquer ce qu'éveille comme souvenir ladite photo. C'est un moyen comme un autre de parler de nous et de nos mondes, qu'en dis-tu ? »

« Qui te dis que j'ai envie de parler de quoique ce soit avec toi ? » Répliqua Loki.

« Parce que tu es un être civilisé quand tu veux bien faire preuve de courtoisie, et que je suis curieuse. Et je suis sûre que tu l'es aussi. »

« Et si je refuse ? » répondit Loki, un petit sourire narquois trahissant qu'il était déjà d'accord pour se plier aux règles de la jeune femme.

« Acceptes et tu pourras me torturer dès qu'on rentrera, tu sais, pour ce foutu arrangement que nous avons conclu la semaine dernière dans le désert. » Précisa Abie en levant les yeux au ciel.

« Intéressant. J'accepte. » Conclut Loki, désormais tout sourire. « Commençons tout de suite. » Sur ces mots, il s'affaira à fouiller dans les piles sous les protestations d'Abie le suppliant de prendre garde à ne pas tout mélanger. La jeune femme fit de même de son coté, et au bout d'une dizaine de minutes, tous deux avaient pris place chacun dans un des deux fauteuils de travail, un tas de photos sur les genoux. La jeune femme replia ses jambes pour se trouver assise en tailleur et se cala confortablement contre le dossier.

« Je commence ! » dit-elle joyeusement. Elle leva sa première photo.

C'était un cliché d'un arbre, imposant et majestueux, une sorte de saule surplombant un petit ruisseau. Le soleil filtrait entre ses branches croulant sur les feuilles d'un vert argenté, qui laissait passer des rayons lumineux retombant sur un parterre de mousse.

Loki prit quelques secondes pour regarder l'image, une expression neutre sur le visage. Finalement, il afficha un mince sourire.

« Intéressant… je ne pensais plus à ce moment-là. »

« Raconte. » exigea Abie.

« Sur Asgard, les hommes sont avant tout des guerriers, rompus à l'exercice des armes. Bien sûr, nous avons toute sorte de métiers et de professions, mais chaque homme sait utiliser une épée. Cependant, en tant qu'héritiers du trône, Thor et moi ne pouvions nous contenter de manier le fer uniquement et Frigga, notre mère, veillait à notre apprentissage culturel. Nous étions deux jeunes enfants, et Thor était un piètre élève, préférant de loin cogner sur tout ce qui bouge. Mais Mère ne se décourageait pas. Un jour, elle nous a emmenés avec elle dans les jardins du palais, devant un arbre immense, qui occultait les rayons du soleil. Un saule, semblable celui-ci. » Précisa Loki en désignant le cliché que tenait Abie. « Elle avait fait disposer deux chevalets et plusieurs pots de peinture et de pinceaux. Je me rappelle que mon frère avait grommelé qu'il n'allait pas abattre un ennemi à coups de pinceaux. A ce moment, Mère lui a cogné sur la tête avec son propre pinceau, un gros bout de bois long comme le bras et épais comme le pouce. Thor s'est retenu à grand peine de pleurer, et c'était très drôle à regarder, mais Mère m'a menacé de me taper dessus également si je me moquais de mon frère, alors j'ai serré les dents pour retenir mon rire.

Nous avons passé près de deux heures à gribouiller sur nos toiles. Je crois me souvenir sans vanité que mon barbouillage vert ressemblait vaguement à un arbre. Celui de mon frère s'approchait plus d'un troll qui aurait été digéré par une bête géante, mais Mère n'a fait cas de rien et a dit qu'il avait peut-être des prédispositions dans l'art abstrait. Abstrait ! » Sur ce, il éclata de rire, surprenant Abie. « Par les Nornes, mais c'était tout bonnement immonde à regarder ! Même un enfant au berceau aurait réussi à dessiner quelque chose de plus joli que cette horreur… Suite à ça, Mère nous a dispensés de ce genre de cours. Je crois qu'elle avait peur de ce qui pourrait sortir du pinceau de Thor. »

Loki, souriant, avait le regard dans le vague comme s'il revivait ce moment plaisant. Il releva les yeux sur Abie.

