Bonsouaaaaaaaaaaar !
ça vous dirait, un petit chapitre un peu dark, un peu glauque, du vraiiiii Loki comme on l'aime ?
Alors... c'est pour vous, chères followers !
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comme d'habitude, les personnages et l'univers abordés dans cette fanfiction ne m'appartiennent pas et sont la propriété de Marvel Comics, Disney, Hollywood et tout le tralala...
Seul le personnage d'Abigaïl "Abie" Northman est ma possession jalouse et exclusive ^^
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Enjoy, yatta, c'est parti mon kiki !
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Plongée dans un profond sommeil réparateur, Abigaïl rêvait.
Ou plutôt, elle se souvenait. Elle dormait, avait conscience qu'elle dormait, mais comme prisonnière de son propre corps, ses pensées vagabondaient dans un étrange état de semi-coma.
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Son premier matin sur Asgard emplit sa tête de souvenirs et elle revit la scène comme si elle se produisait à nouveau.
La nuit avait été brûlante et torride, mais malgré tout, l'excitation de l'aventure l'avait ce matin là tiré du sommeil assez tôt.
La jeune femme profita que Loki soit encore endormi – visiblement, il profitait bien mieux de son sommeil dans son propre lit que sur Terre – pour explorer les appartements de son amant et quitta la chambre sans un bruit, seulement vêtue d'une sorte de robe de chambre très élégante, d'un tissu soyeux si léger qu'elle avait l'impression d'être nue. Les lieux devaient faire au moins trois fois la taille de son logement de Tucson et encore, il n'y avait pas de cuisine. Le vestibule qui donnait sur la porte d'entrée occupait à lui-seul un espace grand comme deux fois sa chambre.
Loki avait justifié sa taille par la nécessité de faire patienter d'éventuels visiteurs avant de les recevoir dans son salon. Celui-ci, qui assurait la liaison entre l'entrée et la chambre, était une vaste pièce rectangulaire très lumineuse, aux murs de marbre – du moins elle le supposait, si une roche comme du marbre existait sur Asgard – presque opalescents, comme mus d'une capacité de lumière propre. Pour réchauffer les lieux, des tableaux et des teintures finement brodées étaient disposés aléatoirement pour le seul plaisir des yeux. La façade donnant sur les jardins était percée d'immenses baies vitrées fines comme du cristal, ouvrant sur un vaste balcon aux colonnades ouvragées. Pour le moment, les draperies d'un vert émeraude sombre étaient tirées et seuls quelques rayons de soleil filtraient au travers. Le sol, recouvert d'un vénérable plancher en bois clair était doux sous ses pieds nus, occupé çà et là d'élégants tapis bariolés aux motifs alambiqués. Elle discerna même des arabesques composées de runes ou qui du moins y ressemblait.
Le mobilier était à l'image de son propriétaire : élégant et puissant. Harmonieusement disposés dans la pièce, sofas, fauteuils, chaises, guérites, consoles de travail, bureaux et autres bergères remplissaient le salon sans l'encombrer. Abie ne put pas manquer le mur du fond, occupé dans son intégralité par d'immenses rayonnages en bois sombre. Des milliers de livres, rouleaux de parchemins, tablettes et autres liasses s'y trouvaient entassés. Dans un coin, un élégant bureau en bois d'un noir brillant – ou bien était-ce de la pierre ? – était jonché de manuscrits ouverts, de feuilles éparses et de divers instruments d'écriture. Un confortable fauteuil rembourré lui faisait face et un énorme chandelier aux bougies à demie-consommées surplombait le tout. Abie n'eut aucun mal à imaginer Loki, droit et concentré, plongé dans l'étude d'un antique parchemin tout en prenant des notes…
La jeune femme délaissa l'étude de la bibliothèque pour se diriger vers la salle de bain. Palais de bain aurait été plus juste : le terme piscine aurait été plus approprié pour définir la baignoire. Ils n'avaient pas de souci d'eau sur Asgard, visiblement… Un immense miroir ouvragé surplombait une vaste vasque à la plomberie rutilante – probablement en or – le tout sur des murs de mosaïque dans des tons de gris, de blanc laiteux et d'émeraude. Si Loki n'aimait pas le vert, il jouait bien le jeu.
