Prompt: Sous anonymat - stranger in the night


L'échappatoire.

Après la guerre, Deku et Kacchan avaient été catapultés sur le devant de la scène, on les voulait partout, on les voyait partout. À la télé, dans les journaux, en publicité, et dans tous les endroits où on avait besoin d'eux pour reconstruire ceci ou cela. Ils n'avaient plus une minute à eux et quand bien même Kacchan avait failli mourir, il avait eu peu de temps pour se reposer et pareil pour Deku qui avait tant donné pour sauver ce monde. Désormais ils essayaient de changer les lois, les règles, de rassurer, d'empêcher certains de profiter du désordre et répondre aux millions de questions. Ils étaient épuisés, mais Deku continuait de sourire et de calmer Kacchan, dont le caractère explosif n'avait pas tellement changé même s'il était plus doux parfois et s'autorisait, surtout en présence de Deku, d'être plus souriant.

N'empêche que l'un comme l'autre, rêvait d'un moment à eux, d'un instant pour souffler, respirer, simplement profiter. Comme d'habitude Deku se donnait à fond, il ne pouvait pas se permettre d'abandonner les gens alors que tout était de sa faute. Kacchan avait une autre vision. Que les journalistes aillent se faire voir, que les gens pour une fois règlent leurs problèmes seuls ou avec d'autres super-héros. Deku et Kacchan n'étaient pas les seuls. La tête d'œuf, double-face, et les autres, ils pouvaient bien prendre le relais.

Donc alors qu'ils étaient à une énième interview, à répondre en boucle aux mêmes questions, Kacchan se leva abruptement:

— Désolé, mais on a une urgence.

Il attrapa la main de Deku, le força à se mettre debout et se mit à courir avec son ami derrière.

— Attend, attend, Kacchan, qu'est-ce qu'il se passe? cria Deku alors qu'il traversait les couloirs de la télévision.

— On s'enfuit!

— Quoi? Mais on ne peut pas …

— Si on peut, et on va le faire.

Kacchan les emmena jusqu'à une porte étiquetée «costumesdivers», et ils s'y engouffrèrent. Deku était perdu alors que Kacchan cherchait des tenues pour les faire disparaître. Dans la rue, tout le monde pouvait les reconnaitre, qu'ils portent leurs vêtements de super-héros ou une tenue civile, ils allaient devoir changer quelques trucs. C'est ainsi que Deku se retrouva avec une perruque blonde sur la tête et Kacchan une rousse, qu'ils mirent de drôles de chapeaux, et se retrouvèrent en chemise et veston tous les deux. Deku se vit dans le miroir et se trouva bizarre, puis ses yeux se posèrent sur Kacchan et même grimé ainsi, il le trouva toujours parfait. Et reconnaissable. Son costume n'allait tromper personne, ses yeux rouges étaient bien les siens.

— Fais-moi confiance, souffle Kacchan avant de reprendre sa main.

Et Deku décida d'obéir. De toute façon, il suivrait sans doute son ami au bout du monde s'il lui demandait. C'était idiot. «S'il saute d'un pont, tu sautes aussi?», bien entendu.

Tout le long du trajet, jusqu'à la sortie du studio télé puis dans la ville, Deku ne pouvait voir que la main de Kacchan dans la sienne, ne sentir que ça. Il ne voyait pas les gens autour, ni les maisons, les immeubles, le monde. Kacchan se tournait des fois vers lui et lui souriait et Deku se sentait pousser des ailes, il suivait son ami, serrait fort ses doigts et lui rendait son sourire. Ils coururent longtemps, puis rentrèrent dans un métro, se retrouvèrent collé l'un contre l'autre à cause du monde et personne ne fit attention à eux, parce que tout le monde avait mieux à faire.

— On va où? souffla Deku.

— Je n'en ai pas la moindre idée, répondit Kacchan, on part à l'aventure.

Une fois sortis du véhicule, ils en prirent un autre et se perdirent dans la ville. Ils finirent par rentrer dans un immeuble. Ils montèrent jusqu'au toit qui faisait restaurant, commandèrent un repas et mangèrent en souriant. Le soleil se couchait doucement et pour une fois depuis longtemps, ils n'avaient aucune responsabilité, personne à aider, aucune réponse à répondre. Ils n'étaient rien que tous les deux, des étrangers dans la nuit. Deku bouffait Kacchan des yeux, bien plus que ce qu'il avait dans son assiette, et c'était réciproque.

— Alors, que penses-tu de mon plan d'évasion?

— Il était parfait, répondit Deku en souriant.

Ils en étaient au dessert quand on mit de la musique. Quelques couples commencèrent à danser et Deku les regarda du coin de l'œil. Il vit alors Kacchan tendre la main vers lui et lever un sourcil dans une question silencieuse. Deku rougit, mais posa sa main dans celle de Kacchan et le laissa l'entrainer sur la piste, se coller à lui et le faire doucement tourner dans ses bras. Le blond devait entendre le cœur de Deku qui battait comme ce n'était pas permis et il avait peur de ce qu'il en penserait. Sans se douter que celui de Kacchan frappait furieusement dans sa poitrine, lui aussi. La joue de Deku posée contre l'épaule de son ami, il soufflait dans son cou et cela rendait le blond complètement dingue, mais il continuait de tourner tranquillement, comme si rien ne se passait. Comme s'il n'était pas en train de disjoncter.

Quand la musique s'arrêta, ils ne l'entendirent pas et continuèrent à tourner un moment. Jusqu'à ce qu'ils s'arrêtent et se regardent.

Personne ne savait qui ils étaient, mais eux se reconnaissaient malgré le déguisement. Les yeux verts plantés dans les yeux rouges, les joues constellées de taches de rousseur rougissantes de l'un et le petit sourire un peu malin de l'autre. Deku tremblait presque, et il aurait pu accuser le froid, mais il ne pouvait plus parler. Pas alors que leurs visages se rapprochaient, se rapprochaient, se rapprochaient.

Les gens virent deux garçons s'embrasser.

Kacchan et Deku eux, décollèrent. Se retrouvant dans une bulle catapultée direction les étoiles.

Plus tard, ils devraient retrouver leur identité, jouer leur rôle, mais ce soir, ils étaient eux-mêmes dans leur déguisement.

Fin.

L'autatrice: une petite bulle pour s'évader un moment.