« Très bien. A mon tour. » Il désigna un des cliché trônant sur ses genoux à la jeune femme, qui se concentra un moment.

La photo représentait un vieux fauteuil à bascule sur le porche en bois d'une maison, au contrejour d'un coucher de soleil. Les teintes de la photo, d'or et de brun, faisait ressortir la silhouette du meuble dans un halo découpé d'ombres.

« Mémé Foster. »

« Ah, la fameuse dame au réveil-matin aussi affreux que les trompettes d'Helheim… Mais encore ? » Demanda Loki, amusé.

« C'est notre grand-mère, à Jane et à moi. Elle vivait dans le Montana, une vieille ferme agricole, où nous allions souvent en vacances avec Jane dans notre enfance. C'est… c'est elle qui m'a élevé après la mort de ma mère, qui était sa fille cadette. Mon grand père est mort avant ma naissance et elle vivait seule, s'occupant des animaux du matin au soir. Elle embauchait des saisonniers du village voisin quand elle avait trop de boulot, mais Jane et moi étions toujours partantes pour l'aider. Nous qui venions de la ville, c'était le paradis… Le soir, nous nous mettions sur la terrasse, qui donnait sur le sud. On s'installait par terre sur un plaid, pour manger la tarte au pomme que ma grand-mère avait fait l'après-midi, et elle se mettait dans son fauteuil à bascule, une couverture sur les genoux et un tricot dans les mains, et elle nous comptait des histoires de sa jeunesse, quand elle avait notre âge. »

Abie reprit son souffle, les yeux brillants de souvenirs. « Je ne me souviens pas beaucoup de ce qu'elle racontait. Je me souviens surtout de la sérénité du moment, du sentiment de paix… » Elle releva la tête et essuya doucement une larme qui perlait au coin de son œil et sans se laisser distraire d'avantage, souleva une nouvelle photo. Concentrée à regarder l'image qu'elle tenait sur ses genoux, elle ne vit pas la mine pensive de Loki alors que ses yeux verts restait fixés sur elle plutôt que sur le cliché.

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Ils avaient passé la matinée à fouiller dans les photos, échangeant des souvenirs, des anecdotes, des sourires ou des pensées songeuses, toutes traces de l'incident du matin envolées. La faim tenaillait l'estomac d'Abie, qui décida de clore l'expérience et ils quittèrent l'Institut. Elle entraîna Loki au fast-food du coin, où il la suivit à contrecœur et arborant sa moue la plus maussade. Tandis que la jeune femme dévorait ses frites tout en mordant vigoureusement dans son burger, Loki, l'air écœuré, torturait un bout de steak du bout de sa fourchette.

« Comment faites-vous pour survivre en ingurgitant une telle horreur ? »

« Question d'habitude. Personnellement je ne suis pas friande de ce genre de cuisine, mais leurs burgers sont excellents ici et nous venons souvent manger pendant notre pause, avec les gens de l'Institut. » Répondit Abie, la bouche à moitié pleine.

Après avoir refusé de manger autre chose que ses frites, Loki accueillit presque avec plaisir le moment de quitter l'endroit bondé et bruyant. Alors qu'ils rejoignaient la voiture, Abie eut une idée.

« Je suppose que sur Asgard, vous n'avez pas d'appareils photos... ça te dirait d'apprendre à t'en servir ? »

« En quoi cela me sera-t-il utile ? » demanda Loki en fronçant les sourcils.

« Et bien, comme la plupart des loisirs, probablement à rien. A part te procurer du plaisir et de la satisfaction de saisir sur pellicule des moments volés et uniques. » Répondit la jeune femme en souriant. « J'ai mon vieux reflex dans un sac dans le coffre. C'est un matériel parfait pour quelqu'un qui n'a jamais fait de photographie. Allons au parc ! » Sans attendre de réponse de Loki, elle monta en voiture et démarra. L'asgardien grommela mais la rejoignit dans l'habitacle.