Elle referma la porte à double battants et retourna dans le salon et après un instant de réflexion, porta son choix sur un large sofa d'allure très confortable. Une fois vautrée entre les coussins, elle constata qu'il était en effet aussi confortable qu'il en avait l'air et la jeune femme soupira d'aise.
Il ne manquerait plus que quelqu'un pour lui masser les pieds et ça serait parfait.
« Votre Grâce ? » demande une voix féminine polie.
Abie sursauta violemment et évita de justesse un hurlement disgracieux.
Le cœur battant à tout rompre, elle vit avec stupeur une jeune femme, presque encore une adolescente, vêtu simplement de la tunique beige et bleue marine de ce qu'elle avait deviné être la livrée des domestiques, lui faire face d'un air profondément humble, debout les mains croisées sur son giron.
« Qui êtes-vous ? » Demanda Abie d'une voix mal assurée.
« Je suis Solveig, votre Grâce. Sa majesté notre reine m'a désigné comme votre camériste, à dater de ce jour. »
« Ma… camériste ? Mais pourquoi diable aurais-je besoin d'une camériste ? » Bafouilla Abie, songeant que ce terme pour désigner une femme de chambre était usité depuis fort longtemps sur Terre. La jeune fille la regarda avec étonnement.
« Mais parce que vous êtes la concubine du Seigneur Loki, votre Grâce. Il est impensable que vous vaquiez à des tâches domestiques seule. » Répondit-elle comme si c'était une évidence.
« Des tâches domestiques. » Répéta Abie, troublée. « Je crois que je suis encore capable de m'habiller et de me coiffer toute seule… » Finit-elle par grommeler. Elle vit Solveig afficher une moue soucieuse et elle regretta la sécheresse de son ton.
« Veuillez me pardonner si je vous ai offensé votre Grâce »
« Ce n'est rien, c'est moi qui vous doit des excuses, je ne suis pas très polie. Pouvez-vous me dire pourquoi vous m'appelez 'votre grâce' ? Je n'ai pas une goutte de sang noble dans les veines donc je doute de mériter un tel qualitatif… »
« Sa Majesté notre reine est très soucieuse du soin apporté à la tenue du palais et du bien-être de ses hôtes. Puisque le Seigneur Loki vous a désigné comme sa concubine officielle, vous devenez de fait Lady Abigaïl, et c'est ainsi que tout le monde dans le palais, qui vous soit inférieur, devra s'adresser à vous en ses termes. »
« Et les autres ? »
« La famille royale, bien sûr, vous appellera Lady Abigaïl. Même le reste de l'aristocratie d'Asgard vous doit le respect le plus absolu. Vous avez un rang équivalent à celui d'une princesse de sang, parce que le Seigneur Loki vous traite comme une épouse. »
A ces mots, Abie écarquilla les yeux, effroyablement mal à l'aise.
« Je… » fut tout ce qu'elle put articuler.
La jeune servante restait silencieuse, indécise mais sagement immobile.
Abie finit par hausser les épaules en soupirant.
« Soit… à Rome, fais comme les romains… Et bien euh, Solveig, je vais aller prendre un bain, et ensuite, je veux bien tester vos talents de coiffeuse… »
Elle sut qu'elle avait eu les bons mots lorsqu'elle vit la jeune fille blonde lui adresser un sincère et timide sourire de satisfaction.
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Son souvenir se brouilla comme on rembobine une cassette et une douleur lancinante lui étreint le crâne, arrachant un gémissement de souffrance de sa gorge desséchée.
Une main fraîche se posa alors sur son front baigné de sueur et la voix claire de Loki murmura d'apaisantes paroles à son oreille, sans qu'elle ne puisse les comprendre.
Et subitement, la douleur disparut et elle ouvrit les yeux.
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Elle était bien évidemment couchée, dans ce qu'elle identifia comme le lit de Loki dans sa chambre, après un bref regard flou aux teintures qui encadraient le lit.
Ses yeux se posèrent finalement sur l'homme qui la surplombait, sa main toujours sur son front, l'air soucieux.
« Comment te sens-tu ? » demanda-t-il doucement.
« Je… mieux… » murmura-t-elle, la gorge sèche.
