« Aaahh... Sssschhhhh ! » siffla-t-elle, secouant la main, comme si le geste pouvait chasser l'atroce démangeaison.

« Votre Sublimissime, tout va bien ? » s'enquit avec inquiétude la femme de chambre occupée à démêler ses cheveux.

Ilinka se força à avoir un sourire rassurant. La pauvre femme n'y était pour rien et ne méritait pas d'être effrayée ainsi.

« Oui. Désolée si je vous ai fait peur, Lilas. Tout va bien. » mentit-elle.

La servante sembla hésiter un instant ou deux, puis rassurée, se remit au travail.

Ilinka soupira, tâchant de se masser les deux paumes en même temps.
Peu après avoir soufflé ses dix-huit bougies, ce qui n'était qu'une vague bosse au creux de ses mains était devenu une protubérance dure, enflammée et douloureuse. Signe annonciateur de l'ouverture prochaine de ses schiitars.
Elle avait tenté de cacher cet état de fait aussi longtemps que possible, avec un succès plutôt mitigé. Jamais auparavant elle n'avait réalisé combien elle utilisait sans cesse ses mains. Chacun de ses gestes devait être mesuré, contrôlé, faute de quoi elle risquait une douleur fulgurante.

Puis l'inflammation avait fait place à une vague et constante démangeaison, transpercée sporadiquement de crises insupportables qui lui donnaient envie de s'arracher la peau à coups de griffes.

Ses amis avaient tenté de la rassurer. Ils en étaient aussi passé par là.

Zen'kan n'avait eu à subir cela que quelques semaines, avant de s'ouvrir accidentellement un schiitar et que l'autre ne suive tout naturellement à quelques jours d'intervalle.
Rorkalym était coincé à l'étape des fourmillements depuis bientôt trois ans. Mais il s'était voulu réconfortant : les démangeaisons n'étaient pas aussi horribles qu'au début, et il s'y était habitué.

Elle, était déchirée entre l'envie d'en finir avec cette torture, et la crainte terrible de ce que cela impliquait. Crainte renforcée par son appétit, toujours plus présent et insatiable. Elle avait plus que doublé ses rations alimentaires, et pourtant, mourait souvent de faim à peine deux heures après être sortie de table.

Rory avait été catégorique : elle n'était pas obligée de manger autant pour survivre. Et, outre l'inconfort, pouvait parfaitement ignorer la faim. C'était ce qu'il faisait depuis leur arrivée sur la ruche, se contentant des maigres portions de sécrétions de ruche qu'il recevait quotidiennement.
En plus de se sentir parfaitement incapable d'un tel stoïcisme, elle avait été horrifiée de réaliser qu'elle avait négligé, une fois encore, de se demander comment vivaient ses amis. Ils ne se plaignaient pas, elle avait donc pensé qu'ils vivaient dans des conditions similaires aux siennes.

Ce qui n'était bien sûr pas le cas ! Ils étaient des wraiths sur une ruche ! Comment pouvait-elle avoir l'audace de croire qu'ils puissent être égaux ? Zen et Rory étaient des mâles. Ils ne valaient rien ! Moins que des chiens ! Mais elle ? Oh, elle était une femelle ! Une précieuse femelle ! Une future reine ! Elle méritait le meilleur ! La crème de la crème ! Des draps de soies, des servantes, et plein de mets délicieux !

Ça l'avait mise dans une rage noire. Ils étaient ses amis ! Sa famille ! Comment pouvaient-ils être si mal traités ?!
Elle avait toujours tenté de garder ses griefs et récriminations envers sa mère pour la relative intimité de leurs quartiers partagés, mais cette fois, ça n'avait pas été le cas.

Comment Rosanna osait-elle leur faire ça ?! A eux ! Elle les connaissait depuis toujours ! Elle les avait pratiquement élevés ! Comment pouvait-elle tolérer qu'ils subissent ce qu'elle n'aurait jamais accepté qu'elle-même subisse ?! Ils méritaient mieux ! Personne de devrait subir un tel traitement ! Manger, mais à peine, se laver, rarement et dans le froid, dormir sur des banquettes qui ne méritaient même pas le nom de lit ! C'était un scandale !
Elle ne se souvenait plus de tout ce qu'elle avait dit, mais elle se souvenait avoir comparé ça à un camp de concentration, entre autres horreurs. En y repensant, elle n'en était pas fière. Du tout.
Elle ne regrettait pas de s'être élevée contre cette injustice, mais elle n'avait pas été diplomate le moins du monde.