Une vingtaine de minutes plus tard, ils se trouvaient sous un arbre, au bord d'un des petits étangs disséminés dans le parc. Les joncs et les roseaux encerclaient la rive et des nénuphars poussaient sur l'eau, laissant apparaître de temps à autre une carpe colorée. Plus loin, un pont en pierre à l'usage purement décoratif enjambait une partie du bassin, une nuée de lierre accrochée à ses pierres et pendant au dessus de l'eau.

Loki s'était montré vindicatif et véhément, comme à son habitude. Mais il avait quand même accepté de tenir entre ses mains l'appareil photo que la jeune femme lui avait donné. Curieux malgré tout, il dévisagea l'objet d'un œil méfiant. Indifférente à sa mine renfrognée, Abie lui expliqua brièvement le mode de fonctionnement de l'appareil, comment régler l'objectif, faire la mise au point, le réglage de lumière et du focus et d'autres termes quelques peu barbares que le dieu déchu ne prit pas la peine de retenir, se concentrant sur les gestes qu'elle effectuait au fur et à mesure de ses explications, selon le sujet à photographier et sa distance de l'appareil.

Elle le laissa ensuite seul en prenant quelques mètres de distance et armée de son propre objectif, sous l'œil surpris de Loki, elle s'allongea à plat ventre dans l'herbe humide pour faire un gros plan sur une fleur de massif encore recouverte de rosée. L'asgardien détourna les yeux pour se focaliser sur son propre appareil. Il en soupesa le poids et laissa courir ses doigts sur le plastique, encore un peu perplexe. Quoi, il suffisait de faire ces quelques réglages pour que la machine s'adapte, tel l'œil d'un être vivant, et fige sur le papier ce qu'il y verrait lorsqu'il appuiera sur le déclencheur ? Soit.

Le dieu déchu hésita un instant, cherchant du regard un sujet digne d'être l'objet de son attention. Après avoir dédaigné les fleurs – trop féminin – et le bassin plein de nénuphars trônant au centre du parc – trop mièvre – ses iris d'émeraude se posèrent sur Abie qui s'était redressée pour changer d'angle de prise de vue sur ses myosotis, lui tournant le dos. Il afficha un sourire narquois et discrètement, se remémorant les instructions de la jeune femme qui l'ignorait totalement, il braqua son objectif dans sa direction.

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Après une heure de divagation dans le parc, alors que le soleil déclinait et que la température se rafraichissait sensiblement, Abie frissonna et défroissa ses vêtements imprégnés de rosée. Ses cheveux commençaient à boucler sous l'effet du froid et de l'humidité et la jeune femme secoua rageusement la tête. Loki l'attendait, nonchalamment posé sur un banc public et arborant une moue ennuyée.

« Rentrons. Nous développerons les clichés demain matin. » Décida simplement Abie en reprenant la direction de sa voiture. Loki se leva avec grâce et la suivit sans un mot.

Ce n'est que lorsqu'ils furent de retour à l'appartement que la jeune femme prit conscience qu'elle lui avait laissé une totale liberté, dont il aurait pu amplement profiter pour fuir, s'échapper ou disparaître sans qu'elle n'y puisse rien. Il n'en avait rien fait. Ce constat l'amena à ajouter une croix de plus sur sa liste mentale des éléments amenant à la rédemption du dieu déchu. En souriant, abandonnant Loki dans le salon, elle s'engouffra dans sa salle de bain et se jeta sous une douche brûlante.

Au bout d'une dizaine de minutes à profiter du jet d'eau chaude, elle ferma les robinets et s'enroula dans une serviette lui tombant au-dessus des genoux, une autre enserrant ses cheveux qu'elle avait longuement brossés.

Elle réalisa bêtement qu'elle n'avait pas emmené de vêtements de rechange avant de pénétrer dans la salle de bain et qu'elle allait devoir traverser tout l'appartement en serviette. Se maudissant pour son oubli, elle ouvrit discrètement la porte de la salle de bain pour tenter de localiser Loki.

Le salon était simplement éclairé par le lampadaire trônant contre la bibliothèque et aucun bruit ne lui parvenait. Elle vit un rayon de lumière filtrer de sous la porte de la chambre du dieu déchu et la jeune femme laissa échapper un soupir de soulagement.