Loki tendit la main sur le chevet et s'empara d'un verre d'eau, qu'il l'aide à boire en maintenant sa tête redressée, son autre main dans sa nuque.
Le liquide frais soulagea la sécheresse de sa gorge et elle s'éclaircit la voix.
« Loki… que s'est-il passé ? »
Aussitôt qu'elle eut prononcé ses paroles, elle vit les traits de son amant devenir de marbre et une profonde colère les remplir.
« Sigyn, bien sûr. » grinça-t-il.
En entendant le prénom honni, Abie se sentit devenir encore plus blême qu'elle ne l'était déjà.
« Comment ? » coassa la jeune femme, prise d'effroi.
Loki reposa doucement sa tête sur l'oreiller et se releva, furieux, pour faire les cents pas devant le lit.
« Ta mutilation. Je ne vois que ça. C'est plus qu'une insulte magiquement gravée dans ta peau. Elle y a également lié un sort de mort. J'ai senti une magie puissante à l'œuvre il y a trois soirs, lorsque tu t'es évanouie en hurlant. Ta cicatrise scintillait. Ce qui veut dire qu'une magie sombre est à l'œuvre. Mère est depuis plongée dans ses livres et ses parchemins pour nous venir en aide et tenter de lever le sort. » Il cessa de déambuler et lui fit face.
« J'ai été inconsciente trois jours ? » balbutia la jeune femme, livide. Loki s'approcha à nouveau d'elle pour prendre délicatement sa main.
« J'ai fait en sorte que tu restes inconsciente, le temps que la magie du sort se dissipe. Cela aurait été trop douloureux pour toi sinon. » Affirma le dieu.
« Comment as-t-elle pu… activer ce sort ? Et pourquoi pas avant ? » Questionna la jeune femme d'une voix blanche.
« Elle est bien sûr bannie d'Asgard. Mais je sais comment elle s'y est prise. » Loki marqua une pause, pensif. « Une mule. Elle s'est servie d'une autre personne, qu'elle a chargée de sa magie, pour qu'il se rapproche suffisamment de toi. Sa proximité aura suffit à activer le sort qui vit dans ta cicatrice. »
La jeune femme soupira, les tempes bourdonnantes.
Loki reprit, sa main toujours serrée sur la sienne.
« Mais n'ai crainte, Amour. Il se trouve que j'ai précisément identifié les coupables, car ils sont plusieurs. Ils croupissent actuellement dans une des geôles du palais, et à présent que tu es hors de danger, je vais aller superviser personnellement leur interrogatoire. » Acheva-t-il en l'embrassant sur le front et en se redressant. « Solveig veillera sur toi. Des gardes sont stationnés devant la porte. J'ai toute confiance en eux, et je suis sûr de leur loyauté. »
Il se dirigea vers la porte, alors qu'Abie se redressait.
« Je reviendrais vite Amour. Repose-toi. » Acheva Loki en franchissant la porte et en la fermant doucement derrière lui.
La jeune femme ferma les yeux et se cala contre la pile de coussin du lit.
Qui a dit que la vie d'aristocrate était ennuyeuse ?
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Don't bury me
Don't let me down
Don't say it's over
'Cause that would
Send me under.
Underneath the ground
Don't say those words
I wanna live but your words can murder
Only you can send me, under…
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Alex Hepburn – Under
Abie n'en pouvait plus de rester confinée dans les appartements de Loki. Lorsqu'elle avait essayé de sortir, deux imposants gardes Asgardiens, postés devant la porte, lui avait poliment mais fermement fait comprendre qu'elle ne devait pas franchir le seuil. Elle avait tout essayé mais le duo était resté inflexible, à sa plus grande colère.
Au bout de quatre heures, elle n'y tint plus. Ouvrant avec rage l'immense porte de la penderie qui lui avait été attribuée depuis son arrivée ici.
Elle n'hésita qu'un instant avant de se décider pour un pantalon évasé, une tunique d'un vert profond sans manches et une paire de chaussures plates. Elle ne se sentait pas d'aller agresser Loki habillée comme une princesse en attente de son bal du soir… Vêtue de façon plus confortable, elle ouvrit à nouveau la porte.
Les deux hommes tournèrent la tête vers elle, croisant leurs imposantes lances.