Pourtant, sa mère ne s'était pas énervée. Bien au contraire. Rosanna avait acquiescé. A tout ce qu'elle avait dit. Puis, elle avait ordonné à Jû'reyn de la remplacer jusqu'à nouvel ordre, et l'avait emmenée visiter la ruche. Une vraie visite, jusque dans les coins les plus sombres et les plus glauques du gigantesque vaisseau.

Elle lui avait montré les quartiers des serviteurs, où s'entassaient des milliers d'humains, dans le froid et la surpopulation, n'ayant qu'un peu plus de lumière qu'ailleurs pour améliorer leur quotidien.

Elle y avait vu de jeunes mères, plus jeunes qu'elle, un ou parfois deux enfants pendus à leurs seins, tenter de s'incliner jusqu'à terre à leur passage, malgré leur fardeau.

Rosanna lui avait montré les quartiers des simples guerriers, des techniciens et des laborantins sans rang. De grands hangars obscurs et humides, emplis de rangées sans fin de couchettes superposées. Parfois, les lits étaient occupés par deux ou trois wraiths, qui se relayaient. Aucun n'avait plus qu'un minuscule casier pour ranger ses affaires personnelles. Tous dormaient dans leur uniforme.
Elles avaient visités les douches communes, de vastes pièces glaciales, alimentées en eau presque froide et en linges râpeux.

Puis, elles avaient visité les petites chambres étriquées des officiers de bas rang. A peine plus que les cabines de l'Utopia. Mais le luxe d'un peu d'intimité, et d'une eau tiède dans de modestes salles de bains communes.

Enfin, sa mère lui avait montré les quartiers du maître-pilote. Une vaste succession de pièces, confortables et luxueuses, proche de leurs propres quartiers. Appartements si grands que le seigneur des lieux pouvait se permettre de loger ses trois serviteurs personnels sur place, leur évitant de devoir aller s'entasser avec les autres.

Puis sa mère s'était tournée vers elle, dans toute sa superbe de reine.
« Tu veux améliorer les choses ? Alors fais-le. »
Ni un ordre, ni une demande. Plutôt une autorisation. Une liberté. Et une terrible croix.

Elle voulait changer les choses ? Qu'elle le fasse ! Personne ne le ferait à sa place.

C'était injuste. Elle avait eu envie de hurler sur sa mère. De lui dire de se bouger le cul. N'était-elle pas la souveraine de cette maudite ruche ?! Elle ne voyait pas toutes ces horreurs ? Comment pouvait-elle régner sur ça ? Sur un tel enfer !
Mais elle n'avait rien dit. Parce que pour la première fois de sa vie, elle avait eu peur. Pour la première fois, elle avait compris, viscéralement, pourquoi Delleb, la terrifiante, puissante et ancienne Delleb, respectait l'humaine et fragile Rosanna Gady. Pourquoi des milliers de wraiths avaient accepté bon gré, mal gré qu'elle soit leur reine. Le regard que l'artiste avait posé sur elle n'était ni humain, ni maternel. Il était alien. Étranger, extérieur, et incompréhensible. Comme si sous les traits familiers de la femme qu'elle appelait maman, c'était une autre entité, infiniment plus puissante et plus ancienne, qui lui parlait.

Elle avait acquiescé. Accepté ce fardeau. Cette liberté. Et la vie avait repris, comme si de rien n'était.

Tout ce qu'elle avait réussi à changer, c'était que Rory partageait à présent ses repas. Il pouvait manger à satiété, et autre chose que l'abominable bouillie grise qui avait constitué son ordinaire pendant tant de mois.
Mais tout comme la démangeaison dans ses mains, le savoir du quotidien de toutes ces vies qui en un sens dépendaient d'elle, ne la quittait jamais, toujours une petite présence gênante au fond de son esprit.

.