Sans méfiance, elle s'engagea dans le couloir et venait de se saisir de la poignée de sa porte quand deux mains fraîches se posèrent sur ses épaules dénudées, lui arrachant un cri de surprise.

« Que se passera-t-il si je décide de tirer d'un coup sec sur cette toute petite serviette, dis-moi ? » murmura Loki d'un ton suave à son oreille.

« Tu meurs. » grinça la jeune femme, maitrisant à grand peine les battements frénétiques de son cœur. « Lâche-moi, je dois aller m'habiller. »

« Pourquoi donc ? C'est une tenue très appréciable à regarder. » Lui répondit-il d'un ton moqueur. De ses doigts fins, il massait délicatement ses épaules et la racine de sa nuque, déclenchant chez la jeune femme une avalanche de frissons. Elle ferma brièvement les yeux pour se reprendre, mais n'osa pas se tourner pour lui faire face.

« J'ai juste oublié de prendre mes vêtements avant d'aller me doucher, ne vas pas t'imaginer quoi que ce soit ! Maintenant, j'apprécierais que tu me lâches. » Réussit-elle à prononcer sans tremblements dans la voix. Sa respiration se bloqua quand elle sentit que Loki venait effectivement de la lâcher pour laisser glisser ses mains le long de ses bras nus, sa bouche à quelques millimètres de son oreille, son souffle lui chatouillant la nuque.

« Tu sais, chère Abigaïl, tu es une créature exquise, quoique j'ai pu en dire par le passé. Ta pudeur est tout à ton honneur, mais elle devient ridicule. »

« Je te demande pardon ? » hoqueta la jeune femme, rouge de confusion.

Les mains du dieu déchu venaient de quitter ses bras pour se poser sur ses hanches. Subitement, il la fit pivoter pour la tenir face à lui. Abie, le teint écarlate, garda obstinément les yeux baissés et agrippa férocement le nœud de sa serviette à hauteur de sa poitrine.

Loki délaissa une de ses hanches et se saisit délicatement du menton de la jeune femme pour la forcer à relever la tête. Abie ne put se résoudre à fermer les yeux, craignant que l'Asgardien n'y voit une invitation à… à elle ne savait pas trop quoi mais elle refusait seulement d'y penser. Ses yeux gris se plantèrent dans les iris verts de son interlocuteur, qui la regardait avec une intensité brûlante.

« Ce que je veux dire, » poursuivit Loki, un petit sourire dépourvu de moquerie sur les lèvres, « C'est qu'il est regrettable que la tension sexuelle entre nous soit devenu un tel obstacle. »

Abie écarquilla les yeux et trouva la force de le repousser.

« Mais… quelle tension sexuelle ? Il n'y a aucune tension sexuelle entre qui que ce soit ici ! » Affirma-t-elle d'une voix forte, agacée.

Loki haussa les épaules et se saisit subitement de ses bras, avant de l'embrasser.

Abie, tétanisée, resta absolument stupéfaite pendant deux secondes. Peut-être trois. Finalement, vaincue, elle enroula ses bras autour du cou du dieu déchu et lui rendit son baiser.

Celui-ci en accentua l'intensité et la plaqua contre la porte de sa chambre, son corps puissant collé au sien. Un bout de conscience de la jeune femme lui rappela que seule une petite et mince serviette éponge la tenait habillée, et la chose dure qu'elle sentit se presser contre son bas-ventre alluma une alerte dans son cerveau embrouillé par les sensations prodiguées par ce baiser.

Elle repoussa brutalement Loki et dans la foulée, jeta sa main à la rencontre de sa joue en une claque magistrale. Il recula, visiblement très amusé et pas le moins du monde frustré par la gifle qu'elle venait de lui asséner.

« Ne me touche pas ou je te tue ! » hurla la jeune femme en se réfugiant dans sa chambre, en verrouillant la serrure.

Loki s'avança jusqu'à la porte.

« Je n'ai pas dit mon dernier mot, très chère… Passe une bonne nuit. » Lança-t-il, sûr de lui.

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Hum ^^

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A mercrediiiiiiiiiiii... (review ? hin hin)

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