Bouhouhou moi qui étais toute fière de mon lemon bien acidulé, je n'ai pas déchainé les foules comme je l'espérais mdr...

Pas grave, je continue ! sachez très chers (enfin, chères, plutôt), que j'ai 3 chapitres d'avance ^_^

En attendant, voici dès à présent le chapitre 9, sans lemon cette fois-ci... Mais un peu d'action, des Avengers, un peu de tendresse et une Abie qui devient un peu trop sarcastique à force de fréquenter Loki...

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comme d'habitude, les personnages et l'univers abordés dans cette fanfiction ne m'appartiennent pas et sont la propriété de Marvel Comics, Disney, Hollywood et tout le tralala...

Seul le personnage d'Abigaïl "Abie" Northman est ma possession jalouse et exclusive ^^

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Hop là !

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Il venait de se redresser, le dos endolori et s'étira longuement avec une grâce féline et secoua la tête pour s'éclaircir les idées. Voilà plus d'une heure qu'il était plongé dans une sorte de semi-somnolence, qui l'avait saisie après le repas alors qu'il avait pris place sur le sofa avec un livre. Loki ne put s'empêcher de se renfrogner face à cette faiblesse typiquement humaine, qui n'aurait jamais été sienne avant. Il tourna la tête en direction d'Abie. La jeune femme, penchée sur la table, des dizaines de clichés étalés sous ses yeux, prenait des notes sur un calepin, notes qu'elle raturait et reprenait régulièrement. Elle n'avait même pas relevé les yeux sur lui quand il s'était levé, preuve de son intense concentration.

Loki fut tenté un instant d'aller la distraire juste pour la mettre en colère, mais mû par un pressentiment soudain, il se rapprocha de la fenêtre et contempla la rue en contrebas. Le trafic était fluide, comme la plupart du temps dans ce quartier excentré, surtout un samedi après-midi. Ses yeux verts se posèrent alors sur une grosse berline noire, aux vitres teintées, qui venaient de se garer sur le trottoir d'en face. Il constat qu'un second véhicule, identique au premier, avait également pris place un peu plus haut sur l'avenue.

Fronçant les sourcils, Loki se redressa et s'écarta un peu du vitrage. C'est quand il vit un homme portant un costume noir et des lunettes de soleil – alors que le ciel était passablement nuageux – que la lumière se fit dans son esprit. Il afficha un sourire désabusé et se tourna vers Abie.

« Dis-moi… quelles sont les chances pour que le SHIELD retrouve ma trace ? »

Interloquée, la jeune femme leva les yeux de ses photos pour les poser sur lui, surprise.

« Du peu que j'en sais, et que je ne suis bien sûr absolument pas sensée savoir, je présume que s'ils voulaient te retrouver, les Men In Black ne devraient pas avoir trop de mal… A la condition de savoir que tu es sur Terre. Mais à part ton frère et Jane, personne ne sait que tu es ici. Et vu que c'est une idée de Thor, je ne pense pas qu'il ait prévenu les Avengers… » Conclut la jeune femme en se levant. Elle s'approcha de lui.

« Pourquoi une telle question ? »

Pour toute réponse, il désigna la fenêtre d'un mouvement de tête. Abie suivit son mouvement et détailla la rue en contrebas avant de faire un petit sursaut en arrière, se retrouvant calée contre le torse dur du dieu déchu, qui en profita pour poser ses mains sur ses hanches.

« Bordel de merde ! » Jura la jeune femme, tétanisée. Loki eut un petit rire.

« Ton élégance dans les situations de crise est toujours un délice pour mes oreilles. » ironisa l'Asgardien. La jeune femme fit volte-face pour le regarder, l'air affolé.

« Ces hommes en costards cravates ! C'est eux, c'est ça ? Il faut que je prévienne Jane ! » S'exclama Abie en voulant se précipiter vers son téléphone portable posé sur la table. Loki la retint fermement.

« Non. Ils doivent sûrement avoir déjà fait ce qu'il fallait pour espionner tes communications. » Il tendit le bras vers son visage pour dégager une boucle rebelle qui cascadait sur sa joue, pour la glisser derrière son oreille. « J'ai une bien meilleure idée… » Susurra-t-il, un air machiavélique sur le visage.

« Je n'aime pas ce ton. » répondit Abie, très agitée. « Je ne veux pas finir dans une cage en verre ou à Guantanamo ! » Loki fronça les sourcils, peu au fait des pratiques américaines en matière d'espionnage ou de terrorisme.