Du coin de l'œil, Zen'kan remarqua que Rory les avaient discrètement rejoints, alors qu'ils faisaient le pied de grue devant l'un des sas d'appontage – ce qui était étrange : ils avaient terminé leur apprentissage sur les Darts.
Juste assez d'heures de vol pour être capables de faire traverser une Porte des étoiles aux petits vaisseaux, et de les poser sur différents terrains. Et comment ramasser des gens avec le rayon de capture et les redéposer sans qu'ils ne meurent. Autrement dit, comment mener une sélection.

Aucune manœuvre complexe ou acrobatique. Ils n'étaient pas destinés à être pilotes. Ils devaient juste être capables d'utiliser les chasseurs pour pouvoir remplir leurs devoirs de futur guerriers.
De fait, il ne comprenait pas la raison de la présence de son ami. D'autant que ce dernier, plutôt bon pilote, avait rapidement été emmené avec les plus brillants de ses aînés pour apprendre à piloter d'autres vaisseaux, du type petit cargo et transporteur. Alors pourquoi était-il là avec eux ?

« Larves, réjouissez-vous ! Les commandants Zil'reyn et Jû'reyn ont conjugué leur efforts pour vous concocter un exercice grandeur nature. » expliqua Jurz'kan avec un grand sourire prédateur, tendant le bras pour inviter une gamine humaine à s'avancer.

La petite, immenses yeux bleus et longue chevelure blonde, aurait pu parfaitement s'appeler Boucles-d'Or.
Sautillant avec entrain, faisant voler les jupons de l'excentrique robe rose pastel qu'elle portait, elle s'approcha.

« Voici Joyau, fille de Précieuse, descendante de Trésor. Il s'agit de la progéniture unique de la TRES aimée servante personnelle du vice-amiral de la flotte, Killor'reyn de Silla. »
L'enfant fit une élégante révérence.

« Bonjour, messeigneurs ! » pépia-t-elle.
Zen'kan se retint de gronder. Il avait un mauvais pressentiment.

« Le vice-amiral Killor'reyn a eut la bonté de nous la confier, le temps de mettre vos compétences à l'épreuve. Joyau incarnera, le temps de cet exercice, la maîtresse que vous devrez protéger. Traitez-la comme vous le feriez de votre reine. Et soyez assurés que s'il lui arrive quoi que ce soit, le vice-amiral le prendra comme un affront personnel. » poursuivit Jurz'kan, l'air beaucoup trop satisfait de lui-même.

Le maître du couvain laissa le silence appuyer ses propos quelques instants, avant de poursuivre.

« Pour cet exercice, vous prendrez le transport de troupes ici présent. Considérez qu'il vient d'apponter, et qu'aucune procédure de sécurité particulière n'a été appliquée. Ensuite, vous vous rendrez sur Jimma afin d'y rencontrer une « délégation » d'un peuple désirant a priori nous rejoindre, et qui à demandé à rencontrer la « princesse ». Une fois la rencontre terminée, vous rentrez. Est-ce clair ? »

Un « Oui, maître ! » unanime lui répondit.

Un exercice de protection grandeur nature. C'était donc ça qui les attendait ? En tout cas, le guerrier avait mis assez de guillemets dans sa voix pour qu'il soit évident que la rencontre diplomatique ne serait certainement pas paisible.

« Une dernière chose. L'Immature jouera le rôle du commandant accompagnant « Sa Majesté ». Il sera donc votre supérieur... » susurra le maître du couvain, l'air ravi de la vague de hargne instantanée qu'il avait soulevée.
Zen'kan grinça tout bas.

Lui-même avait fini par forcer un statu quo avec ses aînés, et Rory n'avait pas passé suffisamment de temps avec eux en dehors des leçons de vol pour qu'ils puissent à nouveau s'en prendre à lui.
Mais là, ils allaient être seuls, forcés de collaborer, et selon une hiérarchie créée artificiellement par le maître du couvain. Il n'y avait aucune chance que les jeunes guerriers n'essaient pas d'une manière ou d'une autre de le faire payer à Rory.

Serrant les mâchoires, il se prépara à l'inévitable. Il devrait le protéger!

.

C'était ça, le projet ?! Rorkalym blêmit. Ça allait être un enfer !

« Au travail, larve ! » beugla le maître du couvain.

Avec horreur, Rory réalisa que soudain tout le monde le fixait, dans un assortiment d'expressions allant de la rage à peine contenue à l'amusement le plus sadique.