« Ordre du Seigneur Loki, votre Grâce. Vous devez rester en sécurité. »
Abie plissa les yeux, au comble de la fureur.
« Laissez-moi passer, ou je sors par la fenêtre. Au risque de me rompre le cou, ce qui mettra sans nul doute le Seigneur Loki de fort mauvaise humeur envers vous. » Gronda la jeune femme.
« Votre Grâce… » Hésita le garde de gauche.
« Escortez-moi, si vous préférez ne pas me quitter des yeux. Mais j'exige d'être menée à Loki, immédiatement. J'assume toutes les conséquences, et je vous promets que nul ne vous en tiendra rigueur. »
Le second garde contempla en silence son camarade, puis haussa les épaules.
« Avons-nous le choix ? Suivez-nous votre Grâce. »
Abie hocha de la tête, soulagée.
Ils déambulèrent dans les couloirs, longèrent l'aile Ouest avant de descendre une longue volée de marches. Abie sentait son inquiétude augmenter : où est-ce qu'ils se dirigeaient ? Que faisait Loki dans ce qui semblaient-être les… caves ? Même si elle n'avait pas vu de si splendides caves nulle part sur Terre, elle n'avait pas d'autre mot pour désigner le dédale sombre de couloirs souterrains.
Ils arrivèrent enfin devant une massive porte en bois ancien. Le garde de tête se tourna vers elle, l'air contrarié.
« Votre Grâce, je doute que le Seigneur Loki sera satisfait de vous voir ici. S'il vous a confiné dans ses appartements, c'est justement pour que… ceci reste étranger à vos yeux. »
« Ouvrez cette porte, je vous prie, et annoncez-moi. » Ordonna Abie d'une voix froide. Elle sentait ses mains devenir moite.
Que pouvait bien trafiquer Loki dans cette pièce depuis hier matin ? Elle s'était douté qu'il voudrait interroger les assassins envoyés par Sigyn, mais elle redoutait à présent la façon dont il avait pu mener l'interrogatoire.
Le garde soupira, et frappa fermement à la porte.
Il se passa plusieurs secondes avant que l'huissier ouvre le panneau de bois. Il avait une mine patibulaire, qui inquiéta d'avantage la jeune femme.
« Quoi ? » Claqua l'homme, avant d'apercevoir la tête brune derrière le garde.
« Que faites-vous ici votre Grâce ? Le Seigneur Loki… »
« J'exige d'entrer dans cette pièce. Empêchez-moi de le faire et j'en réfère directement au Roi. Et je vous crève les yeux. » Ajouta la jeune femme en serrant les poings.
Elle vit le visage blafard du cerbère la dévisager un instant, pensif.
« Après tout, c'est pour vous tout ça… Entrez donc Lady Abigaïl. Je décline toute responsabilité si ce que vous allez voir vous choque. »
Et la porte s'ouvrit.
Abie inspira profondément et entra, intimant d'un geste de la main à ses deux gardes qui allaient la suivre d'attendre dehors.
« Non. Attendez-moi ici. Je ne veux pas que Loki vous tienne pour responsables de ma venue. »
Ils n'insistèrent pas, visiblement soulagés.
La porte se referma toute seule sur elle et la jeune femme frissonna.
De grands braseros éclairaient les lieux, même si l'ensemble demeurait sombre. Comme elle s'y attendait, elle se trouvait sans nul doute dans une sorte de prison. Ou de salle de torture. Elle n'aurait pas cru que des gens en apparence aussi raffinés que les Asgardiens puissent recourir à ce genre de choses…
Le geôlier la conduisit jusqu'à une estrade.
Abie sentit sa mâchoire se contracter violemment alors qu'elle voyait de plus en plus distinctement deux masses sanguinolentes, qu'elle identifia avec horreur comme des corps humains. Sur le troisième homme, qui gémissait doucement dans un effroyable gargouillis de sang, Loki était penché, ses doigts enfoncés dans les entrailles du ventre ouvert du prisonnier.
La jeune femme demeura pétrifiée, livide et raide. Elle n'osa esquiver le moindre mouvement, observant avec une curiosité morbide l'homme qu'elle aimait sourire avec vice tandis que ses mains fouillaient les chairs de sa victime, lui arrachant des cris de souffrance.