« Ne t'inquiète pas. Ma faiblesse me vient de cette stupide punition qui me prive de mes pouvoirs. Mais pas de ce qui fait de moi ce que je suis. » Affirma Loki.

« Sois plus clair. » exigea Abie, peu convaincue.

« Je reste maitre en manipulation, malice et illusions. Et il est hors de question que je me fasse capturer comme un vulgaire chien enragé par ces bons à rien. » Claqua l'asgardien en se redressant, dominant Abie de toute sa stature imposante. La jeune femme ne se laissa pas impressionner pour autant.

« Je ne comprends pas grand-chose à ce que tu dis, mais si tu parviens à t'échapper, tant mieux pour toi. Moi, je ne suis qu'une pauvre petite humaine sans dons quelconques, et ces gars-là ont le pouvoir de me rayer de la surface du globe s'ils le souhaitent. Tu m'excuseras de ne pas partager ton optimisme en matière de survie. » Grimaça la jeune femme. Loki eut un petit rire et délaissa le bras de la brune pour poser à nouveau ses mains sur ses hanches, la rapprochant de lui. La jeune femme frissonna alors qu'il frôlait sa joue de la sienne, lui murmurant à l'oreille.

« Voyons Abigaïl, tu crois sincèrement qu'après avoir trouvé un jouet aussi distrayant que toi, j'allais leur en abandonner le privilège ? Tu viens avec moi. »

« Je n'apprécie décidément pas la façon dont tu me considères. » Chuchota-t-elle en réponse. « Mais comme je sais que ce n'est qu'une façon de plus pour toi de me faire enrager, cela ne m'atteint pas. » Elle recula, un peu à contrecœur, pour plonger ses yeux gris dans les iris d'émeraude de son… colocataire ? Amant ? Un peu des deux, sans doute.

« Quel est le plan ? »

Loki afficha un sourire amusé.

« C'est notre jour de chance. Les chiens de chasse sont dans la rue principale, mais si je me souviens bien, faute de stationnement disponible, tu as garé ton véhicule dans la rue derrière, est-ce exact ? » La brune acquiesça et il poursuivit. « Nous allons laisser les lumières allumées pour les induire en erreur. Prépare de quoi boire et manger et habille toi. Nous allons passer par la porte de derrière, dans la cour de l'immeuble. » Abie fronça les sourcils.

« Il y a un mur au bout de la cour, et il fait bien trois ou quatre mètres de hauteur. » Loki soupira.

« Et bien nous passerons par-dessus ! Tu tiens vraiment à te faire piéger ici ? » La jeune femme se mordit la lèvre. Loki leva les yeux au ciel et se saisit de son menton pour lui faire relever la tête.

« Ecoute-moi bien, ma jolie petite idiote. Notre pari n'est pas terminé, et je ne tiens pas à être déclaré perdant pour cause d'abandon. Alors tu vas venir avec moi car je compte bien gagner. » Sur ces mots, il souda ses lèvres aux siennes dans un baiser qui se fit en un instant plus fougueux, la jeune femme s'agrippant à lui tandis qu'il plongeait ses mains dans ses cheveux et sur ses reins. Puis, il la repoussa gentiment.

« Désolée ma chère, mais nous n'avons pas le temps. Maintenant si ce n'est pas trop te demander, fais ce que je t'ai dit. Il faut partir, rapidement. » Il la lâcha et se rendit dans sa chambre pour se changer, tandis qu'Abie, les cheveux en bataille, secoua la tête pour se remettre les idées en place et se précipita dans la cuisine pour préparer un rapide paquetage.

Les agents en noir n'avaient pas bougé, un seul d'entre eux se tenant en dehors du véhicule, appuyé contre la portière dans une attitude qu'il voulait décontractée. Il fallut moins de cinq minutes à Loki et Abie pour se vêtir chaudement et confortablement, un sac à dos sur l'épaule. Ils sortirent de l'appartement le plus discrètement possible après s'être assuré que personne ne les attendait dans le hall de l'immeuble.

Avec la plus grande précaution et prenant garde de ne pas passer devant les fenêtres de verre brouillé des paliers, ils descendirent les étages. Au fur et à mesure qu'ils se rapprochaient du rez-de-chaussée, Abie sentit sa peur envahir chaque fibre de son corps. Sans un regard pour elle, Loki se saisit de sa main et elle s'y agrippa comme un noyé à sa bouée.