Bien sûr, en tant que « commandant » c'était à lui de donner des ordres...

« Heu... »

Il réfléchit. Jurz'kan avait précisé qu'ils devaient considérer que le vaisseau n'avait pas subi de procédures spéciales pour le transport de la « princesse ».

« Heu... Vous deux, gardez la porte du hangar, vous quatre, surveillez la princesse. Les autres... Y en a-t-il parmi vous qui vous y connaissez un peu en mécanique ? »
Un silence de mort lui répondit. Il fit la moue.
« Il... Il me faut des techniciens pour faire le contrôle du vaisseau. » nota-t-il en se tournant vers le maître du couvain.
« Considérez que l'aspect mécanique et structurel est en ordre. » répondit ce dernier.

Il opina.

« Alors les autres, fouille complète du vaisseau. Y compris soute et zone technique. Par équipe de deux. Recherchez du personnel non autorisé ou des dispositifs de sabotage. »
Du coin de l'œil, il vit le maître du couvain discrètement approuver. Pour l'instant, il ne s'en sortait pas si mal.
« Au travail ! » ajouta-t-il, voyant que quelques guerriers étaient restés, défiants.
A contrecœur mais n'osant pas ouvertement s'en prendre à lui devant leur supérieur, ils s'éloignèrent, un Zen'kan tendu sur leurs talons.

Rory se concentra sur ses propres tâches.

« Il me faudrait également une tablette avec les informations relatives à la rencontre diplomatique, afin que je puisse l'organiser au mieux. »
Sur un geste de Jurz'kan, un serviteur lui remit une tablette ainsi que plusieurs documents papier, proprement rangés dans un sac.
La sécurisation du vaisseau était en cours, il avait la documentation, la « princesse » était momentanément en sécurité. Que manquait-il ?
« Oh ! Est-ce que tout le nécessaire pour le confort de Mademoiselle est à bord ? »
Jurz'kan eut un large sourire tout en dents.

« Non. C'est à son commandant de s'assurer de ce genre de détail. »
« OK... OK, il faut que je consulte le plan de vol... Seize heures de vol... trois jours sur place... OK. Heu... Vous, là ? Vous êtes intendant ? » demanda-t-il à un
wraith, occupé à vérifier un inventaire.

« Je suis fourrier, oui, larve. » répondit ce dernier.

« Nous faisons un exercice de simulation de... »
« Je suis au courant. »

« Parfait ! Pourriez vous rapidement organiser le chargement de cinq jours de rations pour une... non, deux personnes à bord ? Et... serait-il possible d'avoir quelques donneurs avec nous ? »
Le fourrier grinça.

« La nourriture solide n'est pas un problème, mais les humains, ce n'est pas de mon ressort. »

« Ah, soit. A qui dois-je demander ? »
D'une griffe, il lui désigna Jurz'kan, qui se contenta de hocher la tête de gauche à droite.

Fronçant les arcades sourcilières, il réfléchit. Cinq jours, ce serait long, pour les fils de Silla. Mais ils devraient pouvoir tenir. Cela faisait sans doute partie de l'épreuve.

Pris d'une inspiration soudaine, il se tourna vers la jeune fille, qui s'occupait en jouant avec la fermeture d'une cantine.

« Mademoiselle, avez-vous fait préparer vos bagages personnels ? » s'enquit-il.

« Mmh ! Bien sûr ! Ils sont là-bas. » répondit-elle avec une petite moue affectée, désignant plusieurs caisses et paniers un peu plus loin.

Il se retourna vers le fourrier.

« Pouvez-vous aussi charger les bagages de la demoiselle ? »
« C'est comme si c'était fait. »
« Mer... Parfait. »
Normalement, ce genre de préparatifs ne devait pas être fait en présence de la reine, mais son succédané était là, et ils étaient censés jouer le jeu.

« Qu'on apporte un siège à Mademoiselle ! » lança-t-il à la ronde.

Rapidement un serviteur amena un siège sur lequel Joyau s'installa avec joie, battant des pieds dans le vide.

Après ce qui lui sembla une éternité, on lui signala que le vaisseau avait été entièrement fouillé et que le fret demandé avait été chargé.

« Alors allons-y. Si Sa Majesté veut bien se donner la peine... » offrit-il à la fillette qui, riant aux éclats, partit en sautillant.