Il sembla alors prendre conscience de sa présence, et se redressa subitement, abandonnant le supplicié sur le sol. Faisant volte-face, il la contempla un instant, grand et maculé de sang, une expression neutre sur son beau visage.
« J'avais expressément interdit ta venue ici. Ces gardes seront punis pour ne pas m'avoir obéi. » Claqua Loki d'une voix froide.
« Punis de la même façon que tu t'éclates à étriper ces malheureux ? » murmura Abie, sa voix légèrement tremblante.
« Ces… malheureux, comme tu dis, sont des assassins professionnels qui ont tenté de te tuer. Ils ne méritent aucune pitié. »
« Tu as torturé ces hommes, Loki… C'est monstrueux… » Souffla la jeune femme.
Il la regarda un instant, l'air indécis.
« Il me faut faire un exemple. Envoyer un message clair à Sigyn et à tous les mercenaires qu'elle pourrait recruter. »
« Loki, tu prenais plaisir à arracher les tripes de ce pauvre type à l'instant ! Quel message peux-tu envoyer en massacrant des hommes dans une cave, à l'abri des regards ? »
Il semblait à présent mécontent, et Abie ferma les yeux pour retenir ses larmes. Qui était réellement l'homme qu'elle aimait, au final ?
« Certaines facettes de ma personnalité ont en effet encore besoin d'être travaillées pour se conformer au bel idéal qu'on attend de moi, très chère. » Son ton était piquant. Abie sut avec effroi qu'il ne regrettait pas du tout ce qu'il venait de faire.
Elle recula d'un pas et releva la tête.
« Tu m'as persuadé que tu n'étais pas un monstre, Loki. Et je ne parle pas de ta nature de Jotun, ou d'extra-terrestre à mes yeux d'humaine, non. Tu m'as persuadé qu'il y avait du bon en toi, et je n'aurais jamais imaginé que tu sois capable de… ça. » Sa voix tremblait à présent et une énorme boule obstruait sa gorge.
« Il y a du bon en moi. Comme en chacun de nous. Tu as aidé à révéler cela en moi. Mais personne ne peut être tout noir ou tout blanc, amour. Même Thor a commis des choses bien peu recommandables. Nous sommes ce que nous sommes… Tu savais, en me suivant, que je n'étais pas un ange, tel que les midgardiens les voient dans leurs jolis livres religieux. » Sa voix, pleine de cynisme, devenait subitement insupportable à Abie. Elle était dénuée de la moindre sensation, de la moindre tendresse à son égard et elle sentit son cœur se fragmenter.
Elle sut alors qu'elle n'avait qu'un seul choix possible à présent.
« Je veux rentrer sur Terre. Immédiatement. » Sa voix tremblait moins, en total paradoxe avec le tsunami de détresse qui noyait son âme et ses émotions.
Loki la regarda en silence, le sang goutant lentement le long de ses doigts, pour s'échouer en un plic ploc écœurant sur le dallage de pierre.
« C'est ainsi… » Commenta le dieu, le visage fermé.
« C'est ainsi. » répondit Abie.
Elle tourna les talons et tâcha de rejoindre la porte sans courir.
Elle se refusa à se tourner pour croiser une nouvelle fois ses yeux verts, son visage, ou apercevoir le massacre qu'il avait commis. Elle claqua la porte, retenant son souffle.
Les deux gardes la dévisagèrent, surpris, mais gardèrent le silence. Elle les devança rapidement et ils s'élancèrent derrière elle.
Dans un état second, elle retrouva d'elle-même, sans savoir trop comment, le chemin des appartements de Loki.
Elle vit volte-face une fois devant la porte.
« Allez me chercher Lady Jane. Immédiatement. » Exigea la jeune femme. L'un des gardes se fendit d'un signe de tête, et fit demi-tour.
Elle entra dans la chambre et ferma la porte, s'asseyant en tremblant dans un fauteuil.
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Moins de dix minutes après son retour, Elle entendit des coups frappés et se leva précipitamment.
« Entrez ! » Répondit la jeune femme.
Elle vit Jane, radieuse dans une belle robe d'un jaune pâle et les cheveux relevés, faire irruption dans la pièce.
Elle perdit instantanément son sourire lorsqu'elle vit la mine effroyable de sa cousine.