Ils parvinrent en bas, leurs regards alertes braqués sur la porte du hall d'entrée. Contournant la cage d'escaliers, ils longèrent le couloir pour arriver devant une vaste porte à double vantail donnant sur la cour, occupée par un petit arbre tordu, quelques vélos abandonnés et les containers à ordures. Loki prit appui sur l'un d'entre eux, calé contre le mur, pour gravir celui-ci. Parvenu au sommet, il risqua un coup d'œil prudent dans la ruelle. Il repéra sans mal la voiture d'Abie à une quinzaine de mètres d'eux, et l'absence totale de tout véhicule suspect pouvant appartenir à une organisation secrète gouvernementale. L'asgardien fit un signe de tête à Abie, qui avait gardé les yeux rivés sur le hall de l'immeuble. La jeune femme escalada non sans mal le container et failli glisser du mur, si la poigne de fer du dieu déchu ne l'avait pas empêché de tomber. Il soupira en la traitant de maladroite et l'aida à se hisser au sommet. Avec prudence, ils glissèrent de l'autre côté, toujours désert. Méfiants, ils se dirigèrent rapidement vers la voiture dans laquelle ils prirent place.

Abie laissa échapper un soupir de soulagement et démarra le moteur.

« C'est un miracle qu'on s'en sois sorti… C'est même trop facile. Bien, où va-t-on ? » Demanda-t-elle en s'engageant dans la circulation d'une rue voisine, évitant soigneusement l'avenue principale où se trouvaient les agents.

« Je ne suis pas familier de cette ville, ni de ton monde en général. Vas le plus loin possible. » Répondit Loki, maussade.

Abie obtempéra et après avoir sinué dans les rues pour semer d'éventuels poursuivants, elle s'engagea sur la voie rapide, se dirigeant vers le nord. La jeune femme jetait de fréquents coups d'œil dans son rétroviseur, mais constata avec soulagement que personne ne les suivaient.

Ils roulaient à vive allure, dans un silence total et pesant.

« Peut-être qu'on devrait prévenir Thor… » Hasarda Abie, inquiète.

« Il n'en est pas question. » Claqua Loki d'un ton furieux. « Je ne veux rien à devoir à mon idiot de frère. »

La jeune femme s'abstint de répondre, mais ne put s'empêcher de constater avec satisfaction qu'une nouvelle fois, Loki avait parlé de Thor comme son frère, pas comme d'un étranger. C'était en soi un immense progrès.

« Peut-être que Jane n'a pas été aussi prudente qu'elle le pensait ? Le SHIELD l'a peut-être mise sur écoute ? Nous avons toujours fait attention à ne pas parler de toi en citant ton nom quand on s'appelait, mais peut-être qu'une fois, sans y prêter attention… » Continua Abie.

« Le souci n'est pas inhérent à cette charmante Miss Foster. Je pense surtout que le SHIELD ayant l'insupportable habitude de fourrer son nez partout, toutes les relations des gens ayant un rapport de près ou de loin avec leur organisation doivent être fichées, espionnées et suivies de près. Il aura suffi qu'un de ces agents se soit trouvé à Tucson à un moment où nous étions dehors pour m'identifier et avertir le reste de ses petits copains. » Grommela Loki. Comme il voyait que la jeune femme quittait la voie rapide pour s'engager dans le désert, il reconnut la route emprunté et il ricana.

« Il n'est pas nécessaire de retourner se perdre dans cette montagne pour patauger dans un ruisseau si tu souhaites me voir nu, tu sais ? »

« Garde tes remarques salaces pour toi ! Je sors de la voie rapide parce que tu m'as dit de nous perdre. Alors le désert est le lieu le plus sûr pour cela. » Maugréa Abie. Loki allait répliquer, mais il se pencha pour regarder quelque chose dans le rétroviseur passager, et se recala dans son siège.

« Je doute que ton idée soit la bonne. Nous voilà isolés, visibles et parfaitement repérables. »

« Nous sommes seuls sur la route, personne ne nous a suivi ! » s'exclama Abie.

« Sur la route, oui. Lève les yeux. » Lui intima l'Asgardien.

Intriguée, la jeune femme pencha à son tour la tête sur son rétroviseur et vit soudainement un gros point noir se rapprocher d'eux dans le ciel et laissa échapper un cri.