Rorkalym vérifia qu'elle était bien installée dans la confortable pièce réservée aux passagers de marque, avant de se rendre dans le cockpit avec l'intention de signaler aux pilotes qu'ils pouvaient décoller. Mais le cockpit était vide.

Il tendit son esprit vers celui du maître du couvain.

« Il y a assez de pilotes parmi vous. Les coordonnées d'hyperespace sont préenregistrées dans l'ordinateur de bord. Vous n'avez pas besoin de plus de personnel... commandant. » répliqua ce dernier, la moquerie perceptible dans ses pensées.

Ça allait donc être comme ça ?
Soit.

« Zen'kan, prends trois guerriers, et occupez-vous de la petite. Le Génie, la Flèche et Moustache, dans le cockpit avec moi. Les autres, repos. » ordonna-t-il à la ronde.

« Hey, chuis pas baby-sitter ! » protesta Zen.

Il le fit rapidement taire. Bientôt, les trois pilotes désignés le rejoignirent.

« Vous êtes là. On va devoir piloter nous-mêmes. Les coordonnées hyperspatiales sont déjà préenregistrées. Le Génie, aux commandes. La Flèche, second. Moustache, aux contrôles. Je vais vous assister pendant le décollage, et ensuite, je retournerai auprès de la « princesse ». »

« Tiens tiens, l'Immature a peur de prendre lui-même les commandes... » se moqua la Flèche.

« Non. Mais j'ai le rôle du commandant. Et la place du commandant est auprès de sa reine, pas dans le poste de pilotage. Donc, c'est à vous que je le confie. Parce que vous êtes les meilleurs pilotes du groupe. » expliqua-t-il, tâchant de paraître plus à l'aise qu'il ne l'était.

Les guerriers ricanèrent.

« Oui. Bien sûr... »

« Vous allez nous faire décoller ou pas ? » siffla-t-il.

« A vos ordres, « Commandant » ! » ricana le Génie avant de s'installer aux commandes avec une parodie de salut.

Avec un soupir, Rorkalym prit le poste de contrôle auxiliaire, faisant la check-list pré-décollage comme ils l'avaient appris quelques mois plus tôt.

Ils n'eurent pas bien loin à aller avant de pouvoir entrer en hyperespace. Une fois certain que tout allait bien, il se releva.

« Restez à vos postes et prévenez-moi s'il y a le moindre problème. »
« A vos ordres... «Commandant ». » persiflèrent-ils en cœur.

Sur le pas de la porte, Rory se retourna.

« Je vais vous le rappeler, au cas où, mais ce n'est pas que moi qui est testé durant cet exercice. Si vous faites volontairement des conneries, oui, je vais en prendre pour mon grade, en tant que « chef d'opération ». Mais vous allez aussi ramasser. Personne n'aime les saboteurs et les tire-au-flanc. »
« Tu nous traites de saboteurs ?! »
« Non, je m'assure que nous soyons tous sur la même longueur d'onde. »

« Hein ? Pourquoi tu parles d'onde, l'Immature ? » s'énerva Moustache.

« Rien. C'est une expression. Tenez vos postes, soyez sérieux, et on aura tous une chance de s'illustrer sur ce test. » grogna-t-il avant de partir.

Il grinça des dents. Ça allait être un très long voyage.

« Ah ! C'est toi le commandant ! Monseigneur Killor'reyn a dit que même si vous êtes des seigneurs, vous valez moins que des serviteurs non marqués, et que j'ai le droit de vous demander tout ce que je veux et que vous devez m'obéir ! » s'époumona Joyau à peine eut-il passé le pas de la porte.

Zen'kan lui jeta un regard aussi soulagé que paniqué. Rory soupira, remit une mèche de cheveux en place et s'inclina sobrement.
C'était un exercice. Juste un exercice.

« Nous sommes à votre service, Mademoiselle. »
« Ouiiiii ! Trop bien ! Alors prends-moi sur tes épaules. »

Avec un grincement, il se redressa, parfaitement conscient de l'amusement absolu des guerriers présents qui, à n'en pas douter, partageaient tout avec leurs frères de couvée stationnés à l'arrière du transport.

« A vos ordres... »

Ça allait être un très, très long voyage.