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« Madame, est-ce que Lily est réveillée ? » demanda Séraphine.
L'infirmière, madame Pomfresh, lui jeta un coup d'œil suspicieux et déclara : « Lily a besoin de repos. Elle ne doit pas être exposée à des perturbations extérieures. De toute façon, tu n'es pas autorisée à la voir. »
Séraphine hocha la tête. Son amie était à l'infirmerie depuis deux jours et les soupçons pesaient toujours sur elle. L'école avait envoyé une lettre à sa mère pour lui réclamer l'autorisation de faire avaler du Veritaserum à la jeune fille, et de lui faire passer un interrogatoire afin de déterminer sa responsabilité dans l'affaire. En attendant, elle avait été consignée dans une chambre à part de ses camarades, située dans la tour Est de Poudlard, en guise de punition.
Deux Gryffondor, amies de Lily, passèrent devant elle en la fusillant du regard. Aux yeux de tous, Séraphine avait tenté d'attaquer Lily avec un livre mangeur de chair humaine. La rumeur s'était répandue rapidement, trop rapidement, et elle était furieuse de savoir que le véritable coupable l'écoutait se propager en hochant la tête, peut-être même en s'exclamant d'une voix terrifiée : « Mais quelle fille cruelle ! »
Madame Vale avait tenté d'intervenir en faveur de son élève, mais elle ne pouvait rien faire tant qu'une enquête ne prouverait pas son innocence. Du reste, Séraphine avait été réconfortée de la confiance que lui portait sa professeure, qui lui avait assuré qu'elle la croyait et la croirait toujours jusqu'à ce qu'elle lui mente.
« Séraphine ? l'appela Alice Fortescue d'un ton timide.
— Alice ? Que fais-tu là ? Tu es venue rendre visite à Lily ? » l'interrogea Séraphine.
La Poufsouffle secoua la tête en détaillant la Serpentard.
« Tu sais, tout le monde dit que tu as essayé de tuer Lily. On m'a dit de ne pas t'approcher, parce que tu es dangereuse. Est-ce que c'est vrai ?
— Non, répondit Séraphine. Quelqu'un m'a tendu un piège. »
Il sembla que c'était tout ce qu'il fallait lui dire pour qu'elle la croit, car elle releva un regard confiant et déterminé, qu'il était tout à fait curieux de remarquer sur le visage habituellement timide et réservé d'Alice.
« Très bien, dans ce cas je vais t'aider. Tu as une idée du coupable ?
— Il est certainement quelqu'un de Serpentard, pour avoir eu accès à mes affaires. C'est tout ce que je sais. »
Alice hocha la tête et déclara : « Dès que tu auras une idée de la manière de le débusquer, préviens-moi. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour prouver ton innocence. »
Perturbée par autant de gentillesse, Séraphine, hébétée, lui demanda : « Pourquoi est-ce que tu m'aides ? »
La figure d'Alice devint rose.
« Lily parle souvent de toi, et elle t'aime beaucoup. J'ai confiance en son jugement. Si elle pense que tu n'aurais pas pu faire cela, alors je la crois. Et puis, je sens que tu n'es pas mauvaise. »
Séraphine, même si elle ne le montra pas, fut particulièrement touchée par ces paroles. Savoir que Lily l'aimait toujours malgré leur séparation, et qu'elle la croyait, lui réchauffait le cœur plus que de raison. Et désormais, elle était d'autant plus déterminée à retrouver le coupable. Autant pour faire honneur à ceux qui la croyaient, que ceux qui ne la croyaient pas.
Au cours des jours qui suivirent l'incident, elle réfléchit à deux choses : la première, sa priorité, traquer les potentiels suspects afin d'en éliminer le plus possible, et la deuxième, non moins importante, trouver la manière de prouver leur implication.
Elle remonta jusqu'à ses voisines de chambre. Jamais elle n'avait laissé son cadeau autre part que dans un tiroir, fermé à clé. Les seules qui auraient pu en avoir connaissance étaient les Rupert.
Alors que tous les élèves suivaient plus ou moins assidûment leurs cours, Séraphine feignit un violent mal de crâne pour s'éclipser à l'infirmerie. Elle convainquit Mme Pomfresh que le meilleur moyen pour elle de guérir vite était de la laisser se reposer seule et l'infirmière lui accorda vingt minutes avant de retourner en classe.
D'un pas rapide et silencieux, Séraphine se dépêcha de descendre aux cachots. Elle chuchota le mot de passe, mais rien ne se produisit. Elle le répéta, mais l'opération échoua à nouveau. Une seule explication : on avait changé le mot de passe et personne ne l'en avait informée.
« Séraphine ? Qu'est-ce que tu fais là ? demanda Neil Trix.
— Je te retournerai bien la question, mais je n'ai pas le temps, alors dis-moi le mot de passe, s'il-te-plaît, supplia Séraphine.
— Je ne sais pas, hésita Neil. Lucius a dit de ne pas te le donner...
— Personne ne le saura, promit la Première Année. Et je ferai tout tes devoirs jusqu'à la fin de l'année.
— Tu as de la chance de m'avoir. », soupira-t-elle.
Elle lui dit d'une voix légèrement contrariée « Sang-pur » et Séraphine pénétra avec précipitation dans le dortoir. Elle entra dans la Chambre des Nobles et commença par les affaires de Cassie, poursuivit avec celle de Cassidy, et finit avec celle de Cassandre. Elle trouva une enveloppe remplie d'une liasse de billets, enfoncée dans le matelas. Au dos, une signature : celle de sa mère.
Elle n'eut pas le temps de s'interroger sur la présence de celle-ci que déjà, elle devait courir pour retourner à l'infirmerie. Elle s'y glissa juste à temps, souriant de l'air le plus détaché possible lorsqu'une trahison perpétrée par un membre proche vous attaque en plein cœur.
« Je devrais retourner en cours, dit-elle à Madame Pomfresh, qui arrivait avec la ferme intention de sortir la Serpentard de ses quartiers.
— Reste encore un peu, décida-t-elle finalement. Tu as les yeux rouges, peut-être que tu as vraiment attrapé une maladie. »