« Merde merde merde ! » Jura la jeune femme en se crispant sur le volant.

« Arrête-toi. » exigea Loki d'un ton neutre.

« Quoi ? »

« Stoppe le véhicule. »

« Mais ils vont nous rattraper ! » paniqua la jeune femme.

« Pense-tu sincèrement que l'antiquité que tu conduis ira plus vite qu'un vaisseau de ce gabarit ? » ironisa Loki.

« C'est un hélicoptère, pas un vaisseau. » Corrigea automatiquement Abie, avant de ralentir et de se garer dans le bas-côté poussiéreux.

Elle laissa échapper un profond soupir en tremblant, et s'extirpa du véhicule.

Loki contourna la voiture pour se caler contre le capot tiède, bras croisé, son regard vert fixé sur l'hélicoptère qui s'approchait d'eux à toute vitesse. Abie, paniquée, se tenait à ses côtés, indécise, se tordant les mains.

« Cesse de paniquer. Cela ne te servira à rien. »

La jeune femme se passa une main sur le visage en soupirant une énième fois. Elle le dévisagea, les yeux brillants.

« Qu'est-ce qu'on fait ? » questionna-t-elle.

« Toi, rien. Tu es officiellement mon otage humaine. »

« Quoi ? »

Loki décroisa les bras et leva les yeux au ciel en se plaçant devant elle.

« Que crois-tu qu'il t'arrivera, si tu leur racontes la vérité ? Ils vont t'interroger. Vu la panique dans laquelle tu es, ça ne te sera pas difficile d'être convaincante en disant que je t'ai séquestré, n'est-ce pas ? »

« Mais ce n'est pas… »

« On s'en fout ! Idiote ! » S'emporta Loki, furieux. « Pour une fois, daigne faire ce que je te demande sans protester ! »

Abie se mordit les lèvres.

« Pourquoi… »

Loki ferma brièvement les yeux et se pencha vers elle, déposant un léger baiser sur son front.

« Parce que je ne tiens pas à ce qu'il arrive quelque chose à mon jouet préféré sur cette maudite planète. Je n'ai toujours pas gagné mon pari, tu te souviens ? » Répondit l'asgardien d'un ton qu'il voulait amusé. Ses lèvres s'attardaient sur son front et Abie ne put s'empêcher de fermer les yeux et de s'appuyer contre lui. Il la repoussa doucement, sa main caressant sa hanche.

« Voilà une attitude peu digne d'une otage terrifiée. Rentre dans ton rôle si tu tiens à être convaincante. » Affirma-t-il.

La jeune femme recula à contrecœur, ses boucles brunes fouettant son visage alors que l'hélicoptère fondait sur eux. Elle constata qu'une forme lumineuse volait en arrière-plan, forme qui au fur et à mesure qu'elle s'approchait, prenait une apparence humaine, d'un brillant rouge et or.

« Iron-Man… C'est Iron-Man… » Constata la jeune femme, abasourdie. Elle ne vit pas Loki grimacer.

« Je crois que je hais cet homme. » claqua-t-il, furieux.

L'hélicoptère était maintenant au-dessus d'eux. Abie n'eut aucun mal à paraître effrayée, car elle l'était absolument. Une voix émanant d'un haut-parleur s'adressa à eux.

« Miss Northman ! Eloignez-vous immédiatement de cet individu ! » Déclara la voix forte. La jeune femme sursauta en constatant qu'ils connaissaient son nom. Loki n'avait pas menti en disant que les Men In Black savaient tout… Elle obtempéra sans protestation et se précipita à plusieurs mètres de Loki. Celui-ci arborait une moue ennuyée, toujours appuyé contre la voiture.

« Ce cher Capitaine Rogers… » Affirma-t-il plus pour lui-même qu'autre chose, le bruit des hélices emplissant l'air.

Abie vit Iron-Man atterrir dans une explosion de poussière et de graviers à deux mètres d'elle, bras tendus en direction de Loki.