« Abie ? Que se passe-t-il ? » Demanda la scientifique, inquiète.
« Ecoute-moi et surtout ne m'interrompt pas, sinon je vais me mettre à pleurer comme une hystérique. » Débita la jeune femme à toute vitesse, des tremolos dans la voix.
Jane prit place dans un fauteuil à ses côtés et l'écouta déballer, d'une voix saccadée, le récit de sa découverte macabre. Au fur et à mesure de son histoire, sa cousine devenait de plus en plus pâle. Quand Abie cessa de parler, les yeux brillants de larmes, elle posa une main réconfortante sur son bras.
« Oh, Abie… je ne sais pas quoi te dire… »
« Il n'y a rien à dire. Je savais depuis le début que Loki n'était pas un enfant de chœur. Je m'attendais à quoi ? C'est un homme d'un autre monde, apparenté à une divinité sur le nôtre, qui a des siècles de vie derrière lui. Et le portrait qu'en dresse la mythologie nordique est sans doute très fantaisiste, mais comme tout mythe, il y a une part de vérité. Et c'est assez équivoque, question horreurs. Je pensais juste… Je n'aurais jamais imaginé cela. Je ne peux pas tolérer cela. C'est au-dessus de mes forces… Je veux rentrer. Maintenant. » Elle pleurait franchement à présent.
« Je… tu es sûre ? Peut-être devrais-tu essayer de discuter avec lui ? » Tenta Jane, désolée.
« Il n'y a rien à discuter. Jane, il avait cet air sur le visage… il aimait ce qu'il faisait ! Il n'a exprimé aucun regret, et dans un sens, a même justifié ses actes par la nécessité de me protéger ! En quelque sorte, je suis responsable de ça ! » Elle baissa la tête. « J'ai besoin de rentrer chez moi. De m'isoler, de passer du temps seule, sans lui. De me sortir ces atrocités de la mémoire. »
Jane se leva.
« Je vais en parler immédiatement à Thor. Ne t'inquiète pas, je ne lui dirais pas pourquoi tu veux rentrer. Je dirais que tu as besoin de t'éloigner, que la Terre te manque, qu'une amie à toi va mal. » Ajouta la scientifique en voyant l'air inquiet d'Abie.
Elle se dirigea vers la porte.
« Je reviens dès que j'ai une réponse. »
Et elle quitta les lieux.
Une fois qu'elle fut partie, Abie exigea de ses gardes qu'ils ne la dérangent pas, sauf s'il s'agissait de Jane.
Elle ferma la porte, et finalement, éclata en sanglots, se laissant glisser lentement le long du mur, au bord de la fenêtre.
Elle pleura longtemps, une heure, peut-être deux. A aucun moment elle n'avait vu Loki revenir. C'est quand elle entendit un discret coup sur la porte qu'elle se redressa subitement, en grimaçant, le corps endolori d'être resté prostrée.
Jane entra à nouveau, l'air inquiet en avisant son allure désemparée.
« Prépare-toi. Nous partons dans une heure. »
« Nous ? » Questionna Abie en reniflant.
« Thor nous accompagne pour le voyage, Et il devra patienter plusieurs jours avant que le Bifrost soit rechargé. Il est hors de question que je te laisse seule dans cet état, donc tu vas venir squatter chez moi quelques jours, d'accord ? »
Abie soupira.
« S'il le faut… »
« Est-ce qu'il… » Hasarda Jane.
« Non, il n'est pas revenu. Je ne veux pas le voir, ni lui dire au revoir. Je me prépare, et on y va. » Répliqua Abie d'un ton froid, chassant ses larmes.
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Une heure plus tard, un jet d'énergie pure, puissant et lumineux, déchirait le ciel d'Asgard et se perdit dans l'espace, au bout du pont Arc-en-Ciel.
Perché sur un balcon des hauts étages du palais, Loki, le visage insondable et les poings serrés, regarda le Bifrost ralentir sa course puis se refermer.
Il baissa la tête et ferma la fenêtre.
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Je suis un mooooonstre oui oui oui, vous avez le droit de me crier dessus ! :D
La suite en aout, parce que là, je pars en vacances.
Mais je vais envoyer du lourds, z'allez voir !
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