« Restez derrière moi. » ordonna la voix métallique du milliardaire. La jeune femme accorda un regard à Loki, dont le regard vif ne trahissait aucune émotion, et obéit à l'homme d'acier. Derrière elle, des filins avaient été lâchés de l'hélicoptère et elle vit en descendre deux silhouettes, dont une clairement féminine – et rousse. Depuis la soute ouverte, elle pouvait distinguer un homme, arc bandé en direction du dieu déchu. Abie, stupéfaite malgré sa peur, ouvrit la bouche. Les Avengers au grand complet…

« Si tu bouges, Tête de Bouc, je te pulvérise ! » déclara Stark. « Et ne crois pas que je n'y prendrais pas plaisir. »

« Toujours aussi plaisant à ce que je vois… » Répondit Loki d'un ton moqueur. « Agent Romanoff ! Quel plaisir de croiser à nouveau votre route. » Sur ce, il leva lentement les bras en signe de reddition. La Veuve Noire resta silencieuse alors qu'elle braquait son arme sur lui, s'approchant d'Abie.

« Vous êtes Abigaïl Northman ? » questionna-t-elle d'un ton froid.

« Euh… oui. » répondit-elle d'une voix tremblante.

« L'agent Bersek, derrière vous, va vous escorter jusqu'au jet. Montez. »

Abie tourna la tête vers le second agent qui avait accompagné la russe lors de la descente de l'hélicoptère, et le suivit rapidement.

« Montez, Miss. » demanda l'agent, un grand gaillard brun à la mine sévère.

Abie tourna une dernière fois les yeux vers Loki, à présent encerclé par trois autres agents qui avaient surgi de la soute.

Juste avant de monter, elle baissa les yeux sur ses mains tremblantes.

Avisant la chevalière que lui avait offert Jane cinq mois plus tôt, elle n'hésita qu'une seconde, et enclencha discrètement le signal d'alarme.

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Le vol avait été éprouvant. Abie n'avait pas revu Loki depuis sa montée à bord de l'appareil, et le dénommé agent Bersek la surveillait de près. Dans l'habitacle se trouvaient trois autres agents, dont un en costume noir et cravaté, comme ceux qu'elle avait vu au pied de son immeuble. L'homme affichait un air neutre, presque affable. Après l'agent Bersek, c'est lui qui l'avait accueilli à bord de l'appareil, en se présentant comme étant l'agent Coulson et qu'il dirigeait cette opération. Il lui avait assuré de leurs intentions pacifistes à son égard. Effectivement, elle n'était ni menottée, ni entravée, mais elle ne semblait pas pour autant libre. La jeune femme, scotchée à son fauteuil par un harnais, avait ses deux mains sagement posées sur ses genoux et tentait d'arborer une mine de circonstance, à savoir celle d'une otage apeurée. Au vu de la situation, elle y parvenait sans trop de difficultés.

Le voyage lui sembla durer plusieurs heures, et il le dura probablement. Elle n'avait pas de montre et on l'avait brièvement fouillée avant de l'asseoir à sa place, lui enlevant son sac et son portable. Elle n'osait pas leur demander ce qu'ils avaient fait de Loki. Le dieu déchu se trouvait probablement dans un autre compartiment de l'appareil. Progressivement, Abie vit rétrécir les éléments du décor terrestre sous ses yeux, en regardant par le hublot. Ils s'élevaient toujours plus haut. Quoi, les Men in Black avait une base spatiale ou quoi ? Finalement, elle distingua, sur la gauche de l'appareil, une masse sombre en suspension dans le ciel parfaitement bleu, au dessus des nuages. Au fur et à mesure que leur hélicoptère approchait, elle vit que la structure semblait immense et ressemblait fortement à un porte-avion. Sauf qu'Abie n'avait jamais vu voler de porte-avion. Elle sentit son angoisse augmenter et tenta de se forcer au calme par de petits exercices de relaxation et de respiration, sous l'œil curieux de l'agent Coulson.

« Tout va bien, miss Northman. Ce que vous voyez est notre base stratégique. Comme je vous l'ai brièvement expliqué, nous sommes une organisation gouvernementale chargée de la sécurité du territoire, voire à certaines occasions, de la planète. Nos intentions à votre sujet sont dépourvues d'hostilités. » Lui expliqua l'homme d'un ton bienveillant. Abie soupira et s'abstint de toute réponse.

Une demi-heure plus tard, l'agent Bersek l'avait escorté dans les coursives après que leur appareil se soit posé sur la plateforme et qu'une voiturette comme celles qu'on voyait sur les terrains de golf soit venue les chercher pour les mener à l'intérieur.

A présent, elle se trouvait dans ce qui avait tout l'air d'une salle d'interrogatoire. Elle devinait sans peine que le miroir sur sa droite devait être sans teint et remplie de gars en cravate avides d'écouter ses explications. Sur le mur opposait se trouvait une fenêtre, dont le verre épais donnait sur le pont d'atterrissage de la base. Elle voyait tels des fourmis des techniciens s'affairer sur les pistes, des véhicules circuler entre les avions… On avait déposé un gobelet en plastique avec de l'eau sur la table devant elle, et à présent elle attendait le bon vouloir de ses geôliers.

La jeune femme n'eut pas à attendre bien longtemps avant que la porte ne s'ouvre. Abie se remémora un cours de fac qu'elle avait suivi, sur les postures et la conduite à tenir en cas d'entretien d'embauche et estima qu'après tout, ce qui marchait avec un recruteur pouvait marcher avec un agent secret, non ? Elle tâcha de se détendre, décroisa ses jambes et posa calmement ses bras sur la table, ses mains sagement posées l'une sur l'autre devant elle.

Elle constata que c'était l'agent Coulson qui venait d'entrer. L'homme portait un dossier cartonné et tira la chaise face à elle avant de prendre place. Il déposa ses papiers sur la table et adressa un mince sourire à la jeune femme.

« Bien, nous voici installé. Si vous le voulez bien, j'aimerais revoir avec vous un certain nombre d'éléments qui nous ont menés jusqu'à votre présence ici. »

Abie se contenta d'acquiescer d'un signe de tête. L'agent poursuivit.

« Merci. Pour commencer, nous allons vérifier votre état civil. Vous êtes Abigaïl Katherine Northman, fille unique de Cole Northman et de Carol Foster, tous deux décédés. Vous avez vingt cinq ans, vous vivez à Tucson, Arizona, vous êtes archiviste photographe à l'Institut de photographie et des arts graphiques de la même ville et vous êtes célibataire sans enfant. »

« Félicitations, agent Coulson. Je vous mets un A+. » Rétorqua Abie, un peu blasée de voir que comme elle le pensait, rien n'avait échappé à ces hommes. « Maintenant, auriez-vous, à votre tour, la courtoisie de m'éclairer sur votre identité et les raisons de cet enlèvement ? Même si je vous ai suivi de mon plein gré, quelque chose me dit que je n'ai pas vraiment le choix… »

« Vous n'êtes absolument pas en état d'arrestation ou retenue contre votre gré, miss Northman. Dès que vous aurez répondu à mes quelques questions, un hélicoptère vous ramènera chez vous. Ce n'est qu'une formalité. »

« Si vous le dites… » Soupira-t-elle.

« Je vous en assure. Pour vous répondre, vous vous trouvez ici sur la base-mère du Strategic Hazard Intervention, Espionage Logistics Directorate, abrégé en SHIELD. Nous sommes une organisation gouvernementale secrète chargée, comme je vous l'ai brièvement expliqué sur la route, de la sécurité nationale, internationale et intra-terrestre. Si nous vous avons interpellé de façon aussi… cavalière dans le désert ce matin, vous vous doutez bien que c'est à cause de la présence de cet homme à vos côtés. Que savez-vous de lui ? »

« Depuis combien de temps m'espionnez-vous, agent Coulson ? » La question de la jeune femme sembla le surprendre.

« Vous devez comprendre, miss Northman, que l'individu qui se trouvait en votre compagnie, quoiqu'il ait pu vous raconter, est loin d'être un citoyen anodin. C'est un très dangereux criminel. Et pour vous répondre, nous ne vous espionnons pas. C'est lui que nous avons repéré sur une vidéosurveillance d'un magasin. » Voilà où est notre erreur, alors… songea Abie. Coulson reprit. « Vous vous trouviez à ses côtés aussi nous avons pris toutes les dispositions nécessaires pour vous identifier et vous repérer. Nous sommes soulagés de voir qu'il ne semble pas avoir été violent avec vous. » Abie retint un rictus. Non, il n'était pas exactement violent…

« Que savez-vous de cet homme ? »

« Qu'il s'appelle Loki et il a un très mauvais caractère. » Son interlocuteur ne dissimula pas un air surpris.

« Et comment l'avez-vous rencontré ? »

« En discothèque. » Abie vit avec une intense satisfaction le visage de l'agent Coulson se décomposer.

« Ecoutez-moi, cher monsieur Coulson. Je sais que vous et les autres Men In Black n'allez certainement pas me raccompagner gentiment chez moi à la fin de la journée, pas après m'avoir amené ici, m'avoir expliqué ce qu'est le SHIELD et après la démonstration de force de ce matin en plein désert. Alors je ne sais pas si vous avez un neuraliseur comme dans les films avec Will Smith, mais je tiens juste à vous dire ceci. » Sur ce, elle se redressa et elle vit son interlocuteur se tendre imperceptiblement, comme sur la défensive.

« Je sais qui vous êtes. Je sais qui est Loki, d'où il vient, ce qu'il a fait il y a deux ans à New-York. Ce que vous, vous ne savez pas, c'est la raison de sa présence ici, et soyez assurés que je ne vous dirais rien à ce sujet, parce que quoi que vous en pensiez, cela ne vous concerne pas. Je consens juste à vous dire ceci : Loki ne représente plus aucun danger pour personne, sauf peut-être pour moi s'il persiste à inonder ma salle de bain le matin. »

Sur ce, elle se recala dans sa chaise et prit le temps de se saisir de son gobelet pour boire quelques gorgées, sous le regard stupéfait de l'agent.

C'est alors que la porte s'ouvrit subitement.

Abie retint à grand peine un sursaut, et vit un homme de haute stature, imposant et la mine sévère, s'approcher d'elle. Noir de peau, borne, il ne semblait absolument pas aussi conciliant que l'agent Coulson et elle se ratatina un peu sur son siège.

L'homme prit place à côté de l'autre agent mais resta debout, bras croisés.

« Très bien, miss Northman, jouons franc-jeu. » clama-t-il d'une voix forte.

« Colonel Fury, je suppose. »

Celui-ci fronça les sourcils. Comment diable cette maudite et insignifiante bonne femme connaissait autant de choses classées secret défense ?

« En personne. Bien, passons outre le fait que vous semblez être au parfum d'un nombre assez conséquent de dossiers confidentiels dont vous n'êtes même pas sensée être au courant, nous allons passer directement à la case vérité. Qui êtes-vous ? »

« Je suis Abie Northman, modeste terrienne à qui on a gentiment confié la mission d'humaniser Loki. Croyez-moi, ce n'est pas une mince affaire tous les jours. » Rétorqua Abie, qui voyait par la fenêtre que des nuages noirs et menaçants commençaient à envahir le ciel. Parfait.

« Une simple humaine ? Pourquoi vous ? Qui désigne ce « on » qui vous a confié Loki ? »

« Oui, une simple humaine. Pour lui faire prendre conscience que notre espèce n'est pas aussi insignifiante qu'il n'y parait. Pourquoi moi ? Parce que ma cousine a estimé que j'étais la personne idéale. »

« Votre cousine ? » demanda Fury, surpris.

« Vous avez visiblement négligé un détail important concernant l'état-civil de mes parents, si un nom de famille n'a pas éveillé votre curiosité. » Railla Abie. A cet instant, elle vit un éclair déchirer le ciel, au loin. Elle sourit.

« Agent Coulson, rafraichissez moi la mémoire je vous prie. »

« Oui Monsieur. » A ces mots, l'agent fouilla dans le dossier et en sortit la première feuille, qu'il relu rapidement.

« Oh… Carol Foster… Foster, comme Jane Foster, je suppose ? Comment n'avons-nous pas fait le rapprochement… » Maugréa-t-il.

« Il y a autant de Foster aux USA que de champs de blé, agent Coulson… de plus, Miss Foster n'est qu'un civil consultant du SHIELD, pas de quoi nous alarmer. Nous allons cependant immédiatement la convoquer pour avoir des explications. Très bien miss Northman, et concernant ma troisième question ? » Fury s'était redressé, menaçant.

Abie tourna son visage vers la fenêtre, un grand sourire aux lèvres.

« Je pense que la personne la mieux à même de vous répondre, Colonel, devrait atterrir sur votre USS Entreprise (1) d'un instant à l'autre… »

A ces mots, une gerbe d'éclairs se fracassa tout autour de l'héliporteur, faisant trembler les vitres. Coulson se redressa d'un bond en laissant tomber sa chaise.

« Merde. » jura-t-il fort peu gracieusement. « C'est Thor. » conclut-t-il.

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(1) : la réplique d'Abie au sujet de l'USS Entreprise fait bien évidemment référence au célèbre vaisseau amiral de la flotte dans Star-Trek. Perso, c'est à ça que m'a toujours fait pensé l'hélicarrier du SHIELD ^^

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Et voilà ! votre avis ? prochain chapitre lundi si tout va bien :)

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